Guerre des tranchées entre les «bons vivants» et ceux qui entendent bien le rester (2)

Bonjour

Terribles ambivalences de l’alcool, suite. Nous avons apprécié, comme il convenait, le texte porté par le talentueux Philippe Claudel et publié dans Le Figaro : « Arrêtez de culpabiliser les amateurs de vin ! ». Un texte intéressant nourri par une certaine mauvaise foi puisqu’il dénonçait une opération (le « Défi De Janvier ») en la caricaturant.

Un texte, en outre, qui usant des innombrables richesses du vin (son monde, ses mythes, sa culture) avait pour conséquence de faire oublier les innombrables dangers des boissons alcooliques industrielles, brassées ou distillées, pré-formatées et commercialisées à grand renfort de publicités. Or c’est très précisément là un sujet qu’aucun des deux camps en présence (nous schématisons) ne veut, ne souhaite, ne peut aborder.

On en reste ainsi à la « filière alcool » sans jamais démembrer cette dernière. On peut en avoir une forme d’illustration à l’écoute du dernier « Téléphone sonne » de France Inter : « Un mois de janvier sans alcool : chiche ? » (invités: Michel Reynaud et Axel Kahn).

Deux camps, donc. Après la tribune des « bons vivants » autoproclamés, voici celle signée par ceux que ces « bons vivants » aiment à dessiner comme étant leur profil inversé 1. Datée du 12 décembre elle est intitulée « Pour faire durer le plaisir, faire une pause-alcool… » (nous soulignons) :

« Dans une tribune parue le 9 décembre dans Le Figaro, de grands cuisiniers, des sportifs, des artistes, se posent en défenseurs du goût et de la tradition et s’attaquent au projet de faire l’expérience d’une pause avec l’alcool en janvier avec le « Défi De Janvier ». Le mythe du « français bon vivant » sous-jacent à leurs propos permet de justifier et d’entretenir l’idée des consommations d’alcool excessives, problématiques voire dépendantes. Il faut garder à l’esprit que 20% de la population consomment 80% de l’alcool vendu en France, et que ces 20% de sur consommateurs sont nécessaires à la bonne santé de la filière alcool.

« Lancé sur un mode ludique, que chacun est libre de relever à sa manière, sans interdiction, culpabilisation ou moralisme, le « Défi De Janvier » n’est pas l’injonction prohibitionniste qu’évoque étrangement cette tribune. Refus de questionner une conception de la vie sociale qui repose sur la seule consommation d’alcool ou ignorance du sujet, difficile de répondre à la place des signataires, mais ce qu’ils dénoncent n’est pas l’opération qui est proposée à nos concitoyens.

« Le « Défi De Janvier » est porté par des acteurs de la société civile, dans sa diversité, soignants certes, mais aussi par la jeunesse, des sportifs, des associatifs, des citoyens… Ils aiment profiter de la vie et de ses plaisirs, avec une curiosité qui dépasse les limites des canons figés de certaines traditions et des normes sociales de consommation qui l’imposent parfois. Respectueux de la culture, dans sa diversité, ils apprécient certes les plaisirs mais en connaissent bien aussi les risques. C’est pourquoi, devant cette équation auquel chacun se confronte, ils proposent ce défi qui consiste à questionner l’injonction permanente à boire de l’alcool et à analyser ses capacités de contrôle.

« Les plaisirs de la vie sont à la fois nombreux et divers, et l’expérience de nos collègues à l’étranger montre l’intérêt d’une pause dans la consommation d’alcool : elle procure à la fois une sensation de bien-être, une amélioration du sommeil, et souvent une perte de poids bienvenue.

« Les gardiens trop sourcilleux des « traditions » ne pourront empêcher chacun de se fixer on non, en toute liberté et toute responsabilité, les termes du « Défi De Janvier ». C’est l’ambition collective que nous portons et nous sommes chaque jour plus nombreux à le faire. »

A demain @jynau

1 Ce texte est signé de  Bernard Basset (ANPAA), Amine Benyamina (FFA), François Bourdillon (médecin santé publique), Jean-Michel Delile (FA), Axel Kahn (LNCC), Michel Reynaud (F2A), Christian Tremoyet (Adixio).

