Covid et complotisme : Jean Castex n’a pas bien saisi qui sont les véritables «anti-masques»

Bonjour

26/08/2020. Invité matinal « exceptionnel » de France Inter : Jean Castex, Premier ministre après avoir été « Monsieur Déconfinement ». Léger accent et certains mots venus d’un autre temps. Message principal aux Français : il nous faut désormais « vivre avec le virus ». Une autre manière de dire que la pandémie se transforme en situation endémique. Jean Castex :

« Le virus est aussi virulent, en tout cas aucun élément me permet de dire qu’il a baissé en virulence. Donc nous devons prendre des mesures, nous ne devons pas baisser la garde. Mais la vie doit être plus forte, vivre doit dire que nous allons tout faire pour que les Français reprennent le travail, l’école, leur vie sociale et culturelle le plus normalement possible. »  

Interrogé sur le phénomène des « anti-masques », le Premier ministre : « S’ils ne le croient pas pour eux-mêmes, ils doivent penser aux autres. Ils ont tous des personnes vulnérables, âgées, dans leurs familles. Parce que soi-même on se sent invincible et qu’on a pas besoin de masque, on va aller contaminer les autres : non, j’appelle au sens des responsabilités. » Propos de bon sens qui risquent fort de se heurter à un mur d’incompréhensions réciproques.

Lien entre cette défiance et des thèses complotistes

Les « anti masques » ? Sur Facebook, des pages réunissant parfois des milliers de personnes, remettent en question le port de cette protection jugée inefficace et liberticide. Antoine Bristielle, professeur agrégé de sciences sociales et chercheur en sciences politiques à Sciences Po Grenoble, les a interrogées pour savoir et tenter de comprendre ce qu’elles pensent. Avec des résultats parfois surprenants comme le rapportent France Inter (Louis-Valentin Lopez) ainsi que Le Monde (Lucie Soulier) – annonçant une enquête, à paraître début septembre à la Fondation Jean Jaurès – enquête menée auprès de plus de 1 000 personnes qui adhérent à ces pages.

Extraits des réponses apportées à France Inter par ce chercheur :

«  Le point le plus important, c’est la très grande défiance que ces personnes éprouvent envers les institutions, qu’elles soient médiatiques ou politiques. Ce sont des personnes qui ont très peu confiance dans les discours qui sont produits. À titre d’exemple, le niveau de confiance dans l’institution présidentielle est de 6%, contre 34% pour le reste de la population. Le niveau de confiance dans les partis politiques est seulement de 2%, très faible par rapport à ce qu’on peut observer aussi chez les Français.

« Il y a un lien entre cette défiance et des thèses complotistes. Plus de 50% croient ainsi en l’existence des Illuminatis, plus de la moitié croient en la théorie du grand remplacement, plus de la moitié croient aussi en l’existence d’un complot sioniste à l’échelle mondiale. Ce sont des scores largement supérieurs à ce qu’on peut observer dans le reste de la population française.

« On pourrait penser que ce sont des personnes qui n’ont pas forcément un bagage intellectuel très important. Au contraire, il y a 36% de cadres dans l’échantillon interrogé, soit le double de ce qui existe dans la population française. Ce sont des individus plutôt éduqués, avec une moyenne de bac 2, et aussi des individus plutôt âgés et féminins, plus de 60% des femmes.

« Ce qui va les caractériser aussi, c’est quelque chose d’assez peu étudié en France : la question libertaire. Ce sont des personnes qui refusent qu’il y ait des institutions qui leur disent quoi faire. Elles placent une très grande importance dans le respect de leur liberté, et leur liberté à l’heure actuelle, c’est celle de choisir de ne pas porter un masque. »

Tropisme de droite parmi les soutiens de Didier Raoult

Ce chercheur avait aussi, avant ce travail, réalisé il y a un mois une enquête dans des groupes soutenant le Pr Didier Raoult, microbiologiste aussi clivant que controversé. « Le motif principal des soutiens à Didier Raoult, c’est aussi la grande défiance qu’ils peuvent éprouver par rapport aux institutions classiques, politiques et médiatiques, explique-t-il. Parmi les fans de Didier Raoult, seuls 11% déclaraient avoir confiance dans l’institution présidentielle, contre 34% dans la population française. La confiance dans Emmanuel Macron était aussi de 4%, alors qu’elle était autour de 34% à cette époque-là. Quand on demandait à ces personnes de se positionner sur l’axe gauche-droite, on se rendait compte qu’il y avait un vrai tropisme de droite parmi les soutiens de Didier Raoult. »

« En outre, une majorité de ses soutiens déclaraient que si une personnalité du type Cyril Hanouna, Jean-Marie Bigard ou Michel Onfray venait à se présenter aux prochaine présidentielles, ce serait finalement plutôt une bonne chose pour la démocratie » ajoute le chercheur.

Jean Castex, sur France Inter les aura-t-il convaincu de porter un masque et de ne pas voter Jean-Marie Bigard ou Michel Onfray ? On peut, raisonnablement, en douter.

A demain @jynau

Masques scolaires = préservatifs : voici pourquoi le pouvoir exécutif entend les faire payer

Bonjour

25/08/2020. Pourquoi cet étrange aveuglement de l’exécutif sur la nécessité de fournir gratuitement des masques protecteurs à tous les enfants des collèges, à tous les adolescents des lycées et des universités ? Comment comprendre que le ministre de l’Education nationale puisse imaginer qu’il ne s’agit là que de simples « fournitures de rentrée » au même titre que la gomme et la règle ? Et que la gratuité ne pourrait être accordée, selon Jean-Michel Blanquer, que pour les familles «en grande difficulté». Les élèves apprécieront au moment de la remise des masques aux nécessiteux. Sans parler des autres comparaisons 1.

