Covid. Le Conseil scientifique fait de la politique. Emmanuel Macron lui répond

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0/09/2020. Une étape a été franchie par le Conseil scientifique et nul ne sait jusqu’où cette institution pourra aller. Rendu public par le gouvernement le 9 septembre son dernier avis, daté du 3 septembre, dresse « un constat d’échec » à propos de la stratégie d’isolement destinée à lutter contre l’épidémie de Covid-19. Ses membres (chargés de conseiller l’exécutif dans sa gestion de l’épidémie) estiment que la « quatorzaine » qui a été instaurée s’avère en définitive « peu respectée ». Cela « fragilise notre capacité à maîtriser les chaînes de contamination » du coronavirus a jugé, citée par l’AFP, l’anthropologue Laëtitia Atlani regrettant une stratégie « sans cahier des charges ni budget à l’échelle nationale ». Une manière parmi d’autres de parler d’incurie.

Le gouvernement « va être obligé de prendre un certain nombre de décisions difficiles », « dans les huit à dix jours maximum », a pour sa par déclaré le Pr Jean-François Delfraissy. « On peut être faussement rassuré » parce que l’augmentation de la circulation du virus a « peu de retentissement actuellement » sur le système de soins, mais il peut y avoir « une augmentation très rapide, exponentielle, dans un deuxième temps », a averti le président du Conseil scientifique, rappelant que toute décision prise maintenant n’aura d’impact que dans quinze jours.

« Il n’y a aucune raison d’attendre car plus on attend plus il faudra agir fort et sur la durée », confirme au Monde l’épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du conseil scientifique. « Même si le nombre de cas est très inférieur à celui qu’on avait en mars et que le rythme d’augmentation n’est pas le même, la trajectoire montre qu’on va dans le mur », estime-t-il. Selon lui, adopter des mesures ciblées est cependant d’autant plus complexe que l’on manque de données précises sur les circonstances dans lesquelles les personnes infectées ont

Article réservé à nos abonnés été contaminées. »

Le gouvernement «obligé de prendre un certain nombre de décisions difficiles » ? Où l’on voit, pour la première fois de cette manière, le Conseil peser sur la stratégie et les décisions à venir de l’exécutif. Et ce alors que se tient demain 11 septembre un conseil de défense. Or cette initiative du Conseil scientifique n’a guère été du goût du président de la République. Emmanuel Macron a confirmé, lors d’un déplacement en Corse, que le gouvernement annoncerait bien, au terme du conseil de défense consacré au Covid-19, des décisions permettant de « donner de la visibilité sur les prochaines semaines ». Mais il a aussitôt ajouté : « Ce que nous devons faire c’est nous adapter à l’évolution du virus (…). Nous aurons des décisions à prendre, mais voilà, il faut je pense continuer à être exigeants, réalistes, sans céder à quelque panique que ce soit ».

Panique ? Interrogé sur les propos du Pr Delfraissy et ses « décisions difficiles », M. Macron a précisé que « le conseil scientifique est dans son rôle, qui est technique », et qu’il revient aux dirigeants politiques de « prendre des décisions » en « essayant d’être les plus transparents et les plus clairs possible ». Un recadrage en règle, en somme.

Il faut « essayer de ralentir au maximum et de stopper la circulation » du virus avec les gestes barrières et « l’organisation de la vie sociale que nous devons adapter », tout « en permettant de continuer à vivre », notamment « éduquer nos enfants », « soigner les autres pathologies », a ajouté le chef de l’Etat. Emmanuel Macron a également souligné la nécessité de « décliner territorialement » les décisions prises, et a de nouveau appelé les Français à « prendre leur part de responsabilité, parce que nous sommes tous et toutes les dépositaires de cette lutte contre le virus ».

Dans le même temps, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, s’est de nouveau refusé jeudi matin sur BFM-TV et RMC à commenter les hypothèses les plus dures concernant les mesures qui pourraient être annoncées (limitations de déplacement, de rassemblement, voire reconfinements localisés) en se bornant à déclarer que cette crise sanitaire démontre « qu’on ne peut jamais rien exclure par principe ».

Où l’on observe ainsi, en direct, un affrontement entre la gestion et l’analyse du risque, entre le politique et le scientifique.

A demain @jynau

Un médecin peut-il sans danger se déclarer «farouchement opposé» au port du masque ?

Bonjour

09/09/2020 Quelques lignes pour une affaire hors norme rapportée notamment par Le Progrès, l’AFP et Le Quotidien du Médecin ( Martin Dumas Primbault).

