Pourquoi ne pas choisir son soignant selon la «couleur de sa peau»? On attend Olivier Véran

Bonjour

11/08/2020. C’est une première ; une première « communautaire » qui soulève quelques sérieuses questions politiques et impose une réponse, au plus vite, du gouvernement. L’affaire vient (fort heureusement) d’être prise en compte par le Conseil national de l’Ordre des médecins et l’Ordre national des infirmiers.  Cœur du sujet : « la constitution d’annuaires de professionnels de santé communautaires ».

En clair des listes de « soignants classés selon leur couleur de peau » ont été diffusées sur Internet et les réseaux sociaux ces derniers jours. Symptôme :  la polémique déclenchée il y a quelques jours par une annonce du collectif anti-raciste « Globule Noir » sur Twitter : « Nous recherchons une infirmière à domicile racisée pour des soins dans le 13e arrondissement de Paris » ; une annonce suivie de la publication de médecins « noirs », mises en ligne par le collectif « Globule noir » – une initiative aussitôt dénoncée par la Licra comme l’expliquait L’Obs il y a quelques jours. La Licra qui dénonce ici la « folie identitaire » .

D’un côté ceux qui ne voient ici qu’une communautarisation de la médecine et une dérive racialiste. De l’autre ceux qui font état des difficultés rencontrées, parfois, dans leurs relations avec certains membres du corps des soignants – et ce du fait de leur « couleur de peau » ou de leurs convictions religieuses.

« Sirènes du communautarisme »

Les deux Ordres disent « ne pouvoir  que s’élever contre cette initiative, qui va à l’encontre des principes fondamentaux de nos professions mais aussi de notre République ». Ecoutons-les :

« Engagés au service de la population, les professionnels de santé ont prêté serment de soigner avec le même dévouement et la même abnégation, quelles que soient les origines, la couleur de peau, la situation sociale ou les orientations religieuses, philosophiques ou sexuelles de leurs patients. Ils les écoutent, les examinent et les prennent en charge dans le respect de chacun, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions.

« L’Ordre des médecins et l’Ordre des infirmiers ne peuvent accepter que de telles accusations de racisme soient portées à l’encontre des soignants, attentant à leur honneur et jetant le discrédit sur leurs professions. Tout comme ils ne peuvent accepter que la santé, pilier de notre pacte social, soit soumise aux sirènes du communautarisme et de la division, dans une période où notre société se doit, plus que jamais, d’être unie. »

 C’est pourquoi les deux Ordres se réservent le droit d’engager toute action permettant de mettre fin à ces pratiques contraires aux principes de la profession et du droit. Ils saisiront également le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, et la CNIL à ce sujet. Et pour dire la vérité on s’étonne qu’Olivier Véran et le gouvernement demeurent, ici, étrangement silencieux. Jusqu’à quand ?

A demain @jynau

Covid: complotistes, libertariens, loyalistes et néonazis avancent désormais démasqués

Bonjour

01/08/2020. Retour de flamme. Pourquoi en Allemagne, ce pays devenu un modèle européen ? C’est une dépêche de l’AFP mandée de Berlin – et fort peu reprise par les médias généralistes français. Un phénomène qui n’est pas sans interroger gravement les autorités sanitaires et le pouvoir exécutif – en Allemagne et ailleurs.

Plusieurs rassemblements ont été observés, à Berlin, ce samedi 1er août pour dénoncer les mesures contraignantes employées par le gouvernement dans le but de lutter contre le Covid-19. Ce n’est pas la première fois que l’on assiste à de telles manifestations depuis la fin du confinement. Ce 1er août, ils étaient 15.000 (selon la police) à défiler devant le palais de Brandebourg. 

Tous estiment que leurs droits fondamentaux sont bafoués du fait des mesures (démocratiquement) adoptées pour lutter contre la pandémie du coronavirus. Selon eux, ces mesures n’étaient pas nécessaires pour lutter contre un virus que beaucoup considèrent comme inoffensif. Ou presque.

« Covidiots »

« Socialement et politiquement, on compte dans leurs rangs des complotistes, des libertariens, des loyalistes et des néonazis, rapporte l’AFP. La devise de la manifestation, ‘’Jour de la liberté’’, est également le titre d’un film de propagande de la réalisatrice nazie Leni Riefenstahl (1902-2003) sur la conférence du parti d’Adolf Hitler NSDAP en 1935. »

Sans surprise le port du masque et la « distanciation sociale » (obligatoires) étaient peu respectées. Mille cinq cents agents avaient été déployés afin d’encadrer les manifestants. À l’aide de mégaphones, la police a appelé à plusieurs reprises les manifestants à respecter les « gestes barrières ». Les autorités ont ensuite annoncé sur Twitter avoir «déposé une plainte» contre l’organisateur de l’événement en raison du «non-respect des règles d’hygiène».

Et l’AFP d’ajouter qu’au même moment plusieurs milliers de manifestants se sont aussi rendus dans les rues berlinoises pour témoigner leur soutien au gouvernement et appeler à la justice et à la paix. Des responsables politiques comme Saskia Esken, responsable des sociaux-démocrates, parti minoritaire de la coalition gouvernementale avec les conservateurs d’Angela Merkel, a fustigé ces «Covidiots». «Sans distance, sans masque: ils ne mettent pas seulement en danger notre santé, mais aussi notre succès contre la pandémie et pour la relance de l’économie, de l’éducation et de la société. Irresponsable !», a-t-elle twitté.

