Didier Raoult : pourquoi une majorité de Français lui fait-elle plus confiance qu’au gouvernement ?

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17/09/2020. Le spectacle médiatique n’en finit plus, sa conclusion reste incertaine. Après des mois de mises en scène télévisées, de sombres coulisses politiques, de caricatures, d’ego chauffés à blanc, d’accusations croisées et d’invraisemblables polémiques médicamenteuses les chiffres sont là : un Français sur deux a une « image positive » du Pr Didier Raoult, microbiologiste à la tête de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection à Marseille. C’est la conclusion d’ un sondage de l’institut Harris Interactive pour la chaîne LCI publié le 16 septembre. L’enquête a été réalisée en ligne les 14 et 15 septembre 2020 sur un échantillon de 1.399 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. En voici l’essentiel :

« Plus d’un Français sur deux (52%) porte aujourd’hui un regard positif sur le Professeur Didier Raoult, quand un tiers des Français (33%) déclare en avoir une mauvaise opinion et 15% ne pas le connaitre assez ou ne pas se prononcer. Une progression de la confiance de 7 points par rapport à une précédente enquête réalisée au mois de mai, qui peut s’expliquer notamment par une légère hausse de notoriété du Professeur marseillais auprès des Français (20% ne portaient pas d’opinion sur lui dans la précédente enquête, 15% cette fois-ci)

« Cette bonne opinion est particulièrement ancrée auprès des Français âgés de 65 ans et plus (68% contre 52% pour l’ensemble des Français) et des habitants de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (64%), région où enseigne le professeur. Les sympathisants de la France Insoumise (62%) et du Rassemblement National (72%) se montrent par ailleurs plus positifs à son égard. »

Et puis ce corollaire, tout aussi édifiant : « De manière générale, quand il s’agit de prendre la parole sur l’épidémie de coronavirus, les Français ont légèrement plus tendance à faire confiance à Didier Raoult qu’au Conseil scientifique missionné par le gouvernement : 46% déclarent avoir confiance dans les prises de parole du conseil scientifique quand les allocutions de Didier Raoult suscitent la confiance de 49% des Français (et même 87% auprès de ceux qui déclarent par ailleurs avoir une bonne opinion de l’infectiologue)

Avec, pour finir, un symptôme que ce phénomène a pris des proportions que la raison ne peut plus combattre : Interrogés sur le traitement qu’ils envisageraient s’ils étaient eux-mêmes atteints par le coronavirus, 4 Français sur 10 (41%) déclarent qu’ils souhaiteraient prendre le traitement à base d’hydroxychloroquine préconisé par le Pr Didier Raoult. Les Français portant un regard positif sur Didier Raoult se montreraient majoritairement enclins à prendre ce traitement (70%), qui attire particulièrement d’ailleurs les populations qui le soutiennent le plus : les Français âgés de 65 ans et plus (53%) ou les habitants de la région PACA (53%). »

La prochaine étape du spectacle battrait des records d’audiences télévisées : le Pr Didier Raoult opposé au Pr Jean-François Delfraissy, président (aujourd’hui de plus en plus critiqué par l’exécutif) du Conseil scientifique du gouvernement. Il semble, malheureusement, que les deux champions scientifiques s’y refuseraient. Il leur reste à nous dire pourquoi.

A demain @jynau

Covid, 250 euros: face à la grève du dépistage, le gouvernement va-t-il envoyer la police ?

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16/09/2020. L’affaire restait médiatiquement régionale. Elle prend soudain une ampleur nationale et risque de diffuser – plaçant brutalementle pouvoir exécutif devant ses responsabilités. Reprenons ce que nous en dit l’AFP ? La grève dans les vingt laboratoires d’analyse biologiques Biofusion du Tarn-et-Garonne, Haute-Garonne et Lot a été reconduite ce mercredi 16 septembre. Les salariés grévistes protestent notamment contre une «prime Covid» jugée insuffisante, a-t-on appris auprès de FO.

Or les départements de Haute-Garonne et du Tarn-et-Garonne sont classés en «zone rouge» de circulation active duvirus de la Covid-19.

C’est là une grève-symptôme : l’un des premiers mouvements de blocage dans des laboratoires de biologie médicale depuis la multiplication des tests virologiques (PCR) en France -des tests dont le nombre dépasse désormais le million par semaine dans une cacophonie sans précédent face à laquelle les autorités sanitaires sont dépassées. Corollaire : cet objectif, fixé par le ministre de la Santé Olivier Véran, est synonyme de travail à la chaîne pour les laboratoires, dont les personnels commencent à fatiguer. Et retrouvent les réflexes habituels des salariés – avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer.

Le 7 septembre, une cinquantaine de personnes s’étaient déjà rassemblées devant le siège sarthois des laboratoires Laborizon au Mans, dans le cadre d’un appel à la grève pour dénoncer les conditions de travail des salariés. Hier, soixante-dix salariés de Biofusion (entreprise membre du groupe Inovie) se sont rassemblés devant un site à Montauban, a constaté un correspondant de l’AFP. Une délégation a ensuite été reçue par la direction mais «rien de bon n’en est sorti et la grève est reconduite. Le mot d’ordre de grève a été lancé par FO, la CGT et la CFDT.

