Stress post-traumatique: nouvelles lumières cérébrales sur les «résurgences intempestives»

Bonjour

Voici, plus de cinq ans après les « attentats de Paris et Saint-Denis », une publication de Science . Un travail dirigé par Francis Eustache et Pierre Gagnepain (université de Caen/Normandie, CHU de Caen, GIP Cyceron, Neuropsychologie et Imagerie de la Mémoire Humaine). Une recherche dont les fruits ne seront pas simples à vulgariser par les médias généralistes – en dépit du travail effectué par le service de presse de l’Inserm.

Ce dernier nous rappelle que les attentats du 13 novembre 2015 « ont laissé des marques durables, non seulement sur les survivants et leurs proches, mais aussi sur la société française dans son ensemble ».  Fut alors mis en place le « Projet 13-Novembre » : un programme de recherche transdisciplinaire porté par HESAM Université, le CNRS et l’Inserm. Co-direction assurée par le neuropsychologue Francis Eustache et l’historien Denis Peschanski, directeur de recherche au CNRS.

Objectif : étudier la construction et l’évolution de la mémoire après les attentats du 13 novembre 2015, et en particulier l’articulation entre mémoire individuelle et mémoire collective de ces événements traumatiques – et plus généralement mieux comprendre les facteurs protégeant les individus du stress post-traumatique.

Dans ce cadre, une étude d’imagerie cérébrale intitulée « Remember » s’intéresse aux réseaux cérébraux impliqués dans le Trouble de stress post-traumatique. Ce sot ces travaux qui donnent lieu aujourd’hui à une publication dans la revue Science, le 14 février 2020. Les auteurs se sont penchés sur le phénomène de la résurgence intempestive des images et pensées intrusives chez les patients atteints de stress post-traumatique. Cette résurgence est généralement attribuée à une « défaillance de la mémoire ». Selon les chercheurs français elle serait également liée à un « dysfonctionnement des réseaux cérébraux qui la contrôlent ».

Eclairer en amont, se rapprocher au plus près de la réalité cellulaire sinon moléculaire. De manière, en suivant cette piste à mieux comprendre le substrat de certaines souffrances. Et espérer identifier ainsi de nouvelles pistes de traitement. Plus de cinq ans après l’horreur du 13 novembre.

A demain @jynau

1 Mary A, Dayan J, Leonne G et al, Resilience after trauma: the role of memory suppression, Science, 14 février 2020

Dans des machines à sous des chercheurs français découvrent la source de notre créativité !

Bonjour

Jusqu’où peut aller la liberté de chercher ? C’est une publication scientifique de  Nature Neuroscience  1 signée par des chercheurs de l’Inserm – un Inserm que l’on n’imaginait pas pouvoir vagabonder aussi loin de ses bases médicales. Rappelons que cet Institut a pour mission l’étude de la santé humaine avec pour vocation d’investir le champ de la recherche biomédicale fondamentale et appliquée. 

Le travail a été mené par une équipe du Laboratoire de Neurosciences Cognitives et Computationnelles, Inserm U960, Département d’Études Cognitives, École Normale Supérieure) dirigée par Valentin Wyart. Extrait du communiqué :

« Où aller dîner ce soir : choisir son restaurant favori ou essayer un nouvel endroit ? Pour quelle destination opter pour ses prochaines vacances : la maison familiale que l’on connait par cœur ou une location à l’autre bout du monde ? Lorsque nous devons faire un choix entre plusieurs options, nos décisions ne se dirigent pas toujours vers l’option la plus sûre en se fondant sur nos expériences passées. Cette variabilité caractéristique des décisions humaines est le plus souvent décrite comme de la curiosité : nos choix seraient le reflet d’un compromis entre exploiter des options connues et explorer d’autres options aux issues plus incertaines. La curiosité serait même un attribut de l’intelligence humaine, source de créativité et de découvertes inattendues. Cette interprétation repose sur une hypothèse très forte, quoique rarement mentionnée explicitement, selon laquelle nous évaluons nos options sans jamais faire d’erreur.

(…) Pour étayer leurs soupçons, les chercheurs ont étudié le comportement d’une centaine de personnes dans un jeu de machines à sous qui consistait à choisir entre deux symboles associés à des récompenses incertaines. Ils ont analysé le comportement des participants à l’aide d’un nouveau modèle théorique tenant compte d’erreurs d’évaluation des symboles développé par Charles Findling, post-doctorant dans l’équipe et co-premier signataire de l’article. Les chercheurs ont ainsi découvert que plus de la moitié des choix habituellement considérés comme relevant de la curiosité était en réalité due à des erreurs d’évaluation. »

Valentin Wyart, directeur de l’équipe : « Ce résultat est important, car il implique que de nombreux choix vers l’inconnu le sont à notre insu, sans que nous en ayons conscience. Nos participants ont l’impression de choisir le meilleur symbole et non pas le plus incertain, mais ils le font sur la base de mauvaises informations résultant d’erreurs de raisonnement. »

