Covid-19 : pourquoi se précipiter pour vanter les possibles effets du tocilizumab de Roche ?

Bonjour

28/04/2020. En d’autres temps la foudre serait tombée sur les responsables d’une communication à ce point prématurée – en amont d’une véritable « publication » . Aujourd’hui, comme le démontre l’hydroxychloroquine, tout semble être dans un nouvel ordre, épidémique, des choses. Parfois au nom de l’éthique. Cela peut donner une médiatisation quelque peu outrancière à partir d’un simple communiqué de presse de l’AP-HP : «  Le tocilizumab améliore significativement le pronostic des patients avec pneumonie COVID moyenne ou sévère ».

Résumons. On postule depuis peu que chez les patients avec pneumonie Covid-19, un « orage cytokinique » d’origine immunologique conduit à l’insuffisance respiratoire aigüe et au décès. Face à ce phénomène une « plateforme » (CORIMUNO-19) a été conçue. Objectif : tester l’efficacité et la tolérance de divers médicaments immuno-modulateurs (et d’autres traitements chez les patients adultes avec infection Covid-19 sévère. Et ce « grâce à une série d’essais randomisés contrôlés multicentriques, qui ont débuté le 27 mars 2020 ».

Le communiqué de l’AP-HP concerne un essai randomisé contrôlé ouvert multicentrique du tocilizumab (RoActemra, Laboratoire Roche). Il s’agit d’un anticorps monoclonal qui bloque le récepteur de la cytokine interleukine-6, et qui est utilisé notamment dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde.

« Les patients ont été sélectionnés sur la base d’une hospitalisation pour pneumonie Covid-19 moyenne ou sévère, mais ne nécessitant pas de réanimation au moment de l’admission, explique l’AP-HP. Le critère de jugement primaire était la combinaison du besoin de ventilation (mécanique ou non invasive) ou du décès à J 14. » L’AP-HP ajoute :

« Au total, 129 patients ont été randomisés : 65 pour traitement habituel + tocilizumab et 64 pour le traitement habituel. Le critère de jugement principal a été atteint chez une proportion significativement plus faible de patients dans le bras tocilizumab. »

 Se sentir obligé d’un point de vue éthique »

Mais encore ? Rien de plus. Et maintenant ? « Les résultats de cet essai vont être soumis pour publication dans un journal à comité de lecture. Ces résultats devraient être confirmés de manière indépendante par des essais supplémentaires. » Pourquoi, dès lors, avoir ainsi communiqué dans la plus extrême précipitation ? Réponse officielle :

« Compte tenu du contexte de la pandémie, les chercheurs et le promoteur se sont sentis obligés, d’un point de vue éthique, de communiquer ces informations, en attendant l’examen par les pairs tout en continuant le suivi plus long de ces patients. » « Se sentir obligé d’un point de vue éthique » : voilà un beau sujet qui méritera, le moment venu d’être développé. Pour l’heure Les Echos (Catherine Ducruet) observent que « l’Actemra de Roche a marqué un point contre le Covid-19 ».

Précision importante de l’AP-HP : le tocilizumab ainsi que 4 000 kits de dosage Elecsys d’interleukine 6 « ont été fournis sans conditions par le laboratoire Roche, qui n’a été impliqué ni dans la conception de l’essai, la collection des données, l’analyse, l’interprétation, l’écriture du manuscrit ni dans la gouvernance de l’essai ».

A demain @jynau

Coronavirus : le gouvernement se doit de mieux nous expliquer ce que sera le «stade 3 »

Bonjour

07/03/2020. Dix semaines plus tard, symboliquement médiatique, le « cap » des 100.000 cas a été officiellement franchi. Près de  3 500 morts, mais combien de « totalement guéris » ?  Près de 60 000 nous répond aujourd’hui la Johns Hopkins. Combien de malades souffrant de pneumonie sévère en réanimation ? Nul ne semble le savoir avec précision.

Et demain ? Et en France ? « Coronavirus : On ferme tout ? » demande, en Une, Le Parisien (Florence Meréo) qui poursuit, jour après jours assez remarquablement, son travail d’information. Et le quotidien de tenter de répondre à la question que chacun se pose sans jamais pouvoir répondre : « Epidémie de coronavirus : ce que le stade 3 va changer pour nous ».

Le gouvernement ? Bien mal conseillée sa porte-parole, Sibeth Ndiaye, invitée du « Grand entretien » de France Inter (Salamé Léa, Demorand Nicolas)  avait eu ce mot, le 4 mars : « en stade 3 les métros continueront à circuler jusqu’à nouvel ordre, les transports en commun continueront à circuler jusqu’à nouvel ordre… la vie du pays ne s’arrêtera pas à cause du coronavirus ».

Le citoyen appréciera ce « nouvel ordre ».  Qui le donnerait ? Et quand ? Faut-il attendre l’avis du Comité national d’éthique et de son président, le Pr Jean-François Delfraissy ? Pour l’heure l’exécutif n’a fort malheureusement rien inventé en termes de communication destinée au plus grand nombre. Outre l’indispensable « numéro vert » c’est le retour aux messages publicitaires incitant mécaniquement, à user du « gel hydro-alcoolique » et à respecter les mêmes « gestes barrières » que ceux contre les « virus de l’hiver » (voir ici la vidéo gentiment scénarisée de l’assurance-maladie ».

