Elargir le champ du diagnostic pré-implantatoire ouvre-t-il la porte au nouvel eugénisme ?

Bonjour

27/07/2020. Où l’on évoque à nouveau, sous couvert de bioéthique, le spectre de l’eugénisme. Et ce au travers d’une équation exemplaire. Ce sont deux tribunes jumelles et militantes à ne pas manquer. La première est publiée par Le Monde elle est signée de quatre rapporteurs de la loi de bioéthique 1. Ils défendent l’extension du diagnostic préimplantatoire (DPI) à la recherche d’anomalie du nombre de chromosomes. Même propos dans Libération 2. Accusée (notamment) de vouloir éradiquer la trisomie 21, cette mesure permettrait (avec le consentement des parents) de réduire le nombre des fausses couches chez les femmes ayant recours à la PMA. Eléments de la controverse qui renaît avec le retour à l’Assemblée nationale, lundi 27 juillet, pour une deuxième lecture du projet de révision de la loi bioéthique.  

Contexte. Le DPI est pratiqué dans cinq centres en France depuis 1999. Il est proposé aux quelques centaines de couples connus pour être à risque de transmettre à leur enfant une maladie génétique d’une particulière gravité au moment où la démarche de PMA est lancée. L’intérêt de cette technique est de pouvoir réaliser un diagnostic génétique sur un embryon – obtenu par fécondation in vitro – avant qu’il ne soit porté par la femme. Le couple peut alors débuter une grossesse avec un embryon non atteint par la maladie suspectée.

« Mais, tel que pratiqué actuellement, le DPI ne vérifie pas si l’embryon a le bon nombre de chromosomes, ajoutent les auteurs des tribunes. Or, comme dans le cas d’une fécondation normale, une partie importante des embryons obtenus par fécondation in vitro (FIV) est aneuploïde, conduisant dans la quasi-totalité des cas à une fausse couche et expliquant une partie des échecs des FIV. C’est sur ce point que nous souhaitons agir. »

« Polémique gonflée d’accusations aussi outrancières qu’erronées » 

Ils ajoutent que parmi les mesures adoptées récemment en commission, une disposition, que nous soutenons, est « au centre d’une polémique gonflée d’accusations aussi outrancières qu’erronées ». Il s’agit de l’extension du diagnostic préimplantatoire, ou DPI, à la recherche d’aneuploïdie, ou anomalie du nombre de chromosomes, ici limitée aux chromosomes non sexuels. C’est ce que l’on nomme, dans le jargon, le « DPI-A ».

Selon eux compléter le DPI par une recherche d’aneuploïdie permettrait, simplement, de vérifier si l’embryon qui fait l’objet d’un DPI a le bon nombre de chromosomes afin d’accroître les chances d’implanter un embryon viable. Associer, en somme, un « DPI-A » à un DPI avec le consentement des deux parents – et ce en limitant le « DPI-A » aux autosomes (les chromosomes non sexuels) « afin d’éviter tout risque de discrimination basée sur le sexe et d’écarter la recherche des syndromes de Turner et de Klinefelter, qui peuvent faire l’objet d’un traitement ».

Cette extension ne s’appliquerait qu’aux DPI existants (environ 4 % des FIV), afin qu’aucun acte supplémentaire ne soit réalisé sur l’embryon. Il rendrait plus sûresles grossesses déjà considérées à risque et objet d’un parcours particulièrement difficile car recourant à un DPI. Il s’agit donc bien d’utiliser les possibilités ouvertes par le progrès scientifique pour éviter aux femmes qui recourent à une FIV avec DPI un parcours du combattant.

Mais le sujet est hautement sensible. « Ainsi, c’est avec effarement, stupéfaction et tristesse que nous avons pris acte des procès en eugénisme 3 accusations de vouloir éradiquer la trisomie 21 et autres mésinterprétations qui circulent d’Internet à l’Hémicycle. L’origine du malentendu est la suivante : dans une part infime des cas, une mauvaise numération des chromosomes n’aboutit pas à une fausse couche, mais à une trisomie 21. Le DPI-A permettrait alors à la future mère de disposer de cette information et de décider d’implanter, ou non, l’embryon avec trisomie 21.

De quelle « hauteur » parlent les auteurs ?

Or aujourd’hui, cette information est disponible après l’implantation. Une femme a, en effet, droit à un diagnostic non invasif de la trisomie 21 en début de grossesse par un prélèvement sanguin. En cas de suspicion, une amniocentèse peut alors être conduite. Celle-ci ouvre la possibilité d’un avortement thérapeutique, qui pourrait être évité si l’information était transmise au bon moment, soit pendant le DPI….

« L’argument de l’eugénisme, brandi comme un épouvantail, ne peut ici que choquer, tant les mots ont un sens, écrivent es deux auteures de Libé.  L’eugénisme d’hier était collectif et coer­citif, reposant sur un désir de purification ou d’amélioration de la race humaine qui ont justifié des politiques raciales, autoritaires et meurtrières. Est aujourd’hui invoqué un ‘’nouvel eugénisme’’, décrit comme plus individuel et libéral, lié à une génétique médicale moderne. » Faudrait-il s’en étonner ?

