Divorce éthique prononcé entre Agnès Buzyn et l’Académie nationale de médecine

Bonjour

Qui aurait imaginé que la prise de position éthique de l’Académie nationale de médecine puisse être suivie d’une telle couverture médiatique ? Tel est pourtant bien le cas. Et à deux jours de l’ouverture du débat sur le projet de loi de bioéthique à l’Assemblée nationale un différend sans précédent vient d’apparaître entre le gouvernement et l’Académie nationale de médecine. Différend édifiant. Nous venons de voir que cette dernière estime que « la conception délibérée d’un enfant privé de père constitue une rupture anthropologique majeure » et n’est « pas sans risques » pour son « développement psychologique » et son « épanouissement ».

L’Académie « reconnaît la légitimité du désir de maternité chez toute femme quelle que soit sa situation », mais juge qu’« il faut aussi au titre de la même égalité des droits tenir compte du droit de tout enfant à avoir un père et une mère dans la mesure du possible ».

« L’argument régulièrement avancé pour rejeter le risque pour l’enfant se fonde sur certaines évaluations, essentiellement dans quelques pays anglo-saxons et européens, faisant état de l’absence d’impact avéré sur le devenir de l’enfant. [Elle] ne juge pas très convaincantes ces données au plan méthodologique, en nombre de cas et en durée d’observation sur des enfants n’ayant pas toujours atteint l’âge des questions existentielles ».

Qui plus est l’Académie « estime que, de plus en plus malmenée par les évolutions sociétales, la figure du père reste pourtant fondatrice pour la personnalité de l’enfant comme le rappellent des pédopsychiatres, pédiatres et psychologues ». Elle reconnaît que son rôle n’est pas de « donner un avis » sur une « mesure sociétale », mais « estime de son devoir de soulever un certain nombre de réserves liées à de possibles conséquences médicales ». 1.

« Ne me dites pas qu’un quart des enfants français … »

Interrogée dimanche 22 septembre lors du « Grand Jury RTL-LCILe Figaro », sur cette prise de position solennelle autant que claire, Agnès Buzyn aurait pu se taire. Ou faire un long développement argumenté, anthropologique et politique. Rien de tout cela. Ce fut bref, bien trop bref.

« Considérer qu’il y a un lien direct entre défaut de construction de l’enfant et famille monoparentale est faux », a déclaré la ministre des Solidarités et de la Santé.

« Aujourd’hui, nous avons un quart des familles françaises qui sont des familles monoparentales (…) Ne me dites pas qu’un quart des enfants français qui vivent et qui naissent dans ces familles ont des difficultés de construction. Les études que nous avons à notre disposition sur les enfants qui sont élevés dans des familles monoparentales ne sont pas des études inquiétantes. »

Où l’on entend une ministre se situer, volontairement, hors sujet. Avant d’ajouter que la prise de position de l’Académie nationale de médecine est « en tous les cas peut-être datée » (sic).  Ceci ne manquera pas de faire rire, ou d’irriter, rue Bonaparte, siège de l’illustre Académie – on rappellera que cette dernière peut être saisie d’une demande d’avis par le gouvernement et peut aussi s’auto-saisir sur toute question concernant les domaines de la santé et de l’éthique médicale. Et dire son fait à l’exécutif.

Agnès Buzyn, docteur en médecine et, en même temps, membre du gouvernement se devra de s’expliquer un peu plus longtemps sur ce « datée ».

A demain @jynau

1 Le rapport de l’Académie nationale de médecine est signé: Jean-François Mattei (rapporteur) au nom du Comité d’éthique de l’Académie nationale de médecine. Comité d’éthique de l’Académie nationale de médecine: Catherine Barthélémy, Marie-Germaine Bousser, Jacques Bringer, Jean Dubousset, Gilles Crépin, Elisabeth Eléfant, Claudine Esper, Jean-Noël Fiessinger, Dominique Lecomte, Yves Le Bouc, Jean-Roger Le Gall, Jean-François Mattei, Dominique Poitout, Paul Vert.

