Didier Raoult : pourquoi une majorité de Français lui fait-elle plus confiance qu’au gouvernement ?

Bonjour

17/09/2020. Le spectacle médiatique n’en finit plus, sa conclusion reste incertaine. Après des mois de mises en scène télévisées, de sombres coulisses politiques, de caricatures, d’ego chauffés à blanc, d’accusations croisées et d’invraisemblables polémiques médicamenteuses les chiffres sont là : un Français sur deux a une « image positive » du Pr Didier Raoult, microbiologiste à la tête de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection à Marseille. C’est la conclusion d’ un sondage de l’institut Harris Interactive pour la chaîne LCI publié le 16 septembre. L’enquête a été réalisée en ligne les 14 et 15 septembre 2020 sur un échantillon de 1.399 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. En voici l’essentiel :

« Plus d’un Français sur deux (52%) porte aujourd’hui un regard positif sur le Professeur Didier Raoult, quand un tiers des Français (33%) déclare en avoir une mauvaise opinion et 15% ne pas le connaitre assez ou ne pas se prononcer. Une progression de la confiance de 7 points par rapport à une précédente enquête réalisée au mois de mai, qui peut s’expliquer notamment par une légère hausse de notoriété du Professeur marseillais auprès des Français (20% ne portaient pas d’opinion sur lui dans la précédente enquête, 15% cette fois-ci)

« Cette bonne opinion est particulièrement ancrée auprès des Français âgés de 65 ans et plus (68% contre 52% pour l’ensemble des Français) et des habitants de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (64%), région où enseigne le professeur. Les sympathisants de la France Insoumise (62%) et du Rassemblement National (72%) se montrent par ailleurs plus positifs à son égard. »

Et puis ce corollaire, tout aussi édifiant : « De manière générale, quand il s’agit de prendre la parole sur l’épidémie de coronavirus, les Français ont légèrement plus tendance à faire confiance à Didier Raoult qu’au Conseil scientifique missionné par le gouvernement : 46% déclarent avoir confiance dans les prises de parole du conseil scientifique quand les allocutions de Didier Raoult suscitent la confiance de 49% des Français (et même 87% auprès de ceux qui déclarent par ailleurs avoir une bonne opinion de l’infectiologue)

Avec, pour finir, un symptôme que ce phénomène a pris des proportions que la raison ne peut plus combattre : Interrogés sur le traitement qu’ils envisageraient s’ils étaient eux-mêmes atteints par le coronavirus, 4 Français sur 10 (41%) déclarent qu’ils souhaiteraient prendre le traitement à base d’hydroxychloroquine préconisé par le Pr Didier Raoult. Les Français portant un regard positif sur Didier Raoult se montreraient majoritairement enclins à prendre ce traitement (70%), qui attire particulièrement d’ailleurs les populations qui le soutiennent le plus : les Français âgés de 65 ans et plus (53%) ou les habitants de la région PACA (53%). »

La prochaine étape du spectacle battrait des records d’audiences télévisées : le Pr Didier Raoult opposé au Pr Jean-François Delfraissy, président (aujourd’hui de plus en plus critiqué par l’exécutif) du Conseil scientifique du gouvernement. Il semble, malheureusement, que les deux champions scientifiques s’y refuseraient. Il leur reste à nous dire pourquoi.

A demain @jynau

La vague « anti-masques » émerge et enfle en Allemagne. Risque-t-elle d’atteindre la France ?

Bonjour

30/08/2020. Comment ne pas voir désormais, ici, un nouveau symptôme, mi-politique, mi sanitaire ? Comment le classer ? Et faut-il s’en inquiéter ? Des milliers d’opposants au port du masque et aux mesures de restriction contre le coronavirus sont descendus dans la rue samedi 29 août dans plusieurs villes d’Europe, résume l’AFP.  A Berlin tout d’abord. A Londres ensuite où un millier de manifestants se sont rassemblés à Trafalgar Square et ont réclamé « la fin de la tyrannie médicale ». A Paris, enfin, où deux cents à trois cents personnes ont protesté contre le port du masque, désormais obligatoire dans toute la capitale. Peu après 16 h 30, 123 personnes avaient été verbalisées pour …. non-port du masque selon la préfecture de police.

A Berlin la police s’est opposée à la manifestation d’opposants au port du masque et aux mesures de restrictions contre la pandémie de Covid-19  – et ce faute de respect des gestes barrière par les quelque 38.000 participants. La manifestation a conduit à trois cents interpellations après des violences entre manifestants d’extrême droite et forces de l’ordre. «La distanciation minimum n’est pas respectée (…) malgré les demandes répétées» des forces de l’ordre, a indiqué la police, «c’est pourquoi il n’y a pas d’autre possibilité que de dissoudre le rassemblement». Mais comment des anti-masques pourraient-ils défiler masqués ?

« A peine entamée, le cortège parti en matinée de l’emblématique Porte de Brandebourg avait dû faire halte sur l’injonction de la police, résume l’AFP.  Après l’annonce de la dispersion en début d’après-midi, les manifestants, dont beaucoup étaient assis sur la route, sont restés sur place et ont crié «résistance!», puis «nous sommes le peuple!», un slogan employé par l’extrême droite, et entamé l’hymne national allemand.