« L’entreprise avait indiqué sur son site internet être dans l’incapacité d’assurer la prise en charge des bilans de santé et des dépistages Covid-19, ‘’sur tous les sites et tous les drives’’, sauf un ‘’qui fonctionne sous réquisition de la préfecture’’ » précise l’AFP. La déléguée syndicale CFDT a quant à elle expliqué à la presse que tout était «parti de la petite prime reçue comme prime Covid», c’est «la goutte d’eau qui a fait déborder le vase». Cette prime d’un montant de 250 euros «est dérisoire comparée à l’investissement du personnel qu’ils soient coursiers, secrétaires, techniciens, infirmières», selon elle.

Explosion sociale

Les syndicats demandent le paiement d’une prime Covid de 1.000 euros «sans condition d’attribution» parce que «nous sommes, nous aussi, en première ligne». «On a demandé une augmentation de 10% de nos salaires ainsi qu’une amélioration de la qualité de vie au travail parce que nous avons des effectifs qui sont toujours limite. On travaille en surcharge pratiquement tout le temps, même hors période Covid», assure la CFDT.

Plus grave peut-être, symptôme de la cacophonie et des peurs ambiantes : il y a vraiment une peur de l’agression physique après les agressions verbales. Les coups de téléphone ont été multipliés par dix. Les gens s’inquiètent, demandent à recevoir leurs résultats. Certains paniquent. «Notre plateau technique est capable de faire 1.500 tests par jour et nous sommes à 5.000. D’où le retard et l’agressivité des patients qui s’inquiètent de ne pas avoir leurs résultats en temps et en heure. (…) Pour toutes les secrétaires ou techniciens, c’est lourd à porter et très stressant» expliquent les syndicats.

Début septembre, François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes (SDB), avait alerté sur un risque d’«explosion sociale, si les personnels de laboratoires privés décidaient de se mettre en grève», rappelant qu’ils n’avaient rien obtenu lors des accords du « Ségur de la santé ». Pourquoi ?

A demain @jynau

Covid politique : les propos au vitriol d’un rapporteur de la commission d’enquête du Sénat

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15/09/2020. Le ton, la température, montent dans les médias. Le pouvoir exécutif, le passé et le présent, est la cible de mille et une nouvelles flèches. Dernier (et passionnant) exemple en date l’entretien accordé au Monde  (Chloé Hecketsweiler et Solenn de Royer) par le Dr Bernard Jomier, sénateur de Paris (apparenté Parti socialiste) – corapporteur de la commission d’enquête parlementaire du Sénat chargée de faire la lumière sur la gestion de la crise sanitaire.

En voici des extraits édifiants :

«Ce qui me frappe, d’abord, c’est le désarroi des acteurs de terrain que nous auditionnons depuis juillet. Ils ont eu le sentiment d’être livrés à eux-mêmes lors de cette première vague épidémique et de ne pas comprendre comment était pilotée, gérée, cette crise. Ils nous l’ont dit crûment, évoquant une pénurie, de masques, de tests, de tout. Et il leur a été insupportable d’entendre ministre ou haut fonctionnaire affirmer le contraire, tenter de jouer sur les mots. On ne joue pas sur les mots dans un contexte pareil. Le premier devoir des responsables, c’est la loyauté vis-à-vis du peuple, vis-à-vis des acteurs ayant été en première ligne. Ils nous doivent la vérité. »

« Agnès Buzyn [ministre de la santé jusqu’à la mi-février] a dit la vérité : elle a bien donné l’alerte dès le mois de janvier. Les premières réunions de crise ont eu lieu à ce moment-là, y compris dans des territoires. Dans les Hauts-de-France, par exemple, l’agence régionale de santé [ARS] a fait sa première réunion de crise le 23 janvier ! Or, cette alerte précoce – et c’est l’un des grands enseignements de nos auditions – n’a pas été suivie de décisions. Le mois de février reste un mystère, un trou noir. L’appareil d’Etat est resté l’arme au pied, sans prendre les décisions qui s’imposaient pour faire face à l’épidémie. (…)

« Sur les tests, c’est très net. Le 10 janvier, les Chinois transmettent la carte d’identité du virus à la communauté scientifique dans le monde entier. L’Institut Pasteur la reçoit, prépare le test, et le transmet au Centre national de référence. Puis, plus rien. Au même moment, les Allemands lancent la fabrication des tests à grande échelle. Que s’est-il passé au mois de février pour que les retards s’accumulent ainsi au point que la France s’est retrouvée complètement dépourvue en plein pic de l’épidémie ? »

