«Arrêt-maladie en un clic» : le promoteur allemand répond aux accusations de la France

Bonjour

On se souvient de l’affaire « arrêt-maladie en un clic » 1 Soit l’arrivée en France d’un système ubérisé de téléconsultation médicale (arretmaladie.fr) qui a soudain déclenché la colère de l’Assurance maladie, des syndicats médicaux et de l’Ordre des médecins. On se souvient notamment des accusations peu amènes de Nicolas Revel, directeur général de l’Assuramce maladie et du Dr Patrick Bouet, président du Conseil national de l’Ordre. Des accusations qui visaient le Dr Can Ansay, avocat et docteur en droit de Hambourg, à l’origine de cette entreprise.

Nous avons demandé au Dr Ansay s’il acceptait de répondre aux accusations et aux poursuites dont il faisait l’objet. Nous publions ici ses réponses. En laissant grande ouvertes, s’ils le souhaitent, les portes de ce blog à Nicolas Revel et au Dr Patrick Bouet.

Etes-vous surpris des attaques dont vous faites l’objet en France (Assurance-maladie et Ordre des médecins)? « – Oui, j’ai été très surpris. Car contrairement à l’Allemagne, avant d’entrer sur le marché français, je m’assurais auprès des avocats français que notre prestation était 100% légale et que nos congés maladie étaient 100% valables. Ce sont des points cruciaux que personne n’a jamais remis en question.

« Il n’y a pas de critiques majeures, car toutes les personnes impliquées bénéficient des avantages de notre technologie. Parce que nous rendons les services médicaux beaucoup plus rapides, plus fiables, plus pratiques et moins chers en utilisant les technologies de l’information et l’intelligence artificielle. Nous l’avons déjà prouvé en Allemagne avec plus de 30 000 certificats d’arrêt de travail, nous n’avons reçu aucune plainte pour mauvais diagnostic ou abus.

« Notre service permet non seulement d’économiser beaucoup de temps aux patients et aux médecins. En augmentant l’efficacité et la qualité, nous pouvons également réduire considérablement les coûts pour le système de santé en ex. réduire le coût des congés de maladie à 5 €, que la CNAM pourra alors nous rembourser directement. Ce serait une économie pouvant atteindre 100 millions d’euros par an.

« Je suis surpris que certains critiques qualifient cette augmentation d’efficacité et de qualité de commercialisation contraire à l’éthique et l’évaluent négativement. Au contraire, je trouve contraire à l’éthique de ne pas utiliser ces grands avantages de notre technologie et, par exemple, pour forcer un patient souffrant de migraine dans le pays à se rendre simplement au bureau du médecin le plus proche pendant des kilomètres, même s’il connaît bien le diagnostic et les recommandations de thérapie.

« Au lieu de combattre notre service avantageux, en France, il vaut mieux combattre le présentisme où les Français sont champions d’Europe. Selon une étude, 62% des salariés français se rendent au travail malgré la maladie et nuisent ainsi à leur santé et à leur employeur (Le Monde du 11 janvier 2019)

« Par conséquent, tous les experts vous conseillent de rester à la maison avec un rhume léger, afin de ne pas infecter vos collègues. Malheureusement, le système en France oblige les travailleurs à se rendre au travail parce qu’ils ne peuvent pas se passer d’une perte de salaire. Au lieu de passer une journée à se détendre, les travailleurs se traînent pour aller au travail, puis abandonnent plusieurs jours par semaine plus tard. En témoigne le nombre de jours d’arrêt maladie en France d’environ 18 jours.

« Soit dit en passant, je trouve le système avec une seule compagnie d’assurance maladie bien meilleur qu’en Allemagne, où des centaines de compagnies d’assurance maladie ont été fondées dans le but d’augmenter la concurrence et l’innovation à travers la concurrence. Mais la CPAM / CNAM est beaucoup plus innovante car la transmission numérique des congés de maladie est déjà possible en France, ce qui ne sera pas possible en Allemagne pour longtemps. La prochaine fois que je rencontrerai le ministre allemand de la Santé, je recommanderai donc qu’il présente également le modèle français en Allemagne.