Selon le ministre de l’Intérieur de Berlin, Andreas Geisel, environ deux cents d’entre eux ont été interpelés devant l’ambassade russe, après avoir lancé des pierres et bouteilles sur les policiers, et la plupart remis en liberté ensuite. Il n’y a pas eu de blessés. Dans la soirée, un groupe a également franchi des barrières autour du Reichstag, qui abrite le parlement, avant d’être repoussé sans ménagement par les policiers, selon un photographe de l’AFP.

Qu’en sera-t-il, demain, en France ?

Au total, quelque 38.000 personnes (selon les autorités) ont participé (en majorité dans le calme) à un meeting au cours duquel les organisateurs ont appelé «à la fin de toutes les restrictions en place» pour combattre le nouveau coronavirus.

Intitulé «fête de la liberté et de la paix», l’événement rassemblait «libres penseurs», militants anti-vaccins, conspirationnistes ou encore sympathisants d’extrême droite. C’est le deuxième de ce type en un mois, un phénomène qui inquiète les autorités. « La foule était très mélangée, de toutes classes d’âge, y compris des familles avec des enfants en bas âge, rapporte l’AFP.  Les drapeaux de la paix arc-en-ciel et de l’Allemagne se côtoyaient, les manifestants ont aussi à plusieurs reprise crié «Merkel doit partir!», le mot d’ordre du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne.

Une précédente manifestation du même type avait déjà réuni le 1er août quelque 20.000 personnes appartenant majoritairement à la sphère d’extrême droite. Elle avait elle aussi été interrompue par la police pour les mêmes raisons que samedi.

« Ce nouveau rassemblement intervient dans un contexte de grogne croissante dans l’opinion allemande à l’égard des restrictions liées à la pandémie, observe encore l’AFP.  Et ce même si l’Allemagne a plutôt mieux résisté que ces voisins, et que les restrictions pour lutter contre le nouveau coronavirus n’ont jamais été aussi strictes qu’en France ou en Italie par exemple. Plusieurs organisations de gauche avaient appelé à des contre-manifestations.

 «Il sera important que nous montrions qu’il ne peut y avoir de tolérance pour les racistes, les antisémites, les extrémistes de droite et les nazis», a asséné Anne Helm, dirigeante de la section berlinoise du parti de gauche radicale Die Linke. » Où l’on voit ainsi dans ce contexte épidémique resurgir, en Allemagne, les vieilles oppositions idéologiques et politiques – sinon toujours démocratiques. Qu’en sera-t-il, demain, dans une France économiquement chauffée à blanc et bientôt entièrement masquée ?

A demain @jynau

Idéologie et PMA : mais pourquoi diable le gouvernement refuse-t-il d’autoriser la «ROPA»?

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27/07/020. « Le grand projet sociétal du quinquennat » est de retour. Neuf mois (sic) après son adoption en première lecture à l’Assemblée nationale, bioéthique et PMA pour toutes sont aujourd’hui de retour dans l’Hémicycle. Idéologies, références à la religion catholique et noms d’oiseaux garantis.

On se souvient de la clef de voûte du projet de loi : l’ouverture des techniques de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de lesbiennes et aux femmes seules. Au choix, une dangereuse régression anthropologique ou, à l’inverse, le droit enfin offert aux femmes fécondes qui souhaitent pouvoir procréer sans devoir avoir recours à des relations sexuelles avec un homme. Jusqu’ici, en France, au nom de la médecine et de la thérapeutique  seuls les couples hétérosexuels stériles (ou hypofertiles) pouvaient avoir accès à ces techniques.

A dire vrai « le grand projet sociétal du quinquennat » aurait pu attendre ; après la crise sanitaire liée au Covid-19, la mobilisation de plusieurs députés de la majorité et de la gauche aura été nécessaire pour que le projet de loi soit inscrit à l’agenda parlementaire avant l’été. Désormais, après le départ d’Agnès Buzyn vers d’autres cieux et le remaniement gouvernemental on retrouvera, pour défendre la position du gouvernement, les ministres de la Santé Olivier Véran, de la Justice Eric Dupond-Moretti et de l’Enseignement supérieur et de la recherche Frédérique Vidal.

Prise en charge intégrale des actes par la Sécurité sociale

Le texte a déjà bourlingué : voté par l’Assemblée nationale en première lecture le 15 octobre 2019, il a ensuite été discuté et nettement amendé par les sénateurs, qui l’ont adopté le 4 février. « Lors des travaux en commission qui ont eu lieu début juillet, les députés ont sans surprise rétabli dans les grandes lignes leur version, et ont ajouté quelques modifications, résume Le Monde (Solène Cordier). Ainsi, sur la PMA, ils ont réintroduit la prise en charge intégrale des actes par la Sécurité sociale, quel que soit le profil des patientes, contrairement aux sénateurs qui l’avaient limitée aux cas relevant d’une infertilité pathologique –  ce qui excluait de fait les nouvelles candidates (femmes seules et couples de lesbiennes) (…) Au cours des trente-sept heures de discussion, l’examen d’amendements sur l’ouverture de la PMA aux personnes transgenres, et la PMA post-mortem, avec les gamètes d’un conjoint décédé, a aussi occasionné de vifs débats. Ils ont finalement été rejetés. »

Mais il y a aussi, plus troublant : les députés se sont montrés favorables (et ce contre l’avis du gouvernement) à l’acceptation de la méthode « ROPA » (réception d’ovocytes de la partenaire) ; ce procédé, autorisé notamment en Espagne, consiste à permettre qu’au sein d’un couple de femmes, l’une mène une grossesse en portant l’ovocyte fécondé de l’autre. La pratique croisée peut aussi être réalisée.

