Covid. Pourquoi Emmanuel Macron serait-il tout particulièrement mécontent d’Olivier Véran ?

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17/09/2020. Les vents tourneraient-ils au coeur de l’exécutif ? « Quand Emmanuel Macron n’est pas satisfait, il le fait savoir. Ce jour-là, c’est le ministre de la Santé, Olivier Véran, qui en a fait les frais. Vendredi 11 septembre, lors du Conseil de défense consacré à l’évolution de la situation sanitaire, le président de la République a clairement exprimé son mécontentement à l’égard de son ministre des Solidarités et de la santé » rapporte Le Figaro  (Mathilde Siraud) ; une information retrouvée dans toutes les salles de rédaction parisienne.

Symptôme d’une forme de gestion incontrôlée de la situation ce sont les files d’attente devant les laboratoires d’analyses médicales et les centres de dépistage Covid, notamment dans les grandes villes, qui auraient déclenché l’ire du chef des Armées. « Le personnel est dépassé, les patients doivent parfois attendre plus d’une semaine pour savoir s’ils sont contaminés, explique Le Figaro. Dans le même temps, le gouvernement se félicite d’avoir fait de la France le troisième meilleur élève d’Europe en matière de tests hebdomadaires. »

L’argument n’a pas vécu bien longtemps. «Un million de tests par semaine, c’est bien beau, mais si les résultats arrivent trop tard, ça ne sert à rien», s’est emporté Emmanuel Macron, selon des propos rapportés. «La commande était plutôt claire, raconte un participant. Le président a demandé de revoir la stratégie en matière de tests.» Le courroux ne s’est pas arrêté là. Le chef de l’État s’est plaint que l’application de traçage StopCovid soit (comme on pouvait le prévoir) un fiasco : depuis son déploiement en juin, 2 millions de Français l’ont téléchargée. À ce jour, seulement 200 notifications ont été envoyées, informant l’utilisateur qu’il a été en contact rapproché avec une personne malade. 

«Pour l’instant, ça ne fonctionne pas. Mais il n’y a aucune raison, d’autant que le virus circule chez les jeunes, qui sont équipés de smartphone. Il faut trouver des leviers d’amélioration, communiquer, perfectionner l’outil technique», a demandé Emmanuel Macron, féru de techniques nouvelles. En fallait-il plus pour que certains interprètent l’annulation du point presse d’Olivier Véran, la semaine dernière, comme une sanction ? Non. «Connaissant le président, ça ne m’étonnerait pas du tout…», sourit un conseiller de l’exécutif. 

«C’est une succession de circonstances qui a fait que le ministre ne s’est pas exprimé», laissant la prise de parole au Premier ministre Jean Castex, corrige-t-on dans l’entourage d’Olivier Véran. . «La priorisation des tests a été demandée dès la mi-août. Nous maintenons la stratégie même si les points d’amélioration sont toujours discutés » Le ministre doit s’expliquer aujourd’hui à l’occasion d’un point presse consacré au virus. «Avec l’épidémie, il y a beaucoup de choses qu’on faisait normalement en trois mois qu’on fait désormais en une semaine. Tout le monde est en état d’urgence, sauf le ministère de la Santé», grince un ministre (anonyme) en première ligne sur la gestion de la crise sanitaire.

Est-ce bien vrai ? Agnès Buzyn aurait-elle mieux fait ? Olivier Véran est-il vraiment d’ores et déjà discrédité ? Emmanuel Macron et son entourage ne cherchent-il qu’à le tester ? Et que penser, sur ce dossier, du Premier ministre qui nous avait « déconfiné » ? Autant de questions qui, dans l’attente de la conférence de presse, parcourent et agitent les salles de rédaction.

A demain @jynau

Didier Raoult : pourquoi une majorité de Français lui fait-elle plus confiance qu’au gouvernement ?

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17/09/2020. Le spectacle médiatique n’en finit plus, sa conclusion reste incertaine. Après des mois de mises en scène télévisées, de sombres coulisses politiques, de caricatures, d’ego chauffés à blanc, d’accusations croisées et d’invraisemblables polémiques médicamenteuses les chiffres sont là : un Français sur deux a une « image positive » du Pr Didier Raoult, microbiologiste à la tête de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection à Marseille. C’est la conclusion d’ un sondage de l’institut Harris Interactive pour la chaîne LCI publié le 16 septembre. L’enquête a été réalisée en ligne les 14 et 15 septembre 2020 sur un échantillon de 1.399 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. En voici l’essentiel :

« Plus d’un Français sur deux (52%) porte aujourd’hui un regard positif sur le Professeur Didier Raoult, quand un tiers des Français (33%) déclare en avoir une mauvaise opinion et 15% ne pas le connaitre assez ou ne pas se prononcer. Une progression de la confiance de 7 points par rapport à une précédente enquête réalisée au mois de mai, qui peut s’expliquer notamment par une légère hausse de notoriété du Professeur marseillais auprès des Français (20% ne portaient pas d’opinion sur lui dans la précédente enquête, 15% cette fois-ci)

« Cette bonne opinion est particulièrement ancrée auprès des Français âgés de 65 ans et plus (68% contre 52% pour l’ensemble des Français) et des habitants de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (64%), région où enseigne le professeur. Les sympathisants de la France Insoumise (62%) et du Rassemblement National (72%) se montrent par ailleurs plus positifs à son égard. »

