Autisme : enquête sur des pratiques prohibées. Le Pr Montagnier pourrait-il être inquiété ?

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18/09/2020. Huit ans plus tard, rebondissement dans une affaire que l’on pensait oubliée. Et ce sur une initiative de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). L’ANSM vient ainsi d’annoncer avoir saisi le procureur de Paris quant à des pratiques de prescriptions médicamenteuses dangereuses chez des personnes autistes. L’agence en avait elle-même été informée fin 2019, via sa procédure de lancement d’alerte, par la présidente de l’association SOS Autisme, Olivia Cattan, et a, depuis, notamment recueilli des témoignages de parents et des ordonnances faisant état de ces prescriptions.

Pour la première fois le pôle santé publique du parquet a, sur ce sujet, ouvert une enquête le 11 septembre pour « mise en danger de la personne d’autrui » et « infractions tenant à la réalisation de recherches impliquant la personne humaine », annonce le ministère public. Les investigations ont été confiées à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp).

Ainsi donc « certains médecins » prescriraient de médicaments en dehors de leurs autorisations de mise sur le marché (AMM) pour traiter des enfants atteints d’autisme. « Il s’agit, en particulier, de prescriptions de médicaments anti-infectieux (antibiotiques, antifongiques, antiparasitaires et antiviraux) sur des périodes longues de plusieurs mois mais également de médicaments destinés au traitement des intoxications aux métaux lourds (chélateurs) » précise l’ANSM. Qui ajoute :

« En l’absence de données cliniques, ces médicaments, utilisés en dehors de leur AMM, ne sont pas recommandés dans la prise en charge des troubles du spectre de l’autisme par la HAS. De plus, les anti-infectieux présentent des risques de survenue d’effets indésirables en particulier lors d’une exposition au long cours. Ils peuvent se caractériser, outre les effets digestifs, par des troubles cardiovasculaires, cutanés, ainsi que par d’autres troubles spécifiques à chaque antibiotique utilisé. Par ailleurs, l’utilisation d’antibiotiques sur une durée longue va contribuer à l’émergence d’une antibiorésistance qui diminuera l’efficacité du traitement en cas d’infection avérée. »

Selon Olivia Cattan, présidente de l’Association SOS Autisme (qui s’apprête à publier un livre sur ces pratiques) une cinquantaine de médecins seraient concernés, dans la mouvance de l’association Chronimed, fondée par le controversé Pr Luc Montagnier ; des médecins qui auraient ainsi traité quelque 5 000 enfants depuis 2012. Ces recherches illégales se seraient tenues dans un institut médico-éducatif situé dans le département des Hauts-de-Seine. « On voudrait vraiment que ça aille en justice et que ces médecins soient radiés » déclare Olivia Cattan.

En 2012 le Luc Montagnier, prix Nobel 2008 de médecine pour avoir co-découvert le du virus du sida, défendait l’idée d’une « piste infectieuse » pour expliquer l’autisme. Il affirmait, vidéos à l’appui, que les antibiotiques pouvaient améliorer l’état de la majorité des enfants concernés. Dans un communiqué, SOS Autisme fait part de sa consternation, et juge « impensable qu’aujourd’hui, cet établissement n’ait été l’objet d’aucun contrôle de la part des autorités concernées ».

A demain @jynau

Faux certificats de virginité, gaz hilarants, stupéfiants : le nouveau plan du gouvernement

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07/09/2020. L’heure politico-médiatique est donc à la « lutte contre l’insécurité ». Et deux membres du gouvernement s’y emploient à merveille. En témoigne un entretien fleuve donné au Parisien (Olivier Beaumont et Jean-Michel Décugis) par un tandem idéologiquement contre nature : le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin  et sa ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa. Ce duo révèle les grandes lignes de la feuille de route qu’ils présenteront mercredi 9 septembre lors du séminaire gouvernemental de rentrée. Quelques extraits suffiront pour prendre la mesure et les limites de l’entreprise.

1 La lutte contre la drogue, priorité des priorités. « La lutte contre les stupéfiants doit être l’alpha et l’oméga de toutes nos interventions. A travers ce sujet, il y a la lutte contre le crime organisé, avec la traite des êtres humains et le financement du terrorisme, mais aussi une grande mesure de santé publique. Et, bien sûr, un lien avec la lutte contre l’insécurité du quotidien. Quand on voit qu’aujourd’hui un gamin de 14 ans peut gagner plus que son père en faisant le « chouf » (le guet), il ne faut pas s’étonner qu’il y ait une crise d’autorité dans notre pays.

