Mais comment a-t-on réussi à lessiver le corps des soignants hospitaliers? (France Culture)

Bonjour

Il y a le texte, essentiel 1 : le Pr Stéphane Velut, chef de service de neurochirurgie du CHU de Tours éclaire une piste jusqu’ici ignorée (ou très largement sous exploitée) : celle du langage comme symptôme, ce langage « managérial » qui en quatre décennies a envahi la sphère d’un hôpital devenu industrie. Un langage qui l’étouffe 2

« (…) Pourquoi, à l’hôpital, faut-il subir le métalangage du Leader mondial du consulting visant à nous faire avaler un «beau projet»? L’épithète apparaît devant toute perspective risquant de faire grincer des dents. En l’occurrence, il s’agit d’un «nouvel hôpital» dont le nombre réduit de lits devra être compensé par une «optimisation de nos pratiques» qui étaient jusque-là, dit le communicant, «parfaitement inappropriées».

Ce beau projet comportant moins de lits, il faudra concrètement réduire cette fameuse DMS (Durée moyenne de séjour), autrement dit: limiter le stock de gens et en accélérer le flux. C’est pourtant simple. Il nous montre fièrement le plan d’un «hôpital-aéroport». Comment en sommes-nous arrivés là, à devoir subir ce langage repris par l’administration et destiné à nous faire admettre cette perspective intenable? (…) »

« Prière de redimensionner le capacitaire »

Il y a désormais le complément radiophonique 3. Un modèle d’émission où productrice-animatrice laisse (enfin) l’invité parler, accepte ces silences où l’on perçoit la pensée s’élaborer. Trente-trois minutes concentrées durant lesquelles l’auditeur s’approche, au mieux, de la déconstruction en cours du modèle hospitalier français. D’un corps soignant désabusé, puis désenchanté, puis « lessivé », puis en état de désarroi.

Désarroi dont l’auteur redoute qu’il finisse par « avoir raison de son abnégation ». Un monde dont nul ne sait encore s’il résistera au métalangage et à la fabrique du consentement. S’il saura « s’adapter à la transversalité de projet pour parvenir à une meilleure agilité… ». « Se transformer d’hôpital de stocks en hôpital de flux… ». Non pas « réduire le nombre de lits » mais « redimensionner le capacitaire ». Hôpital de demain, hôpital sans humain ?  

A demain @jynau

1 Velut S,  L’hôpital une nouvelle industrie. Le langage comme symptôme  Editions Gallimard. Collection Tracts. 3,90 euros

2 La novlangue managériale a infesté l’administration hospitalière Slate.fr, 21 janvier 2020

3 Gesbert O, La grande table des idées, Stéphane Velut  France Culture, 24 janvier 2020  Avec la rediffusion du remarquable témoignage du Pr  Agnès Hartemann, chef du service diabétologie de la Pitié-Salpêtrière (16/01/2020)

Tremblerez-vous, demain, à la pose de micro-capteurs chimiques au sein de votre cerveau ?

Bonjour

Avoir peur ou faire confiance ? Dirigée par Charles Chatard et Stéphane Marinesco (Inserm, Cnrs, Lyon) une équipe de chercheurs français est parvenue réussi à mettre au point une nouvelle génération de capteurs chimiques permettant de « surveiller le métabolisme du cerveau » -tout particulièrement lors d’accidents vasculaires cérébraux, de traumatismes ou de crises épileptiques. D’une taille inférieure à 15 µm, ces outils permettent de « suivre ce qui se passe dans le cerveau », et ce « en minimisant les lésions du tissu nerveux » afin « d’obtenir des données beaucoup plus fiables et représentatives des échanges neurochimiques ».

Les détails de cette prouesse technique viennent d’être publiés dans la revue ACS Central Science : « Minimally Invasive Microelectrode Biosensors Based on Platinized Carbon Fibers for in Vivo Brain Monitoring »

Postulat : l’analyse du « liquide interstitiel du cerveau » peut révéler des informations chimiques importantes sur l’état du système nerveux central. « Détecter, au fil du temps, les concentrations de métabolites caractéristiques de l’énergie cérébrale (comme le glucose) peut aider à déceler l’apparition de lésions cérébrales afin de permettre aux médecins d’agir avant qu’il ne soit trop tard, résume le service de presse de l’Inserm. De plus, l’activation des réseaux neuronaux qui entraîne une libération de neurotransmetteurs peut aussi être détectée dans le fluide interstitiel. »

Ruptures des petits vaisseaux du cerveau

Pour autant la taille des sondes (et les lésions locales dues à leur implantation) étaient des paramètres qui perturbaient jusqu’à présent la qualité des mesures pouvant être effectuées. La rupture des petits vaisseaux cérébraux pendant l’implantation de la sonde constituait notamment un déclencheur majeur de l’inflammation.

