Police et graves blessures oculaires: The Lancet attend les commentaires de C. Castaner

Bonjour

Violences policières, médecine et publication scientifique. Une étude menée auprès des CHU de France vient d’être publiée dans The Lancet :« Blessures oculaires causées par des armes non létales en France. Résumée par l’AFP et citée dans de nombreux médias, elle dresse la liste des blessures oculaires suspectées d’avoir été causées par les lanceurs de balle de défense (LBD). Aucune véritable surprise pour qui suit l’actualité : leur nombre est en forte hausse depuis la crise des « gilets jaunes ».

C’est une étude dite « rétrospective ». Les auteurs ont contacté tous les CHU de France, là où sont traités les patients les plus gravement atteints. Objectif : recenser les cas suspectés de blessures oculaires par LBD entre  février 2016 et août 2019. Deux cas sont recensés en 2016, un en 2017, mais vingt-cinq en 2018 – année du début de la crise des « gilets jaunes » – et quinze sur la période étudiée de 2019. L’âge moyen des victimes est de 26 ans. Il y a trente-huit hommes et cinq femmes. Vingt-cinq patients présentent des blessures ouvertes au globe oculaire et dix-huit d’autres traumatismes, notamment à la rétine (dix cas). Il y a vingt-cinq cas de fractures orbitales, douze de fractures de la face et deux de dommages au cerveau. Trente des quarante-trois patients ont dû être opérés, à une ou plusieurs reprises. Parmi eux, neuf ont dû être énucléés.

Les dix-huit auteurs, tous spécialistes réputés 1, soulignent que la législation française ne prévoit pas de collecte de données systématique sur les blessures causées par ces armes, utilisées notamment pour le maintien de l’ordre. Sur le total de quarante-trois cas étudiés, vingt ont été traités par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Est-ce qui explique que son directeur général, Martin Hirsch @MartinHirsch , a aussitôt relayé vendredi sur Twitter l’article du Lancet, qu’il a qualifié de « premier bilan publié dans une revue scientifique » ?

Depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes, les méthodes d’intervention et les violences attribuées aux forces de l’ordre font l’objet de nombreux débats et polémiques. Depuis le 17 novembre 2018, 2 500 manifestants et 1 800 membres des forces de l’ordre ont été blessés, selon les chiffres de Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur. The Lancet attend ses commentaires.

A demain @jynau

1 Aurore Chauvin, Jean-Louis Bourges, Jean-François Korobelnik, Michel Paques, Pierre Lebranchu, Frederic Villeroy, Christophe Chiquet, Carl Arndt, Pierre Fournier, Max Villain, Frederic Mouriaux, Gilles Thuret, Isabelle Cochereau, Carole Burillon, Laurent Kodjikian, José-Alain Sahel, Alain Gaudric, Bahram Bodaghi (bahram.bodaghi@gmail.com Department of Ophthalmology, Sorbonne Université, Pitié-Salpêtrière Hospital, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Paris 75013)

Emmanuel Macron, à la différence du ministre Castaner, lit bien «The Lancet» dans le texte

Bonjour

Douce illusion : il suffirait d’écrire pour être lu en haut lieu. De signer dans une revue médicale étrangère pour, un jour, franchir le portail du Palais de l’Elysée. Etre reçu par le président de la République et, les yeux dans les yeux, lui vanter les mérites de la réduction des risques.

Nous rapportions hier, sur ce blog, le contenu d’une « lettre au Lancet » signée de douze spécialistes français de chirurgie maxillo-faciale œuvrant dans six établissements hospitalo-universitaires de l’AP-HP.  « Une lettre éminement politique dans une revue internationale prestigieuse, écrivions-nous. Mais une lettre qui n’a guère eu d’écho médiatique dans l’Hexagone – à l’exception notable La Croix (Pierre Bienvault) : ‘’ Des médecins dénoncent la gravité des blessures par LBD ‘’ puis par Le Canard Enchaîné (Sorj Chalandon) : ‘’Des chirurgiens dissèquent le LBD’’ ».

Force est aujourd’hui de poser l’hypothèse que, sans même parler de ce blog, l’Elysée lit Le Canard Enchaîné, La Croix ou The Lancet. Ou les quatre. Preuve nous en est offerte par Le Monde (Cédric Pietralunga) qui rapporte l’essentiel de la rencontre organisée le mercredi 21 août, entre le chef de l’Etat et les journalistes de l’Association de la presse présidentielle (APP). C’était, résume le dernier quotidien vespéral de la capitale, « la première expression publique depuis le retour de ses trois semaines de vacances au fort de Brégançon. Un rendez-vous présenté par son entourage comme exemplaire de cette nouvelle ‘’méthode’’ ».

Chef de l’Etat et des Armées

Signe « d’ouverture » (sic), Emmanuel Macron a reconnu devant l’APP que des « blessures inacceptables » et des « mutilations » avaient été enregistrées lors des manifestations des « gilets jaunes », chez les contestataires comme chez les policiers. « Cela doit nous conduire à repenser certaines méthodes d’intervention, à les relégitimer si besoin », a-t-il expliqué. Le chef de l’Etat s’est aussi engagé à recevoir une délégation des médecins qui ont dénoncé, dans une lettre publiée par la revue britannique The Lancet, les lésions provoquées par les lanceurs de balles de défense.