L’Académie dans sa séance du mardi 18 septembre 2019, a adopté le texte de ce rapport par 69 voix pour, 11 voix contre et 5 abstentions.

Descente de la police du médicament au sein de l’antique Abbaye Sainte-Croix de Poitiers

Bonjour

Croisement de deux mondes, sans précédent en France. Vertiges religieux, médicaux, éthiques, déontologiques. C’était un « essai clinique sauvage» d’une ampleur rare. Il a été interdit ce jeudi 19 septembre, par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Produit expérimenté : un patch mixte contenant deux hormones (valentonine et 6-méthoxy-Harmalan). Donneur d’ordre : le « Fonds Josefa » 1 et la société Sodeval. Cible : trois-cent cinquante patients. Site : l’antique Abbaye Sainte-Croix, à Poitiers. Aucune autorisation officielle.

Circonstance aggravante selon l’ANSM : cette « recherche interventionnelle » a été menée en dehors d’un lieu de soin « disposant de moyens humains, matériels et techniques adaptés ». Selon sœur Martina, sœur hôtelière du monastère (jointe par l’AFP), « l‘abbaye dispose d’une quinzaine de chambres et cela fait une année à peu près » qu’elles servent pour héberger les patients de cet essai clinique.

Ces derniers souffraient de diverses maladies neurologiques (Parkinson, Alzheimer, dépressions nerveuses, troubles du sommeil etc ). Les patches devaient être appliqués au coucher (les patients passaient une nuit à l’abbaye) puis retirés au matin après « prélèvement de sang pour dosage des hormones pinéales », selon les extraits du protocole 2 qui a été divulgué par l’ANSM.

Un an de prison

Quel effet recherché ? L’ANSM ne le dit pas, qui rappelle toutefois que ces molécules sont proches de la mélatonine, hormone fréquemment utilisée pour mieux dormir – en vente libre mais déconseillée dans certains cas en raison d’effets secondaires.

Deux organismes visés par la procédure d’interdiction et la plainte de l’ANSM : le Fonds Josefa fondé par le Pr Jean-Bernard Fourtillan, et dont le vice président est le célèbre Pr Henri Joyeux, et la société SOVEDAL, également présidée par le Pr Fourtillan. Conseil de l’ANSM aux participants : « ne plus utiliser ces patchs » ; « consulter rapidement leur médecin traitant pour l’informer de la situation, réaliser un bilan de santé et s’assurer que la prise en charge de leur maladie est adéquate ».

En France mener un essai clinique sans autorisation est passible de 15 000 euros d’amende et d’un an de prison. Que l’essai soit mené dans une antique abbaye, ou pas.

A demain @jynau

1 « Fonds Josefa » est un fonds de dotation (à but non lucratif) créé par les Professeurs Jean-Bernard Fourtillan et Henri Joyeux. Il se présente notamment, sur son site Internet comme ayant pour objectif « d’améliorer les traitements des maladies neurologiques à tous les âges et de transformer la vie des nombreuses personnes qui en sont victimes ».

2 Décision du 19/07/2019 portant interdiction d’une recherche impliquant la personne humaine, non autorisée par l’ANSM et mise en oeuvre par l’association Fonds Josefa et la société SODEVAL (19/09/2019)   (1980 ko)

L’Inde (1,3 milliard d’habitants) vient de condamner à mort la cigarette électronique

Bonjour

C’était une bouffée américaine sur fond de « maladie sans nom ». C’est désormais une épidémie : le gouvernement indien a, le 18 septembre 2019,  annoncé sa décision d’interdire interdit la cigarette électronique dans ce pays de 1,3 milliard d’habitants Et ce au nom de la santé publique (sic) et de la lutte contre les addictions (re-sic). Nirmala Sitharaman, ministre indienne des Finances (re-re-sic) en conférence de presse :

« La décision a été prise avec à l’esprit l’impact que les cigarettes électroniques ont sur la jeunesse aujourd’hui », C’est devenu très à la mode de les essayer, de les utiliser ».