L’affaire est plus que jamais politique. Plusieurs dirigeants de toutes les oppositions continuent de réclamer la distribution gratuite de masques dans les établissements scolaires. Jusqu’à des voix courageuses qui se font désormais entendre au sein même du partie présidentiel.

Ce 25 août le président Emmanuel Macron a, ici, raté une occasion sanitaire et politique en n’annonçant pas cette gratuité au terme du Conseil de défense sanitaire qui vient de se tenir. La peur de désavouer Jean-Michel Blanquer ? Une question financière ? Seule annonce présidentielle : des «règles claires» seraient instaurées «partout» en France pour faire face à la reprise de l’épidémie de Covid-19 et «permettre à chacun de reprendre confiance». « Enfin » ose dire le citoyen qi comprend que le chef de l’Etat prononce ici un mea culpa.

« On ne paie pas des préservatifs à tout le monde, alors que le sida tue lui aussi ! »

«Priorité santé», déclare le chef de l’Etat dans un tweet. «J’ai réuni ce matin un Conseil de défense pour organiser la rentrée dans les meilleures conditions possibles au regard de l’évolution épidémique. École, travail, lieux publics: partout des règles claires pour permettre à chacun de reprendre en confiance», ajoute-t-il. «Pour surmonter la crise sanitaire, nous devons apprendre à vivre avec le virus. Il n’y a pas de fatalité: si nous faisons preuve d’unité et de sens des responsabilités, nous réussirons», assure Emmanuel Macron dans un autre tweet.

Que sait-on ? Que ce Conseil de défense a analysé l’évolution de la circulation virale, en particulier en Ile-de-France ou en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Que le président et les ministres ont également fait le point sur les protocoles sanitaires alors que le port du masque sera obligatoire dans les entreprises, les collèges et les lycées à partir du 1er septembre. Que question des célèbres « jauges » dans les manifestations sportives ou culturelles ainsi que celle des contrôles aux frontières ont également été évoquées.

Rien n’est encore acquis : ces mesures seront de nouveau mercredi 26 août au menu du conseil des ministres de rentrée – ce sera après l’intervention médiatique « exceptionnelle » de Jean Castex, invité, après Martin Hirsch et le Pr Raoult, de la matinale de France Inter. Le citoyen aura le droit d’interroger le Premier ministre sur les véritables raisons de son refus de la gratuité. Et sur les limites du parallèle avec le préservatif.

A demain @jynau

1 Cité par Le Monde  (Françoise Fressoz et Cédric Pietralunga) : « Il faut revenir à la notion de prise de responsabilité individuelle, défend un ministre qui a participé au Conseil de défense. On ne paie pas des préservatifs à tout le monde, alors que le sida tue lui aussi ! Ce n’est pas à l’Etat de prendre en charge cette dépense, d’autant plus que la situation est amenée à durer. » « La pandémie concerne tout le monde, il faut responsabiliser les Français, ajoute-t-on au sommet de l’Etat. Aucun pays au monde n’assure la gratuité des masques. »

Masques scolaires payants : le gouvernement s’obstinera-t-il encore très longtemps ?

Bonjour

24/08/2020. C’est la rentrée sur les ondes et tous les spécialistes médiatiques sont de retour, devant micros et caméras. Opinions, informations, cacophonie. Ainsi, une nouvelle fois, sur franceinfo,  le  Pr Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique du gouvernement. «  Il y aura des contaminations à l’école, des enfants vont se contaminer, probablement quelques enseignants aussi mais on va le gérer » assure-t-il.   Il juge malgré tout  « fondamental que l’école reprenne ». «  On ne peut pas laisser cette génération d’enfants sans reprendre » considérant que « l’enseignement à distance a fait le job (sic)  mais partiellement » durant le confinement.

La rentrée scolaire s’accompagnera de contaminations et, selon lui, « d’écoles clusters, peut-être de classes clusters. Dans ce cas, on peut fermer la classe. Fermer l’école, il faudra bien y réfléchir. Cela va dépendre de l’environnement autour de l’école en général », poursuit Jean-François Delfraissy. 

La prophétie de Michel Houellebecq

Le président du Conseil scientifique ne souhaite pas que les enseignants soient testés régulièrement. « On ne va pas tester les enseignants toutes les semaines ou tous les 15 jours, dit-il. Répéter les tests naso-pharyngés n’est pas si évident que ça ». Pour lui, il vaut mieux « garder le bon sens, et tester de façon très large mais à la moindre suspicion ».

En revanche, contrairement au ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer, qui entend toujours réserver (au mieux) la gratuité des masques aux familles en grande difficulté, Jean-François Delfraissy a déclaré :  « Je ne serais pas contre [la gratuité systématique]». Pourquoi ne dit-il pas, simplement, qu’il est totalement, franchement, radicalement, pour ? La peur de montrer qu’il est opposé à un ministre, à un Président de la République ? Précisément, le citoyen aimerait connaître, ici, la position du Conseil scientifique du gouvernement.

Pour l’heure tous les partis politiques réclament cette gratuité. Seul le parti présidentiel se tait. Sommes-nous déjà entrés dans le « monde d’après » selon Michel Houellebecq  (« le même que celui d’avant en un peu pire ») ? Sinon combien de temps encore Emmanuel Macron pourra-t-il ne pas céder à cette légitime revendication de la gratuité d’un objet scolaire à la fois protecteur et imposé ?