« En la matière, ce spectre de la sélection, visant, pour faire court, un enfant parfait alliant beauté, intelligence, santé et longévité, n’a aucun sens, ajoutent-elles. Le DPI-A n’est là ni pour sélectionner les ‘’meilleurs’’ ni pour éliminer les plus ‘’mauvais’’ embryons. » En est-on si certain ? Certes son rôle premier est d’éviter de transférer des ­embryons qui ne se développeront pas jusqu’à un terme viable. D’éviter aux femmes, aux couples, la violence d’échecs à répétition liés à une anomalie chromosomique, dans un parcours d’assistance médicale à la procréation long et douloureux.

Et son rôle second est bien de mettre en évidence des anomalies, qui sont de toute façon recherchées en début de grossesse par le diagnostic prénatal ­légal, autorisé et organisé. Reste, néanmoins, cette hantise récurrente d’un « Meilleur des Mondes » (1931) dont nous n’aurions jamais été aussi prêt – comme en témoignent nombre d’exemples étrangers… « Sur un sujet aussi sérieux et lourd de conséquences, le niveau du débat parlementaire doit maintenant être à la hauteur » font valoir les auteures. De quelle « hauteur » parlent-elles ?

A demain @jynau

1 Philippe Berta, député (MoDem) du Gard, rapporteur du projet de loi bioéthique ; Coralie Dubost, députée (LRM) de l’Hérault, rapporteure du projet de loi bioéthique ; Hervé Saulignac, député (PS) de l’Ardèche, rapporteur du projet de loi bioéthique ; Jean-Louis Touraine, député (LRM) du Rhône, rapporteur du projet de loi bioéthique.

2 Loi bioéthique : examiner le statut génétique de l’embryon n’est pas de l’eugénisme. Par Catherine Rongières Cheffe du service clinico-biologique d’assistance médicale à la procréation CHRU Strasbourg  et Estelle Naudin Professeure à la Faculté de droit de Strasbourg. Libération, 23/07/2020

3 En janvier dernier le Sénat à majorité de droite s’était opposé à l’expérimentation d’un dépistage préimplantatoire recherchant des anomalies chromosomiques qualifiée de « démarche d’eugénisme » par le chef de file des sénateurs Les Républicains (LR) Bruno Retailleau. Et le Sénat de supprimer cette disposition par 181 voix contre 123. « Très clairement, on est dans une démarche d’eugénisme : il s’agit de trier les embryons et d’éliminer ceux qui ne sont pas normaux », a déclaré M. Retailleau, faisant en particulier référence à la trisomie 21. 

« Ne cherchons pas, au nom de ce que permet la science, à uniformiser ce que sera la société demain », a appuyé Cécile Cukierman, du groupe Communiste, républicain, citoyen et écologiste (CRCE, à majorité communiste). Pour sa part la ministre de la Santé d’alors, Agnès Buzyn, avait affirmé que l’efficacité de cette technique est « loin d’être démontrée ». « Le temps est encore à la recherche », avait-elle ajouté.

Huntington : surprenante découverte de malformations cérébrales au stade embryonnaire

Bonjour

6/07/2020. On sait que la maladie de Huntington est une maladie neurologique génétique qui apparaît généralement à l’âge adulte. Des chercheurs français viennent d’annoncer dans Science avoir découvert l’existence d’anomalies cérébrales dans des cerveaux d’embryons humains porteurs de la mutation responsable de cette pathologie 1. Les auteurs sont des chercheurs et des cliniciens de l’Inserm, de l’Université Grenoble Alpes, de Sorbonne Université, du CNRS et de l’AP-HP, du Grenoble Institut des neurosciences et de l’Institut du cerveau. Ces travaux explique l’Inserm « interrogent sur les mécanismes de progression silencieuse de la maladie et sur le moment et la façon de traiter les patients dans le futur ».

Maladie de Huntington : maladie génétique du système nerveux central, rare et héréditaire ; se manifeste habituellement entre les âges de 30 et 50 ans par des troubles psychiatriques, cognitifs et moteurs qui s’aggravent progressivement ; est due à la mutation du gène codant pour une protéine nommée « huntingtine » ; se transmet sur un mode dit « autosomique dominant » : hériter d’une seule copie pathologique est suffisant pour développer la maladie ; environ 18 000 personnes sont concernées en France : 6 000 présentent déjà des symptômes et on estime que près de 12 000 présentent le gène porteur de la mutation mais sont asymptomatiques.

Les équipes de Sandrine Humbert (Grenoble Institut des neurosciences) et de la Pr Alexandra Durr, (Sorbonne Université, Pitié Salpêtrière, Institut du cerveau) s’intéressent aux stades précoces de la maladie de Huntington et à la longue période qui précède l’apparition des symptômes. elles se sont ici penchées sur le moment auquel pourraient survenir les anomalies cérébrales.

Espérer

Les équipes ont étudié des cerveaux d’embryons humains de treize  semaines –  « issus de dons des parents suite à une interruption médicale de grossesse ». Elles ont observé plusieurs différences entre des embryons porteurs de la mutation du gène codant pour la huntingtine et d’autres non porteurs.

« Chez les premiers, la protéine huntingtine pathologique est anormalement localisée dans les cellules progénitrices à l’origine des neurones du cortex. Cette localisation anormale est associée, entre autres, à des problèmes de localisation de protéines de jonction dans ces cellules et à des altérations de taille, de densité et d’orientation du cil, un organite essentiel au fonctionnement de ces cellules. »   Les chercheurs ont renouvelé l’expérience avec un modèle de souris de la maladie de Huntington à un stade équivalent de développement embryonnaire et ont retrouvé les mêmes anomalies, explique l’Inserm. Ce travail leur a ainsi permis de valider ce modèle animal pour poursuivre l’exploration des mécanismes précoces de la maladie à d’autres stades du développement embryonnaire ou après la naissance.