Et puis ce corollaire, tout aussi édifiant : « De manière générale, quand il s’agit de prendre la parole sur l’épidémie de coronavirus, les Français ont légèrement plus tendance à faire confiance à Didier Raoult qu’au Conseil scientifique missionné par le gouvernement : 46% déclarent avoir confiance dans les prises de parole du conseil scientifique quand les allocutions de Didier Raoult suscitent la confiance de 49% des Français (et même 87% auprès de ceux qui déclarent par ailleurs avoir une bonne opinion de l’infectiologue)

Avec, pour finir, un symptôme que ce phénomène a pris des proportions que la raison ne peut plus combattre : Interrogés sur le traitement qu’ils envisageraient s’ils étaient eux-mêmes atteints par le coronavirus, 4 Français sur 10 (41%) déclarent qu’ils souhaiteraient prendre le traitement à base d’hydroxychloroquine préconisé par le Pr Didier Raoult. Les Français portant un regard positif sur Didier Raoult se montreraient majoritairement enclins à prendre ce traitement (70%), qui attire particulièrement d’ailleurs les populations qui le soutiennent le plus : les Français âgés de 65 ans et plus (53%) ou les habitants de la région PACA (53%). »

La prochaine étape du spectacle battrait des records d’audiences télévisées : le Pr Didier Raoult opposé au Pr Jean-François Delfraissy, président (aujourd’hui de plus en plus critiqué par l’exécutif) du Conseil scientifique du gouvernement. Il semble, malheureusement, que les deux champions scientifiques s’y refuseraient. Il leur reste à nous dire pourquoi.

A demain @jynau

Covid reconnue maladie professionnelle ? Le gouvernement accusé de trahir la parole donnée

Bonjour

6/09/2020. C’est une nouvelle étape dans une affaire qui apparaîtra à beaucoup comme un scandale – si le non-respect de la parole donnée par l’exécutif en est un. Nous parlons ici des conditions dans lesquelles la Covid-19 pourra/pourrait, en France, être ou non reconnu comme une maladie professionnelle.

Rappel. Nous étions le 23 mars – six mois déjà. Et  nous évoquions l’incompréhensible, l’inacceptable situation faisant que le Covid-19 n’était pas, en France, reconnue maladie professionnelle chez les soignants. C’est alors qu’Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé prit la parole :

«  Hier, deux nouveaux médecins, un médecin généraliste et un médecin gynécologue, ont trouvé la mort en faisant leur métier. Ils ont trouvé la mort parce qu’il était médecin. Pour ses deux confrères, j’ai une pensée particulière, qui éclaire d’une lumière dramatique la hauteur de l’engagement des soignants au service de leurs malades. Nous ne les oublierons. Nous ne les oublierons jamais.

D’autres médecins, soignants, personnes portant assistance aux plus fragiles contractent le virus chaque jour dans nos hôpitaux, dans leurs cabinets ou au domicile de leurs patients. Pour tous ces soignants qui tombent malades, je le dis : le coronavirus sera systématiquement et automatiquement reconnu comme une maladie professionnelle. C’est la moindre des choses. Il n’y a aucun débat là-dessus. » 

Trois semaines plus tard, rien, en pratique, ne semblait avoir avancé et Le Monde (Bertrand Bissuel) soulevait la question au-delà des seuls soignants : toutes les personnes qui ont été atteintes par la Covid-19 en exerçant leur métier pourront-elles bénéficier d’une prise en charge spécifique par la Sécurité sociale ? « Oui, mais pas toutes : le gouvernement semble, en effet, vouloir réserver un tel dispositif à certaines catégories, évoluant dans le monde de la santé » croyait savoir le quotidien. Or plusieurs associations et organisations syndicales plaidaient, elles, pour une approche beaucoup plus large, pour l’ensemble des salariés touchés.

 Christophe Castaner, avait ainsi exprimé le souhait qu’un traitement analogue aux soignants soit réservé aux policiers. L’Académie de médecine s’était également dite aussi favorable à ce qu’elle ne bénéficie pas qu’aux seuls personnels de santé mais aussi à ceux qui travaillent pour « le fonctionnement indispensable du pays ».

Nous sommes le 16 septembre : la Covid-19 pourra être reconnue comme une maladie professionnelle, selon un décret publié, mardi 15 septembre, au Journal officiel. Mais à des conditions beaucoup trop restrictives, selon les syndicats et plusieurs associations. Estimant ne pas avoir été entendues lorsqu’elles furent consultées, début juillet, sur le projet de texte, ces organisations accusent le gouvernement de manquer à sa parole. La CFDT est « très en colère », a menacé son numéro un, Laurent Berger, mercredi 16 septembre sur RTL. Il dénonce « une trahison par rapport à la parole publique » des ministres sur le sujet.

Résumons. En cas d’infection par le SARS-CoV-2, le système de la reconnaissance automatique s’appliquera au « personnel de soins et assimilé », ainsi qu’à d’autres catégories d’actifs (employés de laboratoire, d’entretien, etc.). Il faudra qu’ils aient travaillé « en milieu d’hospitalisation à domicile ou au sein des établissements et services » dont la liste limitative est énumérée dans le décret. Sont aussi concernés les personnes occupant des « activités de soins et de prévention » dans des « établissements d’enseignement » et ceux qui transportent des malades, « dans des véhicules affectés à cet usage ». Ils pourront bénéficier de la mesure – mais uniquement s’ils ont été touchés par une forme sévère de la maladie, « ayant nécessité une oxygénothérapie ou toute autre forme d’assistance ventilatoire ».