Winston Churchill, 13 mai 1940

Pour autant rien sur le passage, devenu « inexorable » au « stade 3 ». Aucun message innovant, aucune utilisation gouvernementale des réseaux sociaux à des fins de pédagogie et de solidarité citoyenne, aucune émission télévisée de très grande écoute exposant, calmement, sans polémique, sans catastrophisme ni publicité hydro-alcoolique, le pourquoi et le comment du passage au stade 3. Pourquoi la menace sanitaire le réclame et comment nous allons, collectivement, y faire face. Comment agir au mieux et autant que faire se peut contre les rumeurs qui prolifèrent 1. Comment vulgariser ce qu’explique aux spécialistes le ministère de la Santé dans son guide de préparation au risque épidémique, inspiré du plan national « Pandémie grippale » de 2011 ?

Dépassons ce stade puisqu’il s’agit bien, ici, désormais, d’une course-poursuite. Où est, toute proportion gardée, le Churchill évoquant, il y aura bientôt quatre-vingts ans, le sang, le labeur, les larmes et la sueur (on oublie généralement de citer le labeur) ? Rien d’«inexorable », alors. Et très précisément le contraire. Un Churchill qui saurait galvaniser contre un ennemi pathogène émergent, insidieux et qui, bien au-delà du strict sanitaire, commence à mettre à mal l’ensemble de l’économie capitalistique mondiale.

Un simple virus qui justifie, contre l’évidence et les menaces populistes, un combat ne respectant pas les frontières nationales. Ni les autorités gouvernementales ni les organisations internationales continentales ou onusiennes ne sont, aujourd’hui, en situation de porter cette voix. Entendra-t-on, prochainement, Emmanuel Macron prendre la parole sein du conseil de sécurité des Nations unies ?

A demain @jynau

1 « Le coronavirus réveille les peurs, le racisme et l’antisémitisme » Crif, 5 mars 2020

Pour lutter contre le coronavirus, lavez-vous les mains et, surtout, défacebookez-vous !

Bonjour

Comment s’en étonner à une époque, la nôtre, plus virale que jamais ? D’innombrables messages, publicitaires ou non, évoquent le coronavirus sur Facebook. Fausses informations et théories du complot y circulent malgré les dispositions annoncées par ce tentaculaire « réseau social ».

Dans un communiqué adressé mercredi 26 février au site d’information américain Business Insider, Facebook annonce resserrer la vis sur la modération des publicités liées au coronavirus. « Nous avons récemment mis en place une politique interdisant les publicités faisant référence au coronavirus et créant un sentiment d’urgence, qui laissent, par exemple, entendre que les stocks sont limités, ou qui promettent un remède ou un traitement préventif », explique le réseau social.

« Des règles qui semblent spécifiques à cette maladie, et qui sont communiquées alors que la propagation du virus s’étend en dehors de Chine observe Le Monde (Pixels, anonyme). Mais elles sont en réalité assez conformes aux règles qui étaient déjà en vigueur chez Facebook, lequel interdit par exemple « les allégations trompeuses » dans les publicités, « comme celles qui ont trait à l’efficacité ou aux caractéristiques d’un produit ».

Depuis le début de l’épidémie, Facebook est littéralement inondé de messages relatifs au coronavirus, qu’il s’agisse ou non de publicités. Des groupes consacrés à cette maladie accueillent parfois des dizaines de milliers de membres, raconte par exemple Le Parisien (Paméla Rougerie avec Damien Licata). Ils y publient de nombreux messages, où se mêlent articles de presse, questions, réflexions personnelles, fausses informations et théories du complot.

« Quand je regarde mon fil Facebook, j’ai du mal à croire que les gens parlent de trucs normaux et de politique. Je ne pense qu’au coronavirus, 24h/24, sept jours sur sept, haha », confiait il y a deux jours Liz sur son compte en ligne. En réponse, plus de 200 « j’aime » approbateurs, et presque autant de commentaires.

Le renard en liberté dans le poulailler

Raison garder ? Fin janvier, le réseau social avait déjà annoncé des mesures pour lutter contre les infox relatives au coronavirus. Notamment la suppression des fausses informations et théories conspirationnistes « signalées par de grandes organisations mondiales de santé et les autorités locales de santé comme pouvant être dangereuses pour les personnes qui y croient ». Parmi les autres mesures, visibles en France, par exemple, Facebook fait apparaître régulièrement sur le fil de ses utilisateurs français un message incitant à consulter les informations disponibles sur le site du gouvernement au sujet du coronavirus. Une initiative similaire a été prise par Google, qui à la recherche du mot « coronavirus » propose immédiatement, dans des encadrés spécifiques, des informations et des conseils issus de l’OMS – de même que YouTube, propriété de Google.

