Mais comment a-t-on réussi à lessiver le corps des soignants hospitaliers? (France Culture)

Bonjour

Il y a le texte, essentiel 1 : le Pr Stéphane Velut, chef de service de neurochirurgie du CHU de Tours éclaire une piste jusqu’ici ignorée (ou très largement sous exploitée) : celle du langage comme symptôme, ce langage « managérial » qui en quatre décennies a envahi la sphère d’un hôpital devenu industrie. Un langage qui l’étouffe 2

« (…) Pourquoi, à l’hôpital, faut-il subir le métalangage du Leader mondial du consulting visant à nous faire avaler un «beau projet»? L’épithète apparaît devant toute perspective risquant de faire grincer des dents. En l’occurrence, il s’agit d’un «nouvel hôpital» dont le nombre réduit de lits devra être compensé par une «optimisation de nos pratiques» qui étaient jusque-là, dit le communicant, «parfaitement inappropriées».

Ce beau projet comportant moins de lits, il faudra concrètement réduire cette fameuse DMS (Durée moyenne de séjour), autrement dit: limiter le stock de gens et en accélérer le flux. C’est pourtant simple. Il nous montre fièrement le plan d’un «hôpital-aéroport». Comment en sommes-nous arrivés là, à devoir subir ce langage repris par l’administration et destiné à nous faire admettre cette perspective intenable? (…) »

« Prière de redimensionner le capacitaire »

Il y a désormais le complément radiophonique 3. Un modèle d’émission où productrice-animatrice laisse (enfin) l’invité parler, accepte ces silences où l’on perçoit la pensée s’élaborer. Trente-trois minutes concentrées durant lesquelles l’auditeur s’approche, au mieux, de la déconstruction en cours du modèle hospitalier français. D’un corps soignant désabusé, puis désenchanté, puis « lessivé », puis en état de désarroi.

Désarroi dont l’auteur redoute qu’il finisse par « avoir raison de son abnégation ». Un monde dont nul ne sait encore s’il résistera au métalangage et à la fabrique du consentement. S’il saura « s’adapter à la transversalité de projet pour parvenir à une meilleure agilité… ». « Se transformer d’hôpital de stocks en hôpital de flux… ». Non pas « réduire le nombre de lits » mais « redimensionner le capacitaire ». Hôpital de demain, hôpital sans humain ?  

A demain @jynau

1 Velut S,  L’hôpital une nouvelle industrie. Le langage comme symptôme  Editions Gallimard. Collection Tracts. 3,90 euros

2 La novlangue managériale a infesté l’administration hospitalière Slate.fr, 21 janvier 2020

3 Gesbert O, La grande table des idées, Stéphane Velut  France Culture, 24 janvier 2020  Avec la rediffusion du remarquable témoignage du Pr  Agnès Hartemann, chef du service diabétologie de la Pitié-Salpêtrière (16/01/2020)

Christophe Castaner et la «PMA pour toutes»: les préfets sont priés de ne pas «diverger»

Bonjour

Silence de marbre dans les rangs de la préfectorale. C’est une affaire à bien des égards édifiante. Où l’on apprend que Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, vient de convoquerle préfet des Pays de la Loire pour le rappeler à « ses obligations » après des propos critiques sur l’ouverture de la PMA « à toutes les femmes ». Une affaire rapportée dans le détail par Médiacités.  (Anthony Torzec). Extraits :

« La réputation de Claude D’Harcourt n’est plus à faire. Le préfet de Loire-Atlantique et des Pays de la Loire est connu pour son style direct. « Cash », même. Trop ? C’est la question qui se posait, hier soir, à l’issue de son discours de vœux prononcé devant les responsables des services de l’État, les élus locaux, parlementaires, représentants des religions et des associations. Au milieu d’un portrait bien sombre de l’année 2019 – année « de fractures, de violences » qui lui « laisse un sentiment de lassitude, d’impuissance » -, le représentant de l’État dans la Région sort soudain de son devoir de réserve pour exprimer ses doutes à propos du projet de loi du gouvernement sur l’ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes. « Le projet de loi bioéthique porte une rupture anthropologique majeure », lâche-t-il, reprenant l’expression employée par l’Académie de médecine en septembre dernier. Un avis « un peu daté » avait jugé, à l’époque, la ministre de la Santé Agnès Buzyn. « A titre personnel, je ne suis pas sûr que cette loi favorise les repères auxquels aspirent nos concitoyens », poursuit le préfet. »

Puis le préfet d’Harcourt poursuit son discours centré autour des malaises de la société française, citant notamment « L’archipel français », récent ouvrage du politologuecentré autour du malaise de notre société, les travaux du philosophe et historien Marcel Gauchet ou encore François Mauriac (1885-1970). Où l’on comprend qu’un préfet peut aussi lire, penser et partager ses idées.

