Autisme : enquête sur des pratiques prohibées. Le Pr Montagnier pourrait-il être inquiété ?

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18/09/2020. Huit ans plus tard, rebondissement dans une affaire que l’on pensait oubliée. Et ce sur une initiative de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). L’ANSM vient ainsi d’annoncer avoir saisi le procureur de Paris quant à des pratiques de prescriptions médicamenteuses dangereuses chez des personnes autistes. L’agence en avait elle-même été informée fin 2019, via sa procédure de lancement d’alerte, par la présidente de l’association SOS Autisme, Olivia Cattan, et a, depuis, notamment recueilli des témoignages de parents et des ordonnances faisant état de ces prescriptions.

Pour la première fois le pôle santé publique du parquet a, sur ce sujet, ouvert une enquête le 11 septembre pour « mise en danger de la personne d’autrui » et « infractions tenant à la réalisation de recherches impliquant la personne humaine », annonce le ministère public. Les investigations ont été confiées à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp).

Ainsi donc « certains médecins » prescriraient de médicaments en dehors de leurs autorisations de mise sur le marché (AMM) pour traiter des enfants atteints d’autisme. « Il s’agit, en particulier, de prescriptions de médicaments anti-infectieux (antibiotiques, antifongiques, antiparasitaires et antiviraux) sur des périodes longues de plusieurs mois mais également de médicaments destinés au traitement des intoxications aux métaux lourds (chélateurs) » précise l’ANSM. Qui ajoute :

« En l’absence de données cliniques, ces médicaments, utilisés en dehors de leur AMM, ne sont pas recommandés dans la prise en charge des troubles du spectre de l’autisme par la HAS. De plus, les anti-infectieux présentent des risques de survenue d’effets indésirables en particulier lors d’une exposition au long cours. Ils peuvent se caractériser, outre les effets digestifs, par des troubles cardiovasculaires, cutanés, ainsi que par d’autres troubles spécifiques à chaque antibiotique utilisé. Par ailleurs, l’utilisation d’antibiotiques sur une durée longue va contribuer à l’émergence d’une antibiorésistance qui diminuera l’efficacité du traitement en cas d’infection avérée. »

Selon Olivia Cattan, présidente de l’Association SOS Autisme (qui s’apprête à publier un livre sur ces pratiques) une cinquantaine de médecins seraient concernés, dans la mouvance de l’association Chronimed, fondée par le controversé Pr Luc Montagnier ; des médecins qui auraient ainsi traité quelque 5 000 enfants depuis 2012. Ces recherches illégales se seraient tenues dans un institut médico-éducatif situé dans le département des Hauts-de-Seine. « On voudrait vraiment que ça aille en justice et que ces médecins soient radiés » déclare Olivia Cattan.

En 2012 le Luc Montagnier, prix Nobel 2008 de médecine pour avoir co-découvert le du virus du sida, défendait l’idée d’une « piste infectieuse » pour expliquer l’autisme. Il affirmait, vidéos à l’appui, que les antibiotiques pouvaient améliorer l’état de la majorité des enfants concernés. Dans un communiqué, SOS Autisme fait part de sa consternation, et juge « impensable qu’aujourd’hui, cet établissement n’ait été l’objet d’aucun contrôle de la part des autorités concernées ».

A demain @jynau

Covid-racket : comment Jean-Michel Blanquer peut-il oser faire payer les masques scolaires ?

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22/08/2020. Et voici notre pouvoir exécutif une nouvelle fois embarqué dans une affaire-scandale de masques – une étrange plaie politique dont il aurait pu aisément faire l’économie. Car en annonçant, comme il vient de le faire, que les protections masquées des élèves seraient à la charge des familles, le ministre de l’Education a, en un instant, fait l’unanimité contre lui : parents d’élèves, responsables syndicaux et politiques (de gauche comme de droite), qui réclament à l’unisson, et fort justement, leur gratuité.

On croyait connaître le profil rigoureux de Jean-Michel Blanquer. On découvre progressivement, avec le confinement-déconfinement, des incohérences croissantes dans son discours. «Le masque sera une fourniture comme une autre ; comme on vient avec sa trousse ou ses cahiers.» Sous-entendu : c’est aux familles de les procurer à leurs enfants. Le « masque »  rangé au rayon des gommes, équerres et taille-crayons ? Ces propos du ministre de l’Education, tenus sur France 2, ont aussitôt déclenché la colère des enseignants et des parents d’élèves. «C’est un déni de réalité et une confusion des genres. Le masque n’est pas un outil éducatif. Il ne viendrait à personne l’idée de dire que la Ventoline d’un enfant qui souffre d’asthme est une fourniture», s’est indigné Rodrigo Arenas, coprésident de la Fédération des Conseils de Parents d’Elèves (FCPE) cité par Libération (Thibaut Ghironi). Et cette fédération de lancer une pétition. Elle réclame que :

« – des masques soient pris en charge gratuitement par la puissance publique, et que des masques FFP2 soient mis à disposition des enfants et personnels fragiles ;

– des personnels soient recrutés pour que les classes fonctionnent en petits effectifs et qu’en cas de fermetures d’établissements les enfants soient pris en charge par ces personnels plutôt que par les parents ;

