A l’image de l’Allemagne, un mouvement antimasque pourrait-t-il émerger en France ?

Bonjour

13/09/2020. C’est une nouvelle salve, sévère et argumentée, contre la stratégie gouvernementale de lutte contre l’épidémie. Elle est signée, dans le Journal du Dimanche, par le Dr William Dab, ancien Directeur général de la santé – interrogé par Anne-Laure Barret. Nous y reviendrons. Pour l’heure, cette question : Le port du masque à l’extérieur est contesté, le comprenez-vous ? Réponse :

« Sur le plan épidémiologique, rien ne justifie l’obligation de le porter dehors en zone aérée et peu fréquentée. On peut penser à d’autres motifs de nature psychologique ou pédagogique, pour habituer les gens au masque. Cela s’explique, sinon des résistances vont naître, le mouvement antimasque risque de progresser. »

« Mouvement antimasque »… Hier 12 septembre, alors que la France retrouvait une fraction de ses Gilets Jaunes, plusieurs milliers d’opposants aux mesures restrictives censées freiner la propagation de la pandémie de Covid-19 ont à nouveau manifesté dans plusieurs villes d’Allemagne – mais également à Varsovie, en Pologne, samedi 12 septembre. Rien qu’à Munich, en Bavière, où était organisée pour la première fois une manifestation nationale de ce genre, 10 000 personnes ont été comptabilisées par la police, soit davantage que les 5 000 annoncées avant l’événement par les organisateurs.

Comme début et fin août lors des importantes manifestations à Berlin qui ont rassemblé quelque 40 000 personnes, les manifestants, pour la plupart non masqués (en dépit d’un arrêté de la ville de Munich exigeant le port du masque), ont dénoncé les mesures prises par le gouvernement allemand pour combattre l’épidémie due au nouveau coronavirus.

« Je suis contre ces mesures anticoronavirus parce que d’autres virologues ne sont pas écoutés, avec une couverture médiatique très biaisée », a ainsi estimé un manifestant cité par l’AFP. « D’autres villes allemandes ont également connu de tels rassemblements, comme à Hanovre où au moins 1 000 personnes ont été recensées, tout comme à Wiesbaden, rapporte l’AFP. Les manifestations allemandes de samedi se sont déroulées jusqu’à présent sans incident alors que la police est mobilisée pour éviter de nouveaux débordements. »

« Covid 1984, les droits de l’homme »

La chancelière, Angela Merkel, a déclaré le même jour « comprendre » que certains « aient du mal » face à ces restrictions, estimant que « chacun est libre de critiquer ouvertement la décision du gouvernement (…) lors de manifestations pacifiques ». « C’est un grand atout de notre Etat constitutionnel, un Etat qui ne supprime pas la liberté d’opinion, le débat public et la participation mais qui la garantit. C’est pourquoi beaucoup de gens dans le monde nous envient », a-t-elle ironisé en réponse aux manifestants parlant régulièrement de « censure ». Que dirait, sur le sujet Emmanuel Macron ?

« Apparu à Stuttgart ce mouvement organise depuis mi-avril des manifestations contre les restrictions liées au Covid-19, quelques jours avant que l’Allemagne, qui n’a jamais connu un confinement strict, ne commence à les assouplir, résume l’AFP. Ses partisans rassemblent un mélange hétéroclite de personnes se qualifiant de libres penseurs, de militants antivaccins, conspirationnistes ou encore sympathisants d’extrême droite. »

Une manifestation équivalente mais de plus petite taille a également rassemblé en début d’après-midi plusieurs centaines de personnes à Varsovie, en Pologne. Organisée notamment par l’association Stop-NOP, qui s’oppose à l’obligation vaccinale, cette manifestation, rassemblée sous les mots d’ordre « En finir avec la pandémie !, Assez de mensonges ! », s’est ouverte devant le siège du Parlement polonais. Les manifestants devaient ensuite passer par le centre de la capitale polonaise vers le siège de la télévision publique TVP qu’ils accusent de mentir sur la pandémie. Les manifestants ont notamment scandé « Assez de mensonges, assez de masques » ou « Liberté, liberté ! ». Ils ont arboré des pancartes telles que « Bill Gates en prison »« Covid 1984, les droits de l’homme », ou « Le virus de la propagande »« Nous ne permettrons plus un nouveau lockdown ! ».

Pourquoi l’Allemagne et la Pologne ? Le phénomène va-t-il prendre de l’ampleur en France ?

A demain @jynau

Pourquoi va-t-on réduire la «quatorzaine» alors que la progression virale est «exponentielle» ?

Bonjour

08/09/2020 Une fois de plus, la nécessité absolue d’une pédagogie destinée au plus grand nombre – un exercice que l’exécutif peine à mettre en place. Le gouvernement va très vraisemblablement réduire la période d’isolement des malades du Covid-19 et des cas contacts, jugeant que la durée actuelle de 14 jours est «trop longue». Mais comment justifier cette mesure alors que les indicateurs de l’épidémie continuent globalement de se détériorer ?

Olivier Véran, ce matin sur France Inter  au sujet de la réduction à venir du délai de quatorzaine en cas de suspicion de Covid-19. « Le Conseil scientifique m’a rendu ses conclusions sur cette question », précise-t-il. « Il est favorable à ce qu’on puisse réduire la période de mise à l’abri dans un certain nombre de situations, et de passer de 14 à 7 jours. On est davantage contagieux dans les 5 premiers jours, ensuite la contagiosité diminue de façon importante. Ce n’est pas à moi de prendre cette décision, elle sera prise vendredi lors du conseil de défense national. »

Dans le même temps on sait que l’incidence du Covid-19 dépasse désormais le seuil d’alerte – soit 50 cas pour 100 000 habitants – dans dix-neuf départements et le taux de positivité (proportion du nombre de personnes positives divisé par le nombre de personnes testées, sur les sept derniers jours) continue d’augmenter : il a atteint 4,9 % dimanche 6 septembre, contre 4,3 % en milieu de semaine.

