Chloroquine : dans The Lancet, une étude contredit gravement les affirmations du Pr Raoult

Bonjour

22/05/2020. Que répondra-t-il ? C’est une publication d’importance que vient de diffuser, sans embargo, The Lancet : « Hydroxychloroquine or chloroquine with or without a macrolide for treatment of COVID-19: a multinational registry analysis ». Elle est co-signée par les Drs Mandeep R. Mehra (Brigham and Women’s Hospital Center for Advanced Heart Disease, Boston) et Frank Ruschitzka (Centre de cardiologie de l’hôpital universitaire de Zurich).

Ce travail établit, en substance, qu’aucune preuve ne peut être apportée quant aux bénéfices de l’usage de la chloroquine ou de l’hydroxychloroquine chez les patients souffrant de COVID-19. Et souligne que « des essais randomisés urgents sont nécessaires » – le tout dans un contexte hautement problématique puisque l’utilisation aujourd’hui à large échelle de chloroquine ou d’hydroxychloroquine est selon eux associée « à une augmentation des taux de mortalité et des arythmies cardiaques chez les patients hospitalisés atteints de COVID-19 ».

Les auteurs de cette vaste étude observationnelle ont analysé les données de 96032 patients hospitalisés entre le 20 décembre 2019 et le 14 avril 2020 avec une infection au SRAS-CoV-2 confirmée en laboratoire – et ce dans 671 hôpitaux. Tous les patients inclus dans l’étude étaient sortis ou étaient décédés au 21 avril 2020. Les patients atteints de COVID-19 recevaient une combinaison de l’un des quatre schémas thérapeutiques actuellement utilisés à travers le monde.

Comparaison des taux de mortalité

L’équipe a ainsi comparé les résultats des patients traités par chloroquine seule (1868), hydroxychloroquine seule (3016), chloroquine en association avec un macrolide (3783) ou hydroxychloroquine avec un macrolide (6221). Les patients de ces quatre groupes ont été comparés au groupe témoin de 81 144 patients.

« À la fin de la période d’étude, environ un patient sur onze dans le groupe témoin était décédé à l’hôpital (9,3%, 7 530/81 144), résume The Lancet. Les quatre traitements étaient associés à un risque plus élevé de mourir à l’hôpital. Parmi ceux traités par la chloroquine ou l’hydroxychloroquine seule, environ un patient sur six est décédé (16,4%, 307/1 868 chloroquine et 18,0%, 543/3 016 hydroxychloroquine). Lorsque les médicaments étaient utilisés en association avec un macrolide, le taux de mortalité atteignait plus d’un sur cinq pour la chloroquine (22,2%, 839/3783) et près d’un sur quatre pour l’hydroxychloroquine (23,8%, 1479/6221). »

Dr Mandeep R. Mehra :

«Il s’agit de la première étude à grande échelle à trouver des preuves statistiquement solides que le traitement à la chloroquine ou l’hydroxychloroquine ne bénéficie pas aux patients atteints de COVID-19. Au lieu de cela, nos résultats suggèrent qu’il peut être associé à un risque accru de problèmes cardiaques graves et à un risque accru de décès. Les essais cliniques randomisés sont essentiels pour confirmer tout préjudice ou bénéfice associé à ces agents. En attendant, nous suggérons que ces médicaments ne devraient pas être utilisés comme traitements pour COVID-19 en dehors des essais cliniques. »

Dr Frank Ruschitzka :

«Plusieurs pays ont préconisé l’utilisation de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine, seules ou en combinaison, comme traitements potentiels pour le COVID-19. La justification de la réutilisation de ces médicaments de cette manière repose sur un petit nombre d’expériences anecdotiques qui suggèrent qu’elles peuvent avoir des effets bénéfiques pour les personnes infectées par le virus du SRAS-CoV-2. Cependant, des études antérieures à petite échelle n’ont pas réussi à identifier des preuves solides d’un avantage et de plus grands essais contrôlés randomisés ne sont pas encore terminés. Cependant, nous savons maintenant grâce à notre étude que la probabilité que ces médicaments améliorent les résultats de COVID-19 est assez faible. »

On trouve aussi, dans The Lancet, un commentaire du Pr Christian Funck-Brentano et du Dr Joe-Elie Salem (service de pharmacologie médicale, Pitié-Salpêtrière, Inserm) : «Cette étude observationnelle bien menée s’ajoute aux rapports préliminaires suggérant que la chloroquine, l’hydroxychloroquine, seul ou avec de l’azithromycine n’est pas utile et peut être nocif chez les patients COVID-19 hospitalisés. »

C’est peu dire que l’on attend, désormais, l’analyse détaillée que fera de ces données mondialisées le Pr Didier Raoult, en son IHU Méditerranée Infection.

A demain @jynau

Vaccins, ondes, wifi et homéopathie: est-il encore possible de débattre avec Michèle Rivasi ?

Bonjour

A verser au dossier Rivasi Michèle. C’est un exercice original que vient de réaliser Le Point (Thomas Mahler et Géraldine Woessner) : organiser un entretien avec une eurodéputée Europe Écologie-Les Verts, une élue qui s’estime victime d’une « campagne de déstabilisation » de la part … du Point. Et ce depuis le mois de juin et un dossier de l’hebdomadaire : « Écologie : vérités et fariboles »  qui présentait les positions de Michèle Rivasi – numéro deux de la liste Europe Écologie-Les Verts (EELV) aux élections européennes et agrégée de sciences naturelles – « contre les vaccins, pour l’homéopathie et contre les ondes électromagnétiques ».  soit trois oppositions à des consensus scientifiques. Dans son éditorial, le directeur du Point Étienne Gernelle écrivait, à propos de l’eurodéputée, que «  certaines positions semblent tenir plus du champignon hallucinogène que de la science. Sa posture complotiste contre les vaccins, derrière lesquels elle voit la main des laboratoires, et ses convictions sur la nocivité des ondes, qui vont bien au-delà des faits pour l’instant établis, sont ahurissantes ».

Réplique. Sur le site de Politis Michèle Rivasi évoqua une « campagne calomnieuse » en raison de « son combat contre les lobbys ». « Alors qu’elle nous réclamait, par avocats interposés, un droit de réponse, nous lui avons proposé à la place un grand entretien, estimant que le débat était toujours plus fécond, précise l’hebdomadaire. La rencontre s’est faite dans l’antenne parisienne du Parlement européen. De notre point de vue, ce fut courtois, pour ne pas dire sympathique sur le plan humain, mais scientifiquement totalement surréaliste. Michèle Rivasi a présenté sa position sur les vaccins et, après un semblant de mea culpa, a défendu les ‘’travaux’’ d’Andrew Wakefield, chef de file des anti-vaccins mis au ban de la communauté scientifique. Elle a aussi maintenu ses positions sur l’homéopathie, ravivant la fumeuse mémoire de l’eau de Jacques Benveniste. » Extraits.