« Sur la porte de son cabinet, un écriteau va à l’encontre des recommandations des autorités sanitaires. Le Dr Patrick Bellier est farouchement opposé au port du masque, au point d’interdire à ses patients de se présenter devant lui la bouche couverte. ‘’Faire chier 67 millions de Français ne sert à rien ‘’, estime ce pneumologue de Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône). Pour le praticien libéral, en plus  ‘’d’emmerder tout le monde ‘’, l’obligation de porter un masque est « criminelle ». Le Dr Patrick Bellier assure que ‘’les 7 000 cas détectés quotidiennement ces derniers temps sont des porteurs sains’’ qui favorisent ‘’l’évolution du virus vers une forme non-pathogène ‘’. Ces personnes  ‘’empêchent la multiplication des cas graves’’. »

Où l’on retrouve une position défendue par d’autres spécialistes- et qui ne va jamais sans déclencher de vives polémiques. Ce spécialiste de 63 ans établit même un lien entre la reprise actuelle de l’épidémie et les premiers arrêtés imposant le port du masque au milieu du mois d’août. Selon lui le port du masque aurait dû être « obligatoire en mars-avril », tandis que rendre le port du masque obligatoire actuellement « empêche la protection de masse », voire pourrait entraîner d’autres « épidémies ». Le pneumologue prévoit que l’épidémie de Covid-19 s’éteindra « toute seule », de même que la grippe espagnole au début du XXe siècle.

Mais cette prise de position n’a pas été du goût de tous les patients du pneumologue de Sainte-Foy-lès-Lyon . L’un d’entre eux est même allé jusqu’à porter plainte. C’est ainsi que le Dr Patrick Bellier est convoqué devant le conseil départemental de l’Ordre des médecins du Rhône à Lyon le 18 septembre « afin de s’expliquer ». Plusieurs médias ont déjà prévu d’être présents, assure le praticien. Il espère que cette couverture médiatique pourrait « se transformer en manifestation anti-masque ».

A demain @jynau

Sur ce thème : La meilleure façon de persuader une personne anti-masque d’en porter un (Claire Hooker) Slate.fr 9 septembre 2020

Vaccin-Covid: une «maladie inexpliquée» conduit AstraZeneca à suspendre ses essais cliniques

Bonjour

09/09/09. Hier le fait aurait volontiers été durablement passé sous silence. Aujourd’hui l’information s’impose d’emblée, au nom d’une transparence imposée – et ce avec toutes les conséquences que l’on peut d’ores et déjà imaginer.

Le puissant groupe pharmaceutique AstraZeneca a annoncé mardi 8 septembre qu’il devait faire une « pause » dans les essais cliniques de son vaccin expérimental contre le Covid-19 – et ce à cause après l’apparition d’une «maladie potentiellement inexpliquée», (sans doute un effet secondaire grave) chez un participant. Transparence ou pas, aucune autre précision n’a encore été donnée.

« Nous avons déclenché une pause dans la vaccination dans le cadre de notre processus pour permettre l’examen des données de sécurité », a déclaré au Financial Times un porte-parole d’AstraZeneca. « Il s’agit d’un contrôle de routine qui doit se produire chaque fois qu’il existe une affection potentiellement inexpliquée dans l’un des essais afin de garantir le maintien de l’intégrité de nos essais. » Les données seront bientôt revues par un comité indépendant. cette pause affecte un test lancé à très large échelle, dans une procédure de phase 3.

L’annonce a, sans surprise, provoqué une chute de l’action AstraZeneca dans les échanges officieux après la clôture de Wall Street. La firme est le partenaire industriel de l’université britannique Oxford, et leur vaccin est l’un des projets occidentaux les plus avancés, testé sur des dizaines de milliers de volontaires au Royaume-Uni, au Brésil, en Afrique du Sud – ainsi, depuis le 31 août, qu’aux Etats-Unis.

Augmenter les craintes et autres rejets vis à vis de la vaccination

«C’est une action de routine qui est requise dès qu’une maladie potentiellement inexpliquée apparaît dans l’un des essais, pendant l’enquête, afin de maintenir l’intégrité des essais», a précisé le porte-parole de la firme.

On ignore donc la nature et la gravité de cet « événement » – qui selon certains (le site Statnews) pourrait ne pas être d’une gravité particulière. C’est la première suspension connue d’un essai clinique concernant un vaccin expérimental contre l’infection par le SARS-CoV-2. Selon la durée et le résultats des investigations, cette décision pourrait avoir un impact sur le calendrier excessivement serré du développement. Elle pourrait aussi être de nature à augmenter les craintes et autres rejets vis à vis de la vaccination contre cette infection.

La veille de cette annonce le ministre de la Santé britannique avait dit espérer des résultats des essais d’AstraZeneca d’ici la fin de l’année – ou pour le début de 2021. La firme a déjà pré-vendu des centaines de millions de doses à de multiples pays – dans le cas au cas où son vaccin prouverait à la fois son efficacité et son innocuité.

« Les laboratoires pharmaceutiques s’inquiètent de la politisation de la science, qui pourrait conduire à une mise sur le marché d’un vaccin ne répondant pas aux normes habituelles de la FDA et accentuer la défiance de la population américaine, observe pour sa part Le Monde (Arnaud Leparmentier).Celle-ci était habituellement réduite à des mouvements antivaccins puissants — les Etats-Unis ont été frappés eux aussi par la résurgence mondiale de rougeole en 2019 — mais elle est plus large, en raison des craintes de manipulations politiques. Selon le New Yorker, entre un tiers et la moitié des Américains pourraient refuser le vaccin contre le Covid-19. Le ministère de la santé compte lancer une campagne publicitaire en faveur de la vaccination d’ici à novembre, avec le soutien de célébrités américaines. »

Qu’en est-il au ministère français de la santé, alors même que la France est l’un des pays qui, d’ores et déjà, compte un taux élevé d’opposants à cette vaccination ?

