Un médecin peut-il sans danger se déclarer «farouchement opposé» au port du masque ?

Bonjour

09/09/2020 Quelques lignes pour une affaire hors norme rapportée notamment par Le Progrès, l’AFP et Le Quotidien du Médecin ( Martin Dumas Primbault).

« Sur la porte de son cabinet, un écriteau va à l’encontre des recommandations des autorités sanitaires. Le Dr Patrick Bellier est farouchement opposé au port du masque, au point d’interdire à ses patients de se présenter devant lui la bouche couverte. ‘’Faire chier 67 millions de Français ne sert à rien ‘’, estime ce pneumologue de Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône). Pour le praticien libéral, en plus  ‘’d’emmerder tout le monde ‘’, l’obligation de porter un masque est « criminelle ». Le Dr Patrick Bellier assure que ‘’les 7 000 cas détectés quotidiennement ces derniers temps sont des porteurs sains’’ qui favorisent ‘’l’évolution du virus vers une forme non-pathogène ‘’. Ces personnes  ‘’empêchent la multiplication des cas graves’’. »

Où l’on retrouve une position défendue par d’autres spécialistes- et qui ne va jamais sans déclencher de vives polémiques. Ce spécialiste de 63 ans établit même un lien entre la reprise actuelle de l’épidémie et les premiers arrêtés imposant le port du masque au milieu du mois d’août. Selon lui le port du masque aurait dû être « obligatoire en mars-avril », tandis que rendre le port du masque obligatoire actuellement « empêche la protection de masse », voire pourrait entraîner d’autres « épidémies ». Le pneumologue prévoit que l’épidémie de Covid-19 s’éteindra « toute seule », de même que la grippe espagnole au début du XXe siècle.

Mais cette prise de position n’a pas été du goût de tous les patients du pneumologue de Sainte-Foy-lès-Lyon . L’un d’entre eux est même allé jusqu’à porter plainte. C’est ainsi que le Dr Patrick Bellier est convoqué devant le conseil départemental de l’Ordre des médecins du Rhône à Lyon le 18 septembre « afin de s’expliquer ». Plusieurs médias ont déjà prévu d’être présents, assure le praticien. Il espère que cette couverture médiatique pourrait « se transformer en manifestation anti-masque ».

A demain @jynau

Sur ce thème : La meilleure façon de persuader une personne anti-masque d’en porter un (Claire Hooker) Slate.fr 9 septembre 2020

Coronavirus: «Respiration démocratique», les municipales ne seront pas reportées

Bonjour

09/03/2020. L’inconscient politique est-il, lui aussi, « structuré comme un langage » ? A six jours du premier tour des élections municipales le Premie ministre Edouard Philippe a écrit aux élus locaux. « Les élections constituent, dans la vie de nos territoires, un moment de respiration démocratique essentiel. Il n’est donc aucunement question de les reporter », a fait savoir le premier ministre dans une lettre que Le Monde est parvenu à se procurer.

Des mesures seront donc mises en place pour assurer la bonne tenue du scrutin. Les « mesures barrières » (ne pas se faire la bise, ne pas se serrer la main, éternuer dans son coude etc.) seront rappelées sur tout le territoire national par de petites affichettes dans les bureaux de vote. Les files d’attente devront être « gérées » afin de « limiter les situations de promiscuité prolongée ».

Gants et Gels

« D’autres questions, relatives aux surfaces de contact que constituent les bulletins de vote, les stylos utilisés pour l’émargement, le nettoyage régulier, le cas échéant, des machines à voter, et le nettoyage des bureaux de vote, pourront faire l’objet de recommandations complémentaires », poursuit le Premier ministre français.

Enfin, « une attention particulière sera apportée aux procurations », pour les personnes dans l’incapacité de se déplacer « en particulier pour des raisons liées à la situation sanitaire », comme les personnes âgées vivant en Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ou des personnes rendues vulnérables par des maladies du système immunitaire.