On sait que plusieurs associations LGBT voient là une manière de partager la conception de l’enfant. Le gouvernement, et notamment Olivier Véran, défavorable au procédé, devrait tenter de le faire supprimer en séance 1. Pour sa part le dérangeant Pr Israël Nisand, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens,  trouve que la « ROPA » est « légitime », comme il vient de le déclarer sur France Inter. Il sera du plus grand intérêt de savoir quelles sont les raisons de fond, idéologiques, de l’opposition du gouvernement ; et qui, finalement, l’emportera.

A demain @jynau

1 La précédente ministre « Agnès Buzyn était contre et le gouvernement est contre également cette question-là », déclarait début juillet Olivier Véran sur BFMTV/RMC. La technique implique « une stimulation hormonale et des ponctions d’ovocytes qui ne sont pas des gestes neutres, à une femme qui n’en relève pas forcément », c’est à dire, qui ne souffre pas elle-même de problèmes de fertilité, a-t-il dit. Sur un « sujet complexe, c’est la santé qui doit primer », a-t-il insisté.

« Il y a un acte invasif. Est-ce que la situation justifie d’aller faire un acte invasif ? D’un point de vue éthique la question est extrêmement complexe. La position du gouvernement restera défavorable, même si par ailleurs je peux être moi favorable à certaines évolutions dans le texte, parce qu’on peut avoir des désaccords sur des questions éthiques », a encore déclaré le ministre que l’on retrouve ici étrangement en phase avec les associations opposées à la PMA. La Manif pour tous voit notamment dans cette technique « l’antichambre de la GPA ».

Crise épidémique : l’exécutif accusé d’une gestion des masques «à la petite semaine»

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17/06/2020. Le Dr François Bourdillon a été directeur général de Santé publique France depuis sa création en avril 2016 et jusqu’en juin 2019. Il vient d’être interrogé par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale qui débute ses travaux sur la gestion de la crise du Covid-19. Coup de théâtre : il a dit regretter la «croyance» de nombreux responsables sanitaires dans la «non efficacité des masques» pour le grand public, contrairement à l’approche de réduction des risques prônée par cette agence sanitaire. Le Pr Jérôme Salomon, Directeur général de la santé, aura apprécié.

Selon le Dr Bourdillon c’est cette « croyance » qui est  «probablement une des explications du fait» que seuls 100 millions de masques chirurgicaux aient été commandés à l’été 2019 pour reconstituer le stock stratégique d’Etat – stock qui avait chuté de plus de 700 millions à une centaine de millions après la destruction de stocks en mauvais état.

Santé publique France avait alors recommandé de porter ce stock à 1 milliard pour se préparer à une éventuelle pandémie grippale. Un rapport de l’infectiologue Jean-Paul Stahl remis à Santé publique France en août 2018 préconisait en effet de prévoir une boîte de 50 masques par foyer comprenant une personne malade, soit 20 millions de foyers en cas d’atteinte de 30% de la population. François Bourdillon explique avoir transmis, en septembre 2018, cette préconisation à Jérôme Salomon, soulignant que l’état des stocks «ne permet(tait) pas une protection» du pays en cas d’épidémie.

Voltaire et Rousseau

Ce dernier lui a alors donné instruction de commander 100 millions de masques, ce qui a été fait, après lancement d’un appel d’offres, en juillet 2019: 32 millions ont été livrés courant 2019, le reste devant arriver début 2020, lorsque l’épidémie de Covid-19 a éclaté. Le Dr Bourdillon a également expliqué avoir demandé au responsable ministériel une «doctrine claire» sur la destination de ces masques. Officiellement depuis 2013, hôpitaux et cliniques devaient eux-mêmes déterminer la nécessité ou non de constituer des stocks de masques pour protéger leur personnel. Or rien ne permettait de dire, clairement, si les stocks stratégiques gérés par Santé publique France devaient couvrir les besoins du grand public ou également ceux des soignants.

« Auditionnée dans la foulée de François Bourdillon, l’actuelle directrice de Santé Publique France, Geneviève Chêne, a déroulé un exposé scolaire des missions de l’agence, avant de se faire rappeler à l’ordre par la présidente de la commission, la députée (La République en marche Brigitte Bourguignon Pas-de-Calais), rapporte Le Monde (Chloé Hecketsweiler et Solenn de Royer). Visiblement embarrassée par les questions des députés, elle s’est retranchée à plusieurs reprises derrière le récit circonstancié du travail de l’agence pendant la vague épidémique. Il a fallu attendre les toutes dernières minutes de l’audition pour apprendre qu’elle n’a découvert qu’en janvier n’avoir plus que 100 millions de masques conformes en réserve.» Comment est-ce possible ? Comment justifiera-t-on une telle incurie ?