Dans son dernier point de situation, Santé publique France (SpF) annonce constater une progression « exponentielle » de la circulation du virus et une dynamique de transmission « préoccupante ». Sept nouveaux départements ont été classés en zone rouge, portant le total à vingt-huit. « On a une croissance aujourd’hui de 30 % du nombre de cas par semaine, de 15 % du nombre d’hospitalisations. Si on continue avec ce même rythme, on arrivera sur une situation critique en décembre dans plusieurs régions de France », a averti dimanche l’épidémiologiste Arnaud Fontanet sur LCI.

« Grenade dégoupillée »

« Nous connaissons mieux le virus, et les données montrent que l’essentiel de la transmission a lieu dans les cinq premiers jours de l’infection », souligne Yazdan Yazdanpanah, infectiologue à l’hôpital Bichat et membre du Conseil scientifique, en soulignant qu’un raccourcissement de la quarantaine permettrait de la rendre plus « acceptable ». « Il faut aussi penser aux gens, à la vie, à l’économie du pays », plaide-t-il, cité par Le Monde. Où l’on perçoit la difficulté, y compris chez les membres du Conseil scientifique, à faite la part entre la « santé publique » et l’économique.

Même observation, plus compréhensible, chez les responsables politiques.Olivier Véran avait ainsi expliqué dès le 5 septembre avoir demandé «aux autorités scientifiques de donner un avis pour savoir si on ne peut pas réduire» la période d’isolement pour les cas contacts, la jugeant «sans doute trop longue». Le Monde rappelle que le ministre avait déjà évoqué cette hypothèse le 27 août, lors de la conférence de presse gouvernementale, indiquant avoir «saisi le Conseil scientifique en vue d’adapter si possible les conditions de cette mise à l’abri, et notamment sa durée», disant espérer «un feu vert pour réduire cette période».

Cet avis a été remis au gouvernement jeudi 3 septembre, mais n’a pas encore été rendu public, a indiqué le Conseil scientifique à l’AFP. «Il faut désormais être pragmatiques et efficaces», estimait il y a peu sur Twitter l’épidémiologiste Antoine Flahault. Les ‘’quatorzaines’’ doivent maintenant devenir des semaines de cinq jours. Au-delà de cinq jours, moins de 10% des porteurs de virus non symptomatiques sont contagieux». «Je pense que c’est une bonne idée, je pense qu’effectivement (…) la contagiosité est essentiellement lors des premiers jours, après l’infection, a déclaré lundi sur Europe 1 Rémi Salomon, président de la Commission médicale de l’AP-HP. Au delà du 7ème jour après les premiers signes, la charge virale et par conséquent le risque de transmettre le virus sont faibles», précise-t-il sur Twitter.

«Il vaut mieux huit jours bien respectés que 14 jours mal respectés», estimait lundi sur LCI Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP. Actuellement, «on a du mal à savoir si les Français respectent» les mesures d’isolement, car «on contrôle peu», mais les remontées de terrain montrent que «c’est compliqué». «Plus c’est court, plus c’est facile à observer, plus c’est efficace. On ne peut pas prétendre au risque zéro, mais la mesure serait mieux acceptée socialement», explique encore Antoine Flahaut, dans le Journal du Dimanche.

Mais même écourté, faire respecter l’isolement reste un défi, avertit toutefois Rémi Salomon. Le néphrologue pédiatrique appelle à réfléchir à «des mesures économiques, des indemnités» pour les populations précaires et les professions indépendantes, qui aujourd’hui refusent parfois d’aller «se faire tester par crainte d’être isolées, d’être obligées de s’arrêter» de travailler.

L’isolement, s’il est essentiel pour empêcher l’épidémie de se propager, entraîne en effet de lourdes conséquences pratiques et économiques, qu’il s’agisse d’un salarié renvoyé chez lui, d’un indépendant devant suspendre son activité ou d’un enfant que ses parents devront garder. Raccourcir sa durée pourrait donc en limiter l’impact, mais ce serait un mauvais calcul, selon l’épidémiologiste Catherine Hill. «Une stratégie qui consiste à laisser le virus circuler, c’est une grenade dégoupillée, qui coûtera bien plus cher que de bien faire les choses», déclare-t-elle. Si on veut alléger le fardeau des quarantaines, on fait les choses «dans le désordre», estime aussi Martin Blachier, médecin de santé publique interrogé par l’AFP. Il faudrait d’abord «trier» les bonnes et les mauvaises quatorzaines, car aujourd’hui «90% sont inutiles» selon lui, parce qu’elles concernent des cas contacts qui ne sont pas vraiment «à risque».

« Grenade dégoupillée » ? Où l’on perçoit une nouvelle fois, dans cette cacophonie des voix dissonantes et médiatisées, la difficulté de faire, ici, œuvre de pédagogie.

A demain @jynau

Covid-Ibiza  : les stars du PSG contaminées réquisitionnées par le ministre de la santé ?