Indépendamment de cette missive, l’exécutif a fait savoir qu’à Mulhouse, foyer majeur du coronavirus, des gants chirurgicaux et du gel hydroalcoolique seront mis à disposition des électeurs. On peut raisonnablement imaginer, à J-6, que gants et gels seront, dimanche, disponibles un peu partout en France.

A demain @jynau

Coronavirus-19 et marges d’erreur : l’article scientifique chinois qui pourrait faire peur

Bonjour

C’est une publication scientifique encore dans les limbes. On la trouve sur le serveur de partage MedRxiv, « Clinical characteristics of 2019 novel coronavirus infection in China»

Signataires : Wei-jie Guan, Zheng-yi Ni, Yu Hu, Wen-hua Liang, Chun-quan Ou, Jian-xing He, Lei Liu, Hong Shan, Chun-liang Lei, David SC Hui, Bin Du, Lan-juan Li, Guang Zeng, Kowk-Yung Yuen, Ru-chong Chen, Chun-li Tang, Tao Wang, Ping-yan Chen, Jie Xiang, Shi-yue Li, Jin-lin Wang, Zi-jing Liang, Yi-xiang Peng, Li Wei, Yong Liu, Ya-hua Hu, Peng Peng, Jian-ming Wang, Ji-yang Liu, Zhong Chen, Gang Li, Zhi-jian Zheng, Shao-qin Qiu, Jie Luo, Chang-jiang Ye, Shao-yong Zhu, Nan-shan Zhong doi: https://doi.org/10.1101/2020.02.06.20020974

Dernier auteur le respectable Pr Nan-shan Zhong, héros historique de la lutte contre l’épidémie de SARS aujourd’hui placé par Pékin à la tête d’un groupe d’experts pour lutter contre l’épidémie du COVID (COronaVIrus Disease) -19. C’est une analyse réalisée à partir des dossiers de 1 099 malades virologiquement confirmés, issus de 552 hôpitaux répartis dans 31 municipalités chinoises – et ce jusqu’au 29 janvier dernier.

Trois données essentielles en ce qu’elles augmentent les marges d’erreur diagnostiques et compliquent l’organisation de la lutte.

1 La période d’incubation communément admise était jusqu’ici de 14 jours au maximum. Elle passe à 24 jours. Plus de trois semaines entre la contamination d’une personne et l’apparition des premiers symptômes … En d’autres termes la période des mises en quarantaine devrait être doublée.

2 Les personnes infectées ne sont pas obligatoirement fiévreuses. Or la fièvre était, précisément jusqu’ici, un symptôme cardinal. Dans cette publication plus d’un malade sur deux (56 %) avait moins de 37,5 °C à son admission à l’hôpital et un sur cinq (22 %) entre 37,5 °C et 38 °C. Et un malade sur trois n’avait pas de toux.

3 Une possible présence intestinale : le COVID-19 est possiblement présent dans les selles des malades. Sur 62 malades étudiés les spécialistes chinois l’ont retrouvé dans les selles de quatre d’entre eux (6,5%). De quoi renforcer les mesures d’hygiène en communauté.

On observera, enfin, que la mortalité est ici tombée à 0,88 %. Soit un taux bien inférieur aux 2% avancés jusqu’ici. Corollaire il pourrait être surestimé, si de nombreux patients infectés n’ont pas, faute de symptômes, été diagnostiqués, identifiés, comptabilisés. Tout ceci dans l’attente de nouvelles données.

A demain @jynau

Coronavirus : quel est le mystérieux traitement reçu par le médecin français contaminé ?

Bonjour

Epidémie, thérapeutique, éthique. C’est une information de France 2 . Aujourd’hui en France on recense six personnes infectées par le nouveau coronavirus. Elles sont hospitalisées dans trois hôpitaux à Bordeaux et à Paris. Quatre patients, tous d’origine chinoise, sont pris en charge à l’hôpital Bichat, à Paris. Il s’agit d’un couple de 30 et 31 ans, d’une femme de 50 ans et son père de 80 ans.