Une ordonnance du gouvernement de Narendra Modi interdit désormais la production, l’import ou l’export, le transport, le stockage et la vente de cigarettes électroniques. « Cette mesure améliorera la politique de contrôle du tabac, donnant de meilleurs résultats en termes de santé publique », croit pouvoir avancer ce gouvernement sur le compte Twitter de son service de presse. Toute infraction à cette nouvelle réglementation (qui vise la distribution et n’évoque pas l’utilisation même de cigarettes électroniques) est désormais passible d’un an de prison et/ou 100 000 roupies (1 270 euros) d’amende, puis jusqu’à trois ans et/ou 500 000 roupies (6 300 euros) en cas de récidive.

Nocivité incontestable

Cette décision majeure, à l’opposé du concept de réduction des risques survient au lendemain de celle de l’Etat de New York de commercialiser des cigarettes électroniques aromatisées sur son territoire. Elle s’inscrit dans le contexte plus général voulu par l’OMS qui, de manière proprement incompréhensible, dénonce le caractère « incontestablement nocif » de ces outils. On notera (sans en tirer de conclusion trop hâtive) que l’Inde est, avec la Chine et le Brésil l’un des plus gros producteur mondial de tabac.

« Le vapotage consiste à inhaler des vapeurs créées par le chauffage à haute température d’un liquide, qui contient la plupart du temps de la nicotine, à l’intérieur de la cigarette électronique, résume l’AFP. Il connaît une popularité grandissante depuis son apparition au milieu des années 2000. Le procédé est présenté par ses défenseurs comme nettement moins dangereux pour la santé que les cigarettes traditionnelles. Mais législateurs et autorités sanitaires du monde entier craignent qu’il ne conduise les jeunes à fumer du tabac. »

« Législateurs et autorités sanitaires du monde entier » semblent ne pas avoir à leur disposition tous les éléments de l’équation. Ou ne pas vouloir en disposer. Dans les deux cas, incontestable nocivité.

A demain @jynau

Cigarettes électroniques aromatisées : pourquoi Agnès Buzyn ne les interdit-elle pas ?

Bonjour

Christophe Castener à Marseille, Andrew Cuomo dans l’Etat de New York : deux politiques allergiques à la réduction des risques. Un ministre de l’Intérieur isolé va-t-en-guerre (« de l’international à la cage d’escalier ») contre toutes les drogues illicites présentes et à venir. Et de l’autre côté de l’Atlantique un gouverneur démocrate qui, le même mardi 17 septembre, interdit la commercialisation des cigarettes électroniques aromatisées – au motif qu’elle inciterait les mineurs à vapoter avec, à la clé, un fort risque de dépendance à la nicotine.

En juin San Francisco était devenue la première ville américaine à interdire la vente de cigarettes électroniques dans les magasins. L’ordonnance, adoptée à l’unanimité des onze élus entrera en application au début de 2020. Dans l’Etat de New York (vingt millions d’habitants) l’interdiction survient quelques jours seulement après que Donald Trump, a annoncé qu’une mesure similaire serait bientôt prise au niveau fédéral. Le démocrate Andrew Cuomo :

« New York n’attend pas le gouvernement fédéral pour agir. En interdisant les cigarettes électroniques aromatisées. Nous prenons une mesure de santé publique et nous contribuons à empêcher un nombre incalculable de jeunes gens de contracter une accoutumance à vie, coûteuse, mauvaise pour la santé et potentiellement mortelle. »

Incohérences qui font songer à la France

La décision, nous explique l’AFP, a été prise lors d’un vote du conseil de santé publique et de planification sanitaire (sic) de l’Etat de New York, convoqué à la demande d’Andrew Cuomo, qui avait réclamé dès le 15 septembre des mesures d’urgence. Elle prend effet immédiatement, même si les contrôles ne démarreront que dans deux semaines. Ce qui fait de New York le premier Etat à mettre en œuvre la mesure, le Michigan attendant encore la publication des textes applicables.

