Eau bénite : pourquoi une aide- soignante en réanimation droguait-elle ses collègues ?

Bonjour

02/09/2020. Pourquoi ? L’affaire est rapportée par L’Est Républicain (Philippe Piot) : « Pour les infirmières et les aides-soignantes du service de réanimation de l’hôpital Nord Franche-Comté, l’affaire est entendue. Pour elles, il est évident qu’elles ont été droguées à leur insu par une de leurs collègues, sans doute pendant plusieurs mois .»

Tout aurait commencé en juin 2019, lorsqu’une aide-soignante du service de réanimation a fait un malaise à l’hôpital. Il s’est avéré qu’elle était ivre. Ses collègues ont ramassé son sac. Elles y ont découvert des seringues prêtes à l’emploi. « On a alors fait le rapprochement », explique une autre soignante, d’autant qu’au même moment l’actualité braquait ses projecteurs sur l’affaire spectaculaire du Dr Frédéric Péchier, anesthésiste à Besançon.

« Depuis plusieurs semaines, plusieurs mois parfois, elles étaient plusieurs, dans le service, à constater une somnolence, un mal-être, rapporte encore le quotidien régional. Certaines se sont endormies au volant de leur voiture, en repartant du travail, se causant de belles frayeurs. ‘’J’avais les jambes qui flageolaient. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. J’étais patraque tout le temps. Impossible de faire le moindre effort ‘’, raconte une membre du service réa. Des burn-out voire des accidents ischémiques transitoires (AVC) ont été suspectés chez d’autres avec des symptômes qui allaient et venaient. »

Silence à la direction de l’hôpital Nord Franche-Comté

Une constante toutefois : une fois revenues plusieurs jours à la maison, tout allait toujours mieux. « On a commencé à comprendre lorsqu’on a su pour les seringues. On a croisé les dates où on se sentait mal avec le planning du service et il a fallu se rendre à l’évidence : à chaque fois que cela se produisait, il y avait toujours la même personne de service, explique ce membre du service. Elle travaillait à différents horaires avec des gens différents. C’était facile de recouper ».

« Plusieurs membres de l’équipe décident alors d’installer un téléphone portable pour filmer le réfrigérateur où se trouvaient les bouteilles des boissons des soignantes, raconte L’Est Républicain. L’enregistrement vidéo est édifiant. ‘’On y voit une aide-soignante de notre équipe ouvrir nos bouteilles et y verser un liquide à l’aide d’une seringue’’, résume une des victimes qui précise : « Il paraît que lorsqu’elle a été interrogée, elle a dit que c’était de l’eau bénite pour nous protéger… »

Pour ses collègues cette aide-soignante était quelqu’un de prévenant, de très compétent dans son travail, très rigoureuse. Proche de la retraite, elle été rapidement exclue de la fonction publique et ne faisait plus partie du service en septembre 2019. Une dizaine de plaintes ont été déposées. Pour l’heure sans effets visibles. Contacté à plusieurs reprises par Le Quotidien du Médecin, l’hôpital Nord Franche-Comté n’a pas donné suite. Nul ne semble savoir s’il s’agissait bien d’eau bénite.

A demain @jynau

Jean Castex : «Silence dans les rangs ! Maintenant, on ne dit plus ensauvagement !»

Bonjour

01/09/2020. Rentrée des classes, y compris au gouvernement. Chef d’établissement, le Premier ministre Jean Castex. Il vient d’appeler, lors de la première journée à «fermer le ban». Visés : deux des plus dissipés : le ministre de l’Intérieur et le garde des Sceaux. Les deux en sont venus aux mots devant l’ensemble de l’établissement scolaire. La cause : utiliser ou pas l’expression «ensauvagement».1

«Fermez le ban: il n’y a aucune polémique», a affirmé à la presse le chef du gouvernement lors d’un déplacement scolaire à Châteauroux (Indre). « Le vrai sujet, en revanche, c’est bien celui de mobiliser face à la montée des violences et de l’insécurité» a-t-il ajouté. Y compris et surtout à Châteauroux ?

«La question n’est pas les mots qu’on emploie pour qualifier le phénomène, mais les actions que l’on met et que l’on va mettre en place pour y faire face», a-t-il encore professé. «Le ministre de l’Intérieur, comme l’ensemble du gouvernement, constate effectivement qu’il y a une montée du sentiment d’insécurité et je peux vous dire la totale mobilisation du gouvernement pour y faire face», a assuré Jean Castex.

