Polémiques politiques: Mmes Royal et Bachelot ; Gérald Darmanin versus Elisabeth Moreno

Bonjour

19/07/2020. Chaleur. Les médias généralistes se languissent tandis quenombre de politiques s’agitent. Ce sera au plus offrant. Ségolène Royal par exemple, qui décoche une flèche écologique via Twitter. L’ancienne candidate socialiste à l’élection présidentielle de 2007 tente d’étriller Roselyne Bachelot.

L’ancienne des « Grosses Têtes » de RTL, nouvelle ministre de la Culture a jugé bon de se rendre par la voie des airs (où elle fut photographiée) au chevet de la cathédrale de Nantes, victime d’un incendie le samedi 18 juillet. L’ancienne ministre de l’Écologie reproche à l’ancienne ministre de la Santé son « bilan carbone » et le fait qu’elle ne porte pas de masque, geste barrière contre la propagation de l’épidémie de coronavirus. « Pour Nantes, il y a le TGV. Faites ce que je dis mais pas ce que je fais », tonne Mme Royal pour la galerie médiatique.

Comme prévu la flèche twittesque a fait réagir sur les réseaux sociaux. On y rappelle la volonté réaffirmée par Emmanuel Macron lors de son discours du 14 juillet de supprimer certains trajets en avion en métropole, là où des dessertes rapides en train existent. « Partout où nous avons déployé du TGV dans notre pays et où telle ou telle ville est à deux heures de Paris, 2h15, est-ce que les lignes [aériennes] intérieures qui sont d’une heure, 1h10, se justifient encore ? Non » avait-il déclaré.

D’autres internautes rappellent que Ségolène Royal (alors ambassadrice chargée de la négociation internationale pour les pôles arctique et antarctique) avait fait un voyage express en juillet 2018, entre la France et l’Islande, sur une journée et en avion privé, pour inaugurer un paquebot de luxe.

Qui mesure les discordances entre les paroles et les actes des responsables politiques ?

« S’il est reconnu coupable, là, on en reparlera »

Autres propos, sans précédent, concernant deux ministres de l’actuel gouvernement : Gérald Darmanin, ministre l’Intérieur et Elisabeth Moreno,  ministre déléguée à l’égalité femmes-hommes, à la diversité et à l’égalité des chances. La seconde s’exprime dans Le Parisien (Christine Matteus et Marcelo Wesfreid). Le premier est, on le sait, visé par une plainte pour viol. ET Rachida Dati, ancienne garde des Sceaux, s’est insurgée contre la nomination du premier au ministère de l’Intérieur, Une réaction de la première ?

« Jusqu’à nouvel ordre, tant que vous n’êtes pas condamné par la Justice, vous êtes considéré comme innocent. Je me garderai bien de commenter cette affaire de M. Darmanin parce que ce n’est pas mon rôle et que je n’ai pas tous les éléments. Tout ce que je sais, c’est que la France est un Etat de droit et que nous pouvons lui laisser le bénéfice du doute. S’il est reconnu coupable, là, on en reparlera. (…) »

On lui rappelle qu’Emmanuel Macron, évoquant cette polémique, a déclaré publiquement, le 14 juillet : « J’en ai parlé d’homme à homme avec lui ». La formule a-t-elle choqué Mme Moreno ?

« Emmanuel Macron est un homme et Gérald Darmanin aussi. Qu’est-ce que vous vouliez qu’il dise d’autre ? Evidemment, j’ai parlé avec M. Darmanin. J’ai eu une conversation de femme à homme avec lui. Je lui ai dit : « Il faut qu’on se parle là parce qu’on est dans la même équipe. Ton sujet va être un boulet à porter pour moi, il faut que tu m’expliques ce qui s’est passé. » Et ce qu’il m’a dit me porte à le croire. Maintenant, je me mets aussi du côté des personnes dont j’ai la responsabilité, en l’occurrence les femmes, et si jamais il m’a menti, j’en tirerai toutes les conséquences. »

Lesquelles ?

A demain @jynau

Bernard-Henri Lévy dénonce tous ces médecins qui nous faisaient la leçon à la télévision

Bonjour

01/05/2010. Pour un peu, en rire : « Sur la pandémie, Bernard-Henri Lévy n’a rien à nous dire, aussi en fera-t-il un livre ». Or il l’a (déjà) fait  : « Ce qui virus qui rend fou » 1. Et ce matin le philosophe était (déjà) l’invité du Grand Entretien de la matinale de France Inter en compagnie de Nicolas Demorand et Léa Salamé.

Etait-ce la précocité de l’heure ou la complexité d’un sujet trop vite survolé ?  On a connu BHL capable d’autres envolées. Comment comprendre, par exemple, qu’il puisse attribuer à Paul Valéry « et d’autres » (sic) la célèbre formule de René Leriche : « La santé c’est la vie dans le silence des organes ». Pour le reste qu’a-t-il à nous dire ? Extraits :

« Il y a eu une sorte de mondialisation de la peur, la façon dont, à la seconde, une épidémie de terreur s’est abattu sur le monde, ça ne s’est jamais produit (…) Je trouve que les villes vides, c’est pas beau, rester chez soi était utile pour une raison sanitaire, mais ce n’est pas une vertu.

