Autisme : enquête sur des pratiques prohibées. Le Pr Montagnier pourrait-il être inquiété ?

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18/09/2020. Huit ans plus tard, rebondissement dans une affaire que l’on pensait oubliée. Et ce sur une initiative de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). L’ANSM vient ainsi d’annoncer avoir saisi le procureur de Paris quant à des pratiques de prescriptions médicamenteuses dangereuses chez des personnes autistes. L’agence en avait elle-même été informée fin 2019, via sa procédure de lancement d’alerte, par la présidente de l’association SOS Autisme, Olivia Cattan, et a, depuis, notamment recueilli des témoignages de parents et des ordonnances faisant état de ces prescriptions.

Pour la première fois le pôle santé publique du parquet a, sur ce sujet, ouvert une enquête le 11 septembre pour « mise en danger de la personne d’autrui » et « infractions tenant à la réalisation de recherches impliquant la personne humaine », annonce le ministère public. Les investigations ont été confiées à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp).

Ainsi donc « certains médecins » prescriraient de médicaments en dehors de leurs autorisations de mise sur le marché (AMM) pour traiter des enfants atteints d’autisme. « Il s’agit, en particulier, de prescriptions de médicaments anti-infectieux (antibiotiques, antifongiques, antiparasitaires et antiviraux) sur des périodes longues de plusieurs mois mais également de médicaments destinés au traitement des intoxications aux métaux lourds (chélateurs) » précise l’ANSM. Qui ajoute :

« En l’absence de données cliniques, ces médicaments, utilisés en dehors de leur AMM, ne sont pas recommandés dans la prise en charge des troubles du spectre de l’autisme par la HAS. De plus, les anti-infectieux présentent des risques de survenue d’effets indésirables en particulier lors d’une exposition au long cours. Ils peuvent se caractériser, outre les effets digestifs, par des troubles cardiovasculaires, cutanés, ainsi que par d’autres troubles spécifiques à chaque antibiotique utilisé. Par ailleurs, l’utilisation d’antibiotiques sur une durée longue va contribuer à l’émergence d’une antibiorésistance qui diminuera l’efficacité du traitement en cas d’infection avérée. »

Selon Olivia Cattan, présidente de l’Association SOS Autisme (qui s’apprête à publier un livre sur ces pratiques) une cinquantaine de médecins seraient concernés, dans la mouvance de l’association Chronimed, fondée par le controversé Pr Luc Montagnier ; des médecins qui auraient ainsi traité quelque 5 000 enfants depuis 2012. Ces recherches illégales se seraient tenues dans un institut médico-éducatif situé dans le département des Hauts-de-Seine. « On voudrait vraiment que ça aille en justice et que ces médecins soient radiés » déclare Olivia Cattan.

En 2012 le Luc Montagnier, prix Nobel 2008 de médecine pour avoir co-découvert le du virus du sida, défendait l’idée d’une « piste infectieuse » pour expliquer l’autisme. Il affirmait, vidéos à l’appui, que les antibiotiques pouvaient améliorer l’état de la majorité des enfants concernés. Dans un communiqué, SOS Autisme fait part de sa consternation, et juge « impensable qu’aujourd’hui, cet établissement n’ait été l’objet d’aucun contrôle de la part des autorités concernées ».

A demain @jynau

Didier Raoult : pourquoi une majorité de Français lui fait-elle plus confiance qu’au gouvernement ?

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17/09/2020. Le spectacle médiatique n’en finit plus, sa conclusion reste incertaine. Après des mois de mises en scène télévisées, de sombres coulisses politiques, de caricatures, d’ego chauffés à blanc, d’accusations croisées et d’invraisemblables polémiques médicamenteuses les chiffres sont là : un Français sur deux a une « image positive » du Pr Didier Raoult, microbiologiste à la tête de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection à Marseille. C’est la conclusion d’ un sondage de l’institut Harris Interactive pour la chaîne LCI publié le 16 septembre. L’enquête a été réalisée en ligne les 14 et 15 septembre 2020 sur un échantillon de 1.399 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. En voici l’essentiel :