Tel n’est semble-t-il plus le cas. Invisibles à l’œil nu les nouveaux capteurs lyonnais ont un diamètre inférieur à 15 microns (contre 50 à 250 microns actuellement), soit inférieur à celui d’un cheveu. « Leur taille est inférieure à la distance moyenne entre deux capillaires du cerveau, donc ces derniers ne sont pas endommagés par le dispositif » explique Stéphane Marinesco (Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon).

Ces microélectrodes ont d’ores et déjà fourni des évaluations des taux de glucose, lactate ainsi que des concentrations d’oxygène plus fiables et plus précises que les résultats des capteurs conventionnels. De nombreux tests ont été réalisés sur ces nouvelles microélectrodes, notamment sur leur stabilité dans le temps puisqu’elles ont également été testées après six mois de stockage (température ambiante dans l’obscurité). Stéphane Marinesco :

 « Ce dispositif peu envahissant représente une avancée majeure dans notre capacité d’analyser le liquide interstitiel cérébral, ouvrant la voie à la mesure de nouveaux paramètres physiologiques et à de multiples applications. Ce nouvel outil pourrait être utilisé pour tester l’effet de certains médicaments sur le cerveau. Enfin, à plus long terme, le monitoring du cerveau humain pourrait fournir de précieuses informations aux médecins pour mieux comprendre comment un patient atteint de lésions cérébrales récupère après un traumatisme crânien ou un accident vasculaire cérébral. Ce dispositif pourrait également les aider à prendre les meilleures décisions thérapeutiques en fonction de l’évolution du patient ».

L’Inserm ne dit pas si de tels capteurs invisibles ont d’ores et déjà été implantées au sein des liquides interstitiels des cerveaux humains.

A demain

@jynau

 

 

Androcur® : le risque de méningiome augmente avec la durée du traitement. Que faire ?

Bonjour

C’est une alerte doublée d’une équation sans solution. L’affaire est parfaitement exposée sur le site de l’Agence nationale de sécuriré du médicament (ANSM).

Soit l’Androcur® présent sur le marché français depuis près de quarante ans (également commercialisé sous le nom générique d’acétate de cyprotérone). Ce médicament est un dérivé de la progestérone ayant des propriétés anti-androgéniques. Deux présentations :

Androcur® (comprimés à 50 mg) est indiqués chez la femme, dans le traitement de certaines maladies hormonales se manifestant par une augmentation du système pileux (hirsutisme). Chez l’homme, ce médicament est préconisé dans certaines formes de cancer de la prostate.

Androcur® (comprimés à 100 mg) peut notamment être indiqué dans la « réduction  des pulsions sexuelles dans les paraphilies en association à une prise en charge psychothérapeutique ».

On sait depuis près de dix ans que ce médicament peut ne pas être sans risque. « Depuis 2009, l’acétate de cyprotérone fait l’objet d’une surveillance particulière suite au signal émis par la France au niveau européen sur le risque d’apparition de méningiome 1. L’évaluation de ce signal par l’Agence européenne des médicaments (EMA) a conduit à faire figurer ce risque dans la notice du médicament en 2011 » rappelle l’ANSM.

Le méningiome est une tumeur, le plus souvent bénigne, qui se développe à partir des membranes qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière (les méninges).

Etude réalisée auprès de 250 000 femmes

C’est ainsi qu’à partir de 2011 la notice du médicament a été modifiée de manière à faire figurer une contre-indication en cas d’« existence ou antécédents de méningiomes » ; une mise en garde précisant que « des cas de méningiomes (simples et multiples) avaient été rapportés en cas d’utilisation prolongée (plusieurs années) Androcur® à des doses de 25 mg et plus par jour.

