Alerte : le «kratom» est désormais une drogue (feuilles, extraits, poudres, liquides, résines) !

Bonjour

On l’ignorait. On ne le pourra plus. Le « kratom » (Mitragyna speciosa) est une espèce d’arbre d’Asie du Sud-Est. Ses feuilles sont dotée d’effets psychoactifs – effets dus aux nombreux alcaloïdes qu’elle contiennent, notamment la mitragynine et la 7-hydroxymitragynine, actifs sur les récepteurs opioïdes (récepteurs de la morphine).
 
Proposée à la consommation la substance se présente sous forme de feuilles broyées, de poudres, d’extraits secs ou liquides, de résines, plus ou moins concentrés, majoritairement consommés par voie orale. Et ce, nous dit-on, « principalement chez des hommes âgés en moyenne d’une trentaine d’années et obtenus via Internet ». Sa consommation à des fins dites « récréatives » est également en augmentation dans le monde, en particulier aux Etats-Unis où plusieurs dizaines de décès ont été récemment rapportés par la FDA en lien avec la prise de kratom.

Dépendance, sevrage, anorexie, décompensation psychotique etc.

En France cette consommation va devenir plus difficile -et le produit retrouver les circuits des mafias. Un arrêté du 23 décembre 2019  modifiant l’arrêté du 22 février 1990 l’a inscrit sur la liste des psychotropes – et ce « compte tenu des risques graves pour la santé liés à la consommation de cette plante ». Conséquence, leur détention et leur achat sont maintenant interdits. Plus précisément ce sont la mitragynine et la 7-hydroxymitragynine qui ont été inscrits sur la liste des substances psychotropes, « sur proposition du Directeur général de l’ANSM ».

« Cette mesure, explique l’Agence nationale française de sécurité du médicament fait suite aux résultats d’une enquête confiée par cette agence au réseau national d’addictovigilance (CEIP-A) sur la période 2007-2018. Elle a rapporté vingt cas de consommations de kratom avec une augmentation du nombre d’intoxications ces dernières années (14 cas depuis 2016), à l’origine de dépendance, de syndrome de sevrage, d’anorexie, de perte de poids, d’une décompensation psychotique et d’une hépatite toxique. Un décès a également été signalé dans un contexte de polyconsommation de drogues et médicaments. »

Désormais tous les professionnels de santé doivent déclarer tout cas grave d’abus, de dépendance ou d’usage détourné sur le site signalement-sante.gouv.fr ; et se rapprocher du centre d’addictovigilance (CEIP-A) de leur secteur géographique pour toute information complémentaire.

Se souvenir : « kratom ».

A demain @jynau

Nouveau : quand Big Tobacco se fait le héraut du vapotage ET des cigarettes mentholées

Bonjour

Où situer, chez Big Tobacco, la frontière entre publicité, commerce et duplicité ?

Pour un peu on croirait à un faux. C’est un communiqué adressé à la presse par le géant cigarettier British American Tobacco (BAT) qui se présente comme le « leader du vapotage en France ». 1  On y apprend que pour « marquer la fin de l’édition 2019 du Mois Sans Tabac », British American Tobacco lance « ‘’Les Journées du Vapotage’’ dans quinze bureaux de tabac parisiens. »

« Pendant trois jours, une centaine de collaborateurs de BAT assurent une présence terrain pour sensibiliser les fumeurs sur le vapotage comme alternative au tabac. Organisée dans le cadre de Mois Sans tabac, cette opération a pour objectif principal de sensibiliser les consommateurs adultes fumeurs sur le vapotage. »

Eric Sensi-Minautier, directeur des affaires publiques, juridiques et de la communication chez British American Tobacco France : « Sensibiliser les fumeurs sur l’opportunité que représente le vapotage comme alternative au tabac est une de nos priorités. Les pouvoirs publics font trop souvent l’impasse sur le sujet, nous allons donc sur le terrain au contact des fumeurs car aujourd’hui, mieux vaut vapoter que fumer ! Notre présence sur place nous permet d’échanger avec les fumeurs, de comprendre leurs attentes en termes de produits et de besoins, autour de thématiques comme les arômes par exemple qui sont un facteur déterminant dans l’arrêt du tabac ».

Et encore : « S’inscrivant dans le cadre du Mois Sans Tabac, cet événement ponctuel reflète l’engagement de long-terme de BAT en faveur de la réduction des risques » (sic)

« Très peu de fumeurs se désengagent totalement du tabac »

Hasard ou pas, on retrouve le géant British American Tobacco sur le site des buralistes français. Le directeur marketing de BAT France, Javier Alvarez Ballespin, revient sur la façon dont le fabricant envisage la fin de la commercialisation des cigarettes mentholées, dans toute l’Union européenne, au 20 mai 2020. Extraits (nous soulignons) :

« En France, le menthol représente environ 8 % du volume total des ventes. Chez BAT, la part que représente le menthol dans notre portefeuille est plus importante et s’élève à environ 27 % de nos ventes totales (…)  J’entends bien qu’il y a de l’appréhension chez nos clients (…) Et certaines peurs sont réelles, car cette réglementation s’appliquera à l’Union européenne et non à toute l’Europe. L’Andorre ou la Suisse, par exemple, continueront donc à commercialiser des produits mentholés (…)

« Il y a la possibilité d’offrir des solutions aux consommateurs en leur proposant, par exemple, de basculer vers un produit à moindre risque comme la cigarette électronique arôme menthe. Les études réalisées dans d’autres marchés, par exemple le Canada, nous enseignent qu’il y a en réalité très peu de fumeurs qui se désengagent totalement du tabac. Il faut également remarquer, que, contrairement à ce que l’on pourrait croire, les fumeurs de menthols ne s’orientent pas davantage vers une alternative light ou extra-light. Mais en tant que buraliste, ce qu’il faut garder en tête, c’est qu’à partir du 20 mai 2020 ces consommateurs adultes vont chercher à expérimenter d’autres produits et alternatives. »

On relit l’ensemble. Et on doute que la frontière puisse exister.

