Tragédie: quand Renaud prend la défense du brave Pr Raoult contre «ses confrères jaloux»

Bonjour

10/07/2020. Jusqu’où? Même Le Figaro (Olivier Nuc) s’en est ému. « Corona song, la nouvelle chanson de Renaud plus embarrassante que jamais ; s’il est resté discret durant le confinement, le chanteur a pris ses fans par surprise en publiant un titre sur le Covid-19. Nombreux sont ceux qui ont manifesté leur consternation après l’avoir écouté. »

De quoi s’agit-il ? Cette nouvelle chanson a été dévoilée mercredi 8 juillet, en fin de journée, à la surprise générale. «Coronavirus, connard de virus»: c’est le refrain du titre d’un morceau où le chanteur prend fait et cause pour le Pr Didier Raoult (4’23’’).

AFP : « On voit le chanteur en veston de cuir, bras nus et tatoués, chanter dans un jardin – près de l’Isle sur la Sorgue, dans le Vaucluse où il réside, précise le générique final – devant deux guitaristes et un bassiste, une choriste rejoignant ensuite le groupe. ‘’Quand je pense au brave Docteur Raoult/Conchié par des confrères jaloux/Par des pontes, des sommités/Qui ont les moules de perdre du blé’’, l’entend-on déclamer de sa voix éraillée, usée par les années et les excès passés. » On appréciera aussi les mots sur Philippe Douste-Blazy.

La vidéo se termine par Renaud qui baisse son emblématique bandana rouge utilisé en guise de masque, pour lâcher son célèbre «tain tain tain». Puis on lit sur un message écrit de sa main: «Pour tous les potes qui ont souffert de ce putain de virus, pour tous les soignants, amitiés».

« On a honte pour l’auteur de merveilleuses chansons »

« Très vite, l’effet de surprise a cédé la place à une grande consternation, assure Le Figaro. Sur la forme comme sur le fond, c’est le geste le plus embarrassant d’un homme qui s’est relevé de tout. Heureux pour Renaud que le ridicule ne tue pas: cette chanson franchit allégrement les limites du genre. Les réactions des fans ne se sont pas fait tarder, exprimant une grande tristesse devant ce spectacle affligeant. Renaud (…) ânonne – on a l’impression qu’il a gardé son masque pour chanter – sur une mélodie de Thierry Geoffroy. À nos confrères du Parisien, ce dernier explique que «cela a pris dix jours». Une heure aurait largement suffi. »

Et, sans pitié, le quotidien poursuit : « On a honte pour l’auteur de merveilleuses chansons qui ont rythmé les années 1980 et 1990. Auparavant, quand il réagissait à l’actualité, Renaud le faisait avec des pièces comme Miss Maggie, écrite dans la foulée du drame du Heysel, en 1985, ou Putain de Camion, suite à la disparition brutale de Coluche l’année suivante. Aujourd’hui, avec quatre mois de retard, l’homme n’est pas capable d’écrire un morceau décent. Il aurait été plus avisé de s’abstenir et de nous laisser sur le souvenir de son dernier album en date, Les mômes et les enfants d’abord, qui ne compromettait pas sa dignité d’artiste. Prenant des accents populistes qu’on ne lui connaissait pas encore, Renaud défend le Pr Didier Raoult. Pas de doute, l’homme est mûr pour les ‘’Grosses têtes’’. »

Roselyne Bachelot, citée, RTL et Marseille apprécieront.

A demain @jynau

Coronavirus et «poignée de main»: combien de Français vont-ils accepter de l’abandonner ?

Bonjour

29/02/2020. Nous traversons des temps incertains. L’OMS vient de placer à son degré maximum le niveau de la menace liée au nouveau coronavirus dans le monde, en le portant à «très élevé». En France l’exécutif prend des mesures radicales. Ainsi, en urgence, Emmanuel Macron, président de la République a-t-il décidé de réunir ce jour, au Palais de l’Elysée, un « conseil exceptionnel de défense » suivi d’un non moins exceptionnel « conseil des ministres ».