«Pas de commandes, pas de masques et pas d’instructions… On a le sentiment d’une gestion un peu à la petite semaine» 1, a résumé le député, président du groupe LR, Damien Abad. « Avant de savoir, on ne sait pas »  avait, hier, doctement expliqué aux députés-enquêteurs le Pr Jérôme Salomon – référence faite à Voltaire. Se souvenant de la « faute » de ce dernier, on pourrait, aujourd’hui, citer Rousseau et le ruisseau.

A demain @jynau

1 De manière spontanée, sans réfléchir à l’avenir, à court terme. Cette expression peut également signifier : avec médiocrité, sans grande envergure.

Chloroquine : Donald Trump bunkerisé offre deux millions de doses au Brésil de Bolsonaro

Bonjour

01/06/2020. Qui a dit que les populistes étaient allergiques à la solidarité ? La Maison Blanche a annoncé, le jour de Pentecôte, que les Etats-Unis venaient d’envoyer au Brésil de Jair Bolsonaro deux millions de doses d’hydroxychloroquine. «Les peuples américain et brésilien sont solidaires dans la lutte contre le coronavirus. Aujourd’hui, pour preuve de cette solidarité, nous annonçons que le gouvernement américain a livré deux millions de doses d’hydroxychloroquine au peuple du Brésil, a indiqué l’exécutif américain dans un communiqué. Elle sera utilisée de manière préventive pour aider à défendre les infirmières, les médecins et les professionnels de la santé contre le virus. Elle sera aussi utilisée comme traitement pour soigner les Brésiliens infectés. »

Le même jour le président brésilien Jair Bolsonaro participait à un rassemblement avec ses partisans à Brasilia, bravant une nouvelle fois les recommandations sanitaires. Le chef de l’Etat brésilien, ouvertement contre les mesures de confinement, s’est présenté devant le palais présidentiel, saluant des dizaines de sympathisants qui scandaient : « mythe ! mythe !mythe !». L’AFP rapporte que, tout en se gardant (cette fois) de toucher les mains de ses partisans, M. Bolsonaro, entouré de ses gardes du corps, a porté deux enfants sur ses épaules. Il est par la suite monté sur un cheval de la police.

C’est là le dernier exemple des mises en scène de Jair Bolsonaro qui s’oppose à tout confinement pour protéger l’économie et fait la promotion de l’usage de l’hydroxychloroquine en dépit des dernières recommandations de l’OMS. « Nous restons très calmes et sereins, et il n’y aura aucune modification » dans nos consignes, a déclaré il y a quelques jours Mayra Pinheiro, secrétaire à la gestion du travail et à l’éducation sanitaire, lors d’une conférence de presse à Brasilia, la capitale.

Sous la pression du président Jair Bolsonaro, le ministère de la Santé du Brésil a publié il y a peu un document qui étendait les recommandations d’utilisation de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine y compris aux cas bénins de Covid-19. Avec près de 500 000 cas et 30 000 morts, le Brésil (210 millions d’habitants) est le pays le plus touché par la pandémie en Amérique latine et le deuxième dans le monde derrière les Etats-Unis (1, 8 millions de cas ; plus de 100 000 morts).

Officiellement le président Trump est toujours sous hydroxychloroquine à visée préventive. Le 31 mai il a été brièvement conduit dans un bunker souterrain de la Maison-Blanche. Ce confinement a été décidé par le Secret Service, le service de protection du président et de personnalités alors qu’une manifestation (à la suite de la mort de George Floyd) se tenait devant le lieu de résidence du président américain. D’après CNN, le président a passé un peu moins d’une heure en ces lieux, avec sa femme Melania et leur fils Barron. 

A demain @jynau

Hydroxychloroquine : mais pourquoi diable le Christ s’est-il arrêté à Marseille ?

Bonjour

31/05/2020. Jour de Pentecôte. Questions : Comment lutter contre la promesse d’un traitement miraculeux ? Comment sortir du face-à-face entre un professeur au discours de gourou et des scientifiques aux airs de rats de laboratoires ? Elles sont posées, dans Libération par le Pr. Frédéric Adnet, chef de service des urgences de l’hôpital Avicenne, chef du SAMU 93. Edifiant.

Moins bien connu du plus grand nombre que le microbiologiste de Marseille, le Pr Adnet est néanmoins apparu, ces derniers temps, dans les médias télévisés, où il sait parler haut, clairement, et fort – comme après des propos inexcusables du préfet de police Lallement sur le confinement.

Aujourd’hui, dans Libération il s’attaque à une autre montagne. Il nous confie sa découverte, via une vidéo YouTube, du Pr Didier Raoult. « Dans un cours ‘’improvisé’’, celui-ci expliquait, doctement, les éléments d’un traitement miraculeux du Covid-19 : l’hydroxychloroquinen raconte-t-il. Devant nos yeux ébahis, nous assistions, dès l’administration de ces molécules, à l’effondrement des courbes de charges virales ! Étudiée de plus près, d’un point de vue rationnel et au regard de la rigueur scientifique, la démonstration était… catastrophique. De quoi jeter sa copie au nez d’un interne négligent. Peu importe ! Le ton était donné. D’un côté, l’intuition du professeur, étayé par une communication professionnelle et un sens aigu de la vulgarisation ; de l’autre, des scientifiques, à l’expression austère, prudente, et peu enclins à se faire mettre en pièces par les réseaux sociaux. En un mot, un discours de gourou face au murmure de rats de laboratoires. »

Comment lutter contre une réponse simple à une question complexe ? Comment, en ce jour de Pentecôte, lutter contre un miracle attesté « par une multitude de scientifiques autoproclamés, des professeurs retraités à la recherche d’une ultime heure de gloire, de politiciens flairant le bon coup, faux spécialistes mais vrais communicants, avides de s’associer à une des nombreuses découvertes fracassantes sur la prise en charge de la Covid-19. » ?

