Après l’injure socialiste faite aux alcooliques : William Lowenstein réplique à Olivier Faure

Bonjour

Nous publions ci-dessous le texte que nous adressé le Dr William Lowenstein, interniste et addictologue, président de SOS Addictions en réponse aux propos tenus sur France Inter par Olivier Faure, Premier Secrétaire du Part Socialiste, sur les « alccoliques anobymes ».

« Les mois se suivent et tristement se ressemblent, en France, quant à  notre retard culturel dans le champ de la Santé des Addictions. Nous avions eu le veto présidentiel du Dry January – sous pression du lobby alcoolier. Nous avons, en ce premier dimanche de février,  sous pression médiatique, le mépris du Secrétaire Général du Parti Socialiste (ou de ce qui reste de ce dernier) envers celles et ceux qui aident les personnes confrontées à cette maladie qu’est la dépendance à l’alcool. 

« Bonjour, je m’appelle Olivier, j’ai vécu mon enfance à La Réunion et pourtant je ne connais rien au SAF (syndrome d’alcoolisation fœtale) qui y sévit et dont les connaissances des méfaits tardifs sont largement encore sous-estimés…. »  aurait pu aujourd’hui déclarer Mr Olivier Faure sur l’antenne de France Inter.

Nullement. Mr. Faure a préféré traiter deux ministres d’« alcooliques anonymes »… ! Comment peut-on l’interpréter ? Faut-il voir là un symptôme de connaissances assez limitées ? Un déficit empathique et de respect compassionnel envers les citoyens que le Premier Secrétaire du Part Socialiste prétend vouloir éclairer, faute de pouvoir les gouverner ? 

« Un conseil Mr Faure, relisez (je ne doute pas que vous l’ayez déjà lu) Joseph Kessel en général – et tout particulièrement son « Avec les Alcooliques Anonymes » (Gallimard, Folio). Vous y comprendrez sans doute que la fraternité et l’égalité valent toujours infiniment mieux, en démocratie, que l’injure et les sales marécages d’un humour vaseux ».

A demain @jynau

Toxicomanie : en Suisse, soigner avec de l’héroïne pharmaceutique administrée par voie nasale

Bonjour

Question à mille francs : pourquoi la petite Suisse est-elle à ce point en avance sur la France quant la politique de réduction des risques ? Depuis un quart de siècle la prescription de diacétylmorphine (DAM ou « héroïne pharmaceutique ») fait partie de l’offre thérapeutique ordinaire comme alternative en cas de non-réponse au traitement agoniste opioïde classique.

En Suisse, 8% des personnes devenues gravement dépendantes à l’héroïne sont aisi soignée. Dispensé dans des centres spécialisés, le traitement consiste en l’administration (strictement réglementée et contrôlée) de diacétylmorphine – et ce dans le cadre d’un suivi médical et psychosocial. Il a été expérimenté pour la première fois en Suisse en 1994, dans le cadre d’une étude de cohorte. Et au vu des résultats positifs obtenus, il s’est imposé en tant que mesure thérapeutique. Mieux encore : il  a été inscrit dans la loi sur les stupéfiants en 2011. En 2016 environ 1.600 personnes dépendantes ont suivi un tel traitement dans vingt-et-un centres ambulatoires spécialisés et un centre pénitentier.

Pour autant – et bien que la forme galénique intraveineuse ait été complétée par des comprimés à libération immédiate et à libération prolongée-  une partie du « public cible » n’est pas atteinte. « En premier lieu, il existe souvent de graves lésions veineuses dues à la prise sur le long terme de substances issues du marché noir, peut-on lire dans le dernier numéro de la Revue Médicale Suisse (15 janvier 2020) 1. Certaines personnes s’injectent par voie intramusculaire, ce qui ne produit pas les mêmes effets qu’une injection intraveineuse: diffusion plus lente, effet moindre, et différé. D’autres personnes injectent dans des zones à haut risque comme la veine fémorale commune. Globalement, ces deux options ne sont médicalement pas adaptées. »

Les auteurs ajoutent que l’incidence de la bronchopathie chronique obstructive (BPCO) augmente en raison des années d’exposition à la fumée de tabac ou à d’autres substances. « Lors de l’injection d’opioïdes, une désaturation en oxygène peut alors survenir plus rapidement, expliquent-ils. Le passage aux comprimés n’est souvent pas satisfaisant en raison de l’absence d’effet « flash », avec le risque très important d’un retour à l’héroïne intraveineuse non médicale. »

L’exécutif français allergique à la réduction des risques

Enfin, un troisième groupe d’usagers ne consomme ni par voie intraveineuse ni par voie orale, mais en sniff. L’héroïne inhalée a une diffusion dans l’organisme plus lente que par voie intraveineuse, mais plus rapide que par voie orale, avec un effet subjectif de high. Si la recherche de cet effet est au premier plan, la prescription de comprimés sera perçue comme peu attractive.

C’est dans ce contexte que des médecins du programme HegeBe (pour « Heroin gestützte Behandlung ») ont donc exploré la possibilité d’une administration intranasale de la DAM. L’inhalation de comprimés pilés est exclue en raison des excipients potentiellement nocifs. Une autre solution est envisagée: l’administration à l’aide d’un nébuliseur. « Ce traitement devrait être offert dans le cadre d’une étude observationnelle multicentrique » préccisent les Drs Marc Vogel et Hannes Strasser.