Le deuxième résultat, au moment où Le Monde effectuait cette recherche (le 26/02/2020), était la page d’un événement nommé « Coronavirus », dont la description incite les internautes à prendre « DES MESURES PREVENTIVES URGENTES ! », et où le premier message publié désigne, à tort, une plante comme remède contre le sida et potentiellement contre le coronavirus. Le message est toutefois accompagné d’un signalement « fausse information » apposé par Facebook, après vérification par ses partenaires médias (dont Le Monde fait partie). Le troisième message publié sur cette page événement affirme que le coronavirus peut être soigné avec de l’herbe, et son premier commentaire que « les Etats-Unis ont envoyé le coronavirus en Chine ».

La liberté du renard fake news s’ébattant dans l’immense poulailler de notre viralité.

A demain @jynau

Coronavirus et thérapeutique : la chloroquine, lecture écologique du Monde Diplomatique

Bonjour

26/02/2020. Etre le premier. C’est une publication modeste publiée en urgence : « Breakthrough: Chloroquine phosphate has shown apparent efficacy in treatment of COVID-19 associated pneumonia in clinical studies ». Elle est signée Jianjun Gao, Zhenxue Tian et Xu Yang (School of Pharmacy, Qingdao University, Qingdao, China).

« The coronavirus disease 2019 (COVID-19) virus is spreading rapidly, and scientists are endeavoring to discover drugs for its efficacious treatment in China. Chloroquine phosphate, an old drug for treatment of malaria, is shown to have apparent efficacy and acceptable safety against COVID-19 associated pneumonia in multicenter clinical trials conducted in China. The drug is recommended to be included in the next version of the Guidelines for the Prevention, Diagnosis, and Treatment of Pneumonia Caused by COVID-19 issued by the National Health Commission of the People’s Republic of China for treatment of COVID-19 infection in larger populations in the future. »

L’espoir est déjà dans tous les médias. Traduction : « Un banal traitement à la chloroquine, médicament couramment utilisé contre le paludisme, a montré des signes d’efficacité contre le coronavirus, a assuré mardi 25 février à l’AFP Didier Raoult, directeur de l’Institut Méditerranée Infection à Marseille. ‘’Nous savions déjà que la chloroquine était efficace in vitro contre ce nouveau coronavirus et l’évaluation clinique faite en Chine l’a confirmé’’, explique le Pr Raoult, spécialiste renommé des maladies infectieuses, en commentant la première publication sur cette étude clinique de trois chercheurs chinois dans la revue BioScience Trends.’’Finalement, cette infection est peut-être la plus simple et la moins chère à soigner de toutes les infections virales’’, ajoute le directeur de cet institut hospitalo-universitaire très impliqué dans la détection du nouveau coronavirus en France, chroniqueur au Point – et qui ne craint jamais de donner des leçons aux journalistes comme à ses confrères.

Idéocologie – épipandémie

Nous en reparlerons. Comme de ce papier à la Une du dernier Monde Diplomatique : « Contre les pandémies, l’écologie » (Sonia Shah) 1. Où l’on comprend que l’idéologie-écologie  peut, elle aussi, être une grille de lecture des épi-pandémies :

« Même au XXIe siècle, les vieux remèdes apparaissent aux yeux des autorités chinoises comme le meilleur moyen de lutter contre l’épidémie due au coronavirus. Des centaines de millions de personnes subiraient des restrictions dans leurs déplacements. N’est-il pas temps de se demander pourquoi les pandémies se succèdent à un rythme de plus en plus soutenu ?

« Serait-ce un pangolin ? Une chauve-souris ? Ou même un serpent, comme on a pu l’entendre un temps avant que cela ne soit démenti ? C’est à qui sera le premier à incriminer l’animal sauvage à l’origine de ce coronavirus, officiellement appelé Covid-19, dont le piège s’est refermé sur plusieurs centaines de millions de personnes, placées en quarantaine ou retranchées derrière des cordons sanitaires en Chine et dans d’autres pays. S’il est primordial d’élucider ce mystère, de telles spéculations nous empêchent de voir que notre vulnérabilité croissante face aux pandémies a une cause plus profonde : la destruction accélérée des habitats.

Depuis 1940, des centaines de microbes pathogènes sont apparus ou réapparus dans des régions où, parfois, ils n’avaient jamais été observés auparavant. C’est le cas du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), d’Ebola en Afrique de l’Ouest, ou encore de Zika sur le continent américain. La majorité d’entre eux (60 %) sont d’origine animale. Certains proviennent d’animaux domestiques ou d’élevage, mais la plupart (plus des deux tiers) sont issus d’animaux sauvages.

Or ces derniers n’y sont pour rien. En dépit des articles qui, photographies à l’appui, désignent la faune sauvage comme le point de départ d’épidémies dévastatrices. il est faux de croire que ces animaux sont particulièrement infestés d’agents pathogènes mortels prêts à nous contaminer. En réalité, la plus grande partie de leurs microbes vivent en eux sans leur faire aucun mal. Le problème est ailleurs : avec la déforestation, l’urbanisation et l’industrialisation effrénées, nous avons offert à ces microbes des moyens d’arriver jusqu’au corps humain et de s’adapter.