« Les trois premiers vont bien, mais les médecins sont très inquiets pour le patient le plus âgé, hospitalisé dans l’établissement depuis neuf jours » précise France 2. « Il est dans un état sévère, on fait tout pour le sortir de cet état-là » explique le Pr Yazdan Yazdanpanah, chef du service maladies infectieuses de cet établissement de l’AP-HP.

VIH, hépatite C, Ebola et paludisme

Le sixième malade diagnostiqué est un médecin libéral français hospitalisé à la Pitié-Salpêtrière. Il s’était récemment exprimé sur BFMTV – expliquant alors que « sa virémie baissait ». « Depuis mercredi 5 février au matin, il reçoit un traitement expérimental, révèle France 2. Ces traitements en évaluation sur les malades français, européens et chinois, sont des molécules parfois administrées ensemble, qui ont fait leurs preuves contre le VIH, l’hépatite C, Ebola et le paludisme [sic] »

Posons que cette information a été vérifiée. D’ores et déjà des questions s’imposent : quelles sont ces « molécules parfois administrées ensemble » ? Sur quelles bases ces « traitements en évaluation » ont-ils été été élaborés ? Dans quel cadre sont-ils proposés ? Et pourquoi cette information n’a-t-elle pas été officiellement délivrée ? Les réponses ne devraient guère tarder, qui soulèveront de nouvelles interrogations.

A demain @jynau

Coronavirus, chats errants et BFMTV: «J’ai été en contact avec deux touristes pendant 20 minutes»

Bonjour

Comment parler au mieux d’un phénomène sanitaire émergent, d’ampleur planétaire, aux conséquences innombrables dans d’innombrables domaines des activités humaines ? Chaque média cherche ses « angles » qui, au choix, aident à comprendre ou amplifient l’inquiétude.

5 février. On apprend aujourd’hui que le « sixième cas de coronavirus français » (un médecin libéral de SOS 92) devrait bientôt sortir de l’hôpital. Placé en isolement dans un établissement parisien depuis fin janvier, il a évoqué sa situation par téléphone sur BFM TV , indiquant qu’il n’avait plus ‘’ aucun symptôme’’. »

On se souvient peut-être du message officiel du ministère de la Santé: ce médecin avait été contaminé par des touristes asiatiques de passage en France.  « Je suis entré en contact avec deux touristes qu’on m’avait demandé de visiter, qui avaient un peu de toux et pas de fièvre, avec leur interprète, raconte le praticien, également cité par Le Quotidien du Médecin. Je suis resté en contact avec elles environ vingt minutes, dans l’espace confiné de leur chambre, le 23 janvier. » Ce praticien précise que l’épidémie était alors « balbutiante » et qu’il il ne portait pas de masque lorsqu’il a examiné ses patients asiatiques.

La triste plaisanterie de France Inter

Ce n’est que le 28 janvier, cinq jours plus tard que les autorités chinoises ont informé leurs homologues français que l’interprète était un cas confirmé de coronavirus. Le médecin est alors testé, avant d’être hospitalisé. Quant aux deux patients, ils n’ont pas été diagnostiqués positifs.

« J’ai eu un petit peu de fièvre. Une fois 38 °C, un peu mal à la gorge et à la tête . Et puis la fièvre est passée le lendemain, les maux de gorge 3 jours après, les maux de tête cinq jours après, a confié  à BFM TV le praticien parisien. Ma virémie basse de jour en jour. » Aussi espère-t-il  quitter l’hôpital dans les prochains jours. Rien n’est dit quant à la santé de l’interprète.

Ainsi donc, chaque média cherche ses « angles » qui, au choix, aident à comprendre ou amplifient l’inquiétude. Et augmentent les audiences. France Inter ose une bien triste plaisanterie sur le sujet (Daniel Morin – Anthony Bellanger). Sur les ondes de France Culture on apprend qu’à Carry-le-Rouet, derrière les grillages du centre de quarantaine, de vieilles frayeurs se réveillent. « Le nouveau coronavisru peut-il être véhiculé par des chats errants ? » Un responsable sanitaire se gausse : «  à ce rythme là, on aura bientôt les oiseaux … ».