I Vaccins.

Michèle Rivasi est-elle ou non « antivaccins » quand elle déclare : « Aujourd’hui, les vaccins créent plus de problèmes qu’ils n’en résolvent » ? Que répond-elle à Agnès Buzyn qui l’accuse de diffuser des « fake news » ?

« C’est une phrase sortie de son contexte. Je rencontrais une délégation des pays d’Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP). On me disait que pour résoudre les problèmes de santé en Afrique, il faut des vaccins. J’ai répondu que, parfois, la vaccination ne résout pas tous les problèmes ; qu’il faut plutôt réfléchir à des dispensaires, à assainir la qualité de l’eau… Cette phrase ne doit ainsi pas être généralisée.

« Il y a deux ans, Mme Buzyn m’avait convoquée au ministère de la Santé, à propos de l’obligation vaccinale. Je lui ai dit que je préférais des recommandations à l’obligation, comme ce qui se fait dans beaucoup de pays européens. Je l’avais avertie que l’obligation vaccinale allait faire monter le nombre des antivaccins… Mon objectif en matière de politique vaccinale, ce n’est pas de contraindre, mais de convaincre en restaurant la confiance (…) La perte de confiance est pour moi liée aux scandales, comme la campagne vaccinale contre l’hépatite B et la grippe H1N1 et les 90 millions de doses commandées. Il y a aussi une épidémie de conflits d’intérêts. Les experts ne doivent pas être payés par les laboratoires. Il faut aussi qu’on évalue le rapport bénéfices-risques pour chaque vaccin et que l’on fasse plus de pédagogie plutôt que de l’imposer en infantilisant l’usager. Pour retrouver la confiance, je réclame également une meilleure vaccinovigilance, des études indépendantes sur les adjuvants en aluminium et la multivaccination chez le nourrisson de moins de 18 mois. Ne risque-t-on pas, en vaccinant trop tôt, de fragiliser le système immunitaire des enfants ? En Allemagne, suite à une étude épidémiologique, l’hexavalent a été retiré du marché. En quoi mon discours est-il alarmiste ? »

Pourquoi a-t-elle déclaré qu’il existait un lien de causalité entre le vaccin contre l’hépatite B et la sclérose en plaques ?

« Non ! Sous le gouvernement de Lionel Jospin  j’étais députée à l’Assemblée nationale. Bernard Kouchner avait demandé qu’on ne vaccine plus les adolescents au niveau du collège, suite à la campagne vaccinale menée par Philippe Douste-Blazy au milieu des années 1990. Le directeur général de la Santé, Lucien Abenhaïm, m’a dit en 1999 qu’il n’y a à l’heure actuelle pas d’élément de preuves entre le vaccin contre l’hépatite B et la sclérose en plaques, mais qu’il avait deux infirmières qui, après vaccination et rappel, ont déclaré une sclérose en plaques. Il m’a confié être menacé si jamais il évoquait ce lien de causalité…

« Certes, établir un lien de causalité direct est très difficile à faire. En l’espèce, il n’y a que des présomptions de preuves. Saisie en 2015, la Cour de cassation décide alors de surseoir à statuer et de renvoyer une série de questions préjudicielles à la Cour de justice de l’Union européenne. Celle-ci a ouvert la voie en 2017 à des indemnisations dans des procédures entre malades et fabricants de vaccins. L’affaire peut être résumée ainsi : en l’absence de consensus scientifique quant à une relation de causalité, la «  proximité temporelle » entre l’administration d’un vaccin et la survenance d’une maladie et «  l’absence d’antécédents médicaux personnels et familiaux (ainsi que l’existence d’un nombre significatif de cas répertoriés de survenance de cette maladie à la suite de telles administrations) peuvent constituer des indices suffisants pour justifier une indemnisation. »

« Agnès Buzyn, elle-même, m’a dit qu’on s’est aperçu qu’il y a plus de risques à vacciner des ados que des bébés. Voilà ce que m’a déclaré la ministre ! Sur le fond, le lien de causalité est un principe juridique et non scientifique. De même, pour votre gouverne, la justice s’appuie sur des expertises scientifiques. Il faut reconnaître, en l’espèce, qu’il n’y a pas de consensus scientifique, mais vous ne pouvez pas dire que « toutes les études disent le contraire ». Ce serait un déni. » 

II Homéopathie

Pourquoi être contre le déremboursement de l’homéopathie alors que son efficacité n’a pas été scientifiquement prouvée ?

« Ce n’est pas parce qu’on ne comprend pas le mode d’action que cela signifie qu’il n’y a pas d’effets ! Ceux de l’homéopathie s’expliqueraient par une vibration. La molécule laisse une trace, en quelque sorte, dans le liquide de dilution… Par ailleurs, je ne comprends pas pourquoi on s’acharne à vouloir dérembourser l’homéopathie, qui ne coûte pas beaucoup à la Sécu, quand on sait que notre pharmacopée contient sur le marché un quart de médicaments coûteux pour la Sécu et dangereux pour la santé comme l’ont dit les professeurs Bernard Debré et Philippe Even. Peut-être faudrait-il commencer par dérembourser ceux-ci !

« Il existe aujourd’hui six ou sept modèles théoriques différents tentant d’expliquer pourquoi l’homéopathie marche (…)

On sait que la science avance et progresse au fil du temps. Il faut bien se garder d’avoir des avis définitifs sur les choses, parce qu’on a d’abord des phénomènes, et après des théories ou des modèles explicatifs pour décrire les choses. Il existe aujourd’hui six ou sept modèles théoriques différents tentant d’expliquer pourquoi l’homéopathie marche : la mémoire de l’eau en est un, l’approche quantique en est un deuxième, des Italiens travaillent sur la notion de nanopharmacologie… Il y a aussi d’autres recherches en cours sur l’homéopathie appliquée aux plantes.

« Mon argumentaire est simple : on utilise l’homéopathie depuis environ deux cents ans. Et cela fonctionne ! L’homéopathie a un effet chez certains patients et sur certaines maladies, sinon on n’aurait pas autant de patients qui se soignent à l’homéopathie. Les gens observent que lorsqu’ils donnent des granules à leurs enfants atteints d’otites ou de maladies ORL, les symptômes disparaissent. Je me dis : c’est très bien ! J’ai aussi rencontré des vétérinaires qui ont montré l’effet positif des granules dans des élevages de poules. Cela interroge sur le seul effet placebo de l’homéopathie. (…)

« Je suis pour la sécurité du patient bien entendu. Supprimer la formation d’homéopathie à l’université me pose d’ailleurs un problème : il faut qu’un médecin puisse dire à quel instant l’homéopathie ne suffit plus, et qu’il faut passer aux antibiotiques. Si on supprime cette formation, on laisse la porte ouverte aux charlatans, aux « guérisseurs » d’antan qui n’auront pas fait d’études de médecine pour administrer l’homéopathie. Pour moi, la sécurité du patient passe par un médecin.

