Coronavirus: après la contagion via les postillons les affres de la transmission fécale

Bonjour

Ce n’est qu’une hypothèse naissante mais elle doit désormais être impérativement prise en compte. Elle a officiellement émergé le 7 février dans les colonnes du Journal of the American Medical Association : « Clinical Characteristics of 138 Hospitalized Patients With 2019 Novel Coronavirus–Infected Pneumonia in Wuhan, China ». Les auteurs (tous travaillent au Zhongnan Hospital of Wuhan University) ont observé  sur 138 patients étudiés 14 souffraient de diarrhées et de nausées un ou deux jours avant de présenter les symptômes caractéristiques de l’infection par le 2019-nCoV (fièvre et problèmes respiratoires).

La voie bien connue de contamination (via les gouttelettes émanant de la toux d’une personne infectée, par contact de surfaces contaminées) n’est pas à remettre en question. Toutefois une seconde voie, digestive (diarrhéique et fécale) ne peut plus être exclue. On ajoutera que le premier malade américain infecté avec le 2019-nCoV avait également aussi eu des selles liquides pendant deux jours et que le nouveau virus avait ensuite été détecté dans ses selles. Des cas similaires ont également été récemment rapportés dans The Lancet « A familial cluster of pneumonia associated with the 2019 novel coronavirus indicating person-to-person transmission: a study of a family cluster »

« Il est important de noter que la présence du 2019-nCoV a été rapportée ailleurs dans les matières fécales de patients avec des symptômes abdominaux atypiques, similaires au SRAS qui se trouvait aussi dans l’urine, suggérant une voie de transmission fécale », explique William Keevil (Université de Southampton) sur le site du Science Media Centre  (Royaume-Uni).

Et l’AFP de rappeler que la transmission par voie fécale du virus du SRAS a contaminé des centaines de personnes dans un complexe résidentiel de Hongkong en 2003. ‘«Le 2019-nCoV retrouvé dans les selles pourrait se transmettre par voie fécale, estime Jiayu Liao, bioingénieur à l’Université de Californie. Mais nous ne savons pas encore combien de temps ce virus peut survivre en dehors du corps (…) et à quelle échelle de température le 2019-nCoV est sensible »

Voie fécale ? Elle pourrait amplement compliquer la lutte contre la diffusion de l’épidémie. Elle pourrait aussi constituer une redoutable menace au sein des établissements hospitaliers qui, loin de la contenir, pourraient faciliter et amplifier la dissémination virale au sein des organismes humains.

A demain @jynau

Une vie sans gluten : attention à ne pas être roulé dans une farine bio mais contaminée !

Bonjour

Le diable peut nicher dans le paquet. C’est un appel pour rappel : la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) vient de diffuser un avis de rappel concernant des paquets de 500 g de farine . Farine de sarrasin bio de la célèbre marque « Ma Vie sans gluten »Ces produits ont été identifiés comme pouvant « présenter un risque pour la santé du consommateur ». Les produits concernés portent le numéro de lot « SARB170419TNB/24611 » et la date de durabilité minimale 05/2020.

Il est instamment demandé aux personnes qui détiendraient cette farine de ne pas le consommer et de le rapporter au point de vente où il a été acheté pour obtenir un remboursement. En cas de consommation et d’identification de ces symptômes, il est conseillé d’appeler le SAMU ou de consulter un médecin.

DGCCRF ✔@dgcrf #RappelProduit #Alimentation
Ne consommez pas ce produit. Rapportez-le au magasin pour remboursement https://bit.ly/2ZqDymf 

Etrange silence de la Direction Générale de la Santé – mais les services de Bercy nous expliquent que cette farine de sarrasin est susceptible de contenir des « alcaloïdes tropaniques ». Et plus précisément des fragments de datura, une plante toxique. En cas de consommation importante de ce produit, des effets indésirables peuvent être ressentis : hallucinations, paroles incohérentes, désorientation spatio-temporelle, agitation, confusion, troubles de la vue, tachycardie, sécheresse de la bouche, ou encore pupilles dilatées.

Soigner la rage et la folie

Petit souci: la datura un genre de plantes de la famille des Solanacées, dont le centre de diversité se trouve au Mexique et dans le sud-ouest des États-Unis. Plusieurs espèces sont cultivées et se sont naturalisées dans les régions tempérées et tropicales du monde. Et chacun peut savoir (wikipédia) que le terme de datura est lui-même d’origine indienne (sanscrit धतूरा dhattūra) et qu’il nous a été transmis par l’intermédiaire du  portugais avant d’être vulgarisé en français par l’intermédiaire du latin scientifique des droguistes et herboristes.

