Chloroquine : le Pr Pialoux soupçonne le Pr Raoult de ne pas avoir respecté les règles éthiques

Bonjour

14/09/2020. C’est un entretien à bien des égards édifiant. Il est accordé au Monde (Sandrine Cabut) par le Pr Gilles Pialoux « Le Covid-19 peut entraîner un broyage social, avec des glissements entre causalité et responsabilité ». Le chef du service de maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon depuis 2004 y est interrogé à propos de son dernier ouvrage : Nous n’étions pas prêts (éditions JC Lattes, 250 pages, 18 euros), Où l’on retrouve l’une des principales polémiques du moment. .

Question du Monde : Concernant l’hydroxychloroquine, vous êtes très critique envers la méthodologie des études de Didier Raoult, et envers sa communication. Vous faites même un parallèle avec l’affaire de la cyclosporine dans le traitement du sida, et celle de la mémoire de l’eau. Pensez-vous qu’il y a eu fraude ?

Un « parallèle » avec l’affaire dite de « la mémoire de l’eau » ? Il nous faudra nous pencher sur l’ouvrage pour tenter de comprendre où peuvent bien se cacher les parallèles. Reste l’affaire de Marseille et du Pr Raoult. Le Pr Pialoux :

« Les carences méthodologiques des essais de l’équipe de l’lnstitut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille ont été largement décriées, tout comme leur communication outrancière via YouTube ou dans des revues autopromotionnelles. Mais au-delà, le cadre éthique pose un réel problème, comme l’a révélé Libération 1. J’ai pu confirmer, en consultant des rapports des comités de protection des personnes (CPP), que l’IHU semble effectivement s’être assis sur les règles gérant les recherches cliniques sur l’homme.

« Dans l’histoire du sida, les essais cliniques hors cadre ont fait l’objet d’un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de la direction générale de l’administration et de l’éducation nationale, en 1995. Il me semble que ces études pourraient relever de l’IGAS. Cette histoire a fait en tout cas beaucoup de mal à la recherche clinique. Sans compter toute cette violence sur les réseaux sociaux pour une molécule qui n’a pas prouvé son efficacité. La situation actuelle de l’épidémie à Marseille nous renvoie tous à l’humilité. »

« Humilité ». C’est un bien grand mot qui est ici prononcé. Le Monde : « Vous en voulez aussi aux ‘’experts déconnectés de la réalité’’, qui délivrent des informations erronées. A l’heure où l’épidémie repart en France, quels sont vos messages principaux ? ». Réponse de l’infectiologue parisien :

« Au début de cette pandémie, des spécialistes se sont trompés en parlant de ‘’grippounette ‘’, des modélisations se sont révélées fausses. Dans un phénomène émergent, ces erreurs sont inévitables, mais leur reprise en boucle a créé un courant de négation qui diffuse partout, même chez des chroniqueurs, des philosophes et certains médecins qui nourrissent les dérives complotistes.

« Pour la deuxième vague, il faut accepter de dire : ‘’Je ne sais pas.’’ Par exemple, la place des enfants dans la chaîne de transmission est encore mal connue, idem pour la durée de l’immunité. Et il persiste beaucoup d’incertitudes sur les modes de transmission. On devrait pouvoir laisser l’incertitude exister sans se sentir obligé de donner une opinion. Par ailleurs, pour prendre certaines décisions politiques, comme la généralisation du port du masque, il n’y a pas besoin de preuves de son efficacité. Aujourd’hui, il y a une montée du discours antimasque, mélangée avec des discours antivaccins, anti-5G, etc., et la confusion est attisée par un certain nombre de pseudo-experts et par les réseaux sociaux. Je suis inquiet de cet environnement délétère qui coïncide avec la remontée de l’épidémie. »

Mais qui, aujourd’hui, peut prendre la liberté de ne pas être inquiet ?

A demain @jynau

1 Le Pr Didier Raoult sera-t-il condamné à ne plus pouvoir exercer? Slate.fr 8 septembre 2020

Après la mairie de Paris, Agnès Buzyn bientôt nommée à la tête du Palais de la Découverte ?

Bonjour

18/08/2020. La face du monde n’en sera peut-être guère changée mais le citoyen français doit savoir que François Bayrou sera nommé mi-septembre à la tête d’un Haut-commissariat au Plan de modernisation et d’équipement du pays. Il devrait jouir d’un lien direct avec le Chef de l’Etat et conserver sa mairie de Pau. Où l’on saisit assez mal la différence entre le nouveau monde politique et celui qui le précédait.

Autre symptôme d’une forme de surplace politique. Depuis le 30 juin au soir, Bruno Maquart n’est officiellement plus président d’Universcience ; un établissement public qui réunit ces deux monuments que sont la Cité des Sciences et le Palais de la Découverte à Paris – sous double tutelle, du ministère de la Culture et du ministère de l’Enseignement supérieur.