« Et pour tout vous dire, je pense que dans l’homéopathie, il y a un effet placebo. Comme dans tout médicament. Mais si les gens préfèrent recourir à de l’homéopathie plutôt que de consommer d’autres médicaments chimiques, c’est leur droit, quand même ! On a soigné des gens à l’homéopathie, et des études le prouvent, même s’il n’y a pas assez d’études cliniques. »

II Ondes, Linky, wifi

Dénoncer les effets nocifs des ondes électromagnétiques ? Croire en une réalité biologique de l’électrosensibilité ?

« Je suis pour qu’on établisse une liste des symptômes qui ont été autorapportés par ceux qui en souffrent : perte de mémoire, problèmes cognitifs, problèmes cardiaques, problèmes de peau, dépression… Quand bien même l’origine de la maladie n’est pas établie, on est confronté à cette réalité : à l’heure actuelle, des milliers de personnes souffrent en présence des émissions électromagnétiques rayonnées par nos appareils sans fil et le réseau électrique. Essentiellement des femmes parfois jeunes. En tant que politique, vous vous demandez comment aider ces personnes-là. Et c’est mon éthique : je dois aider les plus démunis, les personnes qui se disent victimes de facteurs environnementaux émergents. En ce moment, j’essaie de trouver une zone blanche dans laquelle reloger ces gens. Dans cette zone sera mis en place un suivi médico-social, et une recherche européenne, pour identifier des bio-indicateurs spécifiques pour cette maladie.

« Si une personne électrosensible me dit : je ne peux pas vivre avec Linky, je dois l’écouter. Ce sont des « ondes sales » : vous avez des micro-sautes de tension qui correspondent à des interférences que l’on injecte dans le réseau électrique et qui se « surajoutent » au courant domestique. Et la justice a condamné Énédis à poser un filtre protecteur chez treize personnes électrosensibles ou à laisser le compteur initial. La justice se doit de faire respecter nos droits fondamentaux dont le principe de précaution, inscrit dans notre bloc de constitutionnalité. Il existe de nombreux scientifiques différents. On ne peut considérer la science comme un bloc monolithique. De surcroît, la justice est fondée sur un principe important : celui du contradictoire qui permet dans la transparence entre les parties de faire vivre des controverses scientifiques. »

Pour finir Le Point demande à Michèle Rivasi si elle « éteint son wifi le soir. « Je n’en ai pas chez moi, répond-elle. Je suis câblée. Attention, j’ai aidé le département de la Drôme à avoir la fibre optique. Je suis à fond pour Internet, mais sans ondes ! Le principe de précaution doit guider nos choix politiques et techno-scientifiques. Il y va de la protection de la santé de nos concitoyens. »

Question journalistique et citoyenne, au terme de ce long entretien : est-il encore utile (nécessaire, possible) de débattre avec la députée écologiste Michèle Rivasi ? Que répondrait, ici, Sisyphe ?

A demain @jynau

L’étrange histoire du Thermedol®, ou la démonstration que l’effet placebo est contagieux

Bonjour

C’est démontré : non seulement l’effet placebo existe mais il est aussi socialement transmissible. De quoi faire enrager certains tenants éconduits de l’homéopathie. La démonstration est apportée dans « Nature Human Behaviour » : « Socially transmitted placebo effects » par des chercheurs du département de psychologie d’étude du cerveau de l’université Dartmouth (HanoverNew Hampshire). Elle est traduite dans Le Quotidien du Médecin : «Quand la conviction du médecin augmente l’efficacité du traitement » (Damien Coulomb)

Les chercheurs de Dartmouth expliquent avoir recruté 194 étudiants en médecine, inscrits à des cours d’introduction à la psychologie et aux neurosciences, et les avaoir réparti de façon aléatoire pour tenir les rôles de médecins ou de patients. Les « médecins » appliquaient soit une crème présentée comme antalgique et dénommée Thermedol® soit une crème « contrôle » – la peau des « patients » avait était chauffée jusqu’à une température de 48 °C (afin de provoquer l’apparition de légères douleurs transitoires).

Au moment de l’application de la crème, les patients devaient noter la douleur ressentie sur une échelle allant de 1 à 100 (critère de jugement subjectif). En outre une évaluation plus objective de la douleur était fournie à partir de la mesure de la conductivité cutanée. Etude, bien évidemment, conduite en double aveugle. On aura compris que le Thermedol® était, comme la crème contrôle, un placebo.

Knock ou le Triomphe de la médecine

Ajoutons que  « médecins » faisaient l’objet d’un pré-conditionnement visant à les convaincre de la supériorité du Thermedol® sur le contrôle : ils subissaient le même traitement que les « patients » mais les expérimentateurs trichaient sur la température : la peau était chauffée localement à 43 °C avant l’application du Thermedol et à 48 °C après application du contrôle, et à 43 °C. Nullement informés  les « médecins » ressentaient donc objectivement une douleur moindre lors de l’application du Thermedol®.

« Lors de l’application par les ‘’médecins’’, les chercheurs ont constaté une ‘’transmission sociale’’ de l’effet placebo induit chez les soignants résume Le Quotidien du Médecin. La conductivité cutanée, et donc la douleur ressentie par les  ‘’patients’’, connaissait en effet un pic après application du Thermedol®. alors qu’elle restait plate après le contrôle. Par ailleurs, la douleur ressentie était significativement augmentée de 7,35 points en moyenne. Comment les médecins ont-ils transmis leur conviction de la supériorité d’une crème sur l’autre ? La réponse à cette question a été fournie par l’analyse des images fournies par les caméras fixées sur la tête des patients. Les algorithmes d’analyse ont enregistré des différences importantes dans l’expression faciale et la communication non verbale des médecins lors des applications respectives du Thermedol et de la crème contrôle. Les médecins se montraient moins distants et plus empathiques lors de l’application de la crème dont ils étaient persuadés de l’efficacité. »

Que conclure ? Que cette expérimentation « montre l’importance de l’interaction entre patients et médecins » lors de la prise en charge, concluent ses auteurs. Voilà qui confortera celles et ceux qui pouvaient (encore) en douter. Les auteurs estiment aussi que ces « mécanismes psychosociaux » qui concernent soignants et soignés devraient être mieux étudiés, voire intégrés dans l’évaluation des médicaments et des protocoles de prise en charge. Est-il trop tôt pour imaginer, un siècle après Knock ou le Triomphe de la médecine, que ces mécanismes (et leur maîtrise) pourraient commencer à être enseignés sur les bancs de nos facultés ? Avant d’être utilisés. Si tel était le cas, les éthiciens pousseraient-ils des cris d’orfraie ?