A demain @jynau

1 British American Tobacco (BAT) se présente ainsi : « Entreprise fondée en 1902, seconde plus grande entreprise de tabac manufacturé au monde en parts de marché. Ses marques sont vendues dans plus de 200 pays. Sa filiale française, British American Tobacco France emploie près de 250 collaborateurs à travers le pays. Son activité comprend le soutien commercial, la vente et la distribution des produits du tabac du Groupe BAT sur le territoire national ainsi que ses gammes innovantes de produits de vapotage. Le groupe a lancé en 2012 la stratégie « Transforming Tobacco ». Pour la première fois dans l’histoire, les innovations technologiques, les transformations sociétales et l’importance croissante des enjeux de santé publique convergent pour permettre à une opportunité unique de se concrétiser : proposer aux consommateurs des alternatives crédibles et efficaces au tabac combustible, avec un risque potentiellement réduit sur la santé (tabac à chauffer, vapotage, produits nicotiniques…). BAT est résolument engagée dans cette transformation historique. »

Inespéré : la e-cigarette est «probablement» une aide efficace pour arrêter de fumer

Bonjour

C’est une étape importante dans la -déjà- longue histoire de la Révolution des Volutes. Et la démonstration que petit à petit l’oiseau de la réduction des risques fait son nid dans l’immense jungle du tabagisme et dans méandre du principe politique de précaution. Après nombre d’addictologues, d’esprits éclairés et d’un ancien Directeur général de la Santé, deux sociétés savantes hier encore rétives viennent de progresser dans leur perception du phénomène : la Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF) et la Société Francophone de Tabacologie (SFT).

A l’occasion du Mois sans tabac elles « proposent dans un document une information sur la cigarette électronique ; information basée sur l’analyse des données scientifiques publiées ; document destiné avant tout aux fumeurs envisageant d’utiliser la cigarette électronique comme outil d’aide au sevrage tabagique ; document signé du Pr Nicolas Roch, président de la SPLF et de la Dr Anne-Laurence Le Faou, présidente de la SFT. Extraits :

La dépendance. « La dépendance tabagique a deux composantes : 1- Une dépendance physique liée au manque de nicotine (indépendante de la volonté) qui peut être comblée par apport de nicotine non-fumée médicamenteuse (patchs, pastilles, comprimés, inhaleurs, sprays ou comprimés sub-linguaux) et/ou non médicamenteuse (cigarette électronique). La varénicline qui bloque certains récepteurs nicotiniques est aussi un traitement efficace de la dépendance physique à la nicotine. 2- Une dépendance psychologique et comportementale.

Les traitements. « Les traitements médicalement validés sont ceux qui ont fait l’objet d’essais cliniques. Ils ont démontré qu’ils augmentaient les chances de l’arrêt du tabac avec un rapport bénéfice/risque positif. C’est le cas de tous les substituts nicotiniques et de la varénicline, remboursés en France ainsi que du bupropion, non remboursé. Ces traitements (à l’exception de l’inhaleur, des Nicorette Microtab et du spray de nicotine) sont remboursés par l’assurance maladie sans reste à charge pour les patients atteints d’une maladie de longue durée (en particulier dans le domaine des troubles respiratoires pour l’insuffisance respiratoire liée à la BPCO ou à l’asthme, pour le cancer du poumon ou la tuberculose), le reste à charge de 35% est payé par la complémentaire santé dans les autres cas. Ces traitements restent les traitements recommandés par les autorités de santé pour tous les fumeurs dont ceux atteints de maladies respiratoires.

La cigarette électronique. « Que sait-on de la toxicité de la cigarette électronique ? En utilisation normale Les émissions de la cigarette électronique contiennent moins de substances toxiques que la fumée du tabac. Elles peuvent induire toutefois des effets biologiques mesurables. Les conséquences cliniques et épidémiologiques (santé publique) à long terme de l’utilisation des cigarettes électroniques, à ce jour, ne sont pas connues. Les études bien conduites cliniques et épidémiologiques concluantes sont nécessaires pour évaluer le bénéfice et les risques exacts de leur utilisation.

Les cas de toxicité pulmonaire rapportés aux USA. « Ces cas ont concerné 1888 personnes à la date du 31 octobre 2019 dont 37 décès. Ces cas sont liés aux liquides que certains utilisateurs de cigarette électronique ont mis dans le réservoir. Dans 75- 80% des cas, ces liquides étaient fabriqués ou achetés hors du commerce officiel et contenaient des huiles de cannabis, du cannabis synthétique ou d’autres produits assimilés et souvent de l’acétate de vitamine E (produits formellement interdits dans liquides pour cigarettes électroniques en Europe). Il s’agissait donc du détournement d’usage du dispositif c’est-à-dire dans le cadre d’un usage récréationnel et non dans l’objectif de l’arrêt de la consommation du tabac. En absence d’identification de l’agents ou des agents causaux provoquant ces pneumopathies, il est recommandé de n’utiliser que les liquides commercialisés, de ne pas acheter des liquides dans la rue et de pas utiliser des huiles de cannabis ou d’autres produits non commercialisés.  En France le Directeur général de l’ANSES qui assure le contrôle des liquides pour cigarettes électroniques, a affirmé qu’aucun des liquides commercialisés en France ne posait de problème sanitaire. Intérêt de la cigarette électronique dans la sortie du tabac

Mais encore. « La cigarette électronique est utilisée le plus souvent sans aide médicale par des fumeurs qui veulent soit réduire leur tabagisme, soit arrêter de fumer. Selon Santé Publique France,

1) les données recueillies après le Mois sans tabac 2016 montrent que la cigarette électronique est de loin le produit le plus utilisé dans l’arrêt du tabac avec aide : 27% contre 18% pour les substituts nicotiniques et 10% pour le recours aux professionnels de santé.