Mais Médiacités de s’interroger. Simple usage de sa liberté d’expression ou entorse à la loyauté dû par le représentant de l’Etat au Gouvernement ? « Le principe de neutralité du service public interdit au fonctionnaire de faire de sa fonction l’instrument d’une propagande quelconque », indique le site fonction-publique.gouv.fr. Cette « obligation de réserve est particulièrement forte pour les titulaires de hautes fonctions administratives en tant qu’ils sont directement concernés par l’exécution de la politique gouvernementale ».      

« Les avis divergents ne sont pas les bienvenus au sein de la fonction publique ».

Médiacités n’en resetra pas là :  « Si personne ne bronche dans le salon de la préfecture aux dorures XVIIIe, chacun a bien retenu la sortie préfectorale. Un élu en particulier ne cache pas sa satisfaction : le vice-président (Les Républicains) du conseil régional des Pays de la Loire Sébastien Pilard. Tout juste rentré de la manifestation parisienne de dimanche « contre la PMA pour toutes », il juge le préfet « courageux » avant d’expliquer à Mediacités qu’il aimerait « que certains politiques aient le même courage ».

«La députée macroniste et candidate à la mairie de Nantes Valérie Oppelt exprime pour sa part sa « surprise ». « Peut-être que le préfet devrait rencontrer les acteurs de ce sujet », conseille-t-elle, en précisant qu’elle a voté cette loi en première lecture. D’habitude si prompt à monter au créneau sur ces questions de société, le président du conseil départemental de Loire-Atlantique, Philippe Grosvalet, préfère « ne pas faire de commentaire ».

Puis voici que le préfet d’Harcourt est convoqué en urgence à Paris, par le ministère de l’Intérieur, mercredi 22 janvier. Pour Christophe Castaner, ces propos constituent une « faute ». Le ministre « a demandé au préfet d’Harcourt de réagir dans la journée », voulant « lui rappeler ses obligations ». « Les avis divergents ne sont pas les bienvenus au sein de la fonction publique ».

A l’issue de cet entretien, le préfet des Pays de la Loire faisait paraître un communiqué dans lequel « il reconnaît que son expression, même s’il a précisé qu’il s’agissait de son opinion personnelle, dès lors qu’elle était publique, était inadéquate (…). Il a eu ce matin l’occasion de fournir ces explications au ministre de l’Intérieur, qui lui a rappelé ses obligations ».

Pour le sénateur socialiste Jean-Pierre Sueur, un préfet « a tout à fait le droit d’avoir sa conception, mais lorsqu’il exerce une mission officielle, il se doit de représenter le gouvernement. Il ne peut pas dire le contraire de ce que disent Nicole Belloubet ou Agnès Buzyn dans le même temps devant le Sénat ». Où comment inciter à faire durablement silence dans les rangs de la vieille préfectorale.

A demain @jynau

Loterie médicamenteuse pour enfants condamnés: les explications de Novartis à Slate.fr

Bonjour

Comment et pourquoi? Comment un géant de Big Pharma peut-il prendre la décision d’organiser une sorte de tirage au sort destiné à sauver, grâce à l’un de ses médicaments au prix ahurissant, une centaine d’enfants condamnés par une maladie génétique? Et pourquoi s’engage-t-il dans cette voie sans précédent?

Ce sont là les deux questions au cœur de l’affaire Zolgensma®, du nom du médicament de la multinationale pharmaceutique suisse Novartis. Une affaire d’autant plus spectaculaire qu’elle concerne le médicament le plus coûteux du monde (près de deux millions d’euros l’injection, unique). Une affaire d’autant plus emblématique qu’elle concerne une substance issue de travaux initiaux novateurs conduits en France grâce aux sommes recueillies via les initiatives caritatives de l’AFM-Téléthon. Après avoir, sur ce blog et sur Slate.fr exposé les différentes pièces du dossier, nous avons, pour mieux comprendre, interrogé le géant Novartis – qui a accepté de nous répondre par la voix de Marilise Marcantonio, porte-parole de Novartis France (sans demander  – point notable- à relire les propos rapportés).

A lire sur Slate.fr : « Loterie médicamenteuse pour enfants condamnés: Novartis s’explique »

Aussi audibles qu’ils puissent être, ces arguments peuvent-ils être compris? Pour l’heure, Novartis, en adoptant une telle démarche, prend un risque majeur: oser la gratuité tout en gardant pleinement les commandes d’un dispositif jouant avec le hasard –le tout dans l’attente d’une commercialisation à des prix qui battront des records. Il y a là, de manière quelque peu paradoxale, matière à conforter l’image d’une industrie pharmaceutique enfermée dans sa logique capitalistique et ses appétits de profits.

«À mon sens, la seule réponse possible à cette affaire, si ce traitement est réellement efficace et bien toléré, serait de le rendre accessible à tous les enfants atteints de cette maladie rare, estime le Pr Antoine Flahaultspécialiste de santé publique (directeur de l’Institut de santé globale à la faculté de médecine de l’Université de Genève). Et ce quitte à créer un instrument (du type Fonds mondial contre le sida) pour la coordination internationale de son financement et de sa distribution, en mettant le laboratoire pharmaceutique, les acteurs politiques, les soignants et les représentants des patients et leurs familles autour de la table.»