Ce responsable ne devrait pas railler. Et expliquer pourquoi ce virus ne peut pas être porté par les oiseaux et les chats marseillais. Ce virus dont France Culture nous expliquait il y a peu qu’il avait pour origine vraisemblable une chauve-souris chinoise.

A demain @jynau

NB : On trouve désormais, sur le site de l’OMS les questions/réponses les plus fréquentes sur l’épidémie, le virus et les méthodes de prévention.

Coronavirus et quarantaine : mais pourquoi la foudre est-elle tombée sur Carry-le-Rouet ?

Bonjour

Promis, programmé, juré : ce serait une quarantaine « agréable et conviviale ». Il n’est pas dit que tout ira comme Agnès Buzyn l’avait envisagé. Alors que l’avion militaire rapatriant plus de deux cents français va se poser sur la base d’Istre les rédactions ont dépêchés leurs équipes devant le centre pour vacanciers de la petite commune de Carry-le-Rouet (Carri lo Roet en occitan selon la norme classique, Càrri lou Rouet en provençal selon la norme mistralienne).

Nous sommes là entre Marseille, Martigues et l’étang de Berre. Et la France entière va découvrir cette « station balnéaire très fréquentée en été, port de plaisance, plages, criques abritées, nombreuses activités nautiques et sportives. » La mise en quarantaine (14 jours) des « Français de Wuhan » » a, comme on pouvait aisément le prévoir, d’ores et déjà suscité de nombreuses réactions. De ce point de vue on assiste là à un phénomène qui pourrait être, pour demain, riche d’enseignement quant la la gestion politique et sanitaire de l’épidémie.

C’est pourquoi il faut ici lire et analyser le reportage livré par l’AFP et repris par de nombreux médias :

 « ‘’Pourquoi nous ? » Dans la petite station balnéaire de Carry-le-Rouet, sur la Côte bleue, près de Marseille, les habitants s’étonnent de devoir accueillir quelque 200 Français rapatriés de Wuhan, épicentre de l’épidémie de coronavirus. Au pied du vaste centre de vacances dans lequel ces Français rapatriés de Chine vont passer 14 jours confinés à partir de la mi-journée, dans une pinède de 3,5 hectares accessible par une étroite impasse, plusieurs gendarmes surveillent déjà le portail. Sur le parking de la résidence, derrière la grille, quatre véhicules de gendarmerie et quatre véhicules de la sécurité civile sont visibles. Peu avant 9h du matin, un impressionnant déploiement de CRS a été constaté sur les lieux de la résidence qui devrait être totalement inaccessible aux badauds et aux médias lors de l’arrivée des rapatriés de Wuhan. Le vol est attendu vers 12h30 à Istres (Bouches-du-Rhône).

 « A quelques kilomètres de là, dans le centre-ville, au petit matin, les commerçants de Carry-le-Rouet, petite ville de 5.800 habitants à une trentaine de kilomètres de Marseille, ont encore du mal à y croire. 
« Je suis très étonné, pourquoi nous, il y a plein d’autres endroits », s’étonne Frédéric Vernet, boucher. « Pas inquiet » pour sa santé, le quadragénaire n’a cependant pas pris de précaution particulière et ne veut surtout pas « tomber dans la psychose« . Mais ce qui l’inquiète le plus, ce sont « les affaires« . La ville s’apprête en effet à célébrer les « oursinades », une fête populaire au cours de laquelle la commune, pendant un mois, se déclare capitale des oursins qui seront dégustés sans modération. « J’ai bien peur que cette nouvelle nous cause du tort, c’est pas du tout une bonne pub« , craint Frédéric Vernet derrière son étal, craignant que des gens mal informés annulent leur visite. Quant aux rapatriés de Wuhan, il les « plaint », certes: « Mais ils seront bien logés, c’est un beau lieu de vacances, c’est mieux qu’un gymnase, c’est le paradis ».