La destruction des habitats menace d’extinction quantité d’espèces. parmi lesquelles des plantes médicinales et des animaux sur lesquels notre pharmacopée a toujours reposé. Quant à celles qui survivent, elles n’ont d’autre choix que de se rabattre sur les portions d’habitat réduites que leur laissent les implantations humaines. Il en résulte (…) »

A demain @jynau

Journaliste. Auteure de Pandemic : Tracking Contagions, From Cholera to Ebola and Beyond, Sarah Crichton Books, New York, 2016, et de The Next Great Migration : The Beauty and Terror of Life on the Move, Bloomsbury Publishing, Londres, à paraître en juin 2020. Ce texte a été publié dans The Nation.

«Licence IV»: le gouvernement va créer dix mille sites de consommation de boissons alcooliques

Bonjour

On attend (avec le plus vif intérêt) la réaction d’Olivier Véran, nouveau ministre des Solidarités et de la Santé. Edouard Philippe, Premier ministre entend « revitaliser » les déserts territoriaux français. A cette fin il vien d’annoncer   qu’il allait distribuer gratuitement 10 000 « Licence IV » pour les petites communes de moins de 3 500 habitants.

La licence IV est, dans la réglementation française, une autorisation créée le 24 septembre 1941 sous le régime de Vichy, pour les débits de boisson souhaitant vendre à consommer sur place les boissons de tous les groupes. La création de cette licence était jusqu’à peu interdite. Le seul moyen d’en obtenir consistait à l’acquérir, soit directement sur la commune concernée par le futur débit, soit sur une commune de la même région. Son prix varie en fonction de l’offre et de la demande sur la région ou la commune concernée. 

« Edouard Philippe veut permettre la création de 10 000 bistrots dans les campagnes » résume, en Bretagne, Le Télégramme :

« Edouard Philippe a choisi un café-restaurant, « Le P’tit campagnard », à Girancourt, dans les Vosges. Pas par hasard. D’abord, parce qu’il s’agit d’un établissement rural, situé à 15 minutes d’Epinal, qui était en vente depuis trois ans et qui risquait de disparaître. Et ensuite, parce que ce fameux café-restaurant est l’un des bénéficiaires de la seconde initiative du gouvernement : l’opération 1 000 cafés portée par le groupe d’économie sociale et solidaire SOS. En Bretagne, deux communes ont également été retenues : Guilligomarc’h (29) et Sains (35). »

Bistrots versus soignants

« Là où nous attendons des soignants, du service public de qualité, de l’emploi, de l’aide à la personne, nous aurons donc des bistrots ! Cette décision, qui ravira certainement le lobby alcoolier, envoie un message désastreux sur le plan de la santé publique. Car toutes les études démontrent que le niveau d’alcoolisation d’un pays est directement lié à l’offre et à l’accessibilité en boissons alcooliques. »

Alors que le succès du Défi de janvier/Dry January à la française a montré la prise de conscience de la population quant au risque alcool, le gouvernement a décidé de l’accroitre en incitant les gens à boire davantage sous prétexte de convivialité. Nul doute que les conséquences se feront sentir mécaniquement, de façon immédiate, sur le niveau des ivresses, le nombre d’accidents de la route dans ces zones où la voiture est souvent le seul moyen de locomotion, et à long terme sur les maladies, dont de nombreux cancers.

Un gouvernement en mal d’imagination pour revitaliser les zones rurales qui ne propose en dernier recours que l’alcool, synonyme dans ce cas de désespérance et d’aggravation des inégalités sociales de santé, et à terme de morts, de maladies, de handicaps et de violence. On pouvait souhaiter un meilleur départ au nouveau ministre de la Santé. »

« Convaincre , un peu ivre, son voisin que l’alcool est bon pour la santé. »

On peut aussi élargir la focale politique et addictologique. Comme le Dr William Lowenstein, président de SOS Addiction  qui rapproche cette annonce d’un papier du Monde citant une redoutable étude française (« Prescription Opioid Retail Sales and Socioeconomic Conditions in France »)  établissant un lien entre consommation d’antalgiques majeurs et pauvreté :

« La désertification s’imbrique avec la pauvreté. Retisser un réseau social, digne et protecteur, sans alcool et sans opioïdes, est-il possible pour « les pauvres »?  Notamment ds les campagnes françaises ? La question devrait même s’étendre au cannabis, dont la culture pourrait relancer quelques départements en difficulté.

Le gouvernement a tranché, sociologiquement sûr de sa recette. Comme d’habitude, la prévention des conduites addictives, ne saurait être une priorité. Une licence IV pour faire revivre les déserts français, qu’en penserait Saint-Exupery : « j’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant, quelque chose rayonne en silence. » ?