« Les premières mentions du terme dhattūra dans les textes sanscrits se trouvent dans l’Arthashâstra un traité de politique et dans le Kâmasûtra un traité sur l’art de vivre et la sexualité, tous les deux datant des iie ou ive siècle. À cette époque, seule la toxicité de la plante est signalée et ce n’est que quelques siècles plus tard qu’on commence à s’intéresser à ses propriétés médicinales. Deux des ouvrages fondamentaux de la médecine ayurvédique, le Sushruta Samhita et l’Astanga Hrdayam, des ve ou vie siècle, mentionnent que les graines et les feuilles de dhattūra sont recommandées contre la rage. Plus tard, des préparations contenant la plante sont prescrites contre la douleur, les maladies de peau et la folie. »

Question à laquelle devront vite répondre nos fabricants sans gluten : comment peut-on contaminer une farine bio avec des alcaloïdes présent dans une plante exotique ?

A demain @jynau

Agnès Buzyn allège les règles imposées aux homosexuels pour le don de leur sang

Bonjour

L’affaire avait été annoncée fin juin par Marlène Schiappa. Agnès Buzyn vient de l’officialiser. La ministre des Solidarités et de la Santé « annonce l’évolution des conditions d’accès au don du sang pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH)». Et Agnès Buzyn de prendre soin de rappeler qu’elle avait « pris l’engagement en 2018 » de faire évoluer les conditions qui permettent aux HSH de donner leur sang ».

En pratique la ministre « a décidé de réduire de douze à quatre mois, le délai permettant de donner son sang après la dernière relation sexuelle entre hommes ». Mais seulement « à compter du 1er février 2020 ». « Cette décision est une première étape », ajoute Agnès Buzyn. La cible fixée est « l’alignement à terme des critères pour tous les donneurs, la disparition de la référence à l’orientation sexuelle au profit de la recherche d’un comportement individuel à risque ». Où l’on comprend que l’exécutif sanitaire s’éloigne progressivement des affres collectives des affaires du sang contaminé.

Il faut ici rappeler que depuis juillet 2016 les hommes peuvent donner leur sang « s’ils n’ont pas eu de relation sexuelle avec des hommes au cours des 12 derniers mois ». Ils peuvent par ailleurs donner leur plasma dans une filière spécifique « sous réserve de ne pas avoir eu plus d’un partenaire sexuel dans les quatre derniers mois ». Cette décision (obtenue au terme d’un long travail de consensus) a mis fin à l’exclusion permanente qui préexistait depuis 1983 (du fait de l’émergence de l’épidémie de sida).

L’entrée en vigueur de ces critères de sélection s’est accompagnée de mesures visant à suivre et évaluer les conséquences de cette évolution. Parmi les éléments d’évaluation, l’étude Complidon (réalisée auprès de 110 000  donneurs de sang), a établi que les critères d’accès au don du sang étaient respectés « dans une très large majorité », « mais qu’il pouvait arriver dans de rares situations qu’ils ne le soient pas, lorsqu’ils ne sont pas compris ou acceptés » (sic). Ce n’est pas tout : la surveillance épidémiologique des donneurs de sang a montré que l’ouverture du don du sang aux HSH n’avait pas eu d’impact sur le risque résiduel de transmission du VIH par les produits sanguins.

« Démarche altruiste éthique et gratuite »

Dans ce contexte, deux propositions d’évolution de critères ont été évaluées par Santé publique France : ouverture du don du sang aux hommes n’ayant pas eu de relation sexuelle avec des hommes dans les quatre derniers mois avant le don ; ouverture du don du sang aux HSH ayant eu un seul partenaire dans les quatre derniers mois avant le don.

Comme sous le ministère de Marisol Touraine et sous l’autorité du Pr Benoît Vallet, alors Directeur général de la santé, l’ensemble des données et les analyses de risque conduites sur ces deux propositions ont été partagés avec les parties prenantes (représentants de donneurs de sang, de receveurs, associations…), qui ont fait part de leur position.