« Sanitairement, il fallait les gestes barrières, cesser de se serrer la main…la vrai problème, c’est que les gens se soient confit dans ce confinement, cette incroyable docilité, que ce silence des organes soit un silence de couvre-feu et mirador. Quand j’entends certains médecins, comme Anthony Fauci, dire ‘le serrement de main ne reviendra plus’, c’est affreux ! (…) J’ai du mal à associer soumission et … grandeur : je trouve qu’il y a plus de grandeur chez ceux qui ont accepté les règles en râlant.

« Pascal ne disait pas que rester chez soi était de cuisiner et mettre ses plats sur Instagram, mais que c’était douloureux, que le repli sur le soi n’est pas une vertu (…) On est devenu délateur. Il y a eu des actes de civisme, mais aussi un incivisme grandissant : le civisme, c’est pas de s’enfermer, de jouir de rester chez soi« .

« Il y avait un traitement plus complexe à faire de tout ça (…) Il y avait quelque chose qui était en route et qui est en train de se sceller. Nous sommes de plus en plus nombreux à choisir la santé dans le débat entre sécurité et santé (…) Le passage entre contrat social et contrat vital : c’est ce qui est préoccupant, je crois que c’est pas un bon deal. »

« La République ce n’est pas le pouvoir des experts ! »

De cette promotion on ne retiendra guère, avec la mémoire de Michel Foucault, que le passage les rapports entre pouvoir politique et le pouvoir médico-scientifique. Un pouvoir politique qui cherche à se relégitimer grâce à un « supposé savoir » associé à un « abus d’autorité incroyable ». Le Pr Jean-François Delfraissy et son Conseil scientifique apprécieront- de même qu’Emmanuel Macron. BHL:

« Ces médecins qui passaient leur temps à nous faire la leçon à la télévision, pardonnez-moi mais moi, à l’oreille j’entendais l’abus d’autorité. Ce pouvoir médical cela fait des siècles qu’il se cherche, des siècles qu’il tente de s’imposer. Et là il a failli triompher ! La République ce n’est pas le pouvoir des experts ! La République c’est le pouvoir des politiques. La République ce n’est pas l’hygiénisme, c’est pas le pouvoir des médecins qui transforme la politique en clinique, qui font la chasse au virus …. La politique, ce n’est pas le pouvoir médical … »

Et le philosophe médiatique d’accuser journalistes, médias et spectateurs d’avoir accepté cette « prise de pouvoir par les médecins ». « D’ailleurs les meilleurs d’entre eux savaient que c’était absurde, ils étaient embarrassés de ce rôle, ils savent qu’ils ne sont pas d’accord les uns avec les autres, que la médecine n’est que très partiellement une science exacte, que la médecine c’est plein de querelles, que c’est encore pire que la philosophie… ».

Selon lui le président de la République a eu grand tort de parler de « guerre », les médecins et les médias ont eu tort d’entretenir un sentiment de peur cette « mauvaise conseillère ». Avec, en toile de fond des « émerveillés du confinement », un monde qui serait (enfin) débarrassé des humains.

Et BHL d’évoquer (lui aussi) le Pr Didier Raoult qu’il n’est pas sans admirer.

« Moi je connais la chloroquine, je suis un vieux paludéen, c’est aussi un bon médicament, il m’a sauvé la vie il y a cinquante ans… Le spectacle qu’ont donné les médecins à cette occasion, ce tintamarre,  cette pétarade, cette chamaillerie, cette pétarade à la table du roi, c’était l’illustration  du pire de ce que je dis sur les exagérations du pouvoir médical. »

Précision : durant le confinement BHL n’est pas allé à la campagne. Il est resté à Paris et n’a fait que deux reportages, l’un au Bangladesh, l’autre à Lesbos.

A demain @jynau

1 « Ce virus qui rend fou » Bernard-Henri Levy, Editions Grasset, 112 pages, 8 euros, sortie le 10 juin L’ intégralité des droits d’ auteur de ce livre sera versée à l’ ADELC (Association pour le Développement de la Librairie de Création).

Coronavirus en croisière : sur le richissime Diamond Princess®, l’agent pathogène prospère

Bonjour

Ubuesque. C’est aussi une situation qui dit beaucoup des impasses de la mise en quarantaine. Soit l’affaire du Diamond Princess®, luxueux autant que monstrueux navire de croisière (découvez-le ici en 3’54’’) transformé en prison flottante. Le « huis-clos de l’angoisse ».