Jan Redmann, chef de file de la CDU au parlement du Land de Brandebourg, a quant à lui ajouté : «1.000 nouvelles infections par jour encore et à Berlin il y a des manifestations contre les mesures anti-coronavirus ? Nous ne pouvons plus nous permettre ces dangereuses absurdités». « Absurdités » est-il le bon terme ? Pourquoi en Allemagne ? Demain en France ?

A demain @jynau

Rebondissements dans l’affaire de la chloroquine: Didier Raoult et les Pieds nickelés du Lancet

Bonjour

03/06/2020. C’est suffisamment rare pour être qualifié d’événement: le « Lancet Gate». Résumons les dernières données : The Lancet a émis, mardi 2 juin, une mise en garde (« expression of concern ») vis-à-vis d’une étude publiée dans ses colonnes le 22 mai. Etude médicale mais éminemment politique,  controversée dès sa publication. Se fondant sur 96 000 dossiers médicaux électroniques de patients hospitalisés pour Covid-19 elle suggérait que ceux traités avec de la chloroquine ou de l’hydroxychloroquine, (combinées ou non à des antibiotiques comme l’azithromycine) présentaient un taux de mortalité supérieur et plus de pathologies cardiaques.

« D’importantes questions scientifiques ont été soulevées concernant les données rapportées dans l’article de Mandeep Mehra et al, annonce le Lancet dans un communiqué. Bien qu’un audit indépendant sur la provenance et la validité des données ait été commandé par les auteurs non affiliés à Surgisphere [la société américaine qui les avait collectées] et soit en cours, avec des résultats attendus très prochainement, nous publions une expression d’inquiétude pour alerter les lecteurs sur le fait que de sérieuses questions scientifiques ont été portées à notre attention. Nous mettrons cet avis à jour dès que nous aurons de plus amples informations. »

Cette initiative entame à coup sûr l’aura internationale du Lancet. Mais elle dépasse de beaucoup cette seule dimension du fait des conséquences que cette publication avait déjà entraîné. Elle avait conduit notamment conduit l’OMS, trois jours après sa publication, à suspendre provisoirement l’inclusion de patients traités à l’hydroxychloroquine dans son essai clinique International Solidarity.

Conséquences médicales et politiques en France

En France les conséquences sont importantes, à la fois médicales et politiques. La publication de l’étude du Lancet avait en effet conduit Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé à saisir en urgence pour avis le Haut Conseil de santé publique (HCSP). Celui-ci avait aussitôt émis un avis défavorable à l’utilisation (qu’il avait précédemment accordée) en contexte hospitalier de l’hydroxychloroquine. Son avis se fondait aussi, il est vrai, sur d’autres données de pharmacovigilance faisant état de graves effets indésirables cardiaques. Cet avis avait été suivi d’un décret mettant fin à la dérogation permettant l’utilisation de l’hydroxychloroquine hors autorisation de mise sur le marché dans le cadre du Covid-19.

Ce n’est pas tout : les responsables des seize essais cliniques comportant de l’hydroxychloroquine autorisés par l’Agence de sécurité du médicament (ANSM), ont dans le même temps suspendu l’inclusion de nouveaux patients dans les groupes recevant de l’hydroxychloroquine.

Et comment ne pas rappeler que tout ceci a pour toile de fond l’opposition (euphémisme) ouvertement déclarée entre le ministre Olivier Véran et le Pr Didier Raoult qui avait qualifiée de « foireuse » l’étude du Lancet avant de souligner plusieurs incohérences dans les données ainsi publiées. L’ expression of concern  du Lancet répond aussi à de très nombreuses critiques suscitées par l’étude conduite par Mandeep Mehra (Harvard Medical School) et ses trois co-auteurs (que Didier Raoult étrille dans sa dernière vidéo marseillaise).

« La revue britannique avait déjà dû publier un erratum reconnaissant une erreur de codage sur des morts du Covid-19 indûment attribués à l’Australie et la publication erronée d’un tableau de données, rappelle Le Monde (Hervé Morin) Mais ce correctif ne répondait qu’à une partie des critiques rassemblées dans une lettre ouverte signée par 120 chercheurs, qui réclamaient notamment de pouvoir accéder aux données brutes afin de les réanalyser et même de vérifier leur réalité, mise en doute par certains observateurs. »

The Lancet rétractera-t-il ou non l’article incriminé ?