« Regard bienveillant pour les maladies pendant le confinement »

« Au ministère de la santé, on répond qu’il n’est pas toujours évident d’identifier la pathologie, surtout quand un test PCR n’a pas pu être réalisé au début de l’épidémie (sic), nous apprend Le Monde (Bertrand Bissuel et Raphaëlle Besse Desmoulières). En revanche, si la personne est arrivée ‘’au stade de l’oxygénothérapie, il n’y a plus vraiment de doute ‘’.»

Mais qu’en sera-t-il des autres travailleurs, salariés ou pas, qui ne relèvent pas de la reconnaissance automatique, leur requête sera examinée par un comité d’experts indépendants. Toujours au ministère de la santé, on précise « qu’un regard bienveillant sera porté pour les maladies contractées pendant la période du confinement ». Mais pour beaucoup d’associations et syndicats, la procédure s’apparentera à un véritable « parcours du combattant » conduisant à des recours en justice pour établir que les problèmes de santé résultent bien du Covid-19

Cité par Le Monde Pierre-Yves Montéléon (CFTC) évoque notamment le sort réservé aux non-soignants qui sont « au contact du public ou de produits – par exemple, ceux qui collectent des déchets ». Laurent Berger : « On est loin de ces paroles extrêmement belles qui ont été dites au moment du confinement pour glorifier ces travailleurs ».

Des travailleurs que l’on disait alors « en première ligne ». C’était quand la France était, selon le président de la République, « en guerre » contre le virus. Aujourd’hui le pouvoir exécutif déclare qu’il nous faut apprendre « à vivre avec ».

A demain @jynau

Covid, 250 euros: face à la grève du dépistage, le gouvernement va-t-il envoyer la police ?

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16/09/2020. L’affaire restait médiatiquement régionale. Elle prend soudain une ampleur nationale et risque de diffuser – plaçant brutalementle pouvoir exécutif devant ses responsabilités. Reprenons ce que nous en dit l’AFP ? La grève dans les vingt laboratoires d’analyse biologiques Biofusion du Tarn-et-Garonne, Haute-Garonne et Lot a été reconduite ce mercredi 16 septembre. Les salariés grévistes protestent notamment contre une «prime Covid» jugée insuffisante, a-t-on appris auprès de FO.

Or les départements de Haute-Garonne et du Tarn-et-Garonne sont classés en «zone rouge» de circulation active duvirus de la Covid-19.

C’est là une grève-symptôme : l’un des premiers mouvements de blocage dans des laboratoires de biologie médicale depuis la multiplication des tests virologiques (PCR) en France -des tests dont le nombre dépasse désormais le million par semaine dans une cacophonie sans précédent face à laquelle les autorités sanitaires sont dépassées. Corollaire : cet objectif, fixé par le ministre de la Santé Olivier Véran, est synonyme de travail à la chaîne pour les laboratoires, dont les personnels commencent à fatiguer. Et retrouvent les réflexes habituels des salariés – avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer.

Le 7 septembre, une cinquantaine de personnes s’étaient déjà rassemblées devant le siège sarthois des laboratoires Laborizon au Mans, dans le cadre d’un appel à la grève pour dénoncer les conditions de travail des salariés. Hier, soixante-dix salariés de Biofusion (entreprise membre du groupe Inovie) se sont rassemblés devant un site à Montauban, a constaté un correspondant de l’AFP. Une délégation a ensuite été reçue par la direction mais «rien de bon n’en est sorti et la grève est reconduite. Le mot d’ordre de grève a été lancé par FO, la CGT et la CFDT.

« L’entreprise avait indiqué sur son site internet être dans l’incapacité d’assurer la prise en charge des bilans de santé et des dépistages Covid-19, ‘’sur tous les sites et tous les drives’’, sauf un ‘’qui fonctionne sous réquisition de la préfecture’’ » précise l’AFP. La déléguée syndicale CFDT a quant à elle expliqué à la presse que tout était «parti de la petite prime reçue comme prime Covid», c’est «la goutte d’eau qui a fait déborder le vase». Cette prime d’un montant de 250 euros «est dérisoire comparée à l’investissement du personnel qu’ils soient coursiers, secrétaires, techniciens, infirmières», selon elle.

Explosion sociale

Les syndicats demandent le paiement d’une prime Covid de 1.000 euros «sans condition d’attribution» parce que «nous sommes, nous aussi, en première ligne». «On a demandé une augmentation de 10% de nos salaires ainsi qu’une amélioration de la qualité de vie au travail parce que nous avons des effectifs qui sont toujours limite. On travaille en surcharge pratiquement tout le temps, même hors période Covid», assure la CFDT.

Plus grave peut-être, symptôme de la cacophonie et des peurs ambiantes : il y a vraiment une peur de l’agression physique après les agressions verbales. Les coups de téléphone ont été multipliés par dix. Les gens s’inquiètent, demandent à recevoir leurs résultats. Certains paniquent. «Notre plateau technique est capable de faire 1.500 tests par jour et nous sommes à 5.000. D’où le retard et l’agressivité des patients qui s’inquiètent de ne pas avoir leurs résultats en temps et en heure. (…) Pour toutes les secrétaires ou techniciens, c’est lourd à porter et très stressant» expliquent les syndicats.

Début septembre, François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes (SDB), avait alerté sur un risque d’«explosion sociale, si les personnels de laboratoires privés décidaient de se mettre en grève», rappelant qu’ils n’avaient rien obtenu lors des accords du « Ségur de la santé ». Pourquoi ?