2) il est estimé que 700 000 fumeurs ont arrêté de fumer en 7 ans avec la cigarette électronique seule ou en association avec d’autres aides.

Mais encore (bis). « Les données scientifiques actuellement disponibles sont toutefois insuffisantes pour conclure avec certitude que la cigarette électronique est un traitement efficace et sûr pour aider les fumeurs à arrêter de fumer. Un essai publié récemment dans le New England Journal of Medicine montre qu’il y a près de deux fois plus d’arrêt à un an avec la cigarette électronique qu’avec les substituts nicotiniques.

« L’utilisation prolongée de la cigarette électronique De nombreux utilisateurs continuent à fumer tout en vapotant. Cette situation laisse persister les risques du tabagisme. Ces vapo-fumeurs doivent être mieux substitués en nicotine par ajout de patchs et optimisation de la prise de nicotine par la cigarette électronique. Chez les fumeurs sevrés du tabagisme grâce à la cigarette électronique, un avis médical est recommandé en cas de dépendance persistante à la nicotine. En cas de consommation de cigarette électronique au-delà de 12 mois après l’arrêt du tabac 1,2, l’arrêt de la cigarette électronique est conseillé s’il n’existe aucun risque de retour au tabac. Cas particulier des maladies respiratoires chroniques Il est préférable d’utiliser un des traitements médicamenteux recommandés pour l’arrêt du tabac et remboursés en France : substituts nicotiniques ou varénicline, plutôt que la cigarette électronique.

Pour conclure. « Ne plus fumer est le premier objectif à poursuivre chez les fumeurs, notamment porteurs de maladies respiratoires chroniques. La cigarette électronique est probablement une aide efficace pour arrêter de fumer. Elle doit dans ce cas être utilisée de façon transitoire (en l’absence de donnée précise sur ses effets à long terme) en vue de l’arrêt de la consommation tabagique. Elle doit être proscrite chez les non-fumeurs. Fumer et vapoter dans le même temps n’est pas une solution, car cette conduite ne réduit pas les risques liés au tabac. »

Il ne faut probablement jamais désespérer.

A demain

1 Réaction-questions du Dr Anne Borgne (SOS Addictions) :  » 12 mois? Pourquoi pas 6 ou 24 ? D’où sort cette durée, de quelles données de la science? Ces donneurs de leçons frileux de ne pas s’avancer tant que la preuve scientifique de 25 000 études n’est pas faite peuvent-ils nous donner la référence concernant cette durée ? »

2 Réaction- commentaires de Sébastien Béziau, vice-président de #sovape. « Je partage ce point de vue.  AUCUN fondement pour limiter la durée à 12 mois. Ils font appel à une science soit-disant inexistante et incapable de démontrer une innocuité absolument indémontrable par définition. Mais quelle référence pour cette affirmation, à part le doigt mouillé ?

L’emploi permanent des conditionnels / potentiels est insupportable – et ne fait que renforcer les doutes chez les consommateurs, fumeurs, et même vapoteurs. Aucun risque, c’est pas possible, tout le monde est d’accord. Beaucoup moins de risque, c’est une certitude.

La phrase : « L’existence aux USA de cas de toxicité pulmonaire rapportée à l’utilisation de cigarettes électroniques inquiète les fumeurs qui envisagent l’arrêt du tabac et les vapoteurs’’… fait persister l’amalgame entre LA vape et la consommation de produits frelatés et illicites.

Même l’explication est douteuse « Dans 75-80% des cas, ces liquides étaient fabriqués ou achetés hors du commerce officiel’’… Cela laisse à penser que les 20-25% restants sont des produits « normaux ». NON !! Les 20-25% des cas sont seulement des gamins qui n’ont pas « avoué » les produits qu’ils ont consommé.

Pour ce qui est de l’étude ECSMOKE, elle ne démontrera pas grand chose, si ce n’est comparer UN liquide / UN taux de nicotine (12 = trop faible) / UN arôme / UN appareil Vs UN médicament. Soir 1/100000e des possibilités de combinaisons possibles pour utiliser le vapotage, rien à voir avec l’usage courant. Il faudrait cesser de dire que cette étude compare LA vape. C’est FAUX.

Quant aux « non-fumeurs » qui ne doivent pas y toucher… L’expérience américaine avec un taux de tabagisme juvénile qui a plongé à moins de 6% VS 25% en France, ne fait se poser de questions à personne ?

Le problème est très complexe, certes, mais doit-on le trancher sans aucun débat ? Pas de question sociale, éducative, vision globale de santé publique, pas de regard sur les faits ?   J’imagine que ce communiqué a donné lieu à d’âpres échanges en interne, avec beaucoup de bonne volonté, on sent bien la SFT qui veut bien / mieux faire… Mais le résultat est-il vraiment de nature à rassurer ? »

Arrêter le tabac avec l’e-cigarette : faute d’entendre Agnès Buzyn, écouter Michel Cymes

Bonjour

Bloguer c’est, aussi, souvent remettre son ouvrage sur le métier 1. Ainsi celui de la réduction des risques tabagiques et de la cigarette électronique. On croit avoir tout écrit, on découvre que rien n’a été compris.

« Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, Polissez-le sans cesse, et le repolissez, Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. » Nicolas Boileau (1636-1711)

Notre affaire revient sur le tapis avec le très officiel « Mois sans Tabac ». « Les décès font plonger les ventes d’e-cigarettes en France ! » annoncent aujourd’hui Les Echos (Marie-Josée Cougard @CougardMarie).  Est-ce dire que ceux et celles qui abandonnent la cigarette électronique repartent vers l’esclavage tabagique ? Qui le sait et qui le dira ?

« Notre chiffre d’affaires a baissé de 20 % depuis le mois de septembre. C’est la première fois en dix ans. Nous avons dû rassurer nos 150 salariés », déclare Olivier Martzel, directeur général de Gaïatrend. Le patron du leader sur le marché français des liquides destinés à la vape (avec la moitié des ventes) est confronté aux « multiples questions qui se posent aux Etats-Unis depuis les 33 décès associés à l’e-cigarette ».

Selon Les Echos les ventes d’e-cigarettes ont reculé de 15 à 20 % dans les bureaux de tabac, et de 10 à 40 % dans les boutiques spécialisées. Pour Olivier Martzel, il ne fait pas de doute que « les décès outre-Atlantique sont dus à la consommation de substances interdites, telles que le tétrahydrocannabinol (THC) ou la vitamine E sous forme d’huile ou le diacétyle. Or en France, les e -liquides contiennent quatre substances normalisées par l’Association française de normalisation (Afnor) à la demande des représentants des fabricants (Fivape) : propylène glycol, glycérine végétale, arômes autorisés par l’Union européenne et nicotine à divers taux mais toujours inférieurs à 20 mg par millilitre (contre 60 mg aux Etats-Unis).

« Le marché global de l’e-cigarette (matériel, importations, grossistes, fabrication, e-liquides, ventes) est estimé par l’institut d’études Xerfi à un peu moins de 1 milliard d’euros en France, ajoutent Les Echos. Les vapoteurs sont trois millions en France, parmi lesquels 700.000 ont arrêté le tabac classique, selon Santé publique France. » L’industrie du tabac espère toujours « une prise de position claire des pouvoirs publics sur la cigarette électronique ». Et le citoyen françaisattend toujours des explications claires, officielles et argumentées des responsables de l’exécutif sanitaire – Agnès Buzyn en tête.  

Faute de quoi on écoutera, avec le plus grand intérêt Michel Cymes, sur RTL :

« (…) D’abord, comment faire pour pallier le manque ? Le manque en question, c’est le manque de nicotine. C’est là-dessus qu’il est possible d’agir en ayant recours à des substituts. La nicotine, c’est la clé. Parce que la nicotine en elle-même n’est pas mauvaise pour le cœur ou les poumons. Elle n’est pas cancérigène non plus. A l’inverse de la fumée dans laquelle on trouve quelque 4.000 substances toxiques.

« A moins d’avoir un moral plus trempé que celui de Chuck Norris, vous avez besoin de cette nicotine pour atterrir en douceur. Et cette nicotine, vous allez la trouver d’abord dans le patch. Ça ressemble à un pansement que vous vous collez sur la peau et qui va ainsi vous alimenter en nicotine tout au long de la journée.« Il existe des patchs plus ou moins dosés. Mais pour un gros fumeur, ça peut ne pas suffire. Il peut avoir, bien que porteur du patch, de grosses envies ponctuelles de nicotine. Alors plutôt que de reprendre une cigarette, mieux vaut utiliser des gommes, des pastilles ou un spray nicotinique.J’ouvre une parenthèse à propos du spray. Certains patients ont tendance à vaporiser directement dans la bouche, ce qui leur donne le hoquet ou des nausées. Mieux vaut donc vaporiser son doigt et ensuite se badigeonner l’intérieur des joues pour y étaler le produit. La nicotine se mélangera petit à petit avec votre salive et vous l’avalerez par petites doses.

« La cigarette électronique est aussi bon moyen d’arrêter, avec ou sans patch, avec ou sans ou pastille, avec ou sans ou spray en complément. Récemment, il a été dit qu’elle avait provoqué la mort de quelques personnes aux États-Unis, mais après enquête, il s’est avéré que les personnes en question avaient trafiqué leur cigarette en y mettant des produits nocifs. En France, les liquides qu’on trouve dans les boutiques spécialisées ne posent pas de problème. (…)»


« Il est certains esprits dont les sombres pensées , Sont d’un nuage épais toujours embarrassées ; Le jour de la raison ne le saurait percer. Avant donc que d’écrire apprenez à penser. Selon que notre idée est plus ou moins obscure, L’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure. Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement. Et les mots pour le dire arrivent aisément. »

A demain @jynau

Rigueur scientifique: comment tuer efficacement des souris grâce à la cigarette électronique

Bonjour

Tout (ou presque) est scientifiquement démontrable à qui entend scientifiquement démontrer. Ou quand l’objectif justifie les moyens techniques. Ainsi cette étude américaine publiée dans les prestigieux PNAS : « Electronic-cigarette smoke induces lung adenocarcinoma and bladder urothelial hyperplasia in mice » (Moon-shong Tang, Xue-Ru Wu, Hyun-Wook Lee, Yong Xia, Fang-Ming Deng, Andre L. Moreira, Lung-Chi Chen, William C. Huang, and Herbert Lepor).