On ajoutera qu’aujourd’hui, selon les chiffres du département de la santé de l’Etat de New York, près de 40 % des élèves de terminale vapotent. Et ce alors même que les cigarettes électroniques y sont interdites à la vente aux mineurs – comme c’est le cas sur l’ensemble du territoire des Etats-Unis. Une incohérence qui n’est pas sans faire songer à la France et aux ventes de tabac.

Où l’on en vient, devant les réalités addictives et face à l’allergie politique vis-à-vis de la réduction des risques, à cette question : pourquoi Agnès Buzyn ne prononce-t-elle pas, en urgence et au nom du principe de précaution l’interdiction des ventes de cigarettes électroniques et des liquides aromatisés ? Christophe Castaner étant chargé de vérifier la bonne application de la mesure, depuis la cave jusqu’au grenier.

A demain @jynau

« Migration sanitaire » et prothèses mammaires: le nouveau chantier de Christophe Castaner

Bonjour

Bruno Retaillau, 58 ans, ancien proche de Philippe de Villiers, est aujourd’hui le chef des sénateurs Les Républicains. Il est interrogé ce matin par France Inter sur les dernières déclarations droitières d’Emmanuel Macron concernant l’immigration et le droit d’asile 1. M. Retaillau plaide ouvertement pour une réduction du panier des soins délivrés aux immigrés dans le cadre de l’Aide Médicale d’Etat (AME) – un peu moins d’un milliard d’euros par an. Rappelons que cette dernière « est destinée à permettre l’accès aux soins des personnes en situation irrégulière au regard de la réglementation française sur le séjour en France ». Elle est attribuée « sous conditions de résidence et de ressources » . Hors de question, dit en substance M. Retaillau concernant les immigrés concernés, de les laisser mourir de maladies infectieuses. Mais réduire d’urgence le panier des soins – comme son groupe le réclame depuis des années.

Aurélien Taché, 35 ans, ancien socialiste, est député macroniste (Val d’Oise). Hier, quelques heures avant la rencontre entre Emmanuel Macron et les parlementaires de son camp sur la question de l’immigration il était, le 16 septembre, l’invité de franceinfo. Où l’on traitait, déjà, de l’avenir de l’AME. Extraits :

« Des voix dans votre camp demandent qu’on durcisse l’accès à l’aide médicale d’État qui permet aux sans-papier d’être soignés. Y êtes-vous favorable ?

« Je crois que ce sujet de l’aide médicale d’État, il faut d’abord là aussi regarder un petit peu précisément de quoi il s’agit. Aujourd’hui, on a plus de 80% des gens qui y auraient droit qui n’y ont pas accès. Il faut objectiver les choses. S’il y a des dérives, s’il y a de la fraude, contrôlons les fraudes parce que c’est très important de pouvoir être intraitable sur ces fraudes pour pouvoir préserver l’aide médicale d’État. C’est un des fondements de notre pacte social. En France, oui, quand quelqu’un a besoin de se faire soigner, quand quelqu’un risque pour sa vie parce qu’il a besoin de soins, on ne lui demande pas s’il a ou non ses papiers. [En revanche, dans notre parti] personne ne veut supprimer l’AME.

« Le Premier ministre est venu mardi matin devant les parlementaires, a dit que c’était vraiment dingue qu’on puisse penser une seconde que ce gouvernement veuille supprimer l’AME. C’est justement parce qu’on y est très attachés qu’on veut pouvoir regarder si aujourd’hui il faut la réformer ou non et s’il y a des abus ou non. Mais, moi je le redis, l’AME est quelque chose d’extrêmement utile, on a tous encore en tête ce drame terrible qui s’est passé à Grenoble l’autre jour où on avait quelqu’un qui était en situation de détresse psychique, qui était psychiatriquement atteint avec ce crime qui a été commis, ce jeune homme qui a perdu la vie face à un migrant qui était en situation de déséquilibre psychiatrique, donc je ne crois pas que ce soit en réduisant les soins par exemple psychiatriques qu’on pourrait répondre à ce type de situation. Au contraire, on voit bien que les gens qui arrivent, il faut immédiatement regarder où ils en sont et s’il y a des difficultés ou non.