« Plus d’un Français sur deux (52%) porte aujourd’hui un regard positif sur le Professeur Didier Raoult, quand un tiers des Français (33%) déclare en avoir une mauvaise opinion et 15% ne pas le connaitre assez ou ne pas se prononcer. Une progression de la confiance de 7 points par rapport à une précédente enquête réalisée au mois de mai, qui peut s’expliquer notamment par une légère hausse de notoriété du Professeur marseillais auprès des Français (20% ne portaient pas d’opinion sur lui dans la précédente enquête, 15% cette fois-ci)

« Cette bonne opinion est particulièrement ancrée auprès des Français âgés de 65 ans et plus (68% contre 52% pour l’ensemble des Français) et des habitants de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (64%), région où enseigne le professeur. Les sympathisants de la France Insoumise (62%) et du Rassemblement National (72%) se montrent par ailleurs plus positifs à son égard. »

Et puis ce corollaire, tout aussi édifiant : « De manière générale, quand il s’agit de prendre la parole sur l’épidémie de coronavirus, les Français ont légèrement plus tendance à faire confiance à Didier Raoult qu’au Conseil scientifique missionné par le gouvernement : 46% déclarent avoir confiance dans les prises de parole du conseil scientifique quand les allocutions de Didier Raoult suscitent la confiance de 49% des Français (et même 87% auprès de ceux qui déclarent par ailleurs avoir une bonne opinion de l’infectiologue)

Avec, pour finir, un symptôme que ce phénomène a pris des proportions que la raison ne peut plus combattre : Interrogés sur le traitement qu’ils envisageraient s’ils étaient eux-mêmes atteints par le coronavirus, 4 Français sur 10 (41%) déclarent qu’ils souhaiteraient prendre le traitement à base d’hydroxychloroquine préconisé par le Pr Didier Raoult. Les Français portant un regard positif sur Didier Raoult se montreraient majoritairement enclins à prendre ce traitement (70%), qui attire particulièrement d’ailleurs les populations qui le soutiennent le plus : les Français âgés de 65 ans et plus (53%) ou les habitants de la région PACA (53%). »

La prochaine étape du spectacle battrait des records d’audiences télévisées : le Pr Didier Raoult opposé au Pr Jean-François Delfraissy, président (aujourd’hui de plus en plus critiqué par l’exécutif) du Conseil scientifique du gouvernement. Il semble, malheureusement, que les deux champions scientifiques s’y refuseraient. Il leur reste à nous dire pourquoi.

A demain @jynau

Chloroquine : le Pr Pialoux soupçonne le Pr Raoult de ne pas avoir respecté les règles éthiques

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14/09/2020. C’est un entretien à bien des égards édifiant. Il est accordé au Monde (Sandrine Cabut) par le Pr Gilles Pialoux « Le Covid-19 peut entraîner un broyage social, avec des glissements entre causalité et responsabilité ». Le chef du service de maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon depuis 2004 y est interrogé à propos de son dernier ouvrage : Nous n’étions pas prêts (éditions JC Lattes, 250 pages, 18 euros), Où l’on retrouve l’une des principales polémiques du moment. .

Question du Monde : Concernant l’hydroxychloroquine, vous êtes très critique envers la méthodologie des études de Didier Raoult, et envers sa communication. Vous faites même un parallèle avec l’affaire de la cyclosporine dans le traitement du sida, et celle de la mémoire de l’eau. Pensez-vous qu’il y a eu fraude ?

Un « parallèle » avec l’affaire dite de « la mémoire de l’eau » ? Il nous faudra nous pencher sur l’ouvrage pour tenter de comprendre où peuvent bien se cacher les parallèles. Reste l’affaire de Marseille et du Pr Raoult. Le Pr Pialoux :

« Les carences méthodologiques des essais de l’équipe de l’lnstitut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille ont été largement décriées, tout comme leur communication outrancière via YouTube ou dans des revues autopromotionnelles. Mais au-delà, le cadre éthique pose un réel problème, comme l’a révélé Libération 1. J’ai pu confirmer, en consultant des rapports des comités de protection des personnes (CPP), que l’IHU semble effectivement s’être assis sur les règles gérant les recherches cliniques sur l’homme.