Le Monde précise que les sénateurs organiseront, le 16 septembre, une confrontation inédite, délicate, entre le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, et l’ex-responsable de Santé publique France, François Bourdillon. « Le second assure avoir alerté le premier de l’état déplorable des stocks de masques… Devant l’Assemblée nationale, M. Salomon a justifié sa décision de ne commander que 100 millions de masques en 2018 alors que 1 milliard auraient été nécessaire pour reconstituer le stock… » rappelle le quotidien. Réponse :

«On constate qu’un certain nombre de personnes auditionnées veulent redessiner a posteriori la cohérence de leurs décisions. Il y a clairement chez certains la volonté de ne pas dire, de ne pas être franc, de tenter d’échapper à ce devoir de loyauté dû au peuple. On ne peut pas avoir vécu une telle crise sanitaire, avec des modes de gestion n’ayant pas été satisfaisants, et avoir des responsables publics, aux niveaux les plus élevés qui n’assument pas leurs responsabilités et se renvoient la balle. C’est intolérable. Notre commission d’enquête n’est pas un tribunal mais chacun doit dire la vérité des faits. »

Or Agnès Buzyn assure de son côté qu’elle n’a pas eu connaissance des courriers de François Bourdillon alertant la direction générale de la santé sur l’état catastrophique des stocks…

« Si c’était le cas, il s’agit d’un défaut de gouvernance majeur dans l’administration du ministère et elle doit l’assumer. Si elle était au courant, ça se passe de commentaire. De toute façon ce n’est pas entendable. Quand on est ministre, on assume tout. (…)

« Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le pilotage n’est toujours pas adapté : la lutte contre l’épidémie a été confiée à un conseil de défense, qui se réunissait à huis clos à l’Elysée, assisté du SGDSN [Secrétariat général à la défense et de la sécurité nationale, rattaché au premier ministre]. Or, ce n’est pas une instance où peut s’élaborer une politique de santé publique. A côté, le conseil scientifique donne son avis de temps à autre, des sociétés savantes émettent des recommandations et les médecins se disputent sur les plateaux de télévision. Mais où se discute la stratégie de dépistage ? Nous avons besoin d’une véritable instance de santé publique. A ce stade, notre dispositif reste donc insuffisamment solide pour répondre aux prochains épisodes épidémiques. »

C’est dire si l’on attend, avec un vif intérêt, les conclusions de la commission d’enquête parlementaire du Sénat

A demain @jynau

Covid-bazar. Yannick Jadot accuse le Pr Delfraissy de chercher à «foutre la trouille aux Français»

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14/09/2020. Ce matin sur France Inter, Yannick Jadot, patron des Verts, commentant la lutte contre l’épidémie :

« Il faut trouver le bon équilibre entre la responsabilisation, parce que c’est vrai que tout dépend du comportement des Françaises et des Français(….) et l’action de l’État (….) On voit qu’on a des discours, y compris des scientifiques, dans lesquels plus personne ne se retrouve (….) Et le Conseil scientifique, qui par la voix de son président, matin midi et soir, cherche surtout à foutre la trouille aux Français (…)

« (…) L’objectif c’était d’avoir un million de tests par semaine : il est totalement inexplicable qu’on ne se soit pas préparé à les gérer humainement. Prenons les tests salivaires : il y en a qui ont été testés aux États-Unis, est-ce qu’il faut absolument qu’on passe par toutes les technostructures françaises pour valider les tests salivaires ? »

Hier la une du Journal du Dimanche résumait l’impression générale : Face au Covid-19, le grand bazar. Le JDD qui publie également un entretien-réquisitoire avec le Dr William Dab, ancien Directeur général de la santé. Auquel il faut ajouter l’entretien accordé au Monde (Sandrine Cabut) par le Dr Gilles Pialoux « Le Covid-19 peut entraîner un broyage social, avec des glissements entre causalité et responsabilité ».

Où l’on voit que les dernières annonces de Jean Castex n’ont, faute de pédagogie et de ligne directrice, fait que brouiller un peu plus la perception par l’opinion de la stratégie gouvernementale. Nous sommes désormais ici dans une cacophonie récurrente amplifiée par les chaînes d’information en continu et les amplificateurs des réseaux sociaux. Et c’est dans ce contexte que le Premier ministre en appelle, pour l’essentiel, au « sens de la responsabilité » des Français.

« Résultat : une impression de flou qui, si elle gagne la population, pourrait « nuire au respect des consignes sanitaires », s’inquiétait hier un grand élu francilien, résume le JDD. Les départements où le virus circule activement durcissent donc le ton, mais pas à l’unisson. Dans le Puy-de-Dôme, seules les dérogations pour les rassemblements de plus de 5.000 personnes ont été annulées. Alors qu’en Ille-et-Vilaine la préfète n’a pas exclu de fermer les marchés, de rétablir les justificatifs de domicile, ou de limiter les déplacements. Comment comprendre de tels écarts? « On nous demande de mettre en œuvre des politiques locales mais sans avoir fixé de cadre national », déplore un préfet. Un autre estime qu’il aurait été « plus simple d’établir des scénarios en fonction de la gravité de la situation sanitaire, chaque niveau impliquant des mesures de plus en plus contraignantes », à la façon des stades prévus par le plan Vigipirate en cas de menace terroriste. »

La gestion des tests n’est pas plus convaincante. Le Premier ministre se félicite que la France ait atteint le million de tests hebdomadaires. « Ce chiffre ne peut pas être un objectif, objecte François Blanchecotte, président du Syndicat national des biologistes. Ce qui manque, ce sont les cibles. » En écho, le syndicat de médecins généralistes MG France réclame une politique d’usage des tests « claire et cohérente ». « La stratégie du gouvernement reste encore à ce jour inaudible, incompréhensible », note son président, le Dr Jacques Battistoni. Où l’on se rapproche, une nouvelle fois, de l’accusation d’incurie.