Voilà une proposition de bon sens. Mais cette table, en 2020, existe-t-elle ?

A demain @jynau

Charcuteries, omissions et autres tromperies : quand un lanceur d’alerte accuse deux experts

Bonjour

Dénoncer les conflits d’intérêt(s). C’est dans le dossier du Journal du Dimanche consacré aux risques sanitaires inhérents aux charcuteries industrielles.On peut y découvrir  : « Danger de la charcuterie : des experts au secours de l’industrie agroalimentaire » (Guillaume Coudray). Guillaume Coudray est diplômé de Sciences Po et ancien allocataire de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques. Il est aussi l’auteur d’une enquête sur les nitrites et accuse certains scientifiques de propager le doute. Enquête qui nourrit son ouvrage Cochonneries (La Découverte, 2017),

« Cela fait plus de dix ans que ­j’enquête sur les risques liés aux nitrites dans la charcuterie, écrit-il.  J’ai vu plusieurs experts mettre en doute les connaissances scientifiques. Ce sont souvent les mêmes qui propagent ces théories contestables, et tous ont des liens d’intérêt avec l’industrie agroalimentaire. »

Il précise que le 2 décembre, par exemple, Le Quotidien du médecin a publié une tribune de Jean-Michel Lecerf titrée « Une consommation modérée est compatible avec une nutrition équilibrée ». Et il ajoute que feux jours plus tard, une vidéo de ce même médecin était mise en ligne sur le site de la Fédération professionnelle, représentative des industries charcutières, traiteurs et transformatrices de viandes (FICT). « À chaque fois, il est précisé que Lecerf est le chef du service nutrition de l’Institut Pasteur de Lille 1 mais pas qu’il a été consultant pour la FICT » souligne-t-il.

Ne pas hésiter à tricher avec la science ?

Selon lui le fond du propos pose également question. « Dans Le Quotidien du ­Médecin, le nutritionniste disserte sur le risque lié à la consommation de viande rouge, moins élevé que celui lié à la charcuterie, écrit-il encore dans le JDD. C’est un contre-feu habituel pour braquer la lumière sur un sujet moins grave. Dans la vidéo, cet habitué des plateaux de télé affirme que « même les plus gros consommateurs de charcuterie ne consomment que 11% de la DJA, dose journalière admissible ». Il poursuit en expliquant que, pour atteindre 50% de la DJA des nitrites, « il faudrait huit à dix tranches de jambon par jour toute sa vie ». Avant de conclure : « On est dans un niveau de sécurité extrêmement élevé. » » Or on sait très bien que les nitrites ne provoquent jamais directement le cancer. (…) Car, après avoir été injectés dans la viande, ces additifs se décomposent et donnent naissance à des molécules cancérogènes. En évoquant la DJA, Jean-Michel Lecerf parle des nitrites eux-mêmes mais omet de signaler les composés cancérogènes, non pris en compte par celle-ci. »

Le lanceur d’alerte vise aussi autre expert « qui prend souvent la parole pour défendre les nitrites ». Dans le même numéro du Quotidien du Médecin, puis dans une tribune dans Les Échos, Gérard ­Pascal, ­ancien directeur de recherches à l’Inra, n’hésite pas à tricher avec la science en affirmant que le rapport du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé en 2015 la charcuterie dans la catégorie « cancérogène probable pour l’homme ». La vérité, c’est qu’elle fait partie des cancérogènes avérés et qu’il suffit de deux clics sur Internet pour s’en convaincre! Ces tours de prestidigitation ne manquent pas d’audace. »

Prestidigitation ou pas les deux scientifiques consultants pour des entreprises alimentaires auront-ils ou non l’audace de répondre à l’attaque ?

A demain @jynau

1 Le Dr Jean-Michel Lecerf est l’auteur de « La viande, un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout. » Éditions Buchet Chastel, 2016

Champagne. Le mois de «janvier désalcoolisé» sera prohibé dans la ville d’Epernay (Marne)

Bonjour

Blanc de blanc. C’est une information diffusée par France Info. Lundi 16 décembre le conseil municipal d’Epernay a voté contre l’opération « Dry january » qui inquièterait les producteurs de champagne. L’initiative était défendue par le maire de la ville, Franck Leroy. Le maire «partage la nécessaire obligation, tout au long de l’année, d’une consommation responsable du vin. Mais nous refusons l’idée d’un sevrage absolu durant un mois, pouvant laisser de fait la porte ouverte à des excès pour les onze mois restants ». On se souvient que c’est dans un restaurant étoilé d’Epernay (Marne) qu’Emmanuel Macron avait pris position contre l’opération « Dry January » – opération qui, de ce fait, ne sera pas soutenue par les autorités sanitaires mais seulement par des volontaires.

Explications de l’édile champenois, avocat, à France Info :

« Un vœu a été voté en Conseil municipal contre le Dry January. Pourquoi avoir choisi de voter contre ?