A demain @jynau

Politique. La «5G» au pays des Lumières, des Amish et des ascenseurs pornographiques

Bonjour

16/09/2020 Sont-ce les toujours les médias qui rabaissent les débats ? Au lendemain de la publication, dans Le Journal du dimanche, d’une tribune d’élus écologistes et de gauche réclamant un moratoire sur le déploiement de la 5G en France, Emmanuel Macron a pris la parole. Cette tribune était signée par 70 élus de gauche et écologistes, dont le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon et le député européen (Europe Ecologie-Les Verts) Yannick Jadot.

Le Président de la République s’est insurgé, lundi 14 septembre, contre des responsables qui « estiment qu’il faudrait relever la complexité des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile ». « Je ne crois pas au modèle Amish », a-t-il plaisanté. Les Amish, ces anabaptistes d’origine suisse apprécieront-ils cette méchante pique 1 ?

« La France est le pays des Lumières, c’est le pays de l’innovation. On va tordre le cou à toutes les fausses idées. » Le choix de la 5G, « c’est le tournant de l’innovation », a insisté le chef de l’Etat devant une centaine d’entrepreneurs de la « French Tech » réunis dans la salle des fêtes de l’Elysée. On appréciera le rapprochement que fait le président entre le « pays des Lumières » et le retour à la « lampe à huile » (pourtant en usage au temps de Voltaire).

En charge de développer la pensée présidentielle, Cédric O, le secrétaire d’Etat chargé de la transition numérique, a donné un entretien au Monde (Vincent Fagot). Il y soutient que la 5G est « indispensable à la France ». Extraits :

« Soyons très clair : il y a des interrogations chez certains de nos concitoyens. Elles sont légitimes et nous devons y répondre méthodiquement, en nous fondant sur ce que nous dit la science. Or, l’ensemble des agences sanitaires des pays du monde entier, dont l’Anses [l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail], ont toujours indiqué qu’il n’y avait pas à ce jour de raison de penser que la 5G représentait un risque supplémentaire par rapport à la 4G ou aux autres radiofréquences, pour lesquelles la France possède des normes de protection parmi les plus élevées du monde 2 .»

Que répond-il, le secrétaire d’Etat au maire hyper-écologiste de Grenoble, Eric Piolle, pour qui la 5G ne sert « qu’à regarder du porno dans les ascenseurs » ? « Ces propos reflètent une méconnaissance étonnante pour un ingénieur et un mépris des Français qui ne sert en rien l’environnement » estime Cédric O.

La question, complexe, aurait pourtant mérité de plus longs dégagements. Pourquoi les ascenseurs ? Sont-ce les médias qui rabaissent les débats ?

A demain

1 La première règle Amish est : « Tu ne te conformeras point à ce monde qui t’entoure ».

2 C’est à dire vrai un tout petit peu plus compliqué : Nau J-Y, « On peut être raisonnablement inquiet face à la « 5G ». Voici pourquoi », Revue Médicale Suisse 2020; volume 16. 380-381

Covid politique : les propos au vitriol d’un rapporteur de la commission d’enquête du Sénat

Bonjour

15/09/2020. Le ton, la température, montent dans les médias. Le pouvoir exécutif, le passé et le présent, est la cible de mille et une nouvelles flèches. Dernier (et passionnant) exemple en date l’entretien accordé au Monde  (Chloé Hecketsweiler et Solenn de Royer) par le Dr Bernard Jomier, sénateur de Paris (apparenté Parti socialiste) – corapporteur de la commission d’enquête parlementaire du Sénat chargée de faire la lumière sur la gestion de la crise sanitaire.

En voici des extraits édifiants :

«Ce qui me frappe, d’abord, c’est le désarroi des acteurs de terrain que nous auditionnons depuis juillet. Ils ont eu le sentiment d’être livrés à eux-mêmes lors de cette première vague épidémique et de ne pas comprendre comment était pilotée, gérée, cette crise. Ils nous l’ont dit crûment, évoquant une pénurie, de masques, de tests, de tout. Et il leur a été insupportable d’entendre ministre ou haut fonctionnaire affirmer le contraire, tenter de jouer sur les mots. On ne joue pas sur les mots dans un contexte pareil. Le premier devoir des responsables, c’est la loyauté vis-à-vis du peuple, vis-à-vis des acteurs ayant été en première ligne. Ils nous doivent la vérité. »

« Agnès Buzyn [ministre de la santé jusqu’à la mi-février] a dit la vérité : elle a bien donné l’alerte dès le mois de janvier. Les premières réunions de crise ont eu lieu à ce moment-là, y compris dans des territoires. Dans les Hauts-de-France, par exemple, l’agence régionale de santé [ARS] a fait sa première réunion de crise le 23 janvier ! Or, cette alerte précoce – et c’est l’un des grands enseignements de nos auditions – n’a pas été suivie de décisions. Le mois de février reste un mystère, un trou noir. L’appareil d’Etat est resté l’arme au pied, sans prendre les décisions qui s’imposaient pour faire face à l’épidémie. (…)

« Sur les tests, c’est très net. Le 10 janvier, les Chinois transmettent la carte d’identité du virus à la communauté scientifique dans le monde entier. L’Institut Pasteur la reçoit, prépare le test, et le transmet au Centre national de référence. Puis, plus rien. Au même moment, les Allemands lancent la fabrication des tests à grande échelle. Que s’est-il passé au mois de février pour que les retards s’accumulent ainsi au point que la France s’est retrouvée complètement dépourvue en plein pic de l’épidémie ? »

Le Monde précise que les sénateurs organiseront, le 16 septembre, une confrontation inédite, délicate, entre le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, et l’ex-responsable de Santé publique France, François Bourdillon. « Le second assure avoir alerté le premier de l’état déplorable des stocks de masques… Devant l’Assemblée nationale, M. Salomon a justifié sa décision de ne commander que 100 millions de masques en 2018 alors que 1 milliard auraient été nécessaire pour reconstituer le stock… » rappelle le quotidien. Réponse :