A demain @jynau

«Cas contact», Jean Castex, Premier ministre, «va immédiatement subir un test»

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08/09/2020 . Avant toute chose, donner l’exemple à la France. Le Premier ministre Jean Castex «va immédiatement subir un test». Et ce parce qu’il n’a pu résister à un passage sur le Tour de France . Et parce qu’il il compte désormais parmi les «cas contacts» du directeur de la course, Christian Prudhomme, qui vient d’être dépisté positif au SARS-CoV-2. Comem c’est l’usage le chef du gouvernement avait pris place ce week-end dans la voiture de l’ancien journaliste pour suivre la 8ème étape. «Ils portaient tous deux un masque et ont respecté les gestes barrières», assure-t-on à l’Hôtel Matignon. Question : sait-on qui seront, le cas échéant, les possibles « cas contacts » de Jean Castex ? Matignon ne le dit pas.

 Directeur de la course, Christian Prudhomme, a subi un test au Covid-19 qui s’est révélé positif, avait annoncé l’Agence France Presse, un peu avant la mi-journée et avant le départ de l’étape. L’information n’a été officiellement confirmée par Amaury Sport Organisation (ASO), l’organisateur de l’épreuve, qu’en tout début d’après-midi. Le patron de la Grande Boucle, asymptomatique, doit ainsi s’écarter de l’épreuve pendant une semaine.

Quatre membres de l’encadrement des équipes Cofidis, AG2R La Mondiale, Inéos Grenadiers et Mitchelton Scott ont également été testés positifs. Ils n’ont pas repris la route. Chez les coureurs, en revanche, aucun cas de contamination au Covid-19 n’a été enregistrée. Les 166 cyclistes encore en lice ont donc pris le départ de la 10e étape entre Oléron et Ré.

Jean Casetx ? «Je me sens parfaitement en forme. Je vais continuer, en appliquant les règles, à exercer ma fonction de chef du gouvernement», a tenu à rassurer le Premier ministre, depuis Biscarrosse (Landes), où il intervient dans le cadre des journées parlementaires du MoDem. «Je vais donc m’appliquer les règles que le gouvernement a édictées et que je vais respecter scrupuleusement. Je m’étais déjà fait tester pour aller sur le Tour comme le veut le protocole. J’ai évidemment porté un masque tout le temps. Je me suis efforcé de respecter les gestes barrières», a-t-il expliqué.

Interrogé sur l’hypothèse selon laquelle le chef du gouvernement serait infecté, Emmanuel Macron n’a pas exclu que le séminaire gouvernemental prévu le 9 septembre soit retardé – ou qu’il se tienne «en visio pour ce qui est du Premier ministre et des éventuels autres cas contacts». «Nous faisons pour nous-mêmes ce que nous demandons à l’ensemble des concitoyens de faire» (s’ils sont identifiés comme « cas contact »), a souligné le chef de l’État. Comment pourrait-on raisonnablement penser qu’il puisse en être autrement ?

A demain @jynau

Pourquoi va-t-on réduire la «quatorzaine» alors que la progression virale est «exponentielle» ?

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08/09/2020 Une fois de plus, la nécessité absolue d’une pédagogie destinée au plus grand nombre – un exercice que l’exécutif peine à mettre en place. Le gouvernement va très vraisemblablement réduire la période d’isolement des malades du Covid-19 et des cas contacts, jugeant que la durée actuelle de 14 jours est «trop longue». Mais comment justifier cette mesure alors que les indicateurs de l’épidémie continuent globalement de se détériorer ?

Olivier Véran, ce matin sur France Inter  au sujet de la réduction à venir du délai de quatorzaine en cas de suspicion de Covid-19. « Le Conseil scientifique m’a rendu ses conclusions sur cette question », précise-t-il. « Il est favorable à ce qu’on puisse réduire la période de mise à l’abri dans un certain nombre de situations, et de passer de 14 à 7 jours. On est davantage contagieux dans les 5 premiers jours, ensuite la contagiosité diminue de façon importante. Ce n’est pas à moi de prendre cette décision, elle sera prise vendredi lors du conseil de défense national. »

Dans le même temps on sait que l’incidence du Covid-19 dépasse désormais le seuil d’alerte – soit 50 cas pour 100 000 habitants – dans dix-neuf départements et le taux de positivité (proportion du nombre de personnes positives divisé par le nombre de personnes testées, sur les sept derniers jours) continue d’augmenter : il a atteint 4,9 % dimanche 6 septembre, contre 4,3 % en milieu de semaine.