En ligne de mire, désormais : la peu banale société Surgisphere, basée dans l’Illinois, aux Etats-Unis, qui affirme avoir collecté plus de 96 000 dossiers médicaux « auprès de 671 hôpitaux sur six continents », et son fondateur, le chirurgien Sapan Desai. « De nombreux épidémiologistes doutent de la capacité d’une si petite structure à entretenir des relations avec un aussi grand nombre d’hôpitaux de par le monde, et à avoir reçu les autorisations nécessaires pour aspirer leurs données – sans obtenir le consentement des malades, ce qui est un motif supplémentaire de préoccupation, observe Le Monde. En réponse à ces critiques, Surgisphere a indiqué avoir sollicité un audit académique indépendant pour réanalyser ses données, qu’elle ne serait pas autorisée à rendre publiques pour des raisons légales. »

Mais il faut aussi compter avec la nouvelle (et à bien des égards problématique) vidéo mise en ligne le 2 juin par Didier Raoult, principal promoteur en France de l’association hydroxychloroquine-azithromycine. Il y qualifie notamment de « Pieds nickelés » 1 les auteurs de l’étude et s’attaque à nouveau au Lancet et aux relecteurs de la publication.  

La suite pourrait se résumer à une question : The Lancet rétractera-t-il ou non l’article incriminé avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer ? 2. Et si oui quelles conclusions en tirera, en France, Olivier Véran et le gouvernement ? Sera-ce le triomphe du Pr Didier Raoult qui évoque désormais l’organisation d’un sondage de notoriété demandant aux Français qui est le plus écouté : lui ou le ministre de la Santé ?

A demain @jynau

1 L’expression « pieds nickelés » désigne celles et ceux qui ne sont pas portés sur le travail. Elle vient soit du fait que les pieds en nickel sont trop précieux pour servir à marcher ou travailler, soit de « pieds niclés », pieds atteints de rachitisme ne permettant donc pas un travail soutenu.

2 On rappellera que The Lancet avait mis douze ans pour procéder à la rétractation d’un article frauduleux établissant un lien de causalité entre la vaccination contre la rougeole et l’autisme – alimentant ainsi durant tout ce temps les arguments des mouvements anti-vaccinaux et la chute des taux de couverture vaccinale

Anakinra: après l’hydroxychloroquine, ses espoirs thérapeutiques vont-ils faire polémique ?

Bonjour

30/05/2020. Déjà, l’ouverture de France Info. Un médicament, l’anakinra (commercialisé sous la marque Kineret par la firme SWEDISH ORPHAN BIOVITRUM) initialement destiné à des maladies rhumatismales, donne des résultats « encourageants » dans les formes graves de Covid-19-  en réduisant le risque de décès et le besoin d’être mis sous respirateur en réanimation.

Jadis on se serait borné, dans les médias spécialisés, à expliquer que c’était la conclusion d’une étude française, parisienne, qui vient d’être publiée dans The Lancet Rheumatology : « Anakinra for severe forms of COVID-19: a cohort study » 1. On aurait expliqué de quoi il s’agissait. « L’anakinra neutralise l’activité biologique de l’interleukine-1alpha (IL-1alpha) et de l’interleukine-1ß (IL-1ß) par inhibition compétitive de la liaison de l’IL-1 à son récepteur de type I (IL-1RI), résume le Vidal. L’anakinra est utilisé dans la prise en charge de polyarthrites rhumatoïdes. »

Puis on aurait poursuivi. Expliquait que l’objectif, ici, était de contrer l’ « orage cytokinique », cette violente réaction inflammatoire incontrôlée observée dans les formes graves de pneumonie de la Covid-19 – phénomène qui évolue généralement vers un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) imposant l’assistance d’une ventilation artificielle avec l’utilisation de respirateur. Que ce travail a été mené via l’administration par injection sous-cutanée pendant dix jours d’anakinra à 52 patients atteints d’une forme grave de COVID-19 a permis une « réduction statistiquement significative du risque de décès et de passage en réanimation pour assistance respiratoire par ventilation mécanique ».

Brigades vérificatrices

On aurait ajouté qu’un quart des patients traités avec l’anakinra ont été transférés en réanimation ou sont décédés, contre près de 73% de ceux n’ayant pas eu cette thérapie. Que le groupe témoin avait été constitué formé de 44 patients qui avaient été auparavant pris en charge dans la même institution. Et que dans le groupe recevant l’anakinra, une diminution rapide des besoins en oxygène a été également observée au bout de 7 jours de traitement.

On aurait cité, avec l’AFP, le Pr Jean-Jacques Mourad, (service de médecine interne, Hôpital Paris Saint-Joseph, Paris) co-signataire de l’étude :  « En l’absence d’accès à des essais thérapeutiques incluant des médicaments immunomodulateurs pour nos patients, la décision (…) prise de proposer l’anakinra, selon des critères de gravité décidés de manière consensuelle et a priori, a rapidement changé le visage de la maladie en salle. Le bénéfice était palpable au quotidien. » Et ajouté qu’une douzaine d’essais cliniques explorant le blocage de la cytokine IL-1 associée au syndrome de tempête inflammatoire sont actuellement menés.

Avec cette conclusion, tirée d’un commentaire du The Lancet Rheumatology 2 : « Cette étude apporte la preuve la plus probante à ce jour que l’anakinra peut bénéficier aux patients souffrant du syndrome de tempête de cytokines associé à la Covid-19. Dans l’attente de résultats d’essais contrôlés, l’anakinra donne de l’espoir pour ceux qui sont gravement touchés par la Covid-19 ».