«On constate qu’un certain nombre de personnes auditionnées veulent redessiner a posteriori la cohérence de leurs décisions. Il y a clairement chez certains la volonté de ne pas dire, de ne pas être franc, de tenter d’échapper à ce devoir de loyauté dû au peuple. On ne peut pas avoir vécu une telle crise sanitaire, avec des modes de gestion n’ayant pas été satisfaisants, et avoir des responsables publics, aux niveaux les plus élevés qui n’assument pas leurs responsabilités et se renvoient la balle. C’est intolérable. Notre commission d’enquête n’est pas un tribunal mais chacun doit dire la vérité des faits. »

Or Agnès Buzyn assure de son côté qu’elle n’a pas eu connaissance des courriers de François Bourdillon alertant la direction générale de la santé sur l’état catastrophique des stocks…

« Si c’était le cas, il s’agit d’un défaut de gouvernance majeur dans l’administration du ministère et elle doit l’assumer. Si elle était au courant, ça se passe de commentaire. De toute façon ce n’est pas entendable. Quand on est ministre, on assume tout. (…)

« Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le pilotage n’est toujours pas adapté : la lutte contre l’épidémie a été confiée à un conseil de défense, qui se réunissait à huis clos à l’Elysée, assisté du SGDSN [Secrétariat général à la défense et de la sécurité nationale, rattaché au premier ministre]. Or, ce n’est pas une instance où peut s’élaborer une politique de santé publique. A côté, le conseil scientifique donne son avis de temps à autre, des sociétés savantes émettent des recommandations et les médecins se disputent sur les plateaux de télévision. Mais où se discute la stratégie de dépistage ? Nous avons besoin d’une véritable instance de santé publique. A ce stade, notre dispositif reste donc insuffisamment solide pour répondre aux prochains épisodes épidémiques. »

C’est dire si l’on attend, avec un vif intérêt, les conclusions de la commission d’enquête parlementaire du Sénat

A demain @jynau

Chloroquine : le Pr Pialoux soupçonne le Pr Raoult de ne pas avoir respecté les règles éthiques

Bonjour

14/09/2020. C’est un entretien à bien des égards édifiant. Il est accordé au Monde (Sandrine Cabut) par le Pr Gilles Pialoux « Le Covid-19 peut entraîner un broyage social, avec des glissements entre causalité et responsabilité ». Le chef du service de maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon depuis 2004 y est interrogé à propos de son dernier ouvrage : Nous n’étions pas prêts (éditions JC Lattes, 250 pages, 18 euros), Où l’on retrouve l’une des principales polémiques du moment. .

Question du Monde : Concernant l’hydroxychloroquine, vous êtes très critique envers la méthodologie des études de Didier Raoult, et envers sa communication. Vous faites même un parallèle avec l’affaire de la cyclosporine dans le traitement du sida, et celle de la mémoire de l’eau. Pensez-vous qu’il y a eu fraude ?

Un « parallèle » avec l’affaire dite de « la mémoire de l’eau » ? Il nous faudra nous pencher sur l’ouvrage pour tenter de comprendre où peuvent bien se cacher les parallèles. Reste l’affaire de Marseille et du Pr Raoult. Le Pr Pialoux :

« Les carences méthodologiques des essais de l’équipe de l’lnstitut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille ont été largement décriées, tout comme leur communication outrancière via YouTube ou dans des revues autopromotionnelles. Mais au-delà, le cadre éthique pose un réel problème, comme l’a révélé Libération 1. J’ai pu confirmer, en consultant des rapports des comités de protection des personnes (CPP), que l’IHU semble effectivement s’être assis sur les règles gérant les recherches cliniques sur l’homme.

« Dans l’histoire du sida, les essais cliniques hors cadre ont fait l’objet d’un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de la direction générale de l’administration et de l’éducation nationale, en 1995. Il me semble que ces études pourraient relever de l’IGAS. Cette histoire a fait en tout cas beaucoup de mal à la recherche clinique. Sans compter toute cette violence sur les réseaux sociaux pour une molécule qui n’a pas prouvé son efficacité. La situation actuelle de l’épidémie à Marseille nous renvoie tous à l’humilité. »

« Humilité ». C’est un bien grand mot qui est ici prononcé. Le Monde : « Vous en voulez aussi aux ‘’experts déconnectés de la réalité’’, qui délivrent des informations erronées. A l’heure où l’épidémie repart en France, quels sont vos messages principaux ? ». Réponse de l’infectiologue parisien :

« Au début de cette pandémie, des spécialistes se sont trompés en parlant de ‘’grippounette ‘’, des modélisations se sont révélées fausses. Dans un phénomène émergent, ces erreurs sont inévitables, mais leur reprise en boucle a créé un courant de négation qui diffuse partout, même chez des chroniqueurs, des philosophes et certains médecins qui nourrissent les dérives complotistes.

« Pour la deuxième vague, il faut accepter de dire : ‘’Je ne sais pas.’’ Par exemple, la place des enfants dans la chaîne de transmission est encore mal connue, idem pour la durée de l’immunité. Et il persiste beaucoup d’incertitudes sur les modes de transmission. On devrait pouvoir laisser l’incertitude exister sans se sentir obligé de donner une opinion. Par ailleurs, pour prendre certaines décisions politiques, comme la généralisation du port du masque, il n’y a pas besoin de preuves de son efficacité. Aujourd’hui, il y a une montée du discours antimasque, mélangée avec des discours antivaccins, anti-5G, etc., et la confusion est attisée par un certain nombre de pseudo-experts et par les réseaux sociaux. Je suis inquiet de cet environnement délétère qui coïncide avec la remontée de l’épidémie. »

Mais qui, aujourd’hui, peut prendre la liberté de ne pas être inquiet ?