A demain @jynau

Covid-métaphore: après la «cocotte-minute», Olivier Véran, la «casserole» et le «couvercle»

Bonjour

23/08/2020. Nous étions à la fin janvier. Sept mois déjà. Tout commençait à évoluer à très grande vitesse sur le front du « corona » (c’était alors la nouvelle abréviation médiatique). On observait alors certains médias interroger avec componction les experts sur le fait de savoir « s’ils en faisaient trop ou pas assez ». On voyait aussi certains hauts responsables commencer à puiser dans le grand sac des métaphores. Ainsi la ministre Agnès Buzyn user de celle de l’incendie qui, comme chacun sait, doit être au plus vite circonscrit.  Ainsi le Pr Arnaud Fontanet (Institut Pasteur de Paris), qui dans Le Monde, avait recours à un outil généralement utilisé en cuisine.

Fin janvier 2020.  Le Monde (Rémi Barroux) lui demande si l’OMS aurait alors dû décréter un « état d’urgence internationale ». «  C’est difficile à dire, répond le pastorien (…) Pour déclarer une ‘’urgence de santé publique de portée internationale’’, il faut que ce soit soudain, grave, d’une ampleur mondiale et que la réponse nécessite une action coordonnée à l’échelle internationale. Or, pour le moment, la dimension mondiale est encore incertaine, puisque dans tous les pays où des cas ont été enregistrés, il n’y a pas eu de cas secondaire, c’est-à-dire pas de personne secondairement infectée dans l’entourage du cas importé. Même si on se rend compte qu’il y a une cocotte-minute en Chine. Qu’en sera-t-il dans quinze jours ? »

On savait ainsi qu’il y avait bien eu, en Chine, une « Cocotte-minute® » (marque déposée depuis soixante-sept ans par SEB, célèbre acronyme de « Société d’Emboutissage de Bourgogne ») ; un objet devenu culte également connue sous le nom d’ « auto-cuiseur » ; ustensile de cuisine constitué d’un récipient en métal épais hermétiquement clos par un couvercle équipé d’une valve de dépressurisation qui permet de cuire les aliments sous haute pression. « Où l’on retrouve incidemment la notion de pression, avec tous les risques et dangers qui y sont associés, écrivions-nous alors. La Chine a-t-elle su manier comme il convenait la petite valve de dépressurisation ? »

Sept mois plus tard. On sait ce qu’il en fut. En France la Dr Agnès Buzyn a été remplacée par le Dr Olivier Véran. « Nous sommes dans une situation à risques » face au Covid-19, met-il  en garde dans un entretien donné au Journal du dimanche (JDD) du 23 août – expliquant redouter qu’une une contamination croissante des plus jeunes conduise à une reprise du phénomène observé ces derniers mois chez les personnes plus âgées et plus fragiles.

Les ponts sont désormais coupés avec le Pr Didier Raoult

Concernant la propagation du coronavirus, Olivier Véran affirme que « la majorité des transmissions se fait désormais dans des situations festives des plus jeunes, où les gestes barrières ne sont pas respectés ». « Le virus circule quatre fois plus chez les moins de 40 ans que chez les plus de 65 ans, explique le ministre des Solidarités et de la Santé. Si la circulation du SARS-CoV-2 s’accélère encore chez les plus jeunes, les personnes âgées, qui contractent plus souvent des formes plus graves de la maladie, pourraient être à leur tour affectée. Il faut à tout prix éviter [un tel scénario] qui mettrait en tension notre système sanitaire et serait extrêmement problématique.»

Dans les Bouches-du-Rhône, un des huit départements où le niveau de vulnérabilité est élevé, et « où on a 188 nouveaux cas pour 100 000 personnes de 20 à 40 ans, on constate depuis trois semaines que les tests positifs augmentent chez les seniors. Le passage entre les publics se fait déjà. Et on constate à nouveau une augmentation des entrées en hospitalisation et réanimation. » Et le Dr Olivier Véran de préciser, à sa façon, que les ponts sont désormais coupés avec le Pr Didier Raoult.

Où l’on voit que l’exécutif sanitaire, quoique largement impuissant à prévenir les contaminations des plus jeunes, demeure arc-bouté contre la proposition du Pr Eric Caumes (Pitié-Salpêtrière) qui, pragmatique, estime qu’une forme de « laisser-faire » conduirait de facto, via les plus jeunes, à une augmentation de l’immunité collective  1.

Autre précision, virologique, de taille : « Aucun argument scientifique ne vient étayer la théorie d’un virus moins dangereux. Le Covid-19 qui se propage est le même que celui qui a coûté la vie à 30 000 Français. Seul le profil des malades a changé ; ils sont plus jeunes et donc moins symptomatiques. »

« L’épidémie ne s’est jamais arrêtée, affirme le ministre. Elle a seulement été contrôlée pendant le confinement puis le déconfinement progressif. Le risque c’est que, après avoir enlevé doucement le couvercle de la casserole, l’eau se remette à bouillir ». C’est certes là une variable ménagère française moins inquiétante que l’autocuiseur chinois. Est-ce pour autant une situation moins redoutable ?

A demain @jynau

1 Après un début de polémique médiatique, pour être clair et bien compris le Pr Eric Caumes nous avait adressé ces quelques lignes :

« Ce qui semble ne pas avoir été compris dans mes propos c’est que de toute façon les jeunes n’en ont rien à faire. Il faut composer avec cette réalité incontournable ou assumer d’envoyer police ou armée pour faire respecter la distanciation ou le port du masque.