En définitive Agnès Buzyn a pris sa décision « en tenant compte de ces travaux et de l’expression des acteurs ». Et souligne qu’elle « s’appuie sur des éléments scientifiques, objectifs et indépendants ». « Cette évolution, mise en œuvre à compter du 1er février 2020, sera évaluée très attentivement et en toute transparence pour permettre à horizon 2022, d’envisager l’alignement des critères de sélection pour tous les donneurs. »

« Chaque donneur qui s’engage dans cette démarche altruiste éthique et gratuite doit le faire en toute compréhension des critères lui permettant l’accès au don. Cette décision, éclairée par les données de la science, conforte notre modèle de don volontaire, solidaire et responsable, avec un impératif de haut niveau de sécurité sanitaire. Chaque année, 1,7 millions de personnes donnent leur sang, générant 3 millions de dons. Il faut en moyenne recruter 170 000 nouveaux donneurs chaque année pour maintenir un niveau suffisant de 10 000 dons par jour au regard des besoins. En effet, un million de personnes en moyenne par an reçoivent des produits issus du sang. »

A demain @jynau

Comment s’y prendre pour faire fuir tous les SDF du centre de nos villes. Soyonshumains.fr

Bonjour

Autocentrés sur le Grand Débat National et sur les Gilets Jaunes seuls quelques médias généralistes se sont penchés sur l’initiative « Pics d’or » Abbé-Pierre. Parmi eux Le Monde (Pierre Bouvier). Une initiative édifiante qui, loin des « ronds-points » nous conduit à nous intéresser aux évolutions du « mobilier urbain », celui-là même qui, les samedis, devient la cible des « casseurs ».

« Il y a les grilles, les picots, les rochers, les poteaux, les bancs et sièges inconfortables, les grillages,… En matière de mobilier anti-SDF, l’imagination ne trouve aucune limite, rapporte le quotidien vespéral. Une série d’aménagements installés à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), Paris, Toulouse, ou des arrêtés municipaux pris à Besançon ou Eskilstuna, en Suède, se sont vus remettre, mercredi 13 février, les premiers « Pics d’or » de la Fondation Abbé-Pierre.

A ces grilles, picots, rochers, poteaux, bancs et sièges inutilisables et autres grillages il faut ajouter les arrêtés anti-mendicité, comme ceux pris à Besançon, La Roche-sur-Yon et Nice – et autres mesurettes comme la fermeture de points d’eau en libre-service, à Marseille notamment.

 « L’objectif de ces dispositifs – mis en place par les municipalités, les architectes, les urbanistes, etc. – est d’éloigner les SDF des centres-villes, de les rendre invisibles ou de les criminaliser, de manière plus ou moins insidieuse », explique Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre. Quant à Marie Loison-Leruste, sociologue, interprète ces éléments du mobilier urbain, reflet de l’ambivalence des habitants des villes vis-à-vis des SDF. « Parfois ils nous émeuvent, parfois ils nous dégoûtent : les pauvres suscitent la peur, d’où cette tentative de criminalisation » dit-elle

Faire fuir ou accueillir

Emouvoir ou dégoûter ? En 2017, la Fondation a lancé un site collaboratif, – Soyonshumains.fr – qui a permis de répertorier plus de 300 équipements installés aux abords d’immeubles, de commerces et autres infrastructures publiques, pour empêcher les 150 000 personnes sans abri recensées en France de s’installer.

On peut, ici, désespérer. Ou, au contraire, parier sur la bonté humaine. « Christian Page ancien SDF a remis le prix du dispositif « le plus fourbe » (il évoque alors une jardinière de 200 kg apparue là où il avait l’habitude de dormir) estime qu’il est possible de faire bouger les municipalités, rapporte Le Monde. En décembre 2017, il avait alerté la mairie de Paris en dénonçant des ‘’barrières anti-SDF’’ ­installées dans le 19e arrondissement qui couvraient plusieurs grilles d’aération d’où s’échappait de l’air chaud, empêchant les sans-abri de s’y allonger. Le centre de santé parisien a l’intention d’enlever ses dispositifs anti-SDF. » On espère qu’Anne Hidalgo, maire de Paris et François Dagnaud, maire du XIXème ne sont pas insensibles à ces doléances.

Espérer ?  La Fondation Abbé-Pierre évoque des initiatives (médiatiquement largement ignorées) comme celle du Carillon. Ce réseau groupe 800 commerçants dans sept grandes villes de France (Paris, Bordeaux, Lyon, Marseille, Nantes, Lille et Strasbourg) – commerçants qui permettent aux SDF d’accéder à des toilettes, de charger leur téléphone ou de prendre un repas payé par un client. « Cela permet de retrouver confiance en soi et de sortir des circuits spécialisés », explique Laura Gruarin, codirectrice de l’association La Cloche.

Pour commencer à espérer on peut les retrouver ici : « Soutenez Le Carillon et son association La Cloche ».

A demain

@jynau

 

 

Rumeurs de grippe sur Orléans : six morts, dont deux soignants, dans une bouffée épidémique?