« Un virus ça se propage et ça mute »

« L’hôtel d’à côté n’a pas enregistré d’annulation. Au contraire, il a récupéré quatre clients qui devaient séjourner dans la résidence réquisitionnée par les autorités. « On va voir comment ça évolue, mais il ne faut pas céder à la panique« , témoigne le gérant Julien Carraretto, qui a reçu de nombreux coups de fils et SMS de proches l’invitant à rester prudent. « Tout va bien s’ils ne sortent pas du lieu de confinement, mais je crains que 14 jours ce soit long et qu’ils ne respectent pas ces consignes« , s’interroge Elisabeth, infirmière à la retraite. « Un virus ça se propage et ça mute. C’est sûr qu’on est plus exposés que le reste des Français« , angoisse la vieille femme qui a appris « stupéfaite » la nouvelle la veille au soir.

« Lors d’une conférence de presse jeudi en fin de journée, le préfet des Bouches-du-Rhône Pierre Dartout avait tenu à rassurer par avance sur les risques de propagation du virus: les rapatriés de Wuhan « 
pourront sortir dehors, dans l’enceinte du centre, mais ils prendront les équipements nécessaires pour se protéger et protéger les autres, par exemple des masques ». Et il leur sera bien sûr interdit de quitter le périmètre du site: ils devront signer « un engagement » à respecter la quarantaine, a insisté Pierre Dartout, après avoir précisé que les résidents seraient répartis « par familles, dans des chambres distinctes« . Quant au maire, même s’il regrette d’avoir été informé « par la presse » du choix de sa ville avant de l’être par le gouvernement, il s’est toutefois voulu rassurant: « Je n’ai pas d’inquiétude car même s’il y avait quelqu’un qui soit contaminé et qu’on le sache pas, ils seront confinés dans un endroit inaccessible ou presque« . »

Dans les jours qui viennent les journalistes positionnés à Carry-le-Rouet vont devoir « meubler ». La France découvrira ainsi, hasard ou fatalité, que Carry-le-Rouet paraît avoir attiré les hommes depuis les temps les plus reculés de la préhistoire  méditerranéenne. Non loin de la quarantaine les « abris sous roche » du Rouet ont hébergé des populations nomades il y a environ 20 000 ans, lors des dernières glaciations.

La commune de Carry se souvient aussi d’un débarquement anglais en 1805, puis de son désenclavement un siècle plus tard grâce à ligne de chemin de fer Miramas-Marseille, et de l’arrivée de l’électricité prélude aux « zones résidentielles ». La France découvrira aussi que Fernandel y possédait une villa – et que Nina Simone a vécu ici les dernières années de sa vie.

A demain @jynau

Coronavirus français : Emmanuel Macron a parlé depuis Angoulême; un médecin est contaminé

Bonjour

C’est fait : le président de la République a parlé du coronavirus. Depuis le festival de la bande dessinée d’Angoulême Emmanuel Macron a déclaré :«Nous sommes dans la vigilance la plus extrême». Au même instant le Dr Jérôme Salomon, directeur général de la santé, a annonçait un sixième cas testé positivement en France. Il s’agit d’un médecin libéral qui «dès le début des symptômes s’est isolé lui-même», a-t-il affirmé.

Ce médecin est aujourd’hui à l’isolement dans un hôpital parisien. Une enquête épidémiologique est en cours concernant ses proches. Le directeur général de la santé a précisé que cet homme avait été «en contact avec un cas confirmé ensuite en Asie». Il a commenté : «On n’a pas, en France, de cas sans explication. Il y a toujours des relations».

On peut aussi renverser la proposition et rappeler que la priorité est moins d’assurer les explications que de réussir la prévention.

A demain @jynau

Coronavirus politique : «Debout la France !», la Russie et la Mongolie se claquemurent

Bonjour

Jendi 30 janvier : La Russie vient d’annoncer son intention de fermer ses 4 250 km de frontière avec la Chine pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus. « Un ordre a été signé aujourd’hui et il est entré en vigueur. Nous informerons aujourd’hui tout le monde des mesures prises pour fermer la frontière en Extrême-Orient », a annoncé le Premier ministre Mikhail Michoustine, cité par les agences russes. Des restrictions sur la délivrance de visas aux Chinois ont aussi été introduites. La Mongolie et le Kazakhstan ont déjà fermé leur frontière avec la Chine.