Mais il faut désormais compter avec les accusations du Pr Didier Raoult quant à la compromission des plus grandes revues médicales internationales, à commencer par The Lancet. Attendre, donc, l’éventuelle polémique quant à la réalité des effets annoncés de l’anakinara. Ne pas croire qu’il y a là un travail honnête et une vérité qui permet de nourrir une espérance thérapeutique. Attendre, désormais, le verdict des brigades vérificatrices.

A demain @jynau

1 « Anakinra for severe forms of COVID-19: a cohort study » Thomas Huet, Hélène Beaussier, Olivier Voisin, Stéphane Jouveshomme, Gaëlle Dauriat, Isabelle Lazareth, Emmanuelle Sacco, Jean-Marc Naccache, Yvonnick Bézie, Sophie Laplanche, Alice Le Berre, Jérôme Le Pavec, Sergio Salmeron, Joseph Emmerich, Jean-Jacques Mourad, Gilles Chatellier, Gilles Hayem (Hôpital Paris Saint-Joseph, Paris, Hôpital Marie Lannelongue, Université de Paris, INSERM, Hôpital Européen Georges-Pompidou)

2 « Coronavirus is the trigger, but the immune response is deadly ». Commentaire signé  Randy Q Cron Children’s of Alabama, Division of Rheumatology, University of Alabama at Birmingham).

Eric Zemmour vous explique la rencontre entre Emmanuel Macron et le Pr Eric Raoult

Bonjour

29/05/2020 « Populisme » : Dans son acception générale actuelle désigne une approche politique qui a tendance à opposer le peuple aux élites politiques, économiques ou médiatiques. C’est une chronique signée Eric Zemmour et publiée aujourd’hui dans Le Figaro « Raoult contre tous, tous contre Raoult ».  Extraits :

« La bataille autour de la figure du Pr Raoult devient foire d’empoigne. Selon la logique de la guerre analysée par Clausewitz, nous assistons à la montée aux extrêmes. Les études scientifiques répondent aux études scientifiques ; les anathèmes aux anathèmes ; les insultes aux insultes ; les menaces aux menaces. »

L’auteur y revient sur la publication désormais célèbre d’une étude dans The Lancet, étude gentiment qualifiée de « foireuse » par le Pr Raoult, directement visé. Eric Zemmour :

« Ce qui n’empêche pas le Haut Conseil de la santé publique de s’appuyer sur cette étude pour proscrire, à la demande du ministre de la Santé, Olivier Véran, qui ne le porte pas dans son cœur, le traitement du professeur marseillais. (…) Guerre d’ego entre mandarins. Guerre économique, guerre politique. Guerre géographique et sociologique aussi entre l’establishment parisien et le rebelle marseillais, voire entre les grands groupes pharmaceutiques mondialisés et le petit village gaulois qui refuse de se rendre. Les imaginaires ancestraux reviennent en force, ce qui est tout à fait normal dans une affaire où il est question de la vie et de la mort. »

Grands coups de clairon médiatique

Pour Eric Zemmour, avec l’actuelle pandémie, « il est inéluctable que les batailles médicales deviennent des guerres politiques, voire géopolitiques. Entre la Chine et les États-Unis, et au sein de chaque pays ». Et de revenir en France où, selon lui, Emmanuel Macron « incarne aux yeux des gens le pouvoir vertical et sa technostructure parisienne, les riches et les puissants ». Selon lui le président de la République « a tenté de désamorcer la force virale ‘’populiste’’ du Pr Raoult en lui rendant visite à grands coups de clairon médiatique. »

Et de citer Jacques Chirac :  «Quand je veux tuer, j’embrasse». « Mais Didier Raoult est toujours vivant et vendra cher sa peau » conclut Eric Zemmour, dans les colonnes du Figaro, sans préciser le prix.

Un président de la République tentant de « désamorcer » la « force virale » d’un microbiologiste qui estime faire partie des « élites »… Une embrassade présidentielle symbolique visant à ruiner une personnalité atypique soutenue (pour l’heure) par les vents médiatiques et certains courants politiques …

Opposer le peuple aux élites politiques, économiques ou médiatiques.

A demain @jynau

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«Diffuseur de populisme», Didier Raoult, microbiologiste, a-t-il un avenir politique?

Bonjour

27/05/2020. Didier Raoult est désormais, médiatiquement, partout. Sans jamais quitter Marseille. Hier il était en majesté sur LCI où il ne redoutait pas de se ranger chez les élites. Outre la une du Canard enchaîné il était, ce matin, retrouve cité, analysé, décrypté, dans le studio de France Inter qui invitait Marc Lazar, invité du « grand entretien » de Nicolas Demorand et Léa Salamé. Marc Lazar professeur d’histoire et de sociologie à Sciences Po, comme toujours enseignant éclairant.

Toile de fond : la défiance vis-à-vis des politiques des scientifiques, des journalistes « mainstream », des universitaires. Marc Lazar : « La défiance n’est pas simplement politique, elle est généralisée. C’est un défi considérable, qu’il va falloir relever. Il y a cette situation de fossé entre une partie des Français et ce qu’on appelle “les élites”, politiques, culturelles, médiatiques, du monde de la finance… C’est grave dans un pays comme le nôtre. »

Comment Marc Lazar analyse-t-il l’émergence d’une figure comme celle du Pr Didier Raoult qui cloue au pilori confrères, journalistes et politiques ? 