Bonjour

04/09/2020. L’Equipe va devoir ouvrir une rubrique virologique. Pour l’heure ses lecteurs découvrent le caractère universel des modes de contaminations, la nécessité ubiquitaire de se protéger. Le spectacle sportif est, aussi, surtout, à ce prix. « Marquinhos, qui a ressenti des symptômes depuis deux jours, a été testé positif au Covid-19 ce jeudi 3 septembre et s’ajoute à la liste des joueurs placés en quarantaine par le PSG, annonce ce matin le grand quotidien sportif. Ils étaient tous les quatre à Ibiza pendant les congés accordés par le club de la capitale. Marco Verratti, également présent sur l’île des Baléares, est quant à lui négatif. Le milieu italien avait déjà contracté le virus par le passé. »

Comment leur employeur a-t-il pu laisser ses précieux joueurs partir en « congés » à Ibiza – et ce sans obtenir qu’ils respectent les précautions élémentaires pour se protéger des contaminations ? Ce n’est pas tout : deux autres cas viennent d’être été révélés positifs dans l’effectif parisien par le PSG. « Les derniers tests PCR SarsCoV2 réalisés au sein de l’effectif du Paris Saint-Germain confirment le résultat de nouveaux cas positifs », a indiqué sur Twitter le club. Il s’agit de Keylor Navas et de Mauro Icardi.

Tout, dès lors, est bousculé – les supporters déconfinés sont désespérés. « Retardée pour cause de finale de la Ligue des champions, l’entrée du Paris-Saint-Germain dans la saison 2020-2021 de Ligue 1 risque d’être encore décalée en raison de la situation sanitaire au sein du club, explique l’AFP. Conformément au protocole sanitaire de la Ligue de football professionnel (LFP), tous ces joueurs doivent être placés à l’isolement pour quatorze jours. Cette situation sanitaire compromet le retour sur les terrains du club de la capitale, théoriquement appelé à disputer quatre rencontres de Ligue 1 en onze jours à compter du 10 septembre. »

Le club parisien phare devait théoriquement faire ses débuts dans le championnat 2020-2021 de Ligue 1 en affrontant Lens jeudi 10 septembre, avant d’affronter Marseille, le 13, Metz, le 16 et Nice, le 20. Le match contre Lens, qui devait avoir lieu le 29 août, avait été reporté à la demande du PSG consécutivement à sa finale perdue de Ligue des champions contre le Bayern Munich, le 23 août. Il s’agissait de « faire souffler » l’équipe avant de se relancer dans la compétition nationale. Aller « souffler » à Ibiza ? On en reparlera.

Conformément au protocole en vigueur les joueurs positifs au Covid-19 sont placés à l’isolement pour une durée de quatorze jours. Pendant, ce temps, les entraînements des autres joueurs s’effectuent en petits groupes, sans se croiser. A la fin du septième jour, des tests doivent être pratiqués au sein de l’ensemble du club. Les joueurs testés négatifs à cette occasion peuvent reprendre l’entraînement collectif. Les cas qui étaient positifs au préalable et qui ne le seraient plus après ces nouveaux tests, peuvent reprendre l’entraînement individuellement. Mais ce n’est qu’à partir du quinzième jour qu’ils peuvent rejoindre le collectif et reprendre la compétition.

Un protocole Covid-19 intenable. « Nous voulons que les clubs établissent des listes de 30 joueurs et que, tant qu’il y a 20 membres de l’effectif qui sont négatifs, le match soit maintenu », a déclaré Didier Quillot, le directeur général exécutif de la LFP. Cet allégement du cadre sanitaire doit toutefois être validé par les autorités gouvernementales et sanitaires, notamment le conseil interministériel médical.

Pourquoi ne pas imaginer que les contaminés d’Ibiza viennent expliquer devant leur supporteurs comment ils ont pu commettre une telle erreur ? Et encourager leurs fans à tout mettre en œuvre pour se protéger ? Une opération soutenue, sinon rémunérée, par le ministre des Solidarités et de la Santé.

A demain @jynau

Covid – rentrée scolaire : inquiets, les pédiatres français alertent les parents et le gouvernement

Bonjour

19/09/2020. C’est, au nom de la santé publique, une nouvel affrontement entre une fraction du corps médical et le gouvernement. Un affrontement que n’a pu prévenir (pourquoi ?) le Conseil scientifique en charge de conseiller le pouvoir exécutif.

« Covid-19 : les pédiatres « inquiets devant l’organisation de la rentrée telle qu’elle se profile » résume Le Monde (Pascale Santi). Dans une lettre ouverte, sept sociétés savantes de la discipline 1 préconisent notamment une vaccination accrue contre la grippe et la gastro-entérite, le recours à des tests plus rapides que les PCR et des règles plus claires face aux suspicions de cas en collectivité. Extraits :

« Les pédiatres, très rapidement, dès le mois d’avril, avaient insisté sur l’importance pour les enfants de la reprise scolaire et sur le fait que qu’ils sont moins souvent contaminés par le SARS-CoV-2, moins souvent malades et moins contaminants que les adultes. Nous avons plaidé dès la fin du confinement, pour une reprise scolaire effective précoce, fluide et maitrisée.

« Cependant, aujourd’hui, nous ne pouvons que nous montrer inquiets devant l’organisation de la rentrée telle qu’elle se profile, tant sur le plan de la prévention que de celui de la prise en charge des enfants. La persistance de la circulation du virus en France accompagnée, ces dernières semaines, d’une augmentation significative du nombre de cas dans certaines régions, rend effectivement la situation délicate et nécessite d’adopter des mesures adaptées mais raisonnables et efficaces.

