Cancers et affaire du Dr Delépine : la justice est saisie, le politique tranche, le service ferme

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BFM TV est le dernier endroit où les responsables politiques jugent utiles de s’exprimer. Devant le micro RMC d’un Jean-Jacques Bourdin chaque jour un peu plus compassé. Marisol Touraine, ministre de la Santé en a fournit aujourd’hui  une nouvelle démonstration exemplaire. Voir ici. Résumé de la situation. Le tribunal de grande instance de Paris a examiné aujourd’hui 10 juillet jeudi la requête de parents d’enfants atteints de cancer et qui s’opposent à la fermeture d’une unité d’oncologie pédiatrique située dans l’hôpital de Garches (Hauts-de-Seine) – unité longtemps dirigée par le Dr Nicole Delépine dont les méthodes thérapeutiques alimentent de vives controverses depuis des années (voir ici).

Grève de la faim

L’abcès s’est constitué avec le départ à la retraite de ce médecin et la volonté concomitante de l’AP-HP de fermer cette unité. Plusieurs dizaines de patients et leurs proches ont assisté aux débats devant le tribunal de grande instance de Paris. « Nous nous battons pour la liberté thérapeutique de nos enfants et de tous les jeunes malades de demain », a déclaré (citée par l’AFP) Lisbeth, dont le fils (soigné à Garches de 2008 à 2010 pour un cancer des os) est en rémission depuis quatre ans. Cette mère a entamé le 26 juin, avec trois autres parents, une grève de la faim : elle s’oppose à la fermeture du service.

L’AFP rappelle qu’il y a dix ans déjà l’AP-HP) e le ministère de la Santé avaient signé un protocole qui prévoyait l’installation de l’unité d’oncologie pédiatrique au sein de l’hôpital Raymond Poincaré de Garches. En juillet 2009, ce service avait été autorisé à poursuivre son activité. Et maintenant ? « Cette autorisation, délivrée pour une durée de cinq ans, expire le 21 août 2014. Elle n’a pas été renouvelée; cela a pour conséquence la fermeture du service », a plaidé l’avocate représentant l’Etat.

« Il y a urgence »

Ce protocole d’accord est un contrat administratif qui relève de la compétence du juge administratif  et non des juridictions civiles. C’est précisément pourquoi des proches de patients ont également déposé un recours devant le tribunal administratif de Paris. « Mais il ne statuera pas avant deux ans; on ne va pas rouvrir le service à ce moment-là. Il y a urgence », a déclaré à l’AFP Me Emmanuel Ludot, conseil de l’association Ametist. Selon lui, l’Etat n’a pas respecté les modalités inhérentes à tout retrait d’autorisation, le juge judiciaire « doit donc trancher ».

A l’issue de l’audience, l’AP-HP a (une nouvelle fois) assuré « mettre tout en œuvre afin de poursuivre et renforcer le dialogue » avec les familles des patients « dans un souci d’apaisement » et « avec pour unique préoccupation la qualité de la prise en charge des patients ».

Exercice radiophonique ministériel

Quelques heures auparavant Marisol Touraine répondait aux questions du journaliste Jean-Jacques Bourdin. Exercice délicat en trois minutes et vingt secondes. En résumé : exprimer sa compassion vis-à-vis des parents en qui la médecine officielle  perçoit les symptômes de la déraison puisqu’ils refusent les « essais thérapeutiques » ; demander la « poursuite du dialogue » et la « recherche de l’apaisement » ; préciser que tous les enfants seront accueillis dans un autre service situé à « cinq kilomètres »  de là où ils sont soignés aujourd’hui ; assurer qu’il n’y aura pas d’inclusions de force dans des « essais thérapeutiques » (c’est interdit) ; oser dire que l’unité du Dr Nicole Delépne n’a jamais fait l’objet d’une « évaluation scientifique » et que seules les évaluations permettent de progresser ; citer le président de la République et l’actuel Plan Cancer.

Puis confirmer que l’unité du Dr Delépine fermera comme prévu. Er faire comprendre que les futurs jeunes patients de la future unité ne seront plus soignés comme le furent ceux admis jusqu’ici (essentiellement à base de méthotrexate).

 « Essais thérapeutiques »

« Mes confrères sont contraints d’inclure toujours plus d’enfants dans ce type d’essais. Ils testent sur le patient de nouveaux produits développés par les laboratoires et de nouvelles combinaisons, plutôt que d’utiliser des traitements déjà reconnus comme efficaces »  dénonce pour sa part le Dr Delépine dont certains soutiens peuvent inquiéter. « Il est faux d’affirmer que des enfants peuvent rentrer dans des essais thérapeutiques sans l’accord explicite de leurs parents » accuse pour sa part  l’AP-HP.

Le Dr Delépine partira à la retraite le 18 juillet. Le tribunal de grande instance de Paris rendra sa décision le 24 juillet. Le politique a tranché. Le service est fermé. Le rideau de la justice n’est pas tombé.

A demain

«Faux témoignage» dans l’affaire de l’ex-service de cancérologie pédiatrique du Dr Delépine

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Faux témoignage. C’est l’accusation prononcée par l’AP-HP en réponse aux accusations formulées par une mère d’un enfant hospitalisé et occupant la chapelle de l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches. Occupation organisée par l’association Ametist. Les éléments radiophoniques peuvent être écoutés  ici, sur le site de France Info. La mère parle de CRS casqués, de pied de biche et d’extrême violence. Gérard Cotellon, directeur adjoint de cabinet à l’AP-HP  certifie le contraire, assure que la scène a été filmée et que tout a été fait pour préserver la santé des quatre parents grévistes de la faim.

 Grève de la faim dans la chapelle

« Ces témoignages sont faux, dit M. Cotellon. Ils avaient pour objectif de provoquer un événement médiatique, de faire croire que ces personnes ont été maltraitées ».  Il dit aussi comprendre que des personnes inquiètent du devenir de leurs enfants atteints de graves maladies utilisent des moyens « qu’elles croient devoir utiliser pour faire pression sur l’AP-HP ».

C’est là le dernier évènement en date d’une affaire dont les principaux éléments sont connus : quatre parents d’enfants cancéreux, en grève de la faim contre la fermeture du service d’oncologie pédiatrique de l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine), ont été évacués dimanche matin, a-t-on appris auprès de l’AP-HP et de proches. Ces parents ont entamé le 26 juin une grève de la faim, dans la chapelle de l’hôpital. Ils réclament  la poursuite des « méthodes spécifiques » de l’unité cancérologique pédiatrique qui doit fermer prochainement.