Bruno Maquart avait été nommé à la tête de l’établissement il y a cinq ans. Et depuis peu il ne fait nullement mystère de vouloir y rester, souhaitant être reconduit dans ses fonctions. Un parcours riche et des fonctions multiples : ingénieur agronome, ancien élève de l’École nationale d’administration, inspecteur général des affaires sociales, ancien directeur de cabinet de Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, ancien directeur général du Centre Pompidou de 2001 à 2007, il avait également été directeur général de l’Agence France-Muséums, chargée du Louvre Abou Dhabi, jusqu’en 2010.

Depuis cinq ans il s’était centré sur le public des jeunes adultes et sur les seniors. Des offres segmentées, et une politique d’exposition grand public ont fait que la Cité des Sciences avait enregistré une fréquentation record avec 2,9 millions de visiteurs en 2019 (soit une hausse de 31% en 5 ans). 

Puis l’épidémie a, là aussi, cassé cette dynamique, imposant une « jauge de fréquentation » divisée par dix. Puis une information du Canard enchaîné révélant qu’Emmanuel Macron allait bientôt offrir le siège de la présidence d’Universcience à Agnès Buzyn, son ancienne ministre des Solidarités et de la Santé – Agnès Buzyn qui souhaitait à tout prix, et de longue date, faire une « carrière politique ».

Une ministre ayant les pleins pouvoirs mais qui a voulu abandonner le gouvernement avant de perdre tous ses espoirs de devenir maire de Paris dans les conditions catastrophiques que l’on sait. Un proche d’Emmanuel Macron confie que cette médecin, hématologue de formation, ancienne présidente de différents Instituts, aujourd’hui conseillère du 17ème arrondissement de Paris serait « tout à fait légitime ». 

Le citoyen peut parier : Bruno Maquart ou Agnès Buzyn ?

A demain @jynau

Vaccin anti-Covid: comment AstraZeneca va-t-il aussi vite, et avec tant de volontaires ?

Bonjour

21/07/2020. C’est une question qui n’est jamais posée 1. Aujourd’hui, invité de RTL soir, Pascal Soriot PDG de la multinationale pharmaceutique AstraZeneca . Il est interrogé sur « son essai de vaccin qui enregistre des résultats prometteurs » – une simple publication préliminaire dans The Lancet qui, depuis 24 heures jouit d’une formidable traitement médiatique. Poursuite de la promotion sans retenue : extrait des propos de M. Soriot :

« Les résultats que l’on a eu jusque-là, sont effectivement indicateurs d’une efficacité clinique mais il va falloir le démontrer dans cette phase 3 qu’on est en train de conduire. […] Il y a une réponse du système immunitaire à ce vaccin […] il faut démontrer que cette réponse immunitaire, elle est protectrice et c’est ce qu’on est en train de faire dans les essais de phase 3 qui sont en cours. » 

Et puis ceci : « On a vacciné 10.000 volontaires en Angleterre, on est en train de faire vacciner 5.000 volontaires au Brésil, 2.000 et quelques volontaires en Afrique du Sud et on va faire une étude en Inde […] Quand on aura fini le programme de phase 3 à l’automne, on aura vacciné à peu près, 50.000 personnes peut être même 60.000. […] » 

Et M. Soriot de conclure :

« « L’espoir c’est surtout de protéger les gens contre la maladie. L’objectif principal c’est d’éviter de tomber malade. Notre objectif final c’est de protéger contre le virus mais si on peut déjà protéger contre la maladie ça sera un très grand premier pas. […] Ce qu’on espère c’est avoir au moins une protection de 1 an. […] Notre espoir c’est d’avoir des résultats à l’automne. On pense qu’on pourra être en mesure de livrer du vaccin à la fin d’année au plus tard, peut-être un peu plus tôt si tout va bien. […] Notre objectif c’est de servir, d’apporter les vaccins à tout le monde […] à prix coûtant, […] 2 euros 50 autour de ça, à l’unité. […] On essaiera de servir tout le monde au même moment en commençant avant la fin de l’année. »

On attend, sur RTL, RMC ou France Inter, les innombrables concurrents d’AstraZenaca. Peut-être alors interrogera-t-on sur les éventuels sollicitations, défraiements, expérimentations, rémunérations ?

A demain @jynau

1 « Covid-19: va-t-on injecter le virus aux volontaires qui testent les vaccins ? » Slate.fr, 3 juillet 2020

Futurs vaccins contre la Covid-19 : communiquer à tout prix, faute de pouvoir encore démontrer

Bonjour

20/07/2020. Où situer ces informations dans la hiérarchie des avancées médicales ? Deux « projets de vaccins » contre la Covid-19 – l’un britannique, l’autre chinois – auraient produit une « réponse immunitaire importante » et démontré dans le même temps « leur sûreté pour les patients ». Ce sont les conclusions de deux essais cliniques distincts, publiés lundi 20 juillet en fanfare médiatique dans The Lancet.