Voici d’autre part les membres du collectif des partenaires du Dry January – Le Défi De Janvier : ADIXIO, ADDICT’ELLES, AIDES, AJPJA, ANPAA, Avenir Santé Jeunes, CAMERUP, Collège de Médecine Générale, CUNEA, CoPMA, FAGE, Fédération des Acteurs de la Solidarité, Fédération Addiction, Fonds Actions Addictions, Fédération Française d’Addictologie, FNAS, FPEA, France Assos Santé, Groupe MGEN, La Ligue Contre le Cancer, Société Française d’Alcoologie, Société Française de Santé publique, SNFGE, SOS Addictions, UNIOPSS.

La célébrissime icône publicitaire de Marlboro vient de mourir, à 90 ans. Pourquoi ?

Bonjour

Il s’appelait Robert C. Norris et des millions de Terriens connaissaient son sourire, le port de son chapeau de cowboy et son célèbre geste : s’allumer une cigarette. Il fut et restera le premier «Marlboro Man». Et il vient de mourir. On lira sa biographie, exemplaire, dans The New York Times (Mariel Padilla) : « Robert Norris, Marlboro Man Who Didn’t Smoke, Dies at 90 ».

Où l’on apprend que Robert Norris, loin d’être un acteur était un éleveur dans un ranc. En 1955 son profil est repéré par des publicitairees. Le chapeau, le ranch, les grands espaces, le vent fais du matin, la fin des Indiens et la pleine liberté de fumer des Marlboro….  Sa mâle prestance avait alors été utilisée pour changer l’image de la marque Marlboro, née en 1924 et à l’époque perçue comme une marque exclusivement féminine. « La campagne de publicité mondialement célèbre, jugée comme l’une des meilleures de l’histoire, a contribué à faire de Marlboro la première marque de cigarette au monde » rappelle aujourd’hui Le Figaro.

Ainsi, et pendant près de quinze ans, Robert Norris a contribué à ce changement d’image – avant de faire une croix sur l’usage de son visage. Et ce « pour arrêter de donner le mauvais exemple à ses enfants ». «Marlboro Man» n’avait jamais fumé. Il est mort le 3 novembre 2019 à Colorado Springs au Pikes Peak Hospice & Palliative Care. Son décès a été annoncé sur le site Ted Cross Ranches. Aucune cause précise n’a été donnée. Robert Norris n’avait jamais fumé.

On peut y voir, une nouvelle fois une double duplicité : de Big Tobacco et sa vieille et toujours fidèle alliée, la  publicité.

A demain @jynau

Agnès Buzyn va devoir autoriser l’usage de la publicité par les dentistes et les médecins

Bonjour

Non. L’Etat français ne peut plus interdire aux médecins et aux chirurgiens-dentistes d’user des outils de la publicité. Cette interdit n’est pas conforme au droit européen. Ainsi vient de décider, dans sa sagesse, le Conseil d’Etat qui entend contraindre désormais le gouvernement « de procéder à l’abrogation » de cette règle « devenue illégale ».

Ce n’est pas faute d’avoir prévenu : dès juin 2018, le Conseil d’Etat avait prévenu dans une étude que cette interdiction était « susceptible d’être affectée par l’évolution de la jurisprudence européenne ». Una an auparavant la Cour de justice de Luxembourg avait en effet acté que les traités fondateurs de l’UE « s’opposent à une législation nationale (…) qui interdit de manière générale et absolue toute publicité » pour les spécialistes de l’art thérapeutique dentaire.

Puis, début 2019, l’Autorité de la concurrence avait à son tour pointé « la nécessité de modifier à brève échéance » le code de la santé publique et rapportait alors que le gouvernement « travaill(ait) à leur refonte (…) dans un délai de 6 à 12 mois ».

Aujourd’hui la décision rendue par le Conseil d’Etat contraint désormais Agnès Buzyn à tenir compte de ce « changement de circonstances ». Or la ministre des Solidarités et de la Santé avait précisément rejeté, en octobre 201, la demande d’un médecin qui contestait ce refus « pour excès de pouvoir ». Pour le Conseil d’Etat, dès lors que « l’acte réglementaire est devenu illégal (…), il revient au juge d’annuler ce refus pour contraindre l’autorité compétente de procéder à son abrogation ».