Le chef de l’Etat, chef des Armées prend les choses en main. Ordre du jour : organisation de la lutte contre le nouveau coronavirus. Prévenir, autant que faire se peut, et sans compter à la dépense, les manaoeuvres d’in invisible ennemi. Au risque, demain ou après-demain, d’être accusé d’en avoir « trop fait » – ou de ne pas en avoir « fait assez ».

Hier le nouveau ministre de la Santé aura durablement marqué les esprits. Se refusant jusqu’ici à parler d’ « épidémie »  il a annoncé  : « en France une nouvelle étape de l’épidémie est franchie et nous passons désormais au stade 2 [sur un total de 3]: le virus circule sur notre territoire et nous devons freiner sa diffusion». Déclaration faite, symbole, lors d’une visite à Crépy-en-Valois (Oise), où enseignait le premier Français décédé il y a quelques jours après avoir été infecté par le nouveau coronavirus.

Comment ne pas parler, désormais, d’épidémie ? Plusieurs cas groupés sont identifiés sur le terrfitoire national. Le principal se trouve dans l’Oise (dix-huit cas). On compte en outre désormais six cas à Annecy six  cas qui concernent des voyageurs qui rentraient de voyage organisé en Egypte, deux cas à Montpellier – et, mystère épidémiologique « douze cas en isolés». A ce jour deux morts, douze guérisons et quarante-trois malades hospitalisés.

Et le ministre de poursuivre en ces termes : «En situation épidémique, vous protéger c’est protéger aussi les autres et ce sont les petits gestes qui font une grande protection». Et d’ajouter : « je recommande désormais, et pour une période qui reste à déterminer, d’éviter la poignée de mains».

« Poignée de main ». Geste par lequel on salue quelqu’un en lui serrant la main. Synonyme. shake-hand. Poignée de main molle, solide, vigoureuse; donner, esquisser une poignée de main; distribuer les poignées de main. 

Il restera à faire l’évaluation de la spectaculaire recommandation ministérielle, à tenter d’en mesurer les effets épidémiologiques, les réactions individuelles et collectives qu’elle suscitera … On entend, déjà, les humoristes se gausser d’une telle mesure. Déjà, sur BFM-TV on observe qu’Emmanuel Macron en visite il y a deux jours à La Pitié-Salpêtrière n’a, comme a son habitude, cessé de serrer les mains des soignants qui l’accompagnaient…  

On réécoutera, aussi, le discours du ministre Olivier Véran à Crépy-en-Valois. Il y a parlé de solidarité et esquissé une image : tendre la main à son prochain faute de pouvoir, désormais et pour un temps indéterminé. On lira, enfin, dans Libé, « L’épidémie est politique », le papier du philosophe Frédéric Worms.

Il nous explique que le meilleur remède contre l’épidémie virale, c’est la démocratie où le vital et le politique ne peuvent être séparés, comme le montre, après «la Peste» de Camus, la Chine de l’écrivain Gao Ertaï (En quête d’une terre à soi Actes sud, 2019). Deux livres selon lui indispensables. Mettre les mots justes sur les choses, pour ne pas ajouter au malheur du monde ?

Nous allons trembler en relisant le premier. Et sans tarder découvrir le second. Sera-t-il, ensuite, permis d’offrir, sans gants, ces deux livres à notre prochain ?

A demain @jynau

Chats clonés chinois et solitaires: qu’en diront les amoureux fervents et les savants austères ?

Bonjour

Un quart de siècle après Dolly. On nous annonce, depuis la Chine, la création par l’homme du premier chat cloné. Et nous voici comme projeté aux frontières de la transhumanité. Une première de l’entreprise pékinoise (sic) Sinogène. Une première qui n’est percue que comme la marche vers l’objectif ultime : le clonage du panda.

Sept mois seulement après la mort de son chat baptisé ‘’Garlic’’, son propriétaire, Huang Yu, a eu la joie de retrouver son protégé, qui a été cloné. Garlic » est le premier chat cloné par Sinogene, une entreprise qui a déjà réussi le clonage d’une quarantaine de chiens depuis 2017. ‘’Ils se ressemblent à plus de 90 %’’, assure le jeune Chinois de 23 ans. Compter 32 000 euros (contre 48 000 euros pour un berger allemand). Un marché promis à un formidable développement.