On lira la tonique tribune du Pr Adnet dans Libé : « Hydroxychloroquine : le Christ s’est arrêté à Marseille ». Extraits :

« Plus fort que l’absence de méthode scientifique, il y a la méthode de persuasion, toujours la même, l’appel à des bribes d’observations plus ou moins crédibles qu’un rapide raccourci transforme en un lien de causalité pour aboutir à une conclusion logique, mais fausse, et surtout jamais soumise à une expérimentation comparative. On pourrait appeler cela un sophisme rigoureusement scientifique. (…)

« Aller vite ! Cet argument a été invoqué par le Pr Didier Raoult lors de la présentation des 1 061 patients inclus dans une recherche observationnelle. Mais pourquoi ne pas avoir inclus un groupe de patients «contrôle» obtenu par tirage au sort (randomisation) ? La comparaison des deux groupes aurait pu donner une réponse définitive. Sa réponse ? L’intuition, toujours l’intuition, encore l’intuition, tellement forte qu’elle devient force de loi scientifique ! Ne restait plus qu’à trouver LE médicament miracle…

« En médecine, cela existe, comme on l’a vu lors de la découverte de la pénicilline, mélange de hasard et de rigueur scientifique, et non due à la seule intuition ! (…) Le problème, majeur, se pose quand la seule intuition, et une communication à grand spectacle veulent tenir lieu de preuve. Et que face à un quasi divin fondé sur la croyance – «je sens, je sais, donc tu dois croire» – la médecine officielle et ses contre-pouvoirs paniquent en réagissant d’une façon tout aussi maladroite. »

Et le Pr Adnet de revenir sur le dernier et spectaculaire épisode de la série :  la publication dans The Lancet, d’une étude observationnelle rétrospective associant surmortalité et traitement par l’hydroxychloroquine.  Les auteurs soulignaient qu’il s’agissait d’une étude à bas niveau de preuve (absence de lien de causalité) et concluaient que, seule, une étude randomisée prospective pourrait répondre au lien entre hydroxychloroquine et efficacité/dangerosité dans le traitement de la Covid-19.

« Bref, l’article donnait certes une piste importante, mais ne permettait pas de trancher… résume le Pr Adnet. Peu importe ! La réponse de nos tutelles OMS et ANSM, a été immédiate et radicale : interdiction des essais sur la chloroquine ! Une réponse couperet qui n’aura évidemment comme conséquence que d’éterniser le débat et d’enraciner des théories obscurantistes ou complotistes. Ainsi, on ne pourra plus démontrer que son protocole ne marche pas, voire qu’il peut être dangereux… Un beau cadeau à la médecine fondée sur la croyance. Quelle aberration ! C’est la victoire totale du Pr Didier Raoult. »

Ainsi donc le Christ a bien fait une halte à Marseille. « La grande victime de cette spectaculaire et brutale confrontation est donc bien au final la médecine conclut l’urgentiste. Pas celle de la croyance, grande gagnante de ce spectacle, mais bien l’autre médecine, la nôtre, celle fondée sur les preuves. » 

A demain @jynau

A lire également, sur ce thème : Essais cliniques au cours de la pandémie Covid-19 : Cibles thérapeutiques, exigences méthodologiques, impératifs éthiques Académie nationale française de médecine, 29 mai 2020

C’est voté: on peut traiter des données de santé sans le consentement de l’intéressé

Bonjour

09/05/2020. C’est fait : l’article 6 du projet de loi prorogeant l’état d’urgence sanitaire vient d’être adopté en commission mixte paritaire (CMP) – composée de sept députés et sept sénateurs. Objet, on le sait : la création d’un système d’information pour identifier les personnes infectées par le coronavirus et leurs contacts. Avec, en toile de fond, toutes craintes relatives à la violation du secret médical et aux atteintes à la vie privée.

Le texte finalement élaboré prévoit que « des données à caractère personnel 1 concernant la santé relatives aux personnes atteintes par ce virus et aux personnes ayant été en contact avec elles peuvent être traitées et partagées, le cas échéant sans le consentement des personnes intéressées, dans le cadre d’un système d’information créé par décret en Conseil d’Etat et mis en œuvre par le ministre chargé de la santé ».

Ces mesures dérogatoires s’appliqueront, au maximum, pour une durée de six mois « à compter de la fin de l’état d’urgence sanitaire ». Les données ne pourront quant à elles être conservées plus de trois mois après leur collecte. La mise en œuvre de ce système est partagée entre le ministre de la santé, Santé publique France, l’Assurance-maladie et les Agences régionales de santé. « Un décret en Conseil d’Etat précisera les droits d’accès, d’information, d’opposition et de rectification des personnes concernées, atteintes par le virus ou en contact avec ces dernières, lorsque leurs données personnelles ont été collectées » précise Le Monde (Patrick Roger).