« C’est la première fois que des anomalies du développement cérébral sont mises en évidence dans cette maladie. De plus, celles-ci sont relativement importantes et étendues bien que nous ne soyons pas encore capables de déterminer leurs conséquences directes », expliquent les auteurs.

Question : pourquoi les porteurs de la mutation ne manifestent-ils alors aucun symptôme avant un âge avancé ? «  À ce stade, nous posons l’hypothèse que le cerveau met très tôt en place des mécanismes de compensation qui permettent un fonctionnement normal. Il se pourrait d’ailleurs qu’il en soit de même chez les personnes porteuses de mutations associées à d’autres types de dégénérescence comme la maladie d’Alzheimer ou la sclérose latérale amyotrophique », répondent Mmes Humbert et Durr.

Selon elles cette découverte aura des conséquences importantes sur la façon et le stade auxquels les traitements qui modifient le cours de la maladie doivent désormais être envisagés. Comment, dans le désert de la thérapeutique, ne pas l’espérer ?

A demain @jynau

1 Barnat M, Capizzi M, Aparicio E et al Huntington disease alters human neurodevelopment https://science.sciencemag.org/cgi/doi/10.1126/science.aax3338

Coronavirus français : l’Institut Pasteur a réalisé son séquençage complet en moins de cinq jours

Bonjour

C’est une nouvelle démonstration des considérables progrès accomplis dans le champ de la virologie et de la génétique moléculaire. C’est aussi la preuve du savoir faire et de la compétence d’une institution française séculaire – un monument parfois accusé d »être, du fait de vieilles et mystérieuses guerres intestines, en perte de vitesse : l’Institut Pasteur.

Résumons l’affaire.  Le 24 janvier 2020, le ministère français en charge de la santé confirmait trois premiers cas de patients touchés par le nouveau coronavirus (« de Wuhan »). Cinq jours plus tard l’Institut Pasteur, en charge de la surveillance des virus respiratoires en France, était parvenu à séquencer intégralement le génome de ce « 2019-nCoV ». « C’est là une première en Europe depuis le début de l’épidémie, obtenue grâce à la Plateforme de microbiologie mutualisée (P2M) de l’Institut Pasteur »  explique-t-on, rue du Docteur-Roux 1.

Dès le 24 janvier, à partir des échantillons disponibles, le séquençage du génome viral était lancé. Le Centre national de référence (CNR) préparait le matériel à séquencer qui serait pris en charge dès le 27 par « P2M ». Le 28, en début de soirée, le « run » de séquençage s’achevait et l’analyse des données permettait de disposer de la séquence du génome complet chez deux des trois premiers cas confirmés en France. « Nous prouvons ainsi l’efficacité du processus d’analyse par séquençage des virus mis en place par le CNR, se réjouit Vincent Enouf, responsable adjoint du CNR à l’Institut Pasteur. Nous avons procédé aux analyses de données durant la nuit du mardi au mercredi, corroborées dans la journée du mercredi par des contre-analyses, explique Vincent Enouf. Le séquençage complet a pu être réalisé en trois jours. »

« Il n’a pas eu besoin de muter pour s’adapter et se propager. »

Qu’apprend-on ? Selon l’Institut que les séquences sont identiques dans tous les prélèvements : un membre du couple contaminé a bien contaminé l’autre. Les deux séquences complètes des virus prélevés sur deux des premiers cas français ont été déposées le 30 janvier sur la plateforme du «Global initiative on sharing all influenza data » (GISAID) 2, initialement développée pour le partage des séquences et le suivi de l’évolution génétique des virus grippaux, essentiels pour la définition de la composition du vaccin contre la grippe.  Un onglet spécial « coronavirus » a été créé pour que la communauté scientifique collabore et avance plus vite.

On rappellera que les autorités chinoises avaient, dès le week-end du 11-12 janvier, partagé la séquence complète du génome du coronavirus qu’ils avaient détecté dans des échantillons prélevés sur leurs premiers patients. « La séquence du génome des pathogènes est cruciale pour développer des tests de diagnostic spécifiques et identifier les options d’intervention potentielles », souligne Sylvie van der Werf, responsable du Centre national de référence virus des infections respiratoires à l’Institut Pasteur.

Vincent Enouf : « Une vingtaine d’autres séquences du génome du nouveau coronavirus ont été établies dans le monde et, en les comparant avec les nôtres, nous nous apercevons qu’elles sont toutes très proches, il n’y a pas beaucoup de diversité dans les virus analysés ce qui va dans le sens que le coronavirus 2019-nCoV n’a pas eu besoin de muter pour s’adapter et se propager ».

Faut-il s’en féliciter ?

 A demain @jynau

1 La « P2M » est dédiée au séquençage génomique des souches (bactéries, virus, champignons, parasites) que reçoivent les Centres nationaux de référence et les Centres collaborateurs de l’Organisation mondiale de la santé dans le cadre de la surveillance des maladies infectieuses.

2 Euro Surveill. 2017 Mar 30;22(13). pii: 30494. doi: 10.2807/1560-7917.ES.2017.22.13.30494. GISAID: Global initiative on sharing all influenza data – from vision to reality. Shu Y, McCauley J.