« Dans l’histoire du sida, les essais cliniques hors cadre ont fait l’objet d’un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de la direction générale de l’administration et de l’éducation nationale, en 1995. Il me semble que ces études pourraient relever de l’IGAS. Cette histoire a fait en tout cas beaucoup de mal à la recherche clinique. Sans compter toute cette violence sur les réseaux sociaux pour une molécule qui n’a pas prouvé son efficacité. La situation actuelle de l’épidémie à Marseille nous renvoie tous à l’humilité. »

« Humilité ». C’est un bien grand mot qui est ici prononcé. Le Monde : « Vous en voulez aussi aux ‘’experts déconnectés de la réalité’’, qui délivrent des informations erronées. A l’heure où l’épidémie repart en France, quels sont vos messages principaux ? ». Réponse de l’infectiologue parisien :

« Au début de cette pandémie, des spécialistes se sont trompés en parlant de ‘’grippounette ‘’, des modélisations se sont révélées fausses. Dans un phénomène émergent, ces erreurs sont inévitables, mais leur reprise en boucle a créé un courant de négation qui diffuse partout, même chez des chroniqueurs, des philosophes et certains médecins qui nourrissent les dérives complotistes.

« Pour la deuxième vague, il faut accepter de dire : ‘’Je ne sais pas.’’ Par exemple, la place des enfants dans la chaîne de transmission est encore mal connue, idem pour la durée de l’immunité. Et il persiste beaucoup d’incertitudes sur les modes de transmission. On devrait pouvoir laisser l’incertitude exister sans se sentir obligé de donner une opinion. Par ailleurs, pour prendre certaines décisions politiques, comme la généralisation du port du masque, il n’y a pas besoin de preuves de son efficacité. Aujourd’hui, il y a une montée du discours antimasque, mélangée avec des discours antivaccins, anti-5G, etc., et la confusion est attisée par un certain nombre de pseudo-experts et par les réseaux sociaux. Je suis inquiet de cet environnement délétère qui coïncide avec la remontée de l’épidémie. »

Mais qui, aujourd’hui, peut prendre la liberté de ne pas être inquiet ?

A demain @jynau

1 Le Pr Didier Raoult sera-t-il condamné à ne plus pouvoir exercer? Slate.fr 8 septembre 2020

Vaccin-Covid: une «maladie inexpliquée» conduit AstraZeneca à suspendre ses essais cliniques

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09/09/09. Hier le fait aurait volontiers été durablement passé sous silence. Aujourd’hui l’information s’impose d’emblée, au nom d’une transparence imposée – et ce avec toutes les conséquences que l’on peut d’ores et déjà imaginer.

Le puissant groupe pharmaceutique AstraZeneca a annoncé mardi 8 septembre qu’il devait faire une « pause » dans les essais cliniques de son vaccin expérimental contre le Covid-19 – et ce à cause après l’apparition d’une «maladie potentiellement inexpliquée», (sans doute un effet secondaire grave) chez un participant. Transparence ou pas, aucune autre précision n’a encore été donnée.

« Nous avons déclenché une pause dans la vaccination dans le cadre de notre processus pour permettre l’examen des données de sécurité », a déclaré au Financial Times un porte-parole d’AstraZeneca. « Il s’agit d’un contrôle de routine qui doit se produire chaque fois qu’il existe une affection potentiellement inexpliquée dans l’un des essais afin de garantir le maintien de l’intégrité de nos essais. » Les données seront bientôt revues par un comité indépendant. cette pause affecte un test lancé à très large échelle, dans une procédure de phase 3.

L’annonce a, sans surprise, provoqué une chute de l’action AstraZeneca dans les échanges officieux après la clôture de Wall Street. La firme est le partenaire industriel de l’université britannique Oxford, et leur vaccin est l’un des projets occidentaux les plus avancés, testé sur des dizaines de milliers de volontaires au Royaume-Uni, au Brésil, en Afrique du Sud – ainsi, depuis le 31 août, qu’aux Etats-Unis.

Augmenter les craintes et autres rejets vis à vis de la vaccination

«C’est une action de routine qui est requise dès qu’une maladie potentiellement inexpliquée apparaît dans l’un des essais, pendant l’enquête, afin de maintenir l’intégrité des essais», a précisé le porte-parole de la firme.

On ignore donc la nature et la gravité de cet « événement » – qui selon certains (le site Statnews) pourrait ne pas être d’une gravité particulière. C’est la première suspension connue d’un essai clinique concernant un vaccin expérimental contre l’infection par le SARS-CoV-2. Selon la durée et le résultats des investigations, cette décision pourrait avoir un impact sur le calendrier excessivement serré du développement. Elle pourrait aussi être de nature à augmenter les craintes et autres rejets vis à vis de la vaccination contre cette infection.