  • C’est une mesure qui pourrait avoir des conséquences dramatiques… notamment sur le secteur de la viticulture.
    Vous imaginez ? Être privé d’activité pendant un mois ? Pour les restaurants, les cavistes et nombre d’autres professions, ce serait absolument catastrophique…

    C’est une campagne extrêmement pénalisante pour la France en général. La France, ce n’est pas un pays anglo-saxon. Nous avons un terroir spécifique. Nous sommes le pays du vin. Consommer un verre de vin durant un repas, ce n’est pas dangereux, du moment que c’est avec modération.

    Lutter contre l’alcoolisme, oui… mais pas avec ce genre de campagne. Lutter contre les abus de certains jeunes qui s’alcoolisent abondamment, nous sommes évidemment pour. Il faut renforcer les contrôles et les campagnes de sensibilisation.
     

 Comprenez-vous cette tendance, ce mouvement ?

  • Non car boire un verre de vin ce n’est pas de l’alcoolisme. Boire un verre de vin ou de champagne c’est un art de vivre. Cela fait partie des traditions et de ce qu’est la France, notre culture, notre patrimoine. Je m’étonne qu’on puisse prendre ce genre d’initiative. On ne doit pas s’attaquer comme cela aux vins français !

    Pourquoi ne pas s’attaquer aux sodas et autres boissons sucrés à l’origine du diabète et de l’obésité ? Pourquoi ne pas s’attaquer aux hamburgers bons marchés que l’on retrouve dans certains établissements que je ne citerai pas ? Ils sont à l’origine de maladies qui n’ont rien à voir avec le vin. Je suis inquiet que certains puissent faire l’amalgame. Encore une fois, boire un verre de vin ce n’est pas l’alcoolisme !
     

En quoi ce « dry january » peut être néfaste pour Epernay ?

  • Il faut être sérieux et responsable ! Une campagne de ce type est dangereuse. Si tout le monde s’arrête de boire au mois de janvier, c’est absolument dramatique. C’est une perte de chiffre d’affaire pour tout le monde. Et au bout du compte, il y a quoi ? Des licenciements !?

    Sans compter que certains petits viticulteurs et/ou vignerons sont déjà en difficulté en ce moment, voire même en grande difficulté pour certains. Nous devons les aider. J’ai été élu pour défendre mon territoire ! Avec ce genre d’initiative, toutes les activités de production et de restauration seront pénalisées. Je le répète : Boire un verre de temps en temps ce n’est pas boire 10 verres tous les jours ! Boire un verre de vin en janvier ce n’est pas de l’alcoolisme !
     

Qu’est-ce que le vœu voté à Epernay va changer pour la commune et les administrés ?

  • Rien ! Mais il est normal qu’on montre que nous sommes à côté des professionnels. Que nous sommes de leur côté, et qu’on veut les défendre, les aider. Il pourrait y avoir des conséquences économiques dramatiques si ce genre de campagne venait à se généraliser ou à se renforcer. C’est un vœu qui a été voté à l’unanimité moins une abstention (élue communiste). »

Pour l’heure, France Assos Santé – la voix des usagers ironise :  « Du coup une tonne de questions restent en suspens : y-aura-t-il des patrouilles dans la ville pour s’assurer que les gens boivent bien tous les jours pendant le mois de janvier ? Qu’adviendra-t-il aux récalcitrants, ces fauteurs de troubles qui auront l’outrecuidance de ne pas boire ? Risqueront ils une amende pour non-respect de l’« art de vivre à la française » ? Seront-ils engeôlés ? Promis au bagne ou aux galères ? Nul ne le sait. »

A demain @jynau

L’étrange et la transparence : l’affaire Delevoye et celle du petit cimetière d’Estramiac (Gers)

Bonjour

Comprendre l’étrange. Bien des affaires criminelles et politiques se résument à un impératif : faire la transparence. Ainsi en est-il de ce nouveau feuilleton en marge de la crise sociale dite « des retraites » : l’affaire Jean-Paul Delevoye, 71 ans, et la découverte des étrange failles de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique  – une  autorité administrative indépendante créée par la loi relative à la transparence de la vie publique du 11 octobre 2013 en remplacement de la Commission pour la transparence financière de la vie politique.

« La Haute Autorité est chargée de recevoir, contrôler, avec l’administration fiscale, et publier les déclarations de situation patrimoniale et les déclarations d’intérêts de certains responsables publics: membres du gouvernement. Elle peut également être consultée par ces mêmes responsables publics sur des questions de déontologie et de conflit d’intérêts relatifs à l’exercice de leur fonction et émettre des recommandations à la demande du Premier ministre ou de sa propre initiative. »

Quête de la transparence. Changeons de focale avec l’Agence France Presse. Une femme de 90 ans, en grande partie dénudée, a été découverte morte dans le cimetière de la micoscopique commune d’Estramiac (Gers).

C’est un homme venu déposer des fleurs au cimetière qui a donné l’alerte samedi, vers 18 heures. «Elle était allongée sur le dos, sur une pierre tombale, le torse entièrement dénudé, et le pantalon de pyjama au niveau des genoux , a détaillé Charlotte Beluet, procureure de la République. Les causes de sa mort n’ont pas encore été identifiées (…) mais le médecin légiste qui est arrivé sur place le soir-même a pu constater un certain nombre de blessures ante mortem, des fractures costales qui pourraient être post-mortem, et une légère plaie à la tête.»