– des sanitaires mobiles soient installés partout où les équipements sont en nombre insuffisant pour permettre le respect des gestes barrières. »

Voile interdit, masques imposés

Serait-ce trop demander ? En retour, lors de son intervention, Jean-Michel Blanquer a rappelé que l’allocation de rentrée scolaire était augmentée de 100 euros cette année en raison de la crise sanitaire. Comment ne comprend-il pas que l’argument ne pourra pas passer ?  «Les masques représentent 200 euros par mois pour une famille avec deux enfants», estime Rodrigo Arenas. Chez les enseignants, Frédérique Rolet, présidente du Snes-FSU, le syndicat majoritaire dans le secondaire considère que le ministre est hors-sujet : une hausse de l’allocation de rentrée scolaire n’a strictement aucun de rapport avec la question des masques – ne serait-ce que parce que «chaque rentrée voit une augmentation du coût des fournitures et des frais supplémentaires» pour les familles.

Ce n’est pas tout. De plus en plus présent dans les médias le maire EE-LV de Grenoble, Eric Piolle, a estimé sur France Info qu’«aller vers la gratuité et la fourniture de masques dans les collèges et les lycées semble indispensable». Et, cité par Libé,  le député LFI Eric Coquerel a pointé dans un tweet une «faute sanitaire» du ministre de l’Education : «Le principe de l’école est, en théorie, d’être gratuite et obligatoire. Si y aller implique désormais de porter obligatoirement un masque alors il doit être gratuit.» 

L’extrême gauche est ici, une fois n’est pas toujours coutume, dans une certaine logique. Depuis le déconfinement, La France insoumise défend cette position : ses députés avaient déposé une proposition de loi le 28 avril préconisant la fourniture gratuite de masques à tout le monde dans un objectif de santé publique. Depuis l’affaire n’est pas sans convaincre dans les rangs adverses. Valérie Rabault, présidente du groupe PS à l’Assemblée nationale, a demandé la distribution d’un quota de masques gratuits par citoyen le 4 août. Puis le député LR Eric Ciotti a tweeté sur le sujet : «Le coût des masques pénalise les populations les plus précaires. Pour garantir son égal accès à tous, […] j’appelle à sa gratuité.» Sans oublier l’extrême-droite qui s’est elle aussi prononcé pour des masques gratuits.

« Seule la majorité présidentielle reste muette » observe Libé. Sans surprise, comme privée de parole. Une majorité qui se souvient de la métaphore présidentielle sur la situation de « guerre » dans laquelle nous sommes. La France faisait-elle, jadis, payer à ses soldats les guêtres et leurs boutons ?  Sans parler du « verre de lait » offert aux écolier (1954) par Pierre Mendès-France.

Face aux réactions hostiles, Jean-Michel Blanquer a d’ores et déjà – exercice périlleux- tenté de rétropédaler. En déplacement dans une école de l’Oise, nous dit Libé, il s’est dit être «en situation de fournir des masques aux élèves qui en ont le plus besoin» – confirmant une politique au cas par cas. «On regarderait avec l’élève et sa famille la réalité du problème», a-t-il ajouté. On « regarderait » ou on « regardera » ? Dans les deux cas cela donne l’image d’une République à petit bras.

A demain @jynau

Covid: Le Pr Caumes désavoué par le président du Conseil scientifique du gouvernement

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05/08/2020. Lancée par le Pr Eric Caumes et rapportée par le menu dans ces colonnes la controverse ne cesse de prospérer. Rappelons la position, sur une question pratique et politique majeure, du chef du service des maladies infectieuses de la Pitié -Salpêtrière :

« Ce qui semble ne pas avoir été compris dans mes propos c’est que de toute façon les jeunes n’en ont rien à faire. Il faut composer avec cette réalité incontournable ou assumer d’envoyer police ou armée pour faire respecter la distanciation ou le port du masque.

« Comme ce n’est pas fait, avec juste raison, je pense qu’il faut composer – c’est à dire relever le positif (immunité dans ce groupe qui s’avérera bien utile au moment de reprendre école, collèges, lycées et universités), tout en avertissant des dangers pour eux (formes rares possibles aussi, même si rares), et pour les autres (respect des anciens). »

Réponse ce matin, sur RTL, (Jérôme Florin) du Pr Jean-François Delfraissy, toujours omniprésident du Conseil scientifique du gouvernement  – et, ici, porte-parole officieux d’un exécutif en semi-vacances.

« L’épidémie de cet été touche beaucoup les sujets jeunes. Reprenons ça autrement : ce sont les jeunes qui prennent le moins de distanciation sociale, qui portent le moins le masque. Les messages de prévention ont du mal à passer. Ce sont eux qui se contaminent », a-t-il souligné. Pour autant, le président du Conseil scientifique se place en total désaccord avec le professeur Eric Caumes qui propose de  laisser les jeunes se contaminer entre eux pour participer à « l’immunité collective ».