Christophe Colomb et Henri Becquerel

Résumons. Pour comprendre d’où viennent ces erreurs, les chercheurs ont enregistré l’activité cérébrale d’une partie des participants en imagerie par résonance magnétique fonctionnelle. Ils ont découvert que l’activité du cortex cingulaire antérieur, une région impliquée dans la prise de décision, fluctuait avec les erreurs d’évaluation des participants. L’Inserm le dit autrement : plus l’activité de cette région était grande au moment de l’évaluation des options, plus les erreurs d’évaluation étaient importantes. Pour Vasilisa Skvortsova, post-doctorante et co-première signataire de l’article, « ces erreurs d’évaluation pourraient être régulées via le cortex cingulaire antérieur par le système neuromodulateur de la noradrénaline, en contrôlant la précision des opérations mentales effectuées par le cerveau ». Autrement dit, notre cerveau utiliserait ses propres erreurs pour produire des choix vers l’inconnu, sans s’appuyer sur notre curiosité. « C’est une vision radicalement différente des théories actuelles qui considèrent ces erreurs comme négligeables », assure Valentin Wyart.

Fin du communiqué de l’Inserm : « Si ces résultats peuvent paraître surprenants, le sont-ils vraiment ? De nombreuses découvertes majeures sont le résultat d’erreurs de raisonnement : la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, qui croit avoir atteint les « Indes orientales » – une erreur de navigation de 10 000 km. Mais aussi la découverte de la radioactivité par Henri Becquerel, qui pense initialement que les radiations émises par l’uranium sont dues à la réémission de l’énergie solaire, ou encore la découverte du pacemaker par John Hopps en essayant de traiter l’hypothermie à l’aide d’une fréquence radio. En allant plus loin, « l’évolution des espèces repose elle aussi sur des variations aléatoires du génome, autrement dit des erreurs génétiques, dont certaines sont conservées par sélection naturelle », rappelle Valentin Wyart.  

Serait-ce là, tout bien pesé, la base moléculaire de la sérendipité ? On peut le postuler. Et ne pas s’étonner de penser que notre cerveau tire parti de ses erreurs pour sortir des sentiers battus. Comme le font les chercheurs de l’Inserm.

A demain @jynau

1 Computational noise in reward-guided learning drives behavioral variability in volatile environments Charles Findling, Vasilisa Skvortsova, Rémi Dromnelle, Stefano Palminteri et Valentin Wyart

Un bien étrange rebondissement anti-Alzheimer: la très profitable volte-face du géant Biogen

Bonjour

Si elle existe, où est la vérité statistique pharmaceutique face aux pathologies neurodégénératives ?

L’histoire commence il y a trois ans avec une promesse médicamenteuse alléchante. Soit une publication de Nature ; un clinique mené sur 165 personnes souffrant de maladie d’Alzheimer à partir de l’anticorps monoclonal aducanumab administré mensuellement par voie intraveineuse. Développée par le géant biotechnologique Biogen, cette molécule expérimentale était depuis quelque temps déjà présentée comme prometteuse dans cette indication. Son action vise, schématiquement, à « dissoudre » les agrégats de protéine bêta-amyloïde dans les tissus cérébraux l’un des signes caractéristiques de cette maladie neurodégénérative aujourd’hui incurable.

« Est-ce une action sur un symptôme ou sur la cause ? Tout est là… écrivions-nous en 2016. Les auteurs de la publication de Nature annonçaient avoir observé, après un an de traitement à doses élevées, des résultats positifs en terme de réduction des pertes de mémoire – résultats positifs également à l’imagerie cérébrale. Mais ils faisaient aussi état d’effets secondaires handicapants (céphalées) qui avaient conduit un quart des personnes à arrêter cet essai. »

Ces résultats mitigés devaient être suivis d’un essai clinique de phase III mené auprès de 2700 personnes à un stade très précoce de la maladie en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. On retenait, alors, le commentaire du Dr Tara Spires-Jones (Centre for Cognitive and Neural Systems at the University of Edinburgh) : « Je suis prudemment optimiste quant à ce traitement, mais en essayant de ne pas trop être excité parce que de nombreux médicaments ont donné des résultats à un stade précoce avant de se révéler des échecs lors d’essais plus importants ».  Ou encore la phrase de John Hardy, professeur de neurosciences à l’University College de Londres : «Ces nouvelles données sont alléchantes, mais elles ne sont pas encore définitives ».

Fin annoncée de l’aventure

Puis, en mars dernier, fin de l’aventure.  « Biogen et son partenaire japonais Eisai ont annoncé l’arrêt des essais de leur médicament expérimental contre la maladie d’Alzheimer, l’aducanumab, et le laboratoire américain voit partir en fumée quelque 18 milliards de dollars de sa capitalisation boursière jeudi à Wall Street, rapportait Reuters (Julie Steenhuysen à Chicago, Tamara Mathias à Bangalore, Takashi Umekawa à Tokyo et Caroline Humer à New York, Dominique Rodriguez pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten). Les essais de l’aducanumab en étaient arrivés à la phase 3, qui précède une éventuelle commercialisation, après une phase 2 qui s’était révélée prometteuse et avait suscité un optimisme prudent de la part des investisseurs, échaudés par de nombreux échecs précédents de différents laboratoires contre la maladie d’Alzheimer. »