« Le vaccin d’Oxford comme celui de CanSino sont constitués d’un adénovirus modifié, qui ne se réplique plus, ce qui les rend plus sûrs, notamment pour les patients fragiles, rapporte l’AFP reprise par de nombreux médias. Aucun des deux essais n’a enregistré d’effet indésirable grave. Les effets secondaires les plus observés ont été de la fièvre, de la fatigue et une douleur ressentie au point d’injection du vaccin. »

Grande publicité mais forte prudence : ces essais cliniques se situent encore dans une phase préliminaire (phase 1/2 et phase 2), et leur efficacité devra être établie dans un essai de phase 3, sur un nombre de participants plus important, avant que soit envisagée leur commercialisation à grande échelle. « Si notre vaccin s’avère efficace, c’est une option prometteuse, car ce type de vaccin peut être fabriqué facilement à grande échelle », a commenté Sarah Gilbert, chercheuse à l’université d’Oxford et cosignataire de la publication. Comment pourrait-elle dire le contraire ?

« Dans la foulée de la publication des résultats de son essai de phase 1 pour un vaccin contre le Covid-19, la société américaine de biotechnologies Moderna a annoncé le lancement d’un essai de phase 3. L’étude doit débuter dès le 27 juillet avec 30 000 patients aux États-Unis, alors que les conclusions de la phase 2, menée sur 600 personnes depuis mai, sont encore attendues » précisait d’autre part, il y quelques jours, Le Quotidien du Médecin (Elsa Bellanger).

Connu sous le nom de mARN-1273, le candidat vaccin, constitués des ARN messagers, a induit une réponse immunitaire chez tous les participants du premier essai. L’étude, publiée le 14 juillet dans le « New England Journal of Medicine », a porté sur 45 patients (de 18 à 55 ans), répartis en trois bras (doses de 25 μg, 100 μg et 250 μg). Les participants ont reçu deux injections à 28 jours d’intervalle et tous ont déclenché des anticorps.

Ces résultats ont été qualifiés d’« encourageants » par l’immunologiste Anthony Fauci, du National Institute of Allergy and Infectious Diseases et conseiller du président américain – qui n’a pas participé à ce travail. La phase 2, menée sur 600 patients, a débuté en mai. Les résultats n’ont pas encore été publiés. Ils ne sauraient, désormais, tarder.

A demain @jynau

Huntington : surprenante découverte de malformations cérébrales au stade embryonnaire

Bonjour

6/07/2020. On sait que la maladie de Huntington est une maladie neurologique génétique qui apparaît généralement à l’âge adulte. Des chercheurs français viennent d’annoncer dans Science avoir découvert l’existence d’anomalies cérébrales dans des cerveaux d’embryons humains porteurs de la mutation responsable de cette pathologie 1. Les auteurs sont des chercheurs et des cliniciens de l’Inserm, de l’Université Grenoble Alpes, de Sorbonne Université, du CNRS et de l’AP-HP, du Grenoble Institut des neurosciences et de l’Institut du cerveau. Ces travaux explique l’Inserm « interrogent sur les mécanismes de progression silencieuse de la maladie et sur le moment et la façon de traiter les patients dans le futur ».

Maladie de Huntington : maladie génétique du système nerveux central, rare et héréditaire ; se manifeste habituellement entre les âges de 30 et 50 ans par des troubles psychiatriques, cognitifs et moteurs qui s’aggravent progressivement ; est due à la mutation du gène codant pour une protéine nommée « huntingtine » ; se transmet sur un mode dit « autosomique dominant » : hériter d’une seule copie pathologique est suffisant pour développer la maladie ; environ 18 000 personnes sont concernées en France : 6 000 présentent déjà des symptômes et on estime que près de 12 000 présentent le gène porteur de la mutation mais sont asymptomatiques.

Les équipes de Sandrine Humbert (Grenoble Institut des neurosciences) et de la Pr Alexandra Durr, (Sorbonne Université, Pitié Salpêtrière, Institut du cerveau) s’intéressent aux stades précoces de la maladie de Huntington et à la longue période qui précède l’apparition des symptômes. elles se sont ici penchées sur le moment auquel pourraient survenir les anomalies cérébrales.

Espérer

Les équipes ont étudié des cerveaux d’embryons humains de treize  semaines –  « issus de dons des parents suite à une interruption médicale de grossesse ». Elles ont observé plusieurs différences entre des embryons porteurs de la mutation du gène codant pour la huntingtine et d’autres non porteurs.

« Chez les premiers, la protéine huntingtine pathologique est anormalement localisée dans les cellules progénitrices à l’origine des neurones du cortex. Cette localisation anormale est associée, entre autres, à des problèmes de localisation de protéines de jonction dans ces cellules et à des altérations de taille, de densité et d’orientation du cil, un organite essentiel au fonctionnement de ces cellules. »   Les chercheurs ont renouvelé l’expérience avec un modèle de souris de la maladie de Huntington à un stade équivalent de développement embryonnaire et ont retrouvé les mêmes anomalies, explique l’Inserm. Ce travail leur a ainsi permis de valider ce modèle animal pour poursuivre l’exploration des mécanismes précoces de la maladie à d’autres stades du développement embryonnaire ou après la naissance.

« C’est la première fois que des anomalies du développement cérébral sont mises en évidence dans cette maladie. De plus, celles-ci sont relativement importantes et étendues bien que nous ne soyons pas encore capables de déterminer leurs conséquences directes », expliquent les auteurs.