Un bristol présidentiel devrait donc être prochainement adressés aux Pr.e.s et Dr.e.s Lartizien Rodolphe, Schouman Thomas, Raux Mathieu, Debelmas Alexandre, Lanciaux-Lemoine Sophie, Chauvin Aurore, Toutee Adelaïde, Touitou Valérie, Bourges Jean-Louis, Goudot Patrick, Bertolus Chloé, Foy Jean-Philippe. Tous pourront redire aux chef de l’Etat et des Armées ce que déclarait la Professeure Chloé Bertolus, chef du service de chirurgie maxillo-faciale à La Pitié-Salpêtrière à Paris à La Croix :

« En tant que médecins, nous estimons qu’il est de notre devoir d’alerter sur la gravité des blessures que peuvent provoquer ces armes dites non létales, explique à La Croix la professeure Chloé Bertolus, chef du service de chirurgie maxillo-faciale à La Pitié-Salpêtrière à Paris. Nous avons reçu des personnes ayant de graves fractures au niveau de la mâchoire ou de la pommette. Ce sont les mêmes blessures que l’on retrouve chez des individus qui se font frapper à coups de batte de baseball » 

On peut le dire autrement : le chef des Armées va-t-il leur annoncer la fin de l’usage, sinon de la force, du moins des LBD ?

A demain @jynau

«Yellow vests protests», visages fracturés : Castaner lit-il The Lancet dans le texte ?

Bonjour

Violences politiques et maintien de l’ordre républicain. Que va-t-il se passer, après-demain, au contre-G7 de Biarritz ? Pour l’heure c’est une lettre au Lancet : « Yellow vests protests: facial injuries from rubber bullets ». Une lettre chirurgicale signée par douze spécialistes français de chirurgie maxillo-faciale œuvrant dans six établissements hospitalo-universitaires de l’AP-HP 1. Une lettre éminement politique dans une revue internationale prestigieuse mais qui n’a guère eu d’écho médiatique dans l’Hexagone – à l’exception notable La Croix (Pierre Bienvault) : « Des médecins dénoncent la gravité des blessures par LBD » puis par Le Canard Enchaîné (Sorj Chalandon) : « Des chirurgiens dissèquent le LBD »

Où l’on apprend, dans le détail, que les « lanceurs de balles de défense » (LBD) utilisés par la police face aux Gilets Jaunes ont provoqué de sérieuses fractures du visage et  entraîné de nombreuses atteintes oculaires graves et irrémédiables.

« En tant que médecins, nous estimons qu’il est de notre devoir d’alerter sur la gravité des blessures que peuvent provoquer ces armes dites non létales, explique à La Croix la professeure Chloé Bertolus, chef du service de chirurgie maxillo-faciale à La Pitié-Salpêtrière à Paris. Nous avons reçu des personnes ayant de graves fractures au niveau de la mâchoire ou de la pommette. Ce sont les mêmes blessures que l’on retrouve chez des individus qui se font frapper à coups de batte de baseball » Vingt-et-un patients qui, pour la plupart, ont été contraints de « s’alimenter par voie liquide durant environ six semaines ». Sans pour autant que l’on puisse parler de  « gueules cassées » :  

« Aujourd’hui, on ne parle de ‘’ gueules cassées’’ que pour les blessés par armes à feu. Dans ce cas, il peut arriver que le visage soit en partie déchiqueté et qu’on soit obligé de faire des reconstructions lourdes en prélevant du muscle ou de la peau sur d’autres parties du corps. On n’est pas obligé d’en arriver là pour les blessures avec les balles en caoutchouc. Elles sont sérieuses mais tous les morceaux du visage sont là. Il faut juste attendre que tout se remette en place. »

Que va-t-il se passer au contre – G7 de Biarritz ?

On se souvient que le premier médecin à avoir alerté sur la dangerosité des LBD est le professeur Laurent Thines, neurochirurgien et chef de service au CHU de Besançon. En janvier dernier janvier il avait courageusement lancé une pétition pour dénoncer l’usage de ces armes :

 « En regardant les photos des blessés dans les médias ou dans les réseaux sociaux, j’ai été bouleversé par le nombre et la gravité de ces atteintes au niveau de la tête et du visage. J’ai décidé de réagir notamment après avoir reçu de collègues des images de patients ayant eu des fractures du crâne avec des hémorragies cérébrales. Et il y a aussi de gens qui ont perdu un œil ».