Heureusement, des deux lettres de la CNAM et de la CNOM, il s’ensuit que la critique ne faisait référence qu’aux informations sur mon site que j’ai maintenant modifiées ou supprimées. Il est plus important pour moi que les experts approuvent arretmaladie.fr, par ex. Roland MICHEL (Délégué Général chez Stratégie Innovations Santé):
https://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/video/telemedecine-l-assurance-maladie-attaque-en-justice-le-site-arretmaladie-fr-1201-1214297.html


Que répondez-vous à l’accusation de « tromperie » (concernant le remboursement) ?« – J’ai supprimé les informations de remboursement pour examen juridique. J’ai affirmé sur le site Web que les frais étaient fondamentalement remboursables. Ce faisant, je me suis référé à un site ameli.fr, qui pour moi doit être compris de telle sorte que chaque patient reçoive au moins 30% de remboursement de la CPAM. Parce que sur le site il y a une photo d’une téléconsultation et il est dit ci-dessous que le patient reçoit un remboursement de 30% quel que soit le médecin qu’il consulte: https://www.ameli.fr/haute-saone/assure/remboursements/etre-bien-rembourse/medecin-traitant-parcours-soins-coordonnes

Que ferez-vous si la demande d’interdiction est prononcée par la justice ? Ferez-vous appel ?« – Je ne sais pas pourquoi notre site Web devrait être interdit car nous avons répondu à toutes les demandes CNAM / CNOM et modifié les informations sur notre site. Il n’est pas non plus légalement possible d’interdire notre site. Mais s’il devait y avoir un jugement interdisant notre site Web, je ferais bien sûr appel. Si mon site est interdit, livi.fr et qare.fr 2 doivent également être interdits, car ces sites proposent également des arrêts maladie en ligne, pour une longue durée et une fréquence illimitée et des maladies illimitées.

Quelles étaient (quelles sont) vos perspectives de développement en France ?«  – Dans les prochaines semaines, nous optimiserons notre service en France afin qu’il ait la même efficacité et qualité qu’en Allemagne. Ensuite, nous ajouterons les autres maladies comme cause de congé de maladie, de sorte que nous offrons un total de sept maladies. Nous voulons également que le patient ne nous paie pas directement, mais que l’assurance maladie nous paie directement un montant beaucoup moins cher. Cela signifie que beaucoup plus de patients peuvent bénéficier des avantages de notre service. Nous avons également développé un Symptom Checker, que nous lancerons prochainement en France.

Comment expliquez-vous la différence existant, sur ce sujet, en Allemagne et en France ?  «  – En Allemagne, seule la troisième plus grande compagnie d’assurance maladie a commenté nos débuts en Allemagne à l’époque et a déclaré que vous acceptez nos congés de maladie comme tout le monde. Cependant, 95% de nos patients en Allemagne sont légalement assurés et ne reçoivent aucun remboursement. les présidents des associations médicales des différents États allemands étaient très différents. La mentalité en France est également plus passionnée qu’en Allemagne, où les autorités et les fonctionnaires sont plus factuels.

A demain  @jynau

1 Nau J-Y « Pourra-t-on bientôt commander un arrêt maladie sans bouger de son lit ? » Slate.fr 13 janvier 2020

2 Pour sa part Hellocare (fondé en 2016) estime que le lancement d’arretmaladie.fr « a créé une telle virulence auprès de divers syndicats et auprès de l’Ordre des Médecins que l’image de la télémédecine en pâtit ».  Dans ce contexte, Mathilde Le Rouzic, COO de Hellocare – plateforme e-santé mettant en relation les professionnels de la santé et les patients –  explique « rejoindre les pouvoirs publics » et « s’efforcer à s’opposer à une ubérisation de la médecine ».  Mathilde Le Rouzic :

«  La vulgarisation de la téléconsultation – à travers les services délivrés par des acteurs tels que arretmaladie.fr – véhicule une très mauvaise image de notre métier, et ce au dépit de notre volonté d’être en conformité avec la réglementation. Nous sommes affligés de constater que certains s’engouffrent dans des brèches – et profitent d’un contexte sociale fragilisé par des grèves – pour développer leur visibilité. Le site arretmaladie.fr utilise un Hubspot pour collecter les données de santé. Ainsi, les données sensibles sont envoyées directement dans un CRM dont les bases sont hébergées sans le niveau de sécurité adéquat aux USA. Nous espérons une réponse rapide et ferme du gouvernement et pouvoirs publics ainsi qu’un meilleur encadrement de ces pratiques afin que l’image de ceux qui respectent la réglementation ne soit pas pénalisée. »

Deux anabolisants-amaigrissants sont à prohiber. Que fait la police du médicament ?

Bonjour

C’est une sérieuse alerte de l’Agence nationale française de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM » :  « Alerte sur les risques pour la santé des produits à visée anabolisante ou amaigrissante CLENOX® et STANOX-10® de Pacific Pharmaceutical Company LTD. Malay Tiger, vendus sur internet ».