Dégradation de la situation

Visiblement inquiète l’AP-HP tient une chronique régulièrement actualisée de la situation sur le site de son service de presse. Elle explique avoir demandé le 5 juillet  « au préfet de police et au préfet des Hauts-de-Seine d’intervenir pour prévenir une dégradation plus importante de la situation ». Le 6 juillet « les équipes du Samu, appuyées par les forces de l’ordre sous l’autorité du préfet, sont entrées dans la chapelle ». « Elles ont expliqué aux quatre personnes les motifs de l’intervention, destinée à leur éviter de se mettre davantage en danger. Elles leur ont proposé d’être transportés dans un service médical proche. Les familles ont préféré quitter les lieux par leurs propres moyens » explique encore l’AP-HP. Cette dernière regrette « l’absence de tout signe de dialogue et de réponse aux propositions qui ont été faites et aux garanties qui ont été apportées ».

« Enfants cobayes »

Une vieille histoire.L’AP-HP a programmé la fermeture de l’unité après le départ à la retraite de la pédiatre et cancérologue Nicole Delépine (voir ici son site officiel). Cette dernière dirigeait l’unité depuis 2004 et c’est peu dire que ses méthodes ont fait et font polémiques. Le Dr Delépine est défendue par l’association « Ametist » groupant des parents d’enfants étant (ou ayant été) hospitalisés dans cette unité (voir ici le site de cette association). « Ametist » cautionne aussi des accusations d’une particulière gravité selon lesquelles des enfants aujourd’hui atteints de pathologies cancéreuses et pris en charge par la médecine dite « officielle » (sur la base des essais cliniques randomisés) seraient des « enfants cobayes ». (Voir ici). C’est là une affaire qui dépasse la seule oncologie pédiatrique et presque impossible à trancher.

Impasse méthodologique

« L’unité du Dr Delépine – qui accueille actuellement une trentaine d’enfants – privilégie des traitements individualisés par rapport aux protocoles standardisés, explique ainsi (avec diplomatie) l’AFP. Elle revendique un taux de guérison de plus de 80 %, mais ne peut se prévaloir de résultats récents, car les nouveaux standards méthodologiques exigent que toute étude soit basée sur de nouveaux essais cliniques qu’elle refuse. »

Ces éléments suffisent pour prendre la mesure des impasses que révèle ce type d’affrontements entre deux mondes. Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP a nommé un médiateur (le Pr Denis Devictor ) pour tenter de calmer les passions et de dépasser la somme des incompréhensions. La direction de l’AP-HP dit comprendre l’angoisse des parents. Eux disent que cette direction de les comprend pas.

Comment sort-on, de part et d’autre, indemne d’une telle impasse ? Les grévistes de la faim sont-ils sortis de la chapelle ?

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Schumacher : secret médical sur le point d’être violé

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Dans l’ombre portée de Vincent Lambert, Michael Schumacher. « Les pronostics sur l’état de santé de Michael Schumacher vont bon train … écrit ce martin LePoint.fr.  La famille et les proches se veulent rassurants, assurant à intervalles réguliers que l’ancien champion de F1 fait des progrès. Le corps médical est beaucoup plus circonspect, pour ne pas dire pessimiste. » Et le site de rappeler que début juin, , Gary Harstein,  ancien délégué médical de la FIA ,  s’était  montré extrêmement pessimiste sur les chances de rétablissement du malade. En usant de la litote : « J’ai bien peur et j’en ai presque la certitude que nous n’aurons jamais de bonnes nouvelles concernant Michael Schumacher ».

Bouger un doigt

Cette semaine c’est le Dr Erich Riederer, un neurologue suisse de Zurich qui prend la parole. En faisant l’économie de la litote : « Michael Schumacher restera invalide pour le reste de sa vie. Il est resté près de six mois dans le coma, ses muscles sont atrophiés et il semblerait qu’il soit squelettique. Il serait mieux que les gens gardent en mémoire le Schumi des vieilles photos. S’il pouvait s’asseoir sans aide après trois mois de rééducation, ce serait un succès. Trois mois plus tard, il sera alors peut-être en mesure de contrôler un fauteuil roulant électrique, à condition qu’il puisse bouger son doigt. » Le Dr Riederer sera-t-il poursuivi par la famille  pour avoir violé le secret médical ?

Diverses sources avaient affirmé il y a quelques jours que l’ancien champion était « sorti du coma ». Et sur RTL.fr l’ancien pilote automobile Olivier Panis a affirmé que les médecins de Michael Schumacher lui avaient assuré qu’il ne sera pas paralysé, qu’il pourrait remarcher un jour. « Tout ce qui est motricité n’a pas été touché » lui aurait-on assuré. Difficile cependant de savoir « à quelle vitesse il va récupérer ses muscles », expliquait Olivier Panis au micro de RTL. « Ce sera une rééducation très, très longue. Et au niveau cérébral, on ne sait pas, il va falloir être patient, ajoutait-il. Les sportifs de haut niveau ont une faculté de récupération plus rapide que le commun des mortels. »

50 000 euros

Au même moment on apprenait que le dossier médical de Michael Schumacher avait été volé et proposé à la vente à des médias allemands, anglais et français. Proposition : une somme (minimum) de 60 000 francs suisses (environ 50 000 euros). C’était une révélation du journal allemand Bild reprise notamment dans la soirée du 23 juin par Le Dauphiné (voir ici).  « Selon notre confrère allemand, le vol aurait pu avoir été commis au sein du CHU de Grenoble où l’ancien pilote de Formule 1 est resté hospitalisé un peu moins de six mois après son accident de ski, survenu le 29 décembre 2013 à Méribel en Savoie, avant d’être transféré, lundi 16 juin, au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) de Lausanne.

Le procureur de la République de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, avait confirmé au Dauphiné qu’une plainte avait bel et bien été déposée le jeudi 19 juin  à l’hôtel de police de Grenoble pour « vol et violation du secret médical », par la direction du CHU de Grenoble. Les avocats suisses de la famille Schumacher ont également déposé plainte – par voie de fax adressé au procureur le 20 juin.