La veille de cette annonce le ministre de la Santé britannique avait dit espérer des résultats des essais d’AstraZeneca d’ici la fin de l’année – ou pour le début de 2021. La firme a déjà pré-vendu des centaines de millions de doses à de multiples pays – dans le cas au cas où son vaccin prouverait à la fois son efficacité et son innocuité.

« Les laboratoires pharmaceutiques s’inquiètent de la politisation de la science, qui pourrait conduire à une mise sur le marché d’un vaccin ne répondant pas aux normes habituelles de la FDA et accentuer la défiance de la population américaine, observe pour sa part Le Monde (Arnaud Leparmentier).Celle-ci était habituellement réduite à des mouvements antivaccins puissants — les Etats-Unis ont été frappés eux aussi par la résurgence mondiale de rougeole en 2019 — mais elle est plus large, en raison des craintes de manipulations politiques. Selon le New Yorker, entre un tiers et la moitié des Américains pourraient refuser le vaccin contre le Covid-19. Le ministère de la santé compte lancer une campagne publicitaire en faveur de la vaccination d’ici à novembre, avec le soutien de célébrités américaines. »

Qu’en est-il au ministère français de la santé, alors même que la France est l’un des pays qui, d’ores et déjà, compte un taux élevé d’opposants à cette vaccination ?

A demain @jynau

Covid et bouc émissaire. Quand Nicolas Sarkozy vole au secours du Pr Didier Raoult

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05/09/2020. Nouveaux propos, nouveau sous-chapitre dans cette affaire tentaculaire. On vient d’apprendre que  la Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf) avait déposé plainte contre Didier Raoult, le plus que médiatique directeur de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection – plainte auprès du Conseil départemental de l’Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône. Sanctions encourues : du simple avertissement à la radiation définitive.

C’est dans ce contexte que l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy vient de prendre la défense du microbiologiste marseillais. C’était le vendredi 4 septembre lors d’un forum des entrepreneurs à Marseille. «A chaque crise, il faut trouver des boucs émissaires. C’est une maladie française. L’adversaire, c’est le Covid, c’est pas tel ou tel médecin et je pense notamment au professeur Raoult. Je ne comprends pas pourquoi il y a tant de violence à son endroit», a dit l’ancien chef de l’Etat, selon des propos diffusés sur BFMTV.

Et Nicolas Sarkozy de tresser des couronnes de lauriers. « C’est un homme d’une grande qualité qui a fait son possible pour soigner au mieux ses patients, qui a sans doute fait des erreurs comme on en fait tous, moi le premier ». Avant de commenter. « Mais j’observe qu’en période de crise, il y a les pseudo-spécialistes qui se précipitent et qui disent du mal de quelqu’un. Il faut un coupable et c’est celui-là. Ça m’a paru déplacé. Je n’ai aucune compétence pour dire qui a raison et qui a tort. En tout cas, ce n’était pas le sujet. Chacun a fait comme il a pu, et lui le premier.»

De même que la visite médiatisée d’Emmanuel Macron au spécialiste marseillais, ces déclarations seront versées au dossier. On rappellera que la Société de pathologie infectieuse de langue française accuse le Pr Raoult a assuré qu’il n’avait jamais reçu aucune notification de cette plainte d’avoir enfreint pas moins de neuf articles du code de déontologie médicale. Elle rappelle que le code de déontologie médicale interdit aux médecins de présenter comme «salutaire ou sans danger un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé».

A demain @jynau

Le Pr Didier Raoult bientôt transformé en martyr scientifique par l’Ordre des médecins ?

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03/09/2020. C’est une nouvelle et croustillante étape dans une affaire désormais sans fin : « l’affaire Raoult ». On en trouvera l’essentiel dans Le Figaro (Cécile Thibert). Un développement symptomatique des passions et des colères générées par le comportement du microbiologiste marseillais au sein de sa communauté médicale et scientifique spécialisée.

Il faut ainsi rappeler qu’en juillet, la Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf) avait déposé plainte contre Didier Raoult, le plus que médiatique directeur de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection auprès du Conseil départemental de l’Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône. Sanctions encourues : du simple avertissement à la radiation définitive.