« Comme ce n’est pas fait, avec juste raison, je pense qu’il faut composer – c’est à dire relever le positif (immunité dans ce groupe qui s’avérera bien utile au moment de reprendre école, collèges, lycées et universités), tout en avertissant des dangers pour eux (formes rares possibles aussi, même si rares), et pour les autres (respect des anciens). »

Volte-face : Emmanuel Macron fait une croix sur son trop célèbre «quoiqu’il en coûte»

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20/08/2020. Sourire. Soutenir la presse en difficulté. Et décalquer le monde d’avant. Ainsi donc le citoyen devra se procurer Paris Match (numéro 3720) pour retrouver les dernières confidences d’Emmanuel et Brigitte Macron – accompagnées des « photos exclusives » du couple présidentiel en vacances dans le Var.

« Le couple présidentiel nous a ouvert les portes de sa résidence (sic) de Brégançon, à Bormes-les-Mimosas (Var). Emmanuel Macron s’est confié à Paris Match, notamment sur la crise sanitaire et économique liée à la pandémie de Covid-19 en France » explique l’hebdomadaire dont la gloire fut, au siècle passé, d’associer le poids (des mots) au choc (des photos).

Soupesons les mots imprimés. Ce fut, pour le président de la République « un été sur la brèche ». « Même en vacances, son emploi du temps est millimétré, surtout quand surgissent les crises et les drames, résume l’hebdomadaire. Le 11 août, il convoquait en réunion virtuelle deux conseils de défense, l’un consacré au rebond des cas de Covid-19, l’autre à la situation au Niger qui a coûté la vie à six Français. »

« Le risque zéro n’existe jamais dans une société »

Paris Match le confirme : l’accélération de la circulation du Covid en France est dans tous les esprits. Paris Match l’affirme : le président de la République veut à tout prix éviter «d’être débordé». « Les Français ont une anxiété légitime, liée au virus, que l’on doit accepter. On vit en temps réel un phénomène épidémique totalement neuf., déclare-t-il sur papier glacé. Nous devons lui donner un cadre, permettre aux scientifiques d’avancer, accélérer sur les vaccins, garantir leur accès, apporter la meilleure réponse sanitaire compte tenu de ce que l’on sait, tester, tracer, isoler, organiser nos urgences, prévenir, généraliser le port du masque lorsque c’est nécessaire.»

Question politique : Un nouveau confinement est-il possible ? «Nous avons des stratégies très localisées, comme ce qui s’est passé en Mayenne, et allant jusqu’à un reconfinement ciblé qu’on pourrait instaurer si la situation l’imposait. (…) On ne peut pas mettre le pays à l’arrêt, parce que les dommages collatéraux d’un confinement sont considérables. Le risque zéro n’existe jamais dans une société. Il faut répondre à cette anxiété sans tomber dans la doctrine du risque zéro.»

Où  l’on entend la fin de la trop célèbre et solennelle formule du « quoiqu’il en coûte » du 12 mars 2020. Cinq mois ont passé. La malencontreuse métaphore du « nous sommes en guerre » commence à être oubliée. On ne parlera pas de victoire sur un virus trop souvent anthropomorphisé. Qui a dit que le risque zéro existait ? Depuis les hauteurs et soleil du fort de Brégançon le message présidentiel est clair : nous allons, ici et là, devoir apprendre à vivre avec le virus-ennemi, passer de l’épidémie à l’endémie. Quoiqu’il en nous en coûte.

A demain @jynau

Les Français seront-ils contraints et forcés de se faire vacciner, gratuitement, contre le Covid ?

Bonjour

19/08/2020. C’est un formidable ballet à contre-temps. En France, le port du masque est progressivement imposé dans tous les endroits, ouverts et clos, de la cité. Rendu obligatoire pour des raisons de « santé publique » sans pour autant être gratuit. Et sans que l’exécutif, ici, ne s’explique…. Ce n’est là qu’un début. Qu’en sera-t-il quand les premiers vaccins anti-Covid apparaîtront sur le marché français ? Et pourquoi sommes-nous tenus dans l’ignorance totale ? Le gouvernement aurait-il peur, ici comme dans l’affaire des masques, de dire tout avant de clamer son contraire ?

On imagine difficilement, en France, que ces vaccins ne seront pas pris en charge (comme presque tous les autres) par la collectivité. Toujours au nom de la « santé publique ». Mais le chef de l’Etat, Jean Castex, Olivier Véran et tout le pouvoir exécutif l’imposeront-ils comme ils imposent, aujourd’hui le port du masque ? Combien d’épidémiologistes et de spécialistes du droit et de l’éthique, combien de virologistes et de responsables politiques, combien de ministres et démocrates éclairés phosphorent-ils aujourd’hui sur le sujet ? Et combien de militants anti-vaccinaux ?  Tous disposent désormais aujourd’hui de la solution adoptée par l’exécutif australien.

L’AFP nous apprend ainsi que l’Australie devrait rendre obligatoire la vaccination de sa population contre le coronavirus, sauf exemption médicale. Information donnée ce mercredi 19 août le Premier ministre australien Scott Morrison. Ce dirigeant (conservateur) avait annoncé la veille que son pays s’était assuré d’obtenir le vaccin «prometteur» que le groupe pharmaceutique suédo-britannique AstraZeneca est en train de développer avec l’université d’Oxford (Royaume-Uni). Et d’expliquer que l’Australie le fabriquerait et le distribuerait gratuitement à sa population.

Désespérer de disposer d’un peu de transparence républicaine ?