« Il faut s’occuper de tous les trafics. Des gros réseaux jusqu’au bout de la chaîne, c’est-à-dire le consommateur. Il faut sanctionner tout le monde, y compris dans les beaux quartiers de Paris. Grâce à l’action de mon prédécesseur, nous avons tout de même saisi 34 tonnes de cannabis depuis le début de l’année, 6 tonnes de cocaïne. On doit pouvoir encore augmenter ces chiffres (…) Je n’ai pas l’esprit de capitulation. La drogue, c’est de la merde, ça finance le crime organisé, ça tue la vie de milliers de personnes et ça peut concerner toutes les familles de France. Le rôle d’un responsable politique, ce n’est pas d’accompagner tout doucement la mort d’une société.

2 L’interdiction des gaz hilarants. «  J’ai demandé à mon administration de me proposer des dispositions pour interdire purement et simplement l’utilisation des cartouches ou capsules de protoxyde d’azote. Je suis élu local, je sais que cela cause des nuisances et que cela pourrit le quotidien de nombreux Français.

3 Les certificats médicaux de virginité. « Nous allons aussi nous attaquer aux ‘’certificats de virginité’’. Certains médecins osent encore certifier qu’une femme est vierge pour permettre un mariage religieux, malgré la condamnation de ces pratiques par le Conseil de l’Ordre des médecins 1. On va non seulement l’interdire formellement, mais proposer la pénalisation. On va également mettre clairement dans la loi qu’aucun élu ne pourra prendre de dispositions pour favoriser l’inégalité entre les femmes et les hommes pour mettre en place des pratiques communautaires, comme réserver des horaires de piscine à un sexe plutôt qu’un autre.

4 « Ensauvagement » ? Oui, en dépit des interdits du Premier ministre, Gérald Darmanin continuera à employer ce terme. « Oui, je continue à penser qu’il y a des actes de sauvagerie, et un ensauvagement d’une partie de la société. J’ai mes propres mots, ma propre sensibilité, et j’utilise les mots de mes concitoyens de Tourcoing. Mais je respecte la sensibilité de chacun, et celle en particulier du garde des Sceaux. »

Or Eric Dupond-Moretti estime pourtant que c’est ici reprendre la sémantique du Rassemblement national… Marlène Schiappa : « Si Marine Le Pen dit que le ciel est bleu, je ne vais pas dire qu’il pleut pour me différencier (sic). Je ne fais pas de politique en fonction du RN, mais pour les gens. J’assume l’utilisation de ce terme d’ensauvagement, et personne ne peut me soupçonner d’appartenir à la droite dure. Je viens de la gauche républicaine. Marine Le Pen n’est pas notre boussole (re-sic). Tout notre combat au ministère de l’Intérieur est aussi d’empêcher sa progression. »

A quel prix ? Marlène Schiappa le sait-elle ? Si oui, elle ne le dit pas.

A demain @jynau

1 « Certificats de virginité » : ce que tout médecin se devrait de savoir quant au respect de l’intimité, Journalisme et santé publique, 3 mars 2019

Faux certificats de virginité, gaz hilarants, stupéfiants : le plan du gouvernement

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07/09/2020. L’heure politico-médiatique est donc à la « lutte contre l’insécurité ». Et deux membres du gouvernement s’y emploient à merveille. En témoigne un entretien fleuve donné au Parisien (Olivier Beaumont et Jean-Michel Décugis) par un tandem idéologiquement contre nature : le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin  et sa ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa. Ce duo révèle les grandes lignes de la feuille de route qu’ils présenteront mercredi 9 septembre lors du séminaire gouvernemental de rentrée. Quelques extraits suffiront pour prendre la mesure et les limites de l’entreprise.

1 La lutte contre la drogue, priorité des priorités. « La lutte contre les stupéfiants doit être l’alpha et l’oméga de toutes nos interventions. A travers ce sujet, il y a la lutte contre le crime organisé, avec la traite des êtres humains et le financement du terrorisme, mais aussi une grande mesure de santé publique. Et, bien sûr, un lien avec la lutte contre l’insécurité du quotidien. Quand on voit qu’aujourd’hui un gamin de 14 ans peut gagner plus que son père en faisant le « chouf » (le guet), il ne faut pas s’étonner qu’il y ait une crise d’autorité dans notre pays.