Le patron de LREM Stanislas Guérini déclarait il y a quelques jours que certaines femmes en profitaient pour se faire poser des prothèses mammaires. En avez-vous la preuve ? Avez-vous des chiffres ?

« Je crois que la première chose à faire, c’est bien de vérifier s’il y a des chiffres ou non. Pour l’instant, je n’ai pas connaissance de ces chiffres et peut-être qu’il peut y avoir ce type d’abus. Mais attention à la manière dont on présente les choses, parce que s’il y a un, deux, dix cas comme ça, sur plusieurs dizaines de milliers de personnes qui ont vraiment besoin de l’aide médicale d’État, n’instillons pas dans l’esprit des Français que ce serait avant tout des abus auxquels donnerait lieu l’AME parce qu’on pourrait avoir un sentiment et un résultat inverses à ceux recherchés. »

Reste que le gouvernement n’exclut plus de « réformer » le dispositif, assurent les Echos (Cécile Cornudet) estimant qu’« il y a trop d’opérations non urgentes que demandent des soi-disant demandeurs d’asile». « Les ministres, Christophe Castaner en tête, travaillent aux moyens de réduire une certaine‘’attractivité du territoire’’, et notamment le ‘’phénomène de migration sanitaire » en provenance de pays comme la Géorgie. Sans toucher à l’enveloppe globale et aux conditions d’accès, l’idée serait de redéfinir le panier de soins auquel ouvre l’AME. ‘’Il y a trop d’opérations non urgentes que demandent des soi-disant demandeurs d’asile’’, assure le gouvernement – ciblant notamment les prothèses mammaires. » Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, travaille-t-elle, ici, aux côtés de Christophe Castaner ?

A demain @jynau

1 Le 16 septembre 2019 Emmanuel Macron a affirmé à sa majorité qu’il fallait regarder le sujet de l’immigration «en face» et ne pas être «un parti bourgeois» car ce sont les classes populaires «qui vivent avec» et ont migré vers l’extrême droite. «C’est un sujet en soi qu’il faut prendre avec maturité et calme. La France a toujours été une terre d’immigration», a affirmé, selon des participants, le président devant quelque deux cents parlementaires et membres de sa majorité, quinze jours avant le débat parlementaire sur l’immigration prévu les 30 septembre et 2 octobre. Nous n’avons pas le droit de ne pas regarder ce sujet en face. La question est de savoir si nous voulons être un parti bourgeois ou pas. Les bourgeois n’ont pas de problème avec cela: ils ne la croisent pas. Les classes populaires vivent avec. On est comme les trois petits singes: on ne veut pas regarder. Vous n’avez qu’un opposant sur le terrain: c’est le Front national (devenu Rassemblement national). Il faut confirmer cette opposition car ce sont les Français qui l’ont choisie. Il y a deux projets : celui du repli, tout faire peur ou bâtir une solution ouverte mais pas naïve».

Fraude au fisc : Patrick Balkany condamné à quatre ans de prison avec mandat de dépôt

Bonjour

Hier l’affaire Ferrand. Aujourd’hui un éclair dans la nuit sur le fil de l’AFP : le maire de Levallois-Perret, Patrick Balkany, a été condamné, vendredi 13 septembre à Paris, à quatre ans de prison ferme pour fraude fiscale. Il a été immédiatement incarcéré à la Santé. Son épouse et première adjointe Isabelle a elle été condamnée à trois ans de prison ferme – sans mandat de dépôt.

Le Parquet national financier est suivi : il avait requis quatre ans de prison ferme assortis d’une incarcération immédiate contre M. Balkany. Le tribunal correctionnel a également condamné les deux élus célèbres élus (LR) de cette commune cossue de l’ouest parisien à dix années d’inéligibilité. La justice, parallèlement à l’éthique, une morale en marche ?