« Surtout pas ! », « Surtout pas ! », martelle Jean-François Delfraissy qui explique -euphémisme- être en « léger désaccord » avec son confrère.   « Si on laisse les jeunes se contaminer entre eux avec son idée d’obtenir une immunité collective plus importante, ça a été réalisé en Suède et ça n’a pas marché. Et y a eu une contamination très importante des personnes âgées, plus importante qu’en France. Si on laisse le virus circuler dans cette population jeune, forcément à un moment donné, il va nous échapper » prévient-il. Les mesages de prévention concerne aussi les jeunes. »

Pourquoi ces silences d’Olivier Véran et de Jérôme Salomon (DGS)

Pour le reste le citoyen, submergé par des médias en boucles sanitaires permanentes, peine à s’y retrouver. Il apprend ainsi que  les rassemblements culturels (spectacles, concerts etc.) « de plus de 5000 personnes » pourront être autorisés, à compter du 15 août, par les préfets en respectant «certaines conditions» sanitaires, a indiqué mardi 4 août le ministère de la Culture dans un communiqué. La distanciation d’un siège entre deux personnes ou groupes de personnes est requise ainsi que le port du masque, rappelle le ministère, après la publication d’un décret fin juillet annonçant de possibles dérogations pour tous les rassemblements.

En pratique, à compter du 1er septembre 2020, « les spectacles, festivals, concerts, ainsi que les foires et salons », pourront se tenir, « sans jauge, ni autorisation préfectorale ». De nouvelles informations sur l’évolution des mesures sanitaires seront disponibles aux alentours du 24 août, affirme le ministère, alors que les divers secteurs du spectacle vivant n’ont cessé d’alerter sur la pérennité de leurs activités, du fait de l’interdiction de grands rassemblements avec la crise du coronavirus.

Dans le même temps le même citoyen apprend que le SARS-CoV-2 continue de circuler en France. Deux personnes en sont décédées ces dernières 24 heures, portant à 30.296 le nombre total de victimes depuis le début de l’épidémie, a annoncé le mardi 4 août la Direction Générale de la Santé (DGS) dans son communiqué quotidien. 1039 nouveaux cas ont été dépistés ces dernières 24 heures. 139 nouvelles admissions à l’hôpital ont été recensées, portant à 5162 le nombre total de malades actuellement hospitalisés.

Parmi eux, 21 nouveaux patients graves ont été admis en réanimation depuis hier, portant le solde de patients dans ces unités à 388, contre 384 hier. Les régions «Île de France, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Hauts-de-France et Guyane regroupent 70% des malades en réanimation», précise la DGS. A quand les spectacles, festivals, concerts, ainsi que les foires et salons dans ces régions ?

Une DGS qui, pas plus que le ministre Olivier Véran, n’ont encore  répondu de manière circonstanciée et transparente à la dérangeante proposition du Rr Eric Caumes. Le citoyen, spécialiste ou pas, aimerait un jour prochain comprendre pourquoi.

A demain @jynau

«Conflits d’intérêts» : quelles suites après le show explosif du Pr Raoult devant les députés ?

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25/06/2020. Tempêtes à l’horizon. On découvrira sur cette vidéo, l’invraisemblable arrivée « rock star », à l’Assemblée nationale, du microbiologiste marseillais ultra-médiatique masqué. Puis la suite, un document essentiel : plus de trois heures d’une audition hors du commun devant la commission d’enquête sur la gestion de la pandémie à l’Assemblée nationale. Une audition rapidement transformé en un réquisitoire hors du commun , une charge menée par un double acteur : acteur dans la lutte contre la pandémie et acteur mettant en scène, avec gourmandise, sa propre personne. Un homme dont une boutique marseillaise commercialise avec un succès croissant des « bougies à son effigie » – comme a jugé utile de le préciser l’un de ses voisin niçois, Eric Ciotti (LR) par ailleurs rapporteur de la commission d’enquête. Il aurait pu ajouter que ce microbiologiste enflé de sa nouvelle puissance est devenu l’une des personnalités « politiques » préférées des Français.

Tour à tour présenté comme infectiologue ou épidémiologiste le Pr Raoult a plus que dominé son sujet. Professeur des écoles, savant surplombant, procureur révolutionnaire, néo-ministre de la santé, intime du président de la République, le plus ancien dans le grade le plus élevé il a littéralement envoûté les quelques députés qui ne l’étaient pas encore. Beaucoup n’ont pas saisi la somme des sous-entendus mais ce fut aussi et avant tout un terrible règlement de compte, une avalanche d’accusations parfois nominatives, parfois réitérés, une somme qui pourrait, demain, conduire à des actions pour diffamation.

 « Votre action a suscité une multitude de réactions passionnelles qu’on n’a pas l’habitude de voir dans une crise sanitaire, a d’emblée  résumé le rapporteur Eric Ciotti. Vous êtes ou haï ou adulé. » Dans l’enceinte il fut majoritairement adulé. On imagine les haines qu’il a pu alimenter en dehors – et qui ne tarderont guère à prendre corps.

Ses erreurs majeures, ses contradictions ? « L’avenir n’est à personne, l’avenir est à Dieu », botte en touche grâce à Victor Hugo.Porté au-delà des nues par les tenants de l’antisystème et du populisme bon teint il savamment réavivé les conflits latents qui dans son domaine opposent Paris à Marseille, Marseille à Lyon, la province contre la capitale, les puissants contre les faibles. Comme dans l’affaire du « Conseil scientifique ». installé par Emmanuel Macron en mars pour l’aider dans sa prise de décisions. « J’étais un ovni, un extraterrestre », au milieu d’« une bande de types qui ont l’habitude de travailler entre eux », mais dont aucun « n’est expert des coronavirus », a-t-il accusé. « Je ne suis pas un homme de réunion, je suis un homme de données », a-t-il insisté, précisant qu’il n’était « pas d’accord » avec ce que le tout-puissant Pr Jean-François Delfraissy et son « cénacle » avaient préconisé pendant la crise. Le divorce était inévitable. Il est loin d’être soldé.

