Bonjour
10/08/2020. La double peine, tissulaire et thermométrique. Après Bruxelles et Madrid, le port du masque est devenu, depuis ce matin, obligatoire dans certains quartiers très fréquentés de Paris. Berges de la Seine, hauteurs de Montmartre, rue Mouffetard, ses miracles et son Eglise Saint-Médard. La Seine-Saint-Denis, les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne et le Val-d’Oise sont aussi concernés.
Prévue pour une durée d’un mois (renouvelable) cette mesure doit permettre, selon les autorités sanitaires, d’enrayer un rebond du virus qui fait craindre une seconde vague de l’épidémie. La tâche s’annonce toutefois délicate en pleine période de canicule. Ces dernières 48 heures, dans plusieurs pays européens, on enregistre des températures dépassant les 35°C – aussi de nombreux habitants et estivants estiment-ils ne plus pouvoir respecter toutes les mesures sanitaires qui leur sont imposées _ à commencer par vivre masqués.
Question-transition : l’exécutif doit-il se remettre en question dès lors que les mesures qu’il impose ne sont pas appliquées – et que la menace de la sanction financière (difficilement applicable) est sans effet sur le citoyen, touriste ou pas ? Plus généralement le moment n’est-il pas venu de réfléchir à de nouvelles modalités préventives prenant en compte la réalité « de terrain » et le choix éclairé du citoyen.
On vient, dans ce domaine, d’observer l’édifiante controverse lancée par le Pr Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses de La Pitié-Salpêtrière :
« Ce qui semble ne pas avoir été compris dans mes propos c’est que de toute façon les jeunes n’en ont rien à faire. Il faut composer avec cette réalité incontournable ou assumer d’envoyer police ou armée pour faire respecter la distanciation ou le port du masque.
« Comme ce n’est pas fait, avec juste raison, je pense qu’il faut composer – c’est à dire relever le positif (immunité dans ce groupe qui s’avérera bien utile au moment de reprendre école, collèges, lycées et universités), tout en avertissant des dangers pour eux (formes rares possibles aussi, même si rares), et pour les autres (respect des anciens). »
Phosphorer collectivement sur le sujet
Toujours au nom du pragmatisme, pour mieux avancer dans les prochaines semaines, nous découvrons aujourd’hui les quatre « propositions schématiques » élaborées par les Prs Antoine Flahault, spécialiste d’épidémiologie (Institut de santé globale, Genève) et Thomas Hanslik, spécialiste de médecine interne, (Hôpital Ambroise Paré, AP-HP).
« Proposition 1. Chercher un consensus sur l’évaluation du risque Covid-19 selon l’âge : 40 ans : très rarement autre chose qu’une banale infection respiratoire aiguë ; 40-80 ans : parfois une mauvaise grippe qui peut tourner au vinaigre ; après 80 ans, aussi dangereux qu’Ebola.
« Proposition 2. Prioriser la prévention selon le niveau de risque en incitant à se protéger le mieux possible : personnes âgées de plus de 50, 70, 80 ans ; personnes à risque, obèses, hypertendues, diabétiques en particulier de sexe masculin ; personnes socialement précaires.
« Proposition 3. Encourager les familles au format « jeunes enfants et parents quarantenaires » qui le souhaitent à vivre presque normalement (bars, concerts, spectacles …) mais à bien se masquer en dehors du cocon familial et à s’isoler en cas de « PCR + » ou de contacts à risque.
« Proposition 4. Inciter chacun(e) à évaluer la part de risque qu’il (ou elle) est prête à accepter : par exemple, je peux avoir 85 ans et souhaiter continuer à voir régulièrement mes enfants et/ou petits-enfants, ou pas. »
Le temps est-il venu où de telles propositions pourront faire l’objet de débats scientifiques et médicaux, citoyens et démocratiques et d’une analyse transparente des données par l’exécutif ? Faut-il au contraire redouter qu’elles soient regardées de haut par le Conseil scientifique ? Serait-il encore trop tôt pour phosphorer collectivement sur le sujet ?
A demain @jynau