Dans son dernier point de situation, Santé publique France (SpF) annonce constater une progression « exponentielle » de la circulation du virus et une dynamique de transmission « préoccupante ». Sept nouveaux départements ont été classés en zone rouge, portant le total à vingt-huit. « On a une croissance aujourd’hui de 30 % du nombre de cas par semaine, de 15 % du nombre d’hospitalisations. Si on continue avec ce même rythme, on arrivera sur une situation critique en décembre dans plusieurs régions de France », a averti dimanche l’épidémiologiste Arnaud Fontanet sur LCI.

« Grenade dégoupillée »

« Nous connaissons mieux le virus, et les données montrent que l’essentiel de la transmission a lieu dans les cinq premiers jours de l’infection », souligne Yazdan Yazdanpanah, infectiologue à l’hôpital Bichat et membre du Conseil scientifique, en soulignant qu’un raccourcissement de la quarantaine permettrait de la rendre plus « acceptable ». « Il faut aussi penser aux gens, à la vie, à l’économie du pays », plaide-t-il, cité par Le Monde. Où l’on perçoit la difficulté, y compris chez les membres du Conseil scientifique, à faite la part entre la « santé publique » et l’économique.

Même observation, plus compréhensible, chez les responsables politiques.Olivier Véran avait ainsi expliqué dès le 5 septembre avoir demandé «aux autorités scientifiques de donner un avis pour savoir si on ne peut pas réduire» la période d’isolement pour les cas contacts, la jugeant «sans doute trop longue». Le Monde rappelle que le ministre avait déjà évoqué cette hypothèse le 27 août, lors de la conférence de presse gouvernementale, indiquant avoir «saisi le Conseil scientifique en vue d’adapter si possible les conditions de cette mise à l’abri, et notamment sa durée», disant espérer «un feu vert pour réduire cette période».

Cet avis a été remis au gouvernement jeudi 3 septembre, mais n’a pas encore été rendu public, a indiqué le Conseil scientifique à l’AFP. «Il faut désormais être pragmatiques et efficaces», estimait il y a peu sur Twitter l’épidémiologiste Antoine Flahault. Les ‘’quatorzaines’’ doivent maintenant devenir des semaines de cinq jours. Au-delà de cinq jours, moins de 10% des porteurs de virus non symptomatiques sont contagieux». «Je pense que c’est une bonne idée, je pense qu’effectivement (…) la contagiosité est essentiellement lors des premiers jours, après l’infection, a déclaré lundi sur Europe 1 Rémi Salomon, président de la Commission médicale de l’AP-HP. Au delà du 7ème jour après les premiers signes, la charge virale et par conséquent le risque de transmettre le virus sont faibles», précise-t-il sur Twitter.

«Il vaut mieux huit jours bien respectés que 14 jours mal respectés», estimait lundi sur LCI Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP. Actuellement, «on a du mal à savoir si les Français respectent» les mesures d’isolement, car «on contrôle peu», mais les remontées de terrain montrent que «c’est compliqué». «Plus c’est court, plus c’est facile à observer, plus c’est efficace. On ne peut pas prétendre au risque zéro, mais la mesure serait mieux acceptée socialement», explique encore Antoine Flahaut, dans le Journal du Dimanche.

Mais même écourté, faire respecter l’isolement reste un défi, avertit toutefois Rémi Salomon. Le néphrologue pédiatrique appelle à réfléchir à «des mesures économiques, des indemnités» pour les populations précaires et les professions indépendantes, qui aujourd’hui refusent parfois d’aller «se faire tester par crainte d’être isolées, d’être obligées de s’arrêter» de travailler.

L’isolement, s’il est essentiel pour empêcher l’épidémie de se propager, entraîne en effet de lourdes conséquences pratiques et économiques, qu’il s’agisse d’un salarié renvoyé chez lui, d’un indépendant devant suspendre son activité ou d’un enfant que ses parents devront garder. Raccourcir sa durée pourrait donc en limiter l’impact, mais ce serait un mauvais calcul, selon l’épidémiologiste Catherine Hill. «Une stratégie qui consiste à laisser le virus circuler, c’est une grenade dégoupillée, qui coûtera bien plus cher que de bien faire les choses», déclare-t-elle. Si on veut alléger le fardeau des quarantaines, on fait les choses «dans le désordre», estime aussi Martin Blachier, médecin de santé publique interrogé par l’AFP. Il faudrait d’abord «trier» les bonnes et les mauvaises quatorzaines, car aujourd’hui «90% sont inutiles» selon lui, parce qu’elles concernent des cas contacts qui ne sont pas vraiment «à risque».

« Grenade dégoupillée » ? Où l’on perçoit une nouvelle fois, dans cette cacophonie des voix dissonantes et médiatisées, la difficulté de faire, ici, œuvre de pédagogie.