« Comme des blaireaux dans leur terrier qui mordent quand on s’en approche ».

Pour autant, Didier Raoult n’avait jamais rompu le contact avec l’exécutif – il s’est tout simplement mis en contact direct avec Olivier Véran, ministre et Emmanuel Macron, président, un proche qui sait l’entendre et le comprendre. Et d’attaquer non plus, cette fois, le ministre de la Santé mais son entourage.  « Quand on est un politique, il faut avoir un rempart (…) une garde prétorienne (…) qui a des nerfs (…) et traite des données (…) afin que le ministre ne soit pas submergé d’informations inquiétantes qui ne se révèlent pas vraies », a-t-il requis, en précisant que si ce n’était pas le cas, le ministre pouvait « exploser de manière insupportable ». « Vous décrivez un ministre sous influence ! », a bien noté le voisin Eric Ciotti.

Plus grave le microbiologiste a très clairement évoqué les conflits d’intérêt pouvent expliquer une part des difficultés de la France face au Covid-19 : « Il faudra faire une véritable enquête sur l’américain Gilead et son [antiviral] remdesivir dont la stratégie était fondée sur l’influence. » Il s’est étonné de la proximité entre le directeur du laboratoire américain Gilead et certains cliniciens qui « se tutoyaient ». Cette familiarité engendre selon lui « un écosystème favorable » à l’industrie. Mieux encore il a rappelé avoir récemment publié une analyse montrant une corrélation entre une expression publique défavorable à son hydroxychloroquine et le fait d’avoir été financé par la puissante société américaine – une publication dans laquelle il se garde bien de nommer les médecins concernés. « Je ne dis pas qu’il y a une causalité, mais une coïncidence. »

Il a aussi mis gravement en cause l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) et la Haute autorité de santé (HAS) en raison de « conflits d’intérêts très sérieux » en leur sein. Des noms de coupables ? Il suffira aux députés de visiter le site Euros for Docs, qui milite pour la transparence du lobbying dans la santé, pour mener leur enquête. « Vous avez porté des accusations extrêmement graves, a relevé Eric Ciotti. Nous serons amenés à explorer cette voie, afin d’en tirer toutes les conséquences. »

Puis nouvelles charges, également violentes, nouveaux règlement de comptes avec l’Inserm et l’Institut Pasteur «  qui ferme à 19 heures » Les failles gouvernementales majeures concernant le recours aux tests PCR de dépistage ? Là encore mitraillage visant les « Centres nationaux de références » dont les membres sont. « comme des blaireaux dans leur terrier qui mordent quand on s’en approche ».

Tout cela il le sait et le mûrit depuis 2001, date de sa prise de conscience de l’impréparation du pays face à ce type de crise. Il sait, depuis que les maladies émergentes devraient constituer « un domaine régalien ». Il voit son IHU comme un « fort de Vauban ». D’ailleurs dans un rapport rendu en 2003 commandé par le ministre de la santé Jean-François Mattéi (en dépit des réserves de Bernard Kouchner) il préconisait d’en répartir sept sur le territoire pour assurer recherche, veille et protection, calqués sur les zones de défense militaires. « Une crise de cette nature doit être gérée par le Secrétariat général à la défense nationale »assure celui qui pourrait prendre la tête des troupes.

Pour le reste, accusation des « méthodologistes » et du rituel des essais randomisés, citations à l’envi de philosophe, glorification de sa personne, déclarations d’amour à la science de celui qui assure ne pas être un prophète – tout en en ne cessant, caressant ses longs cheveux, d’en prendre le visage.  Il faudra noter le niveau des ventes de bougies, dans la boutique marseillaise.

A demain @jynau

Chloroquine : les autorités sanitaires américaines interdisent son usage contre la Covid-19

Bonjour

15/06/2020. Que s’est-il passé ? La « raison » retrouvée ? Les autorités sanitaires américaines viennent d’annoncer retirer l’autorisation d’utiliser en urgence deux traitements contre le Covid-19 : la chloroquine et l’hydroxychloroquine, deux spécialités défendues avec vigueur par Donald Trump, un président aujourd’hui de plus en plus contesté.

«Il n’est plus raisonnable de croire que l’administration par voie orale d’hydroxychloroquine et de chloroquine soit efficace dans le traitement du Covid-19 , explique, dans un courrier la responsable scientifique de l’Agence américaine du médicament (FDA) Denise Hinton. Il n’est pas non plus raisonnable de croire que les bénéfices connus et potentiels de ces produits dépassent leurs risques connus et potentiels » En d’autres termes :

« FDA has concluded that, based on this new information and other information discussed in the attached memorandum, it is no longer reasonable to believe that oral formulations of HCQ and CQ may be effective in treating COVID-19, nor is it reasonable to believe that the known and potential benefits of these products outweigh their known and potential risks. Accordingly, FDA revokes the EUA for emergency use of HCQ and CQ to treat COVID-19, pursuant to section 564(g)(2) of the Act. As of the date of this letter, the oral formulations of HCQ and CQ are no longer authorized by FDA to treat COVID-19. »

Et pour en savoir plus : Frequently Asked Questions on the Revocation of the Emergency Use Authorization for Hydroxychloroquine Sulfate and Chloroquine Phosphate.