Bonjour

Comme un léger flottement question communication. Au départ une révélation de La République du Centre datée du 26 janvier : un patient de l’Ehpad Les Ombrages (80 places) au centre hospitalier régional d’Orléans-La Source. Une mort liée à l’épidémie de grippe qui a déjà causé la mort de cinq personnes cette fin de semaine. Information confirmée par Edwige Rivoire, directrice générale de l’Ugecam Centre (qui gère les établissements de santé de l’Assurance Maladie).

Et le quotidien régional d’ajouter « qu’au moins » deux salariés d’un centre de soins voisin de La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret) sont décédés à leur domicile le 24 janvier « vraisemblablement » suite à un « syndrome grippal ». Selon un communiqué de l’Agence régionale de santé Centre Val de Loire, « deux personnes salariées du CRF des Coteaux à la Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret) sont décédées le 24 janvier 2019 à leur domicile. Elles étaient en arrêt maladie pour ‘syndrome grippal’.»

« On en est six décès : trois résidents dans le courant du mois de janvier, un quatrième résident dont on a eu connaissance le 26 janvier et deux cette semaine parmi le personnel soignant », a expliqué un porte-parole de l’ARS. Les sexes et les âges des victimes n’ont pas été communiqués mais l’ARS précise que les trois résidents décédés dans le courant du mois de janvier « avaient plus de 90 ans ». « Il y a une mesure de confinement. Personne ne sort de l’établissement sans qu’on ait bien pris en compte les traitements qui doivent être faits : distribution de masque, rappel des règles hygiéniques, message de prévention de la vaccination », a ajouté cette source.

On recense actuellement 78 résidents l’Ehpad, situé à cinq km du centre-ville d’Orléans. Dans la même enceinte se trouve aussi un centre de rééducation qui accueille actuellement 81 patients. « Cet épisode nous rappelle toute l’importance qu’il y a à se vacciner, d’autant plus quand on est dans des établissements où on a beaucoup de contacts » a déclaré sur Europe 1 Christophe Lugnot, chef de cabinet adjoint de l’ARS Centre Val de Loire. Et d’oublier de préciser qui, parmi les victimes était ou non vacciné. Sans indiquer, non plus, si la cause unique des décès est bien la conséquence d’une infection grippale. Sans préciser quelle a été la politique suivie dans ec domaine vis-à-vis des résidents et vis-à-vis des soignants. Comme un flottement.

A demain

@jynau

Couches pour bébés à usage unique : la bien étrange tornade déclenchée par trois ministres

Bonjour

Comment le pouvoir exécutif peut-il ne pas trop en faire ? Et que vont penser les complotistes ? C’est une alerte sans précédent connu – si l’on excepte celle lancée au siècle dernier sur la « vache folle ».  Une tornade dans un ciel serein, une fébrilité de l’exécutif qui affolera jeunes parents et rayons des grandes surfaces.

C’est aussi une alerte lancée « sous embargo » (sic) : alertée dans la soirée du 22 janvier les journalistes avait interdiction de l’évoquer avant minuit. De manière à coordonner la décision gouvernementale et la publication de l’avis l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Où l’on retrouve la mise en scène médiatique d’une articulation idéale entre l’évaluation (scientifique) du risque et sa gestion (politique) de ce dernier.

Ainsi donc l’Anses « recommande d’améliorer la sécurité sanitaire des couches pour bébé ».

« A partir d’essais réalisés sur des couches jetables et leur usage, l’expertise de l’Agence a mis en évidence des dépassements de seuils sanitaires pour plusieurs substances chimiques. Au regard des risques que peuvent présenter ces substances pour la santé des bébés, l’Anses recommande de les éliminer ou de réduire au maximum leur présence dans les couches jetables. L’Agence préconise également de renforcer le contrôle de ces substances dans les couches mises sur le marché. Enfin, l’Anses souligne la nécessité d’un cadre réglementaire plus restrictif encadrant ces produits. »

Et, en même temps, trois ministres (de Rugy,  Transition écologique et solidaire ; Buzyn, Solidarités et Santé ; Lemaire,  Economie et Finances) « demandent aux professionnels la mise en œuvre rapide d’actions correctives ». « Des engagements sont attendus sous 15 jours. Les contrôles du marché des couches pour bébés par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) seront renforcés en 2019 tandis que la France plaidera à Bruxelles pour des règles européennes plus « protectrices ».