Peu de temps auparavant, Sur Europe 1, le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti avait récusé «l’ensauvagement de la société» dénoncé par la droite et par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et par la ministre déléguée à la citoyenneté, Marlène Schiappa. «L’ensauvagement, c’est un mot qui (…) développe le sentiment d’insécurité, avait-il osé déclarer. Or pire que l’insécurité, il y a le sentiment d’insécurité» qui est de l’ordre du fantasme» et est nourri par «les difficultés économiques et certains médias ».

Le ministre de l’Education nationale ? Pour l’heure il se tait. Et nul ne connaît les sanctions prévues à l’encontre de ceux qui, au sein de la classe gouvernementale et politique oseraient encore user de ce mot désormais prohibé.

A demain @jynau

1 Ensauvagement: Chute dans la sauvagerie, dans le fait de vivre à l’écart des autres êtres humains et de la civilisation.

Etre pris avec de la drogue devient l’équivalent d’une contravention de stationnement

Bonjour

01/09/2020. C’est donc fait. « A compter de ce 1er septembre, toute personne surprise avec un joint au bec ou de la drogue dans les poches pourra se voir adresser une amende de 200 euros par voie postale ou électronique, si l’usager accepte la destruction de son produit, nous rappelle Libération (Charles Delouche). A la manière d’une amende de stationnement, la somme pourra être minorée à 150 euros si elle est payée dans les quinze jours. Mais pourra grimper jusqu’à 450 euros en cas de retard. Lancée dans certaines villes de France depuis la mi-juin, On parle ici d’amende forfaitaire délictuelle (AFD) doit s’appliquer à « toutes les drogues » mais qui vise en particulier les consommateurs de cannabis – un procédé testée depuis juin dans plusieurs villes, dont Reims, Créteil ou Rennes.

Surpris ? Fin juillet, lors d’un déplacement à Nice, le premier ministre, Jean Castex, avait annoncé sa généralisation à la rentrée afin d’aider les forces de l’ordre à « appliquer une sanction sans délai » et de lutter « contre les points de revente qui gangrènent les quartiers ». Dans les villes tests, au 26 août, 545 amendes avaient été infligées, dont 172 à Rennes, selon le procureur de la République de la ville, Philippe Astruc. Sur ces 172 verbalisations, « 166 portaient sur du cannabis et 7 sur de la cocaïne », a-t-il précisé dans un communiqué. « 70 % des avis d’infraction ont été transmis aux contrevenants dont 32 % se sont déjà acquittés du paiement de l’amende », a ajouté le procureur.

Et une fois de plus cette impasse que l’exécutif s’obstine à ne pas vouloir prendre en compte : en dépit d’une politique parmi les plus répressives d’Europe les Français demeurent les premiers consommateurs de cannabis et se placent au troisième rang pour la cocaïne. Ainsi, en août, le ministre de l’Intérieur, Gérard Darmanin, a promis que cette amende, qui sera appliquée « partout en France, dans les quartiers de Créteil comme dans le 16e arrondissement de Paris » (sic), est une « technique qui consiste à tuer tout trafic de drogue » (re-sic).

Rappel et commentaires : la loi de 1970, qui indique qu’un consommateur risque un an de prison et 3 750 euros d’amende, s’est donc vue agrémentée d’une possibilité de verbaliser directement sur la voie publique une personne surprise avec de la drogue. On est passée de la «tronçonneuse inutilisable» de la loi de 1970 à une «agrafeuse de masse» avec cette AFD estime fort justement, dans Libération, le Dr William Lowenstein, addictologue et président de SOS Addictions. «La répression contre le trafic de stupéfiants a sa place en France. Mais à condition qu’elle se fasse en même temps que le soin, la prévention et la réduction des risques, ajoute-t-il. Un pilier sécuritaire ne peut pas à lui seul corriger une politique de santé des addictions.» 

Pour le Dr Lowenstein, une idée efficace, «évoquée depuis quinze ans» pour lutter contre les problèmes d’addiction serait la création d’unités d’urgence en addictologie. «La prohibition seule ne peut pas avoir valeur de protection préventive ». Selon Jean Maxence Granier, également interrogé par Libé, président de l’association Asud (Auto support des usagers de drogues), cette AFD n’est que «la reconduite d’une politique de prohibition qui ne fonctionne pas depuis cinquante ans. La criminalisation de l’usage va à l’encontre de ce qu’il se passe dans le monde en matière de drogues».

Dès le 30 juillet, un collectif d’associations s’est formé en opposition à ce projet. Le Syndicat des avocats de France, la Ligue des droits de l’homme ainsi que des organismes spécialisés dans la santé tels que la Fédération Addiction ou Médecins du monde dénoncent une «promesse de fermeté illusoire» de la part du Premier ministre.