« La croisière ne s’amuse plus, se moquait il y a quelques jours Le Figaro (Régis Arnaud). Partis pour un voyage de rêve, les 3700 passagers à bord du navire Diamond Princess vivent l’enfer depuis que les services d’immigration japonais les ont placés en quarantaine, au large de Yokohama, le 5 février, après qu’un des passagers descendus à Hong Kong, l’escale précédente du navire, avait été diagnostiqué porteur du coronavirus. Les malheureux demeurés à bord et ne présentant pas les symptômes du coronavirus sont confinés dans leur cabine pour la durée maximale d’incubation du virus, soit ‘’au moins quatorze jours’’, ont averti les autorités. »

Fin des innombrables délices des croisiéristes : séances de Tai chi, d’origami, karaoké, casino flottant, bars, restaurants, cocktails, sommeliers, digestifs etc. etc. Nouveau programme : plateaux-repas d’hôpital servis par du personnel médical le visage couvert d’un masque et les mains de gants. Sorties quotidienne sur le pont (90 minutes) en présence d’officiers de quarantaine, en rang d’oignon, à un mètre de distance les uns des autres. Prises itératives de température et usage intensif d’écouvillons nasaux.

De huit cas à cent-trente en une semaine.

Aujourd’hui 10 février les tests régulièrement pratiqués sur le paquebot ont révélé soixante-six nouveaux cas confirmés de contamination au 2019-nCoV : quarante-cinq personnes originaires du Japon, onze des États-Unis, quatre d’Australie, trois des Philippines, une du Royaume-Uni, une du Canada et une dernière d’Ukraine, précise la compagnie qui relaie les informations fournies par les autorités sanitaires nippones. Ces cas portent à cent-trente le nombre de personnes désormais contaminées à bord (décompte des chaînes de télévision TBS et NHK). On est ainsi passé de huit cas à cent-trente en une semaine.

Précision : parti de Yokohama le 20 janvier le Diamond Princess® avait fait escale, après Hongkong, au Vietnam, à Taïwan et Okinawa. Question : combien cette croisière de rêve aura-t-elle provoqué de contaminations ? Et que dire aux passagers qui estiment aujourd’hui que la mise en quarantaine dont il font l’objet les met, précisément, en situation d’être plus aisément contaminés ?

A demain @jynau

1 « Mis à l’eau en 2004, le Diamond Princess est l’un des dix-neuf navires de croisières d’une vaste flotte appartenant à l’opérateur américain Princess Cruises. Ce géant des mers peut accueillir jusqu’à 3.770 personnes, dont 2.670 passagers. Sa zone de navigation est circonscrite à l’Asie et il propose notamment des séjours de plusieurs jours voire plusieurs semaines au cours desquels de nombreuses excursions sont prévues (Shangai, Hong Kong, Taipei et même en Russie). Dans le cas présent, le navire était parti le 31 décembre de Hong Kong, direction le Vietnam, Singapour avant un retour à Hong Kong pour ensuite rallier Taïwan et le Japon. » (CNews)

Face à l’épidémie de punaises de lit : les bras croisés de la Direction générale de la Santé

Bonjour

C’est un superbe dossier de notre temps, à la frontière de l’exécutif et du sanitaire, de l’entomologie et de l’écologie. C’est aussi une affaire qui, étrangement, voit les services d’Agnès Buzyn rester comme étrangers à un sujet on ne peut plus politique. Comment la ministre des Solidarités et de la Santé ne perçoit-elle pas l’importance qu’elle se doit d’accorder à ce sujet ?  

A lire sur Slate.fr : « Les punaises de lit nous envahissent et le gouvernement ne fait rien »

A demain @jynau

Feux de forêts et cendriers : Agnès Buzyn va-t-elle oser interdire à tous les motorisés de fumer ?

Bonjour

Rond-point. Nous sommes ici au carrefour de la politique et de la réduction des risques. Dans les Landes. Hervé Seyve, maire LR de la commune forestière de Saint-Jean-d’Illac vient de prendre un arrêté municipal : interdiction de fumer en voiture – du moins si votre véhicule n’est pas équipé de cendrier. L’initiative de l’édile fait suite à celle du préfet de Gironde qui, canicule oblige, avait porté sa vigilance « feux de forêt » au niveau « orange » (3 sur une échelle de 5). Et c’est ainsi qu’à Saint-Jean-d’Illac il est « interdit de fumer dans des véhicules non pourvus de cendrier », interdiction qui vaut « pour les véhicules circulant près des forêts » mais aussi pour «  les véhicules en stationnement, jusqu’à une distance de 200 mètres des bois, landes, pins ».

Le maire s’en est expliqué à l’AFP : « Avec une amende de quelque 15 euros, il ne s’agit pas de réprimer, mais de marquer les esprits ». Il dit aussi avoir été « ulcéré de voir à plusieurs reprises cet été, des gens jeter leurs mégots de leur voiture, sur des routes à grande circulation longeant des espaces boisés de la commune ». La mémoire est vive  : Saint-Jean-d’Illac avait, il y a quatre an, été victime d’un grand incendie de forêt, l’un des plus importants de la décennie en Gironde : six cents hectares de pins détruits avec comme principale hypothèse le mégot de cigarette jeté en bord de route.