« Promotion d’un traitement qui n’a pas démontré son efficacité, diffusion de fausses informations auprès du public, graves manquements au devoir de confraternité, réalisation d’essais cliniques dont la légalité reste à démontrer… La Spilf – qui rassemble plus de 500 spécialistes des maladies infectieuses – reproche au microbiologiste d’avoir enfreint pas moins de neuf articles du code de déontologie médicale » résume Le Figaro.

Et le quotidien de détailler après avoir pris connaissance d’un argumentaire de six pages dans lequel les plaignants exposent méticuleusement les motifs. À commencer par la promotion et la prescription tous azimuts de l’hydroxychloroquine  par le chercheur marseillais depuis le mois février. «Le Pr Didier Raoult a délibérément prescrit de l’hydroxychloroquine souvent associée à de l’azithromycine à des patients atteints de Covid-19 sans qu’aucune donnée acquise de la science ne soit clairement établie à ce sujet, et en infraction avec les recommandations des autorités de santé», souligne la société savante.

Hydroxychloroquine, essai clinique et cadre légal

Pugnaces les auteurs de la plainte rappellent que le code de déontologie médicale interdit aux médecins de présenter comme «salutaire ou sans danger un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé». Et ce alors même que les risques, notamment cardiaques, sont bien établis (150 cas d’atteinte cardiaque liés à l’hydroxychloroquine entre janvier et mai, dont 7 décès, selon l’Agence du médicament).

De même, les médecins sont tenus de ne faire état au public que de «données confirmées», de «faire preuve de prudence» et d’avoir le «souci des répercussions de ses propos». Ce que Didier Raoult n’aurait pas respecté, selon la Spilf,  en affirmant que l’hydroxychloroquine permettait une «amélioration spectaculaire»  – et ce avant de jurer aux députés de la commission d’enquête parlementaire sur la gestion de l’épidémie n’avoir «jamais recommandé ce traitement»

« Les plaignants n’ont pas non plus digéré les multiples offenses du chercheur marseillais, qui a traité de «fous» ceux qui ne prescrivaient pas son traitement, avant d’insinuer que certains avaient délibérément laissé mourir des patients » ajoute Le Figaro. «Ici, à Paris, on comptait les morts, moi je comptais les positifs (…) On n’a pas soigné les gens (…) c’est un choix qui a été fait», a-t-il ainsi déclaré le 25 juin sur BFMTV.

Enfin, et c’est peut-être le plus grave, les auteurs de la plainte accusent le scientifique marseillais de ne pas avoir réalisé ses essais cliniques sur l’homme dans le cadre légal. Une enquête nationale de l’Agence de sécurité du médicament est en cours qui pourrait dépasser le seul cadre des poursuites ordinales.

Et maintenant ? La plainte argumentée doit donner lieu à une « proposition de conciliation » entre les deux parties. Si, comme on peut l’imaginer, celle-ci n’aboutissait pas, le dossier serait instruit par la chambre disciplinaire régionale, présidée par un magistrat. Une procédure qui dure habituellement près d’un an. Avant les éventuels appels. D’ici là le Pr Raoult pourra, une nouvelle fois, amplement dénoncer dans les médias la méchante vindicte professionnelle dont il fait officiellement l’objet– un phénomène qui ne pourra qu’amplifier l’aura dont ce « semi-rebelle » atypique dispose dans l’opinion comme, plus étonnant sans doute, chez une fraction de ses confrères.

A demain @jynau

Eau bénite : pourquoi une aide- soignante en réanimation droguait-elle ses collègues ?

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02/09/2020. Pourquoi ? L’affaire est rapportée par L’Est Républicain (Philippe Piot) : « Pour les infirmières et les aides-soignantes du service de réanimation de l’hôpital Nord Franche-Comté, l’affaire est entendue. Pour elles, il est évident qu’elles ont été droguées à leur insu par une de leurs collègues, sans doute pendant plusieurs mois .»

Tout aurait commencé en juin 2019, lorsqu’une aide-soignante du service de réanimation a fait un malaise à l’hôpital. Il s’est avéré qu’elle était ivre. Ses collègues ont ramassé son sac. Elles y ont découvert des seringues prêtes à l’emploi. « On a alors fait le rapprochement », explique une autre soignante, d’autant qu’au même moment l’actualité braquait ses projecteurs sur l’affaire spectaculaire du Dr Frédéric Péchier, anesthésiste à Besançon.