A demain @jynau

Augmentation des risques : Donald Trump se pique soudain des cigarettes électroniques

Bonjour

Il ne manquait plus que lui : Donald Trump a fait savoir, en ce 11 septembre de sinistre mémoire, qu’il envisageait une interdiction aux Etats-Unis des cigarettes électroniques – du moins les liquides « aromatisés ». « Trump administration moves to ban flavored e-cigarettes » résume CNN (Maegan Vazquez and Betsy Klein) Une annonce qui survient alors que la « maladie sans nom » a été associée à six décès corrélés à des inhalations de THC ou d’autres substances.

« Cela crée plein de problèmes, a -cité par l’AFP– analysé Donald Trump dans le Bureau ovale de la Maison Blanche. Les gens pensent que c’est une solution facile aux cigarettes. C’est nouveau et cela s’est développé tellement vite». «Nous allons peut-être devoir décider quelque chose de ferme.» Alex Azar, ancien ponte de Big Pharma, aujourd’hui secrétaire à la Santé, a précisé qu’un texte réglementaire serait publié dans plusieurs semaines.

Mangue, meringue, fruits rouges

« La FDA a déjà engagé de multiples offensives contre les fabricants de cigarettes électroniques accusés de cibler les jeunes dans leur marketing, souligne l’AFP. En août, elle a sommé quatre fabricants de retirer 44 recharges et autres liquides aromatisés de la vente: des goûts à la mangue, à la meringue, aux fruits rouges.. ».

L’AFP ajoute : « ces goûts sont censés attirer les consommateurs les plus jeunes, dans les collèges et les lycées, ce qui a fait plonger selon les autorités sanitaires une nouvelle génération d’Américains dans l’accoutumance à la nicotine. En dehors du problème de la dépendance à la nicotine de jeunes qui ne fumaient pas auparavant, il existe depuis quelques mois une urgence sanitaire liée au vapotage de certains e-liquides vendus sur le marché noir. »

Outre Atlantique les cigarettes électroniques sont (officiellement) interdites à la vente aux mineurs (18 ou 21 ans selon les Etats). Si les autorités interdisaient les cigarettes aromatisées, les liquides standard à la nicotine resteraient vraisemblablement sur le marché. Ils sont actuellement promus comme une méthode permettant de ne pas consommer de tabac carbonisé cancérigène. Une promotion faire au nom de la réduction des risques – et ce dans un pays dont le président semble n’avoir de cesse de les augmenter.

A demain @jynau

Poursuite de la grève des urgences : les millions d’euros d’Agnès Buzyn ont fait long feu

Bonjour

Hier, avec 754 millions d’euros sur trois ans elle avait fait tapis, pensait pouvoir gagner. Aujourd’hui Agnès Buzyn a perdu : comme prévu son « plan de refondation des urgences » n’a pas convaincu. Le collectif Inter-Urgences, réuni mardi 10 septembre en assemblée générale, l’a jugé insuffisant et a voté la poursuite du mouvement de grève – un mouvement entamé il y a près de six mois et affectant désormais deux-cent cinquante services.

Rassemblés à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) les représentants des grévistes ont voté à main levée une motion rappelant leurs revendications. Et ils ont acté le principe de « rassemblements locaux » pour le 26 septembre, en attendant de fixer prochainement une « date de mobilisation nationale ». La « participation aux autres actions » a également été approuvée, sans pour autant d’appel clair à rejoindre la manifestation de la CGT mercredi à Paris.

Comem prévu le collectif Inter-Urgences continue de réclamer des « réouvertures de lits », des « recrutements à la hauteur des besoins » et une « augmentation de 300 euros net mensuels pour tous les hospitaliers ». Ce qu’Agnès Buzyn ne veut/ne peut entendre : son plan se fonde sur l’orientation des patients pour limiter l’afflux aux urgences, avec un nouveau Service d’Accès aux Soins (SAS) pour réguler les appels aux secours et des « admissions directes » sans passage aux urgences pour les personnes âgées.

La ministre avait fait tapis. Il lui faudra revenir autour de la table.

