Bonjour
C’est une étape importante dans la -déjà- longue histoire de la Révolution des Volutes. Et la démonstration que petit à petit l’oiseau de la réduction des risques fait son nid dans l’immense jungle du tabagisme et dans méandre du principe politique de précaution. Après nombre d’addictologues, d’esprits éclairés et d’un ancien Directeur général de la Santé, deux sociétés savantes hier encore rétives viennent de progresser dans leur perception du phénomène : la Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF) et la Société Francophone de Tabacologie (SFT).
A l’occasion du Mois sans tabac elles « proposent dans un document une information sur la cigarette électronique ; information basée sur l’analyse des données scientifiques publiées ; document destiné avant tout aux fumeurs envisageant d’utiliser la cigarette électronique comme outil d’aide au sevrage tabagique ; document signé du Pr Nicolas Roch, président de la SPLF et de la Dr Anne-Laurence Le Faou, présidente de la SFT. Extraits :
La dépendance. « La dépendance tabagique a
deux composantes : 1- Une dépendance physique liée au manque de nicotine
(indépendante de la volonté) qui peut être comblée par apport de nicotine
non-fumée médicamenteuse (patchs, pastilles, comprimés, inhaleurs, sprays ou
comprimés sub-linguaux) et/ou non médicamenteuse (cigarette électronique). La
varénicline qui bloque certains récepteurs nicotiniques est aussi un traitement
efficace de la dépendance physique à la nicotine. 2- Une dépendance psychologique
et comportementale.
Les traitements. « Les traitements
médicalement validés sont ceux qui ont fait l’objet d’essais cliniques. Ils ont
démontré qu’ils augmentaient les chances de l’arrêt du tabac avec un rapport
bénéfice/risque positif. C’est le cas de tous les substituts nicotiniques et de
la varénicline, remboursés en France ainsi que du bupropion, non remboursé. Ces
traitements (à l’exception de l’inhaleur, des Nicorette Microtab et du spray de
nicotine) sont remboursés par l’assurance maladie sans reste à charge pour les
patients atteints d’une maladie de longue durée (en particulier dans le domaine
des troubles respiratoires pour l’insuffisance respiratoire liée à la BPCO ou à
l’asthme, pour le cancer du poumon ou la tuberculose), le reste à charge de 35%
est payé par la complémentaire santé dans les autres cas. Ces traitements
restent les traitements recommandés par les autorités de santé pour tous les
fumeurs dont ceux atteints de maladies respiratoires.
La cigarette électronique. « Que sait-on de la
toxicité de la cigarette électronique ? En utilisation normale Les émissions de
la cigarette électronique contiennent moins de substances toxiques que la fumée
du tabac. Elles peuvent induire toutefois des effets biologiques mesurables.
Les conséquences cliniques et épidémiologiques (santé publique) à long terme de
l’utilisation des cigarettes électroniques, à ce jour, ne sont pas connues. Les
études bien conduites cliniques et épidémiologiques concluantes sont
nécessaires pour évaluer le bénéfice et les risques exacts de leur utilisation.
Les cas de toxicité pulmonaire
rapportés aux USA.
« Ces cas ont concerné 1888 personnes à la date du 31 octobre 2019 dont 37
décès. Ces cas sont liés aux liquides que certains utilisateurs de cigarette
électronique ont mis dans le réservoir. Dans 75- 80% des cas, ces liquides
étaient fabriqués ou achetés hors du commerce officiel et contenaient des
huiles de cannabis, du cannabis synthétique ou d’autres produits assimilés et
souvent de l’acétate de vitamine E (produits formellement interdits dans
liquides pour cigarettes électroniques en Europe). Il s’agissait donc du détournement
d’usage du dispositif c’est-à-dire dans le cadre d’un usage récréationnel et
non dans l’objectif de l’arrêt de la consommation du tabac. En absence
d’identification de l’agents ou des agents causaux provoquant ces
pneumopathies, il est recommandé de n’utiliser que les liquides commercialisés,
de ne pas acheter des liquides dans la rue et de pas utiliser des huiles de
cannabis ou d’autres produits non commercialisés. En France le Directeur général de l’ANSES qui
assure le contrôle des liquides pour cigarettes électroniques, a affirmé
qu’aucun des liquides commercialisés en France ne posait de problème sanitaire.
Intérêt de la cigarette électronique dans la sortie du tabac
Mais encore. « La cigarette électronique
est utilisée le plus souvent sans aide médicale par des fumeurs qui veulent
soit réduire leur tabagisme, soit arrêter de fumer. Selon Santé Publique
France,
1) les données recueillies après
le Mois sans tabac 2016 montrent que la cigarette électronique est de loin le
produit le plus utilisé dans l’arrêt du tabac avec aide : 27% contre 18% pour
les substituts nicotiniques et 10% pour le recours aux professionnels de santé.