Sphinx allongés clonés

Plus de 90 % de ressemblance ? Sera-ce suffisant pour les amoureux fervents, sans parler de tous les savants austères, eux qui, nous écrit Charles Baudelaire, aiment également dans leur mûre saison cette puissante douceur qui fait l’orgueil de leur maison ? Plus de 90 %, certes, mais que restera-t-il de la frilosité et de la sédentarité, de la science et de la volupté, du silence et de l’horreur des ténèbres ?

Un chat cloné n’inclinera-t-il pas au servage ? L’Erèbe le prendra-t-il alors comme son coursier funèbre ? Le cloné prendra-t-il, à 90 % seulement, les nobles attitudes des grands sphinx allongés au fond des solitudes ? Et qui nous dit, d’ailleurs, que ces mêmes sphinx ne seront pas, eux aussi, de pâles copies clonées  incapables de rêver ? Un chat cloné ? Que restera-t-il des reins féconds d’origine, des gerbes d’étincelles magiques, du sable fin et des parcelles d’or ?

Où retrouverons-nous, chinois transhumanistes ou pas, l’insondable de leurs prunelles mystiques ?

A demain @jynau

Jean Cormier (1943 -2018) : il incarna, durant un demi-siècle, un journalisme de fraternité

Bonjour

C’était un cri doublé d’un sourire malicieux. Un amoureux de l’humanité et des mots tricotés. Un homme parfois désespéré mais ne cessant de distribuer autour de lui des raison d’espérer. Et un journaliste dont on gardera la mémoire. Les hasards et la fatalité le firent embrasser cette profession  – et il officia durant un demi-siècle. Un demi-siècle d’une pratique qui a progressivement, dans le même temps, changé de visage. Aucune nostalgie, mais bien une vérité : Jean Cormier fut un journaliste comme nous n’en verrons plus.

Aujourd’hui, au lendemain de sa mort,  le souvenir d’un confrère au-delà de l’atypique, un camarade humanisant un milieu professionnel qui n’est pas, parfois, sans sauvagerie. Un journaliste sportif d’exception œuvrant au bien commun, celui des sports et celui des journalistes.

Se souvenir de Jean Cormier (« La Corme ») c’est, d’abord, se souvenir de l’amour qu’il portait à sa mère, basque, (« Cette dame qui aimait tans la fête (…) ma passé comme un ballon doré cette passion de l’autre qui anime et adoucit mon temps terrestre » – Alcool de nuit, avec Antoine BlondinRoger Bastide, 1988, Rocher). C’est aussi la résurgence de mille et une situations comiques, troublantes, surréalistes. Des centaines de matchs de rugby, des dizaines de Tour de France, des chapelets de Jeux Olympiques. Des nuits sans fin, des ivresses avec et sans alcools. Des amis d’un jour et d’une vie. Un Gargantua de la seconde moitié du XXème siècle.

Il faut, pour bien comprendre, lire les nécrologies qui lui sont consacrées Celle du Parisien (Olivier François), quotidien où il rayonna durant un demi-siècle : « Jean Cormier s’est éteint ». Celle de L’Equipe (Pierre-Michel Bonnot) : « Mort de Jean Cormier, un guerrier de la nuit ». Celle du Monde (Philippe Ridet) : « Le journaliste Jean Cormier est mort ».

Des sportifs pleurent leur chroniqueur

Bonnot rapporte plusieurs inédits où « La Corme » entra par effraction dans l’histoire, comme dans le village olympique assiégé de Munich (1972) ou sur le planchot final du Tournoi des Cinq Nations de 1982. « Par soif du scoop ? Même pas, écrit Bonnot. Juste par curiosité journalistique, car Jean Cormier était soucieux de l’autre avant d’être journaliste, chaleureux et attentif avant d’être obnubilé par la prospérité de sa signature et surtout infiniment ouvert sur le vaste monde où la fraternité du rugby lui tint souvent lieu de passeport. » Comment mieux dire ?

