Bonjour
C’était en juin 2012. On apprenait que plusieurs colas présents sur le marché français – dont ceux de Coca-Cola – contenaient de faibles traces d’alcool. Cette réalité jusqu’alors ignorée avait été établie par l’Institut national de la consommation (INC) après des tests menés pour la revue 60 millions de consommateurs.
« Pour clore une rumeur persistante sur la présence d’alcool dans les colas, les ingénieurs de 60 Millions ont réalisé leurs propres dosages. Résultat ? Près de la moitié des colas testés contiennent de l’alcool – à des doses cependant très faibles (moins de 10 mg d’éthanol par litre, soit près de 0,001 %). »
La présence de traces d’alcool dans les colas, et en particulier dans le Coca-Cola, faisait alors l’objet de discussions sur Internet, notamment sur des forums consacrés à la religion musulmane où l’on se demandait si cette boisson était conforme aux règles de l’alimentation hallal. « Il est possible qu’il y ait des traces d’alcool qui viennent du process » de fabrication du Coca-Cola (dont la recette est tenue secrète) concèdait alors Michel Pépin, directeur des affaires scientifiques et réglementaires de Coca-Cola France. « Certains fruits par exemple contiennent des traces d’alcool » ajoutait-il.
En France, le Code de la santé publique prévoit que les boissons dites sans alcool puissent en contenir des traces, à un dosage inférieur à 1,2%. Coca-Cola certifiait quant à lui que ses boissons sont « non alcoolisées » et reconnues comme telles « par les autorités gouvernementales de chaque pays ». « Par ailleurs la Mosquée de Paris nous a fourni un certificat attestant que nos produits étaient tout à fait consommables par la communauté musulmane suivant l’avis de la commission religieuse de la Mosquée de Paris », ajoutait-il.
Prémix
Six ans plus tard on apprend que Coca-Cola s’apprête à lancer, officiellement, une boisson alcoolisée – une première dans les 125 ans d’histoire du géant américain des sodas. Ce sera au Japon. Dans un « questions/réponses » mis en ligne sur le site du groupe, Jorge Garduno, président des activités nipponnes, annonce que le géant va expérimenter une boisson en canette comprenant de l’alcool. Une information donnée par la BBC et l’AFP ou The Guardian.
Cette boisson sera produite sous le modèle des boissons japonaises Chu-Hi, un cocktail, vendu en canette, fait à partir d’un spiritueux local (« shochu » 45°) et d’eau gazeuse aromatisée au citron. Il y a différentes saveurs (prune, fraise, lychee, kiwi…) et le shochu peut être remplacé par la vodka. La plupart des brasseurs locaux – Asahi, Kirin, Takara, Suntory – vendent ces boissons, avec une teneur d’alcool comprise entre 3 et 9°, particulièrement prisées par les jeunes et la clientèle féminine.
« Nous n’avons jamais fait d’expérience dans des boissons à faible teneur en alcool avant mais ceci est un exemple de comment nous explorons des opportunités en dehors de nos secteurs clés, a expliqué Jorge Garduno à la presse. Ceci est unique dans notre histoire. Coca-Cola s’est toujours concentré entièrement sur des boissons non alcoolisées. »
Fin des révélations : le géant sucré ne dit ni quand cette boisson alcoolisée sera commercialisée ni quel sera son prix. Il explique que l’expérience devrait être limitée au Japon. Ce qui reste à démontrer : les journalistes spécialisée en économie observent que l’arrivée de Coca-Cola dans le champ des boissons alcoolisées s’inscrit dans la stratégie de diversification du géant d’Atlanta face à la désaffection des consommateurs américains pour les sodas et la baisse de ses ventes. L’histoire montre à quel point l’alcool peut doper les ventes. Et à quel point le sucre associé à l’alcool (« prémix ») peut faciliter l’entrée des plus jeunes dans l’univers alcoolique.
A demain