 Demain, on s’assiéra au bar, on entendra une chaîne d’info en continu au dessus des verres, on grattera des jeux dits de hasard et on pourra s’abreuver pour vivre ensemble, et parfois convaincre , un peu ivre, son voisin que l’alcool est bon pour la santé. »

On attend (avec le plus vif intérêt) la lecture d’Olivier Véran, nouveau ministre des Solidarités et de la Santé

A demain @jynau

NB Négrita®. Territoires désertifiés ou pas, les ondes radiophoniques diffusent depuis peu, à la veille des fêtes de Mardi-Gras (25 février) de lourdes incitations publicitaires à user de cette boisson lors l’élaboration de crêpes, beignets et autres gourmandises sucrées. Le site de la marque précise : « Petit-déjeuner, déjeuner, goûter, salée, sucrée, hivernale ou encore estivale : découvrez toutes les occasions pour réaliser des recettes avec le rhum Négrita! »

Covid-19 et publicité : prescrire le Remdesivir® de Gilead, «agit directement sur le virus»

Bonjour

L’épidémie n’interdit pas, loin de là, certaines formes de publicité. Nous apprenons aujourd’hui, via l’AFP, que le malade,  48 ans infecté par le Covid-19 est guéri. Il est sorti du CHU de Bordeaux le jeudi 13 février, après vingt-deux jours d’hospitalisation. Et nous apprenons aussi, non sans surprise, qu’il a été traité avec un antiviral «prometteur».

Le remdesivir produit de la puissante firme américaine Gilead Sciences, «agit directement sur le virus pour empêcher sa multiplication», a indiqué devant la presse le Pr Denis Malvy, responsable de l’unité maladies tropicales et du voyageur du CHU Pellegrin.

C’est une «petite molécule capable de gagner l’ensemble des compartiments de l’organisme et dont on sait qu’elle diffuse parfaitement dans les poumons, organe cible de la maladie», a expliqué aux journalistes le Pr Malvy. Il a ajouté que ce médicament a été administré par voie intraveineuse pendant dix jours et que le patient l’a «parfaitement toléré».

Construire la resociabilisation et la pérennité de l’état physiologique

L’antiviral a-t-il, à Bordeaux, eu un effet ? Si oui comment pourra-t-on le prouver ? A quand une publication scientifique ? C’est «aujourd’hui dans l’état des connaissances le candidat prometteur le plus probant pour une évaluation», a seulement expliqué le spécialiste, précisant que le choix de ce médicament avait été fait «collégialement au niveau national, en concertation avec l’OMS».

Et de conclure que le remdesivir va faire l’objet d’un essai thérapeutique comparatif en Chine en coordination de l’OMS «dans les jours à venir» 1.  Sans oublier un «deuxième candidat», le lopinavir utilisé contre le VIH, associé au ritonavir, qui a fait l’objet d’un essai clinique, en Chine, dont on attend les résultats.

Le patient ? Bordelais d’origine chinoise il a quitté le CHU « sans signes cliniques » et n’est « plus du tout porteur d’aucune trace de présence du virus » (en l’état actuel des connaissances). Il continuera à être suivi régulièrement. « Nous allons le revoir sur une échéance de quelques semaines pour une nouvelle évaluation en face-à-face d’ordre clinique et radiologique. Peut-être aussi une prise de sang. Et ensuite il sera suivi au cours des semaines à venir pour construire sa resociabilisation et la pérennité de son état physiologique », a précisé le Pr Malvy.

On sait aussi qu’un médecin, contaminé et France et hospitalisé à la Pitié-Salpêtrière, est traité avec une association de molécules utilisées « dans d’autres maladies virales ». Personne n’a encore révélé leurs noms.

A demain @jynau

1 On apprend par ailleurs qu’une firme pharmaceutique chinoise (BrightGene) annonce avoir lancé avec succès une production d’une copie du remdesivir. Les liens commerciaux entre cette firme et Gilead Sciences ne sont pas connus.

Mais pourquoi les médecins français n’ont-ils pas le droit de faire leur propre publicité ?

Bonjour

C’est une information publicitaire du cabinet d’avocats DI VIZIO (« spécialiste des médecins libéraux qui a défendu de nombreux professionnels français dans des procès liés à leurs pratiques publicitaires »).  Il  annonce aujourd’hui avoir saisi le Conseil d’Etat « pour exiger de l’Etat français le respect des décisions rendues par cette juridiction le 6 novembre dernier, et libéralisant le droit à la publicité des professions de santé ».   Dans sa requête, le cabinet d’avocat demande l’application immédiate de la législation européenne sur le territoire français, comme jugé par le Conseil d’Etat lui-même, sous astreinte financière de 4 000€ par jour de retard.

Exposé des motifs : « De nombreux médecins, infirmiers ou encore dentistes sont poursuivis, jusqu’à être rayés de leur ordre, pour leurs pratiques publicitaires pourtant légales et reconnues au niveau européen. Parmi les exemples : un site Internet prétendument non-conforme aux règles de déontologie, l’indication du nombre d’implants posés chaque année, le fait de préciser une spécialité reconnue par la faculté mais non pas par l’Ordre… « Le droit a été dit, et le gouvernement refuse de l’appliquer. Les ordres professionnels profitent de ce laxisme pour continuer à poursuivre et condamner, comme si aucun arrêt n’était intervenu. L’Etat doit être mis face à ses responsabilités, de même que chaque membre des juridictions disciplinaires qui condamne un praticien », résume Me Fabrice Di Vizio.