Puis, en février, trente-cinq ophtalmologues français avaient écrit à Emmanuel Macron pour s’émouvoir du « nombre inédit de contusions oculaires graves » entraînant «des lésions souvent au-dessus de toute ressource thérapeutique ». Dans ce courrier, ces médecins faisaient un parallèle avec les blessures provoquées par des balles de golf à l’origine d’une perte de la vision dans la majorité des cas :

« Ces balles mesurent 40 mm de diamètre et lorsqu’elles arrivent sur le visage avec une grande force de propulsion, elles s’encastrent dans l’orbite, toute l’énergie cinétique  étant transmise au globe oculaire. Les balles de LBD mesurent également 40 mm de diamètre, leur énergie cinétique est considérable puisqu’elle est encore de 220 joules à 40 m, bien supérieure à celle d’une balle de golf. Le grand nombre de balles tirées avec une force cinétique conservée à longue distance et l’imprécision inhérente à cette arme devaient nécessairement entraîner un grand nombre de mutilations. »

Les ophtalmologues réclamaient un moratoire. Aucune réponse et pas de moratoire. Laurent Nuñez, en juin, sur RTL : « Quand il y a une agression contre des policiers et qu’il y a une riposte proportionnée, oui il peut y avoir des blessés. Ce n’est pas parce qu’une main a été arrachée, parce qu’un œil a été éborgné, que la violence est illégale ».

Est-ce parce qu’elle n’est pas illégale que la violence doit conduire des chirurgiens à écrire au Lancet ? Que va-t-il se passer, après-demain, au contre-G7 ?

A demain @jynau

  1. Lartizien Rodolphe1Schouman Thomas2Raux Mathieu3Debelmas Alexandre2Lanciaux-Lemoine Sophie2Chauvin Aurore4Toutee Adelaïde4Touitou Valérie4Bourges Jean-Louis5Goudot Patrick2Bertolus Chloé2Foy Jean-Philippe6.

1Department of Maxillo-Facial Surgery, Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière Charles Foix, Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, Sorbonne Université, Paris, F-75013, France; Université Grenoble Alpes, Grenoble, France.

2Department of Maxillo-Facial Surgery, Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière Charles Foix, Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, Sorbonne Université, Paris, F-75013, France.

3Department of Anaesthesiology and Critical Care, Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière Charles Foix, Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, Sorbonne Université, Paris, F-75013, France.

4Department of Ophthalmology, Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière Charles Foix, Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, Sorbonne Université, Paris, F-75013, France.

5 Department of Ophthalmology, Hôpital Cochin, Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, Université Paris Descartes, Paris, France.

6Department of Maxillo-Facial Surgery, Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière Charles Foix, Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, Sorbonne Université, Paris, F-75013, France. Electronic address: jean-philippe.foy@aphp.fr.

Amputés et éborgnés : de la «violence policière» sur l’exercice de la citoyenneté

Bonjour

Après l’affaire (toujours à éclaircir) du « fichage » au sein de l’AP-HP, voici la création du collectif des personnes gravement blessées lors des manifestations des Gilets Jaunes. Elles ont annoncé, dimanche 28 avril, à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) se grouper pour combattre « l’ultra-violence de la répression » et obtenir l’interdiction de « l’utilisation d’armes de guerre » –  lanceur de balles de défense (LBD) ou  grenades

Dix-neuf personnes blessées ont présenté ce collectif qui vise à combattre « l’ultra-violence de la répression » et souhaite faire interdire « l’utilisation de ces armes de guerre ».

 « On a décidé de constituer un collectif, “les mutilés pour l’exemple”, en référence aux fusillés pour l’exemple », a déclaré lors d’une conférence de presse Robin Pagès, handicapé depuis sa grave blessure au pied en 2017 à Bure (Meuse). « Vous avez 19 personnes devant vous et vous n’avez que 26 yeux qui vous regardent. Faites le compte, il y a un petit problème », a pour sa part déclaré Jérôme Rodrigues, Gilet Jaune éborgné lors d’une manifestation fin janvier à Paris.

Chacune des personnes présentes , rapporte encore l’AFP, a raconté cette « vie qui a basculé » ou l’impossibilité « de pouvoir se regarder dans une glace ». « La nuit, c’est des insomnies, des cauchemars. C’est l’horreur au quotidien pour essayer de se démerder comme on peut avec une main. Pour l’instant, c’est l’enfer total », a pour sa part témoigné Sébastien Maillet, qui a eu la main arrachée le 9 février à Paris, lors de l’acte XIII des « gilets jaunes ».

Monophtalmie

« La monophtalmie complique toute votre vie. Les choses vous demandent beaucoup de temps et il y a un impact psychologique sur votre entourage et vos proches », a encore expliqué Patrice Philippe, ex-chauffeur routier âgé de 50 ans, blessé à l’œil par un tir de LBD, le 8 décembre 2018. Et Robin Pagès d’évoquer « les plaques en titane et les vis dans le visage ».

Ce collectif fait état de vingt-deux personnes ayant perdu un œil et de cinq ayant été amputées d’une main depuis le début du mouvement. « On réclame la vérité, la justice et l’interdiction des armes dites “sublétales” », a souligné Robin Pagès qui accuse le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner de mentir quand il parle de « seulement dix personnes touchées à la tête par des tirs de LBD ».

Début mars, le ministère de l’Intérieur recensait 13 095 tirs de LBD depuis l’Acte I et 83 enquêtes pour des tirs potentiellement problématiques. Début mars, les Inspections Générales de la Police et de la Gendarmerie Nationales étaient saisies de 209 enquêtes portant sur des soupçons de violences policières lors de manifestations des Gilets Jaunes dont 199 pour la seule « police des polices ».