Pouvait-on en savoir plus ? « Pour préciser la relation entre la prise du médicament et le risque de méningiome, l’Assurance maladie a mené une étude pharmaco-épidémiologique », explique l’ANSM. Cette étude a été menée en coopération avec le service de neurochirurgie de l’hôpital Lariboisière et réalisée auprès de 250 000 femmes exposées au cyprotérone, en comparant celles qui ont reçu de fortes doses (plus de 3 g sur six mois  puis poursuite du traitement) à celles faiblement exposée (moins de 3 g sur six mois, puis arrêt du traitement). La survenue d’un méningiome chez ces femmes a donc été surveillée pendant sept ans.

Conclusion : « les résultats de cette étude suggèrent que le risque de méningiome est multiplié par 7 pour les femmes traitées par de fortes doses sur une longue période (plus de 6 mois) et par 20 après cinq années de traitement. » Les résultats complets seront disponibles « ultérieurement ».

Que faire ?  Au regard de ces nouvelles données l’ANSM a décidé de créer un comité scientifique spécialisé temporaire composé d’endocrinologues, endocrinologue-pédiatres, gynécologues, neurochirurgiens et dermatologues. Objectif : discuter des conditions d’utilisation et de prescription de ces médicaments afin de limiter ce risque. Les recommandations seront discutées lors d’une prochaine réunion de ce comité.

En pratique, pour toute question, les patients concernés « sont invités à se rapprocher de leur médecin ou de leur pharmacien ». « Ils ne doivent en aucun cas arrêter leur traitement sans l’avis d’un médecin ». L’équation trouvera-t-elle sa solution ?

A demain

1 La question avait initialement fait l’objet d’une publication scientifique en 2008 (« Does cyproterone acetate promote multiple meningiomas ? ») signée par un groupe de neuro-chirurgiens et de médecins dirigé par le Pr Jean-Louis Schlienger (CHU de Strasbourg).

 

Jeu de rugby : les traumatismes sont désormais similaires à ceux de la circulation routière

Bonjour

« Si les médias s’emparent du dossier, cela peut évoluer. confiait-il il y a quelques jours au Figaro. Pour le moment, je suis le seul à dire les choses. J’ai reçu les témoignages de tas de gens mais ils ne s’expriment pas dans le presse. Je suis tout seul. Certains ne veulent pas perdre leur truc… »

Aujourd’hui le Pr Jean Chazal, neurochirurgien et ancien doyen de la faculté de Clermont-Ferrand est toujours aussi seul. Il reprend la parole dans Centre Presse. A la veille des obsèques de Louis Fajfrowski, 21 ans, un rugbyman d’Aurillac mort le 10 août après un choc reçu lors d’un match amical – une mort qui pourrait constituer une salutaire prise de conscience dans un sport qui, sinon, court à sa perte.

La parole du Pr Chazal fait autorité. « Il a opéré plus d’une trentaine de joueurs de rugby. Ainsi qu’un grand nombre de sportifs de haut niveau, rappelle Centre Presse (Caroline Devos). Le skieur Luc Alphand (après un accident de moto), les rugbymen Damien Chouly et Wesley Fofana sont ainsi passés entre ses mains au CHU de Clermont-Ferrand. Jean Chazal est un neurochirurgien réputé mais aussi un vrai spécialiste de la traumatologie du sport. Et depuis des années, il tire la sonnette d’alarme pour dénoncer les dérives qui rendent la pratique sportive – et surtout celle du rugby – de plus en plus dangereuse. »

Ce lanceur d’alerte dérange les gros pardessus de l’Ovalie autant que nombre de ses confrères confortablement installés sous les ors des institutions rugbystiques nationales. Et le président Bernard Laporte vient d’obtenir son exclusion…  de l’Observatoire médical du rugby 1.

Les instances du rugby français et international ont certes pris la mesure du péril des commotions cérébrales (Le « protocole commotion », « carton bleu », renforcement de l’encadrement médical) mais rien n’est fait pour que ces « commotions » ne surviennent pas.

« Dès 2005,  avec le médecin du club de Clermont, nous avons commencé à nous préoccuper de la violence sur les terrains, précise-t-il. Aujourd’hui, on a une augmentation des blessures et notamment celles qui touchent le crâne, le thorax et l’abdomen.