« Le défaut de stratégie que vous dénoncez depuis le mois de mars est-il derrière nous? » demande le JDD au Dr William Dab, Réponse :

« Je crains que non. On ne mène pas une guerre sans un chef d’état-major, une stratégie et une logistique efficace. La stratégie française n’est toujours pas clairement définie. Le Premier ministre veut concilier la vie avec le virus et la vie économique et scolaire. On peut le comprendre, mais ce n’est pas une stratégie. Ou, s’il y en a une, elle n’est pas publique. Plusieurs approches sont possibles. Veut-on éradiquer l’épidémie ou simplement la contrôler? Ne protéger que les personnes fragiles ou se concentrer sur les clusters? Les mesures à prendre ne sont pas toutes les mêmes dans ces différents cas. Il manque également de la pédagogie et un vrai débat démocratique. »

Y a-t-il plus grave, pour un exécutif confronté à une épidémie, que d’être accusé de manquer de pédagogie et de ne pas organiser de véritable débat démocratique ?

A demain @jynau

A l’image de l’Allemagne, un mouvement antimasque pourrait-t-il émerger en France ?

Bonjour

13/09/2020. C’est une nouvelle salve, sévère et argumentée, contre la stratégie gouvernementale de lutte contre l’épidémie. Elle est signée, dans le Journal du Dimanche, par le Dr William Dab, ancien Directeur général de la santé – interrogé par Anne-Laure Barret. Nous y reviendrons. Pour l’heure, cette question : Le port du masque à l’extérieur est contesté, le comprenez-vous ? Réponse :

« Sur le plan épidémiologique, rien ne justifie l’obligation de le porter dehors en zone aérée et peu fréquentée. On peut penser à d’autres motifs de nature psychologique ou pédagogique, pour habituer les gens au masque. Cela s’explique, sinon des résistances vont naître, le mouvement antimasque risque de progresser. »

« Mouvement antimasque »… Hier 12 septembre, alors que la France retrouvait une fraction de ses Gilets Jaunes, plusieurs milliers d’opposants aux mesures restrictives censées freiner la propagation de la pandémie de Covid-19 ont à nouveau manifesté dans plusieurs villes d’Allemagne – mais également à Varsovie, en Pologne, samedi 12 septembre. Rien qu’à Munich, en Bavière, où était organisée pour la première fois une manifestation nationale de ce genre, 10 000 personnes ont été comptabilisées par la police, soit davantage que les 5 000 annoncées avant l’événement par les organisateurs.

Comme début et fin août lors des importantes manifestations à Berlin qui ont rassemblé quelque 40 000 personnes, les manifestants, pour la plupart non masqués (en dépit d’un arrêté de la ville de Munich exigeant le port du masque), ont dénoncé les mesures prises par le gouvernement allemand pour combattre l’épidémie due au nouveau coronavirus.

« Je suis contre ces mesures anticoronavirus parce que d’autres virologues ne sont pas écoutés, avec une couverture médiatique très biaisée », a ainsi estimé un manifestant cité par l’AFP. « D’autres villes allemandes ont également connu de tels rassemblements, comme à Hanovre où au moins 1 000 personnes ont été recensées, tout comme à Wiesbaden, rapporte l’AFP. Les manifestations allemandes de samedi se sont déroulées jusqu’à présent sans incident alors que la police est mobilisée pour éviter de nouveaux débordements. »

« Covid 1984, les droits de l’homme »

La chancelière, Angela Merkel, a déclaré le même jour « comprendre » que certains « aient du mal » face à ces restrictions, estimant que « chacun est libre de critiquer ouvertement la décision du gouvernement (…) lors de manifestations pacifiques ». « C’est un grand atout de notre Etat constitutionnel, un Etat qui ne supprime pas la liberté d’opinion, le débat public et la participation mais qui la garantit. C’est pourquoi beaucoup de gens dans le monde nous envient », a-t-elle ironisé en réponse aux manifestants parlant régulièrement de « censure ». Que dirait, sur le sujet Emmanuel Macron ?