Rappel : La Cour de justice de l’Union européenne a  décidé en 2017 que l’interdiction de publicité pour les professionnels de santé belges était contraire au droit communautaire, ouvrant la voie à la levée de l’interdiction de publicité des soignants dans toute l’Europe. Pourtant, sous pression des ordres professionnels, ce droit n’a pas été retranscrit à l’époque dans la loi française. Toujours en 2018, la Commission européenne a également enjoint à la France de mettre sa réglementation en conformité avec le droit communautaire. Sans succès.

Ensuite, c’est la Cour de justice de l’Union européenne qui a rendu une ordonnance concernant la France et son Code de déontologie des dentistes, en expliquant que le texte qui fondait l’interdiction de publicité était contraire au droit communautaire. Sans effet. Enfin, le 6 novembre 2019, le Conseil d’Etat a reconnu que la déontologie française ne pouvait plus être appliquée et que l’Etat aurait dû abroger les textes interdisant la publicité des professions de santé. Et pourtant, ce 10 février 2020, la législation française n’est toujours pas conforme aux normes européennes et les ordres professionnels en profitent, quoi qu’illégalement, pour continuer à poursuivre et condamner des praticiens.  

Problème : Comment concilier la « liberté de communiquer » et l’interdiction qui est faite «d’exercer la profession comme un commerce », conformément à la déontologie médicale consacrée par le droit français et européen ? Comment ne pas attiser ici l’esprit de lucre ? Et comment entrouvrir la porte de la bergerie des soignants sans y faire entrer les loups, toujours affamés, de la publicité ?

On attend la suite.

A demain @jynau

Coronavirus et publicité : l’espoir thérapeutique est-il niché dans un laboratoire lyonnais ?

Bonjour

Faut-il y voir un lien avec l’information de France 2 et le mystérieux traitement administré à la Pitié-Salpêtrière ? C’est une information de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes : « Coronavirus : un laboratoire lyonnais espère trouver au plus vite un traitement ». On y apprend que le nouveau coronavirus a bousculé tous les plans de VirPath, un laboratoire universitaire lyonnais qui espère trouver au plus vite, parmi la pharmacopée déjà existante, un traitement efficace contre le 2019n-CoV.

« Ce laboratoire propose une stratégie originale au sein du consortium «REACTing», mis en place par l’Inserm pour faire face à des crises sanitaires comme la grippe H5N1, Ebola ou Zika. Quand la plupart s’activent sur le développement de vaccins ou testent le peu d’anti-viraux disponibles, VirPath va aller chercher des médicaments utilisés pour des maladies qui n’ont a priori rien à voir avec une infection respiratoire comme le 2019-nCoV. »

FR3 nous dit encore que les chercheurs lyonnais n’attendent pas les observations accidentelles pour exploiter les effets secondaires de certains médicaments. Ainsi ont-ils trouvé « qu’un médicament prescrit pour lutter contre l’hypertension s’avérait très efficace contre toutes les souches de grippe ». Selon Le Figaro ils en sont à l’essai clinique de phase 2 et espèrent lever des fonds pour un essai de phase 3, en vue d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour cette nouvelle indication thérapeutique qui pourrait s’avérer déterminante, relève Manuel Rosa-Calatrava, directeur de de recherche à l’Inserm et directeur-adjoint du laboratoire.


FR3, enfin : « Depuis une semaine, ce laboratoire, membre du Centre international de Recherche en Infectiologie de Lyon (Ciri), est mobilisé 7 jours sur 7. Les chercheurs sont en passe de terminer l’étape numéro un qui consiste à isoler le 2019-nCoV, le dupliquer afin de disposer d’une banque de travail suffisante. « On est parti de prélèvements nasaux de patients infectés et hospitalisés à l’hôpital Bichat à Paris avec tout ce que peut contenir un nez », raconte un des techniciens du laboratoire. Un véritable travail d’enquête biologique. Ils sont peu à être habilités à travailler sur ce nouveau coronavirus . L’équipe de chercheurs est stimulée par le fait de se sentir ainsi utile et attendue par le grand public. »

A demain @jynau

Sous la Dépakine®, le Plavix® : Sanofi refuse 116 millions d’euros à l’Assurance-maladie !

Bonjour

Rebondissement médiatique dans l’affaire de la Dépakine® : le groupe pharmaceutique Sanofi a annoncé lundi 3 février sa mise en examen pour « tromperie aggravée » et « blessures involontaires » dans l’affaire de la commercialisation de ce médicament anti-époleptique de référence. Sanofi fait valoir que cette mise en examen lui permettrait « de faire valoir tous ses moyens de défense et sera l’occasion de démontrer qu’il a respecté son obligation d’information et fait preuve de transparence ».

Le géant pharmaceutique français a par ailleurs assuré qu’il « continuera de coopérer pleinement avec les autorités judiciaires et a toute confiance dans les suites de la procédure ». Aurait-il un instant songé à ne pas pleinement coopérer avec la justice de son pays ?

