Bonjour
0/09/2020. Une étape a été franchie par le Conseil scientifique et nul ne sait jusqu’où cette institution pourra aller. Rendu public par le gouvernement le 9 septembre son dernier avis, daté du 3 septembre, dresse « un constat d’échec » à propos de la stratégie d’isolement destinée à lutter contre l’épidémie de Covid-19. Ses membres (chargés de conseiller l’exécutif dans sa gestion de l’épidémie) estiment que la « quatorzaine » qui a été instaurée s’avère en définitive « peu respectée ». Cela « fragilise notre capacité à maîtriser les chaînes de contamination » du coronavirus a jugé, citée par l’AFP, l’anthropologue Laëtitia Atlani regrettant une stratégie « sans cahier des charges ni budget à l’échelle nationale ». Une manière parmi d’autres de parler d’incurie.
Le gouvernement « va être obligé de prendre un certain nombre de décisions difficiles », « dans les huit à dix jours maximum », a pour sa par déclaré le Pr Jean-François Delfraissy. « On peut être faussement rassuré » parce que l’augmentation de la circulation du virus a « peu de retentissement actuellement » sur le système de soins, mais il peut y avoir « une augmentation très rapide, exponentielle, dans un deuxième temps », a averti le président du Conseil scientifique, rappelant que toute décision prise maintenant n’aura d’impact que dans quinze jours.
« Il n’y a aucune raison d’attendre car plus on attend plus il faudra agir fort et sur la durée », confirme au Monde l’épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du conseil scientifique. « Même si le nombre de cas est très inférieur à celui qu’on avait en mars et que le rythme d’augmentation n’est pas le même, la trajectoire montre qu’on va dans le mur », estime-t-il. Selon lui, adopter des mesures ciblées est cependant d’autant plus complexe que l’on manque de données précises sur les circonstances dans lesquelles les personnes infectées ont
Article réservé à nos abonnés été contaminées. »
Le gouvernement «obligé de prendre un certain nombre de décisions difficiles » ? Où l’on voit, pour la première fois de cette manière, le Conseil peser sur la stratégie et les décisions à venir de l’exécutif. Et ce alors que se tient demain 11 septembre un conseil de défense. Or cette initiative du Conseil scientifique n’a guère été du goût du président de la République. Emmanuel Macron a confirmé, lors d’un déplacement en Corse, que le gouvernement annoncerait bien, au terme du conseil de défense consacré au Covid-19, des décisions permettant de « donner de la visibilité sur les prochaines semaines ». Mais il a aussitôt ajouté : « Ce que nous devons faire c’est nous adapter à l’évolution du virus (…). Nous aurons des décisions à prendre, mais voilà, il faut je pense continuer à être exigeants, réalistes, sans céder à quelque panique que ce soit ».
Panique ? Interrogé sur les propos du Pr Delfraissy et ses « décisions difficiles », M. Macron a précisé que « le conseil scientifique est dans son rôle, qui est technique », et qu’il revient aux dirigeants politiques de « prendre des décisions » en « essayant d’être les plus transparents et les plus clairs possible ». Un recadrage en règle, en somme.
Il faut « essayer de ralentir au maximum et de stopper la circulation » du virus avec les gestes barrières et « l’organisation de la vie sociale que nous devons adapter », tout « en permettant de continuer à vivre », notamment « éduquer nos enfants », « soigner les autres pathologies », a ajouté le chef de l’Etat. Emmanuel Macron a également souligné la nécessité de « décliner territorialement » les décisions prises, et a de nouveau appelé les Français à « prendre leur part de responsabilité, parce que nous sommes tous et toutes les dépositaires de cette lutte contre le virus ».
Dans le même temps, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, s’est de nouveau refusé jeudi matin sur BFM-TV et RMC à commenter les hypothèses les plus dures concernant les mesures qui pourraient être annoncées (limitations de déplacement, de rassemblement, voire reconfinements localisés) en se bornant à déclarer que cette crise sanitaire démontre « qu’on ne peut jamais rien exclure par principe ».
Où l’on observe ainsi, en direct, un affrontement entre la gestion et l’analyse du risque, entre le politique et le scientifique.
A demain @jynau