Point important : les données d’identification des « personnes infectées » ne peuvent être communiquées, sauf accord exprès, aux « personnes ayant été en contact avec elles » … On imagine les dilemmes.

« Le service de santé des armées, les communautés professionnelles territoriales de santé, les établissements de santé, sociaux et médico‑sociaux, les maisons de santé, les centres de santé, les services de santé au travail, les médecins prenant en charge les personnes concernées, les pharmaciens ainsi que les laboratoires et services autorisés à réaliser les examens de biologie ou d’imagerie médicale participent à la mise en œuvre de ces systèmes d’information et peuvent avoir accès aux seules données nécessaires à leur intervention » ajoute Le Monde.

De même les organismes qui assurent l’accompagnement social des intéressés dans le cadre de la lutte contre la propagation de l’épidémie peuvent également recevoir les données strictement nécessaires à l’exercice de leur mission. Toutes les personnes ayant accès à ces données sont soumises au « secret professionnel ». On attend les commentaires éthiques du Conseil national de l’Ordre des médecins.

A demain @jynau

1 Données portant « uniquement » (sic) sur le statut virologique et le diagnostic

Pourquoi Olivier Véran fait-il référence à Matrix au sujet du «tracing» du déconfinement ?

Bonjour

09/05/2020. Après les « brigades d’anges gardiens » voici deux nouvelles étranges références du ministre français des Solidarités et de la Santé. C’était le 8 mai devant l’Assemblée nationale qui validait la création du controversé nouveau «système d’information» (contact tracing) pour identifier les personnes infectées par le coronavirus et leurs contacts. Une Assemblée qui a adopté le texte du gouvernement en dépit des vives inquiétudes exprimées dans l’opposition qui dénonce ici une  «brèche au secret médical» et de nouvelles menaces vis-à-vis de la protection de la vie privée.

On connaît l’essentiel de «système d’information» créé en lien avec l’Assurance maladie, «destiné à identifier des personnes infectées» et «à collecter des informations» sur les personnes en contact avec elles, afin que le cas échéant elles soit placées à l’isolement.  Avec, patrouillant dans les villes et les territoires des «brigades d’anges gardiens» (des agents de la Sécurité sociale) seront chargés d’enquêter et d’établir la liste des « cas contacts ».

Au terme d’un débat nourri de plusieurs heures, les députés ont voté à main levée en première lecture l’article 6 du projet de loi qui fonde ce dispositif. Pour autant, rapporte l’AFP, des élus de tous bords (y compris dans une majorité présidentielle en cours de fragmentation) ont fait part de craintes en particulier sur le respect du secret médical. Et ce écho avec l’appel solennel du Conseil national de l’Ordre des médecins. Emilie Cariou (LREM) a dit son inquiétude sur une «mise à mal des principes fondamentaux de l’éthique médicale».

Une société des fichiers

«Ce que nous ne voulons pas, c’est une société des fichiers», a affirmé pour sa part Jean-Luc Mélenchon (LFI). Sébastien Jumel (PCF) s’est inquiété du «juste équilibre entre préoccupation sanitaire légitime et respect des droits fondamentaux». Valérie Rabault (PS) a estimé que mettre des personnes non malades dans un tel fichier était «une première», pointant «une brèche inouïe dans le droit français». Pour le groupe LR, Philippe Gosselin a aussi évoqué «une brèche dans le secret médical» tandis que Pascal Brindeau (UDI-Agir) jugeait que l’article porte aussi atteinte «à la vie privée».

Restait à entendre Olivier Véran, plaidant devant les députés le «besoin» de ce dispositif dans le cadre de la stratégie visant «à casser les chaînes de contamination». Un ministre de la Santé, par ailleurs docteur en médecine, assurant, au vu des inquiétudes formulées par certains élus, que ce n’est pas l’«Armageddon» ni «Matrix». Bigre !

Armageddon : un petit mont dans la vallée de Jezréel en Israël. C’est un terme biblique mentionné dans l’Apocalypse pour désigner le lieu du combat final entre le Bien  et le Mal lors de la fin du monde. Ce mot est utilisé pour désigner des batailles catastrophiques, éventuellement d’ampleur planétaire, et, au sens de bataille finale, celle dont l’issue donnera la victoire définitive.

Matrix : création cinématographique (1999) qui dépeint un futur dystopique dans lequel la réalité perçue par la plupart des humains est en fait une simulation virtuelle appelée « Matrice », laquelle est créée par des machines douées d’intelligence afin d’asservir les êtres humains, à leur insu, et de se servir de la chaleur et de l’activité électrique de leur corps comme source d’énergie. Le programmeur informatique Neo apprend cette vérité, c’est le début d’une rébellion.

Pour Olivier Véran il ne s’agit ici, bien au contraire, que «de mettre une brique» à un fichier déjà existant de l’Assurance maladie. Il s’agit certes d’une « entaille faite au secret médical», qui (à la différence les affections dite de longue durée) ne concernera pas que des gens malades. Une entaille indispensable selon lui, car sinon le gouvernement ne pourrait, au moment du déconfinement, développer son maillage de « tracing ». Certes. Et pourtant, quoique puisse dire et penser le ministre-médecin de la Santé on peut percevoir ici, désormais bien présent dans la loi, le méchant parfum de la dystopie.

A demain @jynau

L’Ordre des médecins, ou «StopCovid» : comment lutter en respectant le secret médical ?