Les médecins du programme HegeBe espèrent les effets suivants: réduction des dommages par rapport aux injections intramusculaires ou intraveineuses inguinales, meilleure tolérance chez les personnes souffrant d’une BPCO, acceptabilité du traitement plus élevée qu’avec les comprimés pour le sous-groupe des personnes consommatrices par voie inhalée. Les résultats préliminaires sont attendus courant 2020.

Est-ce la Suisse qui est en avance dans la prise en charge de ces grands malades ? Ou est-ce la France qui tarde ?

« La France ? Léon Schwartzenberg devint le ministre de la Santé le plus éphémère … quand il évoqua la possibilité en France des traitements par DAM se souvient le Dr William Lowenstein, président de SOS Addictions. Aujourd’hui, de Liverpool à Liège, de l’Allemagne à la Suisse, nous ne manquons ni de recul, ni de travaux sur ce que peut apporter ‘’l’héroïne médicalisée’’ dans des indications précises – notamment après échec méthadone ou buprenorphine. Mais qui lit encore ce raport de l’Inserm ? C’est le même problème que les salles de consommation à moindre risque, le cannabis thérapeutique, la e-cigarette : il nous faut franchir nos résistances, nos morales (françaises) pour pouvoir développer l’accès aux stratégies de réduction des risques …. »

Dépassons la morale, allons jusqu’à l’éthique politique. Qui, au sein de l’exécutif français, s’intéresse encore au beau concept de réduction des risques ?

A demain @jynau

1 «Vers une homologation de l’héroïne pharmaceutique par voie inhélée : un projet pilote », Marc Vogel (Services psychiatriques de Thurgovie, Muensterlingen, Marc.Vogel@stgag.ch) et Hannes Strasser (Cliniques universitaires psychiatriques, Bâle, Hannes.Strasser@upk.ch ).

Cannabis-Urgent : recherche un bon producteur français (s’adresser à l’Agence du médicament)

Bonjour

Pour un peu on en rirait. Résumons. Régulièrement annoncée l’expérimentation (officielle) du cannabis thérapeutique en France devrait débuter en septembre. Cette fois l’annonce en a été faite, le 22 janvier 2020, par Christelle Ratignier-Carbonneil, depuis trois ans directrice générale adjointe de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). C’était sous les ors de l’Assemblée nationale, lors des premières auditions de la « mission d’information commune sur la réglementation et l’impact des différents usages du cannabis ».

« Septembre, c’est demain, c’est très proche », a fait observer la directrice générale adjointe, citée par l’AFP. Compte tenu de ce délai, l’ANSM envisage donc « plutôt d’avoir recours à des producteurs étrangers » pour fournir le cannabis nécessaire. Faut-il ici rappeler que la législation française interdit (actuellement) la culture des plants contenant des taux supérieurs à 0,2 % de THC ?

In ViVo et la Creuse bigrement intéressés

Pour autant la directrice générale adjointe ne néglige pas un certain pragmatisme surréaliste . « Si un producteur national est en capacité de répondre aux critères (…) , il pourra être retenu », a osé préciser Mme Ratignier-Carbonneil. Elle a même ajouré que « des réflexions sont actuellement en cours » entre, d’une part, le ministère des Solidarités et de la Santé et, de l’autre celui de l’Agriculture et de l’Alimentation pour permettre une production française. On attend ici, plus que celles d’Agnès Buzyn, les réflexions de Didier Guillaume toujours prolixe quand il s’agit de lutter contre les addictions et l’addictologie.

« Notre seul objectif reste la qualité des produits qui doivent être mis à la disposition des patients » a encore souligné la directrice générale adjointe. Et l’AFP de préciser que « malgré l’interdiction actuelle, InVivo, l’un des premiers groupes agricoles coopératifs français, a déposé une demande auprès de l’ANSM pour se « positionner sur le marché ». On sait aussi que le département de la Creuse est intéressé et qu’à Guéret le Premier ministre n’avait pas dit non. .

Pour un peu, on en rirait ? Ce serait oublier que l’expérimentation du cannabis « à usage médical » doit concerner trois mille personnes qui souffrent de maladies graves – certaines formes d’épilepsie, de douleurs neuropathiques, d’effets secondaires de chimiothérapie, de soins palliatifs ou de scléroses en plaques. Oublier que le cannabis sera consommé sous forme d’huile ou de fleurs séchées (« la voie fumée a été écartée à cause des effets nocifs de la combustion sur la santé »). Oublier que ce cannabis sera prescrit « en dernière intention » (a rappelé Mme Ratignier-Carbonneil). Oublier, enfin, que les patients concernés « pourront bénéficier du cannabis gratuitement ».