Biographe absolu de Che Guevara (y compris du Che médecin) Basque devenu citoyen de l’Amérique du Sud, citoyen pour l’éternité son jardin de Saint-Germain-des-Prés Jean Cormier ne cessa d’être, plus que simple passeur, catalyseur de rencontres, ambassadeur en fraternité. Pour notre part il nous fit entrer, journaliste-médecin du Monde, dans le cercle fermé du rugby. Nous fit quelques confidences, nous invita à partager, avec Blondin et Bastide les repas hebdomadaires de la rue Lobineau. Nous laissa mettre sur pied, en 1987, la superbe équipe pluri-médiatique « Théophraste Renaudot » du premier « Marathon des Leveurs de coudes » germanopratin. Tous ne pouvaient pas suivre, mais tous se souviennent.

« Ça, un journaliste ? On vous voit venir avec votre petit manuel de déontologie sous le bras, écrit Ridet. Et bien oui, c’était un journaliste, comme il n’y en aura plus. Serge Blanco : « C’était un ami, un complice. » Reverrons-nous des sportifs pleurer leur chroniqueur ? Un souvenir personnel : parfois, il faisait de l’auto-stop à la sortie du Parisien, avenue Michelet, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), pour se faire voiturer jusqu’à la station de métro Porte de Clignancourt. Il charriait toujours une énorme besace. Je le prenais à bord de ma 4L Safari. J’avais l’impression qu’il débordait de l’habitacle. Arrivé à destination, il disparaissait comme un courant d’air. Ça laissait un vide. »

Le vide est bel est bien là. Avec gros nuage de tristesse sous lequel on perçoit son sourire. Et son cri.

A demain

@jynau

Une messe en hommage à Jean Cormier sera dite vendredi 21 décembre à 12 h 30 à l’église Saint-Sulpice, à Paris.

 

Jactance et Gilets Jaunes : voici soudain venu, pour le pouvoir, le temps du renoncement

Bonjour

Une maille à l’envers. Une maille à l’envers. Poursuite du détricotage. Jusqu’à quels lambeaux ? Edouard Philippe, Premier ministre, devant le Sénat, le 6 décembre 2018

« Les tensions nous ont conduit à la conclusion qu’aucune taxe ne méritait de mettre en danger la paix civile. Comme je l’ai dit hier à l’Assemblée nationale, nous avons décidé avec le président de la République de renoncer aux mesures fiscales concernant le prix des carburants et le prix de l’énergie qui devaient entrer en vigueur le 1er janvier 2019. Le Sénat ayant voté la suppression de la hausse des taxes [sur le carburant] dans le budget 2019, elles ne seront pas réintroduites. »

Et déjà les médias de jaser sur l’usage de ce douloureux verbe du groupe premier.

« Renoncer » : Cesser de revendiquer, de faire valoir la possession ou la jouissance de, abandonner son droit sur.

Accepter que quelque chose ne se fasse pas, n’ait pas lieu, n’existe plus. Se résigner à ne pas faire ce que l’on projetait ou espérait. Ne plus espérer, ne plus compter sur.

« Renoncer à » Cesser de vouloir, de prétendre à. Abandonner volontairement ce que l’on a. Ne plus se faire le défenseur de ce que l’on pense, de ce que l’on croit, de ce à quoi l’on tient. Exclure de sa vie ce à quoi l’on est attaché. Cesser volontairement de poursuivre un effort.

 Fins lettrés le président de la République et le Premier ministre apprécieront :

« Si elle [la révolutionne renonce pas à ses principes faux pour retourner aux sources de la révolte, elle signifie seulement le maintien (…) d’une dictature totale sur des centaines de millions d’hommes » (Camus, Homme rév., 1951, p. 290).

 « Les autorités françaises qui (…) ont renoncé à la guerre et empêchent ceux qui dépendent d’elles d’y participer, sont dans l’erreur et hors du devoir » (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 674).

A demain

@jynau

 

La fumée sortant du flanc droit de Poelvoorde ; Anne Hidalgo et le tout Paris sans mégots

Bonjour

9 juillet 2018. Le tabac brûlé nous rapproche parfois de l’étrange. C’est le cas avec un film que ne goûtent guère les critiques bien pensant.e.s : « Au poste ! » de Quentin Dupieux. Une décalque surréaliste du « Garde à vue » de Claude Miller (1981). Une comédie au-delà des normes, une mise en abyme comme le cinéma n’en montre pas. Ou si peu.