« Apparu à Stuttgart ce mouvement organise depuis mi-avril des manifestations contre les restrictions liées au Covid-19, quelques jours avant que l’Allemagne, qui n’a jamais connu un confinement strict, ne commence à les assouplir, résume l’AFP. Ses partisans rassemblent un mélange hétéroclite de personnes se qualifiant de libres penseurs, de militants antivaccins, conspirationnistes ou encore sympathisants d’extrême droite. »

Une manifestation équivalente mais de plus petite taille a également rassemblé en début d’après-midi plusieurs centaines de personnes à Varsovie, en Pologne. Organisée notamment par l’association Stop-NOP, qui s’oppose à l’obligation vaccinale, cette manifestation, rassemblée sous les mots d’ordre « En finir avec la pandémie !, Assez de mensonges ! », s’est ouverte devant le siège du Parlement polonais. Les manifestants devaient ensuite passer par le centre de la capitale polonaise vers le siège de la télévision publique TVP qu’ils accusent de mentir sur la pandémie. Les manifestants ont notamment scandé « Assez de mensonges, assez de masques » ou « Liberté, liberté ! ». Ils ont arboré des pancartes telles que « Bill Gates en prison »« Covid 1984, les droits de l’homme », ou « Le virus de la propagande »« Nous ne permettrons plus un nouveau lockdown ! ».

Pourquoi l’Allemagne et la Pologne ? Le phénomène va-t-il prendre de l’ampleur en France ?

A demain @jynau

Réquisitoire dérangeant pour le gouvernement «Ne plus être gouvernés par la peur»

Bonjour

12/09/20020. C’est un document d’importance, une tribune collective publiée par Le Parisien et signée par trente-cinq scientifiques, universitaires et professionnels de santé 1 critiquent avec une certaine virulence la politique et la communication gouvernementales. Selon eux, elles relèvent davantage d’un affichage d’une « posture protectrice » que d’une stratégie sanitaire précise. Un document dont Le Monde Hervé MorinPascale Santi et Nathaniel Herzberg) donne fort utilement la généalogie. Un document qui sera peut-être qualifié de « populiste » – où l’on retrouve des opinions et des prises de position rarement exprimées sur les plateaux de télévision. En voici quelques extraits :

« Nous, scientifiques et universitaires de toutes disciplines, et professionnels de santé, exerçant notre libre arbitre et notre liberté d’expression, disons que nous ne voulons plus être gouvernés par et dans la peur. La société française est actuellement en tension, beaucoup de citoyens s’affolent ou au contraire se moquent des consignes, et nombre de décideurs paniquent. Il est urgent de changer de cap.

Nous ne sommes pas en guerre mais confrontés à une épidémie qui a causé 30 décès le 9 septembre, contre 1438 le 14 avril. La situation n’est donc plus du tout la même qu’il y a 5 mois. Par ailleurs, si la guerre peut parfois justifier un état d’urgence et des restrictions exceptionnelles de l’Etat de droit et des libertés publiques qui fondent la démocratie et la République, ce n’est pas le cas d’une épidémie. Aujourd’hui comme hier, cette crise doit nous unir et nous responsabiliser, pas nous diviser ni nous soumettre. »

Complotistes en tout genre

C’est pourquoi les signataires appellent les autorités politiques et sanitaires françaises « à cesser d’insuffler la peur à travers une communication anxiogène qui exagère systématiquement les dangers sans en expliquer les causes et les mécanismes. Il ne faut pas confondre la responsabilisation éclairée avec la culpabilisation moralisatrice, ni l’éducation citoyenne avec l’infantilisation. »

Ils appellent également l’ensemble des journalistes « à ne plus relayer sans distance une communication qui est devenue contre-productive : la majorité de nos concitoyens ne fait plus confiance aux discours officiels, les complotistes en tout genre foisonnent sur les réseaux sociaux et les extrémismes en profitent ».

« Le confinement général, mesure inédite dans notre histoire, a eu des conséquences individuelles, économiques et sociales parfois terribles qui sont loin de s’être encore toutes manifestées et d’avoir été toutes évaluées. Laisser planer la menace de son renouvellement n’est pas responsable.

« Il faut évidemment protéger les plus faibles. Mais de même que l’imposition du masque dans la rue, y compris dans les régions où le virus ne circule pas, l’efficacité du confinement n’est pas démontrée scientifiquement. Ces mesures générales et uniformes, imposées sous surveillance policière, relèvent davantage d’une volonté d’afficher une posture protectrice que d’une stratégie sanitaire précise. D’où leur grande volatilité depuis six mois. Beaucoup d’autres pays agissent avec plus de cohérence. Une coordination européenne serait nécessaire. »

Supprimer (ou refonder) le Conseil scientifique

Les auteurs également le gouvernement « à ne pas instrumentaliser la science ». Et d’ajouter, ce qui ne manquera pas non plus d’irriter : « La science a pour condition sine qua non la transparence, le pluralisme, le débat contradictoire, la connaissance précise des données et l’absence de conflits d’intérêts. Le Conseil scientifique du Covid-19 ne respectant pas l’ensemble de ces critères, il devrait être refondé ou supprimé. »

Suivent des considérations qui nourriront de nombreuses critiques où l’on retrouve, entre les lignes, la promotion de l’usage de l’hyroxychloroquine – ce qui ne manquera pas de réduite la portée et le poids de cette initiative. « Il est urgent, concluent les auteurs, de nous remettre à penser ensemble pour définir démocratiquement nos stratégies sanitaires, redonner de la confiance à nos concitoyens et de l’avenir à notre jeunesse. »

« Nombre des critiques exposées ont déjà été exprimées, mais ce texte a la particularité de réunir des personnalités qui, sur certains aspects de la pandémie, et de sa prise en charge, ont parfois été diamétralement opposées » observe Le Monde. C’est, en d’autres termes, dire l’intérêt, plus ou moins distancié, que l’on pourra lui trouver.