Poursuivre l’œuvre socialiste de Marisol

Le maire n’est pas seul dans son combat : la sénatrice  Nathalie Delattre (Rassemblement démocratique et social européen, Gironde)  vient d’adresser une question écrite au gouvernement pour demander « l’obligation pour les constructeurs (automobiles) de prévoir un cendrier dans les véhicules afin de lutter contre le risque incendie » :

« Le vrai problème c’est que les constructeurs ne prévoient plus de manière systématique de cendrier dans les véhicules. Le réflexe devient alors de jeter le mégot par la fenêtre Il est tout à fait possible d’imposer un certain nombre de contraintes techniques, c’est d’ailleurs déjà le cas au sein du Code de la route, dans la partie règlementaire relative aux dispositions techniques du véhicule. Je demande au gouvernement de prendre ses responsabilités ! ».

L’heure est grave. Une étude que vient de publier Vinci Autoroutes établit que plus d’un conducteur sur trois (37 %) jette toujours des déchets par la fenêtre de sa voiture. Et près d’un sur six (16 %) se débarrasse ainsi de mégots (soit plus d’un fumeur en voiture sur deux – les hommes plus que les femmes). « Cette étude de Vinci marque une dégradation quant au jet de mégots par les conducteurs au volant : 16 % cette année contre 14 %, il y a un an » observe le site des buralistes français. Face au risque de feux de forêts les buralistes de l’arc méditerranéen sont déjà mobilisés : notamment à travers une campagne de communication dans leur point de vente ‘’Votre mégot brûle la forêt’’. »

Prévenir les esclaves du tabac de bien vouloir respecter les poumons de nos territoires ? Imposer le retour des cendriers dans les habitacles motorisés ? Le changement, dès maintenant ! Faudrait-il ici rappeler que depuis Marisol Touraine (Code de la  santé publique – Article L3511-7-2) « il est interdit à tous les occupants d’un véhicule de fumer en présence d’un enfant de moins de dix-huit ans ». Agnès Buzyn aura-t-elle, face au réchauffement climatique,  le courage de poursuivre l’œuvre entreprise par sa prédécesseuse socialiste : « il est interdit à tous les occupants d’un véhicule de fumer ». Point-barre.  

A demain @jynau

Cigarette électronique soluble dans le capitalisme (à propos de British American Tobacco) ?

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Morale et business. Faut-il avoir « honte » de travailler pour Big Tobacco au même titre qu’il faut, aujourd’hui, avoir « honte » de prendre l’avion 1 ? Ce n’est pas une nomination comme les autres. Elle survient chez British American Tobacco (BAT) 2 : l’annonce de la nomination, le jour même, de Mauricio Lara-Ferez au poste de Directeur Général France. Il occupait depuis 2016 les fonctions de Directeur Marketing de BAT France et Europe de l’Ouest.

« Diplômé du Monterrey Institute of Technology and Higher Education, Mauricio Lara-Ferez a commencé sa carrière professionnelle en 2000 au Mexique au sein du département Marketing du groupe Unilever. En 2009, il rejoint BAT Mexique en tant que Directeur du Développement Marketing puis Directeur de Marque. De 2013 à 2016, il occupait les fonctions de Directeur Régional du Planning Stratégique de BAT Europe de l’Ouest. Cette nomination fait suite au départ de Richard Bakker du poste de Directeur général de BAT France et Europe de l’Ouest et dont les nouvelles fonctions au sein de BAT seront annoncées prochainement. »

Mauricio Lara-Ferez a déclaré : «Je suis très honoré et enthousiaste à l’idée de relever de nouveaux défis en qualité de Directeur Général France. La filiale française du groupe BAT est engagée dans une dynamique très positive. Elle dispose de marques de cigarettes fortes et elle est récemment devenue n°1 de la cigarette électronique en France chez les buralistes grâce à sa marque VYPE. J’entends poursuivre la stratégie engagée par mon prédécesseur».

Au-delà de ses responsabilités en matière de développement commercial, Mauricio Lara-Ferez sera également chargé de mettre en avant la contribution de BAT sur d’importants sujets de débat public parmi lesquels : trajectoire fiscale sur les produits du tabac, lutte contre la contrebande, traçabilité, accompagnement des buralistes dans leurs projets de transformation, mise en place de mécanismes de lutte contre la pollution générée par les mégots de cigarettes, développement de la cigarette électronique en tant qu’alternative à la cigarette combustible dans une perspective de santé publique.

« Santé publique ». Un siècle plus tard Big Tobacco découvre que ce concept existe. Ce qui donne, chez lui : « Transforming Tobacco ». Où l’on peut lire ceci, en note du communiqué de nomination :

« Pour la première fois dans l’histoire, les innovations technologiques, les transformations sociétales et l’importance croissante des enjeux de santé publique convergent pour permettre à une opportunité unique de se concrétiser : proposer aux consommateurs des alternatives crédibles et efficaces au tabac combustible, avec un risque potentiellement réduit sur la santé (tabac à chauffer, vapotage, produits nicotiniques…). BAT est résolument engagée dans cette transformation historique. »

 Business as usual entrelardé de morale et de publicité. Pour un peu on applaudirait devant tant de plasticité incluant la cigarette électronique. Les avionneurs parviendront-ils à réaliser un tel exploit face au réchauffement climatique ?