Procter & Gamble convoqué dès l’aube à Bercy

Ce n’est pas tout. Les industriels devront « prendre dans les meilleurs délais les mesures garantissant la sécurité des produits sur le marché », ajoutent les trois ministres qui invitent dans l’immédiat les parents à se renseigner sur la composition des produits. Première cible, les parfums, les seuls de ces produits chimiques à être intentionnellement ajoutés par les industriels. Les fabricants, convoqués mercredi à 8h00 à Bercy, devront réévaluer « l’usage de certaines substances ajoutées intentionnellement ».

« Le gouvernement exige des industriels qu’ils réévaluent l’usage de certaines substances ajoutées intentionnellement, qu’ils contrôlent mieux la qualité des matières premières utilisées et qu’ils modifient les procédés de fabrication susceptibles d’être à l’origine de la formation de certaines substances. Les professionnels seront de nouveau convoqués dans 15 jours afin qu’ils fassent part des actions déjà réalisées et de leurs engagements. »

Une urgence et une fébrilité d’autant plus étrange que l’’Anses ne met pas en évidence de danger grave et immédiat. Seule observation : « certaines substances chimiques sont présentes dans des quantités qui ne permettent pas d’exclure un risque sanitaire lié au port de couches ». L’Agence précise aussi qu’il n’existe aucune donnée épidémiologique présentant des effets sanitaires liés au port de couches pour les bébés, en lien avec la présence de ces substances chimiques. Tout juste se bornait-elle à recommander, pour limiter l’exposition des jeunes enfants aux substances chimiques, « que des actions de nature à éliminer ou réduire autant que possible la présence des substances préoccupantes identifiées soient mises en œuvre par les fabricants ».

La situation est d’autant plus confuse que les trois ministres ne donnent aucune information sur les marques potentiellement à risque tout en laissant dire que même des couches jetables écologiques (re-sic) seraient problématiques. Pour sa part, hyper-réactif sur RTL, Benjamin Binot, le directeur général de Procter & Gamble France ( couches Pampers) a affirmé que ses couches [Pampers] « sont sûres » 1.

Comme toujours exhaustif  Le Monde (Stéphane Mandard)  précise que la toxicité des couches lavables, auxquelles on recourt seulement 5 % des parents, n’a pas encore été testée par l’Anses. Les trois ministres n’en parlent donc pas.

A demain

@jynau

1 Réagissant à la publication du rapport concernant la sécurité sanitaire des couches pour bébé  Carole Juge-Llewellyn, présidente fondatrice de JOONE, « le spécialiste des couches et des produits de puériculture éco-responsables et Made in France », a fait annoncer, pendant la rencontre de Bercy : « Depuis la création de JOONE, il y a un an et demi, nous avons été les premiers à nous engager pour une politique transparente en étant la première marque de couches au monde à publier intégralement les analyses toxicologiques de nos changes pour bébéCet engagement pour une politique de transparence très exigeante fait aujourd’hui enfin l’objet d’une prise de conscience partagée par les pouvoirs publics avec la publication du rapport alarmiste de l’Anses aujourd’hui.»

 

Journalisme et vérité : faut-il exécuter celles et ceux qui créent de l’anxiété généralisée ?

Bonjour

Le premier qui ne dira pas la vérité vraie devra être exécuté. Didier Raoult, 66 ans, est un biologiste, professeur de microbiologie, spécialiste des maladies infectieuses et des virus atypiques. C’est aussi un invité régulier de l’hebdomadaire généraliste Le Point – il y signe des chroniques acidulées tendant généralement à bousculer les priorités médiatiques sur des sujets aux frontières de ses compétences scientifiques.

Aujourd’hui la chronique du Pr Raoult est intitulée «  Et si on lançait un délit de création d’anxiété ». C’est une mise en abyme qui ne cite pas clairement sa cible prioritaire : une petite catégorie de journalistes, ceux qui jouent (ou relaient) les lanceurs d’alerte – des lanceurs systématiques ne hiérarchisant jamais ou presque leurs lancements. Face à eux, et au vu de leurs méfaits, le Pr Raoult juge que le moment est venu de créer un nouveau délit en France, « pays qui doute de lui-même et qui consomme énormément d’anxiolytiques ». Ecoutons un instant ce biologiste se piquant de journalisme et de justice.