A demain @jynau

1 Jean-François Toussaint, professeur de physiologie à l’Université de Paris ; Laurent Mucchielli, sociologue, directeur de recherche au CNRS ; Bernard Bégaud, professeur de pharmacologie à l’Université de Bordeaux ; Gilles Bœuf, professeur de biologie à Paris-Sorbonne Université ; Pierre-Henri Gouyon, professeur de biologie au Muséum national d’histoire naturelle ; Jean Roudier, professeur de rhumatologie à l’Université d’Aix-Marseille ; Louis Fouché, médecin, anesthésiste-réanimateur à l’Hôpital de la Conception ; Olivier de Soyres, médecin, réanimateur à la clinique des Cèdres ; Christophe Lançon, professeur de psychiatrie à l’Université d’Aix-Marseille ; Laurent Toubiana, épidémiologiste à l’Inserm ; Mylène Weill, biologiste, directrice de recherche au CNRS ; Anne Atlan, généticienne des populations et sociologue, directrice de recherche au CNRS ; Bernard Swynghedauw, biologiste, directeur de recherche émérite à l’Inserm ; Marc-André Selosse, professeur de microbiologie au Muséum national d’histoire naturelle ; Jean-Louis Thillier, médecin, immunopathologiste ; Jean-François Lesgards, biochimiste, chercheur au CNRS ; Alexandra Menant, biologiste, chercheuse au CNRS ; André Comte-Sponville, philosophe ; François Gastaud, chirurgien orthopédiste à Strasbourg ; Éric Desmons, professeur de droit public à l’Université Sorbonne Paris Nord ; Dominique Andolfatto, professeur de science politique à l’Université de Bourgogne Franche-Comté ; Charalambos Apostolidis, professeur de droit public à l’Université de Bourgogne-Franche-Comté ; Nicolas Sembel, professeur de sociologie à l’Université d’Aix-Marseille ; Dominique Crozat, professeur de géographie à l’Université de Montpellier ; Marnix Dressen-Vagne, professeur de sociologie à l’Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines ; Thomas Hippler, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Caen-Normandie ; Nicolas Leblond, maître de conférences en droit à l’Université Polytechnique Hauts-de-France ; Dominique Labbé, politiste, enseignant émérite à l’Université de Grenoble-Alpes ; Arnaud Rey, chercheur en psychologie au CNRS ; Mathias Delori, politiste, chercheur au CNRS ; Jacques Tassin, écologue, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) ; Sylvie Gourlet-Fleury, écologue, chercheuse au Cirad ; Emmanuelle Sultan, docteur en océanographie physique, ingénieure de recherche au Muséum national d’histoire naturelle ; Christophe Leroy, biologiste, docteur en biologie moléculaire et cellulaire ; Bernard Dugué, docteur en pharmacologie, docteur en philosophie

Castex: dégradation de la situation, quatorzaine divisée par deux. Tout reste à expliquer

Bonjour

11/09/2020. Que se passe-t-il au sommet de l’Etat ? Le Premier ministre a tenu une courte allocution, aujourd’hui, à 17 heures pour rendre compte du conseil de défense qui s’est tenu plus tôt dans la matinée. Résumons. Jean Castex a annoncé une « dégradation manifeste » de la situation épidémiologique. Et le chef du gouvernement, une nouvelle fois, d’en appeler à la responsabilité de tous et de rappeler que rien n’est fini : « le virus est là pour quelques mois encore et nous devons réussir à vivre avec »

Parmi les principales annonces : une réduction du temps de la quatorzaine, qui est ramené de 14 à 7 jours et le classement de 14 nouveaux départements en « rouge », portant le total à 42. Aucune mesure de reconfinement n’a en revanche été annoncée. Le Premier ministre a demandé au préfet des régions de Bordeaux, Marseille et de la Guadeloupe de lui faire des propositions pour endiguer une « évolution préoccupante des contaminations »

Où l’on voit qu’un effort considérable de pédagogie nécessaire reste à faire par l’exécutif. Où l’on voit aussi que ce dernier n’a pas suivi les recommandations formulées par le Pr Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique chargé par Emmanuel Macron de conseiller le gouvernement. Le gouvernement « va être obligé de prendre un certain nombre de décisions difficiles », « dans les huit à dix jours maximum » avait, le 10 septembre, ainsi publiquement déclaré le Pr Jean-François Delfraissy – irritant de ce fait le président de la République.