« Il est certain qu’avec la rentrée scolaire et le retour en collectivité des plus petits, le risque de survenue de contamination par le SARS-CoV-2, aussi bien chez les enfants que chez les adultes qui les encadrent, est réel. Cependant, le poids sanitaire de cette rentrée pour les enfants va dépendre des mesures appliquées face au nombre élevé de situations de suspicion de la maladie en raison des symptômes très peu spécifiques, la plupart du temps engendrés par d’autres agents pathogènes viraux ou bactériens. Certes, le respect des protocoles sanitaires dans les lieux d’accueil tels que les crèches, écoles, centre de loisirs… et le renforcement des mesures d’hygiène dans la société, devraient permettre une réduction de la transmission des épidémies hivernales habituelles, mais certainement pas leurs disparitions totales, a fortiori au sein des collectivités d’enfants. »

Leur première inquiétude concerne les tests de diagnostic COVID par PCR chez l’enfant. Selon eux la pratique des prélèvements naso-pharyngés quasi-systématiques (tels qu’ils sont recommandés aujourd’hui) chez les enfants présentant une fièvre, des signes respiratoires ou digestifs « n’est pas si anodine qu’elle peut le paraître ». « Ces tests actuels naso-pharyngés, outre leur aspect désagréable et nécessairement répétitifs chez les enfants (les épisodes viraux durant la saison froide étant bien plus fréquents chez l’enfant que chez l’adulte, 6 à 8 par an chez le nourrisson), ont un rendement modeste, un coût certain et nous expose à des refus des enfants et/ou des parents » écrivent-ils. Sans parler des délais souvent non négligeables pour la réalisation du test et l’obtention des résultats diminuent leur efficacité sur le dépistage et la prise en charge des clusters.

Leur deuxième inquiétude (et non des moindres) concerne les vaccinations. Si le SARS-CoV-2 continue de circuler cet hiver, il va obligatoirement s’ajouter aux virus saisonniers habituels (VRS, grippe, rotavirus…). Des difficultés sont à prévoir pour les jeunes enfants qui sont chaque hiver, particulièrement touchés par ces virus, notamment ceux vivant en collectivité. « Nous soutenons pleinement les prises de position de l’Académie nationale de médecine visant à renforcer la vaccination contre la grippe et à généraliser la vaccination contre le rotavirus des petits nourrissons, plaident les pédiatres. En effet, la vaccination contre le rotavirus en période de pandémie de COVID-19 offrirait deux avantages supplémentaires : d’une part, ne pas alourdir la charge de soins et « le fardeau » des structures sanitaires en diminuant de façon drastique les épisodes de gastro-entérites chez les petits nourrissons, d’autre part, réduire la fréquence chez l’enfant des opportunités de suspecter une COVID-19 et ses conséquences. »  Quinze pays européens recommandent déjà le vaccin contre le rotavirus en routine, dont six des sept pays limitrophes de la France…

Leur troisième inquiétude concerne la conduite à tenir en cas de dépistage d’un sujet atteint de COVID-19 (enfant ou adulte) dans une collectivité. Bien que le risque d’infection des enfants et de transmission entre eux semble réduit, il sera très difficile d’éviter des épisodes de contamination par le SARS-CoV-2 au sein des collectivités (crèches, écoles…), préviennent-ils. Il est donc nécessaire de bien définir les mesures à prendre en cas de dépistage d’un enfant ou d’un adulte porteur du SARS-CoV2 au sein d’une collectivité. « A ce jour, les remontées que nous avons, sont pour le moins anarchiques : des écoles ou des crèches ont été fermées parfois en raison de la présence d’une seule personne présentant une PCR positive, voire même une sérologie positive sans PCR et avant toute enquête, écrivent-ils. Si des stratégies claires et précises ne sont pas définies, il nous semble que la rentrée scolaire risque d’être chaotique avec des fermetures de classes voire d’écoles non justifiées par des raisons sanitaires ou épidémiologiques et dans tous les cas fortement délétères pour les enfants et leurs apprentissages. »

Et ensuite ? Les pédiatres signataires sont bien évidemment « prêts à contribuer à la réflexion des autorités de santé et à relayer le plus efficacement possible les décisions qui seront prises ». Selon eux « la contribution de la santé scolaire à cette réflexion est naturellement indispensable ». Mais dans quel état se situe, en France, la « santé scolaire » ? On attend au plus vite les réponses des services du ministre Jean-Michel Blanquer.

A demain @jynau

1 Association française de pédiatrie ambulatoire ; Association Clinique et Thérapeutique du Val de Marne (Société Française de Pédiatrie) ; Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (Société Française de Pédiatrie) Groupe de pédiatrie tropicale (Société Française de Pédiatrie) ;  Groupe francophone de réanimation et d’urgences pédiatriques (Société Française de Pédiatrie) ; Groupe de pédiatrie générale (Société Française de Pédiatrie) ; Groupe francophone de gastroentérologie, hépatologie et nutrition pédiatrique (Société Française de Pédiatrie)

Covid. A Marseille on redoute un «cauchemar» : mais où est passé le Pr Didier Raoult ?

Bonjour

17/08/2020. Nuages noirs sous le ciel bleu. Il faut, pour bien comprendre, lire le long papier, fort documenté, du Monde (Luc Leroux) consacré à Marseille.  On y apprend que responsables politiques et autorités sanitaires redoutent que la rentrée ne s’y transforme en « cauchemar ». « Dans une ville qui, cet été, fait le plein de touristes avec des plages et des transports en commun y conduisant littéralement pris d’assaut, ainsi qu’une vie nocturne très active, les indicateurs de l’épidémie se sont emballés depuis la fin juillet, allant jusqu’à doubler en une semaine » rapporte Le Monde.

Pour sa part l’Agence régionale de santé (ARS) n’a pas de doute : « La situation continue à évoluer défavorablement. Nous sommes à un tournant. Nous avons jusqu’aux prochains jours pour inverser les choses. Soit il y a une prise de conscience collective de la nécessité d’une application rigoureuse des gestes barrières, soit les deux mois d’efforts consentis par les Marseillais durant le confinement seront rapidement ruinés ». Avec le cauchemar du reconfinement.