Une étude reprise et heureusement décryptée par France Info : « Que penser de l’étude américaine qui fait le lien entre cigarette électronique et cancer chez les souris ? » (Marie-Jeanne Delepaul). Puis par vapingpost.com : « Vape, souris, et cancer : une nouvelle étude alarmiste pointe le bout de son museau » (Alistair). Ainsi que par Vapolitique « Alerte au nouveau bad buzz sur le risque de cancer chez des souris avec le vapotage » (Philippe Poirson).

On y apprend que 22,5 % des souris exposées à des vapeurs de cigarette électronique développent un cancer du poumon tandis que 57,5% développent des tumeurs de la vessie. Un travail mené sur quarante souris pendant 54 semaines Elles les respiraient les vapeurs quatre heures par jour, cinq jours par semaine.

Frileux politiques français

Pr Bertrand Dautzenberg, pneumo-tabacologue : « C’est un vapotage extrême en-dehors de toute réalité. »

Sébastien Anthérieu, enseignant-chercheur en toxicologie à l’université de Lille : « Ces doses paraissent très élevées, surtout pour une souris. Il s’agit d’une étude isolée portant sur un faible nombre de cas. »

Emmanuel Wiernik, chercheur en épidémiologie : « Même si une étude est bien faite pour l’animal, c’est compliqué de tirer des conclusions pour les humains »

Les humains, précisément, qu’observent-ils sur eux-mêmes ? « La difficulté, c’est que les personnes qui vapotent sont d’anciens gros fumeurs donc c’est compliqué d’analyser ce qui est en cause s’ils développent des cancers ou des pathologies, explique Emmanuel Wiernik à France Info. « Les études publiées sur la question sont pour la plupart biaisées, selon que les chercheurs soient pro ou anti cigarette électronique » accuse le Pr Dautzenberg. 

Où l’on voit (une nouvelle fois) que la passion conduit à toutes les extrémités scientifiques. Et que chez les responsables frileux politiques français le principe de précaution vient contrecarrer l’indispensable réduction des risques tabagiques.

A demain @jynau

Drogues, sardine et cages d’escalier : la réplique du Dr Lowenstein à Christophe Castaner

Bonjour

Zéro hasard en Macronie. Le solennel déplacement du gouvernement à Marseille pour distiller médiatiquement les « cinquante-cinq mesures anti-drogues »  1 coïncidait avec le coup de barre « anti-bourgeois » d’Emmanuel Macron tricotant sur l’immigration 2. Nous publions ici le réplique du Dr William Lowenstein, président de SOS Addictions à Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur.

«  Vous venez de présenter cinquante-cinq mesures contre les stupéfiants accompagné de votre secrétaire d’Etat Laurent Nuñez, de Nicole Belloubet, garde des Sceaux, ministre de la Justice et de Gérald Darmanin , ministre de l’Action et des Comptes publics. Comment justifiez-vous l’absence d’Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, et celle de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse ?

Au-delà de la pertinence de certaines des mesures annoncées nous comprenons que vous placez la barre plus haut encore que Richard Nixon et sa célèbre ‘’War on Drugs’’ . Votre cible : nettoyer « de l’international à la cage d’escalier », en finir avec le dysfonctionnement ravageur de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS). Objectif : construire une super Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) – sans nous dire ce que devient l’actuelle. Sans oublier l’installation d’une antenne en République Dominicaine et, le meilleur étant toujours pour la fin, votre 55ème mesure : demander une plus grande complémentarité avec la Justice….

Dans quelle cage d’escalier, quelle cave, dans quel grenier ?

On peut aisément résumer votre discours : voilà un  « plan de plus » qui se refuse, une nouvelle fois, à intégrer la réalité de l’échec sécuritaire, sociale et sanitaire des stratégies prohibitionnistes coupées des volets médicaux, préventifs et de réduction des risques. 

« De l’international à la cage d’escalier » Voici une formule commerciale et bien attractive. Ce n’est qu’un formule. Elle remplace celle, aujourd’hui surannée, de la « tolérance zéro ». Il fallait bien vous trouver une phrase de nature à impressionner.

Reste la vérité internationale : que peut la France face aux productions et trafics internationaux ? Comment parviendrait-elle à réduire les volumes des productions toujours plus florissantes d’Amérique du Sud (cocaïne), d’Afghanistan (héroïne) et du Maroc (tout le monde connaît) ?

Reste, aussi, la vérité de la cage d’escalier : la meilleure option pour casser le marché serait de légaliser. Or votre secrétaire d’Etat nous affirme que « légaliser un cannabis à 7% de THC ne réglerait en rien le dossier ». Nous dira-t-il un jour dans quelle cage d’escalier, dans quelle cave, dans quel grenier il a puisé ce 7% ? Et quand il compte le régler, ce dossier ?

A dire vrai, monsieur le ministre de l’Intérieur, vous ne pouviez trouver meilleur place que celle de Marseille et de la Canebière pour pouvoir oser affirmer qu’avec ces mesures nous serons armés, de l’international à la cage d’escalier. Une cinquante-sixième mesure s’impose : la confiscation immédiate des bénéfices de cette sardine qui continue à boucher le Vieux Port. »

A demain @jynau

1 Plus précisément « Plan national de lutte contre les stupéfiants »  

2 Sur ce thème, sur Slate.fr : « À son tour, Macron s’abaisse à instrumentaliser l’immigration » de  Claude Askolovitch 

Abandonner d’urgence la vape pour le tabac ! Comment en arriver à proférer tant d’absurdités ?