A demain @jynau

A l’attention des malades souffrants et des toxicomanes : la nouvelle donne du Tramadol®

Bonjour

C’est une nouvelle étape dans la politique de réduction des risques inhérents aux médicaments. Après avoir (enfin) obtenu le retour du paracétamol et de l’aspirine derrière le comptoir du pharmacien d’officine, le directeur général de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) vient de réussir à réduire la durée de prescription de la pléiade de spécialités contenant du tramadol :

BIODALGIC, CONTRAMAL, MONOALGIC, MONOCRIXO, OROZAMUDOL, TAKADOL, TOPALGIC, ZAMUDOL, ZUMALGIC et TRAMADOL GENERIQUESIXPRIM, ZALDIAR, TRAMADOL/PARACETAMOL GENERIQUES. SKUDEXUM.

Détail : en 2017, 6,8 millions de Français avaient consommé au moins une fois dans l’année l’une de ces spécialités.

On rappelle à cette occasion que le tramadol est indiqué uniquement indiqué « dans le traitement des douleurs modérées à intenses » mais qu’il « ne doit pas être prescrit dans le traitement de la migraine ». « Pour limiter le risque de dépendance, il doit être prescrit pendant la durée la plus courte possible, ajoute l’ANSM. Pour éviter un syndrome de sevrage, la posologie doit être diminuée progressivement avant l’arrêt du traitement. » Sans oublier qu’il « expose à des risques de convulsions ».

Décision : la durée maximale de prescription des médicaments contenant du tramadol est réduite de 12 mois à 3 mois. Elle sera applicable à compter du 15 avril 2020. Au-delà de 3 mois, la poursuite d’un traitement par tramadol (voie orale) nécessitera une nouvelle ordonnance.
 

Il s’agit ici de « limiter le mésusage » ainsi que les risques de dépendance. Cette mesure découle notamment des enseignements émergents de l’Etat des lieux sur la consommation des opioïdes et de la feuille de route 2019-2022 publiée par le Ministère de la Santé « Prévenir et agir face aux surdoses d’opioïdes ». 

Il s’agit surtout de (tenter de) lutter contre ce que montrent plusieurs enquêtes du réseau d’addictovigilance (CEIP-A). Le tramadol est ainsi devenu, en France le premier antalgique opioïde cité à la fois chez les usagers de drogue mais également dans la population générale pour le traitement de la douleur.

Les « usages problématiques » observés sont notamment une dépendance avec des signes de sevrage survenant même lors de prises à doses recommandées et sur une courte période – dépendance entraînant « une prise persistante par des patients qui ne présentent plus de douleur ». C’est aussi le premier antalgique impliqué dans les décès liés à la prise d’antalgiques, devant la morphine. C’est encore le deuxième antalgique le plus fréquemment retrouvé sur les ordonnances falsifiées présentées en pharmacie, derrière la codéine.

« Les médecins connaissent mal la molécule et les patients ne reconnaissent pas toujours les signes de dépendance  explique, dans Le Monde (Chloé Hecketsweiler) Nathalie Richard, directrice adjointe des médicaments antalgiques et stupéfiants à l’ANSM. Nous souhaitons débanaliser la prescription du Tramadol, notamment à la sortie de l’hôpital, où l’on donne souvent des ordonnances pré-imprimées aux patients. ».

La codéine et la poudre d’opium

« Certains patients présentent des symptômes de dépendance après seulement un mois » ajoute le Pr Nicolas Authier, chef du service de pharmacologie et du centre de la douleur du centre hospitalier universitaire de Clermont-Ferrand. En outre, le sevrage est complexe, car le tramadol agit à la fois comme un antidouleur et un antidépresseur.»

Des prescriptions, donc, qui ne pourront plus être de douze mois mais de trois seulement. Sera-ce suffisant face à un mal national qui semble autrement plus profond ?

«Cette décision fait suite à un avis de 2019 de la commission des stupéfiants et psychotropes, nous a précisé le Pr Authier. L’alternative de mettre le tramadol en prescription sur ordonnancé sécurisée a été discuté mais pas retenue car cela aurait entraîné un report majeur des (primo)prescriptions d’antalgiques opioïdes vers la codéine et la poudre d’opium. Et donc une majoration des complications liées à ces deux molécules. Par ailleurs, passer les trois molécules sur ordonnances sécurisées risquait aussi de réduire significativement l’accès aux antidouleurs et provoquer une régression dans la prise en charge de la douleur en France.»

En revanche, il faudra selon lui probablement harmoniser cette mesure de limitation du renouvellement d’ordonnance à 3 mois à la codéine et à la poudre d’opium. Pour le Pr Authier cette mesure « rappelle la responsabilité du médecin, qui expose un patient à une substance potentiellement à risque de mésusage et pharmacodépendance, de réévaluer fréquemment la pertinence de ce traitement .»

Dont acte.

A demain @jynau

Alerte : le «kratom» est désormais une drogue (feuilles, extraits, poudres, liquides, résines) !

Bonjour

On l’ignorait. On ne le pourra plus. Le « kratom » (Mitragyna speciosa) est une espèce d’arbre d’Asie du Sud-Est. Ses feuilles sont dotée d’effets psychoactifs – effets dus aux nombreux alcaloïdes qu’elle contiennent, notamment la mitragynine et la 7-hydroxymitragynine, actifs sur les récepteurs opioïdes (récepteurs de la morphine).
 