Une autopsie médico-légale pratiquée ce 16 décembre permettra-t-elle de mieux comprendre ? D’ores et déjà les enquêteurs de la gendarmerie de la brigade de recherche d’Auch, épaulés par ceux de la section de recherche de Toulouse, ont pu identifier la femme, une résidente de la commune de Saint-Clar, à quelque 10 km d’Estramiac. C’est sur la tombe de son défunt mari qu’elle avait été placée. Son fils, qui vivait avec elle, a été interpellé le 15 décembre à son domicile. Il a aussitôt été placé en garde à vue pour «homicide sur ascendant». Pour la procureure cette qualification est «susceptible d’évoluer en fonction des résultats de l’autopsie». Et la procureure d’ajouter : «Selon ses premières déclarations, il affirme avoir trouvé sa mère morte et, ne sachant que faire, l’avoir transporté jusqu’au cimetière ».

Au-delà de l’étrange, bien des affaires criminelles et politiques se résument à un impératif : faire la transparence. Ne serait-ce que pour comprendre.

A demain @jynau

Tabac : en France, l’augmentation constante des prix alimente filières criminelles et mafias

Bonjour

10 décembre 2019. Impasses, galères et colères. Omniprésence étouffante, dans les médias, de l’impossible « réforme des retraites » et des angoisses qu’elle alimente. Et puis, en marge, un édifiant papier « société » du Parisien (Florian Loisy et Carole Sterlé) : « Comment le trafic de cigarettes inonde l’Ile-de-France ». Où l’on apprend qu’en dépit des milliers de paquets saisis, des arrestations de revendeurs, des condamnations en justice, le trafic de cigarettes est florissant en Ile-de-France et attire des filières criminelles. Extraits :

« Marlboro, Marlboro! Cigarettes, cigarettes! » A Barbès, dans le quartier de la Chapelle (Paris), mais aussi à la sortie des gares, à Châtillon-Montrouge (Hauts-de-Seine), Garges, Sarcelles (Val-d’Oise), sur le marché du Val-Fourré ou au rond-point de la Vigne-Blanche aux Mureaux (Yvelines), des paquets clandestins sont proposés aux clients de la main à la main. A 5 euros en moyenne (contre 9 euros en moyenne chez un débitant), les clients ne manquent pas. Ils sont parfois plus d’une vingtaine de vendeurs à jouer des coudes sur un seul trottoir. Prêts à allumer une clope pour faire tester la marchandise.

« Près de la gare RER de Grigny, dans l’Essonne, comme ailleurs, le trafic est en constante augmentation. A la fin novembre, après plusieurs semaines d’enquête, les policiers ont interpellé quatre Guinéens, ainsi que le semi-grossiste qui les approvisionnait. Cet homme de 27 ans, qui vit dans le quartier de Grigny 2, avait caché 50 000 cigarettes (250 cartouches) dans un appartement de la cité et dans le coffre d’une voiture épave. Il a écopé de 600 euros d’amende avec sursis. Dès le lendemain, le parquet d’Evry faisait appel de cette décision. A Châtillon-Montrouge (Hauts-de-Seine), entre le terminus de la ligne 13 du métro et celui du tramway T6, une dizaine de vendeurs à la sauvette ont pris position depuis septembre 2018. Jean-Pierre Schosteck, le maire (LR) de Châtillon se dit « scandalisé ». Car malgré les rondes régulières de la police municipale, le trafic perdure. »

Incontestables vertus de la cigarette électronique (réduction des risques)

L’exécutif n’est certes pas inactif. Une brigade spécialisée dans la vente à la sauvette a été créée dans le XVIIIe arronissement en 2017. Composée de vingt-quatre fonctionnaires, elle a saisi, entre le 1er janvier 2019 et le 31 octobre, plus de 19 000 paquets dans ce seul arrondissement. 140 personnes ont été interpellées dans le cadre de ce trafic. «  Elles ont majoritairement fait l’objet d’une « procédure simplifiée » qui permet de ne pas encombrer les tribunaux, et de confisquer puis mettre à la benne la marchandise illégale » précise Le Parisien. Pas inactif, certes, mais quel rapport coût-bébéfice ?

Le sujet est bien évidemment repris par le site des buralistes français. Qui rappelle que l’Ile-de-France est approvisionnée par deux filières principales : celle d’Algérie (cigarettes de contrebande, achetées euro localement et revendues aux grossistes aux environs de 3 euros ; paquets avec des inscriptions en arabe) et celle d’Europe de l’Est (contrefaçon). Dans des entrepôts en Ukraine, Slovaquie, Pologne, les cigarettes sont confectionnées pour 70 à 80 centimes le paquet et seront revendues à 3 euros en France au premier maillon de la chaîne.