Ce rebondissement s’inscrit dans le cadre d’une enquête ouverte en 2016 et qui vise  à établir s’il y avait eu « tromperie sur les risques inhérents à l’utilisation du produit et les précautions à prendre ayant eu pour conséquence de rendre son utilisation dangereuse pour la santé de l’être humain » et couvrait la période allant de 1990 à avril 2015.

Un demi-siècle de commercialisation

Le valproate de sodium est commercialisée depuis plus d’un demi-siècle sous la marque Dépakine® par Sanofi. Cette enquête fait suite à une procédure lancée en mai 2016 par l’Association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant (Apesac), qui représente 4 000 personnes, pour moitié des enfants malades, et s’appuyant sur quatorze cas de mères ayant reçu de la Dépakine lors de leur grossesse.

Rappel : il y a un an précisément on apprenait que Sanofi avait refusé de donner suite aux premières demandes d’indemnisation des victimes de Dépakine®. En d’autres termes il rejettait sur les autorités sanitaires française l’entière responsabilité de ce qui était désormais médiatiquement présenté comme un « scandale sanitaire ». Le Monde précisait alors que la Dépakine® était accusée d’avoir provoqué des malformations et des retards de développement chez des milliers d’enfants dont la mère prenait cet antiépileptique (principe actif : acide valproïque) durant sa  grossesse.

Selon les estimations de l’Assurance-maladie et de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, la Dépakine®  et ses dérivés sont directement responsable (depuis 1967) de malformations (entre 2 150 et 4 100 cas suspectés) et de troubles du neuro-développement (entre 16 600 et 30 400 cas). Les risques de malformations liées au valproate de sodium ont été mis en lumière par des études scientifiques dès les années 1980 et  les risques neuro-développementaux l’ont été à partir du début des années 2000.

Quand le géant Sanofi osait dénigrer ses concurrents

Voilà pour la Dépakine®. Passons au dossier (moins connu des médias généralistes)  du Plavix® (clopidogrel) dont on imagine qu’il figure en bonne place sur le bureau de Nicolas Revel, directeur général de l’Assurance Maladie. Et ce accompagné d’une croustillant exclusivité des Echos (Yann Duvert @yann-duvert) « Comment l’Assurance-maladie a raté l’occasion de se faire rembourser des millions par Sanofi ». Un petit bijou de papier, un rideau à moitié sur un spectacle financé par des deniers publics mais qui, trop souvent, nous échappe. Une affaire que nous avions pour notre part évoqué fin 2016 : « Sanofi n’aurait pas du dénigrer les génériques pour faire la promotion de son Plavix®».

La Cour de cassation avait alors confirmé une amende de 40,6 millions d’euros infligée à Sanofi en 2013 par l’Autorité de la concurrence, pour avoir mené une campagne de dénigrement des génériques concurrents de son célébrissime antiagrégant plaquettaire. Elle confirmait un jugement de la cour d’appel de Paris de décembre 2014, qui avait « caractérisé une pratique de dénigrement » mise en œuvre pendant cinq mois (entre 2009 et 2010) par le géant français. « La position dominante » de Sanofi avec le Plavix®  et son générique maison, Clopidrogel Winthrop ® , a eu pour effet « de limiter l’entrée de ses concurrents sur le marché français » jugeait la Cour.

Trois ans plus tard, extraits des Echos :

« Parfois, mieux vaut ne pas trop tergiverser, surtout si des millions sont en jeu. La Caisse nationale d’assurancemaladie des travailleurs salariés (CNAMTS) en a fait l’amère expérience, dans le cadre du litige qui l’oppose au laboratoire Sanofi. Alors qu’elle réclamait plus de 115 millions d’euros au géant de la pharmacie, le tribunal de commerce de Paris vient de rejeter sa demande, au motif que l’action engagée était prescrite.

Après la condamnation de l’Autorité de la concurrence et l’amende de 40,6 millions d’euros pour abus de position dominant certains concurrents de Sanofi ont tenté de se faire rembourser le préjudice subi.

« Selon nos informations, Teva, qui a attaqué Sanofi en justice et lui réclamait 30 millions d’euros, a finalement trouvé un accord à l’amiable avec son concurrent. Idem du côté de Sandoz, une filiale de Novartis, qui évaluait son préjudice à 15 millions d’euros environ. Le laboratoire allemand Salutas et le slovène Lek, qui réclamaient respectivement 2 millions et 2,6 millions d’euros, ont fait de même. »

« En revanche, aucun accord n’a été conclu entre Sanofi et la CNAMTS, gestionnaire du régime général de l’assurance-maladie, et par conséquent amenée à rembourser le Plavix aux patients. La Caisse a attaqué le laboratoire devant le tribunal de commerce de Paris, lui réclamant 115,9 millions d’euros. Mais pour une raison inexpliquée, la procédure n’a été lancée qu’en 2017.