Document confidentiel

Selon les informations du Dauphiné ce vol serait celui des deux premières pages d’un dossier qui en compterait une dizaine. Ce sont plus précisément ces deux pages qui, pour l’heure, seraient proposées aux médias. Une enquête actuellement en cours et le système informatique sécurisé du CHU de Grenoble fait  l’objet d’une expertise : ce système a-t-il  pu être piraté ou utilisé frauduleusement pour en extraire le document confidentiel et qui aurait dû être hautement protégé.

Jacqueline Hubert, directrice générale du CHU de Grenoble a par la suite fait une déclaration à Bild : « Nous avons fait vérifier immédiatement et complètement notre système informatique par des experts afin de vérifier si une personne avait cherché à accéder au dossier de Michael Schumacher ou s’il y avait eu une intrusion depuis l’extérieur dans le système, mais nous n’avons trouvé aucune trace. » Puis Mme Hubert a confirmé ces informations à l’AFP.  Elle a également indiqué que seul un « nombre limité de personnes » avaient eu accès au dossier, qui avait été enregistré « sous une fausse identité dans le système ». Selon une source « proche de l’enquête » le dossier médical avait été masqué sous plusieurs pseudonymes dont le dernier était « Jérémy Martin ».

Cordon sanitaire

Un cordon sanitaire avait aussitôt été dressé. Sabine Kehm, porte-parole de la famille Schumacher, indiquait dans un communiqué :

« Depuis quelques jours, des documents donnés dont le fournisseur prétend qu’il s’agit du dossier médical de Michael Schumacher, sont proposés à certains représentants des médias contre rémunération. Nous ne pouvons pas juger si ces documents sont authentiques. Mais le fait est : les documents sont volés. Le vol a été dénoncé. Les autorités chargées des enquêtes ont été saisies. Nous attirons votre attention sur le fait que l’achat de tels documents ainsi que leur publication sont interdits. Les données du dossier médical sont hautement confidentielles et ne peuvent pas être accessibles au public. A l’encontre de la publication de contenus du dossier médical, nous déposerons par conséquent dans chaque cas plainte pénale pour la réalisation de toutes les infractions entrant en ligne de compte».

Secret absolu

Dès le premier jour de l’hospitalisation au CHU de Grenoble du champion allemand diverses tentatives de violation du droit à l’image ou du secret médical avaient été déjouées. La direction de l’établissement hospitalier et les membres des équipes soignantes avaient ensuite réussi à maintenir un secret absolu. Dès son transfert à Lausanne le service de presse du CHUV avait fait savoir que l’établissement observerait la même politique se refusant à tout commentaire qui pourrait donner le moindre indice sur l’état de santé du célèbre patient allemand, par ailleurs résident suisse.

Le CHUV assure avoir un protocole parfaitement au point pour préserver la sécurité et l’intimité de ses patients VIP. « Il n’est pas toutefois pas question de traiter un homme qui serait  tombé par terre dans son atelier différemment de quelqu’un qui est connu dans le monde entier, avait souligné  le Pr Richard Frackowiak, ancien doyen de l’Institut de neurologie de Queen Square de Londres, recruté à Lausanne pour développer un département interdisciplinaire de neurosciences cliniques. Chaque malade reçoit le meilleur de nos compétences et le meilleur de nos réflexions. »

Les yeux ouverts

Le journal suisse Blick, citant la société ambulancière qui a effectué le transport de Grenoble à Lausanne,  Michael Schumacher était conscient pendant le trajet et avait, la plupart du temps, les yeux ouverts. Ce transfert avait été organisé par la famille dans le plus grand secret, utilisant notamment un faux nom. Les ambulanciers avaient dû remettre leurs téléphones portables. Toujours selon Blick  le visage de Schumacher aurait beaucoup maigri. Et s’il n’a pas parlé le malade aurait communiqué avec les ambulanciers par des hochements de tête. Une information qui avait aussitôt été abusivement interprétée comme une sortie du coma de l’ancien champion automobile allemand.

Pour la BBC le nouveau combat du champion allemand est désormais le respect de sa privacy. La BBC ne nous dit pas combien de temps durera ce combat.

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Tabac : pressée par « Le Figaro », Marisol Touraine agira-t-elle suffisamment tôt ?

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Qu’attend-elle ? La cigarette électronique a bouleversé la donne. Une révolution est en marche. Non pas celle de la fin du tabac mais celle de la fin de sa fumée mortifère. Bientôt l’addiction à la nicotine se substituera à celle du tabac industriel. Les ayatollahs le dénonceront quand les spécialistes de santé publique d’en réjouiront. e marché de la e-cig se régulera dans les espaces capitalistes. L’Etat continuera à taxer la dépendance comme il le fait de toute éternité.

Amiante

Sans doute y aura-t-il des soubresauts, des procès, des révoltes. La date n’est pas fixée mais elle viendra : on parlera un jour des fumées de tabac inhalées après combustion comme on le fait aujourd’hui de l’amiante. Une amiante dont les morts prématurées étaient, il y a trente ans encore, considérées comme le prix que la collectivité devait payer pour que les bâtiments soient isolés.

Qu’attend-elle ? Elle a raté le premier acte, parle encore de « vapoteuse », semble ne pas prendre conscience du changement de décor. Le script a pourtant changé, et la troisième saison déjà commencé. Aujourd’hui 30 mai 2014 c’est Le Figaro qui semble comme voler à son secours (article payant). Pour ceux qui n’ont pas les moyens l’AFP en diffuse l’essentiel. « Cigarettes : Touraine veut imposer les paquets neutres ». Pourquoi ce vouloir ?  La Santé n’aurait pas le pouvoir sur le Budget ?

Evin

Le Figaro parle de la prochaine « loi antitabac ». Une loi  dont Marisol Touraine présentera le texte le 17 juin prochain. Une loi qui pourrait porter le nom de Touraine comme Claude Evin laissa le sien à un texte majeur dont on n’a peut-être pas encore mesuré la portée. Des mesures radicales croit-on savoir.

. Le paquet neutre – ou générique. Une mesure déjà en application en Australie. Tous les paquets de cigarettes se ressemblent, même couleur, même police de caractère, définies par décret.  Le tout assorti de visuels plus atroces encore que ceux que l’on sait. Moins atroce, toutefois, qu’une visite dans certains espaces hospitaliers ou certaines chambres mortuaires.