A demain @jynau

Urgences : Mme Buzyn débloque 754 millions d’euros. Pas assez pour calmer les souffrances

Bonjour

Sans embauches ni ouverture de lits, le compte y sera-t-il ? La magie des chiffres jouera-t-elle ? Six mois après le début d’un mouvement de protestation sans précédent dans les services hospitaliers d’urgence Agnès Buzyn joue gros : rien moins que son va-tout. La ministre des Solidarités et de la Santé a dévoilé, lundi 9 septembre, un « plan de refondation » – douze mesures pour tenter de vider un abcès grossissant. Et la ministre d’annoncer avoir décidé de consacrer (sans aucun coup de pouce de Bercy) 754 millions d’euros ( étalés jusqu’en 2022)  pour mettre en place les « transformations » dont le secteur a besoin.

Priorité des priorités : « la mise en place dans tous les territoires , dès l’été 2020, d’un service distant universel pour répondre à toute heure à la demande de soins des Français ». La résurgence sous une forme moderne de la « permanence des soins » dont nul ne semble en mesure d’expliquer pourquoi elle a disparu.

Ce service d’accès aux soins qui prendra le nom de SAS (sic) devra permettre, en fonction des besoins de chaque patient et de l’urgence de chaque situation, d’obtenir 24 heures sur 24 un conseil médical et paramédical, de prendre rendez-vous pour une consultation avec un médecin généraliste dans les vingt-quatre heures, de procéder à une téléconsultation, d’être orienté vers un service d’urgences ou de recevoir une ambulance.

Le « plan de refondation » du ministère prévoit également de réformer le financement des urgences, de lutter contre les dérives de l’intérim médical ou encore de renforcer la sécurité des professionnels. Mieux, en amont des passages aux urgences hospitalières,  il prévoit de renforcer l’offre de consultations médicales « sans rendez-vous » et fixe un objectif de « zéro passage par les urgences » pour les personnes âgées. Ce qui restera à expliquer.

Soigner la face immergée de l’iceberg

Le compte y sera-t-il ? Selon le collectif Inter-Urgences, 249 sites hospitaliers sont actuellement en grève – seulement 195 selon les services d’Agnès Buzyn. Il faut icin pour comprendre l’ampleur du mal, lire le dernier communiqué (daté du 6 septembre) du Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes-Réanimateurs Elargi aux autres spécialités (SNPHARE) : « Crise aux Urgences : STOP à l’OMERTA. La crise aux urgences, c’est la crise de l’hôpital public tout entier ! ». Extraits :

 « Le degré de crise sanitaire est maximal dans de nombreuses structures, des lignes de gardes ont été fermées durant tout l’été par manque de médecins et de personnel soignant mettant en danger de manière inacceptable les patients.

Un sous-effectif permanent des équipes médicales et soignantes, malgré nos alertes incessantes ces dernières années sur l’augmentation de l’activité des services d’urgence ; un cruel manque de lits d’hospitalisation, en total inadéquation avec la hausse régulière du nombre de passages aux urgences ; les médecins urgentistes et les soignants expriment une grande souffrance dans leur travail au quotidien : fonctionnement permanent en mode dégradé, non-respect du temps de travail et du code de travail ; pénibilité accrue et devenue insupportable aux horaires de la permanence des soins ; drames qui se multiplient dans les structures d’urgences au grand désarroi des familles et des soignants. »

Rapepler que le nombre de suicide de personnel médical et paramédical hospitalier, année après année, ne cesse d’augmenter ?  Pour ces syndicalistes la « crise aux urgences » n’est que la face émergée de l’iceberg. « C’est tout l’hôpital public qui souffre » assurent-ils. Leurs demandes à la ministre : davantage de lits d’hospitalisations ; une augmentation du nombre de médecins et de soignants ; une augmentation des salaires ; un plan d’action global sur l’amont et l’aval des Urgences et pour l’Hôpital Public dans son ensemble ; des moyens financiers conséquents, comprenant une révision de la tarification de l’activité réalisés aux urgences.

Ainsi donc 754 millions d’euros, pour voir, jusqu’en 2022. Sans embauches ni ouverture de lits le compte n’y sera pas.