Le Monde rappelle que l’usage de la force par les policiers français a été mis en cause par l’Organisation des Nations unies (ONU), qui a reproché à la France son « usage violent et excessif de la force » face à ce mouvement. Une accusasion vivement rejetée par le pouvoir exécutif. A un étudiant, lors d’une réunion du Grand Débat National Emmanuel Macron avait répondu : « Ne parlez pas de “répression” ou de “violences policières”, ces mots sont inacceptables dans un Etat de droit. » Quant à Christophe Castaner, ministre des policiers il avait déclaré ,  le 19 mars sur France ­Inter « Arrêtons de parler des violences policières ! »

Ce nouveau « collectif des mutilés » appelle d’ores et déjà à une grande manifestation nationale –  à Paris, le 26 mai. Disposera-t-on alors de plus de lumière sur l’affaire des « fichage » ?

A demain

@jynau

 

 

Violences avec LBD : combien l’Etat devra-t-il verser à chacune des personnes éborgnées ?

Bonjour

Rapportée par l’Agence France Presse c’est une décision de justice qui ne manque pas, aujourd’hui, de relief politique. Le tribunal administratif de Montpellier vient de condamner l’Etat à verser 47 700 euros à Florent Castineira, un supporteur du Montpellier Hérault Sport Club.  Ce dernier avait été éborgné par un tir de lanceur de balles de défense (LBD) en 2012.

La justice a ainsi reconnu que M. Castineira, qui a perdu l’usage de son œil droit, a subi des « préjudices imputables » à « l’intervention des forces de l’ordre lors de la journée du 21 septembre 2012 ». L’Etat devra également verser 1 500 euros au titre des frais de justice engagés par la victime.

Comment parvient-on à un tel calcul de l’indemnisation des préjudices ? Le tribunal précise avoir tenu compte du fait que le supporteur avait déjà reçu 15 000 euros en mai 2015 de la part du Fonds de garantie des victimes d’actes de terrorisme et d’autres infractions (FGTI). L’Etat est également condamné à rembourser cette somme au FGTI.

Au plan pénal, un juge d’instruction avait clos le dossier en 2017 par un non-lieu – aucune poursuite n’avait donc été engagée contre le policier auteur du tir. Toutefois, en octobre 2018, le tribunal administratif de Montpellier avait estimé que l’Etat était « civilement responsable » des blessures du supporteur appartenant au groupe ultra « La Butte Paillade », survenues dans le cadre d’une opération de maintien de l’ordre le 21 septembre 2012, quelques minutes avant un match de Ligue 1 à Montpellier contre Saint-Etienne.

Manifestations et dégénérescence

M. Castineira a toujours assuré qu’il était, ce jour-là, assis à proximité du stade, dans le quartier Paillade-Mosson, lorsqu’il avait été blessé par la police qui prenait en chasse un homme qui s’était réfugié dans la foule. En février dernier, lors d’une audience consacrée au montant de l’indemnisation du préjudice, l’avocat de la victime avait réclamé près de 140 000 euros – le rapporteur public avait fixé le montant à 60 000 euros.

Aujourd’hui M. Castineira est très mobilisé au sein d’une « Assemblée des blessés» qui dispense des conseils aux « Gilets Jaunes » victimes de tirs de LBD 40 et au sein du collectif « Désarmons-les » qui milite contre les « violences d’Etat ». Il a également déposé une requête devant la Cour européenne des droits de l’homme.

On observera d’autre part avec intérêt que le même tribunal administratif de Montpellier a, le 25 janvier dernier, rejeté le recours présenté par des particuliers tendant à ce qu’il soit enjoint au préfet de l’Hérault de suspendre l’usage des lanceurs de balles de défense « LBD40 » lors des prochaines manifestations dans le département. Extrait :

« Il n’existe aucune atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale dès lors que l’usage du LBD n’est pas illégal, qu’il permet de garantir un usage gradué de la force et qu’il n’est pas disproportionné, que les personnels sont soumis à une formation initiale et continue, que le LBD n’est pas utilisé dans le cadre de manifestations mais dans le cadre d’attroupement, c’est à-dire de manifestations qui ont déjà dégénéré ».

A demain

@jynau

LBD : dans la police on ne pratique pas sans danger une politique de réduction des risques

Bonjour

Ainsi donc Christophe Castaner, fragilisé, était l’invité matinal de France Inter. Où l’on apprit que le ministre de l’Intérieur n’avait pas envisagé un instant de démissionner. Et qu’il ne s’était pas non plus fait méchamment sermonner par Emmanuel Macron 1. Et encore qu’il regrettait d’avoir, nuitamment, fêté un anniversaire dans un restaurant bien connu de la capitale.

Et puis cet aveu en forme d’excuse préventive concernant les LBD, ces « lanceurs de balles de défense » hautement contestés car très dangereux, pouvant causer des blessures oculaires aux conséquences irréversibles – au point de mobiliser la communauté française des ophtalmologistes qui vient d’en appeler à Emmanuel Macron 1.