Quelques chiffres. Le taux d’incidence dans les Bouches-du-Rhône est passé à 58,4 cas positifs pour 100 000 habitants – il était de 24 le 6 août. Lié à des événements dans des bars, des clubs, voire improvisés sur la voie publique, mais également à des retrouvailles familiales, le taux d’incidence chez les 20-40 ans a doublé passant de 49,5 cas pour 100 000, le 6 août, à 104 huit jours plus tard.

« Le développement du nombre de clusters illustre aussi le relâchement des gestes barrières, écrit Le Monde. Du 3 au 9 août, l’ARS a comptabilisé 26 nouveaux foyers à Marseille, mais aussi dans les autres villes du département, dont onze en milieu professionnels, cinq liés à des événements festifs… Vingt-six en une semaine, c’est beaucoup au regard du total des 79 foyers que l’ARS a eu à traiter depuis la fin du confinement. »

Travailler avec des influenceurs pour être présent sur les réseaux sociaux 

Que fait la puissance publique ? Le préfet des Bouches-du-Rhône, Pierre Dartout, a décidé, samedi 15 août, d’étendre le port obligatoire du masque aux sept premiers arrondissements dans une ville qui en compte seize  ainsi qu’à la frange littorale du 8e et du 16e arrondissements où se situent les plus grandes plages et à certaines zones commerciales hors de ces secteurs.

Quel effet ? « A Marseille, les prochains jours semblent décisifs, continue Le Monde. Mais l’insouciance se mesurait ce week-end encore sur le Vieux-Port, par exemple, où l’obligation de port du masque n’était pas respectée par une proportion non négligeable des centaines de badauds massés sous l’ombrière autour de spectacles de rue ou à la queue leu leu pour embarquer sur les bateaux à destination des îles du Frioul ou des Calanques. » Autres symptômes éclairants :

« Après une phase de sensibilisation, des renforts de police ont été dirigés à Marseille pour procéder à des contrôles et verbaliser le non-respect du port du masque, a annoncé Denis Mauvais, directeur de cabinet du préfet de police des Bouches-du-Rhône. Après la mise en demeure de six établissements, bars ou clubs, ne respectant pas les mesures sanitaires, l’un d’entre eux, un toit terrasse recevant des centaines de jeunes chaque soir, a été fermé par le préfet. Marseille a connu, début août, un cluster au sein d’un gala d’étudiants infirmiers alors que ces jeunes professionnels intervenaient dans des établissements de santé. Une boîte de nuit improvisée sur un parking proche de l’université a été rapidement interrompue, précisent les autorités. »

A Marseille comme partout en France des voix médicales s’élèvent 1 pour expliquer que la seule solution, c’est le port du masque dans les lieux clos, les transports et dans les endroits fréquentés, les foules ». Un port du masque associé à des mesures fortes comme la fermeture des établissements qualifiés, pour simplifier, de « festifs ». , peut-être le soir dans un premier temps, reste à savoir à quel moment il va falloir prendre ces décisions fortes ». Les responsables marseillais expliquent aussi travailler, en lien avec la ville, « avec des influenceurs pour être présent sur les réseaux sociaux : clubs de supporteurs, chanteurs, artistes, car il nous faut aller vite ».

Où l’on en vient à s’interroger sur les raisons du silence du plus connu et du plus puissant des influenceurs marseillais. Un silence que d’autres qualifieraient d’assourdissant. Souvenons-nous. Il y a quelques semaines encore, le Pr Didier Raoult était porté en triomphe dans sa ville et dans tous les médias, visité par le président de la République, honoré par un large éventail du monde politique, enflammant comme il le voulait les réseaux sociaux…. Pourquoi, aujourd’hui, ne prend-il pas au plus vite la parole pour aider, comme il le pourrait, à protéger sa ville et, au-delà, notre collectivité ?

A demain @jynau

1 Sur ce thème, écouter l’invité du jour surFrance Inter (Carine Bécard) : le Pr Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon à Paris. Objet : son livre, « Nous n’étions pas prêts — Carnet de bord par temps de coronavirus », paraîtra le 19 août aux éditions JC Lattès. Un carton ? Nous y reviendrons. Quatrième :

« Le 9 janvier 2020, un mail informe le Pr Gilles Pialoux qu’un nouveau virus parti de Wuhan, en Chine, est déjà arrivé à Hongkong. Le Covid-19 est en marche. Le président Emmanuel Macron parlera de « guerre ». Gilles Pialoux nous offre à lire cette guerre de l’intérieur.

Durant cinq mois, il tient son carnet de bord, écrit à la façon d’une caméra embarquée, avec l’honnêteté du clinicien, mais sans le parti pris du polémiste. Il nous emmène de cellules de crises en réanimation, d’un TGV sanitaire à la recherche du patient zéro. Comme dans une bataille, le personnel hospitalier lutte et souvent ne devra compter que sur lui-même. Car personne n’était entraîné à mener cette guerre-là. Il fallait la plume humaine, généreuse et précise d’un capitaine, pour que cette première épreuve du Covid soit comprise par tous. »

Covid-19: les quatre dérangeantes propositions «pragmatiques » signées de deux spécialistes

Bonjour

10/08/2020. La double peine, tissulaire et thermométrique. Après Bruxelles et Madrid, le port du masque est devenu, depuis ce matin, obligatoire dans certains quartiers très fréquentés de Paris. Berges de la Seine, hauteurs de Montmartre, rue Mouffetard, ses miracles et son Eglise Saint-Médard. La Seine-Saint-Denis, les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne et le Val-d’Oise sont aussi concernés.