Le coronavirus n’est pas l’oeuvre de Big Pharma ! En êtes-vous vraiment bien certain ?

Bonjour

C’est un document présenté comme la démonstration  que l’épidémie débutante de coronavirus n’est due ni au hasard ni à la fatalité. On connaît le discours officiel : le nouveau virus qui commence à générer une psychose en Chine trouve son origine dans l’est du pays.

Le 2019-nCoV a émergé chez l’être humain dans un marché de la ville chinoise de Wuhan, où diverses espèces animales étaient présentes et commercialisées (poissons et produits de la mer, volailles, faisans, chauves-souris, marmottes…). Il est bien établi que c’est là une situation qui favorise grandement les recombinaisons génétiques des virus animaux et qui augmente les risques de transmission de nouveaux virus pathogènes à l’espèce humaine. Ce marché a été fermé le 1er janvier pour limiter la contagion –trop tard.

« Mais sur les réseaux sociaux, certains cherchent une explication ailleurs. Des publications, qui circulent notamment sur Facebook, évoquent un très court extrait d’un brevet déposé aux Etats-Unis en 2003, concernant un coronavirus, qui prouverait que le virus aurait été créé à dessein, rapportent Les Décodeurs du Monde. Selon ce texte, et plusieurs autres, le coronavirus est une création dûment brevetée en 2003 auprès des autorités américaines.

« Je découvre que le Coronavirus n’est pas nouveau, a été créé en 2003 aux USA et que bizarrement quelque chose devrait se passer ce 24 janvier 2020 ! Le coronavirus est un virus breveté américain qui arrive à expiration le 23 janvier 2020. Donc quoi de mieux que de lancer une épidémie pour vendre leurs vaccins avant expiration. C’est une épuration pour gaver des actionnaires. »

Faux, affirment les raisonnables Décodeurs du dernier quotidien vespéral de la capitale. :

« Si l’on regarde la photo du document en question, on peut lire le numéro de « US patent », soit le numéro d’enregistrement du brevet auprès de l’administration américaine. Il est alors très simple d’obtenir le texte dudit brevet grâce à un moteur de recherche. Le brevet porte bien sur un coronavirus et date effectivement de 2003, comme l’affirme la publication Facebook. Sauf que le virus dont il est question – SARS-CoV – est celui qui a sévi entre 2002 et 2003, en Chine, et qui est la cause du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Le document n’a donc rien à voir avec le coronavirus en cause dans l’épidémie actuelle – et qui porte le nom de 2019-nCoV. »

Le capitalisme peut lui aussi avancer masqué

Faudrait-il encore (comme nous l’avons fait sur Slate.fr avec Antoine Flahault), redire qu’il existe bien des coronavirus dans la Nature ?

« Ces «virus à couronne» doivent leur appellation au fait que, sous l’œil du microscope électronique, ils font étrangement songer à la couronne solaire. Il s’agit d’un genre de virus de la famille des coronaviridæ, dont le génome est fait d’ARN et qui sont dotés d’une enveloppe virale et d’une coque (ou capside) de symétrie hélicoïdale.

Le 2019-nCoV est le septième représentant connu de cette famille capable d’infecter l’être humain par voie pulmonaire. Deux d’entre eux ont été découverts récemment, suscitant aussitôt une grande inquiétude à l’échelon international du fait de leur caractère contagieux. Ce fut tout d’abord le SARS-CoV, responsable de l’épidémie du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Est ensuite venu le MERS-CoV, à l’origine de l’épidémie du syndrome respiratoire du Moyen-Orient.

En 2002 et 2003, le premier avait infecté en Chine plus de 8.000 personnes et causé près de 800 morts. Quant au second, apparu en 2012 au Qatar et en Arabie saoudite, il fut à l’origine de plus de 1.700 cas officiellement recensés, dont plus de 700 mortels. »

Quant à « breveter » une entité virale, cela ne signifie en rien qu’on aurait créé ce chaînon enre le vivant et l’inerte – entre cet inerte qui se nourrit du vivant.  « Lorsqu’on regarde le contenu du document, expliquent nos Décodeurs, on s’aperçoit qu’il s’agit avant tout de décrire le virus en détail, c’est-à-dire de breveter le séquençage de son ADN. D’ailleurs, une bonne partie des 72 pages du document est une longue liste de nucléotides – A, T, G, C – qui forment la séquence ADN du virus, puis une longue liste d’acides aminés. »

On sera en revanche plus dubitatif sur leur chute : «  Quant à l’accusation de ‘’lancer une épidémie pour vendre leurs vaccins avant expiration’’ des vaccins, elle ne correspond pas non plus à la réalité, puisqu’il n’existe aujourd’hui aucun vaccin pour l’épidémie actuelle de coronavirus 2019-nCoV». Ce n’est malheureusement pas là un argument de poids : quel intérêt y aurait-il à proposer dès aujourd’hui un vaccin efficace ? Mieux vaudrait laisser la demande s’envoler. Les complotistes savent que le capitalisme peut, lui aussi, avancer masqué.