Où l’on apprend que des analyses effectuées sur les produits vendus sous les noms de marque Clenox® et Stanox-10®. ont permis à l’ANSM d’identifier « la présence de substances non autorisées et dangereuses pour la santé ».

I Les résultats des analyses effectuées sur les comprimés de marque Clenox® 1 montrent la présence de clenbutérol à une teneur de 0,22 mg par unité pour une teneur annoncée sur le conditionnement secondaire de 0,04 mg par unité. Or il s’agit ici d’une substance qui n’est pas autorisée dans la composition de médicaments à usage humain ; une substance dangereuse qui présente des risques cardiaques graves. Une décision de police sanitaire de l’ANSM du 12 avril 2012 interdit l’importation, la préparation, la prescription et la délivrance de préparations magistrales, officinales et hospitalières définies à l’article L. 5121-1 du code de la santé publique, y compris de préparations homéopathiques, contenant cette substance. Et cette dernière figure sur la liste des substances et méthodes dont la détention par le sportif est interdite (Arrêté du 23 février 2018 et J.O. du 10 mars).

II Quant aux résultats des analyses effectuées sur les comprimés de marque Stanox-10® 2, ils montrent la présence de stanozolol à une teneur de 0,6 mg par unité pour une teneur annoncée sur le conditionnement secondaire de 10 mg par unité – une substance qui n’est pas autorisée dans la composition de médicaments à usage humain et qui  figure également sur la liste des substances et méthodes dont la détention par le sportif est interdite (Arrêté du 23 février 2018 et J.O. du 10 mars).

Impuissance

Les autorités sanitaires rappellent que « seul le circuit des pharmacies d’officine et de leurs sites internet autorisés pour la vente en ligne de médicaments, régulièrement contrôlés par les autorités sanitaires, apportent des garanties sur la qualité, l’efficacité et la sécurité des médicaments achetés ». Il est ainsi « vivement déconseillé d’acheter des médicaments en dehors des pharmacies ou de leurs sites internet autorisés pour la vente en ligne de médicaments dont la liste est disponible sur le site du Conseil de l’Ordre National des Pharmaciens » .

Reste une question qui concerne directement la police du médicament : pourquoi, simplement, ne pas interdire ces ventes sur internet ? Faut-il ici, entre les lignes, comprendre que cette police est, face à la Toile, devenue impuissante ? Et que Pacific Pharmaceutical Company LTD. Malay Tiger peut commercialiser, en marge des pharmacies d’officine, ce qu’elle veut et comme bon lui semble ?

A demain

@jynau

1 Voici comment est présenté Clenox® (39,99 euros) sur internet (site http://malaytiger-fr.com/fr):

«  Clen est le terme commun utilisé qui se réfère au bronchodilatateur populaire Clenbuterol Hydrochloride.Conçu dans le but de traiter l’asthme chronique Clen est également un puissant brûleur de graisse avec quelques ressemblances avec l’éphédrine mais beaucoup plus puissamment efficace.Bien que conçu pour traiter les problèmes respiratoires, c’est cette capacité de brûlage des graisses du médicament qui fait que c’est la raison numéro un d’acheter Clen en premier lieu.La raison est simple:Clen augmente considérablement votre activité métabolique totale en stimulant les récepteurs Beta-2.Une fois que ce processus est en jeu les résultats sont très simples nous utilisons maintenant les graisses corporelles stockées pour l’énergie à  un degré plus élevé. Alors que la combustion directe de graisse est le principal mode d’action en ce qui concerne ses propriétés d’activité métabolique, Clen a prouvé qu’il réduisait considérablement l’appétit total dans certains cas et pour certains l’appétit décroissant peut être utile pour ceux qui luttent pour perdre du poids.Le clenbutérol est un bronchodilatateur largement utilisé dans de nombreuses régions du monde. Le médicament est le plus souvent préparé en comprimés de 20mcg mais il est également disponible sous forme de sirop et injectable. Clenbuterol appartient à  un large groupe de médicaments connus comme sympathomimétiques. »

2 Voici comment est présenté Stanox-10® (39,99 euros) sur internet  (site http://malaytiger-fr.com/fr):

« Qu’est-ce que c’est? Le Winstrol, connu également sous le nom de Stromba ou bien Winny, est un stéroïde anabolisant fait sous forme de comprimés oraux et injections intra-musculaires. Il a été développé par Winthrop Laboratories en 1962. Le nom de la matière active de ce produit est le stanozolol. La principale différence entre le Winstrol et un stéroïde anabolisant: il est vendu dans une solution aqueuse, pas en huileux.