« Depuis plusieurs semaines, plusieurs mois parfois, elles étaient plusieurs, dans le service, à constater une somnolence, un mal-être, rapporte encore le quotidien régional. Certaines se sont endormies au volant de leur voiture, en repartant du travail, se causant de belles frayeurs. ‘’J’avais les jambes qui flageolaient. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. J’étais patraque tout le temps. Impossible de faire le moindre effort ‘’, raconte une membre du service réa. Des burn-out voire des accidents ischémiques transitoires (AVC) ont été suspectés chez d’autres avec des symptômes qui allaient et venaient. »

Silence à la direction de l’hôpital Nord Franche-Comté

Une constante toutefois : une fois revenues plusieurs jours à la maison, tout allait toujours mieux. « On a commencé à comprendre lorsqu’on a su pour les seringues. On a croisé les dates où on se sentait mal avec le planning du service et il a fallu se rendre à l’évidence : à chaque fois que cela se produisait, il y avait toujours la même personne de service, explique ce membre du service. Elle travaillait à différents horaires avec des gens différents. C’était facile de recouper ».

« Plusieurs membres de l’équipe décident alors d’installer un téléphone portable pour filmer le réfrigérateur où se trouvaient les bouteilles des boissons des soignantes, raconte L’Est Républicain. L’enregistrement vidéo est édifiant. ‘’On y voit une aide-soignante de notre équipe ouvrir nos bouteilles et y verser un liquide à l’aide d’une seringue’’, résume une des victimes qui précise : « Il paraît que lorsqu’elle a été interrogée, elle a dit que c’était de l’eau bénite pour nous protéger… »

Pour ses collègues cette aide-soignante était quelqu’un de prévenant, de très compétent dans son travail, très rigoureuse. Proche de la retraite, elle été rapidement exclue de la fonction publique et ne faisait plus partie du service en septembre 2019. Une dizaine de plaintes ont été déposées. Pour l’heure sans effets visibles. Contacté à plusieurs reprises par Le Quotidien du Médecin, l’hôpital Nord Franche-Comté n’a pas donné suite. Nul ne semble savoir s’il s’agissait bien d’eau bénite.

A demain @jynau

Contraception féminine : savez-vous à partir de quel âge elle est désormais gratuite ?

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29/08/2020. Jadis l’affaire aurait déclenché l’une de ces polémiques qui , depuis la loi Neuwith (1968), opposait partisans et adversaire du droit des femmes à pouvoir dissocier la sexualité de la procréation (« Un enfant quand je le veux ! »).

Aujourd’hui, dans les médias généralistes, ce sont à peine quelques lignes glissées sous mille et un papiers traitant de la pandémie, de la fonte des pôles et de l’interdiction de la chasse à la glu. Un demi-siècle plus tard, la polémique est épuisée. Qui s’en plaindrait ?

Jusqu’à présent, en France, seules les jeunes filles âgées de 15 ans et plus pouvaient bénéficier d’une contraception intégralement prise en charge par la collectivité. Désormais le frais liés à la contraception des jeunes filles de moins de 15 ans seront désormais également pris en charge à 100 % par l’Assurance-maladie, selon un décret publié jeudi 27 août au Journal officiel.

Cette mesure était certes inscrite dans le budget de la Sécurité sociale pour 2020 – mais elle restait suspendue à la parution de ce décret. Les mineures de moins de 15 ans n’auront désormais plus à s’acquitter du « ticket modérateur » pour les consultations de médecins ou sages-femmes, les examens biologiques, les médicaments et les dispositifs contraceptifs.

Gratuité du préservatif ignorée

Pourquoi une telle extension de la prise en charge ? Le gouvernement avait fait savoir fin 2019 que « chaque année, près de 1 000 jeunes filles de 12 à 14 ans sont enceintes en France » et que « parmi ces grossesses, 770 se concluent par une IVG ». Or il apparaît que pour les jeunes filles âgées de 15 à 18 ans le taux de recours à l’IVG a nettement baissé depuis qu’elles ont accès à une contraception gratuite, passant de 9,5 à 6 pour 1 000 entre 2012 et 2018.