« Il faut s’occuper de tous les trafics. Des gros réseaux jusqu’au bout de la chaîne, c’est-à-dire le consommateur. Il faut sanctionner tout le monde, y compris dans les beaux quartiers de Paris. Grâce à l’action de mon prédécesseur, nous avons tout de même saisi 34 tonnes de cannabis depuis le début de l’année, 6 tonnes de cocaïne. On doit pouvoir encore augmenter ces chiffres (…) Je n’ai pas l’esprit de capitulation. La drogue, c’est de la merde, ça finance le crime organisé, ça tue la vie de milliers de personnes et ça peut concerner toutes les familles de France. Le rôle d’un responsable politique, ce n’est pas d’accompagner tout doucement la mort d’une société.

2 L’interdiction des gaz hilarants. «  J’ai demandé à mon administration de me proposer des dispositions pour interdire purement et simplement l’utilisation des cartouches ou capsules de protoxyde d’azote. Je suis élu local, je sais que cela cause des nuisances et que cela pourrit le quotidien de nombreux Français.

3 Les certificats médicaux de virginité. « Nous allons aussi nous attaquer aux ‘’certificats de virginité’’. Certains médecins osent encore certifier qu’une femme est vierge pour permettre un mariage religieux, malgré la condamnation de ces pratiques par le Conseil de l’Ordre des médecins 1. On va non seulement l’interdire formellement, mais proposer la pénalisation. On va également mettre clairement dans la loi qu’aucun élu ne pourra prendre de dispositions pour favoriser l’inégalité entre les femmes et les hommes pour mettre en place des pratiques communautaires, comme réserver des horaires de piscine à un sexe plutôt qu’un autre.

4 « Ensauvagement » ? Oui, en dépit des interdits du Premier ministre, Gérald Darmanin continuera à employer ce terme. « Oui, je continue à penser qu’il y a des actes de sauvagerie, et un ensauvagement d’une partie de la société. J’ai mes propres mots, ma propre sensibilité, et j’utilise les mots de mes concitoyens de Tourcoing. Mais je respecte la sensibilité de chacun, et celle en particulier du garde des Sceaux. »

Or Eric Dupond-Moretti estime pourtant que c’est reprendre la sémantique du Rassemblement national… Marlène Schiappa : « Si Marine Le Pen dit que le ciel est bleu, je ne vais pas dire qu’il pleut pour me différencier (sic). Je ne fais pas de politique en fonction du RN, mais pour les gens. J’assume l’utilisation de ce terme d’ensauvagement, et personne ne peut me soupçonner d’appartenir à la droite dure. Je viens de la gauche républicaine. Marine Le Pen n’est pas notre boussole (re-sic). Tout notre combat au ministère de l’Intérieur est aussi d’empêcher sa progression. »

A quel prix ? Si elle le sait, Marlène Schiappa ne nous le dit pas.

A demain @jynau

1 « Certificats de virginité » : ce que tout médecin se devrait de savoir quant au respect de l’intimité, Journalisme et santé publique, 3 mars 2019

Le médecin aux mains d’or qui ne parvenait pas à comprendre ses pulsions sexuelles

Bonjour

06/09/2020. De la richesse de la presse quotidienne régionale. L’affaire vient d’être rapportée dans le détail par L’Indépendant (Laure Moysset). Celle d’un médecin des Pyrénées-Orientales reconnu coupable jeudi 3 septembre de harcèlement sexuel. Un médecin spécialiste en réadaptation fonctionnelle et père de trois enfants. Il passait en jugement devant le tribunal correctionnel de Perpignan pour des faits « d’atteinte et harcèlement sexuels » commis entre 2012 et 2017 – et ce sur sept femmes, infirmière, personnel médical mais aussi sur une patiente. Trois d’entre elles étaient présentes face à lui.