A demain

@jynau

1 Dutheil G « Le mouvement ‘’la honte de prendre l’avion’’ inquiète le secteur aérien. Les compagnies, réunies ce week-end en Corée du Sud, s’inquiètent de l’« aviation bashing » et de l’instauration d’une taxe pour lutter contre le réchauffement climatique. » Le Monde du 3 juin 2019

2 La firme se présente ainsi : « British American Tobacco (BAT), entreprise fondée en 1902, est la seconde plus grande entreprise de tabac manufacturé au monde en parts de marché. Ses marques sont vendues dans plus de 200 pays. Sa filiale française, British American Tobacco France emploie près de 250 collaborateurs à travers le pays. Son activité comprend le soutien commercial, la vente et la distribution des produits du tabac du Groupe BAT sur le territoire national ainsi que ses gammes innovantes de produits de vapotage. » 

Quatre poumons, 160 000 euros : l’Etat est-il coupable de la pollution que nous respirons ?

Bonjour

Jusqu’où remonter dans l’enchaînement des responsabilités ? « C’est une première » annonce Le Monde (Stéphane Mandard). Mardi 28 mai, au tribunal administratif de Montreuil (Seine-Saint-Denis), l’Etat est poursuivi pour son incapacité à protéger les citoyens contre la pollution de l’air. En clair : visé par un recours pour « carence fautive » parune mère et sa fille âgée de 17 ans, toutes deux atteintes de pathologies respiratoires importantes.

Pendant une vingtaine d’années, Farida a vécu à Saint-Ouen coincée entre le périphérique et deux avenues fréquentées. Elle souffre alors d’une toux persistante, de bronchites à répétition avec des signes d’asthme. Cures d’antibiotiques, douleurs, épuisement, arrêts de travail fréquents… sa vie est un calvaire. « Tous les jours, j’appréhendais, je regardais la qualité de l’air sur le site d’Airparif. Et si elle était vraiment très mauvaise, j’évitais de sortir », témoigne Farida dans un enregistrement sonore mis en ligne sur le site de l’association Respire, qui la soutient dans sa démarche, avec l’ONG Ecologie sans frontière.

Enfant la fille de Farida est une habituée des urgences pédiatriques et des séances de kinésithérapie respiratoire pour des bronchiolites. Puis, après l’âge de raison,  rhinopharyngites et crises d’asthme. Depuis qu’elle s’est installée avec sa fille à Orléans (sur « prescription médicale ») ces problèmes de santé ne seraient plus qu’un mauvais souvenir. Elles réclament aujourd’hui 160 000 euros d’indemnisation pour le préjudice qu’elles estiment avoir subi et dont elles tiennent l’Etat pour responsable. Pour Me François Lafforgue, leur avocat, la « carence fautive » de l’Etat est double : aucun dispositif efficace n’a été mis en place pour enrayer le phénomène de la pollution atmosphérique ni sur le long terme ni lors des pics de pollution.

Responsabilités et culpabilités

Et Me Lafforgue de rappeller que la France est en infraction avec le droit européen pour des dépassements répétés des normes sur la qualité de l’air. Visé par le recours de Farida et de sa fille, François de Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire soutient via son ministère que « l’Etat a pris toutes les mesures nécessaires, dans la limite des responsabilités qui lui incombent en la matière, pour ramener les concentrations de polluants en deçà des valeurs limites » fixées par la directive européenne sur la qualité de l’air, et que ces actions ont permis ces dernières années « une réduction » pour les PM10 et le NO2 en région parisienne.

Quant à la  Préfecture de police de Paris (Christophe Castaner), elle reporte la faute sur la victime, estimant que le dommage qu’elle a subi est « la conséquence directe et exclusive d’un choix strictement personnel ». Pourquoi ne pas quitter une ville polluée quand on se sait de constitution pulmonaire fragile ? Et de quel droit accuser l’Etat de sa propre incurie ?

Le droit, précisément. Pour le rapporteur public, avant de rendre son jugement, le tribunal doit vérifier si les troubles médicaux sont bel et bien dus à la pollution de l’air de Saint-Ouen. Relation de causalité ou simple corrélation. Que serait la justice sans la science et la médecine ?

Dans l’affaire Farida le tribunal administratif de Montreuil rendra son jugement dans une quinzaine de jours. Une cinquantaine d’autres recours ont été déposés pour les mêmes motifs par des victimes de la pollution de l’air à Paris, Lyon, Lille et Grenoble. Ils devraient être audiencés dans les prochaines semaines.

« La pollution, rappelle Le Quotidien du Médecin (Dr Irène Drogou)  est responsable de 48 000 à 67 000 décès prématurés chaque année en France – et de 4,2 millions dans le monde. D’après « The Lancet Planetary Health », il y aurait 4 millions de nouveaux cas d’asthme pédiatrique dans le monde liés à la mauvaise qualité de l’air. » Jusqu’où la justice française remontera-t-elle dans l’enchaînement des culpabilités ?