Bonjour

« Le poumon, le poumon vous dis-je ». Qui ne veut pas désespérer des médias ne devait pas, ce 7 septembre, regarder le journal de 13 heures de France 2. On y traitait des morts américains et de la cigarette électronique. Avec sujet en plateau. Absence totale de distance. Confusion générale et conclusion immanquable : détruire sa cigarette électronique, si possible en diffusant les images sur les réseaux sociaux. Puis revenir à la seule nicotine qui vaille : celle du tabac.

Mais comment a-t-on pu en arriver là ? Et comment, en tenant de tels propos, parvenir à faire comprendre que le vapotage n’est en rien une panacée ? Que la cigarette électronique n’est qu’un vecteur ? Que la réduction des risques n’est pas la disparition de ces mêmes risques ? Que le sevrage est un objectif supérieur au vapotage mais que le vapotage est incomparablement favorable à l’esclavage tabagique ?

Tout ceci devrait sans difficulté pouvoir être expliqué dans les journaux télévisés. Par des journalistes ou par des invités spécialisés. Pourquoi n’est-ce pas le cas ? Osera-t-on avancer que « c’était mieux avant » ? Et que les caricatures régressives que ces journaux nous offrent ne sont pas étrangères à la désaffection progressive vis-à-vis de ces mêmes journaux ? Pour l’heure les personnes intéressées par le sujet peuvent aussi, loin de France 2, se pencher sur The New England Journal of Medicine : Pulmonary Illness Related to E-Cigarette Use in Illinois and Wisconsin — Preliminary Report. Conclusion :

« Case patients presented with similar clinical characteristics. Although the features of e-cigarette use that were responsible for injury have not been identified, this cluster of illnesses represents an emerging clinical syndrome or syndromes. Additional work is needed to characterize the pathophysiology and to identify the definitive causes. »

Ils se pencheront ensuite sur le peu banal éditorial qui l’accompagne : Vaping-Induced Lung Injury. Conclusion :

« Until the investigation into the cause of this epidemic of vaping-induced respiratory injury is complete, no conclusions can be drawn as to which compound or compounds are the causes of injury. In light of these cases, however, efforts should be made to increase public awareness of the harmful effect of vaping, and physicians should discourage their patients from vaping. »

IgnorantusignorantaIgnorantum.  On attend toujours, à l’adresse des vapoteurs français, les réflexions-recommandations officielles. Sinon celles de la ministre des Solidarités, du moins du Directeur Général de la Santé.

A demain @jynau

«Aux Etats-Unis, cinq morts liées à la cigarette électronique» Le Monde (7 septembre 2019)

Bonjour

Cinq mille signes. L’Agence France Presse ne fait pas dans la dentelle pour couvrir l’affaire. « Aux Etats-Unis, cinq morts liées à la cigarette électronique » titre Le Monde, qui reprend la dépêche. Cinq morts, près de cinq cents cas et dans le même temps des enquêteurs fédéraux qui ne précisent pas « les marques ou substances susceptibles d’avoir causé les graves difficultés respiratoires ». Et l’affaire commence à se transformer en un équation sanitaire autant que politique : « principe de précaution » versus « réduction des risques tabagiques ».

Vendredi 6 septembre 2019. Les autorités sanitaires américaines font savoir qu’ « au moins » cinq utilisateurs de cigarettes électroniques sont morts, le nombre de malades frappés par de graves difficultés respiratoires a par ailleurs doublé pour atteindre 450 dans le pays. « Outbreak of Lung Illness Associated with Using E-cigarette Products. Investigation Notice. Posted September 6, 2019 at 9:50pm ET ».

Brouillard entretenu quant aux marques ou substancesprésentes  dans les liquides de vapotage, mais un dénominateur commun fréquent : inhalation de produits contenant du THC, substance active du cannabis. Et, parfois des personnes (relativement) âgées et en mauvaise santé. C’était le cas des deux victimes dont les décès annoncés le 6 septembre par les autorités sanitaires locales en Californie et dans le Minnesota.

« Un possible lien a été établi entre certains malades et une huile de vitamine E, qui se consomme normalement en gélule ou en huile pour la peau, précise l’AFP. La vaporisation à haute température de cet additif pourrait avoir endommagé les poumons des vapoteurs. Les responsables sanitaires de l’Etat fédéral ont toutefois appelé à la prudence dans l’attente d’analyses plus complètes. ‘’Aucune substance ou molécule unique, dont l’acétate de vitamine E, n’a été identifiée dans l’ensemble des échantillons analysés’’, a insisté Mitch Zeller, directeur du centre pour le tabac de la Food and Drug Administration, qui teste au niveau national les produits impliqués.

La piste de l’huile de vitamine E

« Nous n’avons pas encore toutes les réponses », reconnaissent les responsables des CDC qui « par mesure de précaution » recommandent « dans l’immédiat » de ne pas utiliser de cigarettes électroniques, quelles qu’elles soient.

Les symptômes respiratoires de « pneumonie lipidique » sont particulièrement frappants quand ils apparaissent souvent subitement, chez des patients  jeunes et sans problème de santé. Dans l’Illinois, la moitié des patients ont moins de 19 ans. « Sean Callahan, pneumologue à l’hôpital de l’université de l’Utah, a traité l’un de ces malades en juillet, âgé de 20 ans. La détresse respiratoire était telle que le jeune homme a dû être placé plus d’une semaine dans une machine qui oxygène le sang du patient hors de son corps, tant ses poumons n’arrivaient plus à fonctionner, rapporte l’AFP. ‘’Je n’avais jamais vu cela auparavant, a raconté le Dr Callahan. Habituellement, les malades qui ont besoin de cette machine ont des formes très avancées de grippe ou de pneumonie, ou bien ils ont des systèmes immunitaires affaiblis à cause d’un cancer ou d’une chimiothérapie’’. » 

La piste de l’huile de vitamine E ? Les autorités de New York ont diffusé des photos des recharges impliquées : elles ont des emballages très colorés sous le nom de Dank Vapes, une « marque » qui ne correspond apparemment à aucune entreprise légitime, mais « se distribue » dans la rue et sur Internet. Le mort de l’Oregon, en revanche, avait acheté son produit dans un dispensaire de « cannabis légal ».