« Les forces de l’ordre ont eu des consignes de changer le type de munitions avec des munitions courtes, et ils ont eu des consignes de moins utiliser les LBD » a déclaré Christophe Castaner sur France Inter, précisant que cela s’était fait sans l’aval de son ministère. Et sans celui, non plus,du préfet de police de Paris, Michel Delpuech – qui a néanmoins, lui, été limogé.

Et si Christophe Castaner a, pour l’heure, sauvé la sienne, d’autres têtes policières tombent. Ainsi, après le préfet de police de Paris, c’est au tour de Pierre Gaudin, actuel directeur de cabinet du préfet de police d’être limogé – idem pour le directeur de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne, Frédéric Dupuch, ancien chef du service central de la police technique et scientifique à Ecully. Une information du Monde, confirmant une information du Parisien. C’est lui qui serait directement à l’origine de la mesure de réduction des risques inhérents aux LBD. Et qui en paye le prix.

A demain

@jynau

 1 Rambaud P. « Emmanuel le Magnifique »  Editions Grasset.

Citoyens éborgnés par un LBD : pourquoi le président Macron ne répond-il pas à son courrier ?

Bonjour

10 mars 2019.  Journal du Dimanche, papier factuel et dérangeant d’Anne-Laure Barret. Où l’on apprend que trente-cinq grands noms de l’ophtalmologie française avaient envoyé un courrier au président de la République- et ce  pour qu’au nom du principe de prévention et de la réduction des risques il mette un terme à l’usage du LBD par les forces de gendarmerie et de police.

« Monsieur le Président, une telle ‘’épidémie’’ de blessures oculaires gravissimes ne s’est jamais rencontrée, écrivaient-ils, il y a un mois. Nous, ophtalmologistes dont la profession est de prévenir et guérir les pathologies oculaires demandons instamment un moratoire dans l’utilisation de ces armes invalidantes au cours des actions de maintien de l’ordre ». D’autant plus que « ces contusions entraînent des lésions souvent au-dessus de toute ressource thérapeutique ».

Selon eux, « les blessures oculaires survenues ces dernières semaines ne sont pas dues au hasard ou à l’inexpérience. Le grand nombre de balles tirées avec une force cinétique conservée à longue distance et l’imprécision inhérente à cette arme devaient nécessairement entraîner un grand nombre de mutilations ».

Démarche politique ? Nullement. Les trente-cinq signataires explique que c’est là une démarche « de médecins, purement humaniste, avec pour seul but d’éviter d’autres mutilations ». Ils dressent un parallèle avec les blessures causées par les balles de golf,  « rares mais bien connues des ophtalmologistes pour leur sévérité, conduisant dans la majorité des cas à la perte de la vision et dans un tiers des cas à l’énucléation ». Mais pour eux les LBD sont plus dangereux car envoyés avec une « énergie cinétique (…) bien supérieure ».

Treize mille tirs officiellement recensés

En collaboration avec la Société française d’ophtalmologie, ces médecins ont également mis en place une cellule de veille sur ces blessures. Ils ont d’ores et déjà ont recensé une vingtaine de cas de personnes ayant perdu un œil. Pour sa part le secrétaire d’État à l’Intérieur, Laurent Nuñez, indiquait il y a quelques jour, que depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes plus de 13 000 tirs de LBD avaient été officiellement enregistrés, plus de 2 200 personnes blessées et quatre-vingt-trois enquêtes ouvertes.

Les signataires assurent ne pas être des « militants ». Ils ne veulent pas déclencher une « polémique » mais bien ouvrir une réflexion sur l’usage de ces dangereux dispositifs – « qui sont loin d’être de simples outils de dissuasion » souligne le Pr José-Alain Sahel . C’est faute d’avoir reçu une réponse présidentielle qu’ils ils rendent aujourd’hui public ce courrier afin d’être certains que leur message d’alerte est parvenu à son destinataire. Sollicitée par le JDD, Agnès Buzyn a fait « savoir qu’elle était prête à recevoir les ophtalmoloques ».

Or il y a précisément un mois Agnès Buzyn annonçait « qu’elle allait prochainement recevoir » des représentants de la Société française d’ophtalmologie qui, déjà,  s’alarmaient des blessures oculaires causées lors des manifestations de Gilets Jaunes. « C’est un problème spécifique dont je souhaite discuter avec la Société française d’ophtalmologie, déclarait-elle alors sur Europe 1. Je vais les recevoir parce qu’ils m’ont alertée sur beaucoup de blessures à l’œil. Ce problème-là, spécifique, je vais le regarder avec eux. »

Et puis rien. La ministre de la Santé aurait-elle oublié ? Le président de la République a-t-il reçu le courrier qui lui était adressé ? Que faudrait-il, ici, imaginer ?