Rien n’y fait. Comme depuis des décennies, lee président de la République, le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur n’écoutent pas les arguments des soignants. Et l’actuel ministre de la Santé, que l’on avait cru sensible à une politique de réduction des risques, se tait. Désespérer ?

A demain @jynau

Covid-19 : finalement, le port du masque ne devrait pas être imposé aux chanteurs d’opéra

Bonjour

31/08/2020. Mais comment a-t-on pu en arriver à un tel chantier ? Les contradictions, suspicions, controverses et polémiques relatives au masque resteront, en France, comme la grande affaire d’un exécutif dépassé par l’épidémie de Covid-19. Une affaire qui reste à comprendre et dans laquelle la justice sera, un jour, amenée à se prononcer.  Pour l’heure c’est la « rentrée » avec « port du masque généralisé » et les plus grandes confusions demeurent quant aux obligations, interdictions, dérogations.

Contexte : selon un sondage « Odoxa-Dentsu Consulting » 8 Français sur 10 sont inquiets de la situation sanitaire du pays. Un niveau presque aussi élevé que ceux relevés au plus fort de l’épidémie, en plein confinement. L’angoisse des Français en cette rentrée est aussi économique. Plus de 8 sondés sur 10 sont également pessimistes sur l’évolution de la croissance et du pouvoir d’achat.

Enceintes scolaires et universitaires : masque généralisé partout et tout le temps. Mais le port du masque dans les crèches, chez les assistantes maternelles ou pour la garde de petits enfants à domicile ne sera «pas obligatoire en présence des enfants». Pourquoi ?  Le ministère de la Santé et le secrétariat d’État chargé de l’Enfance ne le dit pas. Le masque sera cependant obligatoire pour les parents à l’intérieur des structures et au domicile de l’assistant maternel, ainsi que lors de «toute interaction» entre adultes. Toutefois, «un nouvel avis scientifique a été sollicité pour évaluer l’opportunité de faire évoluer» les règles concernant le port du masque «dans les prochains jours», préviennent les services d’Olivier Véran et d’Adrien Taquet. Comprenne qui pourra.

Entreprises. À partir de demain, mardi 1er septembre, le port du masque sera obligatoire dans «tous les espaces de travail clos et partagés». Sont concernés les salles de réunion, les open-spaces, les couloirs, les vestiaires et les bureaux partagés. Les personnes disposant d’un bureau fermé ne seront pas tenues de porter leur masque (lorsqu’elles y seront seules). Attention toutefois Elisabeth Borne, ministre du travail, évoque des exceptions de « bon sens » (sic). On attend une nouvelle version du protocole sanitaire.

En pratique la mesure pourra être aménagée en fonction des secteurs d’activité et des situations. C’est ce qu’a affirmé dimanche 30 août sur BFM-TV Elisabeth Borne, passant en revue différents cas. Essayons de suivre les grandes lignes des explications de la ministre

1 Le port du masque est la « règle de base » en lieu clos « C’est très important que tous les Français qui vont reprendre le travail soient rassurés sur le fait que sur le lieu de travail on applique les bonnes règles pour protéger leur santé », a estimé Elisabeth Borne. Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) avait préconisé dans un avis publié à la mi-août de systématiser le port du masque dans tous les espaces de travail clos et partagés. C’est sur cette base que le gouvernement tranché en faveur de l’obligation du port.

« Vraiment, porter le masque systématiquement en entreprise quand on est à plusieurs, c’est très important pour se protéger, protéger ses collègues et protéger ses proches », a développé la ministre. Ce sera selon elle la « règle de base », « très simple ».

2 Le masque pourra parfois être retiré. L’obligation pourra cependant avoir des exceptions en fonction des situations, a nuancé la ministre, sur la base du « bon sens ». « Evidemment, si vous êtes tout seul dans votre bureau, vous n’êtes pas obligé de mettre un masque », a-t-elle assuré. Autres exemples : « Quand vous êtes dans un open space, vous avez envie de souffler, vous pouvez retirer votre masque dix minutes » ou lorsque « vos collègues sont partis à la cantine, vous êtes quelques-uns à être restés, là vous pouvez retirer votre masque ».

Mieux encore : contrairement à ce que le gouvernement avait laissé entendre Elisabeth Borne a ajouté que dans les entreprises qui ont « toutes les bonnes règles », on pourra « avoir des assouplissements au caractère systématique du port du masque ». Elle a évoqué par exemple des locaux avec « une très bonne ventilation » ou « dans des grands volumes ». La mise en place de protections comme des parois en Plexiglas, ainsi que la densité d’occupation des locaux et la distance entre les salariés, pourraient également entrer en compte.