Prévue pour une durée d’un mois (renouvelable) cette mesure doit permettre, selon les autorités sanitaires, d’enrayer un rebond du virus qui fait craindre une seconde vague de l’épidémie. La tâche s’annonce toutefois délicate en pleine période de canicule. Ces dernières 48 heures, dans plusieurs pays européens, on enregistre des températures dépassant les 35°C – aussi de nombreux habitants et estivants estiment-ils ne plus pouvoir respecter toutes les mesures sanitaires qui leur sont imposées _ à commencer par vivre masqués.

Question-transition  : l’exécutif doit-il se remettre en question dès lors que les mesures qu’il impose ne sont pas appliquées – et que la menace de la sanction financière (difficilement applicable) est sans effet sur le citoyen, touriste ou pas ? Plus généralement le moment n’est-il pas venu de réfléchir à de nouvelles modalités préventives prenant en compte la réalité « de terrain » et le choix éclairé du citoyen.

On vient, dans ce domaine, d’observer l’édifiante controverse lancée par le Pr Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses de La Pitié-Salpêtrière :

« Ce qui semble ne pas avoir été compris dans mes propos c’est que de toute façon les jeunes n’en ont rien à faire. Il faut composer avec cette réalité incontournable ou assumer d’envoyer police ou armée pour faire respecter la distanciation ou le port du masque.

« Comme ce n’est pas fait, avec juste raison, je pense qu’il faut composer – c’est à dire relever le positif (immunité dans ce groupe qui s’avérera bien utile au moment de reprendre école, collèges, lycées et universités), tout en avertissant des dangers pour eux (formes rares possibles aussi, même si rares), et pour les autres (respect des anciens). »

Phosphorer collectivement sur le sujet 

Toujours au nom du pragmatisme, pour mieux avancer dans les prochaines semaines,  nous découvrons aujourd’hui les quatre « propositions schématiques » élaborées par les Prs Antoine Flahault, spécialiste d’épidémiologie (Institut de santé globale, Genève) et  Thomas Hanslik, spécialiste de médecine interne, (Hôpital Ambroise Paré, AP-HP).

« Proposition 1. Chercher un consensus sur l’évaluation du risque Covid-19 selon l’âge : 40 ans : très rarement autre chose qu’une banale infection respiratoire aiguë ; 40-80 ans : parfois une mauvaise grippe qui peut tourner au vinaigre ; après 80 ans, aussi dangereux qu’Ebola.

« Proposition 2. Prioriser la prévention selon le niveau de risque en incitant à se protéger le mieux possible : personnes âgées de plus de 50, 70, 80 ans ; personnes à risque, obèses, hypertendues, diabétiques en particulier de sexe masculin ; personnes socialement précaires.

« Proposition 3. Encourager les familles au format « jeunes enfants et parents quarantenaires » qui le souhaitent à vivre presque normalement (bars, concerts, spectacles …) mais à bien se masquer en dehors du cocon familial et à s’isoler en cas de « PCR + » ou de contacts à risque.

« Proposition 4. Inciter chacun(e) à évaluer la part de risque qu’il (ou elle) est prête à accepter : par exemple, je peux avoir 85 ans et souhaiter continuer à voir régulièrement mes enfants et/ou petits-enfants, ou pas. »

Le temps est-il venu où de telles propositions pourront faire l’objet de débats scientifiques et médicaux, citoyens et démocratiques et d’une analyse transparente des données par l’exécutif ? Faut-il au contraire redouter qu’elles soient regardées de haut par le Conseil scientifique ? Serait-il encore trop tôt pour phosphorer collectivement sur le sujet ?

A demain @jynau

Tragédie: quand Renaud prend la défense du brave Pr Raoult contre «ses confrères jaloux»

Bonjour

10/07/2020. Jusqu’où? Même Le Figaro (Olivier Nuc) s’en est ému. « Corona song, la nouvelle chanson de Renaud plus embarrassante que jamais ; s’il est resté discret durant le confinement, le chanteur a pris ses fans par surprise en publiant un titre sur le Covid-19. Nombreux sont ceux qui ont manifesté leur consternation après l’avoir écouté. »

De quoi s’agit-il ? Cette nouvelle chanson a été dévoilée mercredi 8 juillet, en fin de journée, à la surprise générale. «Coronavirus, connard de virus»: c’est le refrain du titre d’un morceau où le chanteur prend fait et cause pour le Pr Didier Raoult (4’23’’).

AFP : « On voit le chanteur en veston de cuir, bras nus et tatoués, chanter dans un jardin – près de l’Isle sur la Sorgue, dans le Vaucluse où il réside, précise le générique final – devant deux guitaristes et un bassiste, une choriste rejoignant ensuite le groupe. ‘’Quand je pense au brave Docteur Raoult/Conchié par des confrères jaloux/Par des pontes, des sommités/Qui ont les moules de perdre du blé’’, l’entend-on déclamer de sa voix éraillée, usée par les années et les excès passés. » On appréciera aussi les mots sur Philippe Douste-Blazy.

La vidéo se termine par Renaud qui baisse son emblématique bandana rouge utilisé en guise de masque, pour lâcher son célèbre «tain tain tain». Puis on lit sur un message écrit de sa main: «Pour tous les potes qui ont souffert de ce putain de virus, pour tous les soignants, amitiés».