Proposée à la consommation la substance se présente sous forme de feuilles broyées, de poudres, d’extraits secs ou liquides, de résines, plus ou moins concentrés, majoritairement consommés par voie orale. Et ce, nous dit-on, « principalement chez des hommes âgés en moyenne d’une trentaine d’années et obtenus via Internet ». Sa consommation à des fins dites « récréatives » est également en augmentation dans le monde, en particulier aux Etats-Unis où plusieurs dizaines de décès ont été récemment rapportés par la FDA en lien avec la prise de kratom.

Dépendance, sevrage, anorexie, décompensation psychotique etc.

En France cette consommation va devenir plus difficile -et le produit retrouver les circuits des mafias. Un arrêté du 23 décembre 2019  modifiant l’arrêté du 22 février 1990 l’a inscrit sur la liste des psychotropes – et ce « compte tenu des risques graves pour la santé liés à la consommation de cette plante ». Conséquence, leur détention et leur achat sont maintenant interdits. Plus précisément ce sont la mitragynine et la 7-hydroxymitragynine qui ont été inscrits sur la liste des substances psychotropes, « sur proposition du Directeur général de l’ANSM ».

« Cette mesure, explique l’Agence nationale française de sécurité du médicament fait suite aux résultats d’une enquête confiée par cette agence au réseau national d’addictovigilance (CEIP-A) sur la période 2007-2018. Elle a rapporté vingt cas de consommations de kratom avec une augmentation du nombre d’intoxications ces dernières années (14 cas depuis 2016), à l’origine de dépendance, de syndrome de sevrage, d’anorexie, de perte de poids, d’une décompensation psychotique et d’une hépatite toxique. Un décès a également été signalé dans un contexte de polyconsommation de drogues et médicaments. »

Désormais tous les professionnels de santé doivent déclarer tout cas grave d’abus, de dépendance ou d’usage détourné sur le site signalement-sante.gouv.fr ; et se rapprocher du centre d’addictovigilance (CEIP-A) de leur secteur géographique pour toute information complémentaire.

Se souvenir : « kratom ».

A demain @jynau

Mourir de la e-cigarette ? La vérité sur la «maladie sans nom» est publiquement dévoilée

Bonjour

Le rideau est enfin levé; un nom nous est donné. Spécialistes et observateurs affûtés le pressentaient mais l’affaire peut enfin être expliquée au plus grand nombre comme, fort heureusement  aujourd’hui dans les colonnes du  Figaro (Cécile Thibert).

Le contexte : depuis le début de l’été, les États-Unis font face à une épidémie sans précédent de cas d’atteintes pulmonaires graves et atypiques, parfois mortelles. Selon les derniers chiffres publiés par les CDC américains (Centers for disease control and prevention), 54 personnes sont décédées et on recense 2506 hospitalisations. « L’arme du crime ? La cigarette électronique. Ou plutôt, ce que les utilisateurs ont mis dedans » résume Le Figaro. C’est ainsi que la « maladies sans nom » du départ est désormais étrangement désignée : « E-cigarette, or vaping, product use associated lung injury » (EVALI). Une pathologie américaine  pour laquelle toutes les données disponibles sont dans le (toujours) prestigieux  New England Journal of Medicine.

« D’après cette étude, financée par les institutions sanitaires américaines, ces cas d’atteintes pulmonaires seraient liés à des liquides de vapotage achetés sur le marché noir et coupés avec de l’acétate de vitamine E, une substance potentiellement nocive, résume Le Figaro. les fluides pulmonaires de 51 autres patients ont été analysés: 94% contenaient de l’acétate de vitamine E à un niveau détectable. La quasi-totalité des échantillons n’ont pas révélé la présence d’autres substances toxiques. En parallèle, les scientifiques ont analysé les fluides de 99 personnes en bonne santé, dont 18 vapoteurs. Aucun ne contenait d’acétate de vitamine E. »

Exécutif allergique à la réduction des risques

Ce travail conforte pleinement l’hypothèse officielle des autorités sanitaires américaines. Début novembre, ces dernières avaient annoncé avoir retrouvé de l’acétate de vitamine E dans la totalité des échantillons de fluides pulmonaires prélevés sur 29 victimes. Cette substance est habituellement utilisée dans les produits cosmétiques ou en tant que complément alimentaire. Aucun danger. Mais quid de son inhalation ? On dispose désormais de la réponse à la question – sans connaître encore pleinement l’intimité de la cascade physiopathologique (altération directe des cellules pulmonaires par l’acétate ou via un gaz toxique produit lors du chauffage de la e-cigarette). Plusieurs études sont en cours (notamment chez l’animal) pour décrypter le sujet.