« L’angoisse et l’anxiété tuent. Dans les pays développés, les causes de mortalité qui augmentent, et plus particulièrement aux Etats-Unis dans la population d’origine européenne, ce sont les suicides et la consommation excessive de dérivés d’opium pour calmer les douleurs et les inquiétudes. La France est l’un des pays qui consomment le plus d’anxiolytiques. L’alcool est partiellement utilisé aussi pour calmer les angoisses. Notre société est terriblement anxiogène. Les peurs maniées par les puritains et par une certaine presse (sic) ajoutent à l’angoisse généralisée. Certains ont tellement été marqués par ces peurs et par les notions de l’absence de seuil à l’exposition, comme pour l’amiante, qu’ils ont porté plainte maintenant pour délit de création d’anxiété. Pourtant le risque de contracter un cancer en passant dans une pièce où il y a de l’amiante à cause de cette exposition est nul. Je pense que ce délit, pour être nouveau, devrait effectivement faire l’objet d’une loi. »

 Ravages médiatiques écologiques

Il explique encore que tous les jours, de « fausses alertes », propagées par des « scientifiques approximatifs », des angoisses écologiques, ou des peurs d’épidémies, ont leur lot d’inquiétudes propagées à la vitesse d’Internet, sans jamais recevoir de vérification. « Dans mon monde, qui est celui des maladies infectieuses, les différentes ‘’crises’’ concernant le bioterrorisme, la maladie de la vache folle, les deux grippes aviaires, le chikungunya et Ebola ont fait, dans notre pays, moins de dix morts en l’espace de vingt ans » précise-t-il.

« Tous les jours, nous lisons comme étant des certitudes que l’ensemble des pesticides ou herbicides qui nous sont proposés constituent des dangers reconnus par tout le monde, mais cela est faux, ceci représente une partie de l’opinion, et certainement pas celle des scientifiques les plus rigoureux (…) qui, pour l’instant, ne considère pas le bisphénol comme étant toxique ni le glyphosate comme étant cancérigène, et l’influence des lobbys chimiques dans ce domaine semble bien moins forte que celle de la peur écologique. »

Le Pr Raoult connaît bien les corrélations entre la peur et les audiences médiatiques. En 2015 ce microbiologiste atypique avait publié un livre sur ce thème :  « Votre Santé Tous les mensonges qu’on vous raconte », Michel Lafon). C’était à l’époque de la sortie d’un ouvrage de deux de ses collègues, les Prs François Bricaire et Jean-Philippe Derenne, « Pandémie : la grande menace de la grippe aviaire » (Editions Fayard)

Aujourd’hui, nouvelle étape dans ce chemin de croix : « créer une loi pour poursuivre ceux qui ont suscité une angoisse caractérisée sans avoir les éléments pour pouvoir le faire ». Qui le suivra ?

A demain

 

Laits infantiles contaminés : que s’est-il passé il y a douze ans dans l’usine de la Mayenne ?  

Bonjour

C’est la pièce épidémiologique manquante du grand puzzle de l’affaire Lactalis 1 : que s’est-il passé il y a douze ans dans la désormais tristement célèbre usine de Craon, département de la Mayenne, section Mayenne angevine ? On sait que cet établissement avait déjà été identifié comme ayant été contaminé par une salmonelle. Et très vraisemblablement, déjà, par une Salmonella sérotype Agona.

On connaît aujourd’hui plus de 2.000 variétés (ou sérotypes) de Salmonella pathogènes parmi lesquelles cette Salmonella sérotype Agona. En Europe, ces bactéries représentent la cause la plus fréquente d’épidémies d’origine alimentaire et la deuxième cause de maladies d’origine alimentaire. «Toutefois, le nombre de foyers où ces bactéries ont été isolées est en constante diminution dans l’Union européenne depuis 2001. Cette amélioration reflète l’efficacité de la politique de l’Europe en matière de sécurité sanitaire des élevages et des abattoirs (abattage systématique des élevages de poules pondeuses contaminés, mesures d’hygiène tout au long de la chaîne de production)», précise-t-on auprès de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES).

Qui dira la vérité bactériologique sur 2005 ? Très vraisemblablement, sous peu, les spécialistes qui sont au cœur du dispositif français de surveillance et de prévention de ces infections on trouve le Centre National de Référence des Salmonella (CNR-Salm) de l’Institut Pasteur de Paris. Ce centre reçoit chaque année 10.000 souches/an dont environ 6% (soit 600) isolées de bébés de moins de 1 an. De 2012 à 2016, ce CNR  a identifié environ 65 souches de Salmonella Agona par an.

