Bonjour
28/04/2020. En d’autres temps la foudre serait tombée sur les responsables d’une communication à ce point prématurée – en amont d’une véritable « publication » . Aujourd’hui, comme le démontre l’hydroxychloroquine, tout semble être dans un nouvel ordre, épidémique, des choses. Parfois au nom de l’éthique. Cela peut donner une médiatisation quelque peu outrancière à partir d’un simple communiqué de presse de l’AP-HP : « Le tocilizumab améliore significativement le pronostic des patients avec pneumonie COVID moyenne ou sévère ».
Résumons. On postule depuis peu que chez les patients avec pneumonie Covid-19, un « orage cytokinique » d’origine immunologique conduit à l’insuffisance respiratoire aigüe et au décès. Face à ce phénomène une « plateforme » (CORIMUNO-19) a été conçue. Objectif : tester l’efficacité et la tolérance de divers médicaments immuno-modulateurs (et d’autres traitements chez les patients adultes avec infection Covid-19 sévère. Et ce « grâce à une série d’essais randomisés contrôlés multicentriques, qui ont débuté le 27 mars 2020 ».
Le communiqué de l’AP-HP concerne un essai randomisé contrôlé ouvert multicentrique du tocilizumab (RoActemra, Laboratoire Roche). Il s’agit d’un anticorps monoclonal qui bloque le récepteur de la cytokine interleukine-6, et qui est utilisé notamment dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde.
« Les patients ont été sélectionnés sur la base d’une hospitalisation pour pneumonie Covid-19 moyenne ou sévère, mais ne nécessitant pas de réanimation au moment de l’admission, explique l’AP-HP. Le critère de jugement primaire était la combinaison du besoin de ventilation (mécanique ou non invasive) ou du décès à J 14. » L’AP-HP ajoute :
« Au total, 129 patients ont été randomisés : 65 pour traitement habituel + tocilizumab et 64 pour le traitement habituel. Le critère de jugement principal a été atteint chez une proportion significativement plus faible de patients dans le bras tocilizumab. »
Se sentir obligé d’un point de vue éthique »
Mais encore ? Rien de plus. Et maintenant ? « Les résultats de cet essai vont être soumis pour publication dans un journal à comité de lecture. Ces résultats devraient être confirmés de manière indépendante par des essais supplémentaires. » Pourquoi, dès lors, avoir ainsi communiqué dans la plus extrême précipitation ? Réponse officielle :
« Compte tenu du contexte de la pandémie, les chercheurs et le promoteur se sont sentis obligés, d’un point de vue éthique, de communiquer ces informations, en attendant l’examen par les pairs tout en continuant le suivi plus long de ces patients. » « Se sentir obligé d’un point de vue éthique » : voilà un beau sujet qui méritera, le moment venu d’être développé. Pour l’heure Les Echos (Catherine Ducruet) observent que « l’Actemra de Roche a marqué un point contre le Covid-19 ».
Précision importante de l’AP-HP : le tocilizumab ainsi que 4 000 kits de dosage Elecsys d’interleukine 6 « ont été fournis sans conditions par le laboratoire Roche, qui n’a été impliqué ni dans la conception de l’essai, la collection des données, l’analyse, l’interprétation, l’écriture du manuscrit ni dans la gouvernance de l’essai ».
A demain @jynau