« Sept longues années de procédure à nier farouchement les accusations, raconte L’Indépendant. Et une poignée de secondes à la barre du tribunal hier – après le refus d’un huis clos exceptionnel demandé par son avocat pour préserver sa dignité- avant que ce médecin spécialiste en réadaptation fonctionnelle et père de trois enfants, change tout à coup de ligne de défense. L’homme, tenue classique en polo pâle et pantalon en toile, casier vierge, jette ses yeux noirs par-dessus ses lunettes rectangulaires. Demande à faire une déclaration, qu’il a préalablement consignée sur un bout de papier. Et, caché derrière son masque, reconnaît tout. Tout… ce que ces femmes avaient toujours maintenu. »

Où l’on apprend le harcèlement, durant des années ; les propos et comportements déplacés ; les caresses sur la hanche, le bras, le bas du dos, la main sur la cuisse ; les tentatives répétées pour embrasser sur la bouche les soignantes des établissements spécialisées où il travaillait, en les enlaçant, les bloquant dans l’ascenseur ou derrière une porte. « Il assume aussi l’agression d’une de ses patientes, précise L’Indépendant. Les commentaires humiliants sur son maquillage et sa prise de poids, sa proposition d’aller boire un verre à l’extérieur ou encore ces quelques mots dérangeants : ‘’toi un jour je t’aurai’’… »

« En contestant les faits, j’ai contesté ma propre intégrité »

Le médecin : « Je tiens sincèrement et profondément à m’excuser devant toutes les victimes présentes ou non, pour le mal que j’ai fait à cette époque. Je demande pardon. Je ne minimise pas mes responsabilités. Mais c’était la période la plus difficile de ma vie (…) J’ai aujourd’hui conscience de la nécessité de suivre une thérapie spéciale pour aller mieux. J’ai besoin d’être accompagné. Je n’agis pas avec calcul, ni préméditation. J’avais des pulsions que je n’arrivais pas à comprendre. Oui, j’en souffre encore mais j’essaye de les maîtriser de toutes mes forces. C’étaient des horreurs. J’étais très pervers. J’étais dans le déni. En contestant les faits, j’ai contesté ma propre intégrité ».

Des propos d’une particulière intensité mais nullement convaincants pour les avocats des trois victimes présentes – et moins encore pour le procureur : « Il est inadmissible de venir devant nous sans avoir mis en place de mesures de soins, à part des séances de yoga ou de méditation. En outre, ce sont des faits qui portent atteinte à l’image d’une profession car il rompt le lien de confiance ».

L’avocat de la défense évoque « un médecin aux mains d’or qui a commis des actes stupides ». Le tribunal s’en remet alors à l’Ordre des médecins mais, pour autant condamne : 18 mois de prison avec sursis probatoire, assorti d’une obligation de soins et d’indemniser les victimes. Sans oublier 20 000 € d’amende et l’inscription au fichier des délinquants sexuels. Et, conclut L’Indépendant, un message clair : « Réglez vos pulsions tout de suite. Cette décision ne vous donne plus le droit à aucune erreur ».

A demain @jynau

Covid et libertés. Que penser de celles et ceux qui manifestent contre le port du masque ?

Bonjour

06/09/2020. C’est là aussi, là encore, un symptôme à décrypter. Echos de l’AFP mandés d’Australie. Ignorant les avertissements officiels et la réglementation de santé publique, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à Melbourne pour protester contre les restrictions destinées à endiguer la pandémie. Les forces de l’ordre ont arrêté près de vingt  personnes participant à cette manifestation illégale, et ont annoncé avoir dressé cent soixante amendes pour infraction à la réglementation sanitaire.

L’affaire, bien évidemment, est politique. Avant cette manifestation, Daniel Andrews, premier ministre de l’Etat du Victoria, où se situe Melbourne, avait appelé la population à rester chez elle et prévenu que le rassemblement pourrait remettre en question le scénario de fin du confinement, dont les détails étaient imminents. « Ce n’est pas prudent, ce n’est pas intelligent, c’est illégal », a-t-il déclaré devant la presse. « En fait, c’est absolument égoïste », a-t-il ajouté.

Egoïsme, vraiment ? Des rassemblements ont également eu lieu à travers l’Australie pour ce jour nommé « Jour de la liberté », et des manifestants ont été arrêtés à Sydney et Byron Bay. A Rome, en Italie, ce sont environ un millier de personnes qui ont manifesté samedi 6 septembre pour protester contre l’obligation de vacciner les enfants en âge scolaire ou celle du port de masque. « Non à l’obligation de vacciner, oui à la liberté de choix », « Pas de masque à l’école, pas de distanciation », « La liberté personnelle est inviolable » et « Vive la liberté », proclamaient des pancartes brandies par les manifestants dont la majorité ne portait pas de masque.

Méchant coup de règle sur les doigts préfectoraux

A Zagreb, plusieurs milliers de Croates se sont aussi rassemblés au même moment  pour protester contre les mesures imposées par les autorités contre le coronavirus. Depuis mi-juillet, le port du masque y est obligatoire dans les transports publics, les magasins et tous les services en contact avec des clients.