L’action Biogen abandonnait alors près de 30%, sa plus forte baisse depuis février 2005. Biogen et Eisai expliquaient alors l’abandon de ce traitement expérimental en invoquant une efficacité insuffisante et non des questions de sécurité. « Cette nouvelle décevante confirme la complexité du traitement de la maladie d’Alzheimer et la nécessité de faire progresser les connaissances en neurosciences » reconnaissait le PDG de Biogen Michel Vounatsos. Et Eisai et Biogen de préciser qu’ils continueraient à travailler sur d’autres traitements contre la maladie d’Alzheimer

« Tout traitement efficace contre la maladie d’Alzheimer, qui touche environ 5,7 millions d’Américains, est pratiquement assuré de devenir l’un des médicaments les plus vendus au monde, ajoutait Reuters.  Mais les traitements expérimentaux ont eu jusqu’ici un bilan négatif, avec plus d’une centaine d’échecs. »

Relecture opportune des données passées

23 octobre 2019. Rebondissement spectaculaire : à  la surprise générale, les laboratoires Biogen et Eisai ont annoncé aujourd’hui qu’après consultation auprès des autorités de santé américaines, Biogen va demander une autorisation de mise sur le marché pour son traitement expérimental : l’aducanumab.

Comment comprendre ? « Suite à l’abandon de deux essais cliniques en phase 3, Biogen annonce une nouvelle analyse des résultats précédents en prenant en compte des données supplémentaires. Ainsi, ces nouveaux résultats montrent que l’aducanumab serait actif sur le plan pharmacologique et clinique chez des patients atteints de la maladie d’Alzheimer à un stade léger, explique le site de Vaincre Alzheimer. Les deux études de phase 3, EMERGE (1 638 patients) et ENGAGE (1 647 patients), visaient à évaluer l’efficacité et la sécurité de différentes doses mensuelles d’aducanumab pour réduire les déficiences cognitives et fonctionnelles chez les malades d’Alzheimer à un stade précoce. »

Il semblerait que suite à ces deux abandons, des données supplémentaires seraient devenues disponibles qui auraient permis d’élargir la base de données et de montrer que les premières analyses étaient « incorrectes ». L’essai EMERGE aurait finalement atteint son objectif principal : réduire de 23% le déclin clinique dans le groupe ayant reçu le traitement, comparé au groupe placebo.

Le second essai, ENGAGE, n’a toujours pas atteint ce critère, mais Biogen a déclaré que « les résultats d’un sous-ensemble de participants ayant bénéficié d’une exposition suffisante à l’aducanumab à haute dose, étayaient les conclusions d’EMERGE ».

Hier, à Wall Street, l’action de Biogen s’envolait de 26, puis 37%.Si elle existe, où est la vraie vérité face aux pathologies neurodégénératives ?

A demain @jynau

 

Science avec ou sans conscience : l’activité cérébrale humaine a été recréée en laboratoire

Bonjour

C’est la rentrée des classes et des cours de morale. L’affaire s’infiltre dans le fil de l’AFP, se glisse dans les titres des médias généralistes. « Des mini-cerveaux créés en laboratoire s’activent, une première » (20 minutes). Un soupçon d’espérance dans un océan d’angoisse. Ou l’inverse.

Les spécialistes en apprendront plus en gagnant le site de Cell Stem Cell : «Complex Oscillatory Waves Emerging from Cortical Organoids Model Early Human Brain Network Development » (Trujillo et al.). « Une découverte qui pourrait faire avancer la recherche sur les maladies neurologiques complexes… Mais qui pose quelques questions éthiques, résume l’AFP. Pour la première fois, des scientifiques ont détecté dans des cerveaux minuscules  minuscules développés in vitro à partir de cellules-souches une activité électrique ressemblant à celle des humains.Les scientifiques pensent que les cerveaux ne sont pas conscients (sic), car ils ressemblent à ceux de bébés prématurés (re-sic), mais ne peuvent pas le prouver, ce qui en soi soulève de nouvelles questions éthiques (re-re-sic). »

On parle ici d’ « organoïdes », structures tridimensionnelles qui reproduisent la micro-anatomie d’un organe. « Si vous m’aviez demandé il y a cinq ans si je pensais qu’il serait possible qu’un organoïde cérébral développe un réseau sophistiqué capable de générer des oscillations, j’aurais dit non »,  Alysson R. Muotri, l’un des auteurs de cette création (University of California San Diego, Stem Cell Program, School of Medicine, Dept. Pediatrics/Rady Children’s, La Jolla). Où l’on comprend qu’aujourd’hui il dit oui.

La Devinière, Chinon, 1483

Cette « percée » a été en partie obtenue par l’amélioration de la procédure et de l’environnement de culture des cellules-souches.  « Une autre avancée fut de donner plus de temps aux neurones pour se développer, tout comme les cerveaux des foetus dans le ventre » ajoute l’AFP qui cite le Pr Muotri :  « Les premières étapes du développement neurologique humain sont inscrites dans notre génome », explique Alysson Muotri. Les premières ondes ont été détectées dans les organoïdes au bout de deux mois. Les signaux étaient rares et gardaient une même fréquence, tout comme dans les cerveaux humains très immatures. Mais en continuant à croître, les ondes ont été produites à différentes fréquences, et à intervalles plus réguliers.

Puis, en comparant le développement de ces organoïdes aux courbes observées chez trente-neuf bébés prématurés, les scientifiques se sont aperçus que les trajectoires étaient similaires. Et maintenant ? Se réjouir que des organoïdes puissent être développés à partir de cellules-souches de personnes « atteintes de problèmes neurologiques tels que l’épilepsie et l’autisme » ? Peut-être.