 « Aujourd’hui, dans le rugby, on a une traumatologie qui ressemble à celle de la routeEt pour cause. On a mis des moteurs de 1.000 chevaux dans des carrosseries qui ne sont pas faites pour cela. Les joueurs ont pris dix kilos de masse musculaire en quelques années. On a des ailiers de 130 kg qui courent comme des lapins. Mais à l’intérieur, les ligaments, les articulations, les viscères, les os sont restés identiques. Le rugby fabrique des surhommes, des exceptions physiques. »

Exclusion immédiate

Dans Le Figaro Le Pr Chazal mettait aussi en garde les jeunes rugbymen rarement prêts pour le très haut niveau. Des jeunes en pleine maturation de leur système ostéo-ligamentaire et de leur système cérébral. Ce n’est qu’à 25 ans, selon lui, que le cerveau est totalement mature, en particulier pour l’esprit critique, la préhension de l’espace, la gestion de l’émotion.

« C’est une véritable révolution qu’il faut opérer. Se mettre autour de la table et trouver des solutions. Les arbitres aussi doivent être impliqués. Certaines actions dangereuses ne sont pas sifflées. J’ai vu des joueurs se faire ‘’décalquer’’ par derrière, sans ballon, totalement relâchés… Ce devrait être l’exclusion immédiate ! (…)

« Dans l’équipe de France des moins de 20 ans qui a été championne du monde, il y a des gars qui font 2 m et plus de 100 kg. Faire marche arrière pour la génération actuelle, c’est un peu tard… Il faut modifier les règles, voir ça avec les arbitres. Il faut sévir ! (…)

« En Top 14, les joueurs sont gainés, prévenus, ils sont avertis. Mais au niveau professionnel, il n’y a que quatre ou cinq clubs qui ont un médecin permanent. Dans d’autres clubs, ils ne passent que quelques heures par semaine. On nous met de la poudre aux yeux en disant que le rugby est médicalisé. Au Racing, à Toulon, à Clermont, dans quatre ou cinq clubs, c’est médicalisé. J’ai reçu des SMS d’insultes après avoir déclaré dans Midi Olympique que certains clubs faisaient passer des protocoles commotions par visioconférence. Je ne comprends pas comment on peut procéder ainsi… (…)

Le Pr Chazal en est persuadé : « Si les médias s’emparent du dossier, cela peut évoluer. » Il dit aussi : « Je ne suis pas sûr que ce nouveau décès changera quelque chose ». Que feront les médias ?

A demain

1 Sur ce sujet lire la réponse donnée, sur le site Rugbyrama, par le Dr Bernard Dusfour, président de la commission médicale de la LNR.

 

Rugby : plaqué, le jeune Louis Fajfrowski, a-t-il succombé à une «sidération cardiaque» ?

Bonjour

Voici venu le temps des hypothèses. À quoi Louis Fajfrowski a-t-il succombé, le vendredi 10 août dans le vestiaire du stade Jean-Alric d’Aurillac ? « L’examen médico-légal a permis d’éliminer quelques pistes. Mais pasencore de lever le mystère » résume L’Equipe du 15 août (Laurent Compistron, avec A.Ba. et A. Bo.).

 « Qu’a révélé l’autopsie ? Pas grand-chose, dans un premier temps. L’examen à l’oeil nu des organes vitaux de Louis Fajkrowski, décédé vendredi soir après trois malaises dans le vestiaire du stade Jean-Alric d’Aurillac, quelques minutes après un plaquage au thorax subi en plein match contre Rodez, n’a pas éclairé le médecin légiste de l’Institut médico-légal de Clermont-Ferrand. ‘’Les constatations ne sont pas probantes et ne permettent pas de conclure à la cause du décès’’, a déclaré à l’AFP le magistrat d’Aurillac. Conséquence ?

 « Des prélèvements ont été effectués sur les organes du défunt afin de procéder à des analyses toxicologiques et anatomopathologiques approfondies. Selon le même magistrat, elles devraient permettre de savoir si la disparition du jeune ailier de vingt et un ans n’est pas consécutive à un ‘’arrêt cardiaque lié à des produits dopants’’, ce que personne n’ose imaginer à Aurillac, ou à des ‘’traumatismes du myocarde invisibles à l’oeil nu’’. Ces investigations ne rendront leur verdict que dans une période incompressible de six à huit semaines. »

Mais encore ? Nos confrères de L’Equipe ont enquêté dans les milieux médicaux. Le Pr Jean Chazal, neurochirurgien hospitalo-universitaire réputé, parlant clair et (à ce titre) exclu du premier cercle médical des gros pardessus du rugby français :