2) il est estimé que 700 000
fumeurs ont arrêté de fumer en 7 ans avec la cigarette électronique seule ou en
association avec d’autres aides.
Mais encore (bis). « Les données scientifiques
actuellement disponibles sont toutefois insuffisantes pour conclure avec
certitude que la cigarette électronique est un traitement efficace et sûr pour
aider les fumeurs à arrêter de fumer. Un essai publié récemment dans le New
England Journal of Medicine montre qu’il y a près de deux fois plus d’arrêt
à un an avec la cigarette électronique qu’avec les substituts nicotiniques.
« L’utilisation prolongée de la cigarette électronique De nombreux utilisateurs continuent à fumer tout en vapotant. Cette situation laisse persister les risques du tabagisme. Ces vapo-fumeurs doivent être mieux substitués en nicotine par ajout de patchs et optimisation de la prise de nicotine par la cigarette électronique. Chez les fumeurs sevrés du tabagisme grâce à la cigarette électronique, un avis médical est recommandé en cas de dépendance persistante à la nicotine. En cas de consommation de cigarette électronique au-delà de 12 mois après l’arrêt du tabac 1,2, l’arrêt de la cigarette électronique est conseillé s’il n’existe aucun risque de retour au tabac. Cas particulier des maladies respiratoires chroniques Il est préférable d’utiliser un des traitements médicamenteux recommandés pour l’arrêt du tabac et remboursés en France : substituts nicotiniques ou varénicline, plutôt que la cigarette électronique.
Pour conclure. « Ne plus fumer est le premier objectif à poursuivre chez les fumeurs, notamment porteurs de maladies respiratoires chroniques. La cigarette électronique est probablement une aide efficace pour arrêter de fumer. Elle doit dans ce cas être utilisée de façon transitoire (en l’absence de donnée précise sur ses effets à long terme) en vue de l’arrêt de la consommation tabagique. Elle doit être proscrite chez les non-fumeurs. Fumer et vapoter dans le même temps n’est pas une solution, car cette conduite ne réduit pas les risques liés au tabac. »
Il ne faut probablement jamais désespérer.
A demain
1 Réaction-questions du Dr Anne Borgne (SOS Addictions) : » 12 mois? Pourquoi pas 6 ou 24 ? D’où sort cette durée, de quelles données de la science? Ces donneurs de leçons frileux de ne pas s’avancer tant que la preuve scientifique de 25 000 études n’est pas faite peuvent-ils nous donner la référence concernant cette durée ? »
2 Réaction- commentaires de Sébastien Béziau, vice-président de #sovape. « Je partage ce point de vue. AUCUN fondement pour limiter la durée à 12 mois. Ils font appel à une science soit-disant inexistante et incapable de démontrer une innocuité absolument indémontrable par définition. Mais quelle référence pour cette affirmation, à part le doigt mouillé ?
L’emploi permanent des conditionnels / potentiels est insupportable – et ne fait que renforcer les doutes chez les consommateurs, fumeurs, et même vapoteurs. Aucun risque, c’est pas possible, tout le monde est d’accord. Beaucoup moins de risque, c’est une certitude.
La phrase : « L’existence aux USA de cas de toxicité pulmonaire rapportée à l’utilisation de cigarettes électroniques inquiète les fumeurs qui envisagent l’arrêt du tabac et les vapoteurs’’… fait persister l’amalgame entre LA vape et la consommation de produits frelatés et illicites.
Même l’explication est douteuse « Dans 75-80% des cas, ces liquides étaient fabriqués ou achetés hors du commerce officiel’’… Cela laisse à penser que les 20-25% restants sont des produits « normaux ». NON !! Les 20-25% des cas sont seulement des gamins qui n’ont pas « avoué » les produits qu’ils ont consommé.
Pour ce qui est de l’étude ECSMOKE, elle ne démontrera pas grand chose, si ce n’est comparer UN liquide / UN taux de nicotine (12 = trop faible) / UN arôme / UN appareil Vs UN médicament. Soir 1/100000e des possibilités de combinaisons possibles pour utiliser le vapotage, rien à voir avec l’usage courant. Il faudrait cesser de dire que cette étude compare LA vape. C’est FAUX.
Quant aux « non-fumeurs » qui ne doivent pas y toucher… L’expérience américaine avec un taux de tabagisme juvénile qui a plongé à moins de 6% VS 25% en France, ne fait se poser de questions à personne ?
Le problème est très complexe, certes, mais doit-on le trancher sans aucun débat ? Pas de question sociale, éducative, vision globale de santé publique, pas de regard sur les faits ? J’imagine que ce communiqué a donné lieu à d’âpres échanges en interne, avec beaucoup de bonne volonté, on sent bien la SFT qui veut bien / mieux faire… Mais le résultat est-il vraiment de nature à rassurer ? »