Et relire le Dr François Rabelais qui, entre Pantagruel et Gargantua, créa une langue qui n’était pas sans morale. Rabelais (La Devinière, Chinon, 1483- Paris, 1553). Rabelais et sa conscience, immense écrivain, ecclésiastique et anticlérical, chrétien et considéré par certains comme libre penseur, médecin. Rentrée des classes.

A demain @jynau

Vraie fausse nouvelle et maladie d’Alzheimer : mais pourquoi certains médias font-ils ça ?

Bonjour

Lire le journal ?. Il aura donc suffit, début août 2019, d’un article du Guardian (Kevin Rawlinson), pour relancer, en France, le moteur médiatique alternatif rêves/cauchemars. Un papier assurant que des chercheurs avaient mis au point un « test sanguin » permettant de détecter Alzheimer « 20 ans » avant les premiers symptômes, a été repris par plusieurs médias français.

« Avec toutes les confusions et imprécisions de l’original » accuse Arrêt sur Images (Juliette Gramaglia) . « Un pas de géant », « une avancée majeure », « une petite révolution »… Depuis quelques jours, plusieurs médias généralistes sont à la fête. La raison : on aurait trouvé « un test sanguin pour détecter la maladie [d’Alzheimer] 20 ans avant qu’elle ne se déclare » (20 Minutes) BFMTV, LCI, France Bleu, Franceinfo, Midi Libre, La Provence, La Nouvelle République plusieurs sites d’information ont ainsi relayé, avec des formulations semblables ».

Tout, ici, remonte ici à une publication dans Neurology, « High-precision plasma β-amyloid 42/40 predicts current and future brain amyloidosis ».Un travail américain ;158 personnes en bonne santé volontaires ; la recherche sanguine de deux types de protéines bêta amyloïdes ; un PET-Scan pour de visualiser les dépôts pathologiques cérébraux ; Un autre PET-Scan quelques mois plus tard ; des corrélations ultérieures entre les résultats sanguins et l’évolution des images.

Boules de cristaux

Le Figaro (Cécile Thibert) a voulu en savoir plus – et a interrogé le Pr Bruno Dubois directeur de l’Institut de la mémoire et de la maladie d’Alzheimer de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP). «C’est un travail de qualité, ils montrent que la présence de protéines bêta amyloïdes dans le sang est corrélée à la présence de plaques amyloïdes, dit-il. Mais le fait d’avoir des plaques ne veut absolument pas dire que l’on va développer la maladie. Certaines personnes en ont et ne seront jamais malades. En revanche, tous les malades d’Alzheimer ont des plaques. C’est une condition nécessaire mais pas suffisante».

Nous sommes en 2019 etil n’existe aucun moyen de prédire la maladie d’Alzheimer. « Et quand bien même cette boule de cristal existerait, elle ne serait pas d’une grande aide: il n’existe aucun traitement permettant de ralentir ou de guérir la maladie » assène Le Figaro. «En clinique, chez les personnes qui n’ont aucun symptôme, nous ne faisons pas de dépistage. Même si nous détections des lésions, que pourrait-on faire à part leur dire ’’je n’ai rien à vous proposer’’?», confirme le neurologue parisien.

Ce qui ne signifie pas qu’il faut baisser les bras : il est possible de limiter le risque de développer la maladie en agissant sur les principaux leviers: faire de l’exercice, éviter le tabac et l’alcool, surveiller l’état de ses artères (cholestérol, glycémie, tension artérielle, poids) et avoir une alimentation équilibrée

Sans oublier de stimuler sans cesse son cerveau. Notamment en lisant les journaux.

A demain @jynau

Boire du vin de Champagne et démence précoce : que faut-il, en pratique, vraiment savoir ?

Bonjour

Nous sommes sous les soleils de juillet. François Goullet de Rugy a démissionné et les médias vont pouvoir commencer à lever le pied. Pour autant la chasse aux « fausses nouvelles » est toujours grande ouverte. Avec quelques variantes pétillantes. Ainsi Le Monde (Adrien Sénécat) nous régale-t-il en croisant démence précoce, et vins de Champagne.

« ‘’Le champagne permettrait de lutter contre la démence et la maladie d’Alzheimer 1’’, affirment des articles publiés sur des sites sensationnalistes comme Letopdelhumour.fr ou Lastucerie.fr, nous explique le dernier quotidien vespéral de la capitale. A en croire la rumeur, l’affirmation serait tout ce qu’il y a de plus sérieuse, puisqu’elle serait tirée d’une’étude de l’université de Reading, au Royaume-Uni’’. »

Or cette étude existe bel et bien, comme en témoigne un communiqué de presse, publié le 7 mai 2013 par cette université. Communiqué qui renvoyait à la publication originale  dans Antioxidants and Redox Signaling. : « Phenolic Acid Intake, Delivered Via Moderate Champagne Wine Consumption, Improves Spatial Working Memory Via the Modulation of Hippocampal and Cortical Protein Expression/Activation » Published Online: 24 Oct 2013 https://doi.org/10.1089/ars.2012.5142