« Une commotion peut se produire sans lésion visible. Ensuite le rachis n’a pas été lésé. Et il n’y a pas eu d’hémorragie intra-thoracique, sur les organes comme le cœur ou les poumons, ni intra-abdominale. Si le point d’impact a bien été thoracique, il faut regarder le cœur. On parle beaucoup  de commotions cérébrale dans le rugby, mais on pourrait très bien parler de commotions cardiaques ! Le cœur peut aussi être sidéré, comme le cerveau. »

« Suivi médical assez costaud »

Le cœur sidéré ? Dans L’Equipe le Pr Xavier Jouven, cardiologue parisien réputé, (AP-HP) partage le point de vue de son confrère neurochirurgien :

« Il arrive qu’un choc brutal au niveau du cœur fasse passer quelqu’un en fibrillation ventriculaire. C’est connu dans le base-ball où des joueurs peuvent recevoir la balle à pleine vitesse dans cette zone. Des scientifiques américains ont d’ailleurs fait le test sur des cochons en tirant des balles de tennis dans le cœur. Dans ce cas on constate que le cœur par complètement en vrille (…) Plus le choc est situé près du cœur plus il est grand. Cela peut arriver sur des cœurs sains et à l’autopsie on ne relève aucune anomalie. »

Pour le Pr Xavier Jouven ce phénomène n’est pas connu dans le rugby. Du moins jusqu’à présent.

« Mais selon moi il ne fait pas de doute que le choc a déclenché cette fibrillation. Le joueur a sans doute connu une arythmie durant le temps où il est resté au sol avant de faire une fibrillation dans les vestiaires. »

 Ce phénomène porte un nom : Commotio cordis. D’autres spécialistes restent sur l’hypothèse de la commotion cérébrale et évoquent le « syndrome de second impact ». Quant au président du Stade Aurillacois Cantal Auvergne il précise à L’Equipe que ce jeune joueur « avait un suivi médical assez costaud ». « Des choses ont peut-être échappé aux différents médecins qui l’ont examiné mais, à ma connaissance, il n’avait aucune malformation. »

 A demain

Traumatismes crâniens : quand les sports violents augmentent le risque de démence

Bonjour

Il y a quelques années déjà un lien entre traumatismes crâniens (TC) répétés et augmentation du risque de maladie neurodégénérative avait été suspecté. On s’intéressait alors aux pratiquants professionnels de certains sports « de contact » (boxe, football américain et hockey sur glace notammen) ou à certains vétérans rentrés de théâtres de violents conflits armés. Quelques polémiques surgirent avant que le sujet ne soit abandonné. Pas assez d’effectifs, expliquaient les statisticiens, pour établir une relation de causalité.

Le sujet réapparaît aujourd’hui et de nouveaux argument devront être trouvés pour réfuter un tel lien : une vaste étude publiée dans The  Lancet Psychiatry établit que le risque de démence augmente avec le nombre et la sévérité des traumatismes crânien : « Long-term risk of dementia among people with traumatic brain injury in Denmark: a population-based observational cohort study ».

Ditigée par le Pr Jesse R Fann (Department of Psychiatry and Behavioral Sciences, University of Washington, Seattle) et financée par la Fondation Lundbeck cette étude a  été menée sur une cohorte danoise (près de 2,8 millions de personnes, pour un total de 27 632 020 personnes-années). Elle établit que les personnes ayant subi un TC ont un risque de démence augmenté de 24 %, et un risque spécifique de maladie d’Alzheimer augmenté de 16 %. Le risque est aussi augmenté (17%) même quand il s’agit d’un TC de sévérité moyenne (commotion cérébrale), avec une augmentation de 17 %.

L’Equipe et Midi Olympique

Cette étude est la première du genre à étudier ce phénomène sur un temps aussi long et sur un effectif de cette taille.  à suivre pendant un temps long un échantillon de taille suffisante. Entre 1977 et 2013, 4,7 % des 2,8 millions de personnes de la cohorte ont subi au moins un TC. Et entre 1999 et 2013, chez environ 4,5 % des personnes de plus de 50 ans on a vu apparaître une démence. Eélément plus que troublant : le risque augmente avec le nombre de TC, de 22 % avec un seul TC, jusqu’à 183 % (près de trois fois plus) avec cinq TC ou davantage.

D’autre part, plus la personne subit un TC tôt dans sa vie, plus le risque de démence s’élève. Et les auteurs montrent que les personnes qui ont été victimes des fractures traumatiques en dehors de la tête et du cou ne présentent pas de sur-risque de démence.