A demain

@jynau

Européennes, corrida, cirque et politique: le «Parti animaliste» égale le Parti communiste

Bonjour

27 mai 2019. Tête de liste absente des écrans, programme et score radicalement oubliés des commentateurs : le « Parti animaliste ».  « Parmi les petites listes, c’est celle qui a le plus créé la surprise, résume Le Monde (Mathilde Gérard). Sans avoir été invité à aucun des débats entre candidats organisés sur les principales chaînes télévisées, le Parti animaliste a recueilli, selon les résultats quasi définitifs, 2,2 % des suffrages exprimés en France aux européennes de dimanche 26 mai. C’est plus que la liste « Urgence écologie », de Dominique Bourg (1,8 %), l’ »Union populaire républicaine », de François Asselineau (1,2 %) ou « Lutte ouvrière » (0,8 %), et presque autant que les voix qui se sont portées sur le Parti communiste, emmené par Ian Brossat (2,5 %). »

« Parti animaliste » ? Il n’a que trois ans et double aujourd’hui le score obtenu aux élections législatives de 2017 (1,1 %)  – et ce en dépit de l’absence de la distribution de ses bulletins dans certains bureaux de vote. Tête de liste : Hélène Thouy, avocate au barreau de Bordeaux ; intervient et conseille des associations et des militants engagés pour la cause animale depuis une dizaine d’années ; co-fondatrice de l’association Animal Justice et Droit ; engagée dans la défense des droits de l’homme ; a présidé l’Institut de Défense des étrangers du barreau de Bordeaux.

Les intérêts des êtres dotés de sensibilité

Ce parti est soutenu par des « personnalités médiatiques » : une cinquantaine d’acteurs, animateurs, chanteurs, humoristes et inclassables  – Brigitte Bardot, Claude Lelouch, Laurent Baffie, Laura Smet, Virginie Lemoine, Anny Duperey, Dave, Stone … (et le Dr Colette Goujon, présidente du Comité de lutte contre la douleur du groupe hospitalier Henri Mondor) – ont signé une tribune appelant à « prendre le parti des intérêts des êtres sensibles » 1.

Programme : plus d’une centaine de mesures dans son programme, ciblant dans leur grande majorité la souffrance des animaux d’élevage – sans oublier la chasse, la corrida, les cirques ou les expérimentations scientifiques 1. « A Bruxelles, des organisations en défense de la cause animale se sont regroupées au sein d’une plate-forme, Eurogroup for animals, pour faire avancer leurs dossiers au sein du Parlement et de la Commission européenne, précise Le Monde.  Car c’est bien à l’échelon bruxellois que se jouent de nombreux dossiers affectant le bien-être animal, notamment à travers la politique agricole commune, mais aussi plusieurs directives déterminant les conditions de transport d’animaux d’élevage, ou les modalités de pêche, pisciculture ou d’expérimentation animale. »

Le score de la liste animaliste en France ne lui permet certes pas d’obtenir d’eurodéputé à Strasbourg, ni d’obtenir un remboursement de sa campagne. Mais en Allemagne,le Parti de la protection des animaux obtient deux sièges, tandis que la liste animaliste néerlandaise en occupera un, précieux.

Egaler le Parti communiste français …! Où l’on voit émerger en Europe, sur les décombres des partis antiques – et en marge des aspirations croissantes « écologiques »- une nouvelle idéologie, une idéologie de la « sensibilité ». A surveiller, comme le feu sous le lait.

A demain

@jynau

1 Extrait : « La soumission des animaux au régime des choses est entrée en crise parce qu’elle est entrée dans sa phase critique. Les efforts conjoints des filières, des lobbys et du marketing n’y pourront rien. Car, il faut insister, cette critique n’est pas le fait récent des « vegans » ou des « antispécistes », comme eux-mêmes, les médias ou leurs adversaires se plaisent à les appeler. Ces personnes forment la crête d’une vague bien plus large, qui porte une inquiétude contemporaine que nul n’exprima mieux que le philosophe Jacques Derrida. En 2001, il écrit : « Cette violence industrielle, scientifique, technique ne saurait être encore trop longtemps supportée, en fait ou en droit. Elle se trouvera de plus en plus discréditée. Les rapports entre les hommes et les animaux devront changer. Ils le devront, au double sens de ce terme, au sens de la nécessité “ontologique’’ et du devoir “éthique’’».