« C’est sur ce document que de nombreux articles se sont basés à l’époque, accréditant l’idée que la consommation de champagne pourrait être bénéfique sur le cerveau, souligne Le Monde. En France, BFM-TV écrivait ainsi, il y a six ans, que « le champagne stimulerait la mémoire ». Les années passèrent, et cette conclusion s’est popularisée, faisant l’objet de multiples articles ; elle connaît toujours, y compris ces derniers temps, un certain succès sur les réseaux sociaux. »

Faire boire des rats de laboratoire

Mais on ne parle pas sans grands risques des potentiels effets bé,éfiques de l’alcool – sous toutes se formes. Surtout à notre époque. La rumeur moustillante prenait corps. Au point qu’en novembre 2015, le National Health Service britannique publiait, non sans humour, un rectificatif : « No hard evidence champagne can prevent dementia »

Où les non-spécialistes découvraient que des chercheurs anglais avaient osé faire boire des rats. Trois groupes de huit rats : le premier consommait un peu de vin de Champagne, le deuxième consommait une autre boisson alcoolisée et le troisième aucun alcool. Et les chercheurs de découvrir, médusés, que quelques rats ayant bu du vin de Champagne retrouvaient paradoxalement mieux leur chemin que leur congénères privés de cette réjouissance :

« Changes in spatial working memory induced by the Champagne supplementation are linked to the effects of absorbed phenolics on cytoskeletal proteins, neurotrophin expression, and the effects of alcohol on the regulation of apoptotic events in the hippocampus and cortex. » 

Il ne semble pas que ce travail expérimental soit, aujourd’hui confirmé sur des rongeurs. Quand bien même il resterait à mener de vastes et coûteux essais cliniques avant de pouvoir, le cas échéant, le traduire en recommandation sanitaire. « L’autre problème posé par bon nombre de ces articles sensationnalistes est qu’ils occultent les dangers, avérés et largement documentés cette fois, de la consommation d’alcool » prend soin de rappeler Le Monde. La consommation d’alcool est néfaste pour la santé et aucune, ni le vin ni le champagne (sic) , ne font exception. »

On peut, pour conclure sur ce thème définitif, se reporter aux dernières lignes de Céline 2, dans son Rigodon : « Reims… Epernay … de ces profondeurs pétillantes que plus rien existe… ».

A demain

1 A conseiller, cet ouvrage (à paraître en septembre prochain) : « Que faire face à Alheimer » du Dr Véronique Lefebvre des Noëttes », préface du Pr Eric Piat (éditions du Rocher)

2 A conseiller, dès maintenant, sur France Culture : « Grandes traversées : Louis-Ferdinand Céline, au fond de la nuit » par  Christine Lecerf

Européennes, corrida, cirque et politique: le «Parti animaliste» égale le Parti communiste

Bonjour

27 mai 2019. Tête de liste absente des écrans, programme et score radicalement oubliés des commentateurs : le « Parti animaliste ».  « Parmi les petites listes, c’est celle qui a le plus créé la surprise, résume Le Monde (Mathilde Gérard). Sans avoir été invité à aucun des débats entre candidats organisés sur les principales chaînes télévisées, le Parti animaliste a recueilli, selon les résultats quasi définitifs, 2,2 % des suffrages exprimés en France aux européennes de dimanche 26 mai. C’est plus que la liste « Urgence écologie », de Dominique Bourg (1,8 %), l’ »Union populaire républicaine », de François Asselineau (1,2 %) ou « Lutte ouvrière » (0,8 %), et presque autant que les voix qui se sont portées sur le Parti communiste, emmené par Ian Brossat (2,5 %). »

« Parti animaliste » ? Il n’a que trois ans et double aujourd’hui le score obtenu aux élections législatives de 2017 (1,1 %)  – et ce en dépit de l’absence de la distribution de ses bulletins dans certains bureaux de vote. Tête de liste : Hélène Thouy, avocate au barreau de Bordeaux ; intervient et conseille des associations et des militants engagés pour la cause animale depuis une dizaine d’années ; co-fondatrice de l’association Animal Justice et Droit ; engagée dans la défense des droits de l’homme ; a présidé l’Institut de Défense des étrangers du barreau de Bordeaux.

Les intérêts des êtres dotés de sensibilité

Ce parti est soutenu par des « personnalités médiatiques » : une cinquantaine d’acteurs, animateurs, chanteurs, humoristes et inclassables  – Brigitte Bardot, Claude Lelouch, Laurent Baffie, Laura Smet, Virginie Lemoine, Anny Duperey, Dave, Stone … (et le Dr Colette Goujon, présidente du Comité de lutte contre la douleur du groupe hospitalier Henri Mondor) – ont signé une tribune appelant à « prendre le parti des intérêts des êtres sensibles » 1.

Programme : plus d’une centaine de mesures dans son programme, ciblant dans leur grande majorité la souffrance des animaux d’élevage – sans oublier la chasse, la corrida, les cirques ou les expérimentations scientifiques 1. « A Bruxelles, des organisations en défense de la cause animale se sont regroupées au sein d’une plate-forme, Eurogroup for animals, pour faire avancer leurs dossiers au sein du Parlement et de la Commission européenne, précise Le Monde.  Car c’est bien à l’échelon bruxellois que se jouent de nombreux dossiers affectant le bien-être animal, notamment à travers la politique agricole commune, mais aussi plusieurs directives déterminant les conditions de transport d’animaux d’élevage, ou les modalités de pêche, pisciculture ou d’expérimentation animale. »

Le score de la liste animaliste en France ne lui permet certes pas d’obtenir d’eurodéputé à Strasbourg, ni d’obtenir un remboursement de sa campagne. Mais en Allemagne,le Parti de la protection des animaux obtient deux sièges, tandis que la liste animaliste néerlandaise en occupera un, précieux.