Les loups publicitaires dans la bergerie des soignants

A charge pour le « pouvoir réglementaire » de définir de nouveaux « procédés de publicité compatibles avec les exigences de protection de la santé publique, de dignité de la profession médicale, de confraternité entre praticiens et de confiance des malades envers les médecins ». Cette décision est bien évidemment saluée par Me Fabrice Di Vizio, qui a plaidé ce dossier. Il annonce aujourd’hui dans un communiqué son intention de « poursuivre l’Etat et réclamer des dommages et intérêts pour tous les praticiens sanctionnés à tort ».

On attend désormais avec le plus vif intérêt les suites qu’Agnès Buzyn donnera à cet épineux dossier : comment d’abroger l’interdiction de publicité au profit d’une « libre communication « non commerciale, loyale et honnête » ? Comment se limiter à la seule publication d’informations relatives à leurs compétences, à leurs pratiques professionnelles, aux actes et activités pratiquées habituellement … et s’abstenir de citer des témoignages de tiers, comme des anciens patients (sur le modèle TripAdvisor) ?

Comment concilier la « liberté de communiquer » et l’interdiction qui est faite «d’exercer la profession comme un commerce », conformément à la déontologie médicale consacrée par le droit français et européen ? Comment ne pas attiser ici l’esprit de lucre ? Et comment entrouvrir la porte de la bergerie des soignants sans y faire entrer les loups, toujours affamés, de la publicité ?

A demain

Big Pharma prie les médias de ne plus confondre les «cadeaux» et les «avantages» médicaux

Bonjour

Big Pharma vient d’apprendre qu’une étude publiée dans leBritish Medical Journal, (largement relayée par les médias) ose émettre une hypothèse : les médecins qui percevraient des « cadeaux » de la part des entreprises du médicament (Leem) auraient tendance à effectuer des « prescriptions plus chères et de moindre qualité ». Elle tient à préciser que ces entreprises du médicament « font de leurs relations avec les médecins généralistes une priorité absolue » (sic). Aussi émettent-elles « les plus vives réserves sur les conclusions tirées de cette étude et souhaitent apporter des précisions essentielles à sa bonne lecture ».

Tout d’abord que la base www.transparence.sante.gouv.fr inclut « des données composites émanant de plusieurs secteurs d’activité » et qu’elle regroupe sous le terme générique « d’avantages », des invitations à des événements scientifiques ou de formation, des frais d’hébergement, de déplacement ou de restauration… Exemple :

« Un médecin généraliste invité à un congrès orthopédique par une entreprise de dispositif médical et qui n’atteint pas les objectifs de prescription de génériques de l’Assurance maladie, va, selon la méthodologie de l’étude, être considéré exposé à l’influence des laboratoires pharmaceutiques. Pour mémoire, 219 382 avantages ont été accordés par les entreprises du médicament aux médecins généralistes en 2016. Sur ce nombre, seuls 306 dépassent 1 000 euros, ce qui relativise fortement la portée des conclusions de l’étude. »

Restauration de la confiance, alimentation de la suspicion.

Plus généralement le Leem estime que « l’étude ainsi que ses commentateurs entretiennent volontairement une confusion ». Confusion entre la notion de cadeaux [qui sont interdits par la loi depuis 1993] et celle d’avantages [qui sont autorisés, mais strictement encadrés par cette même loi et largement soumis à l’avis des ordres professionnels].

L’étude établit une corrélation entre la perception d’avantages par certains médecins généralistes et leur comportement de prescription ?  Mais comment ne pas souligner (comme les auteurs de l’étude) que cette corrélation n’est pas un lien de causalité – puisque « les données disponibles ne permettent en aucun cas d’établir une relation directe entre la perception d’avantages de la part d’un industriel et la prescription de médicaments proposés par cette même entreprise ». Pour finir :

« Le Leem dénonce fermement ce nouveau dénigrement d’une industrie dont la vocation première est d’apporter aux patients des solutions thérapeutiques toujours plus sûres et toujours plus efficaces. Il souligne que les relations de travail entre les médecins et les entreprises du médicament sont indispensables à une meilleure prise en charge des patients et invite à abandonner les caricatures. Le Leem regrette la vision simpliste et infantilisante des médecins généralistes projetée par certains commentateurs de l’étude. »

Et Big Pharma de souhaiter une restauration de la confiance de préférence à une alimentation de la suspicion.