A demain @jynau


Homéopathie : Agnès Buzyn avait-elle le droit de dérembourser les médicaments Boiron-Lehning ?

Bonjour

La messe homéopathique n’est pas définitivement dite. Les laboratoires Boiron et Lehning (deux concurrents) viennent d’annoncer avoir déposé deux recours contre les décrets du 30 août 2019 relatifs à l’arrêt progressif du remboursement des médicaments et spécialités homéopathiques d’ici 2021. Ils ont ainsi le Conseil d’Etat en vue d’obtenir l’annulation :

 • du décret n° 2019-905 qui réduit à titre transitoire le taux de prise en charge par l’assurance maladie des médicaments et préparations homéopathiques de 30 à 15% ;

• du décret n° 2019-904 qui exclut les préparations homéopathiques de la prise en charge par l’assurance maladie, à compter d’une date fixée par arrêté et au plus tard le 1er janvier 2021.

Ces recours portent à la fois « sur les irrégularités qui ont entaché la procédure d’évaluation de l’homéopathie par la commission de la transparence de la Haute Autorité de Santé », et « sur le caractère mal-fondé de ces décrets ». Ce n’est pas tout : une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sera aussi présentée – et ce « afin de remettre en cause la loi qui a délégué à un seul ministre la décision quant à la prise en charge des médicaments homéopathiques ». Le dépôt de ces recours initie le début d’une procédure qui pourrait durer entre 12 et 18 mois.

Que les journalistes se le disent : les deux laboratoires ne feront pas de commentaire sur l’évolution du dossier avant le prononcé de la décision du Conseil d’Etat. Ces mêmes journalistes sont en revanche invités à colporter le message suivant : « le dépôt de ces recours traduit également toute la confiance qu’ont les deux laboratoires dans l’efficacité de l’homéopathie et dans son bien-fondé en matière de santé publique ainsi que leur volonté de défendre l’accès à cette thérapeutique pour tous ».

Non, la messe homéopathique et juridique, médiatique et démocratique n’est toujours pas dite.

A demain @jynau

Homéopathie et politique : cinq député.e.s vont-ils être exclu.e.s du parti macroniste ?

Bonjour

La foudre va-t-elle s’abattre ? Après leur collègue « anti PMA pour toutes » exclue de leur groupe 1 cinq députés « marcheurs » viennent de franchir la ligne rouge macronienne.. Ils affichent, dans Le Journal du Dimanche, leur opposition à la volonté du Prince exprimée par sa fidèle ministre des Solidarités et de la Santé : dérembourser les granules dites homéopathiques.

Ces cinq rétifs cosigne une tribune avec quarante députés de « divers bords » emmenés par Paul Molac, 57 ans (Morbihan, Libertés et Territoires) riche personnalité culturelle et politique bretonne et française 2. Cinq élus dont la diversité dit tout de la richesse problématique du parti présidentiel. Cinq élus qui ne redoutent pas de prendre des risques politique. Par ordre alphabétique : 

1 Blandine Brocard (Rhône), 37 ans. « Elue depuis 2017. A travaillé comme juriste pour l’association des maires ruraux de France pendant dix ans. En octobre 2017, elle prend part à une conférence de presse avec Laurence Cohen (Parti communiste français) et Michèle Rivasi (Europe Écologie Les Verts) pour réclamer un moratoire avant d’étendre les obligations vaccinales pour les jeunes enfants, comme prévu par le gouvernement. Cette initiative est mise en cause par Richard Ferrand, alors président du groupe macroniste. »  

2 Jean-François Cesarini (Vaucluse), 48 ans. « Enfant et adolescent, il connaît une scolarité mouvementée et sera renvoyé de plusieurs établissements. Plus tard, il obtient un DEA en philosophie. À la suite du décès de son père, il hérite de l’affaire familiale (Cebillord et La Crémaillère). Toutefois, la succession n’est pas simple et sera marquée par plus de dix ans de procès contre sa mère pour faux, usage de faux et détournement d’argent (…)

« Il a contribué à la French Tech Culture, en devenant en 2015 l’un des cofondateurs (de l’incubateur de start up The Bridge (…) Durant le Festival Off d’Avignon de 2018, il se produit presque tous les soirs dans une pièce de théâtre, Demain vite !  Il y interprète le rôle d’un professeur qui donne une conférence sur les mérites du siècle à venir. Il est aussi parolier et a ainsi offert une chanson Taïwanà une délégation venue de ce pays. Il est d’ailleurs le président du groupe d’amitié parlementaire à l’Assemblée nationale entre la France et Taiwan, le groupe d’études à vocation internationale sur les questions liées à l’expansion de l’économie taïwanaise. 

« En octobre 2018, dans le cadre de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, il mène un groupe de 34 députés LREM qui défendent un amendement visant à rendre plus progressive la hausse de la CSG : celui-ci est adopté en commission des Affaires sociales grâce au renfort de députés de l’opposition et de certains MoDem, contre l’avis du groupe LREM et du rapporteur général du PLFSS, Olivier Véran, ce qui occasionne « un remontage des bretelles » de la part de Gilles Le Gendre, président du groupe LREM. »

3 Yves Daniel (Loire-Atlantique), 65 ans. « Rejoint le Parti socialiste en 2010. Investi par ce parti pour les élgislatives de 2012 il bat le député sortant et devient  membre de la commission des Affaires économiques et de la commission des Affaires européennes. Rejoint La République en marche ! au législatives de 2017 et il est réélu au second tour avec 61,79 % des voix face au candidat des Républicains. »

4 Stéphanie Kerbarh (Seine-Maritime), 43 ans. « Mère de deux enfants. Elle est médiatrice économique dans l’industrie et administratrice de l’association Obsar (« Observatoire des achats responsables »). Lors de l’élection présidentielle elle soutient la candidature d’Emmanuel Macron.  Elle est investie par la La République en marche ! pour être candidate aux législative. Elue  avec 62,94 % face à une candidate du Front national. Siège à la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, au sein de la majorité parlementaire. Elle est par ailleurs présidente du groupe d’études RSE – Responsabilité sociale des entreprises et membre du groupe d’études économie verte et économie circulaire. »

5 Benoît Potterie (Pas-de-Calais), 51 ans. « Effectue des études d’audio-prothèse puis s’installe comme opticien à Saint-Omer. Il détient en 2017 huit magasins dans la région des Hauts-de-France. Elu député de la 8e circonscription du Pas-de-Calais avec 56,79 % des voix face à une candicate du Front national au second tour des élections législatives 2017. En août 2018, il cosigne, avec une vingtaine de députés LREM, une tribune qui appelle à « aller plus loin » dans les possibilités d’ouverture dominicale des commerces. »

Les arguments des signataires de cette tribune ne sont en rien originaux.  Selon eux,« l’homéopathie répond à un réel besoin médical. Elle contribue indéniablement à diminuer la consommation médicamenteuse et ainsi à combattre l’antibiorésistance reconnue comme un problème majeur en termes de santé humaine et animale au niveau international. »

« Il est difficile d’accepter l’idée selon laquelle cette pratique, qui a longtemps été reconnue par les autorités et la communauté médicale, exercée pendant plus de deux cents ans par des médecins formés, et inscrite à la pharmacopée française en 1965, puisse soudainement être reléguée au rang de “fake médecine” »  ajoutent-ils.