Dr Anne Schuchat, directrice adjointe des CDC :  «Compte-tenu de tous ces résultats, nous pouvons conclure que cette épidémie explosive de cas d’atteintes pulmonaires peut être attribuée à l’exposition à des produits de vapotage contenant du THC, qui contiennent également de l’acétate de vitamine E. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’autres substances dans la cigarette électronique ou dans les produits de vapotage qui ne provoquent pas d’atteintes pulmonaires. »

Aucun cas d’EEVALI en France. Où, après une vague de désinformations coupables, l’on comprend que la cigarette électronique n’est pas la cause mais, le cas échéant, le vecteur. Où l’on peut, aussi de féliciter de la récente mise au point éclairée de la vieille Académie nationale de médecine :

« Il ne faut pas accuser le contenant d’être nocif alors que c’est le contenu qui est en réalité nocif et responsable de l’alerte américaine. En France, nombre de fumeurs qui s’apprêtaient à passer à la vaporette au lieu du tabac ne doivent pas hésiter puisque l’HAS en a fait un produit utile à l’arrêt du tabac et qui a fait ses preuves. »

Un Académie aussitôt méchamment attaquée par les militants radicaux d’Alliance contre le tabac. Où l’on mesure, une nouvelle fois, la somme des énergies dont il faut disposer pour œuvrer dans le vaste champ de la réduction des risques – a fortiori quand le pouvoir exécutif s’y révèle, comme souvent aujourd’hui en France, radicalement allergique.

A demain @jynau

Pour votre cocaïne, vous avez enfin le choix: Snapchat ou WhatsApp ? Chronopost ou scooter ?

Bonjour

C’est un papier du vieux Figaro (Angélique Négroni) qui nous dit à quel point le temps passe vite dans la société ubérisée : « La cocaïne, ce dangereux compagnon des métiers pénibles. La drogue circule chez les marins-pêcheurs, les agriculteurs ou les chauffeurs routiers de façon de plus en plus préoccupante. »

« Fin novembre, des gendarmes ont poussé la porte du comité de pêche des Côtes-d’Armor en Bretagne pour parler de la drogue. Elle circule chez les marins-pêcheurs de façon de plus en plus préoccupante. Bien qu’encore tabou, ce sujet est abordé par certains responsables de la profession. «La cocaïne est davantage consommée», admet sans détour Sophie Leroy-Lebarbanchon, vice-présidente du comité régional des pêches de Normandie.

Les matelots, qui disposent d’un pouvoir d’achat confortable, ont les moyens d’y recourir. «Un jeune qui sort de l’école gagne bien sa vie. C’est un métier dur mais rémunérateur», poursuit la responsable. Via les réseaux sociaux, les commandes auprès des dealers se font discrètement. «Le problème, c’est qu’on se procure trop facilement ces produits», s’agace Alain Coudray, président du comité des pêches des Côtes-d’Armor. «Avant il fallait se soucier du vin, maintenant c’est la drogue.»

Sans parler de la politique. Ni du journalisme

D’autres métiers sont touchés par l’usage des drogues. Alors qu’elles ne circulaient que dans les « milieux intellectuels », elles concernent désormais les agriculteurs, les chauffeurs routiers, le milieu de la restauration ou du bâtiment. Sans pour autant que les intellectuels en soient désormais indemnes.

« Certains tombent dans une spirale infernale. Pour prolonger les effets de la cocaïne, ils consomment de l’alcool, puis, pour déstresser, du cannabis. Sous la pression, le plus souvent de leurs proches, ils finissent parfois par demander de l’aide. «Ils sont pris au piège, victimes de pertes de contrôle dont ils ne se rendent même pas compte. Ce sont les familles qui tirent la sonnette d’alarme», décrit le Dr Guillaume Airagnes, psychiatre addictologue à l’hôpital Georges-Pompidou. »

Où l’on retrouve le couple infernal de l’offre et de la demande. «Tout passe par les messageries comme Snapchat, WhatsApp. Puis c’est la livraison express par Chronopost ou par scooter», décrit le docteur Laurent Karila, psychiatre-addictologue à l’hôpital Paul-Brousse et porte-parole de SOS Addictions. Ceux qui consomment pendant leurs activités professionnelles ne sont pas tous naïfs. Ils avaient commencé dans les soirées puis se sont dit : pourquoi ne pas continuer en travaillant ? »

Mais les marins-pêcheurs, les agriculteurs et les chauffeurs routiers ? Ont-ils « commencé dans les soirées » ? Et la police, est-elle touchée ? Sans parler de la politique. Ni du journalisme.

A demain @jynau

Meurtres de l’homme aux mains coupées et de l’infirmière de Montargis: misère et toxicomanie

Bonjour

L’affaire faisait songer au formidable Hary Hole inspecteur dans la police criminelle norvégienne. Hole, flic alcoolique, dépressif, en proie à des problèmes sexuels et conjugaux, cynique, en rupture de ban et commis d’office par sa hiérarchie dans des affaires à la lisière du surréalisme  – autant dire sympathique (Jo Nesbø). Une affaire qui aurait vu Hole dans le Gâtinais pauvre (quadrant nord-est du Loiret, France).

Rouvrons le dossier. Lundi 21 octobre, 7h15, les passants découvrent un cadavre en bordure d’un champ situé sur la commune de Pannes. C’est celui de Karine Foucher, infirmière libérale, 42 ans. Le corps a été lardée de plusieurs coups de couteau au thorax, au cou et au visage. Les mains sont attachées par un câble téléphonique. Son véhicule est retrouvé avec des traces de sang à l’intérieur, non loin des lieux du drame. L’autopsie menée le 22 octobre confirme l’origine de sa mort par arme blanche. Originaire de Ferrières-en-Gâtinais,  Karine Foucher effectuait sa tournée habituelle qu’elle commençait à 6h le matin.