 A demain @jynau

Alcoolisme fœtal, grossesse et publicité: à partir de quand faut-il commencer à s’indigner ?

Bonjour

Bloguer c’est aussi, sinon s’indigner, du moins faire part des indignations. Nouvelle polémique à la frontière du sanitaire et du publicitaire. « Une campagne de prévention orchestrée par une association représentant la filière viticole provoque la colère des professionnels de la santé publique » rapporte Le Figaro (Soline Roy).  «Un bon vin peut bien attendre neuf mois.» : tel est le slogan d’une nouvelle campagne de prévention des risques liés à la consommation d’alcool pendant la grossesse qui en a fait bondir plus d’un dans le monde de la santé publique. » Cœur de la controverse : un visuel associant la rondeur d’un verre de vin à celle du ventre d’une femme enceinte

L’affaire vaut d’être rapportée. Elle est menée par Vin & Société, une structure qui  dit représenter les 500.000 acteurs de la vigne et du vin. La nouvelle campagne « émet un message important à l’attention des femmes enceintes : en raison des risques que la consommation d’alcool peut représenter pour la santé du futur bébé, ‘’par précaution, zéro alcool pendant la grossesse’’ ». Pitch :

« La notion de temps long est propre à la grossesse. Elle l’est également au vin : produit culturel, il est ancré dans notre histoire et dans notre patrimoine, il se prépare patiemment au rythme des saisons jusqu’à la vendange. Il vieillit parfois dans nos caves et nous accompagne tout au long d’une vie lors des moments de partage, à table, en famille et entre amis. C’est cette double attente qui s’exprime à travers la signature ‘’Un bon vin peut bien attendre neuf mois’’ et que l’on retrouve dans le visuel, qui évoque le verre de vin et l’arrondi du ventre des femmes enceintes. »

 Une campagne publicitaire au service d’une ambition : « toucher directement les femmes enceintes ou souhaitant l’être » (sic). Une campagne publicitaire et « trois volets complémentaires » : « une annonce diffusée début novembre dans les journaux et les sites mobiles de la presse féminine et familiale – (Parents, Cosmopolitan, Magic Maman) ; une initiative originale avec la création d’un bijou en série limitée (re-sic) avec les créatrices de la marque April Please ; et enfin un dispositif web et digital permettant à la fois la diffusion d’informations pratiques et l’engagement des femmes enceintes qui le souhaitent via la participation de la blogueuse influenceuse Poussine (re-re-sic) ».

 Krystel Lepresle, déléguée générale de Vin & Société :  « Nous avons souhaité nous adresser directement aux femmes enceintes à travers ce dispositif multi-canal, sans les culpabiliser. Nous ne remplacerons jamais les professionnels de santé, ce n’est pas notre rôle. En revanche, nous sommes les mieux placés pour donner le bon mode d’emploi de notre produit. Nous avons toute une vie pour nous faire plaisir, mais pendant la grossesse, et en l’absence d’études concordantes, il est recommandé de ne pas consommer d’alcool »

Pr Michel Reynaud, psychiatre addictologue et président du Fonds Actions Addictions : « C’est terrifiant ! Tout est utilisé pour se donner une bonne image.»

Bernard Jomier, médecin généraliste et sénateur écologiste (apparenté PS) de Paris – très actif sur Twitter : «La prévention doit rester le domaine des acteurs de santé publique. On est dans un contournement très subtil et très bien mené de la loi Évin ».

Guylaine Benech, consultante formatrice en santé publique : « On atteint des sommets de cynisme ! »

Joël Forgeau, président de Vin & Société : « Comme nous nous y sommes engagés en juin 2018 auprès du Président de la République, Vin & Société met en oeuvre des mesures fortes de prévention et de lutte contre les consommations nocives d’alcool. La filière vitivinicole porte une attention particulière au syndrome d’alcoolisation foetale et a une position claire : pendant la grossesse, par précaution, il convient de ne pas consommer d’alcool. Nous avons également proposé au gouvernement d’améliorer la visibilité du pictogramme femme enceinte sur les étiquettes, avec une taille à 0,8 cm et en améliorant le contraste. C’est un rappel utile, mais rien ne vaut la prévention et la parole des professionnels de santé face à un public vulnérable » (re-re-re sic).

Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé : on attend toujours qu’elle s’exprime sur le sujet.

Palais de L’Elysée : silence complet.

A demain @jynau

Vrai ou faux : les fœtus humains goûteraient la musique classique et celle des tambours africains

Bonjour

Il est des études qui ne semblent menées que pour que la presse s’en empare et en chante les vertus – retombées économiques assurées. Ainsi ce travail que viennent de présenter à Berlin les responsables du centre barcelonais de PMA de l’Institut Marquès 1 lors de la 29ème édition du Congrès Mondial Ultrasound in Obstetrics and Gynaecology (ISUOG). Où l’on apprend que, « comme les nouveau-nés, les fœtus aiment la musique classique et traditionnelle, mais ne peuvent l’entendre que si elle leur parvient par le vagin de leur mère ». Tout ou presque est expliqué ici : Fetal facial expression in response to intravaginal emission of different types of music

« Les chercheurs ont évalué les mouvements de la bouche et de la langue de trois cents foetus entre 18 et 38 semaines de gestation, explique-t-on à la presse. Et ce en réponse à quinze chansons de trois styles musicaux différents: classique (Mozart, Beethoven…), traditionnel (chants, tambours africains …) et pop-rock (Shakira, Queen …).

Les hymnes de l’équipe de football préférée de leurs parents

Pour cela, un haut-parleur vaginal mis au point par l’équipe de l’Institut Marquès. » Pour la Dr López-Teijón, directrice de l’Institut, «les fœtus ne peuvent entendre que si le son leur parvient directement du vagin, ils peuvent à peine percevoir le bruit venant de l’extérieur ».

Conclusion : La musique préférée des foetus « sont des mélodies qui ont perduré au fil des ans »,explique la Dr Marisa López-Teijón, « soit une sérénade de Mozart, soit le son ancien des tambours africains ». Une exception : la chanson de Bohemian Rhapsody (Queen), « qui s’est avérée à être l’une des chansons préférées des bébés pendant la grossesse ». On verra ici le hit parade global.

Aller plus loin ? Tout ici est possible. L’Institut Marquès vient ainsi de commencer une étude, toujours à Barcelone, « afin d’analyser la réaction des fœtus lorsqu’ils entendent les hymnes de l’équipe de football préférée de leurs parents ». Tout est possible, à commencer par ce qui commence à ressembler au pire?

A demain @jynau

1 L’Institut Marquès se présente comme un centre de référence international en Gynécologie, Obstétrique et Procréation Médicalement Assistée, présent à Barcelone, Londres, Irlande (Dublin et Clane), Italie (Rome et Milan) et au Koweït. Il assure offrir « les taux de réussite de grossesse les plus élevés, avec 89% par cycle de FIV avec don d’ovocytes ».

 

 

Stades alcoolisés : but marqué, mais comment penser que la partie politique est gagnée ?

Bonjour

D’abord ne pas se tromper d’hymne. Andorre, c’est après Albanie. Ensuite se laisser bercer par le clavier : suffirait-il de bloguer pour, parfois, être écouté ? De se manifester pour marquer ?

Nous en étions resté à la joie de trois joueurs enthousiastes, comme grisés, persuadés d’avoir déjà remporté la partie. C’était compter sans l’assistance vidéo à l’arbitrage (video assistant referee ou VAR) qui fait gronder et trépigner les gradins. Le jugement vient de tomber : but accordé. Le cabinet du Premier ministre français Édouard Philippe vient d’adresser un courrier, daté du 2 septembre, au président de la Fédération française d’addictologie (FFA), le Pr Amine Benyamina. Et la FFA vient de rendre public le verdict :

« Le Premier ministre tient à vous confirmer, ainsi que l’ont fermement exprimé Agnès Buzyn, ministre de la Santé, et Roxana Maracineanu, ministre des Sports, que le gouvernement n’envisage pas de modifier la réglementation en vigueur relative à l’interdiction de vente d’alcool dans les stades, telle qu’inscrite dans la loi Evin ».

On se souvient que l’article L49-1-2 du code des débits de boissons et des mesures contre l’alcoolisme, institué par la loi Evin, interdit la vente de boissons alcoolisées dans « les stades, dans les salles d’éducation physique, les gymnases et, d’une manière générale, dans tous les établissements d’activités physiques et sportives ». Et on sait aussi que cette disposition est affaiblie par de nombreuses dérogations.