Egaler le Parti communiste français …! Où l’on voit émerger en Europe, sur les décombres des partis antiques – et en marge des aspirations croissantes « écologiques »- une nouvelle idéologie, une idéologie de la « sensibilité ». A surveiller, comme le feu sous le lait.

A demain

@jynau

1 Extrait : « La soumission des animaux au régime des choses est entrée en crise parce qu’elle est entrée dans sa phase critique. Les efforts conjoints des filières, des lobbys et du marketing n’y pourront rien. Car, il faut insister, cette critique n’est pas le fait récent des « vegans » ou des « antispécistes », comme eux-mêmes, les médias ou leurs adversaires se plaisent à les appeler. Ces personnes forment la crête d’une vague bien plus large, qui porte une inquiétude contemporaine que nul n’exprima mieux que le philosophe Jacques Derrida. En 2001, il écrit : « Cette violence industrielle, scientifique, technique ne saurait être encore trop longtemps supportée, en fait ou en droit. Elle se trouvera de plus en plus discréditée. Les rapports entre les hommes et les animaux devront changer. Ils le devront, au double sens de ce terme, au sens de la nécessité “ontologique’’ et du devoir “éthique’’».

Le couple crise/critique traverse notre époque à la manière d’une lame de fond : elle vient des profondeurs. Le caractère virtuellement interminable de l’exploitation animale, que nos moyens scientifiques et techniques rendent désormais possible, tient dans le fait que le « stock » détruit est aussitôt renouvelé, et ainsi de suite. L’animal n’a pas eu le temps de vivre qu’il est déjà bon pour l’abattoir. Faut-il rappeler que, par exemple, un poulet de chair n’est maintenu en vie que durant les 40 jours nécessaires à son engraissement ? (…) La condamnation des violences envers les animaux n’a cessé de jalonner l’histoire de la pensée. Elle est portée par les plus grands noms de notre culture philosophique et littéraire. Ils offrent à la voix de ceux qui défendent les animaux une épaisseur culturelle dont leurs adversaires n’aiment pas entendre parler. (…) »2 Sur ce thème : « Pourquoi ces deux millions d’animaux utilisés ‘’pour la recherche’’, en France, en 2017 ? » Journalisme et santé publique, 17 mai 2019

Vincent Lambert: le troublant message aux Français d’un expert mondial des comas dépassés

Bonjour

21 mai 2019. Libération dépassé par le justice : le quotidien aura été incapable d’intégrer le coup de théâtre judiciaire de la veille dans son dossier du jour sur l’affaire Vincent Lambert (« Vincent Lambert question de vie et de mort. L’équipe médicale a interrompu, lundi matin, les traitements maintenant en vie l’ancien infirmier, plongé depuis 2008 dans un état ‘’pauci-relationnel’’ irréversible. Epilogue annoncé d’une affaire hors norme qui met la France face à ses hésitations bioéthiques. ») Un coup de théâtre qui, déjà, relance en France la question de l’euthanasie. Et les médias moutonniers de découvrir, en interrogeant en boucle Jean-Luc Romero, président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), les vertus supposées de la « loi belge » et des modalités de la pratique, dans ce pays, de l’euthanasie.

En dépit de son « ratage » Libération, dans sa version papier, offre un document important : l’entretien que lui a accordé  Steven Laureys, spécialiste belge de neurologie, à la tête  Coma Science Group centre pionnier du  CHU de Liège et expert de renommée internationale (on trouvera ici sa biographie résumée). Steven Laureys avait notamment examiné Vincent Lambert en 2012. Sept ans plus tard il dit regretter le « manque d’apaisement en France ». Voici le message essentiel délivré (propos recueillis par Eric Favereau) dans Libé :

 «Cette affaire m’inspire un sentiment de tristesse à l’égard de tous les acteurs impliqués. D’abord pour Vincent. Ces onze ans, son coma, tout ce qui a suivi après… Ensuite pour sa femme et toute sa famille qui ont vécu les différentes étapes, la réanimation, un bout d’espoir, et puis finalement ce qui est devenu un combat pour le respect de ses souhaits.

« Les parents avaient un autre combat, je pense qu’ils ont agi par amour pour leur fils. Sentiment de tristesse pour tous les autres aussi, la France mais plus largement le monde entier, qui sont devenus spectateurs. C’est une triste histoire, mais je pense que l’on peut en apprendre quelque chose. Aujourd’hui, en France, il y a des centaines de Vincent Lambert dans les hôpitaux et dans les maisons de soins 2. Et c’est un drame, ce sont des patients qui sont négligés, abandonnés. Et dans ce drame, tout le monde souffre. J’aimerais inciter chaque Français à se demander : et si c’était moi qui étais dans ce lit ? Des centaines de patients sont ainsi et personne n’en parle. Nous sommes tous des Vincent Lambert, car cela peut arriver à vous, à tous : un accident de la route, une hémorragie cérébrale, une foule de situations imprévues. Ces patients en état de conscience modifiée, qui survivent à leur coma et qui ne vont pas évoluer vers la mort cérébrale, ceux-là vont vivre un calvaire avec une absence de prise en charge digne de ce nom.