Et d’ajouter, le lendemain que se faire vacciner devrait «être obligatoire, dans la mesure de ce qui peut être obligatoire».  «Il y a toujours des exemptions à la vaccination, pour des raisons médicales, mais cela devrait être la seule», a déclaré Scott Morrison à la radio 3AW de Melbourne. Sera-ce plus simple aux antipodes, sur cette île-continent ? Face aux critiques des mouvements anti-vaccin, l’homologue de Jean Castex a affirmé que les enjeux étaient trop grands pour permettre à la maladie de continuer à se propager librement. «Nous parlons d’une pandémie qui a détruit l’économie mondiale et provoqué des centaines de milliers de morts dans le monde entier», a-t-il souligné.

Le gouvernement australien estime qu’il faudrait que 95% de la population soit immunisée pour l’éradication du virus. «Nous devons apporter la réponse la plus vaste pour que l’Australie renoue avec la normale». En Australie, précise l’AFP, la vaccination contre diverses maladies comme la poliomyélite ou le tétanos est déjà obligatoire avant l’entrée à l’école. Pour autant le débat (comme ailleurs) fait rage, certains citoyens voyant dans cette obligation une négation des libertés personnelles. Et en Australie comme ailleurs les groupes antivaccins, à l’œuvre en ligne, regorgent de théories du complot et d’accusations de désinformation sur les risques.

On sait que le vaccin d’Oxford-AstraZeneca est l’un des cinq vaccins actuellement en phase 3 des essais cliniques. Il semblerait que la rumeur laisserait entendre qu’il tiendrait la corde. Mais le citoyen ne sait pas combien de contrats, d’avances, de clauses secrètes et de promesses bilatérales ont été faites pour que certains pays puissent être les « premiers » à en disposer. Les chercheurs espèrent avoir des résultats d’ici la fin de l’année. L’Australie doit néanmoins encore signer un accord final avec AstraZeneca sur le prix du vaccin, et aucun fabricant local n’a été désigné pour l’instant. Le citoyen français, lui, n’apprend rien de L’Elysée, rien de Matignon, rien de Sanofi – et il désespère : à quand un peu de transparence vaccinale, démocratique et républicaine ?

A demain @jynau

A LIRE AUSSI : « Vaccins anti-Covid : les questions auxquelles devra répondre le gouvernement » Slate.fr 7 août 2020

Covid. A Marseille on redoute un «cauchemar» : mais où est passé le Pr Didier Raoult ?

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17/08/2020. Nuages noirs sous le ciel bleu. Il faut, pour bien comprendre, lire le long papier, fort documenté, du Monde (Luc Leroux) consacré à Marseille.  On y apprend que responsables politiques et autorités sanitaires redoutent que la rentrée ne s’y transforme en « cauchemar ». « Dans une ville qui, cet été, fait le plein de touristes avec des plages et des transports en commun y conduisant littéralement pris d’assaut, ainsi qu’une vie nocturne très active, les indicateurs de l’épidémie se sont emballés depuis la fin juillet, allant jusqu’à doubler en une semaine » rapporte Le Monde.

Pour sa part l’Agence régionale de santé (ARS) n’a pas de doute : « La situation continue à évoluer défavorablement. Nous sommes à un tournant. Nous avons jusqu’aux prochains jours pour inverser les choses. Soit il y a une prise de conscience collective de la nécessité d’une application rigoureuse des gestes barrières, soit les deux mois d’efforts consentis par les Marseillais durant le confinement seront rapidement ruinés ». Avec le cauchemar du reconfinement.

Quelques chiffres. Le taux d’incidence dans les Bouches-du-Rhône est passé à 58,4 cas positifs pour 100 000 habitants – il était de 24 le 6 août. Lié à des événements dans des bars, des clubs, voire improvisés sur la voie publique, mais également à des retrouvailles familiales, le taux d’incidence chez les 20-40 ans a doublé passant de 49,5 cas pour 100 000, le 6 août, à 104 huit jours plus tard.

« Le développement du nombre de clusters illustre aussi le relâchement des gestes barrières, écrit Le Monde. Du 3 au 9 août, l’ARS a comptabilisé 26 nouveaux foyers à Marseille, mais aussi dans les autres villes du département, dont onze en milieu professionnels, cinq liés à des événements festifs… Vingt-six en une semaine, c’est beaucoup au regard du total des 79 foyers que l’ARS a eu à traiter depuis la fin du confinement. »

Travailler avec des influenceurs pour être présent sur les réseaux sociaux 

Que fait la puissance publique ? Le préfet des Bouches-du-Rhône, Pierre Dartout, a décidé, samedi 15 août, d’étendre le port obligatoire du masque aux sept premiers arrondissements dans une ville qui en compte seize  ainsi qu’à la frange littorale du 8e et du 16e arrondissements où se situent les plus grandes plages et à certaines zones commerciales hors de ces secteurs.