Survivre à Craon

En pratique le CNR-Salm reçoit des souches d’un grand réseau de laboratoires volontaires hospitaliers et privés. Ces souches reçues sont ensuite caractérisées par différentes méthodes et classées selon leur sérotype et selon les résultats de typage génomique. Des algorithmes de détection de dépassement de seuils ont d’autre part été établis depuis plusieurs années par Santé publique France et le CNR-Salm –et ce pour chaque sérotype à partir des données historiques. Ils sont utilisés chaque semaine pour rechercher des augmentations inhabituelles ou des cas groupés de souches d’un sérotype donné parmi les souches reçues au CNR-Salm. Les spécialistes disposent ainsi d’une série de précieuses données pour chacune des souches: date d’isolement, date de validation des données de typage, groupe d’âge du patient pour lequel la souche a été isolée, laboratoire ayant isolée la souche, type de prélèvement (selles, sang, urine etc.).

Faut-il être surpris par la présence, à douze ans d’écart, du même sérotype de Salmonella dans la même usine ? Cette similarité n’étonne pas les spécialistes. Pour François-Xavier Weill, directeur du CNR-Salm, cette usine n’est pas a priori son milieu naturel, ce pathogène goûtant nettement plus la lumière des tubes digestifs des animaux. L’hypothèse la plus probable, selon lui, est que cette salmonelle a persisté au sein d’un troupeau de bovins qui fournissait du lait à l’usine. A-t-elle néanmoins pu survivre à Craon ? Et si oui avec quelles conséquences ?

« On va probablement confirmer, parce que ça reste une hypothèse, que la souche de 2017 dérive de celle de 2005. Et on va s’assurer qu’il n’y a pas eu de cas de contamination très sporadiques entre ces deux dates », a déclaré le bactériologiste Simon Le Hello  du CNR-Salm où une comparaison fine des deux souches est en cours.

A demain

1 Sur ce thème : « Lactalis: une crise qui aurait pu être évitée » Slate.fr 15 janvier 2018

 

 

 

Lactalis perd pied : 12 millions de boîtes de lait sont à détruire. Quel sera le prix de la vérité ?

Bonjour

Emmanuel Besnier, 47 ans est un homme plus que fortuné. Jusqu’ici il goûtait le secret. C’est fini. Il doit parler, se dévoiler, battre sa coulpe et celle du groupe qui l’a rendu richissime : Lactalis, aux prises avec une sale affaire de salmonelles plus ou moins cachées. Depuis quelques mois ou depuis quelques années. Dans du lait.

« Communication de crise ». A quel prix ? On découvre aujourd’hui M. Besnier à la Une du Journal du Dimanche. Le PDG de Lactalis promet désormais à tour de bras : indemniser « toutes les familles qui ont subi un préjudice », affirmer qu’il a à l’esprit les conséquences de cette crise sanitaire pour les consommateurs (« des bébés de moins de six mois »), qu’il collaborera avec la justice (« en donnant tous les éléments qu’on nous demandera ») et « qu’il n’a jamais pensé agir autrement » (ce qui est plus ou moins rassurant).

M. Besnier parle. Il affirme avoir lui-même proposé au gouvernement une mesure qui s’étend à 83 pays : retirer (et détruire) toutes les boîtes de lait potentiellement contaminées : « Il faut mesurer l’ampleur de cette opération : plus de 12 millions de boîtes sont concernées » dit-il. Il assure que les innombrables distributeurs n’auront plus, désormais, à trier : « Ils savent qu’il faut tout retirer des rayons ». Que M. Besnier ne l’avait-il demandé avant ? Et pourquoi le gouvernement ne lui avait-il pas imposé ? Nous ne le saurons pas, du moins pas aujourd’hui.

Genou à terre

M. Besnier ne cachera plus rien désormais – après avoir toujours imposé un silence qui faisait le mystère et la force de Lactalis, premier groupe laitier au monde. Il devra sans doute, demain, parler à la justice : une enquête préliminaire a été ouverte fin décembre par le pôle santé publique du parquet de Paris notamment pour « blessures involontaires»et « mise en danger de la vie d’autrui », M. Besnier a assuré qu’il ne cacherait rien. Lactalis met un genou à terre. A quel prix ?

Qui, dans cette affaire, a véritablement fauté ? Une vaste enquête commence, qui englobera Lactalis, ses innombrables distributeurs et les « services de l’Etat ».  La contamination à la salmonelle dans l’usine de Craon (Mayenne) n’avait été révélée que début décembre – des preuves de contamination antérieures existent, datant des mois d’août et de novembre. D’autres encore, plus lointaines. La vraie lumière reste à faire, bactériologique et épidémiologique. Combien coûte la vérité ?

A demain

 

 

Listériose : en France un aliment contaminé fait 63 morts et 22 avortements. C’était quand ?