A demain @jynau

«Aux Etats-Unis, cinq morts liées à la cigarette électronique» Le Monde (7 septembre 2019)

Bonjour

Cinq mille signes. L’Agence France Presse ne fait pas dans la dentelle pour couvrir l’affaire. « Aux Etats-Unis, cinq morts liées à la cigarette électronique » titre Le Monde, qui reprend la dépêche. Cinq morts, près de cinq cents cas et dans le même temps des enquêteurs fédéraux qui ne précisent pas « les marques ou substances susceptibles d’avoir causé les graves difficultés respiratoires ». Et l’affaire commence à se transformer en un équation sanitaire autant que politique : « principe de précaution » versus « réduction des risques tabagiques ».

Vendredi 6 septembre 2019. Les autorités sanitaires américaines font savoir qu’ « au moins » cinq utilisateurs de cigarettes électroniques sont morts, le nombre de malades frappés par de graves difficultés respiratoires a par ailleurs doublé pour atteindre 450 dans le pays. « Outbreak of Lung Illness Associated with Using E-cigarette Products. Investigation Notice. Posted September 6, 2019 at 9:50pm ET ».

Brouillard entretenu quant aux marques ou substancesprésentes  dans les liquides de vapotage, mais un dénominateur commun fréquent : inhalation de produits contenant du THC, substance active du cannabis. Et, parfois des personnes (relativement) âgées et en mauvaise santé. C’était le cas des deux victimes dont les décès annoncés le 6 septembre par les autorités sanitaires locales en Californie et dans le Minnesota.

« Un possible lien a été établi entre certains malades et une huile de vitamine E, qui se consomme normalement en gélule ou en huile pour la peau, précise l’AFP. La vaporisation à haute température de cet additif pourrait avoir endommagé les poumons des vapoteurs. Les responsables sanitaires de l’Etat fédéral ont toutefois appelé à la prudence dans l’attente d’analyses plus complètes. ‘’Aucune substance ou molécule unique, dont l’acétate de vitamine E, n’a été identifiée dans l’ensemble des échantillons analysés’’, a insisté Mitch Zeller, directeur du centre pour le tabac de la Food and Drug Administration, qui teste au niveau national les produits impliqués.

La piste de l’huile de vitamine E

« Nous n’avons pas encore toutes les réponses », reconnaissent les responsables des CDC qui « par mesure de précaution » recommandent « dans l’immédiat » de ne pas utiliser de cigarettes électroniques, quelles qu’elles soient.

Les symptômes respiratoires de « pneumonie lipidique » sont particulièrement frappants quand ils apparaissent souvent subitement, chez des patients  jeunes et sans problème de santé. Dans l’Illinois, la moitié des patients ont moins de 19 ans. « Sean Callahan, pneumologue à l’hôpital de l’université de l’Utah, a traité l’un de ces malades en juillet, âgé de 20 ans. La détresse respiratoire était telle que le jeune homme a dû être placé plus d’une semaine dans une machine qui oxygène le sang du patient hors de son corps, tant ses poumons n’arrivaient plus à fonctionner, rapporte l’AFP. ‘’Je n’avais jamais vu cela auparavant, a raconté le Dr Callahan. Habituellement, les malades qui ont besoin de cette machine ont des formes très avancées de grippe ou de pneumonie, ou bien ils ont des systèmes immunitaires affaiblis à cause d’un cancer ou d’une chimiothérapie’’. » 

La piste de l’huile de vitamine E ? Les autorités de New York ont diffusé des photos des recharges impliquées : elles ont des emballages très colorés sous le nom de Dank Vapes, une « marque » qui ne correspond apparemment à aucune entreprise légitime, mais « se distribue » dans la rue et sur Internet. Le mort de l’Oregon, en revanche, avait acheté son produit dans un dispensaire de « cannabis légal ».

Ces maladies pulmonaires s’ajoutent à la pression sur les fabricants légaux de cigarettes électroniques, accusés par les autorités d’avoir promu leurs produits chez les jeunes comme une alternative saine et cool à la cigarette. « Principe de précaution » versus « réduction des risques tabagiques ».

A demain @jynau