3 Des assouplissements pourront être autorisés. Soudainement pragmatique, la ministre pense ici aux activités professionnelles qui « par nature sont difficilement compatibles avec le port du masque. On va les recenser avec les partenaires sociaux et on verra les réponses qu’on peut apporter », a par ailleurs dit Elisabeth Borne. Il y a notamment « les ateliers », comme « les garages », où « vous êtes amenés à faire des efforts physiques » et où les salariés pourront être « dispensés du port du masque » si « l’atelier est bien ventilé », avec « les collègues [qui] sont loin », a-t-elle détaillé. « Loin » ?

La ministre a ainsi fait savoir qu’un décret (re-sic) permettrait de dispenser « les chanteurs d’opéra » du port du masque. Ces derniers pourront ainsi, après-demain, pleinement s’exprimer – quand les opéras ne seront plus fermés.

A demain @jynau

La vague « anti-masques » émerge et enfle en Allemagne. Risque-t-elle d’atteindre la France ?

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30/08/2020. Comment ne pas voir désormais, ici, un nouveau symptôme, mi-politique, mi sanitaire ? Comment le classer ? Et faut-il s’en inquiéter ? Des milliers d’opposants au port du masque et aux mesures de restriction contre le coronavirus sont descendus dans la rue samedi 29 août dans plusieurs villes d’Europe, résume l’AFP.  A Berlin tout d’abord. A Londres ensuite où un millier de manifestants se sont rassemblés à Trafalgar Square et ont réclamé « la fin de la tyrannie médicale ». A Paris, enfin, où deux cents à trois cents personnes ont protesté contre le port du masque, désormais obligatoire dans toute la capitale. Peu après 16 h 30, 123 personnes avaient été verbalisées pour …. non-port du masque selon la préfecture de police.

A Berlin la police s’est opposée à la manifestation d’opposants au port du masque et aux mesures de restrictions contre la pandémie de Covid-19  – et ce faute de respect des gestes barrière par les quelque 38.000 participants. La manifestation a conduit à trois cents interpellations après des violences entre manifestants d’extrême droite et forces de l’ordre. «La distanciation minimum n’est pas respectée (…) malgré les demandes répétées» des forces de l’ordre, a indiqué la police, «c’est pourquoi il n’y a pas d’autre possibilité que de dissoudre le rassemblement». Mais comment des anti-masques pourraient-ils défiler masqués ?

« A peine entamée, le cortège parti en matinée de l’emblématique Porte de Brandebourg avait dû faire halte sur l’injonction de la police, résume l’AFP.  Après l’annonce de la dispersion en début d’après-midi, les manifestants, dont beaucoup étaient assis sur la route, sont restés sur place et ont crié «résistance!», puis «nous sommes le peuple!», un slogan employé par l’extrême droite, et entamé l’hymne national allemand.

Selon le ministre de l’Intérieur de Berlin, Andreas Geisel, environ deux cents d’entre eux ont été interpelés devant l’ambassade russe, après avoir lancé des pierres et bouteilles sur les policiers, et la plupart remis en liberté ensuite. Il n’y a pas eu de blessés. Dans la soirée, un groupe a également franchi des barrières autour du Reichstag, qui abrite le parlement, avant d’être repoussé sans ménagement par les policiers, selon un photographe de l’AFP.

Qu’en sera-t-il, demain, en France ?

Au total, quelque 38.000 personnes (selon les autorités) ont participé (en majorité dans le calme) à un meeting au cours duquel les organisateurs ont appelé «à la fin de toutes les restrictions en place» pour combattre le nouveau coronavirus.

Intitulé «fête de la liberté et de la paix», l’événement rassemblait «libres penseurs», militants anti-vaccins, conspirationnistes ou encore sympathisants d’extrême droite. C’est le deuxième de ce type en un mois, un phénomène qui inquiète les autorités. « La foule était très mélangée, de toutes classes d’âge, y compris des familles avec des enfants en bas âge, rapporte l’AFP.  Les drapeaux de la paix arc-en-ciel et de l’Allemagne se côtoyaient, les manifestants ont aussi à plusieurs reprise crié «Merkel doit partir!», le mot d’ordre du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne.

Une précédente manifestation du même type avait déjà réuni le 1er août quelque 20.000 personnes appartenant majoritairement à la sphère d’extrême droite. Elle avait elle aussi été interrompue par la police pour les mêmes raisons que samedi.