Selon une étude du cabinet d’audit KPMG, financée par l’industrie du tabac, estime que près de 8 milliards de cigarettes de contrefaçon et de contrebande et 8 autres milliards de produits rapportés légalement de voyage ont été consommés en France en 2018. En d’autres termes 16 milliards de cigarettes qui échapperaient aux taxes françaises – soit près de 29 % de ce qui est fumé dans l’Hexagone.

Où l’on mesure les étroites limites de la politique d’augmentation des prix dont se félicite pourtant régulièrement le gouvernement. Où l’on regrette, aussi, cette politique d’augmentation des risques inhérente à la sous-estimation chronique, par ce même gouvernement, des incontestables vertus de la cigarette électronique.

A demain @jynau

Le paquebot de l’Ordre des médecins, 75 ans, torpillé par les magistrats de la Cour des comptes

Bonjour

Imagine-t-on une vie médicale sans un Ordre des médecins ? Sans payer sa cotisation annuelle ? Rappel : créé en 1945, l’Ordre des médecins est un organisme privé chargé d’une mission de service public. Son rôle est de veiller au respect, par les praticiens, des règles de déontologie et de défendre l’indépendance et l’honneur de la profession. Il dispose pour cela de ressources annuelles d’environ 85 M€, provenant des cotisations obligatoires (335 euros, tarif plein) de 300 000 médecins, de réserves de 152 M€ et d’un patrimoine évalué à 110 M€.

Or voici que nous apprenons, via la Cour des comptes, que cet Ordre « n’a que marginalement tenu compte des recommandations formulées par la Cour en 2012 à l’issue de son précédent contrôle ». Cette institution reste grevée « par des problèmes de gouvernance, de sérieuses défaillances de gestion, des insuffisances persistantes dans l’exercice de ses missions et un manque de rigueur dans le traitement des plaintes des patients ». Extraits du communiqué que viennent de publier les magistrats de la rue Cambon :
 « Comme d’autres ordres des professions de santé contrôlés par la Cour, l’ordre des médecins est traversé par des problèmes de gouvernance qui rejaillissent sur la qualité de sa gestion. La surreprésentation d’hommes (91 %) âgés et retraités (40 %) au sein du CNOM, ainsi que la longévité des mandats exercés, ne favorisent pas la prise de
conscience d’un changement nécessaire. Des conflits internes ont abouti, dans certains départements, à des tensions et à une désorganisation préjudiciables à la bonne exécution des missions de l’Ordre
.

« La décentralisation du processus de recouvrement des cotisations et de la tenue des comptes, abandonnés sans contrôle aux conseils départementaux de l’ordre, a favorisé l’apparition de nombreux désordres, surtout au niveau des échelons territoriaux : écritures comptables irrégulières, incomplètes, voire délibérément faussées ; ressources incomplètement retracées au compte de résultat ; patrimoine sous-évalué ; débordements multiples dans la gestion. »

Manque de diligence dans le traitement des plaintes pour des faits à caractère sexuel

Au moins aussi grave, le contrôle du respect par les médecins de leurs obligations de développement professionnel continu ou des règles déontologiques de la profession (au regard des relations avec l’industrie pharmaceutique notamment) souffre de graves lacunes. De même l’accès aux soins n’apparaît pas ; non plus, comme une priorité et certains  errements de gestion pourront donner lieu à une saisine des autorités judiciaires par l’intermédiaire du Parquet général près la Cour. Sans oublier que « le traitement des plaintes des patients n’est pas (toujours) assuré avec suffisamment de rigueur » et que « l’impartialité de la formation de jugement n’est pas toujours garantie. »  Extrait :

« Dans un certain nombre de cas, l’absence de poursuites disciplinaires pose question. Ainsi, l’analyse d’une cinquantaine de décisions rendues entre 2016 et 2017 (parmi une liste de 90 décisions transmises par l’ordre à la Cour) révèle l’existence d’irrégularités de procédure ou un manque de diligence dans le traitement des plaintes pour des faits à
caractère sexuel. »

Conséquence : priorité devrait être donnée à « une remise en ordre urgente » (sic) :  replacer la sécurité des patients au cœur des préoccupations de l’ordre, ouvrir sa gouvernance à des non médecins et achever la mutation de la justice ordinale.

« ‘’Désordres comptables’’,  immobilier « somptuaire », contrôles inopérants : la Cour des comptes se paye l’Ordre des médecins » ironise Le Quotidien du Médecin (Anne Bayle-Iniguez) pour qui la rue Cambon torpille la vénérable institution. Extraits :

« L’Ordre, c’est « des fonctions bénévoles généralement indemnisées », cingle la Cour des comptes. Selon les textes réglementaires, les ordinaux peuvent être rémunérés pour leurs services afin de compenser une perte d’activité et dans la limite de trois fois le plafond annuel de la Sécurité sociale (121 572 euros en 2019) et 337 euros la demi-journée (10 % du plafond mensuel).