Question : pourquoi les porteurs de la mutation ne manifestent-ils alors aucun symptôme avant un âge avancé ? «  À ce stade, nous posons l’hypothèse que le cerveau met très tôt en place des mécanismes de compensation qui permettent un fonctionnement normal. Il se pourrait d’ailleurs qu’il en soit de même chez les personnes porteuses de mutations associées à d’autres types de dégénérescence comme la maladie d’Alzheimer ou la sclérose latérale amyotrophique », répondent Mmes Humbert et Durr.

Selon elles cette découverte aura des conséquences importantes sur la façon et le stade auxquels les traitements qui modifient le cours de la maladie doivent désormais être envisagés. Comment, dans le désert de la thérapeutique, ne pas l’espérer ?

A demain @jynau

1 Barnat M, Capizzi M, Aparicio E et al Huntington disease alters human neurodevelopment https://science.sciencemag.org/cgi/doi/10.1126/science.aax3338

Vérité sur l’hydroxychloroquine : la dernière étude du Pr Didier Raoult ? C’est «nul de chez nul !»

Bonjour

28/06/2020. Se faire désirer. De même que le désir peut loger chez une précieuse, la violence peut ne pas être absente chez les servants de la science. Force est ici de reconnaître que ces dernières semaines le Pr Didier Raoult est parvenu, depuis son Fort Vauban de Marseille, à faire sauter quelques couvercles. Il entrouvre les sombres coulisses d’un spectacle généralement parfaitement rôdé sur scène, impose des réactions violentes, dynamise l’ensemble de la troupe quand il ne la fracture pas.

Dernière représentation en date, 24 juin : Monsieur Loyal face à la commission d’enquête de l’Assemblée nationale. Un spectacle de plus de trois heures que l’on peut revoir, gratuitement, à l’envi et grâce à LCP, en cliquant ici. Trois heures … Nous étions passé trop vite sur un passage édifiant, trois minutes seulement avant la fin. Question du généticien reconnu et député  Philippe Berta (MoDem, Gard). Quand la plupart des députés minaudent, lui parle d’égal à égal avec l’omniscient directeur général de l’IHU Méditerranée Infections, cette « Rolls Royce »  de l’infectiologie obtenue, souligne-t-il, grâce au « grand emprunt ». Question :

 « (…) Pourquoi, mais pourquoi  n’avez-vous pas mené une étude clinique digne de ce nom, dès le départ, qui aurait pu définitivement répondre, oui ou non, l’hydroxychloroquine a un effet ? (….) Je connais tous vos travaux, votre science bien établie (…) Vous saviez très bien que ces pseudo-essais thérapeutiques, ces pseudos essais-cliniques n’étaient absolument pas recevables par qui que ce soit (…). Pourquoi ne l’avez-vous pas fait cet essai ? Cela nous titille tous dans notre communauté, dès le départ. »

« Je reste un grand scientifique après avoir publié ça ! »

 Visiblement surpris, dérangé, agacé par cette froide attaque le Pr Raoult a dit qu’il n’était « pas d’accord avec ça », expliqué que ce qu’il avait fait n’était que de l’ « éthique basale » (résumé : «l’éthique n’a rien à voir avec la méthodologie ; quand on a la preuve que quelque chose marche on arrête l’essai »). Puis, désolé des propos de son confrère, le microbiologiste a dit « aimer beaucoup son essai » (sic), avant d’asséner son coup de marteau : « Contrairement à ce que vous dites « moins il y a de gens dans un essai, plus c’est significatif. (…) Tout essai qui comporte plus de 1 000 personnes est un essai qui essaie de démontrer quelque chose qui n’existe pas. C’est de l’intox…. » Avant de poursuivre sa démonstration et de conclure  : « Je suis un très grand méthodologiste ! (…) J’étais, avant,  un grand scientifique et, après ça je reste un grand scientifique après avoir publié ça. »  Fin des débats parfaitement conduits par Brigitte Bourguignon (LREM, Pas-de-Calais) présidente de la Commission d’enquête

Puis rebondissement : le 25 juin, au lendemain de cet échange éclairant, le Pr Raoult publiait dans Travel Medicine and Infectious Disease (TMAID ;  revue très proche de l’lHU Méditerranée) une vaste étude portant sur 3 119 personnes traitées avec le « protocole Raoult » comparées à d’autres patients ayant bénéficié d’un autre traitement. Conclusion :

 « Les résultats suggèrent qu’un diagnostic, un isolement et un traitement précoces des patients Covid-19 avec au moins trois jours d’administration d’hydroxychloroquine et d’azithromycine conduisent à des résultats cliniques significativement améliorés et à une baisse de la charge virale plus rapide qu’avec d’autres traitements. »

Cette étude était très attendue, évoquée à plusieurs reprises par Didier Raoult comme une sorte de point d’orgue de ses travaux ; une « étude rétrospective » dont les conclusions sont toujours infiniment plus fragiles que le standard des « essais cliniques prospectifs ». Le Monde (Hervé Morin) a patiemment, méthodiquement, journalistiquement, cherché à en évaluer la valeur. Le bilan laisse plus que songeur.  « Nul de chez nul », résume Dominique Costagliola, directrice adjointe de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (Sorbonne Université, Inserm) qui énumère les raisons pour lesquelles la comparaison entre les patients traités et les autres n’est en rien valide.