 « Il est important de signaler que même si le risque relatif de démence augmente après un TC, le risque absolu reste faible, souligne le Pr Fann. Nos résultats ne signifient pas du tout que toutes les personnes qui ont subi un TC vont développer une démence plus tard. Il suggère toutefois que des programmes de prévention des TC pourraient permettre de réduire le poids de la démence dans le monde.»

Pour l’heure le sujet a intéressé la BBC et Le Quotidien du Médecin. Il ne serait pas inutile de le voir traité, largement, dans L’Equipe et Midi Olympique.

A demain

Neuroéthique : comprendre les promesses et les dangers de la nouvelle psychochirurgie

Bonjour

« La chirurgie de l’âme » de Marc Lévêque et Sandrine Cabut (Jean-Claude Lattès). Voilà un ouvrage important.  Il traite d’une discipline mal connue  – aux confins de la gestuelle chirurgicale et des nouveaux territoires des neurosciences. Nous sommes dans l’ombre des lobotomies, au temps des avancées thérapeutiques obtenues avec les « stimulations cérébrales profondes », en pleine interrogation sur le contrôle du continent cérébral, dans le monde de la « chirurgie de l’âme ». Les deux auteurs sont médecins, l’un est neurochirurgien des hôpitaux de Paris, l’autre est auteure et journaliste. Les deux brossent le tableau d’un passé encore dans les mémoires et d’un avenir en train de s’écrire.

« Ce livre est important à plusieurs égards, écrit en préface le Pr Lionel Naccache (Institut de la moelle et du cerveau, Paris). Tout d’abord, il dresse l’histoire de cette fascinante psychochirurgie du mental sous une forme raisonnée et synthétique. Cette narration des origines de la psychochirurgie contemporaine permet également de comprendre pourquoi le traitement adéquat des questions éthiques soulevées par cette discipline requiert une pensée complexe. Le ton de cet ouvrage illustre les réactions ambivalentes que cette psychochirurgie actuelle suscite : un mélange de fascination et de crainte. »

Héroïnomanes et anorexiques

Les plus anciens gardent ici en mémoire les émotions suscitées par les pratiques mises en scène dans des films comme Soudain l’été dernier (Joseph L. Mankiewicz, 1959) ou Vol au-dessus d’un nid de coucou (Milos Forman, 1975). Le Pr Naccache ajoute pour sa part que cet ouvrage remplit une mission civique remarquable. La description de l’état actuel de la psychochirurgie (ainsi que les nombreux développements qu’elle est appelée à connaître au cours des années qui viennent) sensibilisera selon lui les citoyens à la nécessité de se saisir de manière urgente de ces questions.

Les auteurs détaillent notamment (avec une bibliographie récente) les pratiques revendiquées, en Chine notamment, de destruction d’une partie du circuit de la récompense chez les héroïnomanes. Existent aussi des interventions lésionnelles (capsulotomies) chez des adolescentes souffrant d’« anorexies réfractaires ». De même (et en dépit des dérives passées) « l’agressivité pathologique » peut toujours, ici et là sur la planète, justifier le recours à des interventions lésionnelles. Ce fut notamment le cas au Mexique (avec la cingulotomie) « dans un contexte de retard mental ou de schizophrénie ». Publiés en 2011 et 2012, ces travaux avaient ému quelques membres de la communauté médicale spécialisée – dont le neurochirurgien, auteur de cet ouvrage.

Il n’est pas sans intérêt, aujourd’hui, de découvrir cet ouvrage à la lumière de l’avis rendu sur le même thème par le Comité national français d’éthique (CCNE) il y a quinze ans (avis n° 71, 25 avril 2002). Le CCNE avait été alors saisi par le président de la Commission départementale des hospitalisations psychiatriques du Haut-Rhin. La question concernait le cas d’un patient âgé de 20 ans, souffrant de graves troubles psychiatriques (avec agitation, hétéro-agressivité, menaces d’automutilation) ayant conduit à une hospitalisation quasi continue depuis 1995. Devant le caractère réfractaire aux traitements médicamenteux psychiatriques classiques, un recours à des méthodes chirurgicales était envisagé afin de tenter de réduire la violence potentielle et la dangerosité de ce patient. L’équipe soignante espérait ainsi instaurer un traitement plus humain que la détention quasi carcérale dont il faisait l’objet.