Quels sont les bons effets? Le Winstrol n’est pas vraiment adapté à la croissance de la masse musculaire. Il favorise la force et la production de globules rouges qui le rend intéressant pour les sports dit aerobiques . Dans le body-building, Winny est généralement utilisé par ceux qui veulent facilement maintenir leur masse, même si l’accroissement n’est pas dramatique. Le Winstrol est particulièrement apprécié par les body-builders lors de la préparation d’une compétition mais également dans une phase de prise de masse, puisqu’il ne provoque aucune rétention d’eau, aide à la dégradation de la graisse et au gain de muscle. »

Pour Noël, offrez des téléconsultations médicales : 6 euros la question, 2 euros la minute

Bonjour

Décembre, Gilets Jaunes, stress collectif exponentiel  – et cette nouvelle invite faite à la presse : « Noël arrive à très grands pas et beaucoup de Français profitent de cette période des fêtes pour se retrouver en famille. Mais, entre le froid, la neige ou la fatigue accumulée de l’année, c’est également à ce moment que beaucoup tombent malades.

«  Grâce à MesDocteurs.com, l’unique plateforme interactive de téléconseil et de téléconsultation médicale en France, docteurs et spécialistes répondent 7 j/7, 24 h/24, sans prise de rendez-vous ou de délai d’attente de diagnostic, à toutes les questions d’ordre médical ! » 1

Quelles spécialités ?

  • Médecine générale, mais aussi pédiatrie, gynécologie, ORL, dentaire, dermatologie ou encore psy… L’objectif premier de ‘’MesDocteurs’’ est de délivrer des informations médicales fiables, de mettre en contact des personnes en attente de conseils médicaux et des médecins qualifiés. Les médecins de la plateforme sont donc diplômés en France et garantissent évidemment le secret médical.

Combien vais-je devoir débourser ?

  • Via le chat, ou par téléphone, les tarifs vont de 1,9€ à 5,9€ par question et le site offre la première question. Le patient n’a rien à craindre pour ses données qui sont entièrement sécurisées. [Le site précise « 6 euros la question unique » et « 2 euros la minute de l’échange par chat, visio ou audio » »]

Puis-je me faire rembourser ?

  • Depuis le 15 septembre dernier, l’Assurance-maladie rembourse les téléconsultations pratiquées par les médecins traitants, au même tarif qu’une consultation classique : 25 euros pour un généraliste, 30 euros pour un spécialiste.  MesDocteursa, à cette occasion, développé son nouveau service, ‘’AvecMonDoc’’, qui permet aux médecins et à leurs patients d’effectuer des téléconsultations par visioconférence remboursées comme des consultations classiques.
  • Une ordonnance est délivrée dans le cadre d’une téléconsultation uniquement. La téléconsultation sur le site MesDocteurs.com est un service proposé uniquement en partenariat avec votre entreprise ou votre mutuelle. Vous pouvez cependant utiliser le service MesDocteurs sans passer par votre entreprise ou mutuelle, en revanche, les médecins ne pourront vous délivrer d’ordonnance.

A demain

@jynau

1 Cette initiative avait été détaillée en février 2016 par Le Quotidien du Médecin (Stéphane Long) : « mesdocteurs.com : des médecins payés pour donner des conseils en ligne ».

2 L’affaire est, à dire vrai, un peu plus compliquée : « Télémédecine remboursée : l’Ordre des médecins met en demeure Qare d’arrêter ses publicités » Journalisme et santé publique du 8 octobre 2018.

NB « L’Ordre des médecins se félicite de constater que téléconsultation et télé-expertise vont s’inscrire pleinement dans l’organisation de l’accès aux soins dans la proximité du patient et dans le respect du parcours de soins coordonné. Pour autant, l’Ordre entend maintenir clairement son engagement contre toute ubérisation du système de santé via des moyens numériques. Cette ubérisation porte en effet, en elle-même, un risque fondamental d’atteinte au principe de la solidarité sur lequel est fondé notre système de soins et d’assurance maladie. »

Travail et liberté : voici comment booster la fluidité des workflows dans les CHU français

 

Bonjour

Droit du travail et ordonnances. C’est un mail publicitaire mandé par Maincare Solutions (Espace France – Bât. E-F. 4 voie Romaine – Canéjan, 33612 Cestas Cedex). Il est signé de la « Responsable Marketing Communication » (Direction Marketing Produits). Lisons :

« Après un déploiement progressif de M-RH Chronotime dans différents services pilotes, le CHU de Tours a généralisé la solution dans l’ensemble de l’établissement au 1er janvier 2017. Il s’agit d’une première mise en production de M-RH Chronotime dans un CHU français.