« Mais sur le terrain, notamment parisien, « l’esprit de bénévolat réputé animer les fonctions ordinales est inégalement présent », lit-on. En 2017, les indemnités (10 millions d’euros) et les frais (4,1 millions d’euros) représentaient 17 % du budget annuel de l’Ordre dans son ensemble. Ces dépenses sont en augmentation de 33 % depuis 2011. Parmi les conseils comptant plus de 6 000 médecins inscrits, il existe un rapport d’un à cinq entre Paris (446 000 euros pour l’indemnisation de ses 26 élus) et l’Hérault, qui consacre 81 000 euros à celle de ses 21 élus.

Au CNOM (national), les seize membres du bureau ont perçu au total plus d’un million d’euros d’indemnités en 2017 (68 000 euros par personne). Pour les 40 % d’élus retraités du CNOM, « ces montants élevés ne constituent pas une compensation de perte d’activité professionnelle mais bien un revenu complémentaire ».

Autre incongruité : entre 2007 et 2013, le Dr Michel Legmann, président du CNOM, « s’est fait verser irrégulièrement, avec l’accord du secrétaire général, des indemnités d’un montant supérieur de près de 9 000 euros au plafond annuel, en considérant abusivement que le calcul du plafond de la Sécurité sociale devait s’entendre net de cotisations CSG-CRDS », s’agace la Cour. Son successeur, le Dr Patrick Bouet, « a mis fin à cette pratique ».  

En matière de remboursement de frais, « des pratiques abusives ont eu cours pendant des années » au plus haut niveau ordinal jusqu’en 2015, où le CNOM a remis de l’ordre. Selon la Cour, le Dr Legmann a perçu entre 2010 et 2012 des forfaits sans nuitée de 78 000 euros au-dessus du seuil autorisé. D’autres conseillers nationaux ont fait de même. » 

Cloué au pilori médiatique

Que va bien pouvoir l’accusé ainsi cloué au pilori médiatique ? Il avait déjà réagi en février dernier quand Le Canard enchaîné avait révélé quelques éléments du pré-rapport de la Cour – document qui fait suite à un contrôle de plusieurs mois de l’ensemble des échelons territoriaux de l’Ordre. Il réagit à nouveau comme on pourra le lire ici (temps de lecture 16 minutes : « L’Ordre conteste le rapport de la Cour des comptes ». Résumé :

« Si l’Ordre conteste une grande partie de l’analyse portée sur sa gestion, il reste soucieux de poursuivre la modernisation de l’institution d’ores et déjà engagée depuis six ans. Il accéléra, sur ce point, la mise en œuvre de certaines mesures correctives dans le cadre des recommandations de la Cour. »

Bien enregistré. Tout indique qu’il y a urgence. Sinon il faudra commencer à imaginer une vie où d’autres que des médecins veilleront au respect des règles de déontologie et à la défense de l’indépendance et de l’honneur de cette profession. Ce qui se révélerait bientôt invivable.

A demain @jynau

Accusée par France Inter, Ségolène Royal dénonce un «journaliste-investigateur-délateur »

Bonjour

Société du spectacle au carré. Ce sont quelques minutes exemplaires à ré-entendre sur France Inter : « L’ancienne ministre et ambassadrice des pôles Ségolène Royal est l’invitée de Léa Salamé à 7H50. Elle a souhaité répondre, point par point, à l’enquête publiée vendredi par la cellule investigation de Radio France.  »

Tout est dit dans le pitch : une journaliste montante de la radio publique (Léa Salamé) a choisi d’inviter sur nos ondes citoyennes une ancienne ministre (Ségolène Royal) qui a accepté de venir répondre aux accusations dont elle fait l’objet  – accusations formulées au terme d’une enquête menée par un journaliste d’investigation de cette même radio 1. Tout est résumé dans l’affrontement de ces deux femmes, le croisement de deux notoriétés inégales, le « quatrième pouvoir » s’attaquant aux trois premiers. Un combat qui caractérise notre époque et dont on peut redouter, sinon les suites, du moins l’issue finale.

Voici comment France Inter résume son affaire :

« L’ancienne ministre de l’Écologie Ségolène Royal a choisi de venir répondre, point par point, aux éléments de l’enquête publiée vendredi par la « Cellule investigation de Radio France » sur ses activités en tant qu’ambassadrice des pôles. « J’ai été surprise d’être mise en cause de façon diffamatoire et très violente sur Radio France« , déclare-t-elle. 

Elle n’a pas répondu aux questions qui lui étaient posées avant la publication de l’enquête, car, selon elle, « ces questions étaient déjà diffamatoires en tant que telles, elles s’appuyaient sur une information de ce journaliste investigateur délateur qui faisait état de témoignages ou de documents en sa possession. J’ai écrit à la présidence de Radio France pour avoir connaissance de ces éléments d’information », explique-t-elle. 