Où l’on en vient à se demander, après tant d’autres (élus ou pas) s’il est besoin d’espérer pour entreprendre et de réussir pour persévérer.

A demain @jynau

1 Agnès Thill, députée de l’Oise, ex-macroniste  aujourd’hui « non-inscrite » pour cause de dissidence éthique signe également cette tribune

2 Paul MOLAC, Député du Morbihan, Libertés et Territoires, Emmanuelle ANTHOINE, Députée de la Drôme, Les Républicains, Sophie AUCONIE, Députée d’Indre-et-Loire, UDI et Indépendants, Ian BOUCARD, Député du Territoire de Belfort, Les Républicains, Blandine BROCARD, Députée du Rhône, La République en Marche, Xavier BRETON, Député de l’Ain, Les Républicains, Moetai BROTHERSON, Député de Polynésie Française, Gauche Démocrate et Républicaine, Fabrice BRUN, Député de l’Ardèche, Les Républicains, Michel CASTELLANI, Député de Haute-Corse, Libertés et Territoires, Jean-François CESARINI, Député du Vaucluse, La République en Marche, Jean-Michel CLEMENT, Député de la Vienne, Libertés et Territoires, Josiane CORNELOUP, Député de Saône-et-Loire, Les Républicains, Yves DANIEL, Député de Loire-Atlantique, La République en Marche, Olivier DASSAULT, Député de l’Oise, Les Républicains, Béatrice DESCAMPS, Députée du Nord, UDI et Indépendants, Frédérique DUMAS, Députée d’Ile-de-France, Libertés et Territoires, Olivier FALORNI, Député de Charente-Maritime, Libertés et Territoires, Michel FANGET, Député du Puy-de-Dôme, Mouvement Démocrate et apparentés, Yannick FAVENNEC, Député de Mayenne, Libertés et Territoires, Laurent FURST, Député du Bas-Rhin, Les Républicains, Bruno JONCOUR, Député des Côtes d’Armor, Mouvement Démocrate et apparentés, Sandrine JOSSO, Députée de Loire-Atlantique, Libertés et Territoires, Régis JUANICO, Député de la Loire, Socialistes et apparentés, Stéphanie KERBARH, Députée de Seine-Maritime, La République en Marche, François-Michel LAMBERT, Député des Bouches-du-Rhône, Libertés et Territoires, Marc LE FUR, Député des Côtes d’Armor, Les Républicains, Gilles LURTON, Député d’Ille-et-Vilaine, Les Républicains, Josette MANIN, Députée de Martinique, Socialistes et apparentés, Sophie METTE, Députée de la Gironde, Mouvement Démocrate et Apparentés, Bertrand PANCHER, Député de la Meuse, Libertés et Territoires, Eric PAUGET, Député des Alpes Maritimes, Les Républicains, Bernard PERRUT, Député du Rhône, Les Républicains, Maud PETIT, Députée du Val-de-Marne, Mouvement Démocrate et apparentés, Christine PIRES BEAUNE, Députée du Puy-de-Dôme, Socialistes et apparentés, Bérangère POLETTI, Députée des Ardennes, Les Républicains, Benoît POTTERIE, Député du Pas-de-Calais, La République en Marche, Frédéric REISS, Député du Bas-Rhin, Les Républicains, Jean-Luc REITZER, Député du Haut-Rhin, Les Républicains, Mireille ROBERT, Députée de l’Aude, La République en Marche, Eric STRAUMANN, Député du Haut-Rhin, Les Républicains, Agnès THILL, Députée de l’Oise, Non-inscrite, Patrice VERCHERE, Député du Rhône, Les Républicains, Michèle VICTORY, Députée de l’Ardèche, Socialistes et apparentés, Stéphane VIRY, Député des Vosges, Les Républicains, Michel ZUMKELLER, Député du Territoire de Belfort, UDI et Indépendants.

Oui, Agnès Buzyn a laissé la porte grande ouverte à la pratique de la médecine homéopathique

Bonjour

C’est fait : comme elle s’y était engagée, la ministres des Solidarités et de la Santé a rencontré les représentants du lobby français pro-homéopathie : sept représentants d’un collectif ,composé du Syndicat National des Homéopathes français (SNMHF), de l’Association Homéo-Patients France (AHP France), de la Société Savante d’Homéopathie (SSH) et de 14 autres organisations de patients, de professionnels de santé et d’entreprises du médicament 1. Une rencontre « en vue d’échanger sur sa décision de dérembourser les médicaments homéopathiques ». Au terme de cette rencontre, un communiqué destiné à la presse.

 On y apprend qu’Agnès Buzyn a confirmé la décision de déremboursement – à partir de janvier 2021, avec un passage au taux de 15% au premier janvier 2020. « Sans nier l’utilité de l’homéopathie, les bénéfices pour les patients et la légitimité des médecins à orientation homéopathique, elle a rappelé qu’elle s’était uniquement conformée à l’avis de la Haute Autorité de Santé, peut-on lire dans ce communiqué. Nous le regrettons profondément pour les patients et professionnels de santé, d’autant plus que cet avis ne tient pas compte de la spécificité du médicament homéopathique. »

 Et puis on lit ceci :

 « Nous avons bien pris note de l’écoute de Mme la Ministre à l’égard de nos préoccupations concernant les impacts de cette décision sur les professionnels de santé, les patients et les salariés. Nous avons pris acte de son ouverture quant à l’opportunité de mener de nouvelles études en vue d’une réévaluation des médicaments homéopathiques. Madame la Ministre a également rappelé que la décision ne devait remettre en cause ni la place de l’homéopathie dans l’offre de soins, ni la liberté d’accès des patients à cette thérapeutique. »

En d’autres termes, à l’exception de la programmation du déremboursement rien ne change sous le ciel de France. Une « réévaluation » de l’efficacité des spécialités contestées n’est pas à exclure. La discipline continuera à être enseignée, la spécialité reconnues et les consultations prises en charge par la collectivité. Et, déjà, des mutuelles annoncent qu’elles prendront en charge à 100% les médicaments déremboursés – parfois à grand renfort de publicité comme Alptis (pleine page dans Le Monde) Quant au « collectif », il déclare : Quant au « collectif », il déclare :

« Nous restons déterminés à poursuivre la mobilisation collective pour maintenir l’homéopathie comme discipline médicale exercée par des professionnels de santé formés et intégrée dans notre système de soins, au bénéfice des millions de patients qui y ont recours. »

Pour l’heure rien ne filtre sur les actions à venir du camp d’en face.