Mathieu Molimard (université de Bordeaux) pharmacologue et pneumologue : « Que peut-on dire ? On compare des choux et des carottes et même en ajustant la taille des feuilles cela reste des choux et des carottes. » 

Anton Pottegard, professeur de pharmaco-épidémiologie (University of Southern Denmark) qui a récemment contribué à définir des directives pour bien mener de telles études face à l’urgence liée au Covid-19 – directives approuvées par la Société internationale de pharmacoépidémiologie : « Pour faire court, je n’ai pas confiance dans les résultats de l’étude, indique-t-il. Pourquoi ? Parce qu’elle ne répond pas aux exigences les plus basiques auxquelles elle devrait souscrire. Il y a de nombreux problèmes, chacun étant très préoccupant. Pris ensemble, ils rendent cette étude 100 % inutile pour guider la pratique clinique. »

« Embrasser les patients sur le front pendant trois jours »

Il s’explique : « Ceux qui sont traités sont comparés à ceux qui ne le sont pas. Le principal problème est que ceux qui ne survivent pas au traitement sont classés comme non traités. » Il propose une comparaison : « Je pourrais proposer un nouvel essai clinique : embrasser les patients sur le front pendant trois jours. Je comparerais ceux qui auraient reçu les trois baisers à ceux… qui n’auraient pas survécu pour les recevoir. L’effet du traitement serait formidable : aucun des patients ayant reçu mon traitement ne serait mort. » 

Le Monde rapporte encore que Didier Raoult, qui avait espéré faire paraître ses travaux dans The Lancet, nettement plus prestigieux que son TMAID – mais que le journal médical britannique l’avait rejetée d’emblée. Il est vrai, conspirationnisme ou pas que The Lancet, en raison de son tropisme anti-Trump et donc antihydroxychloroquine avait préféré publier une étude défavorable à cette molécule ; étude controversés puis rétractée, qualifiée de «foireuse » par Didier Raoult qui avait ensuite évoqué les « Pieds nickelés » du Lancet et les failles majeures du système de relecture-validation des publications de cette -toujours- prestigieuse revue.

Le dernier clou marseillais est enfoncé depuis le Danemark. « Bien que ça me chagrine, je dois en conclure que sa publication [du Pr Raoult] est un nouvel exemple d’une faillite complète du système de relecture par les pairs » déclare Anton Pottegard. Contactés par Le Monde pour réagir à ces critiques (qui les transforment en arroseurs arrosés) le Pr Didier Raoult et son équipe n’avaient pas répondu au moment du lancement des rotatives numérisées. Cela ne saurait tarder.

A demain @jynau

Philippe de Villiers accuse le Pr Jean-François Delfraissy d’avoir pris le pouvoir politique

Bonjour

09/06/2020. Le déconfinement autorise toutes les surprises. Ainsi, ce matin, sur RTL le vicomte ancien ministre Philippe de Villiers nous parlant de sa tendresse et de son amitié pour Emmanuel Macron – tendresse et amitié qu’il exprime dans son dernier livre traitant des « Gaulois réfractaires » qui « demanderaient des comptes au Nouveau Monde » (Editions Fayard).   

« De tendresse et d’amitié oui. Parce que en réalité, Emmanuel Macron est venu au Puy du Fou en août 2016, il a découvert le Puy du Fou, […] et depuis il n’a cessé de manifester des intentions pour cette œuvre qu’il considère comme un fleuron français. 

« C’est une amitié dans la vérité, je vais être très précis. […] En même temps je lui demande de sauver le Puy du Fou, en même temps je lui demande de sauver la France. Ça va bien pour la première chose mais pas pour la seconde. »

On se souvient peut-être que « Gaulois réfractaires » est un concept forgé par Emmanuel Macon et présenté en août 2018 à Copenhague pour évoquer le peuple français 1. Emmanuel Macron, à la hauteur de la crise ?

« Ce n’est pas une question de personne, c’est plus grave que ça, ça remonte à plus loin. Quand la mort revient, la mort de masse, ou la guerre, alors les peuples se tournent vers les états, vers les nations, vers la souveraineté. »

« L’impréparation c’est simple. Depuis Maastricht, quand vous décidez de brader votre souveraineté, que vous n’êtes plus souverain […] vous n’avez plus de notion de prévoyance. C’est l’affaire des masques, c’est l’affaire des tests. »

L’articulation entre le savoir scientifique et le pouvoir politique

Et c’est ici que l’on en vient  au Pr Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique du gouvernement – structure voulue par Emmanuel Macron et créée dans le secret le plus complet. Jean- François Delfraissy convoqué sur le pré par Philippe de Villiers :

« On a eu un confinement qui était une erreur et on a un déconfinement trop lent. Il fallait faire un confinement ciblé, comme on fait beaucoup de pays. […] Si on avait fait ça […] on aurait épargné ce qu’on va vivre maintenant : c’est la deuxième vague. Et la deuxième vague elle n’est pas sanitaire, elle est économique.  Quand le masque s’avérait nécessaire on nous a interdit d’en porter, et voilà que maintenant on nous oblige à en porter quand ce n’est plus nécessaire. C’est absurde. »