Le couple crise/critique traverse notre époque à la manière d’une lame de fond : elle vient des profondeurs. Le caractère virtuellement interminable de l’exploitation animale, que nos moyens scientifiques et techniques rendent désormais possible, tient dans le fait que le « stock » détruit est aussitôt renouvelé, et ainsi de suite. L’animal n’a pas eu le temps de vivre qu’il est déjà bon pour l’abattoir. Faut-il rappeler que, par exemple, un poulet de chair n’est maintenu en vie que durant les 40 jours nécessaires à son engraissement ? (…) La condamnation des violences envers les animaux n’a cessé de jalonner l’histoire de la pensée. Elle est portée par les plus grands noms de notre culture philosophique et littéraire. Ils offrent à la voix de ceux qui défendent les animaux une épaisseur culturelle dont leurs adversaires n’aiment pas entendre parler. (…) »2 Sur ce thème : « Pourquoi ces deux millions d’animaux utilisés ‘’pour la recherche’’, en France, en 2017 ? » Journalisme et santé publique, 17 mai 2019

Comment faire un vrai tabac médiatique avec charcuterie, glyphosate, et viande rouge

Bonjour

Pierre Médevielle, 59 ans est depuis cinq ans sénateur (centriste) de la Haute-Garonne. Cet ancien maire de la commune de Boulogne-sur-Gesse, vice-président du groupe d’études Chasse et pêche est également vice-président (avec le célèbre mathématicien Cédric Villani)  de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST). Pierre Médevielle fut aussi pharmacien d’officine.

Depuis quelques heures l’homme a atteint la célébrité médiatique nationale. Tout simplement en violant l’embargo qui protégeait le rapport (rendu public le 16 mai) de l’OPECST – rapport qui traite, notamment, du célèbre glyphosate. Tout est écrit dans l’entretien que l’ancien pharmacien a accordé à La Dépêche (Lionel Laparade). Extrait :

« Dans notre rapport, nous avons relevé des points d’amélioration. [concernant le glyphosate] En Europe, l’évaluation, c’est un peu la foire d’empoigne. Si l’on veut progresser, il va falloir uniformiser les pratiques d’évaluation des dangers et du risque des substances. L’Agence européenne des produits chimiques et l’Agence européenne de sécurité alimentaire évaluent le danger des substances, or il y a une différence fondamentale entre le danger et le risque. Sur le glyphosate, on a fait des études de danger, point final. Alors certes, 117 autorisations de mises sur le marché de produits contenant du glyphosate ont été supprimées par l’ANSES. Mais c’était à une époque où la molécule était associée des co-constituants, la talowamine par exemple, extrêmement toxique en milieu aquatique.

« Je veux aussi souligner que l’on épand de moins en moins de glyphosate et que l’herbicide reste une charge pour l’agriculteur : croyez-vous qu’il peut aujourd’hui se permettre le luxe du gaspillage ? Je voudrais que l’on puisse débattre sereinement et que chacun retrouve ses esprits… Évitons d’interdire des substances avant de disposer d’éléments scientifiques. Et quand les preuves sont là, comme pour les néonicotinoïdes, agissons. C’est ce que nous avons fait avec Chantal Jouanno en réclamant leur interdiction. »

Ne pas se hâter d’interdire le glyphosate ?

« Je serai parmi les premiers à réclamer son interdiction dès que les preuves scientifiques de sa nocivité seront apportées. Or, à la question : Le glyphosate est-il cancérogène, la réponse est non ! Il est moins cancérogène que la charcuterie ou la viande rouge qui ne sont pas interdites. »

Sur quelles bases affirmer cela ?

« Sur la base d’études scientifiques ! Des études menées à l’Agence européenne de sécurité alimentaire de Parme, à Bruxelles, à l’ANSES, agence la plus performante en Europe et probablement au monde. Nous avons aussi en France un excellent système de pharmacovigilance mais que voulez-vous, nous vivons aujourd’hui dans un monde où tout est remis en cause, sans preuve, où un lanceur d’alerte peut, sur de simples allégations, jeter le discrédit sur toute la communauté scientifique…

« Nous prenons nos responsabilités. Ce rapport, nous le rendons à quatre parlementaires, sous l’égide de l’OPECST dont les membres sont tous des scientifiques. Je ne vois aucune raison pour laquelle nous prendrions notre part de l’hystérie collective suscitée par une molécule dont on affirme qu’elle est cancérogène alors qu’en réalité, elle ne l’est pas. Ou alors on devient tous fous… »

Colossale énormité

Comme prévu ces propos ont déclenché une vive polémique 1. « Pour le sénateur il n’existerait aucune étude scientifique montrant que le glyphosate est cancérogène ! C’est faire fi de la revue complète réalisée par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) en 2015. C’est faire également fi des études commanditées par l’industrie elle-même et qui montrent aussi le potentiel cancérogène du glyphosate, soutient Générations Futures. Le sénateur nous ressort le vieil argument utilisé par l’industrie selon lequel le glyphosate serait moins cancérogène que la viande. Totalement à côté de la plaque cet argument fait allusion au classement cancérogène de la viande rouge par le CIRC. Il vise à brouiller les cartes. » François Veillerette, le co-fondateur et porte-parole de l’ONG Générations Futures, interrogé sur France Info, a dénoncé une « contre-vérité, d’une énormité colossale au niveau scientifique ».

Propagande

José Bové a immédiatement dénoncé une « propagande »: « Cela fait partie des éléments de langage sortis régulièrement pour essayer de discréditer tous les rapports scientifiques. Ce n’est pas la première fois que cet office du Parlement défend des positions qui vont à l’encontre des faits scientifiques avérés » .