« On a honte pour l’auteur de merveilleuses chansons »

« Très vite, l’effet de surprise a cédé la place à une grande consternation, assure Le Figaro. Sur la forme comme sur le fond, c’est le geste le plus embarrassant d’un homme qui s’est relevé de tout. Heureux pour Renaud que le ridicule ne tue pas: cette chanson franchit allégrement les limites du genre. Les réactions des fans ne se sont pas fait tarder, exprimant une grande tristesse devant ce spectacle affligeant. Renaud (…) ânonne – on a l’impression qu’il a gardé son masque pour chanter – sur une mélodie de Thierry Geoffroy. À nos confrères du Parisien, ce dernier explique que «cela a pris dix jours». Une heure aurait largement suffi. »

Et, sans pitié, le quotidien poursuit : « On a honte pour l’auteur de merveilleuses chansons qui ont rythmé les années 1980 et 1990. Auparavant, quand il réagissait à l’actualité, Renaud le faisait avec des pièces comme Miss Maggie, écrite dans la foulée du drame du Heysel, en 1985, ou Putain de Camion, suite à la disparition brutale de Coluche l’année suivante. Aujourd’hui, avec quatre mois de retard, l’homme n’est pas capable d’écrire un morceau décent. Il aurait été plus avisé de s’abstenir et de nous laisser sur le souvenir de son dernier album en date, Les mômes et les enfants d’abord, qui ne compromettait pas sa dignité d’artiste. Prenant des accents populistes qu’on ne lui connaissait pas encore, Renaud défend le Pr Didier Raoult. Pas de doute, l’homme est mûr pour les ‘’Grosses têtes’’. »

Roselyne Bachelot, citée, RTL et Marseille apprécieront.

A demain @jynau

Fatalité : laisser Kronenbourg et Pernod-Ricard faire revivre les villages français déshérités ?

Bonjour

Bonjour

10/07/2020. Lutter contre les addictions quand on ne croit pas à la prédestination. « L’alcool pour oublier la crise Le remède de Kronenbourg, de Pernod Ricard et du Groupe SOS » dénoncent quatre présidents d’association qui, précisément, luttent. Ecoutons-les :

« Alors que la crise sanitaire due à la Covid-19 se fait moins prégnante, les multinationales Kronenbourg SAS et Pernod Ricard proposent d’en aggraver une autre, chronique et meurtrière, en arrosant les campagnes de ses produits alcooliques. Dans un tweet daté du 8 juillet 2020, l’initiative « 1000 cafés » du Groupe SOS remercie ses partenaires, dont les deux entreprises. Celles-ci avaient effectivement annoncé le 2 juin un partenariat pour soutenir l’opération ayant pour objectif de créer des cafés dans les zones rurales en voie de désertification. »

Une ré-alcoolisation qui va dans le même sens que le projet du gouvernement d’Edouard Philippe. Souvenons-nous : il proposait le 21 février dernier, via la distribution de «licence IV», la création dix mille sites de consommation de boissons, notamment alcooliques.

Les solitudes alcoolisées

« Le lancement de l’opération « 1000 cafés » repose sur la reprise d’arguments éculés du lobby alcoolier selon lequel le seul fondement de la convivialité est l’alcool, ainsi que sur le postulat que les bars suffiront à remplacer une économie vacillante ou inexistante, nous disent aujourd’hui les associations de lutte contre les addictions. Cette opération est un véritable leurre sinon une tromperie pour les populations et villages concernés, et un risque certain pour la santé publique. »

Or, selon eux « toutes les études » prouvent que plus le nombre de cafés-bars augmente, plus l’offre d’alcool est importante, plus la consommation augmente – ainsi que les dégâts sanitaires et sociaux qui en sont la conséquence mécanique. Et puis, plus incisifs :

« L’intervention des groupes Kronenbourg SAS et Pernod Ricard dans cette opération déjà contestable ne fait que dévoiler leur vraie nature et leurs objectifs purement commerciaux, derrière les éléments de langage lénifiants : « convivialité respectueuse et responsable », soutien à l’économie de proximité et souci écologique en recyclant les déchets. Les habitants de ces zones rurales méritent mieux que l’alcool pour oublier l’appauvrissement économique de leurs territoires. Ce ne sont pas quelques emplois de gérants de bars qui les feront revivre. Kronenbourg SAS et Pernod Ricard ne pouvaient laisser passer une telle occasion de blanchir leur image, grâce au Groupe SOS. Les populations rurales seront les otages valorisants de cette opération commerciale en trompe-l’œil de deux multinationales de l’alcool. »

Et maintenant ? Du haut deux puissance les responsables de Kronenbourg SAS, de Pernod Ricard et du Groupe SOS ne répondront sans doute pas à cette attaque. Les bars décriés ouvrent. Participeront-ils mécaniquement à une augmentation des alcoolisations ? Luttant contre la solitude (dont on sait qu’elle peut, elle aussi, être amplement alcoolisée) participeront-ils aux bienfaits d’une socialisation retrouvée ? Ne pas croire à la fatalité imposerait, ici, d’évaluer les véritables impacts de ces nouvelles licence IV. Qui, ici, aura le courage et l’argent pour une évaluation qui répondrait à la question ?

A demain @jynau

 1  Pr Amine Benyamina, président de la Fédération Française d’Addictologie ; Dr Bernard Basset, président de l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie ; Pr Axel Kahn, président de La Ligue contre le Cancer et  Pr Mickael Naassila, président de la Société Française d’Alcoologie 

The Lancet : 216 médecins dénoncent la «torture» dont est victime Julian Assange

Bonjour

26/06/2020. S’indigner ? Jouer les blasés ? Voilà une publication du Lancet qui ne sera pas rétractée. Un document qui pourrait aussi, malheureusement, faire date : « The ongoing torture and medical neglect of Julian Assange ». Les 216 signataires de trente-trois pays plus qu’inquiets de l’état de santé et des conditions de détention de Julian Assange. Selon eux situation dans laquelle se trouve Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, s’apparente à de la « torture ».