Bonjour

05/05/2020. Un dilemme, un piège, une menace. Le Parlement commence aujourd’hui l’examen du projet de loi « prorogeant l’état d’urgence sanitaire », un texte qui met en place, pour reprendre l’étrange expression d’Olivier Véran, des « brigades d’anges gardiens ». On se souvient que le Gouvernement a présenté ce document lors du conseil des ministres du samedi 2 mai. Ce lundi 4 mai au Sénat, puis par la suite à l’Assemblée nationale, les parlementaires auront l’occasion de débattre et d’amender ces nouvelles dispositions légales.

Parmi ces mesures, figure l’article 6 qui crée « un système d’information aux seules fins de lutter contre l’épidémie de covid-19 ». Il  permet « de recenser les personnes infectées par le coronavirus ou susceptibles de l’être, et les personnes ayant été en contact avec elles ». Des dispositions déjà perçues comme à très haut risque par certains gardiens des libertés individuelles, souvent lecteurs de George Orwell.

On attendait ici la lecture du Conseil national de l’Ordre des médecins, cette institution qui – quoique l’on pense par ailleurs- demeure bien en charge du respect du « secret médical », l’une des clefs de voûte des espaces démocratiques occidentaux. Et L’Ordre vient de parler. Garant du secret médical, il réclame au gouvernement de préciser son texte de loi « pour clarifier les missions du médecin et l’utilisation des données des patients ».

Le moment est difficile. Respecter à la lettre le secret ou y déroger pour la bonne cause ? « Les médecins sont, plus que quiconque, conscients de la très grande gravité de la pandémie de Covid-19 et de ses conséquences sanitaires, sociales et économiques, souligne l’Ordre. Leur implication sans réserve est nécessaire à la réussite du processus de sortie maîtrisée du confinement. Leurs patients, et la population dans son ensemble, attendent d’eux cet engagement. »

Le chantage du secrétaire d’Etat au Numérique

Pour autant, dans le même temps « les médecins sont, naturellement et légitimement, très attachés à la préservation du secret professionnel qui protège les patients, le « secret médical ». Cela donne la synthèse ordinale suivante :

« Même s’ils savent que ces dispositions législatives ont pour objet de lever formellement l’obligation de ce secret dans le cadre du déconfinement, il est important de les sécuriser dans leur participation au dispositif d’intérêt public mis en place, lorsqu’ils seront amenés à communiquer des données médicales personnelles de patients atteints de Covid-19. »

Que peut, dès lors, faire l’Ordre des médecins dans ces circonstances inédites ? Rester vigilant et réclamer au gouvernement que le projet de loi « fasse explicitement référence à leur rôle premier dans le dispositif ». « Il est en effet paradoxal que dans le texte actuel de l’article 6, il ne soit absolument pas fait mention des médecins » souligne l’Ordre. Et ce dernier d’ajouter que ce projet de loi « doit garantir qu’il ne pourra exister aucun lien entre ce système d’information et toute mise en œuvre d’application technologique mobile de type ‘’Stop Covid’’.»

Sur ce point l’Ordre des médecins et les citoyens apprécieront, comme il se doit, la dernière sortie de Cédric O, secrétaire d’État au Numérique qui « craint des morts supplémentaires si l’on refuse son application ‘’StopCovid’’». « Le secrétaire d’État au Numérique est persuadé que l’application de traçage est la solution indispensable à un bon déconfinement, écrit Le Figaro (Pierre Maurer). Pour convaincre ses détracteurs et calmer la gronde des oppositions – qui craignent un dispositif de surveillance de masse -, le macroniste a pris la plume dimanche, dans un long article publié sur Medium. Il y écrit notamment que ‘’tant que l’immunité collective n’est pas atteinte’’, le choix est ‘’très simple’’ dans la lutte contre le Covid-19. »

Où l’on retrouve, sous l’encre du pouvoir, le parfum discret mais tenace de certains des écrits prophétiques d’Orwell.

A demain @jynau

Déconfinement: le Conseil scientifique place le pouvoir exécutif devant ses responsabilités

Bonjour

27/04/2020. Les dés sont jetés. Scientifiques et politiques. Demain à 15 heures, le Premier ministre dévoilera aux députés la « stratégie nationale gouvernementale de déconfinement », autour de« six thèmes » : la santé (masques, tests, isolement…), l’école, le travail, les commerces, les transports et les rassemblements. En toile de fond : affrontement désormais public entre l’analyse du risque réalisée par le « Conseil scientifique » et la gestion de ce risque par le pouvoir exécutif.

Nous venons, pour la première fois d’observer une opposition ouverte : sur la question de la réouverture ou pas de l’ensemble des établissements scolaires. Le « Conseil » y était opposé avant septembre, le président de la République a tranché : ce sera la 11 mai. Une opposition qui jette le trouble et conduira nombre de parents à choisir la précaution « scientifiquement » élaborée.

Mais il est un autre affrontement, moins visible. Il faut, pour en prendre la mesure, parcourir les 42 pages de l’Avis n°6 du Conseil scientifique : « COVID-19 20 avril 2020 SORTIE PROGRESSIVE DE CONFINEMENT PREREQUIS ET MESURES PHARES ». Un document dont le gouvernement dispose depuis le 20 avril et qui a pour objectif « d’indiquer les conditions minimales nécessaires pour préparer de façon cohérente et efficace une levée progressive et contrôlée du confinement. » Cet avis liste notamment le « prérequis minimaux de sortie du confinement ».