« C’est très intéressant, parce que le professeur Raoult, le 3 février, avait déclaré que ce qui se passait en Chine était localisé, que ce serait marginal en France… Il a changé d’opinion. Il a à son actif quelque chose de très important, qu’il ne faut pas négliger, c’est la politique de tests qu’il a développée. Mais ce qui est frappant, c’est la manière dont il a tiré à boulets rouges sur le pouvoir politique, sur les médias, sur le reste de ses confrères.  Ce qui m’intéresse beaucoup, c’est cette diffusion du style populiste. Le fait qu’il dise “je suis du côté des gens”, avec cet enracinement marseillais, la rivalité avec la capitale…

« Cette diffusion du populisme n’est plus simplement politique, elle est sociétale, elle se diffuse dans les médias, sur les réseaux sociaux. J’ai été très frappé hier dans son intervention [sur LCI] quand il a dit “j’adore le conflit intellectuel, il n’y a pas de progrès scientifique sans polémique”. C’’est contestable. Il y a deux choses à différencier : les polémiques intellectuelles (elles ont leur vitalité, elles sont importantes, souvent dans l’excès) et la controverse scientifique. C’est autre chose ! Je ne suis pas médecin donc je ne sais pas qui a raison entre l’OMS et lui, par exemple, mais les controverses scientifiques c’est faire une hypothèse, utiliser une méthodologie, faire des expériences, et administrer la preuve. Ça, c’est une controverse scientifique. Lui manifestement privilégie l’esprit polémique. A mon sens, c’est tout à fait emblématique de la période dans laquelle nous sommes actuellement. »

« Nous sommes dans une conjoncture où tout est possible »

Mais Didier Raoult peut-il émerger en trombe dans le champ politique ? Un Beppe Grillo à la française ?  Marc Lazar :

« Je ne sais pas quelles sont ses intentions, mais nous sommes dans une conjoncture où tout est possible. D’ailleurs on en a eu l’expérience, en 2016/2017, avec le surgissement d’Emmanuel Macron ! Il s’est présenté comme un outsider, comme un anti système politique, comme quelqu’un de nouveau… Il avait compris qu’il y avait un écroulement de la confiance dans les partis politiques et que tout était possible ! Oui, nous sommes dans des démocraties où tout est possible et où des outsiders peuvent surgir. Parce que nous sommes dans un moment très profond de mutation de nos démocraties, je crois que l’horizon des possibles est largement ouvert. On a encore deux ans. »

Comment comprendre qu’Emmanuel Macron accorde beaucoup d’attention à ces figures dites « anti-système » (Didier Raoult, Jean-Marie Bigard, Eric Zemmour…) 

« Il cherche à les canaliser, peut-être à les désamorcer. Il fait aussi des clins d’œil vers un certain type de comportement politique, très à droite dans le cas de Zemmour, car il a besoin de consolider cet espace politique, d’occuper tout le terrain. Est-ce la bonne solution ? C’est la grande question. Face à des candidats, à un signe de type populiste, est-ce que ceux qui veulent les combattre doivent aller sur leur terrain au niveau du style, redoubler de populisme pour l’emporter, ou est-ce qu’ils doivent avoir une stratégie totalement opposée ? »

Une certitude : il faudra suivre, analyser, décrypter les discours et le parcours du Pr Didier Raoult.

A demain @jynau

Chloroquine. Le Pr Raoult ne serait pas le médecin traitant du président Donald Trump

Bonjour

20/05/2020. Où l’on entre, en dépit du sujet, dans le loufoque transatlantique. C’est que, sur fond de pandémie et de polémique scientifique, de nouveaux propos ahurissants ont été tenus par l’un des hommes les plus puissants du monde – avec résonance de ce côté-ci de l’Atlantique. Et le public rit d’un spectacle à faire peur. En trois actes.

I Donald Trump, président des Etats-Unis. Il continue de défendre le recours à l’hydroxychloroquine contre la Covid-19. Lundi 18 mai, il a d’ailleurs assuré en prendre tous les jours un cachet – et ce « depuis une semaine et demie », avec l’accord de son médecin. « J’ai commencé à en prendre parce que je pense que c’est bon, j’ai entendu beaucoup de bonnes histoires » à ce propos, a-t-il ajouté, précisant qu’il n’était pas, lui, infecté par le nouveau coronavirus. « Vous seriez surpris de découvrir combien de personnes en prennent, en particulier celles qui sont en première ligne » a-t-il ajouté vantant désormais les mérites imaginaires d’une action non plus curative mais préventive.

« Donald Trump s’est entiché très tôt de ce médicament, rappelle notre confrère Gilles Paris dans Le Monde.  Il en a vanté les vertus supposées au plus fort de l’épidémie, en mars et en avril, alors que ses experts, à commencer par le directeur de l’Institut national américain des maladies infectieuses, le Pr Anthony Fauci, plaidaient la prudence et insistaient sur la nécessité de tests conduits de manière scientifique. »

Le 28 mars, la Food and Drug Administration (FDA) accordait une autorisation d’urgence pour permettre aux hôpitaux américains d’utiliser de l’hydroxychloroquine issue du stock national pour traiter des patients qui ne seraient pas autrement admissibles à un essai clinique. Un mois plus tard, le 24 avril, marche arrière de la même FDA mettant en garde contre « les sérieux problèmes de rythme cardiaque » dus à ce médicament.