Ventura et Serrault ne sont plus. Voici Benoît Poelvoorde (commissaire Buron) et Grégoire Ludig (suspect Fugain). Marc Fraize (Philippe) prend la place de Guy Marchand dans le placard. On ne gobe pas, ici. On croque. Le temps ne sait plus passer. Magritte. Bouffées de tragique et de rires. L’absurdité s’ouvre sous nos pieds. Les équerres servent à tuer au carré. (On peut ne pas aimer).

Interdiction étant faite de spoiler on taira, ici, la trouvaille qui permet à la cigarette de prendre toute la nouvelle place qui est la sienne, dans les corps malades comme dans la psyché collective. Une trouvaille qui vaut mille publicités sanitaires gouvernementales. Et qui vient incidemment ruiner le récent discours d’une ministre de la Santé voulant censurer la vision du tabac au cinéma.

Hors des salles obscures, la politique ne perd jamais ses droits. Le Conseil de Paris vient d’adopter un vœu, (déposé par le groupe radical de gauche, centre et indépendants) visant à expérimenter l’interdiction pendant quatre mois de la cigarette dans quatre parcs et jardins de la capitale.

Abattoirs de Vaugirard

C’est ici la décalque expérimentale de l’interdiction mise en place depuis le 1er juillet à Strasbourg dans tous les parcs et jardins publics de la ville. C’est aussi la poursuite d’une logique sans faille : elle fait suite à celle instaurée en France dans les lieux de travail et les lieux publics (centres commerciaux, aéroports, gares, hôpitaux et écoles) en février 2007, étendue en 2008 aux cafés, bars, restaurants, hôtels et discothèques.

Le Monde rappelle que la cigarette est déjà interdite dans les 500 aires de jeux des parcs parisiens depuis 2015. Quant à l’interdiction de la cigarette dans les parcs publics, elle est déjà en vigueur en Finlande, en Islande, au Royaume-Uni ou dans certaines villes des Etats-Unis. A Paris il s’agit de « lutter contre la banalisation de la cigarette chez les plus jeunes », de donner de « l’air frais » aux promeneurs et de lutter contre la pollution qu’entraînent les jets de mégots par terre.

Dès aujourd’hui il est interdit d’allumer une cigarette dans l’un des six parcs ou jardins choisis par la Ville de Paris pour être des espaces sans tabac : Jardin Anne-Franck (3e) ; Jardin Yilmaz-Güney (10e) ; Square Trousseau (12e) ; Square Henri-Cadiou (13e) ; Parc Georges-Brassens (15e) ; Square des Batignolles (17e). Pas de verbalisation durant les quatre mois de l’expérimentation. Les agents des parcs et jardins rappelleront les fumeurs à l’ordre.

Ne plus jamais fumer dans le parc qui porte le nom de Georges Brassens aménagé à la place du marché aux chevaux de Vaugirard et de ses abattoirs. Entrons dans une salle obscure. Dans le commissariat le fumée de tabac sort du flanc droit du commissaire Buron. Qui nous dira pourquoi ?

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Le Président, le soft power, la poésie : Emmanuel Macron dans « Les Loups et les Brebis »

 

Bonjour

« Pierre et le Loup ». Ainsi donc Emmanuel Macron, président de la République a fait le récitant du célèbre conte musical de Prokofiev joué par l’orchestre de la Garde républicaine, C’était hier 1er mars. Public : « le personnel de l’Elysée et leurs enfants ainsi que des enfants de milieu défavorisé qui n’ont pas l’occasion d’aller voir des spectacles ou d’avoir accès à la culture de manière aussi simple que d’autres »  avait, la veille, expliqué le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux  à l’issue du Conseil des ministres.

« Dans cet esprit de transmission de la culture, le président prend toute sa part, a ajouté M. Griveaux en réponse à une question de journaliste. La transformation du pays ne se résume pas à la réforme structurelle, nécessaire, indispensable d’un grand service public, comme nous sommes en train de le faire pour la SNCF. » Et d’ajouter : « C’est aussi par ce « soft power » que se fait la transformation du pays et que se gagnera la bataille culturelle. C’est parfaitement sa place. Chacun peut s’en réjouir. » Réjouissons-nous.