C’est, à dire vrai, un véritable programme politique On y trouve ainsi par exemple  :

Prérequis 1. Mise en place d’une gouvernance en charge de la sortie de confinement (Une gouvernance nationale unifiée et cohérente, y compris en cas de déclinaisons régionales ; une prise en compte impartiale des enjeux éthiques, liés notamment aux outils numériques, qui ne doivent pas freiner la lutte contre l’épidémie ; une gouvernance coordonnée avec les autres stratégies européennes et tenant compte des enjeux de souveraineté nationale ou européenne, notamment en matière de déploiement d’outils numériques ; une gouvernance qui emporte l’adhésion de la population.)

Prérequis 2. Des hôpitaux et des services sanitaires reconstitués (Des services de réanimation et d’hospitalisation soulagés, des équipes soignantes reposées, des stocks de matériel, de traitements et d’équipements de protection reconstitués ; des établissements intermédiaires pour la prise en charge des patients issus des EHPAD ; u médecine de ville repositionnée en première ligne, avec intégration des outils de suivi numérique des patients COVID-19 consolidée)

Prérequis 3. Des capacités d’identification rapide des cas, de leurs contacts, et d’isolement des patients et de tous les porteurs sains contagieux (Une capacité diagnostique des nouveaux cas reposant sur des tests RT-PCR fiables et accessibles sur l’ensemble du territoire, après une prescription médicale ; un système efficace s’appuyant sur la médecine de ville, des plateformes numériques, et des équipes mobiles pour identifier les cas suspects et les orienter vers des structures de test ; des lieux dédiés de diagnostic rapide des cas suspects, avec transmission rapide des résultats des tests aux individus, à leurs médecins et aux systèmes de surveillance pour le suivi de l’épidémie ; des plateformes téléphoniques complétées par des équipes mobiles pour la prise en charge des cas diagnostiqués et de leurs contacts ; des équipes mobiles et des outils numériques pour un traçage efficace des contacts ; des lieux d’hébergement pour les personnes souffrant de formes bénignes de la maladie.)

La « République des savants »

On y trouve surtout le « prérequis 6 » « Des stocks de protection matérielle pour l’ensemble de la population » 1 : des masques FFP2 et/ou chirurgicaux disponibles et accessibles pour les soignants et les personnes à risque de contamination en fonction du contexte ; des gels hydro-alcooliques ; des masques alternatifs de production industrielle ou artisanale anti-projection disponibles pour l’ensemble de la population et distribués en priorité aux personnes en contact régulier avec le public ; une éducation à l’utilisation des masques par la population générale. Et le Conseil scientifique de mettre en garde l’exécutif et d’alerter les citoyens :

« L’ensemble de ces éléments constitue ce prérequis à la sortie de confinement. Il est à noter que nous n’avons pas de données solides actuellement sur l’efficacité des masques alternatifs ; les résultats de l’efficacité des masques alternatifs évaluée par les agences de santé seront disponibles prochainement. Les stocks de matériel, de traitements spécifiques à la réanimation, et d’équipement de protection (masques, etc.) devront avoir été reconstitués de façon suffisante, tant pour les personnes cibles (personnels soignants hospitaliers et non hospitaliers, personnes en situation d’exposition accrue au virus du fait de leur activité professionnelle), que pour l’ensemble de la population, selon leurs besoins.

« L’ensemble de la population doit porter un masque dans les espaces accueillant du public (espaces fermés, et notamment dans les transports, les magasins…). Cela réduit la transmission des gouttelettes et peut-être des aérosols. Dans les régions qui ont été les plus touchées, des lits mais aussi des personnels formés et des matériels dédiés, notamment des respirateurs, doivent être disponibles en nombre suffisant. »

« Cet avis est d’autant plus embarrassant pour les pouvoirs publics qu’il n’est pas contraignant, observe Le Monde (Franck Nouchi). Un jour, peut-être, le gouvernement se verra-t-il reprocher de ne pas avoir respecté de ce qu’avait dit Emmanuel Macron, le 12 mars, lors de sa première allocution télévisée consacrée à l’épidémie : ‘’Un principe nous guide pour définir nos actions, il nous guide depuis le début pour anticiper cette crise puis pour la gérer depuis plusieurs semaines, et il doit continuer de le faire : c’est la confiance dans la science. C’est d’écouter celles et ceux qui savent.’’ »

Emmanuel Macron aurait aussi pu, en même temps, s’interroger sur les risques de l’avènement d’une dictatoriale « République des Savants » : demain le Pr Delfraissy et son Conseil siégeant en permanence au Palais de l’Elysée ? Il nous reste, pour l’heure, à écouter le Premier ministre devant la représentation nationale.

A demain @jynau

1 Position de Jean-Laurent Casanova membre du Conseil (immunologie-pédiatrie) : « les masques FFP2 (ou N-95) doivent être disponibles et accessibles pour l’ensemble des professionnels de santé au contact de patients infectés ou potentiellement infectés, et donc contagieux. Ces soignants sont à haut risque de contamination. Pour la population générale, des masques chirurgicaux ou équivalents sont suffisants ».