A demain @jynau

Covid et bouc émissaire. Quand Nicolas Sarkozy vole au secours du Pr Didier Raoult

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05/09/2020. Nouveaux propos, nouveau sous-chapitre dans cette affaire tentaculaire. On vient d’apprendre que  la Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf) avait déposé plainte contre Didier Raoult, le plus que médiatique directeur de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection – plainte auprès du Conseil départemental de l’Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône. Sanctions encourues : du simple avertissement à la radiation définitive.

C’est dans ce contexte que l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy vient de prendre la défense du microbiologiste marseillais. C’était le vendredi 4 septembre lors d’un forum des entrepreneurs à Marseille. «A chaque crise, il faut trouver des boucs émissaires. C’est une maladie française. L’adversaire, c’est le Covid, c’est pas tel ou tel médecin et je pense notamment au professeur Raoult. Je ne comprends pas pourquoi il y a tant de violence à son endroit», a dit l’ancien chef de l’Etat, selon des propos diffusés sur BFMTV.

Et Nicolas Sarkozy de tresser des couronnes de lauriers. « C’est un homme d’une grande qualité qui a fait son possible pour soigner au mieux ses patients, qui a sans doute fait des erreurs comme on en fait tous, moi le premier ». Avant de commenter. « Mais j’observe qu’en période de crise, il y a les pseudo-spécialistes qui se précipitent et qui disent du mal de quelqu’un. Il faut un coupable et c’est celui-là. Ça m’a paru déplacé. Je n’ai aucune compétence pour dire qui a raison et qui a tort. En tout cas, ce n’était pas le sujet. Chacun a fait comme il a pu, et lui le premier.»

De même que la visite médiatisée d’Emmanuel Macron au spécialiste marseillais, ces déclarations seront versées au dossier. On rappellera que la Société de pathologie infectieuse de langue française accuse le Pr Raoult a assuré qu’il n’avait jamais reçu aucune notification de cette plainte d’avoir enfreint pas moins de neuf articles du code de déontologie médicale. Elle rappelle que le code de déontologie médicale interdit aux médecins de présenter comme «salutaire ou sans danger un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé».

A demain @jynau

Covid-Ibiza  : les stars du PSG contaminées réquisitionnées par le ministre de la santé ?

Bonjour

04/09/2020. L’Equipe va devoir ouvrir une rubrique virologique. Pour l’heure ses lecteurs découvrent le caractère universel des modes de contaminations, la nécessité ubiquitaire de se protéger. Le spectacle sportif est, aussi, surtout, à ce prix. « Marquinhos, qui a ressenti des symptômes depuis deux jours, a été testé positif au Covid-19 ce jeudi 3 septembre et s’ajoute à la liste des joueurs placés en quarantaine par le PSG, annonce ce matin le grand quotidien sportif. Ils étaient tous les quatre à Ibiza pendant les congés accordés par le club de la capitale. Marco Verratti, également présent sur l’île des Baléares, est quant à lui négatif. Le milieu italien avait déjà contracté le virus par le passé. »

Comment leur employeur a-t-il pu laisser ses précieux joueurs partir en « congés » à Ibiza – et ce sans obtenir qu’ils respectent les précautions élémentaires pour se protéger des contaminations ? Ce n’est pas tout : deux autres cas viennent d’être été révélés positifs dans l’effectif parisien par le PSG. « Les derniers tests PCR SarsCoV2 réalisés au sein de l’effectif du Paris Saint-Germain confirment le résultat de nouveaux cas positifs », a indiqué sur Twitter le club. Il s’agit de Keylor Navas et de Mauro Icardi.

Tout, dès lors, est bousculé – les supporters déconfinés sont désespérés. « Retardée pour cause de finale de la Ligue des champions, l’entrée du Paris-Saint-Germain dans la saison 2020-2021 de Ligue 1 risque d’être encore décalée en raison de la situation sanitaire au sein du club, explique l’AFP. Conformément au protocole sanitaire de la Ligue de football professionnel (LFP), tous ces joueurs doivent être placés à l’isolement pour quatorze jours. Cette situation sanitaire compromet le retour sur les terrains du club de la capitale, théoriquement appelé à disputer quatre rencontres de Ligue 1 en onze jours à compter du 10 septembre. »

Le club parisien phare devait théoriquement faire ses débuts dans le championnat 2020-2021 de Ligue 1 en affrontant Lens jeudi 10 septembre, avant d’affronter Marseille, le 13, Metz, le 16 et Nice, le 20. Le match contre Lens, qui devait avoir lieu le 29 août, avait été reporté à la demande du PSG consécutivement à sa finale perdue de Ligue des champions contre le Bayern Munich, le 23 août. Il s’agissait de « faire souffler » l’équipe avant de se relancer dans la compétition nationale. Aller « souffler » à Ibiza ? On en reparlera.

Conformément au protocole en vigueur les joueurs positifs au Covid-19 sont placés à l’isolement pour une durée de quatorze jours. Pendant, ce temps, les entraînements des autres joueurs s’effectuent en petits groupes, sans se croiser. A la fin du septième jour, des tests doivent être pratiqués au sein de l’ensemble du club. Les joueurs testés négatifs à cette occasion peuvent reprendre l’entraînement collectif. Les cas qui étaient positifs au préalable et qui ne le seraient plus après ces nouveaux tests, peuvent reprendre l’entraînement individuellement. Mais ce n’est qu’à partir du quinzième jour qu’ils peuvent rejoindre le collectif et reprendre la compétition.