«Il faut en parler différemment. Il faut remplacer l’expression maladroite d’ »état végétatif », qui nous enferme comme une plante. Parlons plutôt d’une situation d’ »éveil non-répondant ». C’est cela que l’on voit : ils ouvrent les yeux, mais ne répondent pas à la demande. Ils sont censés être complètement inconscients – vous parlez en France d’ »états pauci-relationnels ». Je pense que l’histoire de Vincent nous invite à nous intéresser à tous ces autres patients dont personne ne veut améliorer le traitement ou la prise en charge. Il faut faire des centres de rééducation, partout en France, leur qualité est aujourd’hui par trop variable. Il y a des centres qui s’intéressent à cette problématique, cela ne doit pas être uniquement à visée scientifique mais aussi clinique. A Liège, depuis vingt ans, nous sommes pionniers, mais on est presque seuls et cela reste un combat.

«Mon deuxième message est d’inviter chaque citoyen à rédiger un testament de vie ou des directives anticipées, ou à choisir une personne qui saura dire votre souhait si vous n’êtes plus en état de l’exprimer. C’est essentiel que la personne soit entendue et que, par exemple, le choix de Vincent Lambert soit entendu. Mais pourquoi est-il si difficile d’avoir un débat démocratique sur ces sujets ? Les situations ne sont jamais ni toutes noires ni toutes blanches. Avec Vincent, l’histoire s’est tant polarisée qu’elle est devenue une affaire de lobbys. Et cela des deux côtés. On oublie la complexité, la réalité biologique. Il n’y a pas un droit à la vie ou la mort, mais un droit à la qualité de vie. En vingt ans, j’ai fait un cheminement, je ne juge plus. Qui suis-je pour dire le bon choix ? C’est triste que ce débat soit si difficile en France. Vous avez d’excellents hôpitaux, des soins intensifs remarquables, mais il y a des choses qui nous échappent. Là est le défi : avoir un débat serein.»

A demain

@jynau

1 En Belgique la loi du 28 mai 2002  définit l’euthanasie comme étant « l’acte, pratiqué par un tiers, qui met intentionnellement fin à la vie d’une personne à la demande de celle-ci ». L’acte d’euthanasie y est autorisé sous trois conditions : le patient doit être majeur (ou mineur émancipé), capable et conscient au moment de sa demande ; celle-ci doit être formulée de manière volontaire, réfléchie et répétée et ne résulte pas d’une pression extérieure ; le patient se trouve dans une situation médicale sans issue et fait état d’une souffrance physique ou psychique constante et insupportable qui ne peut être apaisée et qui résulte d’une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable. Le médecin qui pratique l’acte doit être volontaire, aucune personne ne peut être contrainte d’y participer.

2 « Ces 1.500 Vincent Lambert dont personne ne parle » Slate.fr 24 juin 2014

Cannabis et exercice physique : souris et chocolat nous ouvrent des perspectives philosophiques

Bonjour

Quelle est l’ampleur véritable de notre libre arbitre ? Où se nichent le déterminisme et la prédétermination ? Tout est-il écrit ou nous reste-t-il quelques pages blanches ?  La question se pose à la lecture du titre d’un récent et très officiel communiqué de presse de l’Inserm : « Courir ou manger du chocolat, un choix dicté par les récepteurs cannabinoïdes ».

Exposé général des motifs :

« Les pathologies qui résultent de notre mode de vie sédentaire ont pour principale cause une inactivité physique, cette dernière étant souvent associée à une prise excessive de nourriture riche en sucres et/ou en gras. A l’opposé, une activité physique excessive aux dépens de la prise de nourriture peut également s’avérer nocive, comme l’illustrent des cas d’anorexie nerveuse. Ces données rendent donc cruciale la recherche des processus neurobiologiques contrôlant les motivations respectives pour l’activité physique et la prise alimentaire. Fruit de la collaboration entre des chercheurs de l’Inserm et du CNRS, une étude publiée le 07 Mars 2019 dans la revue JCI Insight révèle que les récepteurs cannabinoïdes CB1 jouent un rôle primordial dans le choix entre courir et consommer une nourriture chocolatée. »

Contexte du travail :

« Les auteurs de avaient précédemment rapporté que les récepteurs des cannabinoïdes CB1, présents sur plusieurs types de neurones, jouent un rôle clef dans les performances lors d’une activité physique chez la souris. Cette conclusion était basée sur les performances réalisées par des animaux ayant un accès libre à une roue d’activité, un modèle qui ne permettait pas de distinguer le mécanisme mis en jeu (motivation, plaisir…). »

Méthodologie :

« La motivation pour une récompense ne pouvant être estimée que par la mesure des efforts que l’individu, Homme ou animal, est prêt à fournir pour accéder à cette récompense, les chercheurs ont élaboré un modèle dans lequel chaque accès à la roue était conditionné par un effort préalable. Cet effort préalable consiste en l’introduction répétée du museau dans un réceptacle, condition sine qua none pour débloquer la roue. Après une période d’apprentissage de la tâche au cours de laquelle l’effort demandé était constant, les souris ont été confrontées à un test dans lequel l’effort demandé pour accéder à la roue a été augmenté de manière progressive. »