Robinets et vitres VIP

On se souvient aussi que plus d’une centaine de députés de La République en marche, bataillon avancé de l’actuel gouvernement, ont déposé une proposition de loi « visant à faire de la France une nation sportive »; un texte qui propose d’autoriser temporairement la vente d’alcool par les clubs lors de rencontres sportives dans les tribunes. On se souvient enfin que, sur la pointe des pieds, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé avait évoqué l’hypothèse éventuelle de proposer de supprimer vins de champagnes et spiritueux sous les ors des loges VIP. Avant de faire savoir qu’elle se rétractait.

Finalement premier but marqué, donc. Mais nullement match gagné. Et encore moins de trophée. La  saison sera longue qui verra l’équipe sponsorisée des députés macroniens 1 repartir à l’attaque  – des députés assurés du soutien bienveillant du véritable juge-arbitre, en fonction jusqu’au printemps 2022. Des députés qui, certains de bonne foi, estiment que la consommation-publicité dans les stades de boissons alcoolisées industriellement élaborées aidera à faire de la France une « nation sportive ».

Peuvent-ils gagner ? Verra-t-on, face à eux, des joueurs privés d’un Didier Deschamps et comme enivrés de leur premier but ? Des joueurs démobilisés, oubliant ce qui devrait, en toute logique, être leur prochain objectif (métaphorique): les vitres cristallines et les robinets dorés des loges VIP.

A demain @jynau

1 Cette proposition de loi est portée par trois solides députés macroniens  François-Cormier-Bouligeon député (LREM, Cher), 46 ans – Cédric Roussel député (LREM, Alpes-Maritimes), 46 ans – Belkhir Belhadad député, (LREM, Moselle, 50 ans). 

Alcools, gradins et loges VIP: pourquoi le gouvernement ne nous dit-il pas, enfin, la vérité ?

Bonjour

Revenons un instant sur le texte signé, dans Le Figaro, par les Drs Amine Benyamina*, Bernard Basset** et Axel Kahn*** 1. Un étrange papier dans lequel les auteurs se réjouissent « que pour la première fois depuis vingt-cinq ans d’attaques incessantes contre la loi Évin, les alcooliers aient connu une défaite ». La suite et, pourrait-on croire, la fin de  l’édifiante affaire politique des stades pré-alcoolisés et des VIP champagnisées.

Résumons.Trois députés macroniens  François-Cormier-Bouligeon député (LREM, Cher), 46 ans – Cédric Roussel député (LREM, Alpes-Maritimes), 46 ans – Belkhir Belhadad député, (LREM, Moselle, 50 ans) sont à l’origine d’une proposition de loi « sportive » qui alimente depuis peu une violente polémique sanitaire et politique. Ils ont été rejoints par plus de soixante de leurs collègues. Certains les ont, depuis, quittés.

Quant à leur proposition « portant diverses dispositions pour faire de la France une Nation sportive » (sic) enregistrée à la présidence de l’Assemblée nationale le 24 juillet dernier, elle n’est toujours pas sur le site dédié de cette dernière.

Une affaire close comme le laisserait penser le satisfecit du triumvirat du Figaro ? Nullement. Et tout laisse malheureusement penser que le tweet unique d’Agnès Buzyn, loin du clairon victorieux, pourrait bien signer la fuite en rase campagne devant les députés macroniens sportifs marchant au pas cadencé des alcooliers industriels. Et puis, hier, ce tweet explicatif d’Axel Kahn :

« L’article contentieux 13 du projet de loi sur le sport semble avoir été retiré, les ministres de la santé et des sports se sont engagées par tweets et interviews, l’Élysée semble avoir donné des assurances. »

Où l’on notera l’usage du verbe sembler. Un verbe fragile, délicat à manier 2.

Un article d’une proposition de loi retiré par ses auteur-députés ? Et ce à la demande du locataire du Palais de L’Elysée ? L’exécutif pesant sur le législatif ? Il semble que cela mériterait d’être vérifié. Et officiellement, haut et fort, confirmé. Par exemple par la ministre des Solidarités et de la Santé. Ou par le Premier ministre étrangement absent de ce dossier. On attend.