A demain

@jynau

 

Comptabiliser les blessés des Gilets Jaunes : Agnès Buzyn opposée au «fichage des malades»  

Bonjour

Combien ? Agnès Buzyn vient d’annoncer qu’elle allait prochainement recevoir des représentants de la Société française d’ophtalmologie, qui s’alarme des blessures oculaires causées lors des manifestations de Gilets Jaunes. « C’est un problème spécifique dont je souhaite discuter avec la Société française d’ophtalmologie, a-t-elle déclaré sur Europe 1. Je vais les recevoir parce qu’ils m’ont alertée sur beaucoup de blessures à l’œil. Ce problème-là, spécifique, je vais le regarder avec eux. »

La veille, dans une tribune publiée sur Mediapart et accompagnée d’une pétition, une centaine de personnalités avait appelé Agnès Buzyn à « lever le voile » sur le nombre de blessés, manifestants ou forces de l’ordre, hospitalisés depuis le début du mouvement.

Les signataires de la tribune s’indignent des blessures, parfois irréversibles, causées notamment par l’utilisation de lanceurs de balles de défense (LBD), et se disent « choqués » par le « silence » de « l‘administration de la santé publique ». Réplique d’Agnès Buzyn :

« Les hôpitaux reçoivent tout le monde, sans trier et sans ficher. Un médecin, un urgentiste qui soigne un malade va connaître sa blessure mais ne va pas identifier s’il est un Gilet Jaune, un membre des forces de l’ordre ou même un passant qui a couru et s’est blessé. Connaître le nombre de personnes hospitalisées qui seraient soit Gilets Jaunes, soit forces de l’ordre, ce n’est pas comme ça que les hôpitaux fonctionnent et je ne demanderai jamais aux soignants de ficher les malades qui arrivent. »

Blessures délabrantes

La Pr Chloé Bertolus  (service de chirurgie maxillo-faciale, hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP) était interrogée il y a peu, par Le Quotidien du Médecin, Elle expliquait dénombrer seize traumatisés faciaux pris en charge dans les hôpitaux de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) depuis le début de ces manifestations de «gilets jaunes». Elle explique en substance que ces lanceurs de balles sont des armes certes non létales mais nullement inoffensives :

 «Les blessures causées sont des fractures comminutives mandibulaires ou du zygoma avec une plaie en regard, mais sans pertes de substance comme on pourrait l’observer avec des armes à feu, précisait-elle. Elles s’apparentent à des fractures obtenues suite à un choc par un objet contondant. Les blessures les plus délabrantes concernent l’orbite, avec une possible perte du globe oculaire. La prise en charge chirurgicale implique une opération de trois heures minimum pour une fracture isolée de la mandibule. Certains patients ont eu des blocs beaucoup plus longs, et auront d’autres interventions chirurgicales.»

«La principale difficulté est que ces blessures sont annoncées par des hématomes et non par des plaies ouvertes, ce qui les rend plus difficiles à diagnostiquer»observait  pour sa part le Pr Pierre Carli, président du Conseil national français de l’urgence hospitalière et patron du Samu de Paris. Ce spécialiste conduit actuellement un travail de recueil et d’analyse des dossiers des blessés par lanceurs de balle pris en charge dans les services d’urgence hospitaliers français. Objectif : élaborer des protocoles visant à améliorer la prise en charge des blessés.

On ajoutera que la pétition lancée auprès des soignants par le Pr Laurent Thines, neurochirurgien (CHRU de Besançon) [« Les soignants français pour un Moratoire sur l’utilisation des armes sub-létales »] a dépassé les 154 000 signatures. Agnès Buzyn n’a pas été interrogée sur ce sujet. En temps que médecin et membre du gouvernement elle pourrait l’être prochainement.

A demain

@jynau

«Lanceurs de Balles» et «armes sublétales» : le Conseil d’Etat en approuve l’usage

Bonjour

Le Pr Laurent Thines est neurochirurgien au CHU de Besançon. Il vient de lancer une pétition pour un moratoire sur l’utilisation des armes sublétales – au premier rang desquelles le désormais trop célèbre LBD 40 (LBD pour «lanceur de balle de défense») utilisé par les forces de l’ordre lors des différents « Actes » des Gilets Jaunes. Le Pr Thines estime de son devoir d’alerter « sur leur dangerosité extrême ». Sa pétition est adressée à Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur : « Les soignants français pour un moratoire sur l’utilisation des armes sub-létales » (plus de 76 000 personnes ont signé à l’heure où nous écrivons ces lignes). Le Conseil d’Etat doit, ce 1er  février, se prononcer 1 quant à l’usage qui peut ou non être fait par la police et la gendarmerie de cet outil fabriqué par l’armurier suisse Brügger & Thomet qui utilise deux types de munition de 40 mm de diamètre.