✔@franceinter .@RoyalSegolene : « Je n’ai pas répondu aux questions qui m’étaient posées car elles étaient déjà diffamatoires en tant que telles et s’appuyaient sur les informations d’un journaliste investigateur délateur. » #le79Inter

.@RoyalSegolene : « Je ne touche pas d’enveloppe de 100 000 euros. Aucun fonctionnaire ne touche une enveloppe. Comme pour tout service administratif, il y a une limite, utilisée déplacement par déplacement, remboursée. » #le79Inter

.@RoyalSegolene : « Mes collaborateurs travaillent 35h au service de la mission qui m’est confiée au service des pôles. Sur leur temps libre il leur arrive de m’accompagner au long cours. » #le79Inter

.@RoyalSegolene : « Vous sous-entendez que Ségolène Royal a une responsabilité mais qu’elle ne va pas aux réunions Arctique. Cette affirmation est fausse. Je ne vais pas aux réunions où la France n’a pas la parole. » #le79Inter

Jamais les tweets ne résumeront la complexité d’un tel sujet. Il faut réécouter l’émission. Elle nous dit beaucoup des temps démocratiques que nous traversons, aux confins du journalisme, de la justice et de l’exécutif.

NB: France Inter a conforté son avance à la rentrée, tandis qu’Europe 1 s’est stabilisée après des années de chute : ce sont les principaux enseignements des audiences de septembre-octobre publiées mercredi 20 novembre par Médiamétrie. France Inter reste leader (11,7 % d’audience cumulée, + 0,2 point sur un an) devant RTL (11,4 %, – 0,4 point sur un an, mais avec une part d’audience en progression).

A demain @jynau

1 L’enquête de Sylvain Tronchet (35 minutes) : « Ségolène Royal : enquête sur les activités de l’ambassadrice des pôles »

Zéro degré d’alcool au volant: Didier Guillaume main dans la main avec Agnès Buzyn ?

Bonjour

Mot du jour : « abstème ». Après la polémique présidentielle sur le « Janvier sobriété » voici, de retour sous les projecteurs, Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation. Et le retour, au grand jour, de l’ambivalence de l’exécutif vis-à-vis des addictions légales, liquides ou pas. M. Guillaume était, dimanche 17  novembre, l’invité  du Grand Jury de RTLLe Figaro et LCI, .

On sait qu’aujourd’hui en France le taux d’alcoolémie « au volant » est limité à « 0,5g/L d’alcool dans le sang » – soit « 0,25mg par litre d’air expiré ».. Pour les jeunes conducteurs, le taux légal est de 0,2g/L. Cela correspond (environ) à un « verre d’alcool standard » pour un permis normal et zéro verre pour un jeune conducteur en permis probatoire.

On sait moins en revanche qu’Agnès Buzyn, la ministre des Solidarité et la Santé, souhaiterait « prendre un décret pour réduire le taux de 0,5g/L à 0g/L ». Qu’en dit M. Guillaume ? « Je ne prends pas de décret, je suis ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation (sic). Je vous dis simplement que je lutte contre toutes les formes d’addiction. Je pense qu’on peut faire la fête et boire des coups et que boire du vin français c’est très bon. Mais quand on boit on ne conduit pas. »

« Mois de Janvier sans Vin’’

Sans doute les commentaires, ici, ne s’imposent-il pas. On observera toutefois la progression ministérielle. En janvier dernier il luttait contre l’addictologie (« Je veux lutter contre l’alcoolisme et lutter contre l’addictologie ») – aujourd’hui il lutte contre toutes les addictions.  « Zéro degré au volant, vraiment ? « Je ne me mets à dos personne » prévient-il  en référence aux viticulteurs qui risquent de ne pas apprécier l’alignement de leur ministre sur la position d’Agnès Buzyn. « Je me suis suffisamment exprimé sur le vin. Je suis très opposé au ‘’mois de Janvier sans Vin’’ (re-sic), je trouve ça aberrant. Je préfère la modération toute l’année, que la prohibition et l’interdiction un mois de l’année. Mais je pense que lorsqu’on conduit c’est mieux de ne pas avoir bu. »

Invité de BFM-TV et RMC le 16 janvier, Didier Guillaume :

 « Le vin n’est pas un alcool comme un autre. (…) L’addiction à l’alcool est dramatique, et notamment dans la jeunesse, avec le phénomène du “binge drinking. Mais je n’ai jamais vu un jeune qui sort de boîte de nuit et qui est saoul parce qu’il a bu du côtes-du-rhône, du crozes-hermitage, du bordeaux, jamais. Ils boivent des mélanges, de l’alcool fort. »

Ces propos du ministre lui avait valu une sèche réplique de sa collègue Agnès Buzyn. « Le vin fait partie de notre patrimoine, avait-elle concédé sur France Info, avant de souligner le caractère identique des molécules d’alcool éthylique présentes dans le côtes-du-rhône, dans les apéritifs anisés et toutes les autres boissons alcoolisées. Une semaine plus tard M. Guillaume persistait. Invité de la matinale d’Europe 1, mercredi 23 janvier, il  déclarait : « une molécule de vin et une molécule de whisky ont le même degré d’alcool, sauf que moi je ne bois pas des molécules, je bois des verres. » Et surtout ne pas insiter « se saouler ».

« Abstème » sera-t-il le mot du quinquennat ?

A demain