Un protocole Covid-19 intenable. « Nous voulons que les clubs établissent des listes de 30 joueurs et que, tant qu’il y a 20 membres de l’effectif qui sont négatifs, le match soit maintenu », a déclaré Didier Quillot, le directeur général exécutif de la LFP. Cet allégement du cadre sanitaire doit toutefois être validé par les autorités gouvernementales et sanitaires, notamment le conseil interministériel médical.

Pourquoi ne pas imaginer que les contaminés d’Ibiza viennent expliquer devant leur supporteurs comment ils ont pu commettre une telle erreur ? Et encourager leurs fans à tout mettre en œuvre pour se protéger ? Une opération soutenue, sinon rémunérée, par le ministre des Solidarités et de la Santé.

A demain @jynau

Le Pr Didier Raoult bientôt transformé en martyr scientifique par l’Ordre des médecins ?

Bonjour

03/09/2020. C’est une nouvelle et croustillante étape dans une affaire désormais sans fin : « l’affaire Raoult ». On en trouvera l’essentiel dans Le Figaro (Cécile Thibert). Un développement symptomatique des passions et des colères générées par le comportement du microbiologiste marseillais au sein de sa communauté médicale et scientifique spécialisée.

Il faut ainsi rappeler qu’en juillet, la Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf) avait déposé plainte contre Didier Raoult, le plus que médiatique directeur de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection auprès du Conseil départemental de l’Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône. Sanctions encourues : du simple avertissement à la radiation définitive.

« Promotion d’un traitement qui n’a pas démontré son efficacité, diffusion de fausses informations auprès du public, graves manquements au devoir de confraternité, réalisation d’essais cliniques dont la légalité reste à démontrer… La Spilf – qui rassemble plus de 500 spécialistes des maladies infectieuses – reproche au microbiologiste d’avoir enfreint pas moins de neuf articles du code de déontologie médicale » résume Le Figaro.

Et le quotidien de détailler après avoir pris connaissance d’un argumentaire de six pages dans lequel les plaignants exposent méticuleusement les motifs. À commencer par la promotion et la prescription tous azimuts de l’hydroxychloroquine  par le chercheur marseillais depuis le mois février. «Le Pr Didier Raoult a délibérément prescrit de l’hydroxychloroquine souvent associée à de l’azithromycine à des patients atteints de Covid-19 sans qu’aucune donnée acquise de la science ne soit clairement établie à ce sujet, et en infraction avec les recommandations des autorités de santé», souligne la société savante.

Hydroxychloroquine, essai clinique et cadre légal

Pugnaces les auteurs de la plainte rappellent que le code de déontologie médicale interdit aux médecins de présenter comme «salutaire ou sans danger un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé». Et ce alors même que les risques, notamment cardiaques, sont bien établis (150 cas d’atteinte cardiaque liés à l’hydroxychloroquine entre janvier et mai, dont 7 décès, selon l’Agence du médicament).

De même, les médecins sont tenus de ne faire état au public que de «données confirmées», de «faire preuve de prudence» et d’avoir le «souci des répercussions de ses propos». Ce que Didier Raoult n’aurait pas respecté, selon la Spilf,  en affirmant que l’hydroxychloroquine permettait une «amélioration spectaculaire»  – et ce avant de jurer aux députés de la commission d’enquête parlementaire sur la gestion de l’épidémie n’avoir «jamais recommandé ce traitement»

« Les plaignants n’ont pas non plus digéré les multiples offenses du chercheur marseillais, qui a traité de «fous» ceux qui ne prescrivaient pas son traitement, avant d’insinuer que certains avaient délibérément laissé mourir des patients » ajoute Le Figaro. «Ici, à Paris, on comptait les morts, moi je comptais les positifs (…) On n’a pas soigné les gens (…) c’est un choix qui a été fait», a-t-il ainsi déclaré le 25 juin sur BFMTV.

Enfin, et c’est peut-être le plus grave, les auteurs de la plainte accusent le scientifique marseillais de ne pas avoir réalisé ses essais cliniques sur l’homme dans le cadre légal. Une enquête nationale de l’Agence de sécurité du médicament est en cours qui pourrait dépasser le seul cadre des poursuites ordinales.

Et maintenant ? La plainte argumentée doit donner lieu à une « proposition de conciliation » entre les deux parties. Si, comme on peut l’imaginer, celle-ci n’aboutissait pas, le dossier serait instruit par la chambre disciplinaire régionale, présidée par un magistrat. Une procédure qui dure habituellement près d’un an. Avant les éventuels appels. D’ici là le Pr Raoult pourra, une nouvelle fois, amplement dénoncer dans les médias la méchante vindicte professionnelle dont il fait officiellement l’objet– un phénomène qui ne pourra qu’amplifier l’aura dont ce « semi-rebelle » atypique dispose dans l’opinion comme, plus étonnant sans doute, chez une fraction de ses confrères.