Les gendarmes de Montargis sont alors alertés de la disparition de Jacques Samson, 84 ans, un habitant de Chalette-sur-Loing.  Il se rendent à son domicile, situé à 2 km de Pannes et découvrent son cadavre disposé en travers de son lit, caché par plusieurs couvertures. L’autopsie démontre qu’il est mort après avoir reçu plusieurs coups de poing à la tête. L’homme a d’autre part « été amputé des deux mains post-mortem ». Les deux mains n’ont pas été retrouvées précisera  Nicolas Bessone,  le procureur de la République d’Orléans.

Jacques Samson était l’un des patients de l’infirmière – et l’un des premiers à qui elle rendait visite le matin. Un chouchou et une pince à cheveux cassée appartenant à Karine Foucher ont été retrouvés au domicile de Jacques Samson. L’enquête se poursuit pour retrouver le ou les auteurs de ce double meurtre. Le mobile du double meurtre n’est donc pour l’heure pas établi. Rien ne semble avoir été  été volé au domicile de Jacques Samson mais des traces de fouilles ont été constatées. « Aucune hypothèse n’est écartée à ce stade de l’enquête » déclarait le procureur – sans préciser à quelles hypothèses il songeait.

S’adonne à la prostitution occasionnelle

Il aura fallu moins de trois semaines aux gendarmes section de recherches d’Orléans. Les deux suspects, Messaoud et Fazia M., selon Le Parisien,  (Jérémie Pham-Lê) nient leur implication, en «se rejetant partiellement la responsabilité des faits», a précisé le procureur de la République d’Orléans.  

La rumeur populaire dans le Gâtinais pauvre laissait déjà croire à la présence d’une forme de tueur sadique, « signant ses crimes par l’amputation ». Dans les faits : un frère et une sœur issus d’un milieu social plus que défavorisé. Après 48 heures de garde à vue, Fazia et Messaoud M., âgés de 40 et 33 ans, ont été mis en examen  pour « homicides aggravés » et « atteinte à l’intégrité physique d’un cadavre » avant d’être placés en détention provisoire. Ils sont soupçonnés d’avoir tué Jacques Samson et Karine Foucher.

La sœur et le frère vivaient à moins de 300 mètres du domicile de Jacques Samson. « Les investigations des gendarmes ont permis de les impliquer sur la foi d’éléments scientifiques, de téléphonie et des témoignages, a déclaré au Parisien  le procureur de la République d’Orléans, Nicolas Bessone. En garde à vue, ils ont nié toute implication. Il faut donc rester prudent sur le mobile, mais la piste crapuleuse apparaît privilégiée. »

« Mère de sept enfants, Fazia M. n’a aucun emploi et s’adonne à la prostitution occasionnelle, rapporte Le Parisien. Elle vit dans un pavillon d’un étage, décrit comme ‘’sale et désordonné’’. Son frère Messaoud, lui, est un toxicomane accro à l’héroïne et la cocaïne. Ce marginal loge chez sa sœur aînée depuis sa sortie de prison après avoir été condamné dans une affaire de stupéfiants. »

Ajoutons qu’un troisième suspect, Mehmet S., a été mis en examen pour non-dénonciation de crimes et écroué. Compagnon épisodique de Fazia M., ce quinquagénaire n’est pas soupçonné à ce stade d’avoir été présent lors des tueries. Cinq autres suspects interpellés, proches des M., ont tous été relâchés et mis hors de cause.

Très tôt, les gendarmes de la section de recherches d’Orléans ont eu la conviction que les deux meurtres étaient l’œuvre de locaux. « Le travail n’était pas professionnel et l’ensemble du périple meurtrier a eu lieu dans un rayon d’un kilomètre », confie un proche de l’enquête. Les gendarmes ont pu reconstituer le trajet des suspects grâce à l’iPhone de l’infirmière tuée, retrouvé dans une poubelle sur un parking de Pannes (Loiret).On peut reconstituer désormais les faits. Dans la matinée du 21 octobre, Fazia et Messaoud M. se seraient d’abord introduits chez Jacques Samson en vue de le cambrioler. Le vieil homme se serait débattu et aurait été roué de coups au visage jusqu’à en succomber. Les tueurs seraient ensuite tombés « fortuitement » sur Karine Foucher, venue administrer des soins à son patient diabétique.

« Ils auraient alors ligoté l’infirmière de 42 ans puis l’auraient transportée vivante dans son 4X4 jusqu’à un distributeur de Châlette afin d’y effectuer un retrait de 800 euros avec sa carte bancaire, ajoute Le Parisien. C’est à bord du véhicule qu’ils auraient ensuite mortellement poignardé la mère de famille avant de déposer son corps en lisière d’une route de Pannes. L’analyse du bornage du téléphone de l’infirmière révèle que les suspects seraient retournés chez Jacques Samson pour une raison indéterminée. Est-ce à ce moment-là qu’ils lui auraient tranché les mains ? S’agissait-il d’éliminer d’éventuelles traces ADN ? Toujours est-il que les bourreaux de l’octogénaire, visiblement paniqués, font même une halte… au domicile de Fazia M., ce qui signe les crimes. »

Un personnage de roman noir

Dernière étape : le 4X4 de Karine Foucher est garé sur un parking de Pannes, des traces de sang plein l’habitacle. Son téléphone est jeté. Les meurtriers présumés n’ont pas été assez prudents : l’ADN de Fazia M. a été relevé sur un mégot de cigarette et une boîte de boule Quiès chez Jacques Samson, ainsi que sur la portière du 4X4 et l’aisselle de Karine Foucher. Messaoud M., lui, a été identifié comme étant l’homme encapuchonné qui effectue le retrait d’argent et abandonne le véhicule de l’infirmière à Pannes. Les caméras ont filmé sa silhouette.