On attend avec le plus grand intérêt la réaction des promoteurs marseillais.

A demain @jynau

Covid et chloroquine: un spécialiste dénonce «l’union de l’incompétence et de l’arrogance»

Bonjour

14/06/2020. On ne l’avait pas vu sur les plateaux médiatiques ; il s’exprime aujourd’hui haut et fort dans un ouvrage qui se veut « choc » et dont il donne la substance dans un entretien accordé au Figaro Magazine (Charles Jaigu). L’ouvrage :  « Y a-t-il une erreur qu’ILS n’ont pas commise ? : Covid-19, l’union sacrée de l’incompétence et de l’arrogance » (Albin Michel).  Quatrième de couverture :

« Vous croyez savoir ce qui s’est passé ? Un médecin réputé raconte à quel point la crise du Covid-19 a été un désastre sanitaire. Le président ? Le premier ministre ? Les ministres de la santé ? Les experts ? Ils n’ont rien vu venir. Plus grave : certains savaient. Un témoignage féroce, incontestable, inquiétant. Un livre nécessaire sur tout ce qui n’a pas été dit. »

On pourrait tourner la page. Mais le Pr Christian Perronne, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de Garches, a été président de la Commission spécialisée Maladies Transmissibles du Haut Conseil de santé publique. Et celui qui « ne retient pas ses coups dans le livre qu’il publie » est aussi une personnalité controversée dans son cercle professionnel – au vu notamment des positions qu’il défend dans le champ de la maladie de Lyme. Il se dévoile un peu plus dans l’entretien accordé au Figaro.

Aucun mea culpa : « Tous les médecins spécialistes des maladies infectieuses savent que l’on est toujours surpris. Cela a été beaucoup dit, et à juste titre. J’ai dit, dès le mois de février, que cette épidémie ne serait pas une grande tueuse, mais qu’il y aurait beaucoup de victimes parmi les personnes à risque. Finalement, c’était à peu près ça. Il suffisait de regarder ce qu’il se passait en Chine! »

Attaque frontale du Pr Jérôme Salomon, Directeur général de la santé . «  Il a été médecin dans mon service et j’ai poussé sa nomination comme professeur. Je le connais bien: il est carré, méticuleux, il aime les procédures solides. Je lui faisais confiance. (…)  J’ai été troublé, puis consterné par ses choix opérationnels. Après l’interview d’Agnès Buzyn accordée au Monde, nous avons appris qu’elle aurait alerté le directeur général de la santé dès le 20 décembre d’un risque de pandémie potentiellement sérieuse. Pendant tout le mois de janvier, la pression est montée. Et il n’a pas bougé. Il a laissé venir. Et c’est seulement le 30 qu’il se réveille, pour ne commander que 1,1 million de masques, à savoir une quantité dérisoire. (…)

« S’il avait pris conscience de l’erreur commise pendant le quinquennat Hollande, pourquoi ne l’a-t-il pas aussitôt corrigée une fois aux responsabilités avec Emmanuel Macron? Bien au contraire, il laisse les stocks en l’état. Puis il est alerté dès le 20 décembre, comme l’affirme Agnès Buzyn. Et il attend quarante jours avant de passer une commande très insuffisante. Il n’a pas pris les précautions auxquelles on aurait pu s’attendre. »

Où l’on en vient à sa colère quant au dossier «chloroquine» et à sa conviction : l’administrer sous une forme préventive aux patients fragiles aurait permis de réduire le nombre de morts.

« J’en suis convaincu. Il était criminel de ne pas la prendre au sérieux, alors qu’on savait par la Chine et par les résultats, certes insuffisants au début, de Raoult, qu’elle était efficace. Encore fallait-il l’administrer de la bonne manière. J’ai été sidéré par le nombre d’études bidon qui étudiaient ses effets dans des conditions défiant tout bon sens. »

Le Pr Perronne accuse d’autre part des membres du Conseil scientifique ou du Haut Conseil de la santé publique d’avoir écarté la chloroquine à cause de liens d’argent avec des laboratoires concurrents.

« Je connais le règlement intérieur du Haut Conseil. Plusieurs médecins n’auraient pas dû participer à la délibération sur la chloroquine. Rien n’a été fait dans les règles. Les procédures accélérées existent, mais elles sont sous contrôle. Le Pr Franck Chauvin a rendu deux avis bâclés. Pas de vote, pas de déclaration d’intérêt: ce n’est plus le Haut Conseil que j’ai connu.