Là aussi le rassemblement a été baptisé « Festival de la liberté » par les organisateurs, des membres de la société civile pour qui les mesures gouvernementales « restreignent les droits fondamentaux et les libertés des citoyens » sans « base médicale ou légale valable », tout en imposant « la distanciation psychique et la privation de contact psychique ».

En France, pays des Droits de l’Homme tout est d’apparence plus calme. Pour l’heure on ne manifeste que par le truchement de la justice. L’État vient ainsi de faire appel des décisions des tribunaux administratifs de Strasbourg et Lyon – décisions demandant aux préfets du Rhône et du Bas-Rhin de modifier leurs arrêtés généralisant le port du masque. L’audience, nous dit l’AFP, était prévue ce dimanche à 11 heures. «Le Conseil d’État examinera la demande de l’État d’annuler les décisions en référé des tribunaux administratifs de Lyon et de Strasbourg, concernant le port obligatoire du masque sur la voie publique», a bien précisé la juridiction.

La veille cela avait été un coup de règle sur les doigts préfectoraux: la justice administrative avait enjoint à la préfecture du Bas-Rhin et à la préfecture du Rhône d’édicter de nouveaux arrêtés – et ce de manière à exclure du port du masque les lieux qui ne sont pas caractérisés «par une forte densité de population» ou«des circonstances locales susceptibles de favoriser la diffusion» du coronavirus. Les deux tribunaux, saisis par deux praticiens hospitaliers alsaciens et par l’association lyonnaise « Les Essentialistes Auvergne-Rhône-Alpes », ont également demandé aux deux préfectures de lever l’obligation du port du masque dans «les périodes horaires durant lesquelles aucun risque particulier de propagation de ce virus n’existe».

Après Berlin, Melbourne, Rome, Zabgeb, Strasbourg et Lyon … A coup sûr les premiers symptôme de révoltes citoyennes contre les exécutifs. Qui saurait prévoir la suite ?

A demain @jynau

« Ensauvagement » et « fermer le ban »: le Premier ministre dépassé par les événements

Bonjour

04/09/2020. On pensait pouvoir en rire ; cela devient une affaire qui met à mal l’autorité du Premier ministre. Cela a commencé avec la rentrée scolaire. Jean Castex demandait alors de «fermer le ban». Visés : deux de ses ministres ennemis et parmi les plus dissipés : le ministre de l’Intérieur et le garde des Sceaux. Les deux en étaient venus aux mots – autour de celui d’«ensauvagement».

«Fermez le ban: il n’y a aucune polémique, affirmait à la presse le chef du gouvernement lors d’un déplacement scolaire à Châteauroux (Indre). Le vrai sujet, en revanche, c’est bien celui de mobiliser face à la montée des violences et de l’insécurité. La question n’est pas les mots qu’on emploie pour qualifier le phénomène, mais les actions que l’on met et que l’on va mettre en place pour y faire face. Le ministre de l’Intérieur, comme l’ensemble du gouvernement, constate effectivement qu’il y a une montée du sentiment d’insécurité et je peux vous dire la totale mobilisation du gouvernement pour y faire face. »

Peu de temps auparavant, Sur Europe 1, le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti avait récusé «l’ensauvagement de la société» dénoncé par la droite et par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et par la ministre déléguée à la citoyenneté, Marlène Schiappa. «L’ensauvagement, c’est un mot qui (…) développe le sentiment d’insécurité, avait-il osé déclarer. Or pire que l’insécurité, il y a le sentiment d’insécurité» qui est de l’ordre du fantasme» et est nourri par «les difficultés économiques et certains médias ».

Peu après le rappel à l’ordre du Premier ministre Gérald Darmanin récidivait. «On peut utiliser des mots différents. Personnellement, j’utilise le mot d’ensauvagement et je le réitère», déclarait-il publiquement lors d’un déplacement à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne). Le ban venait à nouveau d’ouvrir.

Nous nous demandions alors quelles seraient les sanctions – et pourquoi le ministre de l’Education nationale  restait coi. Or voici qu’il vient de parler. Après son collègue Éric Dupond-Moretti, c’est au tour de Jean-Michel Blanquer de récuser le terme «d’ensauvagement». «Ce n’est pas mon mot préféré, je le trouve flou (…) Par optimisme, je préfère ne pas l’utiliser. Je ne considère pas que notre société est fatalement ensauvagée , a expliqué le ministre de l’Éducation vendredi matin sur Europe 1. Je n’ai pas de fétichisme 1 sur ce mot, mais pas de tabou non plus. » Jean-Michel Blanquer n’a cependant pas nié que l’insécurité «est une réalité et un sentiment» (sic).