La présidente du Rassemblement national et le président de « Debout la France !» viennent, la main dans la main, de dénoncer  le manque de réaction du gouvernement français face au coronavirus. « Les pays, les uns après les autres, ferment leur frontières terrestres avec la Chine ou suspendent les vols vers ou en provenance de la Chine. Et nous on continue à ne prendre aucune décision ? C’est incompréhensible », écrit Marine Le Pen sur Twitter. 

Dans le même temps Nicolas Dupont-Aignan appelle  les autorités françaises à prendre des mesures et à mettre en place un plan de précaution. « Alors que la Chine confine des dizaines de millions d’habitants et que de plus en plus de pays adoptent des mesures de précaution drastiques, le Gouvernement français mène une politique d’affiches d’information dans les aéroports et se vante de la seule présence d’une équipe médicale à Roissy. Ces dispositions sont-elles à la hauteur des enjeux ?, interroge celui qui a listé « six mesures de bon sens » .   

Outre le « contrôle thermique » dans les avions, il préconise le « confinement de précaution à domicile pendant 14 jours correspondant à la période d’incubation, avec arrêt maladie pour tous les voyageurs en provenance des zones à haut risque de contagion en Chine ». Mais aussi le « rétablissement des contrôles aux frontières nationales » et la « suspension des vols en provenance des zones à haut risque de contagion en Chine ».  Sans oublier « la relance de la production nationale des principes actifs des médicaments dont beaucoup sont délocalisés en Chine – pour ne pas dépendre de la production chinoise en cas d’explosion de l’épidémie ».

Un verbe oublié va-t-il s’imposer : « claquemurer » ?  

Emploi actif, Emprisonner quelqu’un dans une enceinte fortifiée très étroite. « Pour claquemurer parmi nous un philosophe à la Bastille, il ne fallait pas tant de cérémonies (Chateaubriand, Essai sur les Révolutions,t. 2, 1826, p. 356).

Emploi pronom. Se claustrer dans un lieu exigu. « Sainte Thaïs, (…) saint Nilammon (…) s’étaient claquemurés en une cave percée d’un trou » (Huysmans, L’Oblat, t. 1, 1903, p. 166). S’enfermer dans une maison (pour s’y réfugier). « Il s’était claquemuré dans sa demeure, et s’y était rendu tout à fait inabordable » (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 613).

Synonymes : cloîtrer, séquestrer, reclure, claustrer, boucler, chambrer, coffrer. Sans oublier emprisonner.

A demain @jynau

Coronavirus : comment le 5ème cas français a-t-il réussi à «passer sous les radars» ?

Bonjour

30 janvier 2020. Agnès Buzyn vient de confirmer, lors de la conférence de presse quotidienne (avant les messes télévisés de 20 heures), qu’une cinquième personne a, en France, été « testée positive au nouveau coronavirus ». Il s’agit de la fille du « quatrième cas », un touriste chinois qui avait été récemment hospitalisé à l’hôpital Bichat de Paris et qui est aujourd’hui en réanimation dans un état, dit-on, jugé grave. Et, déjà, les médias se font caisses de résonance. Comment est-ce possible? Pourquoi n’a-t-on pas réussi à prévenir cette première contamination sur le sol français ? Combien de cas à venir à partir du cinquième ? Combien va-t-on devoir affronter de telles situations ?

Et voici que sont mises en lumière la somme considérable des questions sanitaires soulevées, dans le champ de la réduction des risques, par l’émergence d’un nouveau virus pathogène. Une équation comportant de nombreuses inconnues : degré de contagiosité, infectiosité ou pas durant la période d’incubation, durée de la période d’incubation, fréquence et contagiosité des « porteurs sains, etc. Comment identifier, a posteriori mais en urgence, l’ensemble des personnes potentiellement contaminées/potentiellement contaminantes ?