Ces maladies pulmonaires s’ajoutent à la pression sur les fabricants légaux de cigarettes électroniques, accusés par les autorités d’avoir promu leurs produits chez les jeunes comme une alternative saine et cool à la cigarette. « Principe de précaution » versus « réduction des risques tabagiques ».

A demain @jynau

En sortant de l’école, nous admirons les publicités qui nous poussent à boire de l’alcool

Bonjour

C’est la rentrée. Que la police ? Quelques mots glanés sur la Toile (@GuylaineBenech) :

« Spécial rentrée des classes. Ce matin j’ai accompagné mes deux petits garçons (CE1 et CM1). Nous habitons à 600 mètres du groupe scolaire. Sur le chemin nous avons croisé … trois publicités pour de l’alcool ! Entre la maison et l’école, il y a un collège. Et près de ce collège, une pub pour la marque ‘’Desperados’’ du groupe Heineken 1. Ce premix est un mélange de bière + tequila + énormément de sucre. Les premix sont surtout consommés par des ados en raison du goût très sucré qui masque l’alcool.  

« Juste à côté, une grande affiche publicitaire pour la marque de Gin « Gibson’s » 2 qui appartient au groupe français de Vin & Spiritueux « La Martiniquaise ». 37% d’alcool, et un concept marketing résolument adolescent surfant sur la vague « London ». Un peu plus loin, ns arrivons au groupe scolaire (maternelle et élémentaire) et de nouveau, face à l’école, cette affiche pr le Gin ‘’Gibson’s’’. Si l’objectif de La Martiniquaise est de familiariser les enfants dès le plus jeune âge, c’est gagné, leur petit cerveau enregistre tout… ».

C’est la rentrée. Toujours sur la Toile, Axel Kahn, l’omniprésent nouveau président de la Ligue contre le cancer :

 « Voilà une situation scandaleuse que les comités départementaux de la @liguecancer et leurs partenaires NE DOIVENT PAS TOLERER. Dénoncer, porter plainte auprès du maire, du rectorat, de l’ARS, communiqué dans PQR, mobilisation des ligueurs et des parents … »

C’est la rentrée. Bientôt, dans les têtes et sur les cahiers, Prévert Jacques et Kosma Joseph :

« En sortant de l’école
nous avons rencontré
un grand chemin de fer
qui nous a emmenés
tout autour de la terre
dans un wagon doré.
Tout autour de la terre
nous avons rencontré
la mer qui se promenait
avec tous ses coquillages
ses îles parfumées
et puis ses beaux naufrages
et ses saumons fumés.
Au-dessus de la mer
nous avons rencontré
la lune et les étoiles
sur un bateau à voiles
partant pour le Japon
et les trois mousquetaires des cinq doigts de la main
tournant la manivelle d’un petit sous-marin
plongeant au fond des mers
pour chercher des oursins.
Revenant sur la terre
nous avons rencontré
sur la voie de chemin de fer
une maison qui fuyait
fuyait tout autour de la terre
fuyait tout autour de la mer
fuyait devant l’hiver
qui voulait l’attraper.
Mais nous sur notre chemin de fer
on s’est mis à rouler
rouler derrière l’hiver
et on l’a écrasé
et la maison s’est arrêtée
et le printemps nous a salués.
C’était lui le garde-barrière
et il nous a bien remerciés
et toutes les fleurs de toute la terre
soudain se sont mises à pousser
pousser à tort et à travers
sur la voie de chemin de fer
qui ne voulait plus avancer
de peur de les abîmer.
Alors on est revenu à pied
à pied tout autour de la terre
à pied tout autour de la mer
tout autour du soleil
de la lune et des étoiles
A pied à cheval en voiture et en bateau à voiles. »

A demain @jynau

1 Informations pour consommateurs  « DESPERADOS® ORIGINAL Née en 1995 dans notre brasserie de Schiltigheim en Alsace, Desperados® est la première bière aromatisée tequila commercialisée en France.

  « Notre produit iconique, Desperados® Original, est aromatisé tequila et présente une robe d’un jaune soleil, limpide et brillante. De fermentation basse, brassée avec du malt d’orge, elle titre à 5,9 % vol. À déguster bien fraîche entre 4°C et 6°C, Desperados® Original offre un goût puissant et prononcé en bouche, avec de subtiles notes citronnées et quelques touches épicées. »

2 Informations pour consommateurs : « Le London Dry Gin GIBSON’S ® est élaboré en Angleterre à partir de céréales soigneusement sélectionnées et distillées en alambics selon la méthode traditionnelle. Les vapeurs d’alcool s’imprègnent ensuite des arômes de baies de genièvre, de coriandre, d’angélique et d’écorces d’oranges selon une recette unique, avant d’être recueillies et mises en repos quelques heures dans des cuves. Le degré alcoolique est réduit par dilution, puis le Gin GIBSON’S est filtré à froid avant sa mise en bouteille. »


Naloxone® pour ne pas mourir, en France, d’une overdose aux opiacés : qui ment, qui dit la vérité ?