. Interdiction de la cigarette électronique. Le Figaro croit savoir que  Marisol Touraine souhaiterait l’interdire purement et simplement dans les lieux publics. Pourquoi ? La ministre de la Santé redouterait de voir l’addiction à la nicotine se développer, notamment chez les jeunes, par le truchement  des e-cigarettes. C’est ici ne rien connaître à la réalité présente des collèges et lycées.

. Contre les cigarettiers. Marisol Touraine  souhaiterait permettre des actions collectives en justice  des victimes du tabac. Mais qui sait jusqu’où pourraient aller de telles actions ?

Incohérence

Tout ceci ne fait pas une loi. Du moins pas une loi à laquelle un nom reste attaché. Cet ensemble incohérent  ne permettra pas d’atteindre l’inversion de la courbe de consommation de tabac dont elle est chargée par le président de la République. Plus de 30% des Français fument du tabac. La proportion est passée sous les 20% en Grande-Bretagne. La cigarette électronique est là qui bouleverse la donne. Qu’attend Marisol Touraine pour agir utilement ? Le dira-t-elle avant le 17 juin (1) ?

A demain

(1) Dans une déclaration faite à l’AFP le ministère de la Santé a vite réagi aux informations du Figaro pour dire qu’il « ne les confirmait pas». En ajoutant : « Le ministère travaille, dans la concertation, sur de nombreuses pistes d’amélioration de la santé des Français dans tous les domaines, y compris la lutte contre le tabagisme.

« Nous n’en sommes pas du tout au stade des décisions et aucune de ces pistes de réflexion n’est privilégiée, même si toutes sont examinées ».

Marisol Touraine dévoilera le 17 juin « les grandes orientations » d’un projet de loi sur la santé, qui sera présenté ensuite « à l’automne ».

 

 

Aquilino Morelle : Lundbeck confirme les 12 500 euros ; l’Ordre des médecins et la morale médicale s’en mêlent

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Comme annoncé : après l’Elysée la descente, assez rapide, vers les enfers. Pour un docteur en médecine cela passe assez souvent sous les fourches ordinales. Ce sera bientôt le cas pour le Dr Aquilino Morelle. L’affaire était révélée aujourd’hui, en bonne place, dans Le Parisien. Bonne fuite : nos confrères ordinaux l’ont confirmée, sans se faire prier, à l’AFP : le Dr Aquilino Morelle a bien reçu (le mois dernier) un courrier de convocation le mois dernier pour être entendu devant le Conseil de l’Ordre des médecins de Paris. Il s’agit tout simplement d’entendre « sa version des faits ». Puis « de voir quelles suites donner ».

Moralité et probité

Bien informé  Le Parisien précise que le Dr Aquilino Morelle est convoqué devant la justice de ses pairs pour « atteinte au principe de moralité » (article 3 du code de déontologie médicale)  et « actes ou faits pouvant déconsidérer la profession » (article 31 du même code). (1)

Pour l’heure une seule ombre connue au tableau : alors qu’il était salarié de l’Igas, des rémunérations par le laboratoire danois Lundbeck. C’était en 2007 (15 octobre / 31 décembre).  Il se serait alors agi d’un « contrat ponctuel, un travail d’intermédiaire. En pratique l’organisation de deux rendez-vous avec le Comité économique des produits de santé (CEPS) – une  structure qui fixe – dans le plus grand secret –  le prix des médicaments et les taux de remboursement (2).

Seroplex® et phobie sociale

On laisse ici ou là entendre qu’il s’agissait ici d’aider Lundbeck à « stabiliser » le prix du Seroplex® (voir ici). C’est une molécule utilisée contre la dépression (épisodes dépressifs majeurs) et les troubles anxieux (tels que le trouble panique avec ou sans agoraphobie, le trouble d’anxiété généralisée et les troubles obsessionnels compulsifs) chez les adultes de plus de 18 ans. Environ 29 euros la plaquette de 28 comprimés. Remboursé à 65% par notre Sécurité sociale. Mais c’est aussi une molécule qui bénéficia, quelques mois plus tard, d’une extension d’indication. Nous y reviendrons peut-être.

Déjeuners partagés

À l’issue de son entretien les confrères ordinaux du Dr Morelle lui signifieront s’ils engagent ou non d’engager une action disciplinaire.  « Après la justice (une enquête préliminaire est en cours) ; après l’Igas, son corps d’origine (qui exige des explications), c’est désormais à l’Ordre des médecins que ce médecin énarque va devoir rendre des comptes » écrit Le Parisien.  L’AFP ajoute que l’ancien conseiller de Lionel Jospin et de François Hollande est visé par des investigations de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique.

Qui, le moment venu, témoignera à la barre ordinale en faveur du Dr Morelle ? Interrogé il y a peu par BFMTV sur d’éventuels déjeuners partagés avec lui et l’industrie pharmaceutique le Dr Jean-Marie Le Guen (aujourd’hui secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement) ne se souvient plus véritablement. (voir ici). «  Peut-être un déjeuner. En dix ans d’activité. »

Relire l’enquête de l’Igas sur le Mediator

La justice et les appétits médiatiques étant ce qu’ils sont la question est désormais soulevée du Mediator. Pourquoi Xavier Bertrand, alors ministre UMP de la Santé, a-t-il choisi le  socialiste Aquilino Morelle pour avoir la haute main sur l’enquête de l’Igas sur le Mediator ? Un rapport d’enquête qui commence à être relu sous de nouveaux angles.

A demain

(1)     Article 3 : « Le médecin doit, en toutes circonstances, respecter les principes de moralité, de probité et de dévouement indispensables à l’exercice de la médecine. »

Article 31 : « Tout médecin doit s’abstenir, même en dehors de l’exercice de sa profession, de tout acte de nature à déconsidérer celle-ci ».

(2) Les responsables français des laboratoires danois Lundbeck ont confirmé leurs liens passés avec Aquilino Morelle. Le parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire visant M. Morelle pour établir ses liens passés avec des laboratoires pharmaceutiques et établir s’il y a eu ou non un délit de prise illégale d’intérêt lorsqu’il travaillait à l’Igas.

Auditionné le 15 mai, le directeur administratif et financier de Lundbeck a remis aux enquêteurs le contrat de consultant signé en 2007 pour un montant de 12 500 euros avec M. Morelle, avec les dates et le type de mission de consultant « dans le domaine médico-économique ». Le laboratoire a indiqué à Mediapart qu’il s’agissait du seul contrat passé avec l’ancien conseiller. de François Hollande.