Comment dès lors justifier que celle âgées de moins de 15 ans devaient supporter financièrement  le coût des contraceptifs, des consultations médicales et des éventuels examens biologiques ? On observera, en amont, que la question de la gratuité du préservatif (apparue il y quarante ans avec l’émergence du sida) n’a jamais été véritablement posée. Et que le fait qu’il ne le soit pas permet à certains de justifier qu’il en aille de même pour les masques scolaires … Du détournement de la logique à des fins politiques …

« Dans les années 1940, la moitié des femmes avaient connu une première expérience sexuelle à 22 ans, contre 18 ans pour les hommes, soit quatre années d’écart, dit l’Ined à ceux et celles qui l’ont oublié.. Dans les années 1960 et 1970, l’âge médian au premier rapport sexuel a baissé, en particulier chez les jeunes femmes : l’écart avec les garçons s’est réduit. Une stabilisation a été observée dans les années 1980 et 1990. Dans les années 2000, une nouvelle baisse s’est amorcée. »

A demain @jynau

Covid : Donald Trump victime du méchant complotisme vaccinal et politique de la FDA

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24/08/2010. Plus haut, plus loin, plus vite vers la débâcle ?  Le président américain Donald Trump vient d’accuser les responsables de la puissante FDA (Food and Drug Administration) de retarder le développement de vaccins contre le nouveau coronavirus. Selon lui, ils comploteraient pour qu’aucun vaccin ne soit validé avant l’élection présidentielle américaine du 3 novembre. Pour le faire perdre !

Plus précisément Trump les a accusés, sur Twitter, de compliquer l’inscription de candidats aux essais cliniques. Le Vif précise que cette nouvelle attaque intervient après qu’un haut fonctionnaire de la FDA a déclaré qu’il démissionnerait si un vaccin venait à être approuvé avant qu’il ait été prouvé qu’il était efficace. Traduction trumpienne : « ils espèrent de toute évidence retarder la réponse jusqu’après le 3 novembre. »

Donald Trump attaque régulièrement les agences d’Etat via Twitter, les accusant de vouloir saper son autorité. Aujourd’hui la FDA s’inquiète de la pression du gouvernement Trump pour approuver à tout prix un vaccin avant les élections, même sans preuve tangible de son efficacité. A tout prix et quoiqu’il en coûte.

« Aux Etats-Unis, on peut imaginer que la FDA sera sous pression pour autoriser un vaccin américain avant les élections de novembre, prévenait au même moment dans Libération (Olivier Monot), Marie-Paule Kieny, la présidente du nouveau « Comité vaccin » français. Et il est peu probable de voir Donald Trump autoriser un vaccin chinois. Par ailleurs, les vaccins développés en Chine visent les marchés chinois et africains. S’ils déposaient une demande d’autorisation en Europe, leur dossier serait scruté, puisque les agences sanitaires n’ont pas l’habitude de travailler avec ces laboratoires. »

Tubes à essai et vie réelle

Peu après Donald Trump annonçait, le 23 août, l’autorisation en urgence de la transfusion du plasma sanguin de personnes guéries de l’infection par le SARS-CoV-2. Quelques minutes seulement avant le début de la conférence de presse du président américain, la FDA l’avait devancé en annonçant qu’elle donnait cette autorisation en urgence  – autorisation qui est de son ressort et non de celui du chef de l’Etat. On sait que la transfusion de ce plasma qui contient des anticorps vise à permettre aux malades d’éliminer plus vite le virus et de limiter les dégâts sur l’organisme. Si le traitement a déjà produit des résultats, son efficacité exacte fait encore débat. Et il présente un risque d’effets secondaires et de transmission d’agents infectieux. Donald Trump a qualifié l’annonce de « percée historique » pour le traitement du Covid-19, de nature à « sauver un nombre considérable de vies ».

Dans son annonce dimanche, la FDA a néanmoins rappelé qu’il n’existait pas, pour l’heure, de preuve formelle que l’utilisation de plasma était efficace. « Le plasma de personnes convalescentes marche probablement, même s’il faudrait le confirmer par des essais cliniques, mais pas comme traitement d’urgence pour des patients gravement atteints », prévient le Dr Len Horovitz, interne spécialisé en pneumologie à l’hôpital Lenox Hill de New York. Selon lui, il serait plus efficace s’il était administré aux tout premiers signes de la maladie, ce qui sera désormais possible en vertu de l’autorisation publiée.