A demain @jynau

Jekyll et Hyde : une bien étrange découverte de chercheurs français au sein du sang humain

Bonjour

Le vivant est, en réalité, toujours un peu plus complexe qu’imaginé. La preuve nous en est aujourd’hui apportée par une équipe de chercheurs français travaillant (notamment) au sein d’une équipe de l’Inserm basée à Montpellier. Une preuve publiée dans The FASEB Journal : « Blood contains circulating cell‐free respiratory competent mitochondria » 1. Où l’on apprend qu’il existe, dans le sang humain circulant, des « mitochondries complètes et fonctionnelles ». « Ces organites responsables de la respiration des cellules n’étaient jusqu’à présent retrouvés hors de ces dernières que dans des cas très particuliers, résume l’Inserm. Ces résultats apportent des connaissances inédites en physiologie et ouvrent la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques. »

« Mitochondries » : Organites intracellulaires dont la fonction principale est de fournir aux cellules l’énergie dont elles ont besoin pour assurer leur survie et les fonctions qu’elles sont censées accomplir. Les cellules tirent leur énergie de molécules organiques (sucres, protéines, lipides) qu’elles puisent dans leur environnement. Ces molécules organiques une fois oxydées en présence d’oxygène fournissent des électrons à un ensemble de complexes protéiques formant la chaîne de transport des électrons encore appelée chaîne respiratoire. La chaîne respiratoire est localisée dans la membrane interne mitochondriale. Une deuxième fonction primordiale de la mitochondrie est sa participation active à la mort des cellules (apoptose ou mort cellulaire programmée). La mitochondrie a donc une double vie: elle assure la survie des cellules en leur fournissant de l’énergie sous forme d’ATP et, dans certaines circonstances, participe à leur destruction. C’est ‘le Dr Jekyll and Mr. Hyde’ de la cellule. (Pr Jean-Claude Martinou, Département de biologie moléculaire, Université de Genève).

On sait aussi que ces mêmes mitochondries, composées d’un ADN qui leur est propre, peuvent parfois être observées hors des cellules sous forme de fragments encapsulés dans des microvésicules. Dans certaines conditions très spécifiques les plaquettes sanguines sont également capables de libérer des mitochondries intactes dans l’espace extracellulaire

Les chercheurs de Montpellier gardaient en mémoire des observations antérieures montrant que le plasma sanguin d’une personne en bonne santé contenait jusqu’à 50 000 fois plus d’ADN « mitochondrial » que d’ADN « nucléaire ». Aussi ont-ils posé l’hypothèse que, pour être ainsi détectable et quantifiable dans le sang, l’ADN mitochondrial devait y être protégé par une structure suffisamment stable. Afin d’identifier cette dernière, une centaine d’échantillons de plasma sanguin ont été analysés.

Sept années de travaux

Et ce sont ces analyses qui ont révélé la présence dans la circulation sanguine de structures hautement stables contenant des génomes mitochondriaux entiers. Après examen de leur taille, de leur densité ainsi que de l’intégrité de l’ADN mitochondrial qu’elles contenaient, ces structures observées en microscopie électronique (jusqu’à 3,7 millions par ml de plasma sanguin) se sont révélées être des mitochondries intactes et fonctionnelles, résume l’Inserm.

 « Lorsque l’on considère le nombre élevé de mitochondries extracellulaires que nous avons trouvées dans le sang, on peut se demander pourquoi cela n’a pas été découvert auparavant » remarque Alain R. Thierry, directeur de l’équipe de chercheurs. C’est aussi une question à laquelle il ne répond pas. « Les mitochondries extracellulaires pourraient effectuer plusieurs tâches en tant que messagers pour l’ensemble de l’organisme » précise-t-il toutefois.

Ces mitochondries voyageuses pourraient ainsi être impliquées dans de nombreux processus physiologiques et/ou pathologiques nécessitant une communication entre les cellules. « Dr Jekyll et Mr. Hyde » au carré, en somme. Le vivant est peut-être un peu plus étrange que ne l’avait imaginé Robert Louis Stevenson

A demain @jynau

1 Zahra Al Amir Dache , Amaëlle Otandault, Rita Tanos et al  « Blood contains circulating cell‐free respiratory competent mitochondria »  https://doi.org/10.1096/fj.201901917RRCes travaux ont bénéficié du soutien du SIRIC Montpellier Cancer (Inserm/CNRS/Université de Montpellier/Institut du Cancer de Montpellier/CHU de Montpellier/Université Paul Valéry) financé par l’Inserm, l’INCa et la DGOS.

Nos sénateurs et députés vont-ils autoriser la création d’embryons humains transformés ?

Bonjour

Les médias en ont-ils beaucoup « trop fait » sur l’extension à « toutes les femmes » de l’accès aux techniques de PMA ? Au lendemain de la manifestation parisienne contre ce projet gouvernemental c’est ce que pensent, dans les colonnes de Libération,  Philippe Meirieu, professeur émérite en sciences de l’éducation à l’université Lumière-Lyon II et Hélène Le Gardeur , formatrice en bioéthique .  Ils développent leur (dérangeant) propos dans une tribune intitulée « PMA, un (bel) arbre qui cache la forêt… ». Et rejoignent ici, peu ou prou, les voix de José Bové, Jacques Testart, Dominique Bourg ou Sylviane Agacinski.

Sans remettre en question le bien-fondé de la promesse présidentielle de l’extension des techniques de PMA « à toutes les femmes qui forment le projet d’avoir et d’élever un enfant », M. Meirieu et Mme Le Gardeur  rappellent une donnée malheureusement trop oubliée des médias généralistes  : la loi dite de «bioéthique», actuellement en débat entre l’Assemblée nationale et le Sénat, comporte trente-quatre articles dont trente traitent de sujets sur lesquels le débat public a été largement escamoté.