Concernant  Jean-François Delfraissy et le Conseil scientifique, ce message au président de la République et aux responsables politiques :

« On ne doit pas donner le pouvoir quand on l’a, à d’autres.  Si vous donnez le pouvoir à des médecins, à des scientifiques, ils prennent le pouvoir. Jean-François Delfraissy en fait, il a pris le pouvoir et on a vu que les scientifiques se trompaient largement autant que les hommes politiques.  C’est le conseil scientifique qui a poussé le gouvernement à décider le confinement. »

C’est là une nouvelle pièce à transmettre aux commissions d’enquête du Sénat et de l’Assemblée nationale. Un occasion, aussi, de dire toute l’importance qu’il faut ici accorder à la nature exacte de l’articulation entre le savoir scientifique et le pouvoir politique. Jean-François Delfraissy a-t-il, ici, un instant, « pris le pouvoir » ? Si oui l’a-t-il, déjà, rendu ?

A demain @jynau

1 Devant la reine de Danemark, Margrethe II, Emmanuel Macron s’était amusé, mercredi 29 août 2018, à comparer les Danois, « peuple luthérien » ouvert aux transformations, aux Français, des « Gaulois réfractaires au changement ». Evoquant son admiration pour le modèle danois de « flexisécurité », il avait alors admis que les différences culturelles entre les deux nations ne permettaient pas de le répliquer à l’identique.

Face aux nombreuses réactions critiques, le chef de l’Etat avait expliqué le lendemain au cours d’une conférence de presse en Finlande, que ces propos étaient « un trait d’humour » : « Il faut prendre un peu de distance avec la polémique et les réseaux sociaux. J’aime la France et les Français, n’en déplaise, et je l’aime dans toutes ses composantes. Je les aime, ces tribus gauloises, j’aime ce que nous sommes. »

Hydroxychloroquine : mais pourquoi diable le Christ s’est-il arrêté à Marseille ?

Bonjour

31/05/2020. Jour de Pentecôte. Questions : Comment lutter contre la promesse d’un traitement miraculeux ? Comment sortir du face-à-face entre un professeur au discours de gourou et des scientifiques aux airs de rats de laboratoires ? Elles sont posées, dans Libération par le Pr. Frédéric Adnet, chef de service des urgences de l’hôpital Avicenne, chef du SAMU 93. Edifiant.

Moins bien connu du plus grand nombre que le microbiologiste de Marseille, le Pr Adnet est néanmoins apparu, ces derniers temps, dans les médias télévisés, où il sait parler haut, clairement, et fort – comme après des propos inexcusables du préfet de police Lallement sur le confinement.

Aujourd’hui, dans Libération il s’attaque à une autre montagne. Il nous confie sa découverte, via une vidéo YouTube, du Pr Didier Raoult. « Dans un cours ‘’improvisé’’, celui-ci expliquait, doctement, les éléments d’un traitement miraculeux du Covid-19 : l’hydroxychloroquinen raconte-t-il. Devant nos yeux ébahis, nous assistions, dès l’administration de ces molécules, à l’effondrement des courbes de charges virales ! Étudiée de plus près, d’un point de vue rationnel et au regard de la rigueur scientifique, la démonstration était… catastrophique. De quoi jeter sa copie au nez d’un interne négligent. Peu importe ! Le ton était donné. D’un côté, l’intuition du professeur, étayé par une communication professionnelle et un sens aigu de la vulgarisation ; de l’autre, des scientifiques, à l’expression austère, prudente, et peu enclins à se faire mettre en pièces par les réseaux sociaux. En un mot, un discours de gourou face au murmure de rats de laboratoires. »

Comment lutter contre une réponse simple à une question complexe ? Comment, en ce jour de Pentecôte, lutter contre un miracle attesté « par une multitude de scientifiques autoproclamés, des professeurs retraités à la recherche d’une ultime heure de gloire, de politiciens flairant le bon coup, faux spécialistes mais vrais communicants, avides de s’associer à une des nombreuses découvertes fracassantes sur la prise en charge de la Covid-19. » ?

On lira la tonique tribune du Pr Adnet dans Libé : « Hydroxychloroquine : le Christ s’est arrêté à Marseille ». Extraits :

« Plus fort que l’absence de méthode scientifique, il y a la méthode de persuasion, toujours la même, l’appel à des bribes d’observations plus ou moins crédibles qu’un rapide raccourci transforme en un lien de causalité pour aboutir à une conclusion logique, mais fausse, et surtout jamais soumise à une expérimentation comparative. On pourrait appeler cela un sophisme rigoureusement scientifique. (…)

« Aller vite ! Cet argument a été invoqué par le Pr Didier Raoult lors de la présentation des 1 061 patients inclus dans une recherche observationnelle. Mais pourquoi ne pas avoir inclus un groupe de patients «contrôle» obtenu par tirage au sort (randomisation) ? La comparaison des deux groupes aurait pu donner une réponse définitive. Sa réponse ? L’intuition, toujours l’intuition, encore l’intuition, tellement forte qu’elle devient force de loi scientifique ! Ne restait plus qu’à trouver LE médicament miracle…