Quel effet ? « A Marseille, les prochains jours semblent décisifs, continue Le Monde. Mais l’insouciance se mesurait ce week-end encore sur le Vieux-Port, par exemple, où l’obligation de port du masque n’était pas respectée par une proportion non négligeable des centaines de badauds massés sous l’ombrière autour de spectacles de rue ou à la queue leu leu pour embarquer sur les bateaux à destination des îles du Frioul ou des Calanques. » Autres symptômes éclairants :

« Après une phase de sensibilisation, des renforts de police ont été dirigés à Marseille pour procéder à des contrôles et verbaliser le non-respect du port du masque, a annoncé Denis Mauvais, directeur de cabinet du préfet de police des Bouches-du-Rhône. Après la mise en demeure de six établissements, bars ou clubs, ne respectant pas les mesures sanitaires, l’un d’entre eux, un toit terrasse recevant des centaines de jeunes chaque soir, a été fermé par le préfet. Marseille a connu, début août, un cluster au sein d’un gala d’étudiants infirmiers alors que ces jeunes professionnels intervenaient dans des établissements de santé. Une boîte de nuit improvisée sur un parking proche de l’université a été rapidement interrompue, précisent les autorités. »

A Marseille comme partout en France des voix médicales s’élèvent 1 pour expliquer que la seule solution, c’est le port du masque dans les lieux clos, les transports et dans les endroits fréquentés, les foules ». Un port du masque associé à des mesures fortes comme la fermeture des établissements qualifiés, pour simplifier, de « festifs ». , peut-être le soir dans un premier temps, reste à savoir à quel moment il va falloir prendre ces décisions fortes ». Les responsables marseillais expliquent aussi travailler, en lien avec la ville, « avec des influenceurs pour être présent sur les réseaux sociaux : clubs de supporteurs, chanteurs, artistes, car il nous faut aller vite ».

Où l’on en vient à s’interroger sur les raisons du silence du plus connu et du plus puissant des influenceurs marseillais. Un silence que d’autres qualifieraient d’assourdissant. Souvenons-nous. Il y a quelques semaines encore, le Pr Didier Raoult était porté en triomphe dans sa ville et dans tous les médias, visité par le président de la République, honoré par un large éventail du monde politique, enflammant comme il le voulait les réseaux sociaux…. Pourquoi, aujourd’hui, ne prend-il pas au plus vite la parole pour aider, comme il le pourrait, à protéger sa ville et, au-delà, notre collectivité ?

A demain @jynau

1 Sur ce thème, écouter l’invité du jour surFrance Inter (Carine Bécard) : le Pr Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon à Paris. Objet : son livre, « Nous n’étions pas prêts — Carnet de bord par temps de coronavirus », paraîtra le 19 août aux éditions JC Lattès. Un carton ? Nous y reviendrons. Quatrième :

« Le 9 janvier 2020, un mail informe le Pr Gilles Pialoux qu’un nouveau virus parti de Wuhan, en Chine, est déjà arrivé à Hongkong. Le Covid-19 est en marche. Le président Emmanuel Macron parlera de « guerre ». Gilles Pialoux nous offre à lire cette guerre de l’intérieur.

Durant cinq mois, il tient son carnet de bord, écrit à la façon d’une caméra embarquée, avec l’honnêteté du clinicien, mais sans le parti pris du polémiste. Il nous emmène de cellules de crises en réanimation, d’un TGV sanitaire à la recherche du patient zéro. Comme dans une bataille, le personnel hospitalier lutte et souvent ne devra compter que sur lui-même. Car personne n’était entraîné à mener cette guerre-là. Il fallait la plume humaine, généreuse et précise d’un capitaine, pour que cette première épreuve du Covid soit comprise par tous. »

Covid-modestie: voici pourquoi le gouvernement peut nous dire «tout et son contraire»

Bonjour

13/08/2020. Avant-hier, hier, sur franceinfo, le Pr Philippe Juvin usait du concept de « trouille » pour critiquer le manque d’autorité dans la lutte contre l’épidémie conduite par le Premier ministre. Hier, toujours sur franceinfo, on retrouvait le Pr Eric Caumes chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Nouvelle attaque des atermoiements de l’exécutif :

« Santé publique France fait un très très bon travail. On sait où sont les clusters a assuré le Pr Caumes. 50% sont dans des entreprises médicales ou non médicales. Et 22% des clusters sont dans les entreprises privées. Rendons le masque obligatoire dans tous les lieux clos, dont les entreprises privées ! »

Selon lui ce nombre important de foyers de contamination n’est pas dû au protocole sanitaire des entreprises. « Je pense juste qu’il n’est pas appliqué correctement, sinon il n’y aurait pas de souci à se faire, explique le Pr  Caumes. Je pense que c’est un problème d’autodiscipline. C’est la nécessité de ne pas se contaminer entre collègues, donc on devrait y arriver assez facilement. On y arrive dans les hôpitaux, mais nous-mêmes on peut se relâcher donc on peut le comprendre ce relâchement. Mais on ne peut pas se le permettre. » Conséquence pratique, quand la chose est possible : « continuer le télétravail à la rentrée ».

L’intervention du Pr Caumes a marqué : depuis 24 heures, reprises médiatiques en boucle, commentaires en plateau, réactions diverses … C’est, avec l’angoisse du retour d’une « deuxième vague » et la quarantaine « anti-française » décrétée par nos amis britanniques, le grand sujet du jour.

« Lorsque l’entreprise ne reçoit pas de public, les travailleurs ne sont pas obligés de porter un masque à condition que la distanciation physique soit respectée, rappellent les ministères de la Santé et du Travail dans une note intitulée « Mesures de prévention dans l’entreprise contre le Covid-19 – Masques. ». Mais l’exécutif renvoie aussi au Code du travail, qui comporte des règles strictes de prévention des risques, ce qui devrait inciter les employeurs à prendre davantage de précautions. D’autant que depuis le 27 juillet, le gouvernement a recommandé aux entreprises de « constituer un stock préventif de masques de protection de 10 semaines pour pouvoir faire face à une résurgence potentielle de l’épidémie »… »

« Jamais, dans l’Histoire de France, on n’a fait autant de tests »

Autre cible du Pr Caumes, les dysfonctionnements majeurs observés, de manière récurrente, dans le dépistage.  « Pour les testing / tracing, la durée moyenne entre le moment où vous avez les symptômes et le moment où vous êtes testés, c’est trois à quatre jours, déplore-t-il. C’est beaucoup trop long parce que pendant ce temps-là, il y a d’autres chaînes de transmission qui sont amorcées. » Selon lui on teste trop tard et un peu dans le brouillard. A prix d’or. « On fait 90 000 tests par jour. Chaque test coûte 54 euros et est remboursé par la Sécurité sociale, ce qui revient à la collectivité à 450 000 euros par jour. » Pour quels bénéfices ? La collectivité ne le sait pas.