Résultats :

« Exposées à ce test, des souris dépourvues de récepteurs CB1 ont montré un déficit de 80 % dans l’effort maximal qu’elles étaient prêtes à fournir pour accéder à la roue, et ce sans diminution des performances lors de leurs accès à la roue. Ce résultat indique que les récepteurs CB1 jouent un rôle majeur dans le contrôle de la motivation pour l’activité physique. L’utilisation d’autres souris génétiquement modifiées a également permis aux chercheurs de démontrer que ces récepteurs CB1 contrôlant la motivation pour l’exercice sont localisés sur des neurones GABAergiques.

Les chercheurs ont ensuite examiné si les récepteurs CB1 dans les neurones GABAergiques contrôlent la motivation pour une autre récompense, de la nourriture chocolatée (au même titre que les humains, les souris en raffolent même si elles sont bien nourries). Alors que les récepteurs CB1 jouent également un rôle dans la motivation pour la nourriture, mais à un degré moindre que dans la motivation pour l’activité physique, les récepteurs CB1 localisés sur les neurones GABAergiques ne sont pas impliqués dans la motivation pour la prise de nourriture chocolatée. »

Perspectives addictologiques et philosophiques :

« Au-delà de ces résultats indiquant que le récepteur cannabinoïde est primordial pour la motivation pour l’activité physique, cette étude ouvre des perspectives pour pouvoir étudier les mécanismes neurobiologiques responsables d’augmentations pathologiques de cette motivation. Une illustration est fournie par l’anorexie nerveuse qui associe souvent une diminution de la motivation pour se nourrir à une augmentation de la motivation pour l’activité physique. »

Rappelons, au delà des addictions, que le libre arbitre est la faculté qu’aurait l’être humain de se déterminer librement et par lui seul, à agir et à penser. A l’opposé du spectre on trouve le déterminisme, voire le fatalisme, qui affirment que la volonté serait déterminée dans chacun de ses actes par des « forces » qui l’y nécessitent. Résumons. « Se déterminer à » versus « être déterminé par ». Entre le « destin » et la « liberté », faut-il choisir ou, au contraire, pouvons-nous saupoudrer ? Et les museaux de souris peuvent-ils, ici, nous éclairer ?

A demain

@jynau

Scientifiquement prouvé : notre cerveau produit de jeunes neurones jusqu’à un âge avancé

Bonjour

C’est à ne plus désespérer, oui le cerveau humain fabrique bien, en son sein, de nouveaux neurones. « Après plusieurs travaux contradictoires, une nouvelle étude confirme que la neurogenèse est abondante chez l’adulte, et qu’elle s’effondre chez les malades d’Alzheimer » rapporte Le Monde (Hervé Morin) qui cite une publication de Nature Medicine :  « Adult hippocampal neurogenesis is abundant in neurologically healthy subjects and drops sharply in patients with Alzheimer’s disease ».

Un travail remarquable dirigé, de l’autre côté des Pyrénées par Maria Llorens-Martin (Department of Molecular Neuropathology, Centro de Biología Molecular ‘Severo Ochoa’, Faculty of Sciences, Universidad Autónoma de Madrid, Center for Networked Biomedical Research on Neurodegenerative Diseases, Madrid). Son équipe établit de manière scientifique et difficilement discutable que, dans l’espèce humaine, les « fontaines à neurones » existent et demeurent en activité, y compris au-delà de 80 ans – sauf en cas de maladie d’Alzheimer.

Au-delà des Pyrénées

On l’avait longtemps nié. Puis ces dernières années, on en doutait. On ne devrait plus. Maria Llorens-Martin et son équipe ont étudié les hippocampes prélevés sur cinquante-trois cerveaux humains offerts à la science – on sait que l’hippocampe est une structure cérébrale profonde jouant notamment un rôle fondamental dans la mémoire et la navigation spatiale. Et via divers marqueurs biologiques des populations de jeunes neurones ont pu être identifiées.

 « Cet article va devenir un cas d’école sur les protocoles à utiliser », confirme le neurobiologiste Pierre-Marie Lledo (Institut Pasteur de Paris) qui a confié au Monde être  « impressionné par toutes les méthodes mises en œuvre pour éviter les artefacts ». Il estime que par le passé, les revues scientifiques ont pu montrer une forme de complaisance à l’égard d’études « de moins bonne qualité, même, que celles conduites chez les primates non humains ou les rongeurs », en raison du statut particulier du cerveau humain, ressource biologique « rare » et d’accès difficile.

On imagine sans mal la somme des questions soulevées et des perspectives ouvertes par la confirmation d’une neurogenèse active jusqu’aux vieux âges. Les conclusions madrilènes vont-elles aider à comprendre, enfin, la physiopathologie de la maladie d’Alzheimer ? Aider à soigner les maladies neurodégénératives ? Il faut rester prudent, estime le chercheur de Pasteur. Reste la vérité vraie, venue d’au-delà des Pyrénées : rien n’interdit plus d’espérer.

A demain

@jynau