Le CCNE se félicitait, en 2002, de voir des professionnels responsables de ces nouvelles techniques de neurostimulation s’interroger et mener une réflexion prospective sur leurs actes. » Quinze ans plus tard ces questions n’ont rien perdu de leur actualité médicale et éthique. Bien au contraire ; et elles le seront de plus en plus si, comme on peut l’imaginer, les prochaines années voient le développement d’une psychochirurgie enrichie des nouveaux acquis des neurosciences. A ce titre « La chirurgie de l’âme » est, aujourd’hui, un ouvrage important, une lecture essentielle.

A demain

Ce texte reprend pour partie celui publié dans la Revue Médicale Suisse (Rev Med Suisse 2017; 770-771).

Hommes politiques et douleurs lombalgiques : voici le temps des nouveaux arracheurs de maux

 

Bonjour

Pays plus que jacobin la France a mal à ses colonnes vertébrales. Eponge médiatique , Le Parisien le sent qui fait sa Une dur les nouvelles thérapeutiques lombalgiques : « Mal de dos : les solutions qui marchent » (sic). Ce fléau coûte un milliard d’euros par an à la Sécurité sociale. Raison de plus pour ne pas ajouter au fardeau.

« L’injection de gel alcoolique » : clinique Paris V – Générale de santé (ou à l’hôpital Lariboisière) de 700 euros à 2 600 euros qu’il faudra sortir de son portefeuille. Cette méthode est « la dernière alternative à l’opération ». Elle est présentée par Jacques Théron, neuroradiologue interventionnel. Pour le Pr Pierre Guigui, chirurgien orthopédique (HEGP) « le niveau de preuve n’est pas suffisant ».Point/barre.

Emmanuel M.

Dans le champ politique c’est la voix montante d’Emmanuel Macron qui, pour l’heure, fait des merveilles. Un phrasé original, une posture de jeune premier, des accents de sirènes. Hier il saluait Jeanne d’Arc, lévitait au Puy du Fou. Aujourd’hui il fait planer enter Rhône et Saône, au Café des Fédérations, dans la Capitale des Gaules. On pardonne des frais de bouche. On se presse à ses meetings ; on s’enchante de l’absence de tout programme. Avec lui l’étrange coule de source, on voit disparaître peu à peu les écrouelles du royaume. Pour un peu ce serait, à l’échelon national, le mystère renouvelé d’Urbain Grandier. On ne veut surtout pas connaître la fin.

ReActiv8® contre la lombalgie chronique invalidante. C’est une information mandée de Dublin (Irlande).  Mainstay Medical International (société de dispositifs médicaux) y bat le tambour pour son « dispositif de neurostimulation implantable destiné à traiter la lombalgie chronique invalidante ». Elle vient de réussir la première vente et la première pose de son implant en Allemagne : « Une des causes reconnues de la lombalgie chronique est un affaiblissement du contrôle par le système nerveux central des muscles qui stabilisent en permanence la colonne vertébrale dans le bas du dos, puisqu’une colonne vertébrale instable peut provoquer des maux de dos. ReActiv8® (vidéo) est conçu pour stimuler électriquement les nerfs responsables de la contraction de ces muscles et ainsi de contribuer à restaurer le contrôle musculaire et d’améliorer la stabilité de la colonne vertébrale, ce qui permet au corps de récupérer de la lombalgie chronique ». Le Parisien conseille à ses lecteurs lombalgiques de se renseigner auprès de leur médecin traitant ; nous conseillons à ces derniers cette adresse : http://www.mainstay-medical.com/fr/ (aucun lien ni conflit d’intérêts).

François F.

Il est des silences qui équivalent à des pesants d’or. A la Une du Journal du Dimanche : le « mystère François Fillon », qui fut élu de la Sarthe et qui, lui aussi, souffrit de calculs rénaux et de lombalgies-sciatiques. Rien n’a encore vraiment été dit sur celui dont, hier, certains pensaient pouvoir se gausser (« Mister Nobody »). François Fillon Hier au zénith de la droite, aujourd’hui en marche vers l’hypogée républicaine. C’est sans doute un peu plus compliqué – du moins si l’on tient à réduire tout ceci à une série télévisée démocratisée. Et le JDD d’entretenir le mystère, qui fait le portrait d’un homme que personne n’a jamais pu déchiffrer (sic). « François est un sanglier solitaire, confie un filloniste à la journaliste à l’ombre de l’abbaye de Solesmes. Il peut tout lâcher pour aller ruminer au fond de la forêt. »

Où l’on voit, une nouvelle fois, après Urbain Grandier, l’émergence de l’étrange : il existe en France des sangliers qui, le soir venu et loin de tout, deviennent des ruminants. Les cerfs apprécieront.