L’expression « d’ensauvagement », régulièrement reprise par Marine Le Pen, est devenue « radioactive » au sein du gouvernement, depuis que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, l’a employée dans un entretien au Figaro .  « Avec cette nouvelle prise de position de Jean-Michel Blanquer, force est de constater que ses ministres ne respectent pas la consigne » observe le quotidien. On attend, sur ce point, la position d’Emmanuel Macron.

A demain @jynau

1 Fétichisme A.− Système religieux consistant à faire de divers objets naturels ou façonnés les signes efficaces de puissances supra-humaines et à les utiliser dans des pratiques de magie. 

B.− P. anal. Attachement ou respect exagéré pour quelqu’un ou quelque chose. (Quasi-)synon. culte. « Elle a le fétichisme de l’autorité et l’horreur de toutes les indépendances » (Amiel, Journal,1866, p. 478).

Le Pr Didier Raoult bientôt transformé en martyr scientifique par l’Ordre des médecins ?

Bonjour

03/09/2020. C’est une nouvelle et croustillante étape dans une affaire désormais sans fin : « l’affaire Raoult ». On en trouvera l’essentiel dans Le Figaro (Cécile Thibert). Un développement symptomatique des passions et des colères générées par le comportement du microbiologiste marseillais au sein de sa communauté médicale et scientifique spécialisée.

Il faut ainsi rappeler qu’en juillet, la Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf) avait déposé plainte contre Didier Raoult, le plus que médiatique directeur de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection auprès du Conseil départemental de l’Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône. Sanctions encourues : du simple avertissement à la radiation définitive.

« Promotion d’un traitement qui n’a pas démontré son efficacité, diffusion de fausses informations auprès du public, graves manquements au devoir de confraternité, réalisation d’essais cliniques dont la légalité reste à démontrer… La Spilf – qui rassemble plus de 500 spécialistes des maladies infectieuses – reproche au microbiologiste d’avoir enfreint pas moins de neuf articles du code de déontologie médicale » résume Le Figaro.

Et le quotidien de détailler après avoir pris connaissance d’un argumentaire de six pages dans lequel les plaignants exposent méticuleusement les motifs. À commencer par la promotion et la prescription tous azimuts de l’hydroxychloroquine  par le chercheur marseillais depuis le mois février. «Le Pr Didier Raoult a délibérément prescrit de l’hydroxychloroquine souvent associée à de l’azithromycine à des patients atteints de Covid-19 sans qu’aucune donnée acquise de la science ne soit clairement établie à ce sujet, et en infraction avec les recommandations des autorités de santé», souligne la société savante.

Hydroxychloroquine, essai clinique et cadre légal

Pugnaces les auteurs de la plainte rappellent que le code de déontologie médicale interdit aux médecins de présenter comme «salutaire ou sans danger un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé». Et ce alors même que les risques, notamment cardiaques, sont bien établis (150 cas d’atteinte cardiaque liés à l’hydroxychloroquine entre janvier et mai, dont 7 décès, selon l’Agence du médicament).

De même, les médecins sont tenus de ne faire état au public que de «données confirmées», de «faire preuve de prudence» et d’avoir le «souci des répercussions de ses propos». Ce que Didier Raoult n’aurait pas respecté, selon la Spilf,  en affirmant que l’hydroxychloroquine permettait une «amélioration spectaculaire»  – et ce avant de jurer aux députés de la commission d’enquête parlementaire sur la gestion de l’épidémie n’avoir «jamais recommandé ce traitement»

« Les plaignants n’ont pas non plus digéré les multiples offenses du chercheur marseillais, qui a traité de «fous» ceux qui ne prescrivaient pas son traitement, avant d’insinuer que certains avaient délibérément laissé mourir des patients » ajoute Le Figaro. «Ici, à Paris, on comptait les morts, moi je comptais les positifs (…) On n’a pas soigné les gens (…) c’est un choix qui a été fait», a-t-il ainsi déclaré le 25 juin sur BFMTV.