Cette mise en œuvre a été réalisée en étroite collaboration entre les équipes projet du CHU de Tours et celles de l’éditeur Maincare Solutions. Aujourd’hui, l’ensemble du personnel hospitalier gère ses temps à l’aide du module M-RH Chronotime de la suite M-RH. Il fluidifie les workflows et augmente l’efficacité de gestion. »

Que donnerait ce communiqué écrit en français ?

A demain

Post mortem & post-vérité : les premiers pas des certificats de décès électronisés

 

Bonjour

Notre époque, dit-on, est à la dématérialisation. A quelle vitesse ? Il aura fallu quatorze années, pas moins, pour que l’on commence à tenter d’abandonner le papier des certificats médicaux de décès. Tout avait commencé en 2003, au lendemain de la canicule 1. Tremblant devant un risque majeur gravement sous-estimé quelques responsables politiques avaient alors pris la mesure d’une faille majeure du système d’alerte sanitaire. C’est ainsi que l’on commença à parler de « certification électronique des décès », un système permettant de disposer en temps réel de données médicalement fiables tout en allégeant la charge logistique. Soit un gain de plusieurs mois dans la collecte et l’analyse des données -essentiel en cas d’émergence d’une urgence sanitaire.

Quatorze ans plus tard, à l’occasion de la « Paris Healthcare Week », la Direction Générale de la Santé (DGS) vient d’annoncer le lancement de la première expérimentation de dématérialisation de la totalité des certificats de décès (volet médical et administratif). Cela se fera, comme le rapporte le site Medscape (Stéphanie Lavaud) « en situation de mobilité, via l’application CertDc » 2. En pratique l’expérimentation commence (pour une durée de six mois), dans six villes de taille moyenne disposant d’un EHPAD : les cités d’Antibes, d’Aurillac, de Créteil, de La Rochelle, de Montluçon et de Villejuif. Les médecins hospitaliers seront prévenus par leurs établissements et leur Agence régionale de santé ; les libéraux via les Conseils nationaux et départementaux de l’Ordre des médecins. La participation ne se fera toutefois (pourquoi ?) que sur la base du volontariat.

Présidence Macron et ubérisation

Il faut ici compter avec les freins, matériels ou psychologiques au changement des pratiques. Depuis 2007 la mise au point de l’application web CertDc permet aux médecins qui le souhaitent de saisir en ligne un certificat de décès et d’en transmettre « quasi immédiatement » le volet médical auprès des services en charge de l’analyse des causes de décès (CépiDc-Inserm) et de Santé publique France. Mais une étude publiée dans le BEH établissait qu’en 2011 moins de 5% de la mortalité nationale était certifiée électroniquement, avec une répartition hétérogène par département. Fiasco, ou presque.

Aujourd’hui la nouvelle mouture de l’appli Cert Dc permet de déclarer les décès « en situation de mobilité » (au domicile, en EHPAD, sur la voie publique) – soit près de 40% des décès. Elle est aussi dotée du volet administratif (à destination de l’opérateur funéraire et de la mairie du lieu de décès). « Un bon moyen de s’affranchir de la nécessité d’imprimer ce document pour envoi par voie postale…et du risque d’erreur quand l’employé de l’état civil n’arrive pas à déchiffrer l’écriture du médecin » note Medscape.

En ce mois de juin 2017 on évoque déjà une généralisation à l’ensemble de l’Hexagone pour 2018. A l’heure de la présidence Macron et de l’ubérisation les médecins français se révéleront-ils des vecteurs zélés de la dématérialisation

A demain

1 Sur ce thème : « Décès ‘’ internetement ‘’ certifiés : la France piétine ». Rev Med Suisse 2012; 340-341

2 Cette application est disponible sous Android et Apple. La connexion est sécurisée au même titre que la messagerie de santé (CPS). Le remplissage du formulaire peut se faire hors réseau et la présentation est la même que le certificat de décès papier. Enfin le scan de la bande MRZ qui figure au bas des papiers d’identité (CNI, passeport, permis de conduire) permet de prévenir les erreurs.