« Qui sait que cette loi, dans son article 14 (25-26), autorise l’implantation d’embryons humains dans un animal à des fins de gestation ? Qui a compris toutes les conséquences de la suppression de l’actuel article 17 du code de la santé publique («la création d’embryons transgéniques ou chimériques est interdite») et de son remplacement par un nouvel article qui autorise, de fait, la création d’embryons humains génétiquement modifiés avec la technique dite des «ciseaux ADN» ? Qui a vu l’impact de la possibilité (ouverte par l’amendement posé par le Sénat sur l’article 2) donnée à des structures à but lucratif de conserver et de commercialiser des gamètes, des ovocytes et des embryons ? »

Bienvenue chez Frankenstein et à Gattaca

Pour les deux auteurs de cette tribune, ce qui est en train de se décider sous nos yeux « change radicalement le rapport anthropologique de l’humain à la procréation ». « Même si la loi réserve pour le moment – mais pour combien de temps ? – cette possibilité à la recherche, il s’agit bien de pouvoir enlever tel ou tel gène ou d’en remplacer un par un autre pour modifier des embryons humains : rien d’autre que la possibilité de ‘’fabriquer’’ des enfants en manipulant les données génétiques selon notre bon vouloir » ajoutent-ils. Ce n’est pas tout.

« Il n’est plus seulement question de permettre aux femmes de choisir le moment de leur grossesse, il sera possible, dès maintenant et grâce à la congélation d’ovocytes (autorisée à l’article 2), d’améliorer la «performance» des femmes au travail et d’ouvrir la porte à leurs employeurs pour qu’ils décident à leur place de leur maternité. Il n’est plus seulement question de conserver dans des banques de sperme publiques les moyens offerts aux femmes et aux couples infertiles de procréer, il s’agit d’organiser un véritable marché des spermatozoïdes où les officines privées feront sans doute miroiter, moyennant finance, des enfants de meilleure qualité. »

Où l’on en revient, immanquablement, aux marchands et à l’entrée dans Gattaca.

« Comment ne pas voir qu’il s’agit là, tout simplement, de la marchandisation du vivant ? Comment ne pas déceler, dans les interlignes d’une loi qui s’avance masquée sous le vœu légitime de «la PMA pour toutes», la vieille songerie du docteur Frankenstein ? Comment ne pas s’inquiéter des risques d’eugénisme que font courir les techniques légitimées par cette loi : à quand l’élimination systématique des embryons qui ne correspondraient pas exactement à nos vœux ? Et comment ne pas imaginer que nous ouvrons la porte, grâce au recueil systématique des données génétiques (auquel la loi fait référence à de nombreuses reprises), à la mise en place de fichiers dont l’usage par un pouvoir politique ou par des «industries de l’humain» pourrait s’avérer terrifiant ? »

Pour M. Meirieu et Mme Le Gardeur, cette loi dite de «bioéthique» n’est «ni faite ni à faire», le débat sur la bioéthique « a été confisqué ». Entreprises capitalistes et laboratoires de biotechnologie « y trouveront leur compte ». Et « sans un sursaut de démocratie » c’est « l’humain même, dans sa précieuse spécificité, qui est menacé ». Résumons : les sénateurs et les députés français vont-ils, demain, autoriser la création d’embryons humains transformés ?

A demain @jynau

Jacques Testart retrouve José Bové pour dénoncer une humanité génétiquement modifiée

Bonjour

Bloguer c’est, parfois, relayer le contenu des bouteilles lancée dans la mer médiatique. Ainsi cette tribune lancée dans les colonnes du dernier journal vespéral de la capitale : « Nous ne voulons pas d’une humanité génétiquement modifiée ! ». Comme un radeau de la Méduse – esquif essentiel, visible sur tous les écrans mais dont le monde entier se désintéresserait.  Cinq signataires seulement où l’on retrouve l’alliance (moins étonnante qu’il n’y paraît) entre José Bové, éleveur et Jacques Testart, biologiste-essayiste – les deux ici en compagnie de Dominique Bourg, philosophe. Sans oublier Elena Pasca, philosophe, administratrice de la fondation Sciences citoyennes et Michèle Rivasi, députée européenne (EELV).

On attendait Greta Thunberg. Elle n’y est pas. Voici le contenu de leur bouteille :

« La nouvelle loi de bioéthique est en cours d’examen au Sénat. Tandis qu’elle ouvre la PMA aux femmes seules ou en couple, ce texte approfondit en catimini le droit à la modification génétique d’embryons humains à des fins proclamées de recherche. La naissance d’enfants issus de tels embryons, aujourd’hui prohibée, pourrait être la prochaine étape des glissements progressifs validés au fil des ans par le Parlement.

En effet, la loi de bioéthique de 1994 interdisait les expérimentations sur les embryons humains. A partir de 2004, une dérogation était donnée aux chercheurs pouvant prouver qu’ils contribuaient au progrès médical. Puis ce critère a été supprimé en 2013. En octobre 2018, un rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et techniques (OPECST) recommandait que les laboratoires se contentent simplement de déclarer leurs travaux.

L’article 17 de la loi en préparation monte d’un cran dans la possibilité de manipuler l’embryon humain. Il supprime, avec le soutien du gouvernement, l’un des fondements de la bioéthique dans l’actuel code de la santé publique : ‘’La création d’embryons transgéniques ou chimériques est interdite.’’  Il remplace ce texte par : ‘’ La modification d’un embryon humain par adjonction de cellules provenant d’autres espèces est interdite.’’ Pourquoi lever l’interdiction absolue de la transgenèse et des chimères ?