A demain @jynau

1 * Médecin psychiatre-addictologue, chef du département de psychiatrie-addictologie groupe hospitalier Paul-Brousse (AP-HP), professeur à l’université Paris-Sud, président de la Fédération française d’addictologie (FFA). ** Médecin spécialiste en santé publique, vice-président de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa), administrateur de la Fédération française d’addictologie. *** Généticien, président honoraire de l’université Paris-Descartes, président de la Ligue nationale contre le cancer.

2 « Supposons deux corps électrisés; bien qu’ils nous semblent en repos, ils sont l’un et l’autre entraînés par le mouvement de la terre » (H. Poincaré, Valeur sc., 1905, p. 185).

« Pour tous les événements qui dans la vie et ses situations contrastées se rapportent à l’amour, le mieux est de ne pas essayer de comprendre, puisque, dans ce qu’ils ont d’inexorable comme d’inespéré, ils semblent régis par des lois plutôt magiques que rationnelles » (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 501).

Mediator®, dans quelques jours et pour six mois: procès d’un «scandale» ou d’un «désastre» ?

Bonjour

S’attendre, bientôt, à des rafales médiatiques judiciaires et moutonnières : le procès pénal du Mediator® s’ouvrira le 23 septembre devant le tribunal de grande instance de Paris. Pour une durée annoncée de … six mois. Un procès sanitaire à grand spectacle et à forte charge symbolique – dans la lignée de celui des affaires dites du sang contaminé. En toile de fond, des morts prématurées et un lien de causalité. La justice va donc, enfin, se prononcer sur les délits reprochés à la firme Servier, mais aussi à feu l’Agence française du médicament, et à certains de leurs responsables.

« La firme Servier et des filiales sont poursuivies à divers titres » rappelle Prescrire dans sa livraison de septembre dans une synthèse fondée sur l’ordonnance de renvoi (Emmanuelle Robinson, avec Claire Thépault, 30 août 2017, 677 pages). Les juges d’instruction du pôle de santé publique de Paris ordonnaient, conformément aux réquisitions du parquet, que soient renvoyées devant le tribunal correctionnel quatorze personnes physiques et onze personnes morales. 

« Blessures et homicides involontaires par violations manifestement délibérées »

 Prescrire : L’« obtention indue d’autorisation » fait référence au fait d’avoir obtenu un renouvellement de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) du benfluorex pour des indications liées aux troubles métaboliques, en particulier le diabète, en dissimulant ses effets anorexigènes (« coupe faim »). La firme devra aussi répondre de « tromperie sur les qualités substantielles et les risques inhérents à l’utilisation du Mediator° avec mise en danger de l’homme ». Elle sera aussi jugée pour « blessures et homicides involontaires par violations manifestement délibérées », notamment pour n’avoir pas informé les patients et les médecins de tous les effets indésirables du benfluorex, alors que les dangers étaient connus et que des cas de valvulopathies et d’hypertension artérielle pulmonaire liés à son usage avaient été signalés.

« Il est reproché à l’Agence française du médicament des « homicides involontaires par négligence » et des « blessures involontaires par négligence », notamment pour avoir tardé à suspendre l’AMM du benfluorex, et ne pas avoir prévenu patients et médecins de ses effets anorexigènes et de ses effets indésirables. D’autres délits seront aussi jugés, notamment « escroquerie », « trafic d’influence » et « prise illégale d’intérêts » pour des responsables nommément désignés. »

On observera que le mensuel indépendant de l’industrie pharmaceutique qualifie aujourd’hui cette affaire de « désastre » alors que chacun, dans les médias, usait aisément du terme de « scandale ». On pourra voir là, au choix, un lapsus ou, déjà, un commentaire.

A demain @jynau

1 « La firme Servier et l’Agence française du médicament devant le tribunal » Rev Prescrire 2019 ; 39 (431) : 700-701. (pdf, réservé aux abonnés)

En sortant de l’école, nous admirons les publicités qui nous poussent à boire de l’alcool

Bonjour

C’est la rentrée. Que la police ? Quelques mots glanés sur la Toile (@GuylaineBenech) :

« Spécial rentrée des classes. Ce matin j’ai accompagné mes deux petits garçons (CE1 et CM1). Nous habitons à 600 mètres du groupe scolaire. Sur le chemin nous avons croisé … trois publicités pour de l’alcool ! Entre la maison et l’école, il y a un collège. Et près de ce collège, une pub pour la marque ‘’Desperados’’ du groupe Heineken 1. Ce premix est un mélange de bière + tequila + énormément de sucre. Les premix sont surtout consommés par des ados en raison du goût très sucré qui masque l’alcool.  