« Ce nouveau rassemblement intervient dans un contexte de grogne croissante dans l’opinion allemande à l’égard des restrictions liées à la pandémie, observe encore l’AFP.  Et ce même si l’Allemagne a plutôt mieux résisté que ces voisins, et que les restrictions pour lutter contre le nouveau coronavirus n’ont jamais été aussi strictes qu’en France ou en Italie par exemple. Plusieurs organisations de gauche avaient appelé à des contre-manifestations.

 «Il sera important que nous montrions qu’il ne peut y avoir de tolérance pour les racistes, les antisémites, les extrémistes de droite et les nazis», a asséné Anne Helm, dirigeante de la section berlinoise du parti de gauche radicale Die Linke. » Où l’on voit ainsi dans ce contexte épidémique resurgir, en Allemagne, les vieilles oppositions idéologiques et politiques – sinon toujours démocratiques. Qu’en sera-t-il, demain, dans une France économiquement chauffée à blanc et bientôt entièrement masquée ?

A demain @jynau

«Papy et mamie» désormais interdits de sortie scolaire: le nouvel impair de Jean Castex

Bonjour

28/08/2020. Jusqu’où l’exécutif sanitaire peut-il s’immiscer dans la vie privée, rogner les libertés individuelles ? A quel titre et de quel droit. « Evitons que papy et mamie aillent chercher leurs petits-enfants à l’école, quitte à augmenter le périscolaire jusqu’à ce que les parents puissent venir eux-mêmes les récupérer. » Voilà un nouvel impair commis le 27 août par le chef du gouvernement, Jean Castex, lors de sa conférence de presse consacrée à l’épidémie de coronavirus. Impair qui a aussitôt réagir – et ce d’autant plus que la veille, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, avait tenté l’impossible pour vendre à la presse l’idée d’une rentrée « normale ».

Citée par Le Monde (Soazig Le Nevé) Michelle Hugues, 67 ans, grand-mère de deux enfants scolarisés en primaire en région parisienne, ne cache pas son courroux. Durant le confinement, c’est elle qui a assuré en partie le suivi de leur scolarité, par écran interposé. « Autant je suis sortie gratifiée de cette expérience, autant je suis navrée si le premier ministre nous enlève notre place aujourd’hui, commente-t-elle. Laisser les enfants plus longtemps à l’étude pour “squeezer” les grands-parents ? Non, je ne suis pas d’accord. »

« Prolonger le périscolaire est une chose, mais jusqu’à quelle heure ?, interroge quant à elle Béatrice Laurent, secrétaire nationale éducation etclture de l’UNSA. Souvent, les grands-parents surveillent aussi les devoirs et préparent le repas du soir quand les parents ont des horaires tardifs. » Et pour les municipalités, recruter des animateurs n’est pas chose aisée, ajoute-t-elle, car c’est « un boulot précaire aux horaires distendus ».

D’autres préfèrent voir là un impair. Comme la maire de Rosoy, commune d’un millier d’habitants dans l’Yonne, qui préside l’association des maires ruraux de son département.  Dominique Chappuit veut croire qu’il s’agit de la part de M. Castex « d’une phrase en l’air ». « Ce ne peut être le premier ministre qui décide si les grands-parents vont ou non chercher leurs petits-enfants. Arrêtons d’infantiliser les adultes et de culpabiliser les enfants. »  Sollicité, Matignon n’avait pas, jeudi après-midi, apporté de précision au sujet d’un éventuel plan de renforcement du périscolaire.

« Les autorités sous-réagissent et sur-réagissent, personne n’y comprend rien. » 

C’est là un nouvel impair. Après avoir prévenu que le port du masque serait désormais ­requis « pour tout le monde » dans l’enseignement supérieur, c’est presque incidemment, dans une réponse à une question posée à l’issue de son allocution, que Jean Castex a annoncé qu’il serait aussi obligatoire à Paris et dans les ­départements limitrophes à compter du vendredi 28 août dans la capitale et trois départements de la petite couronne : Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine et Val-de-Marne – et non plus seulement dans quelques rues très fréquentées de Paris comme c’était le cas ­depuis le 10 août.

« La décision a visiblement pris de court la Préfecture de police de ­Paris et la Mairie, qui avaient prévu de se réunir plus tard dans la journée pour examiner l’opportunité d’une telle généralisation. rapporte encore Le Monde (François Béguin). Signe du flottement dans la prise des décisions, les joggeurs et les cyclistes seront finalement ­dispensés de porter un masque, a annoncé la Préfecture de police de Paris, le lendemain, après que la maire (Parti socialiste), Anne Hidalgo, avait demandé une dérogation pour ces derniers. »

 La veille, l’obligation annoncée concernait « tous les piétons circulant dans les espaces publics, les utilisateurs de vélos, deux-roues, trottinettes et autres engins de mobilité personnelle, motorisés ou non » et seuls les occupants de véhicules motorisés en étaient dispensés. Une telle mesure n’est pas inédite dans le pays : plusieurs grandes villes étaient déjà visées par de tels arrêtés, dont Marseille, depuis la veille au soir. Elle n’avait cependant jamais concerné autant d’habitants sur un territoire aussi étendu.