Une formule commence à faire florès dans les médias : « passer sous les radars »

« Des gens capables de transmettre le virus sans jamais tomber malade pourraient passer sous les radars, lit-on ainsi sur le site de The Conversation (C Raina MacIntyre, Professor of Global Biosecurity, NHMRC Principal Research Fellow, Head, Biosecurity Program, Kirby Institute, UNSW) Les contrôles dans les aéroports perdent également en efficacité, puisque des personnes capables de transmettre le virus ne pourraient pas être repérées. »

Il restera aux médias à décrire ces radars sanitaires, leur nombre, leur mode de fonctionnement, leurs effectifs et leur réelle efficacité. Et les responsables de ces radars risquent aussi d’être confrontés à des difficults d’un autre ordre. Comme au Japon, où l’on apprend que trois des 206 premiers Japonais rapatriés le 29 janvier de Wuhan sont contaminés par le coronavirus, et que deux autres ont « refusé de se soumettre aux tests ».

Les trois personnes contaminées vont être traitées dans un hôpital de Tokyo spécialement préparé à l’accueil de ce type de patients, a précisé le Premier ministre Shinzo Abe, également présent au Parlement. Radars ou pas, Shinzo Abe n’a pas annoncé le sort réservé aux deux récalcitrants.

A demain @jynau

Le coronavirus et le laisser-aller de l’OMS : mais comment a-t-elle pu ainsi se fourvoyer ?

Bonjour

27 janvier 2020. Disons que cela fait tache. L’Organisation mondiale de la Santé vient de « corriger » son niveau d’évaluation de la menace à laquelle l’humanité est exposée depuis l’émergence du nouveau coronavirus chinois. Nous étions hier encore à une menace « modérée ». Elle est aujourd’hui « élevée ».

Plus précisément cette OMS avait auparavant annoncé que le risque était «très élevé en Chine, élevé au niveau régional et modéré au niveau international». «Il s’agissait d’une erreur de formulation et nous l’avons corrigée», a expliqué à l’AFP une porte-parole depuis les hauteurs aseptisées de Genève, siège de cette institution onusienne. «Cela ne veut absolument pas dire que nous avons changé notre évaluation du risque, mais cette erreur s’est glissée» dans les rapports de situation, a-t-elle ajouté.

L’OMS a rendu publics six rapports de situation depuis le début de la crise. À partir de son troisième, le 23 janvier, elle a établi une évaluation du risque. Dans son sixième rapport de situation, diffusé dans la nuit de dimanche à lundi, l’OMS a corrigé son analyse, assurant que son «évaluation du risque (…) n’a pas changé (…) : très élevé en Chine, élevé au niveau régional et élevé au niveau mondial».

Mea culpa ? Connaît pas !

L’ « erreur de formulation » concernait les rapports de situation des 23, 24 et 25 janvier. La correction ne change pas le fait que l’OMS ne considère pas que l’épidémie constitue une «urgence de santé publique de portée internationale». L’OMS n’a jusqu’ici utilisé ce terme que pour de rares cas d’épidémies requérant une réaction mondiale vigoureuse, dont la grippe A(H1N1) en 2009, le virus Zika en 2016 et la fièvre Ebola dans une partie de l’Afrique de l’Ouest de 2014 à 2016 puis la République démocratique du Congo depuis 2018.

À l’époque du Sras (2002-2003), l’OMS avait vivement critiqué Pékin pour avoir tardé à donner l’alerte et tenté de dissimuler l’ampleur de l’épidémie. Mais l’OMS a elle aussi été vivement critiquée ces dernières années. Jugée trop alarmiste pendant l’épidémie du virus A(H1N1) en 2009, elle avait par la suite été accusée, au moment de la redoutable épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest (2014), de ne pas avoir d’emblée  mesuré l’ampleur de la crise et de sa portée. Puis d’avoir longuement persisté dans son erreur. Dans tous les cas une constante : l’OMS ne connaît pas le mea culpa.

A demain @jynau