Or aucune « décision difficile » n’a été annoncée ce 11 septembre par le chef du gouvernement. Il reste désormais entre sept et neuf jours. Si tel n’était pas le cas on aurait la démonstration que le Conseil scientifique n’est pas (n’est plus) pleinement entendu par le pouvoir politique.

A demain @jynau

Covid : la cacophonie, le bon sens et l’appel à la vigilance de SOS Médecins France

Bonjour

11/09/2020. Interrogation montante. Dramatiser à l’excès ou prendre le risque de sous-estimer la réalité chiffrée et ses conséquences ? Dans les médias on n’en finit plus d’aborder l’équation du « sanitaire » qui serait opposée à l’ « économique ». Le tout, le plus souvent, dans la cacophonie, les invectives, l’inaudible. Et l’on observe dans le même temps les premiers affrontements ouverts entre le Conseil scientifique et le pouvoir exécutif.

C’est dans ce contexte qu’est publié un texte dont l’importance mérite d’être soulignée. A la suite du conseil d’administration de SOS Médecins France, réuni ce jeudi 10 septembre, ce texte fait un point sur l’épidémie de Covid et les réponses plus ou moins apportées.  

« Depuis le début de septembre et plus encore ces derniers jours, SOS Médecins constate sur l’ensemble de son réseau national une augmentation importante de ses actes pour suspicion Covid-19 (Passant de 482 cas journaliers le 1er septembre à 991 cas journaliers de suspicion Covid-19 le 9 septembre), précise-t-il. Cette augmentation frappe majoritairement des patients jeunes (moins de 40 ans) peu symptomatiques. Nous devons éviter que cela s’étende dans les prochains jours et semaines à des catégories plus âgées et aux patients fragiles. »

Ce n’est pas tout. Lors de leurs visites à domicile, les 1 300 médecins du groupe constatent que les Français les plus âgés et fragiles sont attentifs et sont pour certains « quasi-confinés ». Et ils précisent que les visites sont l’occasion d’évoquer avec les familles les meilleurs moyens de se protéger, d’épargner les aînés, et de faire face aux situations de cas contact.  

SOS Médecins observe également « une augmentation des consultations pour des enfants en âge scolaire, à la demande des établissements. » « Les familles ont besoin d’un avis médical et d’un certificat difficile à établir sans test PCR, ajoute-t-il. Au sujet des tests, ils observent un engorgement des laboratoires d’analyse et un rallongement des délais. Pour éviter l’augmentation des cas graves, il est impératif de prioriser les tests pour les personnes symptomatiques et les sujets contacts et d’accélérer l’arrivée des tests rapides. »

Au vu de tous ces éléments, sans dramatiser à l’excès mais sans minimiser Pierre-Henry Juan, président de SOS Médecins France, appelle à la vigilance « Si les mesures barrières ne sont pas appliquées, cela risque de générer une augmentation des cas graves. Nous avons tous le pouvoir de lutter contre cette épidémie, restons vigilants. Protégeons en particulier les aînés et les personnes à risque, en portant le masque, en se lavant les mains, et en gardant les distances. »

On attend désormais les futures mesures décidées, sous l’autorité du Président de la République au terme d’un nouveau « conseil de défense ». Mesure par définition marquées du sceau du pouvoir politique. « Sanitaire » versus « économique».

A demain @jynau

Covid. Le Conseil scientifique fait de la politique. Emmanuel Macron lui répond

Bonjour

0/09/2020. Une étape a été franchie par le Conseil scientifique et nul ne sait jusqu’où cette institution pourra aller. Rendu public par le gouvernement le 9 septembre son dernier avis, daté du 3 septembre, dresse « un constat d’échec » à propos de la stratégie d’isolement destinée à lutter contre l’épidémie de Covid-19. Ses membres (chargés de conseiller l’exécutif dans sa gestion de l’épidémie) estiment que la « quatorzaine » qui a été instaurée s’avère en définitive « peu respectée ». Cela « fragilise notre capacité à maîtriser les chaînes de contamination » du coronavirus a jugé, citée par l’AFP, l’anthropologue Laëtitia Atlani regrettant une stratégie « sans cahier des charges ni budget à l’échelle nationale ». Une manière parmi d’autres de parler d’incurie.

Le gouvernement « va être obligé de prendre un certain nombre de décisions difficiles », « dans les huit à dix jours maximum », a pour sa par déclaré le Pr Jean-François Delfraissy. « On peut être faussement rassuré » parce que l’augmentation de la circulation du virus a « peu de retentissement actuellement » sur le système de soins, mais il peut y avoir « une augmentation très rapide, exponentielle, dans un deuxième temps », a averti le président du Conseil scientifique, rappelant que toute décision prise maintenant n’aura d’impact que dans quinze jours.