En écho au Pr Caumes, ce matin, invité de France Inter, le Pr Jérôme Salomon. Comme souvent le Directeur général de la Santé ne répond pas directement à la question. Les tests ? Il salue ici « la capacité d’observation » de la France, « devenue très importante ». « Nous faisons aujourd’hui environ 100 000 tests par jour, plus de 600 000 par semaine et nous avons dépassé les 6 millions de tests et cela nous permet de bien mieux observer la situation qu’au mois de mars, affirme-t-il. Il y a une vraie augmentation de l’incidence du virus, ce n’est pas seulement parce qu’on détecte plus. On a, grâce à ces détections de cas et grâce à l’ incitation aux tests, une meilleure confirmation que l’épidémie est en train de repartir. »

Selon lui « jamais, dans l’Histoire de France, on n’a fait autant de tests sur une maladie infectieuse ». Et qu’on le sache : « On s’est beaucoup préparé : il y a tous les outils à disposition pour éviter une deuxième vague ».

Les masques imposés dans les entreprises du Pr Caumes ? « Il faut faciliter l’accès aux masques, reconnaît le Directeur général de la santé sans traiter du sujet précis. Nous sommes très attentifs à leur prix, cela va être un outil utile pour les prochains mois, nous allons devoir vivre avec ce virus et donc avec le masque. Aujourd’hui les productions sont massives et le prix du masque va fortement baisser à la rentrée. Il doit être disponible pour les plus précaires, les plus vulnérables. Les masques français en tissus sont excellents. L’intérêt c’est qu’ils ont un impact bien meilleur sur notre environnement, on peut les réutiliser, on peut les laver, ils sont moins chers, ils sont fabriqués en France, à proximité de chez vous. »

On se souvient que le discours du Pr Salomon sur les masques n’a pas toujours été celui-ci. Bien au contraire. Pourquoi ? Des auditeurs, la journaliste, le disent à leur façon, dénoncent les contradictions de l’exécutif. « Pourquoi nous dit-on tout et son contraire ? ». Réponse, à graver, du Pr Salomon : « On nous dit tout et son contraire (sic) parce qu’il faut rester humble et modeste. Et il faut avouer que nous ne savions rien au mois de janvier, que nous avons appris mais qu’il reste encore beaucoup d’incertitudes scientifiques. Au fur et à mesure que nous en savons plus, nous adaptons notre dispositif ».

Jusqu’à quand ? La rentrée ? « Le virus sera toujours là. Nous devrons vivre avec, parce que nous devons vivre, c’est très important (…) Et appliquer les mesures barrières, c’est le meilleur moyen de vivre bien avec ce virus ».

A demain @jynau

Masque et incurie : mais quand le gouvernement apprendra-t-il à l’utiliser correctement ?

Bonjour

13/08/2020. A Noël sera–t-il, sous la neige, imposé à l’échelon national ? Pour l’heure il ne cesse de gagner du terrain dans les rues des communes et des villes françaises. Aux préfets et aux élus locaux de le rendre obligatoire annonce désormais un gouvernement comme fatigué des plaisirs de la centralisation et du jacobinisme.

La fatigue transparaissait dans les propos d’Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé de retour le 12 août à la petite messe du 20 heures de France 2. Un ministre qui prit soin de rappeler aux citoyens qu’il n’y avait «pas forcément besoin d’obligation pour qu’on puisse se protéger».

Et le ministre de faire œuvre d’une pédagogie assez éloignée de Célestin Freinet et Maria Montessori. Appel, donc, au moyen mnémotechnique avec  «la règle A-B-C-D», pour se rappeler à chacun dans à quelles occasions le masque est nécessaire d’être porté.

«A : quand on est À risques,

B : quand on est dans un lieu Bondé,

C : dans les endroits Clos,

D : quand la Distance est impossible à gérer»,

Une règle à rapprocher de celle dite « des 3M», ««3M» : «Mètre, Mains, Masques», élaborée par la Direction générale de la santé.

Où l’on en vient à se demander combien de cerveaux, publiques ou privés, phosphorent en plein été pour en arriver à de tels slogans – la question vaut aussi pour les messages sanitaires publicitaires diffusés en boucle par voie radiophonique. Et sans doute pourrait-on rire de tout ceci si les exhortations récurrentes de l’exécutif à « porter le masque » ne correspondaient pas à un vide sidéral quant aux mesures pratiques à respecter pour que ce port ne soit pas une illusion protectrice.