A demain @jynau

1 Le Pr Didier Raoult sera-t-il condamné à ne plus pouvoir exercer? Slate.fr 8 septembre 2020

Covid-bazar. Yannick Jadot accuse le Pr Delfraissy de chercher à «foutre la trouille aux Français»

Bonjour

14/09/2020. Ce matin sur France Inter, Yannick Jadot, patron des Verts, commentant la lutte contre l’épidémie :

« Il faut trouver le bon équilibre entre la responsabilisation, parce que c’est vrai que tout dépend du comportement des Françaises et des Français(….) et l’action de l’État (….) On voit qu’on a des discours, y compris des scientifiques, dans lesquels plus personne ne se retrouve (….) Et le Conseil scientifique, qui par la voix de son président, matin midi et soir, cherche surtout à foutre la trouille aux Français (…)

« (…) L’objectif c’était d’avoir un million de tests par semaine : il est totalement inexplicable qu’on ne se soit pas préparé à les gérer humainement. Prenons les tests salivaires : il y en a qui ont été testés aux États-Unis, est-ce qu’il faut absolument qu’on passe par toutes les technostructures françaises pour valider les tests salivaires ? »

Hier la une du Journal du Dimanche résumait l’impression générale : Face au Covid-19, le grand bazar. Le JDD qui publie également un entretien-réquisitoire avec le Dr William Dab, ancien Directeur général de la santé. Auquel il faut ajouter l’entretien accordé au Monde (Sandrine Cabut) par le Dr Gilles Pialoux « Le Covid-19 peut entraîner un broyage social, avec des glissements entre causalité et responsabilité ».

Où l’on voit que les dernières annonces de Jean Castex n’ont, faute de pédagogie et de ligne directrice, fait que brouiller un peu plus la perception par l’opinion de la stratégie gouvernementale. Nous sommes désormais ici dans une cacophonie récurrente amplifiée par les chaînes d’information en continu et les amplificateurs des réseaux sociaux. Et c’est dans ce contexte que le Premier ministre en appelle, pour l’essentiel, au « sens de la responsabilité » des Français.

« Résultat : une impression de flou qui, si elle gagne la population, pourrait « nuire au respect des consignes sanitaires », s’inquiétait hier un grand élu francilien, résume le JDD. Les départements où le virus circule activement durcissent donc le ton, mais pas à l’unisson. Dans le Puy-de-Dôme, seules les dérogations pour les rassemblements de plus de 5.000 personnes ont été annulées. Alors qu’en Ille-et-Vilaine la préfète n’a pas exclu de fermer les marchés, de rétablir les justificatifs de domicile, ou de limiter les déplacements. Comment comprendre de tels écarts? « On nous demande de mettre en œuvre des politiques locales mais sans avoir fixé de cadre national », déplore un préfet. Un autre estime qu’il aurait été « plus simple d’établir des scénarios en fonction de la gravité de la situation sanitaire, chaque niveau impliquant des mesures de plus en plus contraignantes », à la façon des stades prévus par le plan Vigipirate en cas de menace terroriste. »

La gestion des tests n’est pas plus convaincante. Le Premier ministre se félicite que la France ait atteint le million de tests hebdomadaires. « Ce chiffre ne peut pas être un objectif, objecte François Blanchecotte, président du Syndicat national des biologistes. Ce qui manque, ce sont les cibles. » En écho, le syndicat de médecins généralistes MG France réclame une politique d’usage des tests « claire et cohérente ». « La stratégie du gouvernement reste encore à ce jour inaudible, incompréhensible », note son président, le Dr Jacques Battistoni. Où l’on se rapproche, une nouvelle fois, de l’accusation d’incurie.

« Le défaut de stratégie que vous dénoncez depuis le mois de mars est-il derrière nous? » demande le JDD au Dr William Dab, Réponse :

« Je crains que non. On ne mène pas une guerre sans un chef d’état-major, une stratégie et une logistique efficace. La stratégie française n’est toujours pas clairement définie. Le Premier ministre veut concilier la vie avec le virus et la vie économique et scolaire. On peut le comprendre, mais ce n’est pas une stratégie. Ou, s’il y en a une, elle n’est pas publique. Plusieurs approches sont possibles. Veut-on éradiquer l’épidémie ou simplement la contrôler? Ne protéger que les personnes fragiles ou se concentrer sur les clusters? Les mesures à prendre ne sont pas toutes les mêmes dans ces différents cas. Il manque également de la pédagogie et un vrai débat démocratique. »

Y a-t-il plus grave, pour un exécutif confronté à une épidémie, que d’être accusé de manquer de pédagogie et de ne pas organiser de véritable débat démocratique ?

A demain @jynau

A l’image de l’Allemagne, un mouvement antimasque pourrait-t-il émerger en France ?

