Bonjour
21/08/2020. Fallait-il une lueur d’espoir présidentiel dans une rentrée française qui s’annonce un peu plus que compliquée ? La voici : depuis le fort de Brégançon, lors d’une conférence de presse organisée en compagnie de la chancelière allemande Angela Merkel Emmanuel Macron a fait preuve « d’optimisme ». S’exprimant à rebours des avis les plus prudents d’une majorité des spécialistes de la discipline vaccinologique, le président de la République française a estimé qu’il existait actuellement des « perspectives raisonnables » que la France obtienne un vaccin « dans les prochains mois ».
On mesurera le flou : des « perspectives raisonnables » et « dans les prochains mois ». Sur quelles bases ? A partir de quelles informations confidentielles ? Qu’en dit son Conseil scientifique ? N’est-il ici que le porte-voix de Big Pharma ? Le citoyen ne le saura pas. Il lui reste à écouter son président de la République :
« Je le dis et c’est très important, au moment même où l’on a plusieurs vaccins qui sont en phase III, nous avons des perspectives qui sont raisonnables d’avoir un vaccin dans les prochains mois. Cela ne va pas régler les problèmes des prochaines semaines, mais des prochains mois. Nous avons amélioré la coopération européenne sur le vaccin ensemble, en associant beaucoup d’autres États et la Commission, pour d’abord encourager nos industriels qui recherchent un vaccin. Et pour nous assurer que nous aurons les capacités de les produire et les livrer à nos populations quand ils seront disponibles. »
De Brégançon jusqu’au au Vatican et à Genève
« Nos populations ? » Il n’était pas au fort de Brégançon mais à Rome. Le pape François a souhaité mercredi 19 août que les futurs vaccins contre le coronavirus ne soient pas destinés prioritairement «aux plus riches», alors que la pandémie a déjà fait «augmenter» les inégalités dans le monde.
Le futur vaccin doit cibler d’abord «ceux qui en ont le plus besoin», a-t-il plaidé durant sa traditionnelle audience du mercredi retransmise en direct depuis sa bibliothèque privée au Vatican, afin d’éviter les rassemblements sur la place Saint-Pierre. Ecoutons-le souverain pontife :
«Comme il serait triste que le vaccin contre le Covid-19 soit donné en priorité aux plus riches! Comme il serait triste qu’il devienne la priorité d’une nation et qu’il ne soit pas destiné à tous. Et quel scandale cela serait si toute l’aide économique déployée – en majeure partie de l’argent public – servait à sauver des industries qui ne contribuent pas à l’inclusion des personnes exclues, au bien commun et à la préservation de la Création.
« La pandémie a mis en lumière la difficile situation des pauvres et la grande inégalité qui règne dans le monde. Et le virus, tout en ne faisant aucune exception entre les personnes, a rencontré sur son chemin dévastateur de grandes inégalités et discriminations. Et les a fait croître. D’une part, il est essentiel de trouver le remède à un virus minuscule mais terrible qui met le monde entier à genoux. D’autre part, nous devons guérir un grand virus, celui de l’injustice sociale, de l’inégalité des chances, de la marginalisation, du manque de protection des plus faibles. Il faut changer le monde. »
Croyant ou pas, l’auditeur appréciera-t-il les métaphores virales papales ? Croira-t-il dans le discours de la République française ? Depuis Genève, en phase avec Rome, l’OMS met en garde : « Nous devons prévenir le nationalisme vaccinal ».
A demain @jynau