Fait inattendu ce flottement de l’exécutif a mis au jour une opposition marquée chez deux infectiologues parisien hautement médiatisés. Pour le Pr Gilles Pialoux,  chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon il faut saluer cette généralisation. « Le discours a été tellement cacophonique lors de la première vague qu’il faut des messages simples », estime-t-il. Autre vertu, selon lui, « cela installe la culture du masque, comme dans les métropoles asiatiques ». Le masque ne sert pas seulement à protéger de projections, mais « évite aussi de se toucher le visage », rappelle-t-il – oubliant qu’en pratique il n’en est souvent rien.

Son confère le Pr Eric Caumes, l’incisif chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière est aux antipodes de cette analyse : « Sur le plan épidémiologique et scientifique, cette mesure ne se justifie pas à l’extérieur, il y a zéro cluster dehors. Alors qu’en intérieur, c’est absolument indispensable, cela fait longtemps qu’il n’aurait pas dû y avoir d’exception. Les autorités sous-réagissent sur certains points et sur-réagissent sur d’autres, personne n’y comprend rien. »

Le citoyen encore moins – citoyen qui, demain, s’interrogera sur le tout et n’importe quoi inhérent à un Tour de France ouvert à tous les vents.

A demain @jynau

Covid – sécession : Marseille et le Pr Didier Raoult en rébellion contre le gouvernement

Bonjour

27/08/2020. Tout un symbole destiné à un Paris chaque jour un peu plus détesté. Ce fut une conférence de presse organisée par le Pr Didier Raoult en son Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection. Présente, outre le microbiologiste, la maire écologiste de Marseille, Michèle Rubirola, et la présidente Les Républicains de la métropole et du département des Bouches-du-Rhône, Martine Vassal – deux édiles qui ont fait front commun, pour dénoncer les dernières mesures de l’exécutif concernant la gestion de l’épidémie de Covid-19. Une conférence de presse programmée en même temps que celle organisée, à Paris, par le Premier ministre Jean Castex.

Depuis la veille, à Marseille et l’ensemble du département (classé « zone rouge »), le port du masque est obligatoire et les bars, restaurants et épiceries doivent fermer de 23 heures à 6 heures du matin. Les deux élues croient en outre savoir que le gouvernement aurait un temps envisagé un reconfinement local à Marseille, Martine Vassal va jusqu’à évoquer  « une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes qui serait catastrophique ». Elle s’indignant d’une pratique « deux poids deux mesures » par rapport à Paris, où un tel reconfinement n’aurait pas été envisagé.

« Le pessimisme tue les patients »

La maire s’inquiète bien évidemment des conséquences économiques et sociales de ces mesures – et regrette publiquement que le cap de minuit pour les fermetures, négocié avec le préfet de région, Christophe Mirmand, n’ait pas été accepté. « Le gouvernement a décidé depuis Paris de ce qui serait bon pour notre ville, sans engager le dialogue nécessaire avec les élus, et surtout sans nous donner les moyens de faire respecter les décisions qui sont les siennes », a-t-elle insisté.

Mme Vassal, : « A Marseille, on est toujours montré comme les mauvais petits canards ». Un Paris détesté soude les énergies. Les deux élues, qui s’étaient affrontées lors des dernières municipales, ont donc tenu cette conférence de presse en présence du Pr Didier Raoult, personnalité adulée localement, microbiologiste controversé et souvent décrié par ses pairs de la capitale.

A la différence, comme toujours, de l’exécutif sanitaire national il s’est dit optimiste, soulignant que le nombre de cas graves était désormais très bas – à Marseille tout particulièrement. « L’épidémie n’est pas un problème qui dépasse ce qui s’est produit dans le passé », a déclaré le Dr Raoult. Il ne manque pas de souligner, aussi, que le taux de mortalité des patients hospitalisés depuis le 15 juin dans les Bouches-du-Rhône est de 8,1 % – contre 15,8 % à Paris. « Il faut répondre à cette situation avec calme et optimisme. Le pessimisme tue les patients. » Tout un symbole.