A demain @jynau

Covid-19 : finalement, le port du masque ne devrait pas être imposé aux chanteurs d’opéra

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31/08/2020. Mais comment a-t-on pu en arriver à un tel chantier ? Les contradictions, suspicions, controverses et polémiques relatives au masque resteront, en France, comme la grande affaire d’un exécutif dépassé par l’épidémie de Covid-19. Une affaire qui reste à comprendre et dans laquelle la justice sera, un jour, amenée à se prononcer.  Pour l’heure c’est la « rentrée » avec « port du masque généralisé » et les plus grandes confusions demeurent quant aux obligations, interdictions, dérogations.

Contexte : selon un sondage « Odoxa-Dentsu Consulting » 8 Français sur 10 sont inquiets de la situation sanitaire du pays. Un niveau presque aussi élevé que ceux relevés au plus fort de l’épidémie, en plein confinement. L’angoisse des Français en cette rentrée est aussi économique. Plus de 8 sondés sur 10 sont également pessimistes sur l’évolution de la croissance et du pouvoir d’achat.

Enceintes scolaires et universitaires : masque généralisé partout et tout le temps. Mais le port du masque dans les crèches, chez les assistantes maternelles ou pour la garde de petits enfants à domicile ne sera «pas obligatoire en présence des enfants». Pourquoi ?  Le ministère de la Santé et le secrétariat d’État chargé de l’Enfance ne le dit pas. Le masque sera cependant obligatoire pour les parents à l’intérieur des structures et au domicile de l’assistant maternel, ainsi que lors de «toute interaction» entre adultes. Toutefois, «un nouvel avis scientifique a été sollicité pour évaluer l’opportunité de faire évoluer» les règles concernant le port du masque «dans les prochains jours», préviennent les services d’Olivier Véran et d’Adrien Taquet. Comprenne qui pourra.

Entreprises. À partir de demain, mardi 1er septembre, le port du masque sera obligatoire dans «tous les espaces de travail clos et partagés». Sont concernés les salles de réunion, les open-spaces, les couloirs, les vestiaires et les bureaux partagés. Les personnes disposant d’un bureau fermé ne seront pas tenues de porter leur masque (lorsqu’elles y seront seules). Attention toutefois Elisabeth Borne, ministre du travail, évoque des exceptions de « bon sens » (sic). On attend une nouvelle version du protocole sanitaire.

En pratique la mesure pourra être aménagée en fonction des secteurs d’activité et des situations. C’est ce qu’a affirmé dimanche 30 août sur BFM-TV Elisabeth Borne, passant en revue différents cas. Essayons de suivre les grandes lignes des explications de la ministre

1 Le port du masque est la « règle de base » en lieu clos « C’est très important que tous les Français qui vont reprendre le travail soient rassurés sur le fait que sur le lieu de travail on applique les bonnes règles pour protéger leur santé », a estimé Elisabeth Borne. Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) avait préconisé dans un avis publié à la mi-août de systématiser le port du masque dans tous les espaces de travail clos et partagés. C’est sur cette base que le gouvernement tranché en faveur de l’obligation du port.

« Vraiment, porter le masque systématiquement en entreprise quand on est à plusieurs, c’est très important pour se protéger, protéger ses collègues et protéger ses proches », a développé la ministre. Ce sera selon elle la « règle de base », « très simple ».

2 Le masque pourra parfois être retiré. L’obligation pourra cependant avoir des exceptions en fonction des situations, a nuancé la ministre, sur la base du « bon sens ». « Evidemment, si vous êtes tout seul dans votre bureau, vous n’êtes pas obligé de mettre un masque », a-t-elle assuré. Autres exemples : « Quand vous êtes dans un open space, vous avez envie de souffler, vous pouvez retirer votre masque dix minutes » ou lorsque « vos collègues sont partis à la cantine, vous êtes quelques-uns à être restés, là vous pouvez retirer votre masque ».

Mieux encore : contrairement à ce que le gouvernement avait laissé entendre Elisabeth Borne a ajouté que dans les entreprises qui ont « toutes les bonnes règles », on pourra « avoir des assouplissements au caractère systématique du port du masque ». Elle a évoqué par exemple des locaux avec « une très bonne ventilation » ou « dans des grands volumes ». La mise en place de protections comme des parois en Plexiglas, ainsi que la densité d’occupation des locaux et la distance entre les salariés, pourraient également entrer en compte.

3 Des assouplissements pourront être autorisés. Soudainement pragmatique, la ministre pense ici aux activités professionnelles qui « par nature sont difficilement compatibles avec le port du masque. On va les recenser avec les partenaires sociaux et on verra les réponses qu’on peut apporter », a par ailleurs dit Elisabeth Borne. Il y a notamment « les ateliers », comme « les garages », où « vous êtes amenés à faire des efforts physiques » et où les salariés pourront être « dispensés du port du masque » si « l’atelier est bien ventilé », avec « les collègues [qui] sont loin », a-t-elle détaillé. « Loin » ?