« Ennemis sans foi »

« L’expression « soft power » peut se comprendre par « pouvoir d’influence, de persuasion » ou « manière douce », explique l’AFP.  Depuis son entrée à l’Elysée, Emmanuel Macron et son épouse Brigitte organisent régulièrement le jeudi à l’Elysée des soirées musicales privées, dont le premier invité a été le violoniste Renaud Capuçon. « Pierre et le Loup » sera joué par l’orchestre de la Garde républicaine, selon l’Elysée.

Réjouissons-nous. Demain 3 mars commencera la 20ème édition du Printemps des Poètes. Thème : « L’Ardeur ». On songe au président de la République récitant,  Jean de La Fontaine et en même temps nous faisant réfléchir à son action politique. Soft power. Avec, par exemple, « Les Loups et les Brebis » :

« Après mille ans et plus de guerre déclarée,
Les Loups firent la paix avecque les Brebis.
C’était apparemment le bien des deux partis :
Car, si les Loups mangeaient mainte bête égarée,
Les Bergers de leur peau se faisaient maints habits.
Jamais de liberté, ni pour les pâturages,
Ni d’autre part pour les carnages :
Ils ne pouvaient jouir,  qu’en tremblant,  de leurs biens.
La paix se conclut donc ; on donne des otages :
Les Loups, leurs Louveteaux ; et les Brebis leurs Chiens.
L’échange en étant fait aux formes ordinaires,
Et réglé par des Commissaires,
Au bout de quelque temps que Messieurs les Louvats
Se virent Loups parfaits et friands de tuerie,
Ils vous prennent le temps que dans la bergerie
Messieurs les Bergers n’étaient pas,
Étranglent la moitié des Agneaux les plus gras,
Les emportent aux dents, dans les bois se retirent.
Ils avaient averti leurs gens secrètement.
Les Chiens, qui sur leur foi, reposaient sûrement,
Furent étranglés en dormant :
Cela fut sitôt fait qu’à peine ils le sentirent.
Tout fut mis en morceaux ; un seul n’en échappa.
Nous pouvons conclure de là
Qu’il faut faire aux méchants guerre continuelle.
La paix est fort bonne de soi :
J’en conviens ; mais de quoi sert-elle
Avec des ennemis sans foi ? »

A demain

«Un hôpital sans personnel, ça n’existe pas…» (François Hollande, 22 décembre 2016)

 

Bonjour

Poésie. « Une fourmi de 18 mètres avec un chapeau sur la tête… une fourmi parlant français, parlant latin et javanais… ça n’existe pas… ça n’existe pas…  » (Robert Desnos, Joseph Kosma, Juliette Gréco). Que pèse encore la parole politique ? Quel poids pour les phrases du président de la République ? On moquait, jadis, celui qui inaugurait les chrysanthèmes. François Hollande était, jeudi 22 décembre, en déplacement au Centre Hospitalier de Chambéry. Pas de chrysanthèmes, mais l’inauguration d’un nouveau bâtiment en service depuis … septembre 2015.

François Fillon

Sourires, humour présidentiel, ronds de jambes, petits sous-entendus, lieux communs … Une petite heure de visites et de discours. L’hôpital  représente « le service public par excellence », ce qui n’enlève rien au secteur privé, indispensable complémentarité. Le président défend l’accès aux soins pour tous et salue, immortelle antienne, « le dévouement des personnels de santé ». Rien sur le harcèlement hospitalier, la quête d’identité.

Et puis ce mot: « Il n’y a pas un hôpital qui fonctionne sans personnel, ça n’existe pas », a glissé le chef de l’État. « Je voudrais que certains se le mettent dans l’esprit » (allusion aux propositions de François Fillon).

 Et pourquoi pas ?

Pour le reste des chiffres, des chiffres qui masquent tant et tant de plaies : « Les dépenses totales d’assurance-maladie concernant l’hôpital ont progressé de 10 milliards d’euros depuis 2012, la dette des hôpitaux qui avait triplé de 2003 à 2012 pour atteindre 30 milliards d’euros a été stabilisée et, depuis 5 ans, 31 000 soignants ont été recrutés dans les hôpitaux ».

