Bonjour
Avoir peur ou faire confiance ? Dirigée par Charles Chatard et Stéphane Marinesco (Inserm, Cnrs, Lyon) une équipe de chercheurs français est parvenue réussi à mettre au point une nouvelle génération de capteurs chimiques permettant de « surveiller le métabolisme du cerveau » -tout particulièrement lors d’accidents vasculaires cérébraux, de traumatismes ou de crises épileptiques. D’une taille inférieure à 15 µm, ces outils permettent de « suivre ce qui se passe dans le cerveau », et ce « en minimisant les lésions du tissu nerveux » afin « d’obtenir des données beaucoup plus fiables et représentatives des échanges neurochimiques ».
Les détails de cette prouesse technique viennent d’être publiés dans la revue ACS Central Science : « Minimally Invasive Microelectrode Biosensors Based on Platinized Carbon Fibers for in Vivo Brain Monitoring »
Postulat : l’analyse du « liquide interstitiel du cerveau » peut révéler des informations chimiques importantes sur l’état du système nerveux central. « Détecter, au fil du temps, les concentrations de métabolites caractéristiques de l’énergie cérébrale (comme le glucose) peut aider à déceler l’apparition de lésions cérébrales afin de permettre aux médecins d’agir avant qu’il ne soit trop tard, résume le service de presse de l’Inserm. De plus, l’activation des réseaux neuronaux qui entraîne une libération de neurotransmetteurs peut aussi être détectée dans le fluide interstitiel. »
Ruptures des petits vaisseaux du cerveau
Pour autant la taille des sondes (et les lésions locales dues à leur implantation) étaient des paramètres qui perturbaient jusqu’à présent la qualité des mesures pouvant être effectuées. La rupture des petits vaisseaux cérébraux pendant l’implantation de la sonde constituait notamment un déclencheur majeur de l’inflammation.
Tel n’est semble-t-il plus le cas. Invisibles à l’œil nu les nouveaux capteurs lyonnais ont un diamètre inférieur à 15 microns (contre 50 à 250 microns actuellement), soit inférieur à celui d’un cheveu. « Leur taille est inférieure à la distance moyenne entre deux capillaires du cerveau, donc ces derniers ne sont pas endommagés par le dispositif » explique Stéphane Marinesco (Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon).
Ces microélectrodes ont d’ores et déjà fourni des évaluations des taux de glucose, lactate ainsi que des concentrations d’oxygène plus fiables et plus précises que les résultats des capteurs conventionnels. De nombreux tests ont été réalisés sur ces nouvelles microélectrodes, notamment sur leur stabilité dans le temps puisqu’elles ont également été testées après six mois de stockage (température ambiante dans l’obscurité). Stéphane Marinesco :
« Ce dispositif peu envahissant représente une avancée majeure dans notre capacité d’analyser le liquide interstitiel cérébral, ouvrant la voie à la mesure de nouveaux paramètres physiologiques et à de multiples applications. Ce nouvel outil pourrait être utilisé pour tester l’effet de certains médicaments sur le cerveau. Enfin, à plus long terme, le monitoring du cerveau humain pourrait fournir de précieuses informations aux médecins pour mieux comprendre comment un patient atteint de lésions cérébrales récupère après un traumatisme crânien ou un accident vasculaire cérébral. Ce dispositif pourrait également les aider à prendre les meilleures décisions thérapeutiques en fonction de l’évolution du patient ».
L’Inserm ne dit pas si de tels capteurs invisibles ont d’ores et déjà été implantées au sein des liquides interstitiels des cerveaux humains.
A demain
@jynau