Et pour finir attaque du Conseil scientifique du gouvernement (et de son président) dont il moque les « avis contradictoires » et les « commentaires évasifs »

« Ce n’est pas parce qu’ils n’avaient pas de certitudes qu’ils ne pouvaient pas prendre certaines mesures énergiques. Ils ont immobilisé toute la France et gravement mis en péril l’économie. J’étais hostile au confinement total, jusqu’au moment où il n’a pas été possible de faire autrement. Mais, justement, on aurait pu éviter cela. Cette pandémie ne touchait pas la population active ou les jeunes – contrairement à H1N1, en 2009 -, mais les populations âgées ou fragiles. S’ils avaient fait des tests au lieu d’attendre. S’ils avaient eu les masques, ils auraient isolé les Ehpad, les patients fragiles et les malades infectés. C’était possible et ils ne l’ont pas fait. Pourtant, à les entendre, ils sont très contents d’eux. C’est aussi cela que je dénonce, leur autosatisfaction ! »

Quelles suites pourront connaître ces différentes accusations ?

A demain @jynau

« Hydroxychloroquine – Didier Raoult », la grande affaire française étrillée depuis Genève

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04/06/2020. C’est acquis : l’affaire « Didier Raoult – Chloroquine » est devenue la grande affaire nationale française du moment. Elle intègre à merveille la peur et l’espoir, la médecine à la science, la croyance à la politique, le médiatique aux polémiques, les élites aux Gilets Jaunes. Jouant miraculeusement de l’étrange, l’homme parle où et quand il veut, délivre des messages, philosophe sur la médecine, cet art qui se nourrit de science, dénonce les vices de sa confrérie, accuse les méthodologistes-mathématiciens glorifie en permanence son parcours et ses compétences.

C’est sans précédent et cela dure, l’affaire s’auto-alimente. Pour autant, sauf à imaginer une rapide propulsion vers les sphères politiques (Didier Raoult, ministre de la Santé et/ou maire de Marseille) le sujet, bientôt, s’épuisera.

Pour l’heure, tout ceci intéresse-t-il au-delà de nos frontières ? Comment, par exemple, perçoit-on ce phénomène depuis Genève ? Donnons ici un extrait du « bloc-notes » 1 que tient le Dr Bertrand Kiefer dans la Revue Médicale Suisse dont il est le rédacteur en chef :

« Il était un savant de Marseille qui, depuis son bain de bulles, affirmait que la pandémie commençante serait moins mortelle que les accidents de trottinette. Il savait, avec certitude. Le même savant annonce ces jours la fin imminente de la pandémie. Il sait, là encore. Et c’est lui qui, enveloppé dans son immense savoir et télégénisé par son look ésotérico-rebelle, a entraîné le monde sur la piste savonneuse d’un antimalarique miracle.

« Avec ses disciples (groupe qui comprend une partie non négligeable de l’humanité, quantité de chefs d’État, plein de professeurs et de médecins de tous poils, et un quarteron de spécialistes fumeux), il affronte les autres, l’élite, les « bien-pensants », affirmant que l’urgence pandémique exige d’abandonner la servitude de la méthode et de l’éthique de la recherche scientifique. S’imposerait donc, selon lui, l’instinct, le savoir infus.

La bouée, le parachute et le savoir du gourou

« Quand quelqu’un se noie, on lui lance une bouée, sans d’abord vérifier son efficacité, ou encore, quand on saute d’un avion, on utilise un parachute, même s’il n’a jamais fait l’objet d’une recherche contre placebo (cet argument prend au sérieux un article du BMJ sur le sujet, publié dans l’un des numéros de Noël connus pour servir de défouloir annuel à l’humour british). Certes, mais comment savoir qu’on a bien affaire à une bouée ou un parachute ? Le gourou, lui, sait.

« En conséquence, tout a été fait à l’envers. Courant derrière l’engouement international, quantité d’études ont été lancées, impliquant des dizaines de milliers de patients dans le monde, sans coordination, avec des protocoles souvent bâclés. Il a fallu trois mois d’un immense effort pour que la marge d’ignorance se resserre. Résultat : l’antimalarique n’est en tout cas pas le médicament-miracle annoncé, celui qui devait sonner la « fin de partie » (selon le savant) ou s’imposer en « game changer » (selon un autocrate narcissique nord-américain). Mais l’argent et l’énergie drainés par ces études (sans compter la difficulté à recruter les patients : personne ne voulant plus prendre le risque de se trouver dans un bras autre ou placebo) ont empêché de tester d’autres hypothèses intéressantes, à l’efficacité a priori autant, voire davantage plausible. Un immense gâchis. »

Il nous restera à comprendrecomment une telle « flambée d’irrationnel » a pu se mondialiser à la vitesse de la pandémie. « Il faudrait analyser les ressorts archaïques qui meuvent les humains, même à l’ère des réseaux sociaux, écrit le Dr Kiefer. Besoin de croire, transes émotionnelles, attachement à la figure sacrée de la victime (le savant persécuté), violence mimétique antiscience et anti-establishment ? Les technologies de l’information sont de formidables machines à amplifier les vieux modèles. » Il ajoute :

« A quoi se reconnaît un pseudo-scientifique ? A ceci : il sait. Il est soit infatué, soit incompétent. Mais l’infatué ne cherche pas à savoir. Et savoir qu’on est incompétent demande d’être compétent. »

A demain @jynau

1 Kiefer B Science et doutes : le bazar Rev Med Suisse 2020; volume 16. 1068-1068

Chloroquine : Donald Trump bunkerisé offre deux millions de doses au Brésil de Bolsonaro