Silence présidentiel puis nouvelle croisade et révélation de l’existence de son traitement – quelques heures après la publication d’un éditorial d’une particulière sévérité dans le Washington Post  – éditorial citant les conclusions négatives de travaux conduits dans l’Etat de New York par deux équipes de chercheurs auprès de plus de 2 800 patients, soit un groupe « bien plus grand que la toute petite recherche initiale du professeur franc-tireur Didier Raoult ».

II Pr Didier Raoult, microbiologiste à Marseille. Dans le sillage des remous qui suivirent les déclarations de Donald Trump le directeur également controversé de l’IHU de Marseille s’exprimait sur Radio Classique. Après avoir assuré qu’il venait d’être informé (« Je ne suis pas au courant, je ne suis pas son médecin traitant) le Pr Raoult a une nouvelle fois choisi de croiser le fer avec des ennemis absents:

« Je voudrais qu’on remette les choses en perspective et voir à quel point il y a eu une hallucination collective des médias et de certains dirigeants sur l’hydroxychloroquine, qui est l’un des médicaments les plus prescrits au monde. Tous les médecins en ont déjà prescrit (…). Il y a eu une dramatisation d’un médicament banal, classique, on a inventé de tout, des arrêts cardiaques, etc… ça doit être préventif de la folie, car ceux qui ne veulent pas en prendre deviennent fous. Il y aura un examen à faire de comment les médias se sont emballés. »

III Bruno Lemaître, généticien-psychologue à Lausanne. Ce spécialiste de la réponse immunitaire aux infections chez les insectes a commencé sa carrière auprès du professeur Jules Hoomann, prix Nobel 2011 de médecine vient de donner un passionnant entretien au Monde (Sandrine Cabut). Non pas sur les drosophiles (sa spécialité) mais bien sur les hommes.

« Parallèlement à son métier de chercheur, Bruno Lemaitre s’est lancé avec passion dans l’étude de la psychologie des personnalités, explique Le Monde. Il explore en particulier le narcissisme, et son influence dans les sciences et la société. Après un premier essai sur ce thème en 2016 (An Essay on Science and Narcissism, autoédition, non traduit), il a publié Les Dimensions de l’ego (éditions Quanto, 2019). » Extrait :

« Les crises comme la pandémie de Covid-19 contribuent-elles à propulser sur le devant de la scène des narcissiques ?

De manière générale, les personnalités narcissiques peuvent aimer les situations de crise, parce que leur forte confiance en eux-mêmes leur procure une forte résistance au stress qui leur permet de prendre des décisions rapides. Ce sont donc des moments d’émergence de nouveaux leaders, en politique notamment. Dans des crises scientifiques qui deviennent des enjeux publics, comme l’épidémie de sida, le réchauffement climatique ou aujourd’hui le Covid-19, des chercheurs à gros ego, que l’on connaît déjà dans la communauté, se révèlent au grand jour.

Ainsi les propos du microbiologiste Didier Raoult sur la pandémie et l’efficacité de l’hydroxychloroquine peuvent paraître surdimensionnés, mais il exerce une fascination sur certains publics. C’est finalement délétère pour la recherche, car les gens sont très en demande de ce traitement alors qu’on ne sait pas s’il est efficace, et on ne peut plus faire d’essais cliniques dans des conditions apaisées, ce qui retarde le processus. Didier Raoult est un chercheur reconnu, mais c’est aussi un homme de pouvoir. Il est difficile de lutter contre des personnes qui affichent une telle confiance, tout en prenant aussi, parfois, la position de victime de la communauté scientifique. Résultat, on est dans une situation très confuse. »

Notre consœur lui demande s’il existe des antidotes. Réponse : « Il n’y a pas de solution simple au problème de l’ego. Si on en avait une, on aurait évité bien des guerres, des individus comme Kadhafi, Bachar El-Assad ou Donald Trump n’auraient pas accédé au pouvoir. Sans aller jusque-là, nous avons tendance à choisir des leaders sûrs d’eux-mêmes, qui souvent déçoivent ensuite. Les dirigeants laborieux, éthiques, sont moins attractifs. »

Il ajoute que dans un récent article publié dans la revue The Leadership Quartely, des chercheurs suisses et allemands proposent une solution originale : choisir des leaders par tirage au sort. Selon leur étude, ce mode de sélection conduirait à des dirigeants moins enclins à abuser de leur pouvoir et qui prennent de meilleures décisions pour le groupe que les leaders « traditionnels ».

A demain @jynau

Covid-19 : pourquoi ces agressions anti-françaises dans les zones allemandes frontalières ?

Bonjour

13/04/2020. Que restera-t-il de l’Union européenne post-pandémique ? Ce n’est qu’un symptôme, rapporté par l’AFP, mais comment ne pas en faire état ? Ces dernières semaines des Français ont subi des agressions verbales ou vexations en se rendant dans les zones frontalières allemandes – zones moins touchées par l’épidémie que celles situées de l’autre côté de la frontière. Au point que le ministre allemand des Affaires étrangères a dû, samedi 11 avril, condamner publiquement de telles pratiques.