La ministre a ainsi fait savoir qu’un décret (re-sic) permettrait de dispenser « les chanteurs d’opéra » du port du masque. Ces derniers pourront ainsi, après-demain, pleinement s’exprimer – quand les opéras ne seront plus fermés.

A demain @jynau

La vague « anti-masques » émerge et enfle en Allemagne. Risque-t-elle d’atteindre la France ?

Bonjour

30/08/2020. Comment ne pas voir désormais, ici, un nouveau symptôme, mi-politique, mi sanitaire ? Comment le classer ? Et faut-il s’en inquiéter ? Des milliers d’opposants au port du masque et aux mesures de restriction contre le coronavirus sont descendus dans la rue samedi 29 août dans plusieurs villes d’Europe, résume l’AFP.  A Berlin tout d’abord. A Londres ensuite où un millier de manifestants se sont rassemblés à Trafalgar Square et ont réclamé « la fin de la tyrannie médicale ». A Paris, enfin, où deux cents à trois cents personnes ont protesté contre le port du masque, désormais obligatoire dans toute la capitale. Peu après 16 h 30, 123 personnes avaient été verbalisées pour …. non-port du masque selon la préfecture de police.

A Berlin la police s’est opposée à la manifestation d’opposants au port du masque et aux mesures de restrictions contre la pandémie de Covid-19  – et ce faute de respect des gestes barrière par les quelque 38.000 participants. La manifestation a conduit à trois cents interpellations après des violences entre manifestants d’extrême droite et forces de l’ordre. «La distanciation minimum n’est pas respectée (…) malgré les demandes répétées» des forces de l’ordre, a indiqué la police, «c’est pourquoi il n’y a pas d’autre possibilité que de dissoudre le rassemblement». Mais comment des anti-masques pourraient-ils défiler masqués ?

« A peine entamée, le cortège parti en matinée de l’emblématique Porte de Brandebourg avait dû faire halte sur l’injonction de la police, résume l’AFP.  Après l’annonce de la dispersion en début d’après-midi, les manifestants, dont beaucoup étaient assis sur la route, sont restés sur place et ont crié «résistance!», puis «nous sommes le peuple!», un slogan employé par l’extrême droite, et entamé l’hymne national allemand.

Selon le ministre de l’Intérieur de Berlin, Andreas Geisel, environ deux cents d’entre eux ont été interpelés devant l’ambassade russe, après avoir lancé des pierres et bouteilles sur les policiers, et la plupart remis en liberté ensuite. Il n’y a pas eu de blessés. Dans la soirée, un groupe a également franchi des barrières autour du Reichstag, qui abrite le parlement, avant d’être repoussé sans ménagement par les policiers, selon un photographe de l’AFP.

Qu’en sera-t-il, demain, en France ?

Au total, quelque 38.000 personnes (selon les autorités) ont participé (en majorité dans le calme) à un meeting au cours duquel les organisateurs ont appelé «à la fin de toutes les restrictions en place» pour combattre le nouveau coronavirus.

Intitulé «fête de la liberté et de la paix», l’événement rassemblait «libres penseurs», militants anti-vaccins, conspirationnistes ou encore sympathisants d’extrême droite. C’est le deuxième de ce type en un mois, un phénomène qui inquiète les autorités. « La foule était très mélangée, de toutes classes d’âge, y compris des familles avec des enfants en bas âge, rapporte l’AFP.  Les drapeaux de la paix arc-en-ciel et de l’Allemagne se côtoyaient, les manifestants ont aussi à plusieurs reprise crié «Merkel doit partir!», le mot d’ordre du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne.

Une précédente manifestation du même type avait déjà réuni le 1er août quelque 20.000 personnes appartenant majoritairement à la sphère d’extrême droite. Elle avait elle aussi été interrompue par la police pour les mêmes raisons que samedi.

« Ce nouveau rassemblement intervient dans un contexte de grogne croissante dans l’opinion allemande à l’égard des restrictions liées à la pandémie, observe encore l’AFP.  Et ce même si l’Allemagne a plutôt mieux résisté que ces voisins, et que les restrictions pour lutter contre le nouveau coronavirus n’ont jamais été aussi strictes qu’en France ou en Italie par exemple. Plusieurs organisations de gauche avaient appelé à des contre-manifestations.

 «Il sera important que nous montrions qu’il ne peut y avoir de tolérance pour les racistes, les antisémites, les extrémistes de droite et les nazis», a asséné Anne Helm, dirigeante de la section berlinoise du parti de gauche radicale Die Linke. » Où l’on voit ainsi dans ce contexte épidémique resurgir, en Allemagne, les vieilles oppositions idéologiques et politiques – sinon toujours démocratiques. Qu’en sera-t-il, demain, dans une France économiquement chauffée à blanc et bientôt entièrement masquée ?

A demain @jynau