Bonjour

01/06/2020. Qui a dit que les populistes étaient allergiques à la solidarité ? La Maison Blanche a annoncé, le jour de Pentecôte, que les Etats-Unis venaient d’envoyer au Brésil de Jair Bolsonaro deux millions de doses d’hydroxychloroquine. «Les peuples américain et brésilien sont solidaires dans la lutte contre le coronavirus. Aujourd’hui, pour preuve de cette solidarité, nous annonçons que le gouvernement américain a livré deux millions de doses d’hydroxychloroquine au peuple du Brésil, a indiqué l’exécutif américain dans un communiqué. Elle sera utilisée de manière préventive pour aider à défendre les infirmières, les médecins et les professionnels de la santé contre le virus. Elle sera aussi utilisée comme traitement pour soigner les Brésiliens infectés. »

Le même jour le président brésilien Jair Bolsonaro participait à un rassemblement avec ses partisans à Brasilia, bravant une nouvelle fois les recommandations sanitaires. Le chef de l’Etat brésilien, ouvertement contre les mesures de confinement, s’est présenté devant le palais présidentiel, saluant des dizaines de sympathisants qui scandaient : « mythe ! mythe !mythe !». L’AFP rapporte que, tout en se gardant (cette fois) de toucher les mains de ses partisans, M. Bolsonaro, entouré de ses gardes du corps, a porté deux enfants sur ses épaules. Il est par la suite monté sur un cheval de la police.

C’est là le dernier exemple des mises en scène de Jair Bolsonaro qui s’oppose à tout confinement pour protéger l’économie et fait la promotion de l’usage de l’hydroxychloroquine en dépit des dernières recommandations de l’OMS. « Nous restons très calmes et sereins, et il n’y aura aucune modification » dans nos consignes, a déclaré il y a quelques jours Mayra Pinheiro, secrétaire à la gestion du travail et à l’éducation sanitaire, lors d’une conférence de presse à Brasilia, la capitale.

Sous la pression du président Jair Bolsonaro, le ministère de la Santé du Brésil a publié il y a peu un document qui étendait les recommandations d’utilisation de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine y compris aux cas bénins de Covid-19. Avec près de 500 000 cas et 30 000 morts, le Brésil (210 millions d’habitants) est le pays le plus touché par la pandémie en Amérique latine et le deuxième dans le monde derrière les Etats-Unis (1, 8 millions de cas ; plus de 100 000 morts).

Officiellement le président Trump est toujours sous hydroxychloroquine à visée préventive. Le 31 mai il a été brièvement conduit dans un bunker souterrain de la Maison-Blanche. Ce confinement a été décidé par le Secret Service, le service de protection du président et de personnalités alors qu’une manifestation (à la suite de la mort de George Floyd) se tenait devant le lieu de résidence du président américain. D’après CNN, le président a passé un peu moins d’une heure en ces lieux, avec sa femme Melania et leur fils Barron. 

A demain @jynau

L’Ordre des médecins, ou «StopCovid» : comment lutter en respectant le secret médical ?

Bonjour

05/05/2020. Un dilemme, un piège, une menace. Le Parlement commence aujourd’hui l’examen du projet de loi « prorogeant l’état d’urgence sanitaire », un texte qui met en place, pour reprendre l’étrange expression d’Olivier Véran, des « brigades d’anges gardiens ». On se souvient que le Gouvernement a présenté ce document lors du conseil des ministres du samedi 2 mai. Ce lundi 4 mai au Sénat, puis par la suite à l’Assemblée nationale, les parlementaires auront l’occasion de débattre et d’amender ces nouvelles dispositions légales.

Parmi ces mesures, figure l’article 6 qui crée « un système d’information aux seules fins de lutter contre l’épidémie de covid-19 ». Il  permet « de recenser les personnes infectées par le coronavirus ou susceptibles de l’être, et les personnes ayant été en contact avec elles ». Des dispositions déjà perçues comme à très haut risque par certains gardiens des libertés individuelles, souvent lecteurs de George Orwell.

On attendait ici la lecture du Conseil national de l’Ordre des médecins, cette institution qui – quoique l’on pense par ailleurs- demeure bien en charge du respect du « secret médical », l’une des clefs de voûte des espaces démocratiques occidentaux. Et L’Ordre vient de parler. Garant du secret médical, il réclame au gouvernement de préciser son texte de loi « pour clarifier les missions du médecin et l’utilisation des données des patients ».