A demain @jynau

 1 Société homéopathique internationale de soins de support en oncologie – SHISSO, Société Française d’Homéopathie – SFH, Fédération Nationale des Sociétés Médicales Homéopathiques de France- FNSMHF, Syndicat National de la Préparation Pharmaceutique – SN2P, CNP MEP Médecine Anthroposophique, CNP MEP Médecine Homéopathique, Fédération Française des Sociétés d’Homéopathie – FFSH, Centre Homéopathique de France – CHF – Centre de santé Saint- Jacques, Centre d’Enseignement de Développement de l’Homéopathie- CEDH, Institut National Homéopathique Français – INHF Paris, Collectif Safemed, Boiron, Lehning, Weleda.

Homéopathie: Michèle Rivasi et Boiron exhortent Emmanuel Macron à revenir sur sa décision

Bonjour

C’est l’heure du coûte que coûte. Michèle Rivasi, tout d’abord, militante verte bien connue. Agnès Buzyn, sur RTL, vient (une nouvelle fois) de la tacler, l’accusant notamment d’être « anti-vaccins » et mettant en doute sa rigueur scientifique. Michèle Rivasi qui se présente comme « députée européenne EELV et diplômée de l’Ecole normale supérieure et agrégée en biologie ». Voici son message :

« Le Président Emmanuel Macron approuve le déremboursement total à horizon 2021 de l’homéopathie, médecine complémentaire ayant des adeptes en France, et ce malgré le million de citoyens pétitionnaires. Voici revenu le temps de l’inquisition, de l’uniformisation, de la science réductionniste. Cela va entraîner le retour des guérisseurs sans formation.

Pourtant, des meta analyses remettent en cause l’explication par le seul effet placebo. Affirmer son inefficacité est faux meme si des études cliniques manquent. Le gouvernement et la ministre Agnès Buzyn  manifestent par cette décision de déremboursement leur volonté d’éradiquer une pensée et des pratiques médicales différentes.

Le patient sera le premier perdant du déremboursement de l’homéopathie. Idem pour la Sécu puisque les malades de tourneront vers des médicaments plus chers. Cela va priver l’homéopathie de la légitimité d’être enseignée en universités avec les médecins contrôlés et formés. Quelle déception !  »

On attend désormais avec le plus vif intérêt les déclarations de Yannick Jadot, chef de la délégation française EELV au Parlement européen.

« Agnès Buzyn assène des vérités qu’elle n’a pas vérifiées, c’est de l’amateurisme »

Aux côtés de Michèle Rivasi, les Laboratoires Boiron, leader mondial de ce secteur pharmaceutique. Et au micro du Monde (Paul Benkimoun et François Béguin) Valérie Lorentz-Poinsot, directrice générale de ce puissant groupe. Extraits :

« Nous sommes tous extrêmement choqués et très en colère de la manière dont cette affaire se déroule depuis un an. C’est un massacre organisé que nous vivons. Je ne m’explique pas pourquoi tant d’agressivité et tant d’injustice par rapport à l’homéopathie, qui concerne des millions de Français et ne coûte quasiment rien. Elle représente 0,06 % du total des dépenses de santé en France. Dérembourser, c’est mettre à terre un champion français. A qui cela profite-t-il ?

« Je souhaite lever le voile sur toutes les incohérences et irrégularités qui ont eu lieu dans le cadre de ce travail depuis un an. Nous allons donc d’abord tenter d’infléchir la décision de Mme Buzyn, que je vais rencontrer demain, et également en appeler au président de la République. Il a changé d’avis sur le carburant ou le glyphosate ; il est possible qu’après discussion, il évolue sur l’homéopathie, car je pense qu’il n’a pas tous les éléments. Sinon, nous déposerons un recours pour excès de pouvoir auprès du Conseil d’Etat (…)

« Nous dénonçons la méthode, qui est incompréhensible, avec une succession de fuites organisées dans la presse depuis le début. Nous contestons également les pratiques de la HAS, qui n’avait pas les moyens de nous évaluer. Nous avons récupéré les minutes des discussions entre les membres de la commission de la transparence de la HAS. Elles sont dramatiques. De façon partiale, ils ont écarté tout ce qui était positif pour l’homéopathie, ce qu’ils reconnaissent eux-mêmes (…) il n’y a pas d’expert de l’homéopathie à la HAS. L’homéopathie doit être considérée dans sa spécificité. Lorsque Xavier Bertrand était ministre de la santé, il avait demandé une vaste étude, l’étude Epi 3, qui montrait que les traitements homéopathiques permettaient de diviser par deux les prises d’antibiotiques et d’anti-inflammatoires et par trois celles d’anxiolytiques. Il existe une étude majeure adaptée à l’homéopathie mais la HAS l’a écartée en utilisant le prétexte que les groupes de patients n’étaient pas comparables. Ce qui est faux, les groupes étaient tout à fait ajustés. »

« Agnès Buzyn assène des vérités qu’elle n’a pas vérifiées, c’est de l’amateurisme. On ne peut pas parler de carburant et des problématiques de pouvoir d’achat et dire le lendemain que les Français peuvent se payer l’homéopathie. Un déremboursement maintenu à 15 % aurait été complètement neutre pour l’Assurance-maladie, mais pas pour le pouvoir d’achat des Français.

« Nous sortons d’un débat public où le président de la République lui-même a dit qu’il fallait écouter les Français et a proposé que l’on passe le seuil du référendum d’initiative partagé à 1 million. En deux mois et demi, 1,2 million de signatures ont été recueillies en faveur du maintien du remboursement de l’homéopathie et on ne les écoute pas. Les Français veulent du remboursement sur ce type de risque. Les médecins vont prescrire d’autres traitements plus coûteux et délétères pour la santé, qui sont toxiques alors que l’homéopathie ne l’est pas. Il est encore temps pour la ministre et le chef de l’Etat de revenir sur cette décision. »

Coûte que coûte.

A demain @jynau

Homéopathie bientôt déremboursée ou pas : Emmanuel Macron aurait pris sa décision, ou non

Bonjour

Comment transformer en information une décision qui n’aurait pas été vraiment prise ? Comment, en somme, faire monter la pression, attiser les tensions. Le Journal du Dimanche (Anne-Laure Barret et Hervé Gattegno) s’y emploie aujourd’hui : « Déremboursement de l’homéopathie : Macron a choisi ». Chapô : « Après avoir hésité, Emmanuel Macron a donné son feu vert au déremboursement, comme le souhaitait Agnès Buzyn. La décision doit être annoncée en fin de semaine, deux scénarios sont encore à l’étude ».