 

VIH-Sida : aux Etats-Unis le Truvada® devient une prévention comme une autre. Et en France ?

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L’affaire n’a pas encore fait grand bruit de ce côté de l’Atlantique. Pourquoi ? C’est un évènement à la fois pratique et médical. Historique aussi : une thérapeutique est recommandée comme méthode préventive. Les CDC viennent officiellement de recommander le recours au traitement antirétroviral en tant que prévention préventif contre l’infection par le VIH. On verra ce qu’il en est ici sur le site des CDC. On trouvera d’autre part l’information et le guide pratique qu’en donne The New York Times (voir ici et voir ici) et la chaîne CNN (voir ici).

Un comprimé par jour

Cette décision vise en priorité tous les groupes à risque (notamment les hommes homosexuels et les toxicomanes séronégatifs). Elle ne concerne, de fait, que la seule spécialité pharmaceutique Truvada®  On sait que cet antirétroviral est autorisé depuis 2012 par la FDA à titre préventif dans le cadre de la  PrEP (pre-exposure prophylaxis). Célèbre produit de  Gilead Sciences, le Truvada® est constitué d’une association de deux antirétroviraux déjà commercialisés séparément. Il doit être pris quotidiennement.

Selon les CDC, jusqu’à 500.000 Américains pourraient bénéficier de ce traitement. En pratiques les nouvelles directives des CDC visent essentiellement quatre groupes: les hommes homosexuels qui ont des relations sans préservatif, les hétérosexuels ayant des partenaires à hauts risques comme des utilisateurs de drogues injectées, les hommes bisexuels ayant des rapports non protégés, ainsi que toute personne qui a des relations sexuelles régulièrement avec des partenaires dont la séropositivité est connue. Enfin, « quiconque qui partage des seringues et s’injecte de la drogue ». Les CDC recommandent aussi un test de dépistage avant de commencer ce traitement et tous les trois mois ensuite.

Recommandations suivies ou pas ?

Les autorités sanitaires américaines sont confrontées à un problème de taille : le nombre de nouvelles infections VIH ne change pas depuis vingt ans : 50.000 cas supplémentaires annuellement, et ce malgré les campagnes pour l’utilisation des préservatifs. Les CDC reconnaissent aussi que ne garantit que ces recommandations en faveur du Truvada® soient suivies par les groupes concernées, reconnaissent-elles. Une des CDC publiée en novembre 2013 parmi ce groupe montrait ainsi une augmentation de 20% du nombre de rapports sexuels non protégés entre 2005 et 2011.

« Je pense que ces directives des CDC sont une bonne idée car nous avons besoin de toutes les formes de prévention possible, et ce médicament est très efficace, a déclaré le Dr Anthony Fauci, directeur de l’Institut national de l’allergie et des maladies infectieuses (NIAID) dans un entretien accordé à l’AFP.

Allergie US aux préservatifs

L’AFP ajoute toutefois que  certaines organisations se montrent très critiques vis-à-vis de l’initiative des CDC, comme AIDS Healthcare Foundation, la plus grande ONG américaine de soins médicaux pour les personnes infectées par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Son président Michael Weinstein estime que cette approche « va entraîner une diminution de l’usage des préservatifs » déjà en recul et « augmenter les autres maladies vénériennes comme la syphilis qui connaît une forte résurgence ». Selon lui, les CDC feraient mieux d’user de leur autorité pour un dépistage et le traitement de 20% des 1,3 million de personnes séropositives aux Etats-Unis qui n’ont jamais été testées pour l’infection.

« La Food and Drug Administration avait créé la surprise en modifiant en juillet 2012 l’indication de Truvada®  afin qu’il puisse être prescrit chez les sujets présentant un risque très important d’infection par le VIH en raison de leurs pratiques, rappelle l’AFP. C’était la première fois qu’était autorisée l’utilisation d’un antirétroviral dans un cadre préventif, une décision qui avait été à l’époque très critiquée par certaines associations de lutte contre le Sida aux Etats-Unis et qui avait été observée avec circonspection dans plusieurs pays, notamment la France. Aujourd’hui, les prescriptions à titre préventif du Truvada®  restent limitées : elles concerneraient 10 000 personnes. »

Ubu en France

« En France, la prophylaxie pré-exposition (PrEP) est à l’origine d’une situation quelque peu ubuesque… et bien française, écrit le Journal International de Médecine.  Avant l’annonce de la FDA, l’Agence nationale de recherche du sida avait lancé un essai destiné à évaluer l’efficacité de la PrEP reposant sur l’utilisation du Truvada. Après la décision de l’agence américaine et tandis que le Conseil national du Sida (CNS) en France se déclarait lui aussi favorable à l’extension d’indication du médicament pour les sujets très à risque, certains estimaient que l’étude de l’ANRS n’avait plus lieu d’être et notamment que son « bras placebo » paraissait de plus en plus contestable éthiquement. Cependant, l’agence décida fin 2012 de poursuivre son essai ! Nouveau rebondissement au cours de l’été 2013, le ministre de la Santé appuya la demande formulée par plusieurs associations d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) du Truvada à titre préventif. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) n’a à notre connaissance, quasiment neuf mois plus tard, toujours pas donné sa réponse sur ce dossier. »

520 euros les 30 comprimés

On trouvera ici le dossier à plusieurs voix de Slate.fr sur les différents épisodes, en France, de l’affaire Truvada®.

On lira ici les dernières informations de l’Ansm disponibles sur le sujet Truvada®. Elles datent de deux ans. En France le Truvada est commercialisé à titre thérapeutique  dans le cadre officiel défini ici. Soit à un prix de 520 euros le flacon de 30 comprimés.

Que fera le gouvernement ?

L’association Aides a lancé une enquête en ligne pour tester l’état de l’opinion sur le sujet. « Sida : une pilule qui réduit les risques de contamination… ça vous parle ? »C’était en avril dernier. Elle court jusqu’au 31 mai. Il n’est peut-être pas trop tard pour y participer. Que décidera, ensuite, le gouvernement ? Recommander ou pas le Truvada® à titre préventif ?  Et, si oui, qui paiera ?