Enfin, et c’est peut-être le plus grave, les auteurs de la plainte accusent le scientifique marseillais de ne pas avoir réalisé ses essais cliniques sur l’homme dans le cadre légal. Une enquête nationale de l’Agence de sécurité du médicament est en cours qui pourrait dépasser le seul cadre des poursuites ordinales.

Et maintenant ? La plainte argumentée doit donner lieu à une « proposition de conciliation » entre les deux parties. Si, comme on peut l’imaginer, celle-ci n’aboutissait pas, le dossier serait instruit par la chambre disciplinaire régionale, présidée par un magistrat. Une procédure qui dure habituellement près d’un an. Avant les éventuels appels. D’ici là le Pr Raoult pourra, une nouvelle fois, amplement dénoncer dans les médias la méchante vindicte professionnelle dont il fait officiellement l’objet– un phénomène qui ne pourra qu’amplifier l’aura dont ce « semi-rebelle » atypique dispose dans l’opinion comme, plus étonnant sans doute, chez une fraction de ses confrères.

A demain @jynau

Jean Castex : «Silence dans les rangs ! Maintenant, on ne dit plus ensauvagement !»

Bonjour

01/09/2020. Rentrée des classes, y compris au gouvernement. Chef d’établissement, le Premier ministre Jean Castex. Il vient d’appeler, lors de la première journée à «fermer le ban». Visés : deux des plus dissipés : le ministre de l’Intérieur et le garde des Sceaux. Les deux en sont venus aux mots devant l’ensemble de l’établissement scolaire. La cause : utiliser ou pas l’expression «ensauvagement».1

«Fermez le ban: il n’y a aucune polémique», a affirmé à la presse le chef du gouvernement lors d’un déplacement scolaire à Châteauroux (Indre). « Le vrai sujet, en revanche, c’est bien celui de mobiliser face à la montée des violences et de l’insécurité» a-t-il ajouté. Y compris et surtout à Châteauroux ?

«La question n’est pas les mots qu’on emploie pour qualifier le phénomène, mais les actions que l’on met et que l’on va mettre en place pour y faire face», a-t-il encore professé. «Le ministre de l’Intérieur, comme l’ensemble du gouvernement, constate effectivement qu’il y a une montée du sentiment d’insécurité et je peux vous dire la totale mobilisation du gouvernement pour y faire face», a assuré Jean Castex.

Peu de temps auparavant, Sur Europe 1, le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti avait récusé «l’ensauvagement de la société» dénoncé par la droite et par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et par la ministre déléguée à la citoyenneté, Marlène Schiappa. «L’ensauvagement, c’est un mot qui (…) développe le sentiment d’insécurité, avait-il osé déclarer. Or pire que l’insécurité, il y a le sentiment d’insécurité» qui est de l’ordre du fantasme» et est nourri par «les difficultés économiques et certains médias ».

Le ministre de l’Education nationale ? Pour l’heure il se tait. Et nul ne connaît les sanctions prévues à l’encontre de ceux qui, au sein de la classe gouvernementale et politique oseraient encore user de ce mot désormais prohibé.

A demain @jynau

1 Ensauvagement: Chute dans la sauvagerie, dans le fait de vivre à l’écart des autres êtres humains et de la civilisation.

Coup de théâtre : la justice allemande autorise une grosse manifestation «anti-masque»

Bonjour

28/08/2020. Cela ferait-il jurisprudence en France ? C’est un violent camouflet pour la vieille ville de Berlin : la justice allemande a levé vendredi 28 août une interdiction décrétée par la municipalité de la capitale allemande concernant une manifestation d’opposants au port du masque et aux mesures contre l’épidémie de la Covid-19 prévue le 29 août et largement soutenue par l’extrême droite.

« Des milliers d’opposants au port du masque et aux mesures de restrictions contre la pandémie de Covid-19 pourront ainsi défiler mais en respectant les gestes barrière et distances, rapporte l’AFP. Saisi en référé, le tribunal administratif de Berlin a estimé que ‘’l’existence d’un danger immédiat pour la sécurité publique’’ n’était pas valable a priori.

On se souvient que les autorités de la capitale allemande avaient justifié leur décision d’interdire cette manifestation par l’impossibilité de respecter les distances d’au moins 1,5 mètre entre manifestants – et ce dans un contexte de reprise de l’épidémie en Allemagne. Le tribunal a toutefois conditionné la tenue de ce rassemblement, pour lequel sont attendues quelque 22.000 personnes, à certaines conditions : une distance minimale soit bien respectée entre manifestants – toutefois ces derniers ne devront pas obligatoirement porter un masque. A l’heure où nous écrivons ces lignes la ville de Berlin avait encore la possibilité de déposer un recours contre cette décision dans la journée auprès de la Cour administrative supérieure de Berlin-Brandebourg.