De fait, à la lecture, rien n’est fait. Le chef de l’Etat n’ en rien a « mis fin au suspense ». Et nul ne sait quelle annonce Agnès Buzyn fera « à la fin de la semaine ». Les lobbies sont encore à la manœuvre puisque, selon le JDD,  « deux options semblent envisagées :

« La première prévoit le déremboursement total, mais en le différant (peut-être d’un an) pour permettre aux laboratoires concernés de se préparer à cette perte de revenus.

La seconde consisterait en un déremboursement partiel : actuellement pris en charge par l’Assurance maladie à hauteur de 30%, les granules homéopathiques ne le seraient plus qu’à 15%.

Cette solution n’aurait rien de disruptif [sic] : en 2003, le remboursement de ces produits était déjà passé de 65 à 35% ; puis en 2011, de 35 à 30%. Mais elle exposerait l’exécutif au risque de fâcher à la fois les partisans et les détracteurs de l’homéopathie. Autre inconvénient : elle priverait Bercy d’une source d’économie importante (le coût des remboursements avoisine 127 millions d’euros par an), au moment où le gouvernement cherche à réduire la dépense publique. De fait, Edouard Philippe et Gérald Darmanin ont eux aussi plaidé à l’Élysée pour le déremboursement. »

Poire homéopathique

Couper en deux la poire homéopathique ? Le JDD fait une hypothèse : le sujet pourrait être abordé à Lyon entre Emmanuel Macron et son vieil ami Gérard Collomb, maire de Lyon et ambassadeur en chef des Laboratoires Boiron. Où l’on comprend que le nouveau monde macronien ressemble assez furieusement à l’ancien. Et que la politique demeure décidemment allergique à la rationalité scientifique. De ce point de vue on aimerait connaître, à ce stade, les commentaires des membres de la Haute Autorité de Santé qui réclament le déremboursement au gouvernement. Pour le reste on attend les explications d’Agnès Buzyn qui, après avoir expliqué qu’elle était contre le déremboursement, puis qu’elle serait pour 1, devra justifier dans quelques jours le choix ambivalent du président de la République – un choix qui ne calmera en rien la polémique.

A demain @jynau

1 Le 12 avril 2018, invitée de la matinale sur RMC-BFM TV, Agnès Buzyn annonçait que les spécialités homéopathiques continueraient à être remboursées par l’Assurance-maladie, même si c’est «probablement un effet placebo». «Les Français y sont attachés. Si cela peut éviter le recours à des médicaments toxiques, je pense nous y gagnons collectivement. Voilà, ça ne fait pas de mal !», osait alors la ministre. Voir « La guerre de l’homéopathie touche peut-être bientôt à sa fin » Slate.fr 4 avril 2019

Homéopathie française vilipendée : pourquoi n’enseigne-t-on pas l’astrologie à l’Université ?

Bonjour

Plus Agnès Buzyn tardera, plus l’incendie anti-rationaliste gagnera.  Plus le gouvernement atermoiera, plus les esprits s’échaufferont. Un nouveau stade a déjà été franchi : on ne parle plus seulement du déremboursement des spécialités homéopathiques mais bien de l’enseignement de cette pratique ; un exercice médical voué aux gémonies – traîné dans la boue par les esprits rationalistes ne voyant là, au mieux, qu’un effet placebo induit par de l’eau diluée dans de l’eau.

Objectif, donc, des « anti » : bouter l’enseignement homéopathique hors des amphithéâtres médicaux – le chasser hors de l’Université. Et certains médecins généralistes ne sont pas les derniers. Vendredi 5 juillet  le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) a pris officiellement position. Il l’a fait dans une lettre adressée non pas à Agnès Buzyn, mais à Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Frédérique Vidal.

Le Pr. Vincent Renard, président du CNGE, rappelle tout d’abord que  des enseignements d’homéopathie existent « encore » (sic)  dans la moitié des facultés de médecine en France et dans de nombreuses facultés de pharmacie.

« La Haute Autorité de Santé a rendu l’avis qui était attendu quant au déremboursement, tellement la situation est claire au plan scientifique. Cet avis corrobore l’avis de la communauté scientifique nationale et internationale, le point ayant été très bien résumé dans l’article de référence de la revue francophone de médecine générale 1 écrit-il. Au-delà même de cet avis, l’absence de tout modèle théorique sur lequel pourrait reposer l’homéopathie, invention datant du 18e siècle, l’absurdité des contenus de la ‘’médecine homéopathique’’, des indications comme des thérapeutiques, devrait imposer de protéger les étudiants contre ces déviances pseudo scientifiques. »

« On ne peut pas à la fois recommander à ces derniers des contenus fondés sur les données de la science, imposer qu’ils soient formés à la lecture critique, et en même temps leur proposer des enseignements véhiculant des aberrations grossières aux antipodes de la démarche scientifique. Une enquête sur les contenus de ces enseignements délivrés dans les murs des facultés serait la bienvenue car elle aurait des conclusions accablantes si jamais elle était conduite 2.

Les médecins généralistes universitaires sont très attachés à ce qu’il n’y ait plus de place pour l’homéopathie à l’université. Ce type de pratique nuit principalement à la médecine générale en détournant de jeunes médecins des bonnes pratiques et en véhiculant une image archaïque de la discipline. La responsabilité de l’université est également de ne pas encourager les patients dans de fausses croyances qu’il convient de discuter avec empathie sans les accréditer ; nous rappelons ici qu’un des produits homéopathiques les plus vendus est un pseudo vaccin contre la grippe détournant les patients des thérapeutiques efficaces.

La moitié des facultés de médecine propose encore des diplômes universitaires d’homéopathie ainsi que certaines facultés de pharmacie. Nous en demandons donc la suppression car il serait aujourd’hui coupable de continuer à délivrer ce type d’enseignement par l’Université, voire de délivrer des diplômes universitaires. Avec pour objectifs l’intérêt de l’Université, celui des patients comme celui des étudiants, nous comptons sur votre action. »

Agnès Buzyn n’a que trop tardé

Dans le camp adverse on s’active. « Il est important que l’homéopathie soit prescrite par des médecins et que son enseignement continue à être délivré dans un cadre universitaire », assurait, mi-juin, Charles Bentz, président du Syndicat national des médecins homéopathes français, lors de la présentation d’un « livre blanc » de l’homéopathie. Mieux encore les firmes (Boiron, Lehning et Weleda) associées aux organisations d’homéopathes, ce document préconise d’intégrer dans la formation des médecins, notamment généralistes, « un module d’enseignement sur les médecines complémentaires, dont l’homéopathie ».