A demain

Maladies de la vigne : la justice française relaxe cinquante-quatre néo-obscurantistes

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Il ne se « sentaient pas coupables ». Et ils ont été relaxés. Ainsi en a décidé, mercredi 14 mai, la cour d’appel de Colmar.  Ils : cinquante-quatre « faucheurs d’OGM ». Cinquante-quatre jugés non pas pour avoir fauché, mais bien pour avoir détruit, à Colmar, quelques dizaines de ceps d’une vigne transgénique expérimentale cultivée dans un domaine de l’Institut national de recherche agronomique (Inra). C’était le 15 août 2010.

La cour d’appel a estimé que l’arrêté ministériel autorisant cette plantation expérimentale était « illégal ». A ce titre  il n’y avait donc pas de délit de destruction d’une parcelle de culture d’OGM. Les magistrats ont requalifié l’opération en « violation de domicile ». Puis les a dispensés de peine.

Destructeurs-faucheurs

En première instance leurs collègues du tribunal correctionnel de Colmar avaient prononcé des peines de deux mois de prison avec sursis. L’AFP rappelle que ces « faucheurs-destructeurs » avaient par ailleurs été condamnés à verser quelque 57.000 euros de dommages à l’Inra, somme dont ils se sont acquittés. Leur procès en appel devant la cour de Colmar ne portait pas sur ces dédommagements mais uniquement sur le volet pénal de l’affaire.

Court-noué

Il s’agissait ici de recherches sur un porte-greffe transgénique pour introduire une résistance à l’infection par virus du court-noué. Le « court-noué » est une maladie virale rapidement mortelle de la vigne . Les travaux de l’nra sur ce thème remontent à une vingtaine d’années et de multiples précautions avaient été prises pour expliquer, justifier et convaincre de la nécessité de cette expérimentation en plein air. Comme on peut notamment le voir ici.

Dangers

C’était compter sans quelques irréductibles allergiques à l’esprit des Lumières. Des irréductibles soutenus par des avocats qui ont soulevé « l’état de nécessité » : faire référence à un article du code pénal qui rend « pénalement non responsable » celui ou celle qui agit « face à un danger actuel ou imminent ».

En d’autres termes le danger « actuel et imminent » n’est pas le virus du court-noué mais bien l’expérience qui visait à lutter contre lui, et qui dans le même temps cherchait  à comprendre l’impact sur l’environnement de la méthode de transgénèse utilisée.

Sexe des insectes

Il reste aussi à comprendre comment le service juridique d’un organisme aussi puissant a pu tomber dans le piège de l’illégalité de l’autorisation administrative qui lui avait été délivrée.

Résumons. Le danger majeur, ici, est celui de l’amalgame et du dévoiement du principe de précaution. Il est de postuler que la recherche génétique contre le court-noué est incompatible avec la viticulture « raisonnée » voire « biologique ». Incompatible avec la sélection massale, le recours au sexe des insectes ou le respect des mouvements des astres dans le ciel. Ce qu’elle n’est en aucun cas.

Diaboliser

Le vrai danger est dans la sacralisation du patrimoine génétique des innombrables variétés de Vitis vinifera. Ou dans la diabolisation de tous les travaux de transgénèse végétaux ; y compris ceux qui cherchent à mettre au point des thérapeutiques contre des fléaux viraux contre lesquels les vignerons sont désarmés.

On peut certes voir ici un mouvement de balancier qui fait suite aux outrances phytosanitaires du demi-siècle passé. Ou percevoir la peur contagieuse d’un avenir indéchiffrable.

Romanée Conti

Mais on peut aussi tout redouter des réactions régressives, obscurantistes et passionnées. Et ne pas être rassuré quand elles sont cautionnées par l’aveugle justice. Continuer dans cette voie c’est quitter l’univers infini pour réintégrer un monde clos. C’est baisser les bras devant le phylloxera. C’est retourner dans la Bourgogne d’avant la Romanée-Conti.

A demain

Aquilino Morelle et sa femme: deux victimes d’acharnements politiques et journalistiques ?

Bonjour

Allers et retours entre l’Elysée et l’Igas : l’affaire Morelle rebondit.  Le Figaro (ici, uniquement sur abonnement) et Mediapart (idem) se rejoignent pour révéler les suites d’une affaire qui semble ne faire  que commencer. En résumé un  syndicat de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) vient  d’écrire à l’Élysée pour demander l’ouverture d’une enquête administrative visant Aquilino Morelle, ancien conseiller du président de la République François Hollande. L’information vient d’être confirmée à l’AFP.

Dans un courrier adressé au secrétaire général de l’Élysée, Jean-Pierre Jouyet, le Smigas (« syndicat autonome et indépendant »)  réclame l’ouverture d’une enquête administrative visant Aquilino Morelle. On se souvient que ce dernier est soupçonné d’avoir été rémunéré en 2007 par le  laboratoire danois, Lundbeck, alors même qu’il était salarié de l’Igas. C’est là une affaire encore assez obscure de stabilisation du prix d’un coûteux antidépresseur.

 « Entre 80 000 et 100 000 euros nets »

« Le secrétaire général en a accusé réception, fait-on valoir dans l’entourage de François Hollande. En tout état de cause, il n’appartient pas à la présidence de la République de prendre l’initiative d’une telle enquête, si celle-ci devait être justifiée, mais au chef de service de l’Igas. » Aquilino Morelle, qui a démissionné de ses fonctions à l’Élysée en avril est aujourd’hui en congé après avoir fait valoir avec succès ses droits à revenir dans son corps d’origine.

Le Figaro situe son salaire « entre 80 000 et 100 000 euros nets par an ». M. Morelle a refusé de répondre aux questions du Figaro. Il est déjà visé par une enquête préliminaire du parquet de Paris sur un conflit d’intérêts présumé avec l’industrie pharmaceutique, ainsi que par des investigations de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique.

Coïncidences

Ces informations coïncident avec celles concernant  Laurence Engel, épouse d’Aquilino Morelle. Hier encore directrice de cabinet d’Aurélie Filippetti, ministre de la Culture elle quitte ses fonctions pour rejoindre son corps d’origine, la Cour des comptes. Ce départ a été dévoilé mercredi 7 mai par Les Echos. Il est confirmé au ministère : « Laurence Angel a besoin de prendre du champ pour des raisons personnelles et devrait partir la semaine prochaine. »

Nommée en mai 2012, Laurence Engel, énarque est une ancienne directrice des affaires culturelles de la ville de Paris. « La disgrâce de son mari l’a beaucoup secouée, elle est fatiguée de ce tourbillon et elle a besoin de se recentrer sur sa famille et ses trois enfants », a confié au Monde un bon connaisseur du ministère.