A demain @jynau

Alerte: l’étrange impair de Jean Castex sur l’obligation généralisée du masque dans Paris

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27/08/2020. Que s’est-il passé ? Comment commettre un tel impair ? Jean Castex, Premier ministre, vient de tenir  une conférence de presse à Matignon sur la reprise de l’épidémie due au nouveau coronavirus et la rentrée des classes. Conférence de presse solennelle accompagné des ministres de la santé, Olivier Véran, et de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, pour cet exercice qui a commencé par un exposé avant des questions-réponses avec les journalistes.

Et le Premier ministre d’annoncer que le préfet de police de Paris « après concertation avec la maire, allait étendre le port du masque à l’ensemble de la capitale ». que désormais dans l’ensemble de la capitale chacun devra porter un masque dans l’espace public.

Puis rétropédalage. L’entourage de Jean Castex est rapidement revenu sur l’affirmation du Premier ministre, Matignon a précisé au Monde, jeudi midi, qu’en réalité la décision n’était pas encore prise. « Le Premier ministre a demandé au préfet de police de se concerter avec les maires des communes concernées. C’est en cours d’étude », assure l’entourage de Jean Castex.

Cette obligation apparaît toutefois très probable, reconnaît-on au sein de l’exécutif, compte tenu de l’accélération de la dynamique épidémique en Île-de-France. Reste à comprendre les raisons de cette précipitation qui, à n’en pas douter, ajoutera quelque peu à la confusion du « tout et son contraire ». A commencer par le prochain départ du Tour de France qui traversera un pays masqué en phase de reconfinement.

A demain @jynau

Le gouvernement français autorisera-t-il les manifestations de militants « anti-masques » ?

Bonjour

27/08/2020. Voici, pour cette rentrée masquée, un bien beau sujet sur la liberté, la démocratie et la santé publique. L’affaire nous vient de Berlin. La ville a décidé mercredi 26 août d’interdire une manifestation d’opposants au port du masque et aux mesures de restrictions contre la pandémie de nouveau coronavirus, suscitant l’indignation de l’extrême droite qui appelle à «résister».

L’AFP nous apprend que les autorités de la capitale ont justifié leur décision d’interdire cette manifestation (prévue le 29 août) « par l’impossibilité de respecter les distances d’au moins 1,5 mètre entre manifestants, dans un contexte de reprise de l’épidémie en Allemagne ». Les organisateurs du rassemblement peuvent encore engager des recours contre cette interdiction.

Déjà, le 1er août, plusieurs rassemblements avaient été observés, à Berlin, Ils avaient réuni quelque 20.000 personnes dans un cortège hétéroclite rassemblant «libres penseurs», militants antivaccins, conspirationnistes ou encore sympathisants d’extrême droite. Tous estimaient que leurs droits fondamentaux étaient bafoués du fait des mesures (démocratiquement) adoptées pour lutter contre la pandémie du coronavirus. Selon eux, ces mesures n’étaient pas nécessaires pour lutter contre un virus que beaucoup considèrent comme inoffensif. Ou presque.

« Socialement et politiquement, on compte dans leurs rangs des complotistes, des libertariens, des loyalistes et des néonazis, rapportait l’AFP. La devise de la manifestation, ‘’Jour de la liberté’’, est également le titre d’un film de propagande de la réalisatrice nazie Leni Riefenstahl (1902-2003) sur la conférence du parti d’Adolf Hitler NSDAP en 1935. » Mille cinq cents agents avaient été déployés afin d’encadrer les manifestants. À l’aide de mégaphones, la police avait appelé à plusieurs reprises les manifestants à respecter les « gestes barrières ». Les autorités ont ensuite annoncé sur Twitter avoir «déposé une plainte» contre l’organisateur de l’événement en raison du «non-respect des règles d’hygiène».

Libertés publiques versus santé collective

Et aujourd’hui ?  «Ce n’est pas une décision contre la liberté de réunion, mais une décision pour la protection contre les infections , justifie Andreas Geisel, chargé de l’Intérieur à la mairie de Berlin. Nous devons donc mettre en balance le droit fondamental de la liberté de réunion et le droit à l’intégrité de la vie. Nous avons choisi la vie.»

Ce choix n’a pas empêché de susciter un tollé dans les rangs de l’extrême droite. «Auriez-vous pris la même décision si les manifs avaient été « CONTRE LA DROITE » ?», s’est indignée sur Twitter Alice Weidel, cheffe de file des députés de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) au Bundestag. Des appels à «résister» et à manifester en dépit de l’interdiction circulent désormais sur les réseaux sociaux.