La réponse à cette question porte un nom : Crispr-Cas9.

Cette technique d’édition du génome a récemment bouleversé le monde de la recherche. Elle permet de mettre en œuvre, au niveau de la cellule, des ciseaux génétiques à base de protéines qui font automatiquement muter des séquences d’ADN, sans injection d’ADN extérieur. Les ciseaux génétiques créent des mutations facilement et à un coût dérisoire par rapport aux anciennes techniques. Leur usage pourrait à terme devenir massif dans les laboratoires, même si tous leurs effets biologiques sont loin d’être maîtrisés.

Nous connaissons bien cette technique. Monsanto en possède une licence d’utilisation pour créer des semences génétiquement modifiées. Fin 2018, en Chine, elle a permis la naissance de ‘’bébés OGM’’, censés être immunisés contre le virus du sida, hors de tout cadre légal. Avec la levée de l’interdit chimérique et transgénique, Crispr-Cas9 passerait officiellement de la semence agricole à l’humain. La nouvelle loi pourrait donc ouvrir la voie à l’industrialisation de la modification génétique des embryons humains à une vitesse encore jamais atteinte.

Mais le désastre ne s’arrête pas là. Dans son article 15, la loi autoriserait la fabrication de gamètes artificiels à partir de cellules banales de chaque patient. Potentiellement innombrables, ces gamètes, au génome éventuellement modifié, pourraient créer de très nombreux embryons parmi lesquels on choisirait le plus convenable, sans imposer aux patientes les épreuves liées à la fécondation in vitro. Qui refuserait alors, dans le futur, la promesse d’un bébé « zéro défaut » ?

Le risque est grand d’orienter le génome de notre espèce à la suite de choix d’« amélioration » des enfants partout identiques, sous le prétexte qu’une technique est déjà disponible et qu’il est inutile de l’interdire. Le projet nous semble clairement eugéniste.

Les sénateurs et sénatrices sont par conséquent face à l’enjeu anthropologique de permettre à la technologie de modifier notre espèce de façon irréversible. L’usage des ciseaux génétiques et la possibilité de créer des embryons avec des gamètes artificiels doivent les inciter à revenir sur leurs pas : il faut refuser toute modification génétique des embryons humains ou leur sélection génétique massive. Les parlementaires, loin de faire preuve d’un zèle technophobe quelconque, ne feraient que rejoindre d’autres pays comme l’Allemagne et l’Irlande, qui ont déjà fait ce choix.

La naissance de la brebis Dolly en 1996 avait imposé un interdit mondial aux recherches sur le clonage humain. Mais c’était avant que la compétitivité technologique ne régule la bioéthique… Avec les ciseaux génétiques et la possibilité de créer des gamètes artificiels, la ruine de l’âme frappe aux portes du Parlement. Qui s’y trouvera pour les maintenir closes ? »

Mais qui, en janvier 2020, se souvient de la brebis Dolly, premier mammifère créé par clonage ? Qui comprend une phrase évoquant on ne sait quelle « ruine de l’âme » frappant aux portes d’un Parlement français, laïque et républicain ? Qui oserait raisonnablement imaginer, en l’an de grâce 2020, que les modifications génétiques des plantes et des animaux ne précéderont pas celles de l’humain ? 

A demain @jynau

Loterie médicamenteuse pour enfants condamnés: les explications de Novartis à Slate.fr

Bonjour

Comment et pourquoi? Comment un géant de Big Pharma peut-il prendre la décision d’organiser une sorte de tirage au sort destiné à sauver, grâce à l’un de ses médicaments au prix ahurissant, une centaine d’enfants condamnés par une maladie génétique? Et pourquoi s’engage-t-il dans cette voie sans précédent?

Ce sont là les deux questions au cœur de l’affaire Zolgensma®, du nom du médicament de la multinationale pharmaceutique suisse Novartis. Une affaire d’autant plus spectaculaire qu’elle concerne le médicament le plus coûteux du monde (près de deux millions d’euros l’injection, unique). Une affaire d’autant plus emblématique qu’elle concerne une substance issue de travaux initiaux novateurs conduits en France grâce aux sommes recueillies via les initiatives caritatives de l’AFM-Téléthon. Après avoir, sur ce blog et sur Slate.fr exposé les différentes pièces du dossier, nous avons, pour mieux comprendre, interrogé le géant Novartis – qui a accepté de nous répondre par la voix de Marilise Marcantonio, porte-parole de Novartis France (sans demander  – point notable- à relire les propos rapportés).

A lire sur Slate.fr : « Loterie médicamenteuse pour enfants condamnés: Novartis s’explique »

Aussi audibles qu’ils puissent être, ces arguments peuvent-ils être compris? Pour l’heure, Novartis, en adoptant une telle démarche, prend un risque majeur: oser la gratuité tout en gardant pleinement les commandes d’un dispositif jouant avec le hasard –le tout dans l’attente d’une commercialisation à des prix qui battront des records. Il y a là, de manière quelque peu paradoxale, matière à conforter l’image d’une industrie pharmaceutique enfermée dans sa logique capitalistique et ses appétits de profits.