On peut d’ailleurs déjà voir ici une nouvelle « affaire du masque ». Le sujet est abordé, développé, enrichi, sur ce blog, par notre correspondant Umberto Ucelli qui dénonce avec constance l’incompétence de l’exécutif sanitaire français. Nous le citons:

«Prôner le masque dans les rues mais ne pas le rendre pas obligatoire dans les entreprises, là où se font la majorité des contaminations. Allez comprendre … écrit-il en écho des interrogations sur la « trouille » dont serait victime le Premier ministre Jean Castex. Et je m’abstiens de faire une communication massive efficace pour que les citoyens prennent un masque comme il faut : pas à valve, pas un ersatz (visière, bavoir) et qu’ils l’utilisent comme il faut. »

« Pour ça il faut que ce soit une campagne massive dans les rues, avec des écrans géants, des affiches géantes qui montrent comment faire et ce qu’il ne faut pas faire, clairement. Et de même sur les réseaux dits sociaux. Qu’ils le soient de temps en temps, sociaux.

« On voit de plus en plus en magasin , dans la rue, dans les reportages à la télévision et des gens le masque sous le nez. Il faudrait massivement faire savoir que le virus rentre par le nez aussi – sinon à force d’en voir on va croire que c’est normal et bien. Le citoyen non professionnel de santé ne sait pas manipuler un masque ni l’entreposer en toute sécurité quand il se déplace. Et le gouvernement ne fait rien pour le lui apprendre.

« Pousser au port intermittent du masque au cours d’un déplacement c’est pousser au crime. Le masque ne doit pas être touché une fois mis ou alors après s’être passé les mains à l’alcool. Et on se repasse les mains à l’alcool après.

« En n’arrêtant pas de toucher l’une ou l’autre des faces du masque, en le pliant le roulant en boule, le mettant qui en poche qui en sac: vous contaminez vos mains ; vos mains vont contaminer des personnes ou objets qui seront touchés … et contamineront des personnes. Et quand on enlève son masque parce que ce n’est pas obligatoire mais qu’on le garde pour le remettre plus loin : qu’en fait-on ? Comment ne pas se contaminer sa poche son sac ? (Qui le dira ?)

« Ce n’est certes pas simple. Par contre ce qui est simple c’est : 1 je ne mets jamais de masque je garde les distances ; 2  Je mets mon masque chez moi, je le garde dehors et dans les intérieurs. Je n’y touche plus sauf besoin de le réajuster : alcool avant et après. Je le retire une fois au travail (si possible) ou chez moi. Je n’oublie pas les autres mesures barrières pas de main serrée bise lavage / alcool pour les mains, distance même masqué.

« Tout ceci nécessite d’être expliqué ‘’sons et lumières’’. Que fait le gouvernement ? Que font les media ? »

Fin de la citation.

A demain @jynau

Les annonces sanitaires du Premier ministre … et les suites de la rave party de Lozère

Bonjour

11/08/2020. Il y a le discours de l’exécutif. Et puis il y les faits. On peut, parfois, les rapprocher. Et s’étonner. Jean Castex, Premier ministre, en déplacement au CHU de Montpellier, vient de déplorer une « mauvaise nouvelle » sur le front sanitaire : la dégradation de la situation depuis deux semaines. Il a, dans le même temps, dévoilé quelques mesures visant à renforcer le contrôle de la progression de l’épidémie.

Le Premier ministre a donné l’instruction aux préfets « de se rapprocher des élus locaux pour étendre le plus possible l’obligation du port du masque dans les espaces publics ». « Il faut aller au-delà » des arrêtés existants dans plusieurs villes concernant cette obligation, a-t-il noté. Jean Castex a ensuite annoncé la prolongation, jusqu’au 30 octobre, de l’interdiction des événements de plus de 5 000 personnes (qui devait initialement expirer en septembre).

Pas très loin de Montpellier, la Lozère et sa désormais célèbre « rave party ». Au moment où s’exprimait le Premier ministre quelque 2500 personnes étaient toujours sur le site de cette manifestation géante (et interdite) qui a réuni depuis le 8 août plus de 10.000 personnes dans le massif des Cévennes.

Que fait l’exécutif ?  «La présence d’enfants en bas-âge, les conditions sanitaires précaires en lien avec la consommation d’alcool et de stupéfiants, et la diminution rapide du nombre de participants liée aux contrôles conduits par les forces de l’ordre, justifient pleinement à ce stade la décision des services de l’État de ne pas procéder à l’évacuation forcée du site» se défend la préfecture dans un communiqué.

L’évacuation forcée des raveurs-fêtards

La préfecture a dans le même temps dénoncé les actions de treize agriculteurs de la Coordination rurale de la Lozère ( un «syndicat minoritaire») qui ont bloqué plusieurs routes en réclamant l’évacuation forcée des raveurs-fêtards. Ces agriculteurs «ne sont pas concernés par l’occupation du site et ne sont mandatés ni par le propriétaire des lieux ni par la Chambre d’agriculture, qui se désolidarisent totalement de leur action», insiste la préfecture.

Les agriculteurs de la Coordination «ont menacé de bloquer l’autoroute A75 si une évacuation forcée du site …n’était pas immédiatement engagée», rappelle la préfecture. Empêchés de mener cette action, ils ont ensuite bloqué ou ralenti le trafic sur plusieurs routes avant «de se rassembler au centre» de Mende, «où ils ont fait du tapage à partir de 23H30», a regretté la préfecture.

«Il est regrettable que l’action des agriculteurs de la Coordination rurale ait détourné une partie des forces de l’ordre de la mission prioritaire qui leur est assignée sur le site du teknival» (sic), a-t-elle ajouté. On rappellera que le département de la Lozère, le moins peuplé de France, a jusqu’ici été le plus épargné depuis le début de la pandémie. Dix mille personnes… A Montpellier, le Premier ministre n’a pas commenté.

A demain @jynau