« Associées à des stratégies de ‘’nassages’’ qui ne laissent aucune possibilité aux manifestants de partir (puisqu’ils se retrouvent encerclés par les forces de police), l’utilisation de ces armes, dont les tirs sont dirigés vers la tête pour les flashballs, occasionnent des blessures, très graves, qui sont qualifiées par les équipes médicales elles-mêmes de ‘’blessures de guerre’’ » font valoir les organisateurs des manifestations de Gilets Jaunes. Des données confirmées par les équipes médicales spécialisées qui parlent de fractures graves mandibulaires et de pertes orbitaires . On lira ici le texte de cette pétition :

« Chers collègues, Je m’appelle Laurent Thines. Je suis neurochirurgien et chef de service au CHRU de Besançon. Soignant comme vous, j’ai été particulièrement choqué par les photos prises et les lésions observées chez les personnes blessées lors des mouvements de manifestation. Beaucoup, très jeunes (potentiellement nos enfants), ont été mutilés alors qu’ils ne représentaient aucune menace pour les forces de l’ordre. Le cas de la jeune Fiorina, étudiante picarde de 20 ans touchée à l’oeil par un projectile de LBD4O le 8 décembre 2018 en est un des plus tristes exemples (photo). Vitesse du projectile 90m/sec (324 km/h) et force d’impact 200 joules (parpaing de 25 lâché sur un visage d’une hauteur de 1m).

« Je crois qu’il est de notre devoir, en tant que soignants d’alerter sur la dangerosité extrême de ces armes, dites sub-létales et c’est pourquoi je viens de lancer cette pétition « Les soignants français pour un Moratoire sur l’utilisation des armes sub-létales’’. Je souhaiterais savoir si vous voudriez participer en signant ce communiqué pour porter notre voix et en diffusant cette pétition auprès de vos contacts médicaux et paramédicaux:

« Les différents mouvements de revendication qui ont eu lieu ces dernières années dans notre pays (manifestations de lycéens, écologistes, travailleurs, gilets jaunes) ont montré que de nombreux concitoyens ont été gravement blessés par l’utilisation de lanceurs de balle de défense (flash-ball, LBD40) ou de grenades (de type lacrymogène ou désencerclement).

« Les récents événements ont permis de rapporter à ce jour plus de 90 blessés graves parmi les manifestants en relation avec le mésusage de ces armes (personnels non formés, non respect du règlement ou des conditions d’utilisation, ciblage volontaire de l’extrémité cervico-céphalique). Les lésions constatées et prises en charge par Nous, personnels soignants, dues à ces armes utilisées sur des personnes parfois très jeunes ou âgées, exerçant leur droit à manifester, sont choquantes et inacceptables : énucléation, amputation d’extrémité de membre, fracas maxillo-facial et dentaire, traumatisme cranio-cérébral engageant le pronostic vital… Tant de vies ont été ainsi sacrifiées…

« Une étude récente, publiée en 2017 dans le British Medical Journal Open, rapporte une collection internationale de 1984 cas de traumatismes liés à ces armes dites « sub-létales » : le risque cumulé de décès (3%) ou de handicap séquellaire grave (15,5%) est d’1 chance sur 5. Cette étude confirme donc l’extrême dangerosité constatée dans notre pays de ces armes, au même titre que les armes à feu.  (Haar RJ, Iacopino V, Ranadive N, et al. Death, injury and disability from kinetic impact projectiles in crowd-control settings: a systematic review. BMJ Open 2017;7:e018154. doi:10.1136/ bmjopen-2017-018154)

Pour toutes ces raisons, Nous, soignants (médecins, chirurgiens, urgentistes, réanimateurs, infirmier(e)s, aides soignant(e)s…) apolitiques et attachés à l’idéal de notre pays, la France, au travers de la déclaration des Droits de l’Homme, de la Femme et du Citoyen, demandons qu’un moratoire soit appliqué sur l’usage des armes sub-létales de maintien de l’ordre en vue de bannir leur utilisation lors des manifestations. »

Flash-Ball® et traumatisme crânio-encéphalique sévère

Les magistrats du Conseil d’Etat lisent-ils le British Medical Journal Open ? Si non lisent-ils La Revue de Médecine Légale ? Dans ce cas ils se reporteron avec intérêt à  « La dangerosité du Flash-Ball® : cas rapporté d’un traumatisme crânio-encéphalique et revue de la littérature » J.Hiquet E.Christin L.Benali S.Gromb-Monnoyeur https://doi.org/10.1016/j.medleg.2016.01.001. 2 S’ils sont pressés ces magistrats se limiteront au résumé :

« Le Flash-Ball® est couramment utilisé par les unités de police et de gendarmerie en France depuis 1995. Bien que la dangerosité des lanceurs sub-létaux de balles de défense soit connue, les traumatismes imputables au Flash-Ball® sont régulièrement relayés dans les médias mais restent peu décrits dans la littérature. Les auteurs rapportent le cas d’un jeune homme âgé de 34 ans, victime d’un impact de projectile type balle caoutchouc de Flash-Ball® en marge d’une manifestation sportive, à l’origine d’un traumatisme crânio-encéphalique sévère avec persistance d’un tableau sequellaire.