Le moment est difficile. Respecter à la lettre le secret ou y déroger pour la bonne cause ? « Les médecins sont, plus que quiconque, conscients de la très grande gravité de la pandémie de Covid-19 et de ses conséquences sanitaires, sociales et économiques, souligne l’Ordre. Leur implication sans réserve est nécessaire à la réussite du processus de sortie maîtrisée du confinement. Leurs patients, et la population dans son ensemble, attendent d’eux cet engagement. »

Le chantage du secrétaire d’Etat au Numérique

Pour autant, dans le même temps « les médecins sont, naturellement et légitimement, très attachés à la préservation du secret professionnel qui protège les patients, le « secret médical ». Cela donne la synthèse ordinale suivante :

« Même s’ils savent que ces dispositions législatives ont pour objet de lever formellement l’obligation de ce secret dans le cadre du déconfinement, il est important de les sécuriser dans leur participation au dispositif d’intérêt public mis en place, lorsqu’ils seront amenés à communiquer des données médicales personnelles de patients atteints de Covid-19. »

Que peut, dès lors, faire l’Ordre des médecins dans ces circonstances inédites ? Rester vigilant et réclamer au gouvernement que le projet de loi « fasse explicitement référence à leur rôle premier dans le dispositif ». « Il est en effet paradoxal que dans le texte actuel de l’article 6, il ne soit absolument pas fait mention des médecins » souligne l’Ordre. Et ce dernier d’ajouter que ce projet de loi « doit garantir qu’il ne pourra exister aucun lien entre ce système d’information et toute mise en œuvre d’application technologique mobile de type ‘’Stop Covid’’.»

Sur ce point l’Ordre des médecins et les citoyens apprécieront, comme il se doit, la dernière sortie de Cédric O, secrétaire d’État au Numérique qui « craint des morts supplémentaires si l’on refuse son application ‘’StopCovid’’». « Le secrétaire d’État au Numérique est persuadé que l’application de traçage est la solution indispensable à un bon déconfinement, écrit Le Figaro (Pierre Maurer). Pour convaincre ses détracteurs et calmer la gronde des oppositions – qui craignent un dispositif de surveillance de masse -, le macroniste a pris la plume dimanche, dans un long article publié sur Medium. Il y écrit notamment que ‘’tant que l’immunité collective n’est pas atteinte’’, le choix est ‘’très simple’’ dans la lutte contre le Covid-19. »

Où l’on retrouve, sous l’encre du pouvoir, le parfum discret mais tenace de certains des écrits prophétiques d’Orwell.

A demain @jynau

Covid-19 : pourquoi se précipiter pour vanter les possibles effets du tocilizumab de Roche ?

Bonjour

28/04/2020. En d’autres temps la foudre serait tombée sur les responsables d’une communication à ce point prématurée – en amont d’une véritable « publication » . Aujourd’hui, comme le démontre l’hydroxychloroquine, tout semble être dans un nouvel ordre, épidémique, des choses. Parfois au nom de l’éthique. Cela peut donner une médiatisation quelque peu outrancière à partir d’un simple communiqué de presse de l’AP-HP : «  Le tocilizumab améliore significativement le pronostic des patients avec pneumonie COVID moyenne ou sévère ».

Résumons. On postule depuis peu que chez les patients avec pneumonie Covid-19, un « orage cytokinique » d’origine immunologique conduit à l’insuffisance respiratoire aigüe et au décès. Face à ce phénomène une « plateforme » (CORIMUNO-19) a été conçue. Objectif : tester l’efficacité et la tolérance de divers médicaments immuno-modulateurs (et d’autres traitements chez les patients adultes avec infection Covid-19 sévère. Et ce « grâce à une série d’essais randomisés contrôlés multicentriques, qui ont débuté le 27 mars 2020 ».

Le communiqué de l’AP-HP concerne un essai randomisé contrôlé ouvert multicentrique du tocilizumab (RoActemra, Laboratoire Roche). Il s’agit d’un anticorps monoclonal qui bloque le récepteur de la cytokine interleukine-6, et qui est utilisé notamment dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde.

« Les patients ont été sélectionnés sur la base d’une hospitalisation pour pneumonie Covid-19 moyenne ou sévère, mais ne nécessitant pas de réanimation au moment de l’admission, explique l’AP-HP. Le critère de jugement primaire était la combinaison du besoin de ventilation (mécanique ou non invasive) ou du décès à J 14. » L’AP-HP ajoute :

« Au total, 129 patients ont été randomisés : 65 pour traitement habituel + tocilizumab et 64 pour le traitement habituel. Le critère de jugement principal a été atteint chez une proportion significativement plus faible de patients dans le bras tocilizumab. »

 Se sentir obligé d’un point de vue éthique »

Mais encore ? Rien de plus. Et maintenant ? « Les résultats de cet essai vont être soumis pour publication dans un journal à comité de lecture. Ces résultats devraient être confirmés de manière indépendante par des essais supplémentaires. » Pourquoi, dès lors, avoir ainsi communiqué dans la plus extrême précipitation ? Réponse officielle :

« Compte tenu du contexte de la pandémie, les chercheurs et le promoteur se sont sentis obligés, d’un point de vue éthique, de communiquer ces informations, en attendant l’examen par les pairs tout en continuant le suivi plus long de ces patients. » « Se sentir obligé d’un point de vue éthique » : voilà un beau sujet qui méritera, le moment venu d’être développé. Pour l’heure Les Echos (Catherine Ducruet) observent que « l’Actemra de Roche a marqué un point contre le Covid-19 ».

Précision importante de l’AP-HP : le tocilizumab ainsi que 4 000 kits de dosage Elecsys d’interleukine 6 « ont été fournis sans conditions par le laboratoire Roche, qui n’a été impliqué ni dans la conception de l’essai, la collection des données, l’analyse, l’interprétation, l’écriture du manuscrit ni dans la gouvernance de l’essai ».

A demain @jynau