Invitée ce 24 août de France Inter Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine (Paris), estime que l’on ne dispose pas de nouvelles données quant à l’efficacité de cette approche plasmatique chez les patients atteints de la forme aigüe de la maladie. Non seulement pas de « nouvelles données » mais « pas de résultats du tout ». Pour l’heure, seules quelques « petites données contradictoires »…

Quant à cette nouvelle rumeur de « l’’histoire d’un virus qui serait moins virulent, moins transmissible, moins grave », elle est selon elle «  complètement construite »» « On ne peut pas transposer dans la vie réelle ce que l’on voit dans les tubes à essai. Il n’a pas perdu de virulence, on verra ce qu’il en est dans les semaines à venir. » Ainsi la vie réelle ne serait pas reproduite à l’identique dans les tubes à essai ? Où l’on en vient, une nouvelle fois, face à tant de propos médicaux, scientifiques et politiques tenus dans les médias, à ne plus savoir que conclure.

A demain @jynau

Covid : pourquoi Emmanuel Macron annonce-t-il un vaccin «dans les prochains mois» ?

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21/08/2020. Fallait-il une lueur d’espoir présidentiel dans une rentrée française qui s’annonce un peu plus que compliquée ? La voici : depuis le fort de Brégançon, lors d’une conférence de presse organisée en compagnie de la chancelière allemande Angela Merkel Emmanuel Macron a fait preuve « d’optimisme ». S’exprimant à rebours des avis les plus prudents d’une majorité des spécialistes de la discipline vaccinologique, le président de la République française a estimé qu’il existait actuellement des « perspectives raisonnables » que la France obtienne un vaccin « dans les prochains mois ».

On mesurera le flou : des « perspectives raisonnables » et « dans les prochains mois ». Sur quelles bases ? A partir de quelles informations confidentielles ? Qu’en dit son Conseil scientifique ? N’est-il ici que le porte-voix de Big Pharma ? Le citoyen ne le saura pas. Il lui reste à écouter son président de la République :

« Je le dis et c’est très important, au moment même où l’on a plusieurs vaccins qui sont en phase III, nous avons des perspectives qui sont raisonnables d’avoir un vaccin dans les prochains mois. Cela ne va pas régler les problèmes des prochaines semaines, mais des prochains mois. Nous avons amélioré la coopération européenne sur le vaccin ensemble, en associant beaucoup d’autres États et la Commission, pour d’abord encourager nos industriels qui recherchent un vaccin. Et pour nous assurer que nous aurons les capacités de les produire et les livrer à nos populations quand ils seront disponibles. »

De Brégançon jusqu’au au Vatican et à Genève

« Nos populations ? » Il n’était pas au fort de Brégançon mais à Rome. Le pape François a souhaité mercredi 19 août que les futurs vaccins contre le coronavirus ne soient pas destinés prioritairement «aux plus riches», alors que la pandémie a déjà fait «augmenter» les inégalités dans le monde.

 Le futur vaccin doit cibler d’abord «ceux qui en ont le plus besoin», a-t-il plaidé durant sa traditionnelle audience du mercredi retransmise en direct depuis sa bibliothèque privée au Vatican, afin d’éviter les rassemblements sur la place Saint-Pierre. Ecoutons-le souverain pontife :

«Comme il serait triste que le vaccin contre le Covid-19 soit donné en priorité aux plus riches! Comme il serait triste qu’il devienne la priorité d’une nation et qu’il ne soit pas destiné à tous. Et quel scandale cela serait si toute l’aide économique déployée – en majeure partie de l’argent public – servait à sauver des industries qui ne contribuent pas à l’inclusion des personnes exclues, au bien commun et à la préservation de la Création.

« La pandémie a mis en lumière la difficile situation des pauvres et la grande inégalité qui règne dans le monde. Et le virus, tout en ne faisant aucune exception entre les personnes, a rencontré sur son chemin dévastateur de grandes inégalités et discriminations. Et les a fait croître. D’une part, il est essentiel de trouver le remède à un virus minuscule mais terrible qui met le monde entier à genoux. D’autre part, nous devons guérir un grand virus, celui de l’injustice sociale, de l’inégalité des chances, de la marginalisation, du manque de protection des plus faiblesIl faut changer le monde. »

Croyant ou pas, l’auditeur appréciera-t-il les métaphores virales papales ? Croira-t-il dans le discours de la République française ? Depuis Genève, en phase avec Rome, l’OMS met en garde : « Nous devons prévenir le nationalisme vaccinal ».

A demain @jynau