François Hollande avait auparavant visité l’ancienne maison de Jean-Jacques Rousseau, sur les hauteurs de la ville de Chambéry. Le chef de l’État y avait célébré le « contrat social, un des fondements de la République », « au moment où il y a la montée de l’individualisme, le repli vers l’égoïsme et un manque de solidarité ». Le « contrat »?  Le lien était tout trouvé : « L’hôpital public symbolise le contrat qui lie chaque Français au système de santé et qui le rend accessible à tous ».

« Une fourmi de 18 mètres avec un chapeau sur la tête… une fourmi parlant français, parlant latin et javanais… ça n’existe pas… ça n’existe pas… Et pourquoi pas ? Et pourquoi et pourquoi pas ? »

A demain

Trois femmes ministres ouvrent la chasse à la «communication avec stéréotype de sexe»

 

Bonjour

Il est des jargons nouveaux, équitables, dont on ne se lasse pas. Les femmes en usent autant que les hommes. Parfois plus. Ainsi, aujourd’hui, trois femmes ministres de l’actuel gouvernement socialiste. Elles nous font savoir qu’elles viennent de parapher « la Convention d’engagement pour une communication sans stéréotype de sexe ».

Trois femmes ? Entendre (prendre son souffle) : Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, Myriam El Khomri, ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social et Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes. De quoi s’agit-il ? D’une Convention reconnaît et engage. Elle « reconnaît  l’importance de prévenir et faire reculer les stéréotypes de sexe dans la communication publique, en interne comme en externe ». Elle  « engage les ministres à diffuser le guide aux administrations sur lesquelles elles ont autorité et à en promouvoir les recommandations ».

Vous ne saisissez pas?  Mmes Marisol Touraine, Myriam El Khomri et Laurence Rossignol « entendent diffuser les bonnes pratiques et favoriser l’acquisition de réflexes qui permettront de faire de la communication un nouveau levier pour faire progresser l’égalité réelle entre les femmes et les hommes ». De ce point de vue vous leur accorderez que la signature de la Convention d’engagement est à « un acte politique fort ». Peut-être même plus encore.

Stylos républicains

Après avoir rangé son stylos républicain, Laurence Rossignol a parlé : « Aucun mot n’est, par nature, rebelle au féminin. Ce ne sont pas nos oreilles qui sont sensibles à certains mots ou expressions : c’est la société qui est encore récalcitrante à reconnaître aux femmes toute leur place dans l’espace public. »

Puis Marisol Touraine : « Nous devons lutter sans relâche contre les stéréotypes. Agir fermement, avec détermination et cohérence. Parce que sans ces stéréotypes de sexe, chaque individu – femme ou homme – serait un peu plus libre. »

Et Myriam El Khomri a conclu :  « Il n’y a pas d’espace pour le stéréotype de genre dans le monde de l’entreprise. Chacun  doit y avoir sa place dans le respect des valeurs qui forgent notre vie collective. L’égalité entre les femmes et les hommes doit trouver en toute circonstance sa pleine expression au sein de la sphère professionnelle. »

A savoir, pour finir, que le « guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes » sera prochainement et largement disponible dans toutes les bonnes librairies.  Le prix n’a pas été communiqué. A titre exceptionnel vous pouvez le téléchargez : cliquez ici.

Prendre garde

On peut ainsi s’enrichir et prendre garde pour la suite. On y lit, par exemple, ceci :

« Il est important de dissocier « la Femme » (le fantasme, le mythe, qui correspondent à des images stéréotypées et réductrices telles que la figure de « l’Arabe » ou « du Juif ») et « les femmes », qui sont des personnes réelles, aux identités plurielles, et représentatives d’un groupe hétérogène. « La Femme » est une représentation mentale produite par la société : l’expression suggère que toutes les femmes partagent nécessairement des qualités propres à leur sexe (douceur, dévouement, charme, maternité…).

« Or, dans la réalité, les femmes se distinguent par la pluralité de personnalités, de leurs goûts, de leurs couleurs de peau, de leurs activités professionnelles, dépassant largement les représentations que la société leur impose. De la même manière : parler de « femmes entrepreneures » ou de « création d’entreprises par des femmes » plutôt que d’entreprenariat au féminin ».  