« En médecine, cela existe, comme on l’a vu lors de la découverte de la pénicilline, mélange de hasard et de rigueur scientifique, et non due à la seule intuition ! (…) Le problème, majeur, se pose quand la seule intuition, et une communication à grand spectacle veulent tenir lieu de preuve. Et que face à un quasi divin fondé sur la croyance – «je sens, je sais, donc tu dois croire» – la médecine officielle et ses contre-pouvoirs paniquent en réagissant d’une façon tout aussi maladroite. »

Et le Pr Adnet de revenir sur le dernier et spectaculaire épisode de la série :  la publication dans The Lancet, d’une étude observationnelle rétrospective associant surmortalité et traitement par l’hydroxychloroquine.  Les auteurs soulignaient qu’il s’agissait d’une étude à bas niveau de preuve (absence de lien de causalité) et concluaient que, seule, une étude randomisée prospective pourrait répondre au lien entre hydroxychloroquine et efficacité/dangerosité dans le traitement de la Covid-19.

« Bref, l’article donnait certes une piste importante, mais ne permettait pas de trancher… résume le Pr Adnet. Peu importe ! La réponse de nos tutelles OMS et ANSM, a été immédiate et radicale : interdiction des essais sur la chloroquine ! Une réponse couperet qui n’aura évidemment comme conséquence que d’éterniser le débat et d’enraciner des théories obscurantistes ou complotistes. Ainsi, on ne pourra plus démontrer que son protocole ne marche pas, voire qu’il peut être dangereux… Un beau cadeau à la médecine fondée sur la croyance. Quelle aberration ! C’est la victoire totale du Pr Didier Raoult. »

Ainsi donc le Christ a bien fait une halte à Marseille. « La grande victime de cette spectaculaire et brutale confrontation est donc bien au final la médecine conclut l’urgentiste. Pas celle de la croyance, grande gagnante de ce spectacle, mais bien l’autre médecine, la nôtre, celle fondée sur les preuves. » 

A demain @jynau

A lire également, sur ce thème : Essais cliniques au cours de la pandémie Covid-19 : Cibles thérapeutiques, exigences méthodologiques, impératifs éthiques Académie nationale française de médecine, 29 mai 2020

Covid-19 : la nicotine pourrait-elle vraiment, un jour prochain devenir une thérapeutique ?

Bonjour

22/04/2020. C’est une nouvelle découverte à fort potentiel médiatique et qui n’est pas sans risque : la nicotine aurait des vertus préventives contre la maladie Covid-19. L’information résulte d’une une étude menée par des chercheurs du CNRS, de l’Inserm, de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, de Sorbonne université, du Collège de France et de l’Institut Pasteur. Un travail  publié dans les Comptes Rendus de Biologie de l’Académie des sciences « A nicotinic hypothesis for Covid-19 with preventive and therapeutic implications » (Jean-Pierre CHANGEUXZahir AmouraFelix ReyMakoto Miyara).

« L’hypothèse des chercheurs est fondée sur la conjonction de deux approches scientifiques différentes mais complémentaires » résument les institutions sous l’égide desquelles ces travaux ont été menés. Un premier constat, fait dès la publication des séries initiales de patients Covid-19, est celui d’un taux faible de fumeurs dans cette population. » C’est  ce signal (dont l’interprétation était impossible en raison de nombreux biais méthodologiques) qui a suscité une première étude française prenant en compte ces facteurs confondants. Et cette étude « vient confirmer que les fumeurs actifs sont protégés contre l’infection par SARS-Cov-2 ». Attention : les raisons de cette protection ne sont pas établies mais la nicotine pourrait être un candidat.

Un second constat, complémentaire, suggère que l’infection par le SARS-CoV-2 fait intervenir le récepteur nicotinique de l’acétylcholine. « La forte prévalence des manifestations neuropsychiatriques au cours du Covid-19 est en faveur d’un neurotropisme de SARS-CoV-2, expliquent les chercheurs. Le SARS-CoV-2 pourrait se propager à partir de la muqueuse olfactive, puis des neurones du tronc cérébral, allant dans certains cas jusqu’aux centres respiratoires. »

Pourquoi ne pas mettre en garde contre le tabac ?

Cette invasion s’accompagnerait selon eux de la perte du sens de l’olfaction, et chez certains patients, de troubles neurologiques variés jusqu’à, éventuellement, un arrêt respiratoire brutal survenant de manière décalée. « L’état hyper-inflammatoire et l’orage cytokinique décrits chez les patients Covid-19 graves pourrait d’autre part s’expliquer par l’intervention du récepteur nicotinique, ajoutent-ils. L’acétylcholine exerce un effet régulateur de l’inflammation par son action sur le récepteur nicotinique macrophagique. Le dérèglement de ce récepteur entraine une hyperactivation macrophagique avec sécrétion de cytokines pro-inflammatoires comme on l’observe chez les patients Covid-19. Cette altération du récepteur nicotinique est à l’origine de l’état résiduel inflammatoire décrit au cours de l’obésité et du diabète, qui pourrait être amplifié en cas d’infection par le SARS-CoV2. Cette hypothèse expliquerait pourquoi ces deux comorbidités sont si fréquemment retrouvées au cours des cas graves de Covid- 19. »

