Bonjour
14/09/2020. Ce matin sur France Inter, Yannick Jadot, patron des Verts, commentant la lutte contre l’épidémie :
« Il faut trouver le bon équilibre entre la responsabilisation, parce que c’est vrai que tout dépend du comportement des Françaises et des Français(….) et l’action de l’État (….) On voit qu’on a des discours, y compris des scientifiques, dans lesquels plus personne ne se retrouve (….) Et le Conseil scientifique, qui par la voix de son président, matin midi et soir, cherche surtout à foutre la trouille aux Français (…)
« (…) L’objectif c’était d’avoir un million de tests par semaine : il est totalement inexplicable qu’on ne se soit pas préparé à les gérer humainement. Prenons les tests salivaires : il y en a qui ont été testés aux États-Unis, est-ce qu’il faut absolument qu’on passe par toutes les technostructures françaises pour valider les tests salivaires ? »
Hier la une du Journal du Dimanche résumait l’impression générale : Face au Covid-19, le grand bazar. Le JDD qui publie également un entretien-réquisitoire avec le Dr William Dab, ancien Directeur général de la santé. Auquel il faut ajouter l’entretien accordé au Monde (Sandrine Cabut) par le Dr Gilles Pialoux « Le Covid-19 peut entraîner un broyage social, avec des glissements entre causalité et responsabilité ».
Où l’on voit que les dernières annonces de Jean Castex n’ont, faute de pédagogie et de ligne directrice, fait que brouiller un peu plus la perception par l’opinion de la stratégie gouvernementale. Nous sommes désormais ici dans une cacophonie récurrente amplifiée par les chaînes d’information en continu et les amplificateurs des réseaux sociaux. Et c’est dans ce contexte que le Premier ministre en appelle, pour l’essentiel, au « sens de la responsabilité » des Français.
« Résultat : une impression de flou qui, si elle gagne la population, pourrait « nuire au respect des consignes sanitaires », s’inquiétait hier un grand élu francilien, résume le JDD. Les départements où le virus circule activement durcissent donc le ton, mais pas à l’unisson. Dans le Puy-de-Dôme, seules les dérogations pour les rassemblements de plus de 5.000 personnes ont été annulées. Alors qu’en Ille-et-Vilaine la préfète n’a pas exclu de fermer les marchés, de rétablir les justificatifs de domicile, ou de limiter les déplacements. Comment comprendre de tels écarts? « On nous demande de mettre en œuvre des politiques locales mais sans avoir fixé de cadre national », déplore un préfet. Un autre estime qu’il aurait été « plus simple d’établir des scénarios en fonction de la gravité de la situation sanitaire, chaque niveau impliquant des mesures de plus en plus contraignantes », à la façon des stades prévus par le plan Vigipirate en cas de menace terroriste. »
La gestion des tests n’est pas plus convaincante. Le Premier ministre se félicite que la France ait atteint le million de tests hebdomadaires. « Ce chiffre ne peut pas être un objectif, objecte François Blanchecotte, président du Syndicat national des biologistes. Ce qui manque, ce sont les cibles. » En écho, le syndicat de médecins généralistes MG France réclame une politique d’usage des tests « claire et cohérente ». « La stratégie du gouvernement reste encore à ce jour inaudible, incompréhensible », note son président, le Dr Jacques Battistoni. Où l’on se rapproche, une nouvelle fois, de l’accusation d’incurie.
« Le défaut de stratégie que vous dénoncez depuis le mois de mars est-il derrière nous? » demande le JDD au Dr William Dab, Réponse :
« Je crains que non. On ne mène pas une guerre sans un chef d’état-major, une stratégie et une logistique efficace. La stratégie française n’est toujours pas clairement définie. Le Premier ministre veut concilier la vie avec le virus et la vie économique et scolaire. On peut le comprendre, mais ce n’est pas une stratégie. Ou, s’il y en a une, elle n’est pas publique. Plusieurs approches sont possibles. Veut-on éradiquer l’épidémie ou simplement la contrôler? Ne protéger que les personnes fragiles ou se concentrer sur les clusters? Les mesures à prendre ne sont pas toutes les mêmes dans ces différents cas. Il manque également de la pédagogie et un vrai débat démocratique. »
Y a-t-il plus grave, pour un exécutif confronté à une épidémie, que d’être accusé de manquer de pédagogie et de ne pas organiser de véritable débat démocratique ?
A demain @jynau