A demain

Vous aviez perdu votre smartphone ? Saviez-vous où était conservée votre «mémoire externe» ?

 

Bonjour

L’essentiel en peu de mots. Se souvenir que Francis Eustache, 60 ans, est un chercheur qui devrait être nettement plus présent dans les médias généralistes.  Ce neuropsychologue  dirige, à Caen, une unité de recherche (Inserm) unique en France totalement dédiée à l’étude de la « mémoire humaine ». Spécialisé dans les entrelacs mnésiques  il se passionne notamment pour le diagnostic précoce des maladies neurodégénératives.

Plus généralement Francis Eustache s’intéresse aux relations entre le cerveau et le comportement. Ses travaux ont conduit au développement de modèles théoriques de la mémoire humaine et à différentes méthodologies. Sa biographie officielle souligne aussi qu’il a été l’un des premiers chercheurs à comprendre l’intérêt des techniques d’imagerie cérébrale pour l’étude du fonctionnement cognitif humaine.

En parler dans les écoles

Francis Eustache  vient d’accorder un petit entretien au Figaro (Pascale Senk) : « L’hypersollicitation cérébrale est un problème ». Entendre l’hypersollicitation par les « nouvelles technologies ». Peut-être même, et sans céder au catastrophisme,  est-ce un là « problème » dont nous ne mesurons pas encore l’ampleur. Ecoutons un instant ce spécialiste :

« Pour mémoriser, il faut traiter l’information en profondeur, lui donner du sens, ce qui implique de consacrer du temps à ce traitement. Nous, êtres humains, ne sommes pas multitâches. Donc il faut savoir que nous ne pouvons encoder des éléments, en faire des souvenirs, s’ils sont pris dans une pléthore d’informations.

 «  L’hypersollicitation cérébrale engendrée par l’usage excessif des nouvelles technologies est un problème dont on devrait notamment parler dans les écoles. Difficile de réviser et de mémoriser des connaissances tout en jouant sur son ordinateur…

Où est mon smartphone ?

 Certes, dit Le Figaro, mais de plus en plus d’informations sont conservées dans nos smartphones ou ordinateurs…

« Il y a toujours eu un équilibre à conserver entre ma mémoire interne (ce que je sais moi) et la mémoire externe (le savoir qu’il y a dans une bibliothèque). Mais aujourd’hui, nous sommes dans un changement de relation au savoir majeur. Un risque nouveau apparaît, celui de trop faire confiance à ces mémoires externes puissantes qui sont si faciles d’accès. Ma «mémoire», c’est ce dont je suis capable de faire la synthèse et qui me donne mon identité singulière. Si cette mémoire n’est plus peu à peu qu’un contenu disparate, c’est ma position dans le monde, ma présence, qui va s’en trouver profondément bouleversée.

 « Il faudrait enseigner l’utilisation de l’outil informatique. Expliquer que se concentrer demande du temps, et que mémoriser nécessite d’intégrer des informations nouvelles à ce qu’on sait déjà, ce qui implique de préserver une certaine cohérence. Le problème de nombreux utilisateurs du Web aujourd’hui, c’est qu’ils reçoivent en masse des informations de qualité diverses, au risque de tout gober. Aussi, ils se retrouvent toujours en posture de réaction à une information. Dans la majorité des cas, ce n’est pas eux qui proposent, dissertent, trient, d’où une perte progressive de discernement.

Le Cloud

Et Francis Eustache de conclure : « Paradoxalement, on sait que mettre son cerveau au repos, en se laissant aller à la rêverie sans objet d’attention, est un moyen puissant de préserver son équilibre cognitif, et donc ses capacités de mémoire. »

On peut le dire autrement : pourquoi ne nous laissons plus aller à la rêverie créatrice ? Et pourquoi entraînons-nous nos enfants dans un monde remplis de smartphones et débarrassés de rêves. Un monde où les souvenirs seraient, nous dit-on, stockés dans des nuages numérisés. Souvenons-nous. Des nuages qui ne passent plus… là-bas, là-bas… Des nuages qui n’ont et n’auront plus jamais rien de merveilleux ! Il faudra songer à en parler aux candidats des primaires.

A demain