Bonjour

Les surdoses ont, elles aussi, leur journée. Cela s’appelle « La Journée internationale de sensibilisation aux surdoses » (Overdose Awareness Day) – organisée la veille de la rentrée des classes, le 31 août. A cette occasion l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) a réalisé un point de situation sur l’offre thérapeutique des antidotes aux opioïdes en France. Une occasion, pour cette Agence de vanter son action :

« Depuis 2015, l’ANSM s’est mobilisée pour permettre aux usagers de drogues, aux patients en situation de surdosage et à leur entourage un accès large et facilité à la naloxone pour le traitement d’urgence des overdoses aux opioïdes médicamenteux tels que la morphine et la méthadone, ou illicites tels que l’héroïne ou les fentanyloïdes de synthèse, dans l’attente d’une prise en charge médicale. »

En vérité il fallut bien des atermoiements, bien des crises et des noms de certains oiseaux pour en arriver à la situation réglementaire présente :  deux autorisations de mise sur le marché (AMM) pour des kits de naloxone prête à l’emploi : depuis 2018 pour Nalscue ®, naloxone par voie nasale et, depuis mai 2019 pour Prenoxad ®, naloxone injectable. Et afin que les patients puissent les obtenir sans ordonnance obligatoire (ce qui est loin d’être un détail, l’ANSM a également proposé, après avis de la Commission des stupéfiants et des psychotropes, des modifications de la réglementation en ce sens.

Ainsi actuellement, officiellement, « sont disponibles en France et à la portée de tous via les kits prêts à l’emploi » :

Prenoxad ® solution injectable intramusculaire en seringue préremplie (0,9 mg/ml) : 
Disponible depuis mai 2019 dans les établissements de santé, en Centres de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA), en Centres d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues (CAARUD). Il est également disponible dans les pharmacies de ville,   Nalscue ®, solution pour pulvérisation nasale en récipient unidose (naloxone 0,9mg/0,1mL) : Disponible dans les établissements de santé, les CSAPA et les CAARUD.  

D’autres kits de naloxone prête à l’emploi et sous forme de spray nasal (Nyxoid ®, Naloxone Adapt ® et Ventizolve ®) ont obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM européennes) et, assure l’ANSM, « vont être commercialisés ».

Loin de l’ANSM, une autre réalité

Dans le même temps d’autres voix se lèvent qui disent une autre réalité. Ainsi Aides. « La consommation d’opioïdes ayant plus que doublé en dix ans en France et les décès par surdose ne cessant d’augmenter » souligne l’assiociation qui lance une semaine d’actions spécifiques  partout en France, du 2 au 6 septembre dans tout son réseau. La « Semaine de la naloxone » sera, prévient-elle, l’occasion d’interpeller les pouvoirs publics sur la nécessité de rendre la naloxone, antidote puissant aux overdoses d’opioïdes, effectivement accessible et de sensibiliser les usagers-es et leurs proches. Ecoutons Aides :

« Aujourd’hui, en France, environ 400 personnes succombent à une surdose d’opioïdes – licites (traitement anti-douleurs) ou illicites – chaque année. Dans la palette de dispositifs de réduction des risques existants, la naloxone a une place particulière. En effet, la naloxone est un médicament qui permet de neutraliser les effets d’une surdose d’opioïdes et de sauver ainsi des vies.

« Morphine, méthadone, héroïne, fentanyl, tramadol, nombreux sont les produits licites et illicites à base d’opioïdes. En plus de l’injection intraveineuse et des médicaments l’associant à des traitements de substitution que peuvent délivrer des professionnels de santé habilités, deux formes de naloxone sont disponibles à la distribution aux usagers-es via les CAARUD (Centres d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues) et les CSAPA (Centres de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) : un spray nasal et une injection intramusculaire. »

Des vies qui ne sont pas sauvées

Et Aides de rappeler, en écho de l’ANSM, que la  naloxone est promue par le Plan national de mobilisation contre les addictions 2018-2022 – un Plan qui préconise de « veiller à l’accessibilité physique et économique de la naloxone, faciliter en particulier la délivrance de la naloxone dite ‘’take home’’ par des structures spécialisées (CSAPA / CAARUD) et non spécialisées, et développer la formation des professionnels-les, des intervenants-es, des usagers-es concernés-es et de leurs proches ».  

« Néanmoins concrètement rien n’est fait pour que ces recommandations soient suivies d’effets, bien au contraire ! accuse Aides. Le grand écart est visible à plusieurs endroits. Au niveau de l’offre tout d’abord, Indivior, le laboratoire qui produit  le seul spray nasal disponible aujourd’hui en France a annoncé la fin de sa commercialisation parce que non rentable financièrement. Pourtant reconnue par les professionnels-les de santé et les usagers-es pour sa facilité d’utilisation, fin 2020, les usagers-es seront donc privés-es d’une des deux modalités  de prise à leur disposition aujourd’hui. 

« Sur sa diffusion et son déploiement ensuite, ajoute l’association. Pour une efficacité optimale du dispositif, la distribution des kits doit être doublée d’une formation des personnes concernées, à la fois les usagers-es mais aussi leurs proches qui doivent être aptes à réagir rapidement et à administrer l’antidote le plus vite possible. A ce stade, et malgré la mobilisation des structures communautaires, la capacité à délivrer le produit et former les personnes reste trop faible. »  

Pour Aides, il est primordial que ces deux formes de naloxone demeurent disponibles en France, « avec une meilleure accessibilité effective aux personnes concernées ». Et Aides de dénoncer « l’absence de dotation de kits de naloxone aux services de premiers secours, malgré leurs demandes ». En tant que premiers acteurs du système de santé à entrer en contact avec les victimes de surdoses, ils doivent absolument être en mesure d’administrer la naloxone et ainsi assurer leur mission : sauver des vies.

A demain @jynau