Quant au mathématicien macronien Cédric Villani, interrogé sur France Info, il s’est dit désolé de tels propos : « Je regrette que le sénateur Médevielle, en s’exprimant prématurément et sous une forme qui ne reflète pas le rapport, ait contribué à ajouter de l’huile sur le feu ».

Où l’on voit que manier la science la plus dure n’interdit pas d’user des vieilles métaphores. Et qu’il est toujours aussi compliqué de séparer le gentil bon grain écologique de la méchante ivraie politique.

A demain

@jynau

1 Gérard Longuet, président et Cédric Villani, premier vice-président ont apporté les précisions suivantes dans l’après-midi du 13 mai: « (….) Contrairement à ce qui a pu être indiqué, le rapport de l’OPECST ne se prononce pas sur la toxicité à long terme du glyphosate, qui doit être réexaminée par plusieurs agences d’évaluation européennes dans le cadre du processus de ré-autorisation du glyphosate à l’horizon 2022. Si la question du glyphosate est abordée dans le rapport, c’est pour mettre en perspective les différences d’appréciations entre le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et les agences d’évaluation, notamment l’EFSA, afin d’éclairer le public sur le contenu et la portée de ces divergences apparentes entre experts, mais pas de rouvrir le débat sur l’interdiction du glyphosate, qui a été tranché par le Gouvernement.

Extinction. Pourquoi tant de sang au Trocadéro ? Et ces pressions sur les journalistes ?

Bonjour

Connaissez-vous, né en Grande Bretagne, le mouvement Extinction Rebellion ? Il exige « la reconnaissance de la gravité et de l’urgence des crises écologiques actuelles » et « une communication honnête sur le sujet ». Mais aussi « la réduction immédiate des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone en 2025 ». Et encore « l’arrêt immédiat de la destruction des écosystèmes océaniques et terrestres, à l’origine d’une extinction massive du monde vivant ». Sans oublier « la création d’une assemblée citoyenne chargée de décider des mesures à mettre en place pour atteindre ces objectifs et garante d’une transition juste et équitable ».

Des militants se réclamant de la branche française de cette mouvance ont déversé, dimanche 12 mai, du faux sang sur les marches du Trocadéro, à Paris. Vêtus de noir, jeunes gens pour la plupart, ils s’étaient munis de trois cents litres de « sang » – mélange de colorant alimentaire et de maïzena®. Puis ils ont déversé le rouge contenu de leurs bidons sous les yeux de nombreux touristes et des policiers présents dans le secteur.

Porteurs de grandes banderoles vertes « Extinction Rebellion » et d’un calicot noir « Stop à la 6e extinction de masse », ils se sont ensuite recueillis plusieurs minutes en silence – avant de commencer à éponger les marches innombrables.

A Bordeaux, six personnes se revendiquant du même mouvement ont été placées en garde en vue dimanche pour avoir participé à l’accrochage dans la nuit d’une grande banderole « Chirac reviens ! » sur des échafaudages de la Chambre de commerce et d’industrie, place de la Bourse, haut lieu touristique. Selon un organisateur, ce message visait d’abord à « interloquer les gens ».

Les six personnes ont été interpellées sur place pour « mise en danger délibérée de la vie d’autrui » (celle des passants sous l’échafaudage et des policiers et pompiers intervenus sur les lieux). La banderole a, le lendemain, été retirée par les pompiers.

Fin (humoristique) du journalisme

Extinction Rebellion France s’est structuré ces derniers mois, sur le modèle de celui né à l’automne 2018 en Grande-Bretagne où il prône la « désobéissance civile non violente » pour contraindre gouvernants et responsables à répondre à la crise climatique et écologique. Le trois mai dernier, à l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, ce mouvement organisait « les funérailles du journalisme » ; « action satirique et non violente » qui s’inscrivait  dans le cadre de : « La reconnaissance de la gravité et de l’urgence des crises écologiques actuelles et une communication honnête sur le sujet ». Humour :

« Nous avons la douleur de vous faire part de la disparition du devoir d’information des journalistes. Nous vous présentons nos sincères condoléances et vous convions aux obsèques du journalisme. Force est de constater que face à l’Urgence des défis environnementaux & sociaux, du dérèglement climatique, de l’extinction massive d’espèces, des risques d’effondrement de nos sociétés, … vous ne remplissez pas votre devoir d’information et ne respectez pas la charte de déontologie journalistique et la déclaration des devoirs des journalistes (Charte de Munich 1971). »

Et de réclamer aux médias quatre preuves d’engagement : une rubrique quotidienne quelques soient leurs supports (presse / radio / TV) ; un bandeau en couverture : « Urgence climatique, regardons la vérité en face » ; dossier spécial : état du monde & perspectives ; la signature d’une charte d’engagement de ‘’Journalistes Authentiques, Réalistes & Honnêtes’’. Est-ce là, toujours, de l’humour ? Ou les premiers symptômes d’un mouvement qui au nom des meilleurs raisons écologiques du monde, ne pourra qu’évoluer vers les menaces, la contrainte et les actions violentes médiatisées. Sur le modèle des vegans anti-bouchers.

A demain

@jynau