Bonjour

13/09/2020. C’est une nouvelle salve, sévère et argumentée, contre la stratégie gouvernementale de lutte contre l’épidémie. Elle est signée, dans le Journal du Dimanche, par le Dr William Dab, ancien Directeur général de la santé – interrogé par Anne-Laure Barret. Nous y reviendrons. Pour l’heure, cette question : Le port du masque à l’extérieur est contesté, le comprenez-vous ? Réponse :

« Sur le plan épidémiologique, rien ne justifie l’obligation de le porter dehors en zone aérée et peu fréquentée. On peut penser à d’autres motifs de nature psychologique ou pédagogique, pour habituer les gens au masque. Cela s’explique, sinon des résistances vont naître, le mouvement antimasque risque de progresser. »

« Mouvement antimasque »… Hier 12 septembre, alors que la France retrouvait une fraction de ses Gilets Jaunes, plusieurs milliers d’opposants aux mesures restrictives censées freiner la propagation de la pandémie de Covid-19 ont à nouveau manifesté dans plusieurs villes d’Allemagne – mais également à Varsovie, en Pologne, samedi 12 septembre. Rien qu’à Munich, en Bavière, où était organisée pour la première fois une manifestation nationale de ce genre, 10 000 personnes ont été comptabilisées par la police, soit davantage que les 5 000 annoncées avant l’événement par les organisateurs.

Comme début et fin août lors des importantes manifestations à Berlin qui ont rassemblé quelque 40 000 personnes, les manifestants, pour la plupart non masqués (en dépit d’un arrêté de la ville de Munich exigeant le port du masque), ont dénoncé les mesures prises par le gouvernement allemand pour combattre l’épidémie due au nouveau coronavirus.

« Je suis contre ces mesures anticoronavirus parce que d’autres virologues ne sont pas écoutés, avec une couverture médiatique très biaisée », a ainsi estimé un manifestant cité par l’AFP. « D’autres villes allemandes ont également connu de tels rassemblements, comme à Hanovre où au moins 1 000 personnes ont été recensées, tout comme à Wiesbaden, rapporte l’AFP. Les manifestations allemandes de samedi se sont déroulées jusqu’à présent sans incident alors que la police est mobilisée pour éviter de nouveaux débordements. »

« Covid 1984, les droits de l’homme »

La chancelière, Angela Merkel, a déclaré le même jour « comprendre » que certains « aient du mal » face à ces restrictions, estimant que « chacun est libre de critiquer ouvertement la décision du gouvernement (…) lors de manifestations pacifiques ». « C’est un grand atout de notre Etat constitutionnel, un Etat qui ne supprime pas la liberté d’opinion, le débat public et la participation mais qui la garantit. C’est pourquoi beaucoup de gens dans le monde nous envient », a-t-elle ironisé en réponse aux manifestants parlant régulièrement de « censure ». Que dirait, sur le sujet Emmanuel Macron ?

« Apparu à Stuttgart ce mouvement organise depuis mi-avril des manifestations contre les restrictions liées au Covid-19, quelques jours avant que l’Allemagne, qui n’a jamais connu un confinement strict, ne commence à les assouplir, résume l’AFP. Ses partisans rassemblent un mélange hétéroclite de personnes se qualifiant de libres penseurs, de militants antivaccins, conspirationnistes ou encore sympathisants d’extrême droite. »

Une manifestation équivalente mais de plus petite taille a également rassemblé en début d’après-midi plusieurs centaines de personnes à Varsovie, en Pologne. Organisée notamment par l’association Stop-NOP, qui s’oppose à l’obligation vaccinale, cette manifestation, rassemblée sous les mots d’ordre « En finir avec la pandémie !, Assez de mensonges ! », s’est ouverte devant le siège du Parlement polonais. Les manifestants devaient ensuite passer par le centre de la capitale polonaise vers le siège de la télévision publique TVP qu’ils accusent de mentir sur la pandémie. Les manifestants ont notamment scandé « Assez de mensonges, assez de masques » ou « Liberté, liberté ! ». Ils ont arboré des pancartes telles que « Bill Gates en prison »« Covid 1984, les droits de l’homme », ou « Le virus de la propagande »« Nous ne permettrons plus un nouveau lockdown ! ».

Pourquoi l’Allemagne et la Pologne ? Le phénomène va-t-il prendre de l’ampleur en France ?

A demain @jynau

Réquisitoire dérangeant pour le gouvernement «Ne plus être gouvernés par la peur»

Bonjour

12/09/20020. C’est un document d’importance, une tribune collective publiée par Le Parisien et signée par trente-cinq scientifiques, universitaires et professionnels de santé 1 critiquent avec une certaine virulence la politique et la communication gouvernementales. Selon eux, elles relèvent davantage d’un affichage d’une « posture protectrice » que d’une stratégie sanitaire précise. Un document dont Le Monde Hervé MorinPascale Santi et Nathaniel Herzberg) donne fort utilement la généalogie. Un document qui sera peut-être qualifié de « populiste » – où l’on retrouve des opinions et des prises de position rarement exprimées sur les plateaux de télévision. En voici quelques extraits :

« Nous, scientifiques et universitaires de toutes disciplines, et professionnels de santé, exerçant notre libre arbitre et notre liberté d’expression, disons que nous ne voulons plus être gouvernés par et dans la peur. La société française est actuellement en tension, beaucoup de citoyens s’affolent ou au contraire se moquent des consignes, et nombre de décideurs paniquent. Il est urgent de changer de cap.