C’est dit:  aujourd’hui l’étrange émerge de partout. Le Dr Jean-Yves Maigne, responsable du service de médecine physique à l’Hôtel-Dieu de Paris explique que « le mal de dos a changé de nature avec l’ère moderne ». Trop de pression trop de stress, des colonnes burnoutées. Distingons quand même les lésions véritables, objectivables, de la colonne vertébrale et les douleurs « inexpliquées », souvent constantes et diffuses, le fruit d’un dysfonctionnement des muscles, des articulations et des mille et un entrelacs où se niche et d’où parle la douleur. « Attention, il ne s’agit pas d’une maladie psychosomatique, précise au Parisien le Pr Bruno Jean Fautrel, chef du service de rhumatologie dans le temple de la Pitié-Salpêtrière. C’est comme si on faisait une radio de quelqu’un qui a des courbatures après le sport. On ne verrait rien et pourtant, il a mal. »

C’est, très précisément, la situation de la France, ce vieux pays plus que jacobin qui souffre de ses colonnes vertébrales.

A demain

 

 

 

Un système génial de WiFi neuronal laisse espérer que des paralysés pourront, demain, marcher

 

Bonjour

Une nouvelle fois c’est l’anglais qui résume à merveille le sujet. L’anglais et la BBC : “‘Brain wi-fi’ reverses leg paralysis in primate first”. En langue scientifique cela donne, dans le dernier numéro de Nature : “A brain–spine interface alleviating gait deficits after spinal cord injury in primates”.

 On peut aussi se reporter au communiqué de presse de l’Inserm: « Des macaques retrouvent le contrôle d’un membre paralysé ». Sans emphase ce titre fait état d’un espoir considérable dans un domaine où, malheureusement, les espoirs éveillés dans la presse généraliste ont souvent été sans véritables lendemains.

« Des primates non-humains ont retrouvé le contrôle d’un membre inférieur paralysé suite à une lésion de la moelle épinière. Cette avancée a été rendue possible grâce à une interface cerveau-moelle épinière (dite « neuroprothèse »). Ce système agit comme un pont sans fil entre le cerveau et les centres de la marche situés dans la moelle épinière, court-circuitant ainsi la lésion.

« Cette neuroprothèse a été développée par un consortium international mené par l’École Polytechnique de Lausanne (EPFL) au sein duquel l’Institut des maladies neurodégénératives (CNRS/Université de Bordeaux) sous la direction d’Erwan Bezard, directeur de recherche Inserm a mené la validation expérimentale chez l’animal. Les résultats sont publiés le 9 novembre 2016 dans la revue Nature. Un essai clinique a d’ores et déjà été initié à l’hôpital universitaire de Lausanne afin de tester les effets thérapeutiques de cette neuroprothèse chez des patients souffrant de lésions de la moelle épinière. »

Premiers essais chez l’homme

On ajoutera que l’interface est composée d’un implant cérébral, d’un système d’enregistrement, d’un ordinateur, d’un stimulateur implantable et d’un implant spinal. Quant à l’implant cérébral c’est est une puce comparable à celles déjà utilisées chez l’homme pour des recherches sur les interfaces cerveau-ordinateur, et placée (neurochirurgicalement) sur le cortex moteur. L’implant spinal, lui, est composé de seize électrodes préalablement placées chirurgicalement à des endroits précis sur la partie dorsale de la moelle épinière lombaire. Il « active de manière synergique les groupes de muscles de la jambe paralysée, permettant la production des mouvements de flexion et d’extension nécessaires à la marche ».

En d’autres termes ces primates non-humains condamnés à l’horizontalité se lèvent et marchent. La Pr. Jocelyne Bloch, neurochirurgienne, du centre hospitalier universitaire de Lausanne (CHUV) conduit actuellement l’essai clinique qui permettra d’évaluer, chez l’homme, le potentiel thérapeutique de cette technologie qui permettrait à des patients avec des lésions incomplètes de la moelle épinière de remarcher.

On observera que dans son communiqué de presse l’Inserm prend soin d’user d’une majuscule pour le mot Homme. La langue française a des subtilités que la concision de l’anglais interdit. Et c’est à Lausanne, en Suisse francophone, que désormais et grâce au WiFi, l’espoir luit.

A demain