Imposée plus que choisie

Le dernier quotidien du soir ajoute que Laurence Engel « n’avait pas été choisie mais plutôt imposée à la nouvelle ministre de la culture lors de la composition de son équipe ». « Aurélie Filippetti aurait préféré recruter Agnès Saal, numéro deux du centre Pompidou, récemment nommée présidente de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), en remplacement de Mathieu Gallet nommé à la tête de Radio France, peut-on lire dans Le Monde.  Dans ce que certains considéraient comme une ‘’ mise sous tutelle’’, la femme d’Aquilino Morelle avait notamment le soutien de David Kessler, conseiller à la culture et à la communication à l’Elysée et ancien membre, comme elle, de l’équipe de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris. ’La ministre et Laurence s’entendent très bien, sans l’affaire Aquilino Morelle, elle serait restée’’ , affirme-t-on au sein du cabinet.

Le Monde : « A l’heure où elle quitte la Rue de Valois, une ancienne histoire, que de mauvaises langues n’hésitent pas à rapprocher du goût pour le faste d’Aquilino Morelle (en référence au cirage de ses chaussures de luxe dans un salon de l’hôtel de Marigny), refait surface : celle de son pot de départ de la mairie de Paris. Organisé dans le Musée Carnavalet, ce cocktail avait mobilisé plusieurs agents municipaux et avait suscité l’ire de la CGT qui dénonçait, en juillet 2012, ‘’un grand moment de privilèges et de connivence’’. »

Chaises culturelles

Le Monde, toujours lui, fait valoir que le départ de Laurence Engel intervient aussi en pleine polémique sur la réouverture différée et la direction contestée du musée Picasso. Le nom de l’épouse d’Aquilino Morelle avait été cité parmi les possibles candidats à la succession d’Anne Baldassari à la présidence du musée.  La directrice de cabinet de Mme Filippeti avait aussi fait venir Rue de Valois des proches de la mairie de Paris, notamment sa meilleure amie, Romane Sarfati, au poste de conseillère chargée des arts plastiques. Mariée à Frédéric Olivennes, directeur de la communication extérieure de France Télévisions, Romane Sarfati s’est récemment portée candidate à la direction de la Manufacture de Sèvres. Laurence Engel partie, cette candidature pourrait être remise en cause.

Rien n’indique que le retour de Laurence Engel sous les ors de la Cour des comptes suscitera des réactions d’opposition.

A demain

 

 

Le nouveau coronavirus sévit désormais sur un mode endémique au Moyen-Orient

Bonjour

C’est une alerte sanitaire étiquetée  « dernière minute ». On peut la lire sur le site du ministère français des Affaires étrangères :

« Dans  le cadre de mesures préventives spéciales pour le coronavirus MERS, le ministère de la Santé d’Arabie Saoudite déconseille aux personnes âgées, à celles souffrant de maladies chroniques, aux femmes enceintes et aux enfants, d’effectuer le petit pèlerinage (Oumra) et le grand pèlerinage (Hajj) à la Mecque cette année. »

« Ces annonces s’expliquent par le caractère particulier de ces événements (rassemblements importants d’une durée de plusieurs jours) et ne concernent pas les autres types de déplacements en Arabie Saoudite (…). »

Les zones géographiques identifiées à risque ou potentiellement à risque incluent, à présent, la Jordanie, l’Arabie Saoudite, le Qatar, les Emirats arabes unis, Bahreïn, l’Iraq, l’Iran, Israël, le Koweït, le Liban, Oman, les Territoires palestiniens, la Syrie et le Yémen. »

Endémie

Le nouveau coronavirus sévit donc clairement désormais sur un mode endémique au Moyen-Orient. Les autorités sanitaires des pays concernés enquêtent. Aucune mesure de restriction des voyages en direction (ou en provenance) des différents pays concernés n’est à ce stade envisagée. A l’exception, donc, de l’initiative de l’Arabie Saoudite.

La décision de déconseiller le petit et le grand pèlerinage de La Mecque aux personnes les plus fragiles est un symptôme  des difficultés rencontrées par les autorités saoudiennes à endiguer une épidémie  qui a débuté fin 2012 dans ce pays.

 Hors contrôle

Il y a un an la situation semblait encore sous contrôle (Slate.fr du 17 juin 2013 ). Le nouveau coronavirus commençait alors à être connu sous le nom de MERS-CoV (Middle East respiratory syndrome coronavirus). On comptait une trentaine de morts et sa présence avait été établie en Arabie saoudite, au Qatar, aux Emirats Arabes Unis et en Jordanie. Il avait également été retrouvé  chez des personnes de retour de ces pays en Tunisie, au Maroc, en France, en Italie, au Royaume-Uni et Allemagne.

Infections nosocomiales

Les autorités saoudiennes redoutaient officiellement une extension internationale de l’épidémie via les pèlerinages de La Mecque. Ce ne fut pas la cas. L’évolution de la situation fait qu’elles prennent  aujourd’hui ouvertement des mesures préventives actives. Plus de 500 cas ont été identifiés au Moyen-Orient, dont un tiers ont été mortels, avec une accélération brutale de la dynamique épidémique ces dernières semaines.

Plusieurs cas de transmissions nosocomiales sont désormais bien documentés et l’Arabie Saoudite diffuse désormais régulièrement les informations épidémiologiques dont elle dispose. Comme on peut le voir ici à la date du 7 mai.

Chameaux

Le cap des cent morts vient d’être dépassé dans le pays où la population manifeste une certaine inquiétude. Il y a même eu un début de panique à Jeddah, deuxième ville du royaume. L’AFP  rapporte qu’il y a quelques jours  les habitants se sont rués sur les pharmacies pour acheter des masques et que beaucoup de parents ont cessé d’envoyer leurs enfants à l’école.

L’inquiétude est d’autant plus grande que l’on ignore toujours le mode exact de transmission de ce virus. Les autorités saoudiennes estiment qu’il est encore  trop tôt pour établir un lien direct entre le MERS –CoV et les chameaux, hypothèse pourtant suggérée par  plusieurs études scientifiques aux conclusions convergentes.