« Il ne s’agit pas d’un travail de recherche ou de diagnostic, précise Le Monde (Martin Untersinger). Ses auteurs n’ont pas examiné directement Julian Assange et l’on n’y apprend rien sur la situation médicale de l’Australien. Il s’agit en fait d’un éditorial de médecins appartenant à un collectif de soutien à M. Assange, toujours incarcéré dans une prison du sud-ouest londonien dans l’attente de la deuxième partie de son procès en extradition, qui doit se tenir en septembre. »

Faut-il rappeler que Julian Assange (informaticien, journaliste et  »cybermilitant ») est au cœur d’une affaire politico-judiciaire d’envergure internationale depuis 2010 – à la suite notamment de révélations accablantes sur la manière dont les Etats-Unis et leurs alliés mènent la guerre en Irak et en Afghanistan – avant d’être accusé d’agressions sexuelles en Suède ?

« Une escalade dans les tactiques de torture psychologique »,

L’état de santé de M. Assange fait désormais régulièrement l’objet d’alertes de la part de ses défenseurs qui espèrent pouvoir user de cet argument pour faire barrage à son extradition vers les Etats-Unis, où il encourt 175 ans de prison pour avoir publié, il y a dix ans, des documents secrets.

Les médecins signataires du Lancet dénoncent en particulier les « violations continues des droits humains et juridiques de M. Assange, aux mains des autorités judiciaires et pénitentiaires au cours de la procédure d’extradition ». « Ils se font là l’écho des reproches déjà formulés à plusieurs reprises par les avocats du fondateur de WikiLeaks, notamment sur son isolement dans la prison de haute sécurité de Belmarsh et la grande difficulté que rencontrent ses avocats pour s’entretenir avec lui et préparer sa défense » souligne Le Monde. Ainsi, rappellent-ils que, pendant la première partie du procès en extradition, en février, « il a été cantonné à un box en vitres pare-balles d’où il lui était impossible de suivre l’audience, on lui a refusé de s’entretenir avec ses avocats. Il a été fouillé à nu, menotté onze fois, déplacé dans onze cellules différentes et certains documents confidentiels de sa défense ont été saisis ».

« L’isolation et une stimulation insuffisante sont des techniques de tortures majeures, capables de déclencher un désespoir important, de la désorientation, de la déstabilisation et la désintégration de fonctions mentales et psychologiques cruciales », écrivent les signataires. Ces derniers dénoncent aussi le refus de la justice britannique d’accorder une libération conditionnelle afin de la protéger de la pandémie de Covid-19, particulièrement virulente en milieu carcéral. « M. Assange court un risque important de contracter le coronavirus et d’y succomber » affirment-ils.

La publication du texte survient deux jours après que la justice américaine a annoncé un renforcement de l’accusation qui le vise. Cette annonce constitue « une escalade dans les tactiques de torture psychologique », a dénoncé l’une des co-autrices de la lettre, Lissa Johnson, dans un communiqué.  Le 21 octobre dernier, l’Australien de 48 ans était apparu désorienté au cours de sa première apparition en public en six mois, bredouillant pendant une audience à Londres et semblant avoir des difficultés à se rappeler sa date de naissance. C’était le 3 juillet 1971 à Townsville. Il y aura bientôt quarante-neuf ans. S’indigner ?

A demain @jynau

Grippe : Emmanuel Macron va-t-il rendre obligatoire cette vaccination «altruiste» ?

Bonjour

15/06/2020. Altruisme. Dans sa nouvelle allocution solennelle et « surplombante » le président de la République a estimé que face à la pandémie « l’Etat a tenu » – quand d’autres accusaient, hier le même Etat d’avoir été « lamentable ». Et que d’autres étrillent l’ « union de l’incompétence et de l’arrogance ». Emmanuel Macron ;

« Clore aujourd’hui le moment entamé avec le début du confinement n’avait rien d’une évidence. Si nous pouvons rouvrir le pays, c’est parce qu’à chaque étape de l’épidémie chacun a pris sa part. Le Premier ministre et le Gouvernement ont travaillé d’arrache-pied, le Parlement s’est réuni, l’Etat a tenu, les élus de terrain se sont engagés. »

Reste que « le virus est toujours là » et que gouverner c’est prévoir, anticiper. Tout en organisant le déconfinement et en préparant l’achat massif des premiers vaccins anti-Covid, le gouvernement doit songer, déjà, à la grippe hivernale 2020/2021. Le sujet préoccupe déjà les hautes sphères des responsables sanitaires. Comment agir au mieux ? Comment ne pas être accusé, demain, de n’avoir pas su anticiper ? Imposer ou pas, aux soignants notamment, une vaccination désormais considérée comme « altruiste » et potentiellement réductrice de mortalité chez les plus fragiles ?

Il y a peu Jérôme Salomon, Directeur général de la santé saisissait « en urgence » la Haute Autorité de santé (HAS). Objectif : définir la stratégie nationale de vaccination contre la prochaine vague de grippe saisonnière dans le contexte de l’épidémie de Covid-19. Une vaccination qui débutera à le mi-octobre en France métropolitaine et dans les départements-régions d’Outre-Mer des Amériques (…).

A lire sur Slate.fr :  « Le gouvernement va-t-il rendre obligatoire la vaccination «altruiste» contre la grippe? »

A demain @jynau

Altruisme. Conduite de l’homme responsable qui pose comme but de l’activité morale l’intérêt de ses semblables. Quasi-synon. abnégation, générosité; anton. égoïsme, hédonisme : − Je crois, en effet, Maître, qu’on ferait bien… − Ah! vous le pensez aussi, Bardamu, je ne vous le fais pas dire! Chez l’homme, voyez-vous, le bon et le mauvais s’équilibrent, égoïsme d’une part, altruisme de l’autre… chez les sujets d’élite, plus d’altruismeque d’égoïsme. L.-F. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 117.