« Juste à côté, une grande affiche publicitaire pour la marque de Gin « Gibson’s » 2 qui appartient au groupe français de Vin & Spiritueux « La Martiniquaise ». 37% d’alcool, et un concept marketing résolument adolescent surfant sur la vague « London ». Un peu plus loin, ns arrivons au groupe scolaire (maternelle et élémentaire) et de nouveau, face à l’école, cette affiche pr le Gin ‘’Gibson’s’’. Si l’objectif de La Martiniquaise est de familiariser les enfants dès le plus jeune âge, c’est gagné, leur petit cerveau enregistre tout… ».

C’est la rentrée. Toujours sur la Toile, Axel Kahn, l’omniprésent nouveau président de la Ligue contre le cancer :

 « Voilà une situation scandaleuse que les comités départementaux de la @liguecancer et leurs partenaires NE DOIVENT PAS TOLERER. Dénoncer, porter plainte auprès du maire, du rectorat, de l’ARS, communiqué dans PQR, mobilisation des ligueurs et des parents … »

C’est la rentrée. Bientôt, dans les têtes et sur les cahiers, Prévert Jacques et Kosma Joseph :

« En sortant de l’école
nous avons rencontré
un grand chemin de fer
qui nous a emmenés
tout autour de la terre
dans un wagon doré.
Tout autour de la terre
nous avons rencontré
la mer qui se promenait
avec tous ses coquillages
ses îles parfumées
et puis ses beaux naufrages
et ses saumons fumés.
Au-dessus de la mer
nous avons rencontré
la lune et les étoiles
sur un bateau à voiles
partant pour le Japon
et les trois mousquetaires des cinq doigts de la main
tournant la manivelle d’un petit sous-marin
plongeant au fond des mers
pour chercher des oursins.
Revenant sur la terre
nous avons rencontré
sur la voie de chemin de fer
une maison qui fuyait
fuyait tout autour de la terre
fuyait tout autour de la mer
fuyait devant l’hiver
qui voulait l’attraper.
Mais nous sur notre chemin de fer
on s’est mis à rouler
rouler derrière l’hiver
et on l’a écrasé
et la maison s’est arrêtée
et le printemps nous a salués.
C’était lui le garde-barrière
et il nous a bien remerciés
et toutes les fleurs de toute la terre
soudain se sont mises à pousser
pousser à tort et à travers
sur la voie de chemin de fer
qui ne voulait plus avancer
de peur de les abîmer.
Alors on est revenu à pied
à pied tout autour de la terre
à pied tout autour de la mer
tout autour du soleil
de la lune et des étoiles
A pied à cheval en voiture et en bateau à voiles. »

A demain @jynau

1 Informations pour consommateurs  « DESPERADOS® ORIGINAL Née en 1995 dans notre brasserie de Schiltigheim en Alsace, Desperados® est la première bière aromatisée tequila commercialisée en France.

  « Notre produit iconique, Desperados® Original, est aromatisé tequila et présente une robe d’un jaune soleil, limpide et brillante. De fermentation basse, brassée avec du malt d’orge, elle titre à 5,9 % vol. À déguster bien fraîche entre 4°C et 6°C, Desperados® Original offre un goût puissant et prononcé en bouche, avec de subtiles notes citronnées et quelques touches épicées. »

2 Informations pour consommateurs : « Le London Dry Gin GIBSON’S ® est élaboré en Angleterre à partir de céréales soigneusement sélectionnées et distillées en alambics selon la méthode traditionnelle. Les vapeurs d’alcool s’imprègnent ensuite des arômes de baies de genièvre, de coriandre, d’angélique et d’écorces d’oranges selon une recette unique, avant d’être recueillies et mises en repos quelques heures dans des cuves. Le degré alcoolique est réduit par dilution, puis le Gin GIBSON’S est filtré à froid avant sa mise en bouteille. »