La position de Gérald Darmanin et celle la justice française  

On se souvient aussi, comme le rappelle l’AFP,  qu’une précédente manifestation d’opposants aux mesures contre l’épidémie avait réuni le 1er août quelque 20.000 personnes dans un cortège rassemblant «libres penseurs», militants anti-vaccins, conspirationnistes ou encore sympathisants d’extrême droite. Elle avait été interrompue par la police car les manifestants, après avoir été plusieurs fois rappelés à l’ordre, n’avaient pas respecté les gestes barrière.

L’interdiction de cette manifestation avait suscité un tollé dans les rangs de l’extrême droite qui l’avait qualifiée de «dictatoriale». Celle-ci s’est félicitée vendredi de la décision judiciaire: le député de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), Leif-Erik Holm, a parlé sur Twitter d’une «victoire pour la liberté». «L’État de droit a protégé la liberté de réunion contre l’arbitraire» de la municipalité de gauche berlinoise, s’est de son côté réjouit une autre dirigeante de ce parti, Beatrix von Storch.

Bien évidemment des contre-manifestations sont également prévues à Berlin. Et toujours la même question : faut-il laisser une pleine et entière liberté à ceux qui mettent théoriquement en danger la sécurité sanitaire ? On aimerait connaître la position du ministre français de l’Intérieur et celle la justice française.

A demain @jynau

Pourquoi ne pas choisir son soignant selon la «couleur de sa peau»? On attend Olivier Véran

Bonjour

11/08/2020. C’est une première ; une première « communautaire » qui soulève quelques sérieuses questions politiques et impose une réponse, au plus vite, du gouvernement. L’affaire vient (fort heureusement) d’être prise en compte par le Conseil national de l’Ordre des médecins et l’Ordre national des infirmiers.  Cœur du sujet : « la constitution d’annuaires de professionnels de santé communautaires ».

En clair des listes de « soignants classés selon leur couleur de peau » ont été diffusées sur Internet et les réseaux sociaux ces derniers jours. Symptôme :  la polémique déclenchée il y a quelques jours par une annonce du collectif anti-raciste « Globule Noir » sur Twitter : « Nous recherchons une infirmière à domicile racisée pour des soins dans le 13e arrondissement de Paris » ; une annonce suivie de la publication de médecins « noirs », mises en ligne par le collectif « Globule noir » – une initiative aussitôt dénoncée par la Licra comme l’expliquait L’Obs il y a quelques jours. La Licra qui dénonce ici la « folie identitaire » .

D’un côté ceux qui ne voient ici qu’une communautarisation de la médecine et une dérive racialiste. De l’autre ceux qui font état des difficultés rencontrées, parfois, dans leurs relations avec certains membres du corps des soignants – et ce du fait de leur « couleur de peau » ou de leurs convictions religieuses.

« Sirènes du communautarisme »

Les deux Ordres disent « ne pouvoir  que s’élever contre cette initiative, qui va à l’encontre des principes fondamentaux de nos professions mais aussi de notre République ». Ecoutons-les :

« Engagés au service de la population, les professionnels de santé ont prêté serment de soigner avec le même dévouement et la même abnégation, quelles que soient les origines, la couleur de peau, la situation sociale ou les orientations religieuses, philosophiques ou sexuelles de leurs patients. Ils les écoutent, les examinent et les prennent en charge dans le respect de chacun, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions.

« L’Ordre des médecins et l’Ordre des infirmiers ne peuvent accepter que de telles accusations de racisme soient portées à l’encontre des soignants, attentant à leur honneur et jetant le discrédit sur leurs professions. Tout comme ils ne peuvent accepter que la santé, pilier de notre pacte social, soit soumise aux sirènes du communautarisme et de la division, dans une période où notre société se doit, plus que jamais, d’être unie. »

 C’est pourquoi les deux Ordres se réservent le droit d’engager toute action permettant de mettre fin à ces pratiques contraires aux principes de la profession et du droit. Ils saisiront également le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, et la CNIL à ce sujet. Et pour dire la vérité on s’étonne qu’Olivier Véran et le gouvernement demeurent, ici, étrangement silencieux. Jusqu’à quand ?

A demain @jynau