« Le tribunal a estimé en octobre dernier que le délai de prescription de cinq ans avait été dépassé. Selon la jurisprudence, ce délai démarre au moment où la CNAMTS a eu connaissance des agissements anticoncurrentiels de Sanofi. Soit selon la justice dès 2011, lorsqu’elle a témoigné auprès du gendarme de la concurrence sur les pratiques du laboratoire. ‘’Dans cette affaire, c’est clairement l’inertie de la CNAM qui a été sanctionnée, d’autant qu’elle aurait pu agir avant la décision de l’Autorité de la concurrence en déposant une assignation, quitte à compléter le dossier ensuite’’, s’étonne un expert. »

Qui a fauté ? Où est la morale ? Contactée par Les Echos la CNAM n’a pas souhaité s’exprimer. Le géant Sanofi, de son côté, n’a pas souhaité faire de commentaires. Nul ne sait où sont les 115,9 millions d’euros en question. Ni ce qu’ils deviendront.

A demain @jynau

Interdite de Dry January, Santé publique France en est réduite à la comptabilité alcoolique

Bonjour

Il y a les merles. Et puis il y a les grives. Faute de jouer pleinement leur rôle sanitaire dans l’opération « Dry January » les salariés de la puissante agence Santé publique France publient des chiffres à l’attention des journalistes. Où l’on remet les pendules à l’heure quant à la place des vins dans l’imprégnation alcoolique de la population française. « Bien que le volume global d’alcool pur consommé en France (11,7 litres par habitant de 15 ans et plus en 20171 ) soit en diminution depuis les années 1960, essentiellement en raison de la baisse de la consommation quotidienne de vin, la France reste parmi les pays les plus consommateurs d’alcool au monde, se situant au sixième rang parmi les trente-quatre pays de l’OCDE »

Chiffres clés sur la consommation d’alcool en France métropolitaine : 23,6% des personnes de 18-75 ans dépassaient les repères de consommation en 2017 · 11,7 litres par an et par personne de 15 ans et plus · 41 000 décès attribuables à l’alcool par an, dont 30 000 chez les hommes et 11 000 chez les femmes · 16 000 décès par cancer et 9 900 décès par maladie cardiovasculaire chaque année · 87% des 18-75 ans consomment de l’alcool au moins une fois par an · 26% des 65-75 ans déclarent une consommation quotidienne d’alcool · 13,4% des 18-24 ans déclarent au moins dix ivresses par an · 10% des 18-75 ans consomment à eux seuls 58% de l’alcool consommé.

Le poids et la publicité des grands alcooliers industriels

Aujourd’hui Santé publique France tente aussi de dresser une « cartographie de la consommation d’alcool en France ». Qui boit quoi et combien (sinon pourquoi) ? Que découvre-t-on que l’on ne connaisse (ou pressente) déjà ?

« La consommation quotidienne d’alcool concerne, selon les régions, 7,1 % à 12,6 % des adultes sachant que la moyenne nationale est de 10,0 %. Elle est significativement moins fréquente en Ile-de-France (7,1 %), Normandie (7,9 %) et Pays de la Loire (8,1 %), ainsi que dans l’ensemble des DROM. Selon le Baromètre Santé 2014, la Guadeloupe (6,9 %), la Guyane (5,2 %), la Martinique (7,0 %) et La Réunion (5,8 %) affichent des prévalences comparables entre elles, et significativement moins élevées que la moyenne de la France métropolitaine. Les régions Hauts-de-France (11,5 %), Nouvelle-Aquitaine (12,3 %) et Occitanie (12,6 %) se distinguent par une consommation quotidienne plus fréquente, etc. etc. etc. »

Elargit la focale ? « Ces données confirment les tendances observées en Europe, nous apprend Santé publique France. Même si les pays européens conservent des caractéristiques culturelles spécifiques, en termes de préférences de consommation comme de pratiques d’alcoolisation (un modèle latin d’usage régulier d’alcool opposé à un modèle nordique et anglo-saxon de consommations moins fréquentes mais plus importantes), les comportements tendent à s’uniformiser depuis quelques décennies en population générale comme parmi les adolescents. » Pourquoi ? Poids des grands alcooliers industriels et de leurs publicité ? Santé publique France se garde bien de nous renseigner.

Maximum dix verres par semaine et danger dès le premier verre

Pour finir un copié-collé et quelques bonnes intentions : « La consommation d’alcool fait partie des principaux déterminants de santé et des trois premières causes de mortalité évitable avec 41 000 décès en 2015. L’alcool constitue donc l’un des axes forts du programme de Santé publique France. L’Agence produit à la fois des données d’observation et de surveillance, et des actions nationales de prévention adaptées aux différents publics. Son programme Alcool répond à l’objectif de réduire la morbi-mortalité associée à la consommation d’alcool en France. »

Rappel : En 2017, le travail d’expertise scientifique mené par Santé publique France et l’Institut National du Cancer a permis d’élaborer de nouveaux repères de consommation à moindre risque : si l’on consomme de l’alcool, maximum 10 verres par semaine, maximum 2 verres par jour, et des jours dans la semaine sans consommation . Ces repères permettent désormais aux Français de faire le choix éclairé d’une consommation à moindre risque pour leur santé, sachant que les risques pour la santé d’une consommation d’alcool existent dès le premier verre.

Comprendra qui le pourra. En sachant que nous sommes nombreux à attendre que la tête de cette agence publique ait le courage de révéler quelles sont les véritables raisons de son absence au Dry January.

A demain @jynau