«Ce cas, associé à une revue de la littérature, illustre le fait que bien que le Flash-Ball® soit qualifié d’arme sub-létale, ce dernier peut être à l’origine de tableaux traumatiques graves, particulièrement en cas d’impact au niveau de l’extrémité céphalique, et également de décès. »

A demain

@jynau

1 Le Conseil d’Etat a rejeté vendredi 1er février les demandes de suspension de l’usage du lanceur de balles de défense (LBD) dans les prochaines manifestations de « gilets jaunes ». Le juge des référés du Conseil d’Etat a estimé qu’en raison des « actes de violences et de destructions » observés lors des manifestations des « gilets jaunes » depuis novembre 2018, « ces armes demeurent particulièrement appropriées ».  Le Conseil d’Etat souligne cependant que les forces de l’ordre doivent utiliser le LBD « sous réserve du strict respect des conditions d’usage, qu’il appartient tant aux autorités nationales qu’aux responsables d’unités de rappeler »

2 Une publication opportunément signalée sur le site de France Inter : « Pétition de soignants contre les LBD : « J’ai vu des scanners de patients aux crânes fracassés » » par Ouafia Kheniche

 

Policiers et gendarmes ont-ils le droit de blesser avec leurs « Lanceurs de Balles de Défense »  ? 

Bonjour

Dramaturgie. Les Actes des Gilets Jaunes se suivent sans se ressembler. Le 2 février (Acte XII) devrait être marqué par un « Hommage national pour les victimes ». A Paris, après un temps de parole, les blessés ouvriront la marche. Pendant la manifestation, une pause aura lieu pour demander l’interdiction des armes type Flashball, LBD 40, etc. Il est demandé aux manifestants de bien vouloir venir en se mettant des pansements sur l’œil, des bandages, de mettre du rouge sur les gilets jaunes en guise de sang..

« Alors même que manifester est un droit de tout citoyen français, alors même que les manifestations sont déclarées, partout en France, à Paris comme dans chaque ville de province, le gouvernement d’Emmanuel Manon exerce sur le mouvement des GJ une répression policière d’une violence extrême, font valoir les organisateurs. Les armes utilisées par les forces de l’ordre contre les manifestants sont des flashballs, LBD 40, GLI F4, grenades GMD de désencerclement. »

« Associées à des stratégies de ‘’nassages’’ qui ne laissent aucune possibilité aux manifestants de partir (puisqu’ils se retrouvent encerclés par les forces de police), l’utilisation de ces armes, dont les tirs sont dirigés vers la tête pour les flashballs, occasionnent des blessures, très graves, qui sont qualifiées par les équipes médicales elles-mêmes de ‘’blessures de guerre’’ » ajoutent-ils. Des données confirmées par les équipes médicales spécialisées qui parlent de fractures graves mandibulaires et de pertes orbitaires 1

Abus individuels

Et les organisateurs de « demander instamment à Emmanuel Macron de cesser la répression de l’expression citoyenne et légale des Gilets Jaunes et l’utilisation des armes de type flashball LBD 40, Gli F4. grenades GMD de désencerclement. »

C’est dans ce contexte que le Conseil d’Etat devrait trancher quant à l’usage qui peut ou non être fait par la police et la gendarmerie du « Lanceur de Balle de Défense » (LBD). La plus haute juridiction administrative française vient d’être saisie de cette question  et rendra sa décision avant les manifestations du 2 février. « La section du contentieux, présidée par Edmond Honorat, devait examiner trois affaires distinctes : deux recours contre des décisions rendues par les tribunaux administratifs de Montpellier et de Paris et un référé liberté formé par la CGT, le Syndicat de la magistrature, le Syndicat des avocats de France, et soutenu par la Ligue des droits de l’homme et le Défenseur des droits » précise Le Monde (Nicolas Chapuis).

Pour les avocats des requérants il y là une « urgence extrême » puisque cet outil est, pour résumer, incompatible avec le droit fondamental de manifester sans risque pour son intégrité physique. La preuve par les chiffres : « 350 signalements de blessures », dont « 159 blessés à la tête ».  Question de fond : ces blessures sont-elle la conséquence d’un mauvais usage du LDB ou sont-elles consubstantielles à cet outil dans de telles circonstances  d’ « émeutes urbaines »?

Pour le ministère de l’Intérieur les choses sont claires : les « utilisations abusives individuelles » ne justifient pas la suppression de cet outil policier et relèvent « d’une enquête pénale ». Et ce ministère de préciser qu’il y avait eu 9 228 cas d’utilisation du LBD pour 111 signalements, soit « 9 117 tirs sans enquête judiciaire ». On peut, aussi, faire le calcul inverse. Que dira le Conseil d’Etat ?

A demain

@jynau

1 Une nouvelle vidéo amateur diffusée par l’émission de TMC « Quotidien » et le rapport d’un policier publié par Le Parisien relancent l’hypothèse d’un tir de lanceur de balles de défense (LBD) pour expliquer la blessure de Jérôme Rodrigues, samedi 26 janvier, place de la Bastille à Paris. Hospitalisé après avoir été touché à l’œil droit lors de l’acte XI de la mobilisation des « gilets jaunes », M. Rodrigues, une figure du mouvement, assure avoir été atteint par un tir de grenade et un autre de LBD.

L’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police des polices », a été saisie et les autorités ont jusqu’à présent émis des réserves sur le scénario avancé par M. Rodrigues : le 27 janvier le secrétaire d’Etat à l’intérieur, Laurent Nuñez, avait affirmé ne pas disposer d’éléments attestant cette théorie, tout en appelant à être « prudent » et en ajoutant que dix-huit tirs de LBD avaient été recensés samedi place de la Bastille.