Appât du gain, sans doute. Mais les enquêteurs restent intrigués par le déchaînement de violences. Et rien n’a été dérobé chez Jacques Samson, ancien cheminot à la pension modeste. Fazia M., décrite comme « séductrice », connaissait le retraité. En 2017, elle avait effectué des tâches ménagères chez lui. Elle savait qu’il laissait son domicile ouvert. Pour ne rien simplifier elle avait été visée par une plainte de Jacques Samson pour une histoire de chèques falsifiés. Selon Fazia M., il s’agissait de « dédommagements » après des « comportements déplacés » du vieillard. Or selon des témoins « la victime aurait rémunéré la suspecte pour quelques caresses consenties ». La plainte de Jacques Samson avait été classée sans suite.

« Fazia M. est un personnage de roman noir, a confié un proche de l’enquête. Elle a un côté maléfique et une certaine emprise sur les hommes, qu’elle fréquentait en nombre. » Roman noir, grande misère et toxicomanie. A ce jour les mains du vieil homme n’ont pas été retrouvées.

A demain @jynau

Cocaïne en France : baisse constante de nos prix. 71,5 euros le gramme bien dosé et livré

Bonjour

13 décembre 2019. Derniers résultats de « TREND », dispositif national de détection des phénomènes émergents de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT)  1. Ils dessinent une France inédite, une cartographie des souffrances, de la misère et des consommations de substances illicites. A ce titre ils mettent en lumière les impasses du législatif, l’incurie de l’exécutif, l’extension constante de l’ubérisation-numérisation de la société française. Et plus généralement la rémanence de tous les obstacles s’opposant à une véritable politique de réduction des risques. Extraits (nous soulignons) :

« Après le recours aux livraisons à domicile et aux SMS promotionnels des trafiquants en direction des usagers les plus insérés, le dispositif souligne désormais l’importance prise par les « centrales d’achat » (Bordeaux, Lyon, Marseille, Metz, Paris et Seine-Saint-Denis, Toulouse). Ces dernières, de même que de plus en plus de petits réseaux, utilisent des messageries telles que Snapchat, Whatsapp ou Instagram.

« De plus en plus, certains réseaux rationalisent leur activité en reprenant les méthodes d’organisation des entreprises classiques : stratégies marketing, diminution des stocks ou flexibilisation de la main-d’œuvre. Le darknet apparaît quant à lui comme une source croissante d’approvisionnement pour de petits trafics. Internet est également privilégié pour l’achat de NPS dont les cannabinoïdes de synthèse, notamment en vue de la fabrication d’e-liquides, ou pour certaines formes concentrées de cannabis (huile, wax) »

Concernant les usagers, TREND évoque « l’état sanitaire particulièrement dégradé et l’aggravation des difficultés rencontrées par les plus précaires ».

« Plusieurs sites (Lille, Lyon, Paris, Rennes, Toulouse) mentionnent une intensification des opérations policières (contrôles, fouilles corporelles, délogements) alors que les évacuations de squats sont signalées par toutes les coordinations. En parallèle, les professionnels de la prise en charge constatent que l’inexistence ou la saturation des structures adaptées aux personnes sans domicile est un obstacle majeur à la mise en œuvre d’un accompagnement. Parmi les différentes populations précaires repérées, TREND souligne la visibilité accrue de jeunes usagers (15-25 ans) polyconsommateurs. Le dispositif relève aussi l’augmentation des arrivées d’usagers d’Europe de l’Est, singulièrement de Géorgie.

« Beaucoup de ces usagers pratiquent l’injection, particulièrement de médicaments opioïdes. Enfin, après Paris et Rennes, Bordeaux, Lyon et Marseille évoquent la présence accrue de mineurs non-accompagnés originaires d’Algérie ou du Maroc, parfois engagés dans des parcours de délinquance. Consommateurs de médicaments divers, ces jeunes sont également concernés par des usages détournés de prégabaline (Lyrica®), molécule prescrite contre les douleurs neuropathiques, comme anticonvulsivant ou pour certains troubles anxieux. Après Marseille et Lyon, Bordeaux, Rennes, Paris et la Seine-Saint-Denis signalent un développement de ces usages. »

On notera d’autre part la « disponibilité en hausse d’une diversité de produits ».