«Le coronavirus ne connaît pas de nationalité. C’est la même chose pour la dignité humaine. Cela fait mal de voir comment nos amis français sont parfois insultés et attaqués à cause du Covid-19. Un tel comportement n’est pas possible. Nous sommes dans le même bateau!», a twitté @HeikoMass

Même bateau ? Le ministre faisait écho à une déclaration de Anke Rehlinger, ministre de l’Economie de la Sarre, région limitrophe du Grand-Est français. Elle a récemment présenté ses excuses de la part de l’Allemagne. «On entend dire que les Français sont insultés et qu’on leur jette des oeufs. Quiconque fait cela pèche contre l’amitié de nos peuples, avait-elle regretté le 8 avril, là aussi sur Twitter. Je présente mes excuses à nos amis français pour ces incidents isolés».

Les faits remontent au mois de mars pour l’essentiel. A l’époque plusieurs maires de villes de Sarre, région limitophe du Nord-Est de la France, se sont émus d’insultes à l’égard de Français se trouvant dans la région, dans le contexte de la pandémie de nouveau coronavirus. Celui de Sarrebruck, la capitale régionale de Sarre, Uwe Conrad, les a jugées «inacceptables».

Solide « couple franco-allemand »

Michael Clivot, maire de la petite commune allemande de Gersheim, a aussi constaté «une certaine hostilité envers nos amis français» dans sa région. «Certains sont insultés et arrêtés dans la rue», «certains Français n’osent plus venir ici», s’est-il alarmé dans une interview récente au site t-online. Avec plusieurs de ses collègues, il s’est adressé à ses administrés dans des messages sur Facebook. Des Français l’ont approché pour lui pour dire qu’on leur avait craché dessus lors de promenades ou à la caisse de supermarchés. L’un d’eux s’est entendu dire «Retourne dans ton pays du corona!», a-t-il expliqué.

La consule de France en Sarre, Catherine Robinet, a confirmé à l’AFP la réalité d’incidents «isolés» en mars visant des Français dans cette région allemande, après la décision des autorités sanitaires allemandes de déclarer le Grand-Est français zone à risque concernant le coronavirus. Des commentaires hostiles avaient également été constatés sur certains forums internet.

Elle a indiqué que «plusieurs femmes de ménages françaises» travaillant en Allemagne pour une société de nettoyage, pour certaines depuis des années, «se sont vues refuser du jour au lendemain l’entrée dans leur entreprise» et ont été «choquées».

La consule de Sarre a toutefois appelé à ne pas «généraliser» un sentiment anti-français. Elle a indiqué avoir aussi reçu en parallèle de nombreux messages de sympathie et souligné que «l’inverse est aussi vrai» avec des réactions de mauvaise humeur de certains Français en France contre des Allemands.

On peut ne pas généraliser. On peut rappeler nos liens d’amitié, la solidité du « couple ». On ne peut pas ne pas s’inquiéter.

A demain @jynau

Coronavirus à Bethléem : «L’Armée israélienne, en accord avec l’Autorité palestinienne (…)»

Bonjour

07/03/2020. Officiel : Ce samedi 7 mars 2020, d’après les dernières données validées, on dénombre, en France, 716 cas confirmés. Deux décès supplémentaires ont été confirmés, en Hauts-de-France et en Normandie, portant désormais à onze le nombre de personnes décédées.

Les fidèles, innombrables, de la théorie du complot en feront leur miel : il y eut ce prêtre revenu de Rome qui, contaminé, conduisit Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, a prendre des mesures drastiques au sein des Eglises et durant les offices. Fin du serrage des mains et bénitiers vidés d’autorité. Puis la France découvrit le « cluster de Mulhouse » centré sur une église évangélique dont les autorités sanitaires laïques mesurent jour après jour la puissance disséminatrice sur le territoire national.

Vint ensuite la première contamination au sein du Vatican et les interrogations récurrentes sur la santé de Pape François (lire « Le Coronavirus au Vatican » –Slate.fr). Comme une traînée de poudre remontant l’histoire voici, aujourd’hui Béthléem où depuis quelques heures « l’entrée et la sortie de touristes » est interdite. Bethléem, principale ville touristique dans les Territoires palestiniens qui souffre de la découverte de seize cas de coronavirus en Cisjordanie, où l’état d’urgence sanitaire a été déclaré.

Selon un journaliste de l’AFP présent sur place, une vingtaine de cars de touristes sont restés bloqués plusieurs heures au check-point à l’entrée de Bethléem, ville où se trouve la basilique de la Nativité et située à moins d’une dizaine de kilomètres de Jérusalem. D’autres touristes, présents dans la ville palestinienne et pris de court par l’interdiction d’entrée et de sortie, cherchaient à en sortir pour rejoindre Jérusalem en contournant le barrage militaire, ont rapporté des témoins.