«À mon sens, la seule réponse possible à cette affaire, si ce traitement est réellement efficace et bien toléré, serait de le rendre accessible à tous les enfants atteints de cette maladie rare, estime le Pr Antoine Flahaultspécialiste de santé publique (directeur de l’Institut de santé globale à la faculté de médecine de l’Université de Genève). Et ce quitte à créer un instrument (du type Fonds mondial contre le sida) pour la coordination internationale de son financement et de sa distribution, en mettant le laboratoire pharmaceutique, les acteurs politiques, les soignants et les représentants des patients et leurs familles autour de la table.»

Voilà une proposition de bon sens. Mais cette table, en 2020, existe-t-elle ?

A demain @jynau

Dictature chinoise : mieux vaut modifier l’espèce humaine qu’inciter à la subversion

Bonjour

Ceux sont deux jugements édifiants, à faire trembler. Il avait provoqué une forme de scandale éthique et génétique sanitaire. Il en connaît désormais le prix. He Jiankui, 35 ans, avait annoncé en novembre 2018 être parvenu à modifier l’ADN de jumelles humaines pour les rendre « résistantes au VIH » – modification transmissible à leur descendance. Le gouvernement chinois, accusé à l’époque de laxisme éthique, avait ordonné la suspension des recherches. Puis M. He avait alors fait l’objet d’une enquête policière.

Il vient d’être condamné par un tribunal de Shenzhen, là où il avait effectué ses travaux, pour « avoir illégalement procédé à la manipulation génétique d’embryons à des fins de reproduction », a précisé l’agence Chine nouvelle ce 30 décembre 2019. Sanction : trois ans de prison.

En janvier dernier les autorités chinoises avaient rapporté qu’une deuxième femme était enceinte d’un enfant à l’ADN modifié, en plus des jumelles, mais la naissance de ce bébé n’avait pas été officialisée. Chine nouvelle confirme finalement qu’au total trois bébés avaient été, « génétiquement modifiés ».

Orwell et Huxley enfin réunis

Toujours en Chine. Un pasteur protestant contestataire a été condamné lundi 30 décembre  à neuf ans de prison pour «incitation à la subversion». Le pasteur contestataire Wang Yi avait été arrêté en décembre 2018 avec plusieurs dizaines de fidèles de son «Église de l’alliance de la pluie d’automne», une congrégation clandestine de la grande ville de Chengdu (Sud-Ouest).

« Le régime communiste a pour habitude de condamner des opposants politiques en période de fêtes de fin d’année, semblant miser sur un déficit d’attention des pays occidentaux » observe l’Agence France Presse. Le pasteur Wang se montrait ouvertement critique à l’encontre du pouvoir chinois. «Le parti peut prospérer pendant un certain temps, mais cela ne peut pas durer éternellement», écrivait-il sur la page Facebook de son église le 8 décembre 2018, à la veille de l’intervention de la police.

Dans ce texte, il s’insurgeait contre le contrôle du pouvoir politique sur la religion et dissertait sur la « désobéissance non violente ». Selon l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch, basée à New York, plus d’une centaine de fidèles avaient été interpellés en même temps que le pasteur. La congrégation aurait compté plus de 500 fidèles.

« La Chine du président Xi Jinping a accru ces dernières années sa surveillance de l’ensemble des cultes, souligne l’AFP. Des églises ont été détruites, des croix descendues des clochers et des écoles maternelles religieuses fermées. Dans les régions à forte population musulmane, ce sont des symboles islamiques qui ont été ôtés des espaces publics. Au Xinjiang, dans le nord-ouest du pays, les Ouïghours et autres minorités ethniques de langues turciques sont punis s’ils enfreignent l’interdiction du port de la barbe et de la burqa, ou même pour la possession d’un Coran, selon des organisations de défense des libertés. Les cultes sont divisés en Chine entre les églises officielles, où l’on prie notamment pour le Parti communiste, et les ‘’clandestines’’. »

Où l’on en vient à se demander, Orwell et Huxley réunis, quels seront, demain, les honneurs réservés aux chercheurs capables de créer des embryons humains génétiquement modifiés pour ne plus pouvoir croire en un ailleurs – au-delà qui ne serait ni communiste, ni Chinois.

A demain @jynau

La multinationale pharmaceutique Novartis accusée de jouer avec la vie de bébés condamnés

Bonjour

Comment un géant de Big Pharma peut-il en arriver à une telle extrémité ? Existe-t-il une déontologie pharmaceutique ? Comment Novartis peut-il prendre le risque de mettre en place une loterie internationale dont les gagnants seraient des bébés atteints d’une maladie génétique incurable ? Des gagnants qui auraient ainsi une chance de guérir ? Pire peut-être : comment des éthicien·nes en chaire parviennent-il à justifier une pratique à ce point contraire à l’éthique ?

C’est la nouvelle affaire du Zolgensma®, le médicament le plus cher du monde : près de 2 millions d’euros l’injection (unique). Une affaire d’autant plus sensible, en France, que ce médicament est, pour une bonne partie, le fruit de recherches financées par la générosité publique via le Téléthon. D’ores et déjà l’AFM-Téléthon a fait part de son indignation.

L’affaire a pris une dimension politique en Belgique. En France l’Observatoire de la transparence dans les politiques des médicaments dénonce un « hold-up » et demande à Agnès Buzyn d’agir au plus vite. La ministre des Solidarités et de la Santé pourra-t-elle longtemps garder le silence ?

Lire sur Slate.fr : « Le médicament le plus cher du monde va être donné à cent bébés condamnés tirés au sort »

A demain