Ce sont sur ces bases, et au vu de l’urgence sanitaire, que les auteurs de ces travaux estiment souhaitable d’évaluer rapidement l’impact thérapeutique des agents modulateurs du récepteur nicotinique, directs et/ou indirects, addictifs ou non-addictifs sur l’infection par SARS-CoV-2. Des études cliniques devraient être rapidement mises en place pour valider ce qui n’est pour l’heure qu’une hypothèse « Des patches nicotiniques vont être administrés a trois publics différents : des soignants en préventif, des patients hospitalisés et d’autres en réanimation » explique France Inter (Véronique Julia).

On regrettera, ici, que les responsables de la communication développée par tant de prestigieuses institutions (le CNRS, l’Inserm, de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, Sorbonne université, le Collège de France et l’Institut Pasteur) n’aient pas songé à mettre en garde contre la conséquence immédiate de cette vulgarisation scientifique : l’annonce des possibles vertus préventives de la nicotine justifiant la poursuite, voire la reprise ou le début de la consommation de tabac. Et quelle place réserver, ici, pour le vapotage ? On attend, sur ce sujet, les messages  du ministre de la Santé Olivier Véran et du directeur général de la Santé, Jérôme Salomon,  qui, dit-on, ont montré beaucoup d’intérêt pour ces premiers résultats.

A demain @jynau

Covid-19 : les élucubrations du Pr Montagnier, l’hypothèse d’un accident dans le P4 de Wuhan

Bonjour

189/04/2020. Jusqu’où ira-t-il, et pourquoi ? Le SARS-CoV-2 aurait été fabriqué en laboratoire à partir du VIH. La thèse est désormais avancée par celui qui fut très directement à l’origine, en 1983, de la découverte de ce même VIH (prix Nobel de médecine 2008). Le Pr Luc Montagnier l’affirmait il y a quelques jours dans un entretien au site pourquoidocteur.fr : le SARS-CoV-2 est une fabrication humaine. Il récidivait le 17 avril sur le plateau de Pascal Praud, sur Cnews :

« Nous en sommes arrivés à la conclusion qu’il y a eu une manipulation sur ce virus. Une partie, je ne dis pas le total – il y a un modèle qui est le virus classique, venant surtout de la chauve-souris, mais auquel on a ajouté par-dessus des séquences du VIH. Ce n’est pas naturel, c’est un travail de professionnel, de biologiste moléculaire, d’horloger des séquences. Dans quel but ? Je ne sais pas (…). Une de mes hypothèses est qu’ils ont voulu faire un vaccin contre le sida. »

A l’unisson les médias expliquent, dans un euphémisme, que la thèse du Pr Montagnier est « loin de convaincre la communauté scientifique ». Que ce n’est là qu’une hypothèse qui ne repose que sur ces sables mouvants dont se nourrissent les complotistes. Quelques médias généralistes font l’effort de démontrer à leurs lecteurs que tout plaide contre cette lecture du réél. Le Monde, notamment, (William Audureau) souligne que la plupart des scientifiques spécialisés s’accordent sur le fait que le virus responsable du Covid-19 est d’origine animale – chauve-souris et/ou pangolin – comme l’ont encore reconfirmé récemment des études chinoisesbritannico-australo-américaine et américano-suisse

Pékin dément l’hypothèse de l’accident du « P4 » de Wuhan

Et encore. Nombre de médias interrogent consciencieusement des généticiens, des spécialistes de virologie. Beaucoup semblent gênés de devoir dire que leur confrère nobélisé est, une nouvelle fois, dans l’erreur. Beaucoup ; désormais, refusent de répliquer à Luc Montagnier – un homme qui depuis des années s’est exclu de la communauté scientifique à laquelle il appartenait  – un Nobel néanmoins, qui revient de temps à autre dans les phares de la médiatisation provocatrice.

Nous sommes en fait face à deux thèses principales pour expliquer cette émergence virale pathogène planétaire. La première, dominante, est celle d’une transmission naturelle à l’homme survenue via le marché aux animaux sauvages de Wuhan et un animal hôte – le pangolin dit-on. La seconde, relancée il y a quelques jours par les Etats-Unis, d’une contamination accidentelle qui serait survenue au sein du célèbre Institut de virologie de Wuhan.

C’est là une structure dotée d’un laboratoire « P4 » créé avec l’aide de la France et accrédité en février 2017 –  en présence de Bernard Cazeneuve, Premier ministre, accompagné de Marisol Touraine, ministre de la Santé et d’Yves Lévy président de l’Inserm. L’ambassade de France en Chine rappelait alors que ce projet devait permettre « à la Chine, en partenariat pionnier avec la France, de mieux comprendre et prévenir les épidémies et les pandémies y compris les plus dangereuses comme la grippe aviaire, pour protéger la population chinoise et la santé mondiale ».

Aujourd’hui Pékin dément formellement l’hypothèse de la contamination accidentelle.

A demain @jynau