« Il n’y a aucune raison d’attendre car plus on attend plus il faudra agir fort et sur la durée », confirme au Monde l’épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du conseil scientifique. « Même si le nombre de cas est très inférieur à celui qu’on avait en mars et que le rythme d’augmentation n’est pas le même, la trajectoire montre qu’on va dans le mur », estime-t-il. Selon lui, adopter des mesures ciblées est cependant d’autant plus complexe que l’on manque de données précises sur les circonstances dans lesquelles les personnes infectées ont

Article réservé à nos abonnés été contaminées. »

Le gouvernement «obligé de prendre un certain nombre de décisions difficiles » ? Où l’on voit, pour la première fois de cette manière, le Conseil peser sur la stratégie et les décisions à venir de l’exécutif. Et ce alors que se tient demain 11 septembre un conseil de défense. Or cette initiative du Conseil scientifique n’a guère été du goût du président de la République. Emmanuel Macron a confirmé, lors d’un déplacement en Corse, que le gouvernement annoncerait bien, au terme du conseil de défense consacré au Covid-19, des décisions permettant de « donner de la visibilité sur les prochaines semaines ». Mais il a aussitôt ajouté : « Ce que nous devons faire c’est nous adapter à l’évolution du virus (…). Nous aurons des décisions à prendre, mais voilà, il faut je pense continuer à être exigeants, réalistes, sans céder à quelque panique que ce soit ».

Panique ? Interrogé sur les propos du Pr Delfraissy et ses « décisions difficiles », M. Macron a précisé que « le conseil scientifique est dans son rôle, qui est technique », et qu’il revient aux dirigeants politiques de « prendre des décisions » en « essayant d’être les plus transparents et les plus clairs possible ». Un recadrage en règle, en somme.

Il faut « essayer de ralentir au maximum et de stopper la circulation » du virus avec les gestes barrières et « l’organisation de la vie sociale que nous devons adapter », tout « en permettant de continuer à vivre », notamment « éduquer nos enfants », « soigner les autres pathologies », a ajouté le chef de l’Etat. Emmanuel Macron a également souligné la nécessité de « décliner territorialement » les décisions prises, et a de nouveau appelé les Français à « prendre leur part de responsabilité, parce que nous sommes tous et toutes les dépositaires de cette lutte contre le virus ».

Dans le même temps, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, s’est de nouveau refusé jeudi matin sur BFM-TV et RMC à commenter les hypothèses les plus dures concernant les mesures qui pourraient être annoncées (limitations de déplacement, de rassemblement, voire reconfinements localisés) en se bornant à déclarer que cette crise sanitaire démontre « qu’on ne peut jamais rien exclure par principe ».

Où l’on observe ainsi, en direct, un affrontement entre la gestion et l’analyse du risque, entre le politique et le scientifique.

A demain @jynau

Un médecin peut-il sans danger se déclarer «farouchement opposé» au port du masque ?

Bonjour

09/09/2020 Quelques lignes pour une affaire hors norme rapportée notamment par Le Progrès, l’AFP et Le Quotidien du Médecin ( Martin Dumas Primbault).

« Sur la porte de son cabinet, un écriteau va à l’encontre des recommandations des autorités sanitaires. Le Dr Patrick Bellier est farouchement opposé au port du masque, au point d’interdire à ses patients de se présenter devant lui la bouche couverte. ‘’Faire chier 67 millions de Français ne sert à rien ‘’, estime ce pneumologue de Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône). Pour le praticien libéral, en plus  ‘’d’emmerder tout le monde ‘’, l’obligation de porter un masque est « criminelle ». Le Dr Patrick Bellier assure que ‘’les 7 000 cas détectés quotidiennement ces derniers temps sont des porteurs sains’’ qui favorisent ‘’l’évolution du virus vers une forme non-pathogène ‘’. Ces personnes  ‘’empêchent la multiplication des cas graves’’. »

Où l’on retrouve une position défendue par d’autres spécialistes- et qui ne va jamais sans déclencher de vives polémiques. Ce spécialiste de 63 ans établit même un lien entre la reprise actuelle de l’épidémie et les premiers arrêtés imposant le port du masque au milieu du mois d’août. Selon lui le port du masque aurait dû être « obligatoire en mars-avril », tandis que rendre le port du masque obligatoire actuellement « empêche la protection de masse », voire pourrait entraîner d’autres « épidémies ». Le pneumologue prévoit que l’épidémie de Covid-19 s’éteindra « toute seule », de même que la grippe espagnole au début du XXe siècle.

Mais cette prise de position n’a pas été du goût de tous les patients du pneumologue de Sainte-Foy-lès-Lyon . L’un d’entre eux est même allé jusqu’à porter plainte. C’est ainsi que le Dr Patrick Bellier est convoqué devant le conseil départemental de l’Ordre des médecins du Rhône à Lyon le 18 septembre « afin de s’expliquer ». Plusieurs médias ont déjà prévu d’être présents, assure le praticien. Il espère que cette couverture médiatique pourrait « se transformer en manifestation anti-masque ».

A demain @jynau

Sur ce thème : La meilleure façon de persuader une personne anti-masque d’en porter un (Claire Hooker) Slate.fr 9 septembre 2020