Bonjour

On s’en souvient : c’était au mois de juin de l’ancien monde. « Selon le ministère de la santé, une mystérieuse épidémie de listériose a fait au moins vingt morts et entraîné cinq avortements depuis quelques mois sur le territoire français, pouvait-on lire dans Le Monde d’alors. La listériose est une maladie bactérienne habituellement peu fréquente dont la source de contamination peut être alimentaire. Parfois responsable chez l’adulte de manifestations neuroméningées, sa forme la plus fréquente est la listériose du nouveau-né, contaminé par la mère lors de la grossesse, ou lors de l’accouchement, par des sécrétions infectées. En moyenne, une quinzaine de cas de listériose provenant d’une même souche sont recensés chaque année en France. Mais, en trois mois, depuis le début du mois d’avril, les services de la santé ont relevé une  » élévation anormale « , exactement 99 cas, dont 20 mortels. »

Outre l’alerte diffusée aux médecins, les services du ministère ont mis en place un système de surveillance et d’investigation comprenant une cellule d’alerte composée de cinq médecins et d’un membre des services vétérinaires du ministère de l’Agriculture et de la forêt.

« Langue de porc en gelée »

 Au mois de septembre le dernier bilan arrêté le 8 septembre par le ministère de la Santé et de l’action humanitaire précisait que l’épidémie de listériose avait entraîné la mort de 48 personnes et a provoqué 13 avortements. Contrairement aux prévisions, cette épidémie continuait sa progression et touchait 70 départements contre 53 en juillet.

Février de l’année suivante, toujours Le Monde : L’épidémie de ces derniers mois a été responsable, en définitive, de 63 décès et à l’origine de 22 avortements. Les résultats de cette étude épidémiologique soulèvent de graves questions médico-légales. La  » langue de porc en gelée  » peut être fabriquée, soit de manière artisanale et vendue dans les charcuteries, soit de manière industrielle et commercialisée dans les grandes surfaces. Il semble que l’épidémie qui a sévi sur l’ensemble du territoire français trouve son origine dans des fabrications industrielles. Curieusement, les enquêteurs ne donnent toutefois pas la ou les marques concernées ni le nom du ou des producteurs, ce qui va jeter l’opprobre sur la totalité de ces préparations quelle qu’en soit l’origine. »

Même jour, même journal : « Une politique de santé publique est en train de naître en France. Amorcée par l’action du groupe dit des cinq  » sages « , ce mouvement s’est accéléré avec les différentes  » affaires  » qui, ces dernières années ont mis en lumière, souvent de manière dramatique, les graves insuffisances de pans entiers du système médical français. Ce mouvement bénéficie depuis peu de l’action impulsée par M. Bernard Kouchner, ministre de la Santé et de l’action humanitaire. Profitant du résultat obtenu dans l’identification des causes alimentaires de la récente épidémie nationale de listériose, il convient d’exposer les raisons d’être et les modalités de fonctionnement du tout jeune  » réseau national de santé publique’’ (RNSP) qui vient d’être mis en place dans notre pays.

Le mutisme de Santé Publique France

Différents niveaux de  » maillage épidémiologique  » sont organisés autour du noyau exécutif, petite équipe de médecins, de statisticiens, d’informaticiens, tous détachés de leur corps d’origine et basés à l’hôpital national de Saint-Maurice. Ce groupe est dirigé par le Pr Jacques Drucker (CHU de Tours), spécialiste de santé publique, formé dans le public, puis dans le privé (groupe Mérieux), à l’épidémiologie d’intervention et de prévention. Le premier cercle d’intervention est celui des médecins inspecteurs des directions départementales de l’action sanitaire et sociale. L’objectif à ce niveau est de renforcer les activités de nature épidémiologique. Le deuxième cercle repose sur la mise en place d’unités régionales d’épidémiologie d’intervention. Outre son conseil scientifique (composé de seize membres) le réseau national de santé publique comprend pour l’essentiel trois partenaires : le ministère de la santé (direction des hôpitaux, direction générale de la Santé), l’INSERM, et l’Ecole nationale de santé publique. Son budget, pour l’année 1993, a pu être fixé à 25 millions de francs.

Un quart de siècle plus tard le RNSP a évolué, grossi, mué, est devenu Santé Publique France. Qui, bizarrement, ne communique pas sur la méthode lui ayant permis de mettre en lumière ce qu’est devenu la gigantesque affaire Lactalis. Hier on exposait la méthode en cachant la marque. Aujourd’hui c’est l’inverse. Pourquoi ?

A demain