Nous ne sommes pas en guerre mais confrontés à une épidémie qui a causé 30 décès le 9 septembre, contre 1438 le 14 avril. La situation n’est donc plus du tout la même qu’il y a 5 mois. Par ailleurs, si la guerre peut parfois justifier un état d’urgence et des restrictions exceptionnelles de l’Etat de droit et des libertés publiques qui fondent la démocratie et la République, ce n’est pas le cas d’une épidémie. Aujourd’hui comme hier, cette crise doit nous unir et nous responsabiliser, pas nous diviser ni nous soumettre. »

Complotistes en tout genre

C’est pourquoi les signataires appellent les autorités politiques et sanitaires françaises « à cesser d’insuffler la peur à travers une communication anxiogène qui exagère systématiquement les dangers sans en expliquer les causes et les mécanismes. Il ne faut pas confondre la responsabilisation éclairée avec la culpabilisation moralisatrice, ni l’éducation citoyenne avec l’infantilisation. »

Ils appellent également l’ensemble des journalistes « à ne plus relayer sans distance une communication qui est devenue contre-productive : la majorité de nos concitoyens ne fait plus confiance aux discours officiels, les complotistes en tout genre foisonnent sur les réseaux sociaux et les extrémismes en profitent ».

« Le confinement général, mesure inédite dans notre histoire, a eu des conséquences individuelles, économiques et sociales parfois terribles qui sont loin de s’être encore toutes manifestées et d’avoir été toutes évaluées. Laisser planer la menace de son renouvellement n’est pas responsable.

« Il faut évidemment protéger les plus faibles. Mais de même que l’imposition du masque dans la rue, y compris dans les régions où le virus ne circule pas, l’efficacité du confinement n’est pas démontrée scientifiquement. Ces mesures générales et uniformes, imposées sous surveillance policière, relèvent davantage d’une volonté d’afficher une posture protectrice que d’une stratégie sanitaire précise. D’où leur grande volatilité depuis six mois. Beaucoup d’autres pays agissent avec plus de cohérence. Une coordination européenne serait nécessaire. »

Supprimer (ou refonder) le Conseil scientifique

Les auteurs également le gouvernement « à ne pas instrumentaliser la science ». Et d’ajouter, ce qui ne manquera pas non plus d’irriter : « La science a pour condition sine qua non la transparence, le pluralisme, le débat contradictoire, la connaissance précise des données et l’absence de conflits d’intérêts. Le Conseil scientifique du Covid-19 ne respectant pas l’ensemble de ces critères, il devrait être refondé ou supprimé. »

Suivent des considérations qui nourriront de nombreuses critiques où l’on retrouve, entre les lignes, la promotion de l’usage de l’hyroxychloroquine – ce qui ne manquera pas de réduite la portée et le poids de cette initiative. « Il est urgent, concluent les auteurs, de nous remettre à penser ensemble pour définir démocratiquement nos stratégies sanitaires, redonner de la confiance à nos concitoyens et de l’avenir à notre jeunesse. »

« Nombre des critiques exposées ont déjà été exprimées, mais ce texte a la particularité de réunir des personnalités qui, sur certains aspects de la pandémie, et de sa prise en charge, ont parfois été diamétralement opposées » observe Le Monde. C’est, en d’autres termes, dire l’intérêt, plus ou moins distancié, que l’on pourra lui trouver.

A demain @jynau

1 Jean-François Toussaint, professeur de physiologie à l’Université de Paris ; Laurent Mucchielli, sociologue, directeur de recherche au CNRS ; Bernard Bégaud, professeur de pharmacologie à l’Université de Bordeaux ; Gilles Bœuf, professeur de biologie à Paris-Sorbonne Université ; Pierre-Henri Gouyon, professeur de biologie au Muséum national d’histoire naturelle ; Jean Roudier, professeur de rhumatologie à l’Université d’Aix-Marseille ; Louis Fouché, médecin, anesthésiste-réanimateur à l’Hôpital de la Conception ; Olivier de Soyres, médecin, réanimateur à la clinique des Cèdres ; Christophe Lançon, professeur de psychiatrie à l’Université d’Aix-Marseille ; Laurent Toubiana, épidémiologiste à l’Inserm ; Mylène Weill, biologiste, directrice de recherche au CNRS ; Anne Atlan, généticienne des populations et sociologue, directrice de recherche au CNRS ; Bernard Swynghedauw, biologiste, directeur de recherche émérite à l’Inserm ; Marc-André Selosse, professeur de microbiologie au Muséum national d’histoire naturelle ; Jean-Louis Thillier, médecin, immunopathologiste ; Jean-François Lesgards, biochimiste, chercheur au CNRS ; Alexandra Menant, biologiste, chercheuse au CNRS ; André Comte-Sponville, philosophe ; François Gastaud, chirurgien orthopédiste à Strasbourg ; Éric Desmons, professeur de droit public à l’Université Sorbonne Paris Nord ; Dominique Andolfatto, professeur de science politique à l’Université de Bourgogne Franche-Comté ; Charalambos Apostolidis, professeur de droit public à l’Université de Bourgogne-Franche-Comté ; Nicolas Sembel, professeur de sociologie à l’Université d’Aix-Marseille ; Dominique Crozat, professeur de géographie à l’Université de Montpellier ; Marnix Dressen-Vagne, professeur de sociologie à l’Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines ; Thomas Hippler, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Caen-Normandie ; Nicolas Leblond, maître de conférences en droit à l’Université Polytechnique Hauts-de-France ; Dominique Labbé, politiste, enseignant émérite à l’Université de Grenoble-Alpes ; Arnaud Rey, chercheur en psychologie au CNRS ; Mathias Delori, politiste, chercheur au CNRS ; Jacques Tassin, écologue, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) ; Sylvie Gourlet-Fleury, écologue, chercheuse au Cirad ; Emmanuelle Sultan, docteur en océanographie physique, ingénieure de recherche au Muséum national d’histoire naturelle ; Christophe Leroy, biologiste, docteur en biologie moléculaire et cellulaire ; Bernard Dugué, docteur en pharmacologie, docteur en philosophie