« TREND insiste sur l’accessibilité élargie de la cocaïne en pointant la visibilité accrue de la cocaïne basée (ou crack). Sur le territoire national la concurrence entre les multiples filières d’approvisionnement et réseaux de revente favorise la circulation d’un produit aux teneurs élevées dont le prix moyen diminue (71,5 euros le gramme). Les sites TREND observent des « transferts » et une intensification des usages de cocaïne chez des personnes déjà consommatrices d’autres psychotropes ou chez des jeunes en errance, alors que l’émergence d’usages chez de très jeunes majeurs, visibles en consultations jeunes consommateurs (CJC), est rapportée à Bordeaux, Lyon ou Metz.

« Cette propagation des usages de cocaïne, qui reste limitée à l’échelle de la population générale, concerne d’abord la forme poudre, sniffée par les usagers les plus insérés et davantage injectée chez les plus précaires ou dépendants. Le produit est aussi de plus en plus consommé sous sa forme base et fumé. Alors que le seul marché organisé et pérenne de crack reste parisien, un élargissement de la pratique du basage est constaté, y compris en zones rurales (Lille, Lyon, Marseille). Certains usagers socialement intégrés parviennent à maîtriser leurs prises en le consommant ponctuellement.

« Pour les populations plus vulnérables, le passage à la cocaïne basée, très addictive, coïncide souvent avec une perte de contrôle des consommations, une dégradation rapide de l’état de santé et de la situation socio-économique. L’impact sanitaire de cette situation se traduit par la forte augmentation des demandes de soins, une part croissante des intoxications reportées et une hausse des décès impliquant la cocaïne. »

 A demain @jynau

1 « Tendances récentes et nouvelles drogues » (TREND) a été créé en 1999 par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies. Il assure une veille sur les phénomènes émergents dans le champ des produits psychoactifs et décrit des populations particulièrement consommatrices. Ces éléments de connaissance visent à éclairer les pouvoirs publics et les professionnels en contact avec les usagers. TREND appuie ses investigations sur un réseau de 8 coordinations implantées à Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Metz, Paris, Rennes et Toulouse dotées d’une stratégie commune de collecte et d’analyse de l’information. Celles-ci mettent en œuvre des outils d’observation qualitatifs (observations ethnographiques, entretiens…) et recueillent leurs données auprès d’acteurs (usagers, intervenants du secteur socio-sanitaire et de l’application de la loi, etc.) dont l’ancrage local contribue à une meilleure compréhension des spécificités territoriales. Les espaces urbains (rue, squats, structures d’accueil des usagers) et festifs techno (alternatif, commercial, festif gay, gay-friendly) sont les deux principaux champs investigués par les coordinations.

Alerte civique : vous êtes priés de nous rendre toute la cocaïne trouvée au bord de l’Atlantique !

Bonjour

« C’est une pêche à pied qui a de quoi surprendre s’amuse l’AFP sur son fil. Le parquet de Rennes a annoncé, dimanche 10 novembre, l’ouverture d’une enquête après la découverte, sur de nombreuses plages de la façade atlantique, de centaines de ballots de stupéfiants, contenant notamment de la cocaïne. »

Parquet de Rennes : « Depuis le 4 novembre des emballages suspects ont été retrouvés de la Loire-Atlantique jusque dans les Landes. Les premières analyses montrant que la cocaïne présente dans les paquets présente un degré de pureté important, elle est de ce fait particulièrement dangereuse ».

Selon Le Figaro (Etienne Jacob) tous les ballots récupérés comportaient des étiquettes sur lesquelles il était inscrit « Brillante », ou bien « Diamante ». Il pourrait s’agir d’un critère de qualité, selon les enquêteurs cités par le quotidien. Les analyses montrent en effet une pureté de 83 % sans produit de coupe, selon les premiers résultats du laboratoire.

« Marée blanche »

L’affaire est d’importance. Vendredi 8 novembre, les douaniers de La Rochelle ont récupéré près de 36 kilos de cocaïne, pour une valeur de plus de 3 millions d’euros, sur les plages allant de Capbreton au Vieux Boucau. Leurs collègues d’Arcachon ont fait de même, pour un total de 73 kilos, entre Lège Cap Ferret et Lacanau. Samedi, lors de trois sessions de ramassage distinctes, désormais baptisées «marée blanche» par les autorités, près de 156 kilos de marchandise ont été récupérés dans les Landes, entre Capbreton et Seignosse. Combien de millions d’euros au total ?

 L’enquête a été confiée par le parquet de Rennes à la section de recherches de la gendarmerie maritime, au groupement de gendarmerie de la région Pays de la Loire ainsi qu’à l’Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants. Le parquet de Rennes rappelle que « toute découverte doit être immédiatement portée à la connaissance des services de police ou de gendarmerie sans aucune manipulation ».

On précisera que le fait de transporter cette substance constitue un délit passible de dix années d’emprisonnement. Et si cette pêche n’est pas transportée 1 ? Tous les pêcheurs à pied apporteront-ils l’intégralité du fruit de leur récolte aux forces de police et de gendarmerie ? Qui pourrait en douter ?

A demain @jynau

1 Rappel de droit: « Celui qui trouve un trésor par hasard ne peut s’en prétendre possesseur de bonne foi, et il est dès lors possible au prétendu propriétaire dépossédé, d’exercer une action en revendication, laquelle est imprescriptible ». Ici, le propriétaire de la cocaïne se manifestera-t-il ?