Aujourd’hui cet enseignement n’est qu’optionnel et fait l’objet de diplômes universitaires (DU) ou interuniversitaires, (DIU).  Certaines y ont toutefois renoncé et l’AFP a mené l’enquête. En septembre dernier, la fac de Lille avait suspendu le sien dans l’attente de l’avis de la HAS, et celle d’Angers l’avait carrément supprimé. Depuis, Lille a décidé d’abandonner définitivement cette formation de deux ans. Pour sa part l’université François-Rabelais de Tours a décidé de fermer la première année du DIU homéopathie. Mais la seconde année est « encore maintenue » pour « permettre aux étudiants de terminer leur cursus ». Tours proposait jusqu’ici ce DIU conjointement avec Poitiers… Que fera Poitiers ? A Bordeaux, l’homéopathie n’est plus enseignée depuis 2009.

A l’opposé d’autres facultés s’accrochent bec et ongles à leur diplôme d’homéopathie. Lyon-I qui propose un DIU en partenariat avec Brest et Reims, n’envisage pas sa fermeture « sans une demande officielle de la part de la Conférence des doyens ou du ministère ». « Les soins par l’homéopathie sont une réalité en France, il est donc du ressort de l’université de pouvoir accompagner des formations qui sinon seraient faites à l’extérieur sans aucun contrôle », fait valoir la faculté lyonnaise, voisine des puissants laboratoires Boiron. L’université de Strasbourg a déjà fait savoir qu’elle n’entendait pas mettre fin à son DU. Quant à Paris-XIII, elle, « attend une concertation entre tous les doyens de médecine pour une éventuelle prise de décision commune ».

Or les représentants des doyens des facultés de médecine et de pharmacie ont récemment jugé que l’homéopathie devait pouvoir continuer à être enseignée… Où l’on comprend que la rationalité n’est pas toujours, en France, la chose la mieux partagée au sein de l’Université.

Joint par Le Quotidien du Médecin le Pr Vincent Renard accuse :  « La Conférence des doyens préfère que ces enseignements se passent au sein de l’université que dehors. C’est une très mauvaise stratégie. C’est comme si on intégrait les enseignements de l’astrologie à ceux de l’astronomie ».

Voilà un bon sujet pour cet été : pourquoi n’enseigne-t-on pas l’astrologie à l’Université ? Pour l’heure le gouvernement soupèse l’affaire du déremboursement avec ses trébuchets :  Sibeth Daye, porte-parole tonitruante a expliqué sur RMC-BFMTV que la décision finale dépendait d’une « balance » entre les « considérations scientifiques et les conséquences sur l’emploi ». Aussitôt contredite, sur RTL, par Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics. Agnès Buzyn n’a que trop tardé, l’incendie a gagné. Qui osera jouer les pompiers ?

A demain @jynau

1 Denis Pouchain, Gérard Le Roux, Vincent Renard, Rémy Boussageon, et le Conseil scientifique du Collège national des généralistes enseignants « Approches théorique, scientifique et réglementaire de l’homéopathie ». exercer 2018 ; 148 : 460-4.

2 Précisément: pourquoi cette enquête n’a-t-elle jamais été menée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ?

Homéopathie. MM Bertrand, Wauquiez et Collomb : mais de qui sont-ils donc le nom ?

Bonjour

Ainsi donc, nous dit sa tonitruante porte-parole, le gouvernement travaille à une question politiquement passionnante : en finir ou pas avec le remboursement (à 30%) des spécialités homéopathiques. Tirer un trait historique ou maintenir cette prise en charge collective – quitte à la réduire de moitié. Question passionnant en ce qu’elle nous permet d’entrevoir « en direct » l’une de ces délibérations habituellement toujours masquée.

D’un côté le verdict scientifique et la raison pure : aucune efficacité spécifique démontrée, partant fin du remboursement. C’est, après bien des atermoiements, la position semble-t-il défendue par Agnès Buzyn. De l’autre un entrelacs de considérations économiques et politiciennes – et l’émergence au grand jour de ce qui n’est jamais très éloigné des conflits d’intérêts 1. Bercy/Matignon versus la Santé. Sans oublier, verticalité oblige, le couperet du locataire du Palais de l’Elysée.

Dans l’attente du verdict quelques éditorialistes entrent sur la piste. Ainsi Laurent Joffrin, directeur de la publication de Libération :   « Bertrand, Collomb et Wauquiez : homéopathie et rationalité »

« Trois éminents leaders politiques, Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez et Gérard Collomb, se sont lancés dans une croisade en faveur de l’homéopathie, dont le gouvernement prévoit – enfin – le déremboursement par la Sécurité sociale. Devant cette triple levée de boucliers, on dit que le gouvernement hésite, pesant le ‘’coût politique’’ d’une mesure préconisée par la plupart des autorités de santé dans le monde et approuvée par l’immense majorité des scientifiques qui se sont penchés sur la question. »

Jouvence de l’abbé Souris

Pour Laurent Joffrin les choses sont assez simples : « l’homéopathie, pratique tout à fait inoffensive, n’a jamais démontré qu’elle pouvait produire autre chose qu’un ‘’effet placebo’’». « Dès lors que cette réalité est établie, on ne voit pas pourquoi la France devrait rester l’un des derniers pays à la prendre en charge collectivement, écrit-il.  La mobilisation de ces excellences est en tout cas étrange sur le fond : elle consiste à faire passer le ‘’ressenti’’ subjectif des patients avant les conclusions dûment produites par la science et la médecine, c’est-à-dire le préjugé avant la raison. »

Et le directeur de la publication de reprendre un trop vieille image frontalière : « c’est comme si on jetait un morceau de sucre dans le lac de Genève et qu’on déclarait ensuite que ce lac est composé d’eau sucrée ». « Rien de grave, mais rien de vraiment sérieux, dixit la science » conclut le directeur qui laisse filer sa plume suggérer aux  aux trois chevaliers blancs de l’homéopathie de demander aussi le remboursement de la mandragore, la bave de crapaud, l’écume d’argent, la poudre de scorpions écrasés et la méthode Coué. Jusqu’à la jouvence de l’abbé Souris (sic) – jouvence qui, ainsi écrite, ne pourra pas menacer d’un procès.

On sait que ces trois édiles s’inquiètent « pour l’emploi dans leur région ». Et que MM Collomb, Bertrand et Wauquiez démontrent à l’envi que les Laboratoires Boiron ont su mener à la perfection leur opération de lobbying. Dans ce contexte Laurent Joffrin se désespère d’une époque faite de défiance générale, de délégitimation de la science et de l’expertise, de fuite de la rationalité. On peut surtout regretter que cette belle affaire en reste à ce stade – et que nul responsable de l’exécutif s’en saisisse pour que l’on aborde, enfin, la question politique fondamentale : celle de l’effet placebo et des conditions de sa prise en charge par la collectivité.

A demain

1 Sur ce sujet on se reportera avec le plus grand intérêt à la lettre ouverte adressée à Edouard Philippe, Premier ministre, par le Dr Christian Lehmann : « Le sens des responsabilités ».