« Je confirme que les bus de touristes ne peuvent plus entrer à Bethléem, a déclaré à l’AFP Micky Rosenfeld, porte-parole de la police israélienne, qui contrôle ce point d’entrée à l’entrée de Bethléem. A la suite de découverte de coronavirus à Bethléem, une décision a été prise hier par le ministère israélien de la Défense en coordination avec l’Autorité palestinienne pour empêcher tout mouvement vers (et depuis) cette ville par les touristes et les habitants. »

Selon le bilan dressé par la ministre de la Santé Mai al-Kaila et l’agence palestinienne Wafa, neuf des seize personnes qui ont contracté le nouveau coronavirus en Cisjordanie  sont localisées dans la ville de Bethléem. Les autorités palestiniennes avaient décrété l’état d’urgence sanitaire de 30 jours, la fermeture de la basilique de la Nativité et l’interdiction pendant deux semaines des séjours de touristes dans ce territoire occupé par Israël.

« Des personnes contaminées ont visité la basilique » de la Nativité, a indiqué à l’AFP le Père Asbed Balian, de l’Eglise arménienne, qui gère en partie cette église, l’une des plus vieilles et les plus connues au monde « érigée sur le lieu de naissance de Jésus selon la tradition chrétienne ».

L‘esplanade entourant la Kaaba, au coeur de la Grande mosquée de La Mecque, est vide

 Le virus ne connaissant ni les frontières ni les occupations de territoire, côté israélien, vingt-et-un cas du nouveau coronavirus ont à ce jour été confirmés – ce qui a conduit les autorités à interdire dès le 6 mars l’entrée dans le pays –sauf rares exceptions– aux voyageurs en provenance de nombreux pays asiatiques et européens, notamment la France et l’Allemagne. Dès la veille la compagnie aérienne allemande Lufthansa avait annoncé l’annulation de tous ses vols à destination d’Israël. Les vols de la compagnie israélienne El Al en provenance de Zurich, Barcelone et Berlin ont aussi été annulés, ainsi que les trois vols d’Air France en provenance de Paris, et les vols des compagnies américaines United Airlines et Delta au départ de France et d’Allemagne.

Les fidèles de la théorie du complot doivent aussi savoir que, de même que les frontières, le virus ne fait guère de distinction entre les religions. Ainsi l’esplanade entourant la Kaaba, lieu le plus saint de l’islam situé au coeur de la Grande mosquée de La Mecque, est vide depuis le  jeudi 5 mars après avoir été désertée par les fidèles suite à la décision des autorités saoudiennes de la fermer «temporairement».   

Le royaume avait déjà décidé cette semaine de suspendre «temporairement» la Omra, le petit pèlerinage que les fidèles peuvent effectuer à tout moment de l’année, dans les villes saintes de La Mecque et Médine. Les fidèles étaient néanmoins toujours autorisés à s’y rendre pour leurs prières quotidiennes. Ces décisions sont intervenues dans le cadre des mesures prises dans les pays du Golfe, qui ont annulé plusieurs rassemblements, festivals ou événements sportifs. Les chaînes de télévision saoudiennes et des internautes ont diffusé des images d’un sol blanc immaculé autour de la Kaaba, structure cubique drapée dans une étoffe noire brodée d’or, un lieu généralement noir de fidèles.

Aujourd’hui 7 mars 2020  les autorités iraniennes ont fait état de vingt-et-un nouveaux décès dus au nouveau coronavirus et de 1076 cas d’infection détectés au cours des dernières 24 heures portant, officiellement, à 145 le nombre de morts et à 5823 celui des personnes contaminées dans le pays.

A demain @jynau

Coronavirus : Pékin interdit «Plague Inc», le jeu vidéo qui permet de créer ses pandémies

Bonjour

Magique. C’est la vieille histoire, toujours réinventée, du chien et de la rage. Ou celle, chinoise, du doigt montrant la Lune. Qui, aujourd’hui, ignore l’existence de  «Plague Inc», jeu vidéo qui permet de créer un virus pathogène pour le répandre ensuite à travers la planète. Une production hautement rentable de Ndemic Creations. Elle vient, en Chine, d’être bannie de la boutique d’applications en ligne du géant informatique Apple. Les usagers basés dans ce pays ne peuvent plus la télécharger sur l’App Store. Son retrait a été ordonné par  l’autorité de régulation de l’internet : contenu jugé «illégal», a indiqué Ndemic Creations

La société, basée au Royaume-Uni, a indiqué qu’elle essayait de contacter l’Administration chinoise du cyberespace «afin de comprendre ses préoccupations et de travailler avec elle pour trouver une solution». Cette puissante autorité gouvernementale n’a pas, ce 28 février, aux sollicitations de l’AFP. Egalement contacté, Apple n’a pas réagi. Ndemic dit ignorer si cette éviction est en rapport avec l’épidémie du nouveau coronavirus. Nul ne sait si c’est, ici, une forme d’humour britannique.

Agé de huit ans, «Plague -Epidémie-Inc» revendique désormais quelque 130 millions de joueurs dans le monde. L’objectif du jeu: créer de nouveaux types d’épidémie en infectant un «patient zéro» avec un virus, qu’il faut ensuite répandre le plus possible pour détruire la planète. A chaque apparition d’épidémies « véritables » comme Ebola (ou désormais celle de la Covid-19) le nombre de téléchargements explose. C’est ainsi, depuis peu, le jeu payant le plus téléchargé sur les boutiques d’applications en France. Jusqu’à quand ?

A demain @jynau