Mais il y a plus symptomatique, plus paradoxal, comme le souligne l’AFP. Le quotidien populaire Bild (le plus lu d’Allemagne) a pris position dans un éditorial cinglant sur internet de cette interdiction : une «attaque inacceptable contre l’un de nos droits les plus fondamentaux». «Un groupe très peu recommandable, mais surtout (encore) assez restreint, est mis ici en position de défendre notre Loi fondamentale», déplore Bild. Ce dernier rappelle que nombre de rassemblements ont été autorisés ces derniers mois à Berlin en dépit de la pandémie.

Début août, des responsables politiques allemands, comme Saskia Esken, responsable des sociaux-démocrates (parti minoritaire de la coalition gouvernementale avec les conservateurs d’Angela Merkel) avait fustigé ces «Covidiots». «Sans distance, sans masque: ils ne mettent pas seulement en danger notre santé, mais aussi notre succès contre la pandémie et pour la relance de l’économie, de l’éducation et de la société. Irresponsable !», avait-elle twitté. Un mois plus tard, comme nombre de pays européens, l’Allemagne est confrontée ces dernières semaines à une légère reprise de la pandémie de Covid-19, avec plus de 1000 nouveaux cas officiellement déclarés chaque jour et 9280 décès.

On en sait un peu plus aujourd’hui sur les équivalents français des militants anti-masques » allemands. Question : Gérald Darmanin, ministre français de l’Intérieur s’opposera-t-il, demain, comme outre-Rhin, à leur droit constitutionnel à manifester pour faire valoir leurs idées ? Vraiment, un bien beau sujet pour les élèves et les enseignants de cette rentrée masquée.

A demain @jynau

 

Pourquoi la PDG de Radio France a-t-elle le droit de s’opposer au port du masque dans les studios ?

Bonjour

25/08/2020. Jamais on n’a autant parlé du Covid-19 et du port du masque sur les ondes radiophoniques. C’est tout particulièrement vrai sur celles de Radio France qui décline depuis des semaines les innombrables variations sur ce thème. Mais qu’en est-il pour ceux qui sont en studio, derrière les micros ? Sibyle Veil, présidente-directrice générale du groupe radiophonique, vient pour la première fois d’aborder le sujet, comme le rapporte Le Monde (Sandrine Cassini et Aude Dassonville). Et, à la différence de ce dernier, on ne manquera pas de s’étonner.

Conférence de presse de rentrée organisée en ligne. « Autour de la table, tous les patrons des stations – France Inter, France Bleu, Franceinfo… – étaient présents aux côtés de Mme Veil » rapporte Le Monde. Et Mme Veil de saisir l’occasion pour donner son avis sur la question des masques à la radio – ce alors même que la polémique sur ce thème enfle au sein des médias. Pour le moment, « il n’y a pas d’obligation de porter le masque dans les studios. Mais la radio, c’est le métier de la voix et du souffle, sur lequel le port du masque a donc des conséquences. Sans compter que la radio est de plus en plus filmée. C’est important pour les malentendants de pouvoir lire sur les lèvres », a fait valoir la présidente-directrice générale de Radio France.

Où l’on comprend que la radio publique fera exception à la règle dictée par le pouvoir exécutif. Au nom de la voix, du souffle, des images filmées et des malentendants. Qu’en sera-t-il, demain, sur les chaînes, publiques et privées de télévision ?

Visages découverts ou visages masqués

Pour le reste Mme Veil n’a cessé de parler de la crise liée à la pandémie de Covid-19 qui a eu des conséquences sensibles sur les finances de Radio France. Le groupe vit certes essentiellement de la redevance, mais il engrange également des recettes publicitaires – malmenées par la pandémie Pas question donc de tirer un trait sur le plan d’économies. « Les économies décidées avant la crise sont maintenues par l’Etat, qui nous l’a confirmé officiellement. La contribution à l’audiovisuel public va baisser d’ici à 2022. Nous n’avons donc pas d’autres choix que de mettre en œuvre notre plan d’économies et réduire la masse salariale », a-t-elle expliqué.

Avec une réduction de la contribution publique de 20 millions d’euros par an et en tenant compte de la croissance mécanique des charges et d’un redéploiement de 20 millions d’euros des dépenses vers le numérique, l’entreprise publique doit économiser 60 millions par an. Aussi, avec une masse salariale qui représente 60 % de son budget, Radio France avait prévu, en 2019, de supprimer 299 des quelque 4 400 postes du groupe.

Après une grève sans précédent de cinquante-deux jours  des négociations étaient en cours entre la direction et les organisations syndicales début 2020 – avant que la pandémie ne vienne les interrompre. Pourquoi ? « On ne négocie pas à distance », a expliqué Mme Veil. Les discussions doivent ainsi reprendre en septembre. En tête à tête. Visages découverts ou visages masqués ?

A demain @jynau