Trois centres médicaux

« En avril, la multiplication des cas à Jeddah avait entraîné la fermeture pour 24 heures du service des urgences de l’hôpital du roi Fahd, le plus grand de la ville, rapportait il y a quelques jours l’AFP. C’est dans ce contexte que le ministre de la Santé, Abdallah al-Rabiah, a été relevé de ses fonctions.Le ministre du Travail Adel Faqih, chargé de l’intérim, a annoncé que trois centres médicaux seraient désormais chargés de recevoir les personnes contaminées par le virus: un à Jeddah, un à Ryad et le dernier dans la province orientale du royaume où les premiers cas étaient apparus. »

Big Pharma

Le ministère saoudien de la Santé a par ailleurs demandé à cinq firmes pharmaceutiques mondiales de collaborer  pour tenter, sur la base des informations virologiques disponibles, de mettre au point un vaccin protecteur.

Les responsables sanitaires des pays occidentaux sont en éveil. «Il n’y a pas de mesures recommandées au niveau national autre que les conseils aux voyageurs » vient de rappeler au Figaro  le Dr Daniel Levy-Bruhl, épidémiologiste au département des maladies infectieuses de l’Institut de veille sanitaire (InVS).  La France dispose, officiellement, d’un système de surveillance actif de signalement par tout professionnel de santé qui verrait un cas suspect.

Mortel cousin

Le MERS-CoV est généralement présenté dans la presse comme un « cousin plus mortel mais moins contagieux » du virus responsable du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), qui avait fait près de 800 morts dans le monde en 2003. « Comme lui, il provoque une infection des poumons, et les personnes touchées souffrent de fièvre, de toux et de difficultés respiratoires, résume l’AFP.  A la différence du SRAS cependant, il génère une défaillance rénale. »

A demain

Affaire Lambert : ce que nous dit le rapport des trois experts. Et tout ce qu’il ne nous dit pas.

Bonjour

Nouvelle étape dans cette affaire sans précédent. Plusieurs médias(Le Monde et Le Nouvel Observateur, pour l’heure)  ont « pu consulter » le « pré-rapport » que les trois experts commis par le Conseil d’Etat viennent de remettre à ce dernier (1). Sur la base de ces « consultations » il apparaît que ces experts font preuve d’une très grande prudence: ils  insistent sur le fait que « dans une telle situation », « le degré de l’atteinte de conscience ne saurait constituer le seul élément déterminant (…) d’une réflexion concernant un éventuel arrêt de traitement ». En clair: les experts répondent aux questions des juges mais ne sauraient être tenus pour responsables du jugement.

Les Prs Marie-Germaine Bousser, Jacques Luauté et Lionel Naccache ont examiné à neuf reprises (entre le 5 mars et le 11 avril) Vincent Lambert et ils ont rencontré toutes les parties concernées. L’état clinique actuel de M. Vincent Lambert correspond à un « état végétatif ». Comment comprendre ?  En 2011, Vincent Lambert avait été examiné de façon approfondie au Coma Science Group à Liège, l’un des centres spécialisés les plus renommés sur ce sujet. Là l’équipe du Pr Steven Laureys avait conclu a un « état de conscience minimale plus » (état « pauci-relationnel »), un diagnostic nettement plus précis et neurologiquement  documenté que le seul « état végétatif chronique » d’aujourd’hui.

Communiquer

Les experts français notent depuis 2011 que les « examens n’ont jamais mis en évidence de réponse permettant de parler d’un état de conscience minimale, ce qui suggère une dégradation de l’état de conscience du patient depuis 2011 ». Corollaire : aucune perspective d’amélioration au vu du « caractère irréversible des lésions », ni de capacité à « établir une communication fonctionnelle avec son entourage ».

Sur le « caractère irréversible des lésions cérébrales » de Vincent Lambert, les trois experts font valoir que  les examens d’imagerie pratiqués à La Pitié Salpêtrière ont « montré une atrophie cérébrale majeure témoignant d’une perte neuronale définitive ».

Existe-t-il des possibilités de communication avec ce malade ?  « Nous n’avons jamais pu obtenir la moindre forme de communication fonctionnelle, concluent les auteurs du rapport. Les réponses comportementales de M. Vincent Lambert aux différentes stimulations ne dépassent pas le stade des réponses réflexes. »

Interpréter

Peut-on interpréter ces réponses comme une volonté de vivre ou de mourir ? « L’interprétation de ces réactions comportementales comme un vécu conscient de souffrance ou comme l’expression d’une intention ou d’un souhait à l’égard de l’arrêt ou de la prolongation du traitement ne nous paraît pas possible », affirment ces experts en réponse à la quatrième et impossible question posée par les magistrats du Conseil d’Etat.

Et dans avec une forme de sagesse préventive ces trois experts replacent les juges de la place du Palais-Royal devant leurs responsabilités. « Le degré de l’atteinte de la conscience ne saurait constituer le seul élément déterminant de la mise en route d’une réflexion concernant un éventuel arrêt de traitement » commentent-ils.

Avant l’été

Outre au Conseil d’Etat ces conclusions ont été envoyées aux avocats des deux parties, qui pourront y répondre. L’Académie nationale de médecine, le Comité consultatif national d’éthique et le conseil national de  l’Ordre des médecins apporteront  chacun leur éclairage sur les notions d’obstination déraisonnable (acharnement thérapeutique) et de maintien artificiel de la vie. Le député UMP Jean Leonetti a aussi été sollicité. L’un des centres des débats sera la question de l’assimilation des personnes en état végétatif chronique à des personnes en fin de vie. Et celle de la mort par arrêt d’alimentation et de nutrition. (« Affaire Lambert : laisser-mourir ou euthanasie ? Le jugement du Conseil d’Etat ne passe pas »).

Fort de tous ces éléments, le Conseil d’Etat se prononcera sur le devenir de Vincent Lambert. Ce sera fait « avant l’été ».

A demain

(1) « Ce n’est qu’un document de travail, ce n’est pas le rapport définitif qui pourra révéler d’autres choses », a expliqué à l’AFP Me Jean Paillot l’avocat des parents de Vincent Lambert, tout en regrettant « les fuites dans la presse d’éléments qui relèvent du secret médical et qui sont préjudiciables à la sérénité de la justice ».