Bonjour
Big Pharma ne transporte plus jamais à grands frais les journalistes dans des congrès. Trop risqué. Ou on les transporte voilés en leur demandant de ne pas parler. Surtout plus de conflits d’intérêt. Plus jamais.
Pour autant on ne se désintéresse pas de la presse d’information générale. Elle peut jouer un intéressant rôle de levier. On s’adresse donc directement à elle. Sous la forme simple et gratuite du communiqué. Rien de honteux. Rien de compromettant. C’est un peu comme aller à la pêche à la ligne par jour de grand vent.
Washington, D.C.
Nous ne serons pas ce week-end Washington, D.C. C’est pourtant là que se tiennent les63èmes séances scientifiques annuelles de l’ACC (American College of Cardiology). Nous aurions pu y découvrir et analyser l’abstract no 1183-125: “A 24-Week Study of Alirocumab as Monotherapy versus Ezetimibe: « The First Phase 3 Data of a Proprotein Convertase Subtilisin/Kexin Type 9 Inhibitor ».
Cela est certes un peu ardu pour la presse d’information générale mais cela peut se traduire. D’ailleurs les traducteurs sont là, à sa disposition :
Données prometteuses
« L’étude de phase 3 ODYSSEY MONO de 24 semaines a comparé l’efficacité et la sécurité d’emploi de l’alirocumab à celles de l’ézétémibe dans la réduction du taux de LDL-C chez des patients non traités par statines ou d’autres hypolipémiants »
Il est encore d’autres traductions possibles. On vous dira que ce sont là les tout premiers résultats de phase III pour l’alirocumab. « L’alirocumab est un anticorps monoclonal anti-PCSK9 (pro-protéine convertase subtilisine/kexine de type 9) pour lequel l’ensemble des études publiées à ce jour comportent des données prometteuses sur la réduction des taux de LDLc, dit le communiqué de presse. Cet inhibiteur de PCSK9 représente ainsi un nouvel espoir pour les nombreux patients dont le taux de cholestérol à lipoprotéines de basse densité n’est pas adéquatement contrôlé par l’arsenal thérapeutique actuellement à disposition du corps médical. »
La phrase-clef :
« (…) un nouvel espoir pour les nombreux patients dont le taux de cholestérol à lipoprotéines de basse densité n’est pas adéquatement contrôlé par l’arsenal thérapeutique actuellement à disposition du corps médical. » (1)
On ajoutera que l’alirocumab fait partie d’un vaste programme appelé ODYSSEY d’études cliniques auprès de plus de 23 500 patients. D’autres résultats ODYSSEY sont attendus en 2014 et serviront à constituer le dossier de demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM).
Des questions ?
« N’hésitez pas à revenir vers nous pour toute question éventuelle (cf. contacts presse dans le CP en pièce jointe). Plusieurs porte-parole seront présents à l’ACC dès le samedi 29 mars 2014 pour une interview. Des interviews téléphoniques peuvent aussi être organisées par la suite ».
On comprend bien l’objet : parler dans la presse d’information générale d’un futur espoir pour toutes celles et ceux (et ils sont nombreux) qui ont des soucis avec leur cholestérol. Et le faire bien en amont des demandes d’AMM. Les phrases sont prêtes qui seront reprises demain par la presse économique :
Pêche au gros
« Malgré la disponibilité des traitements hypolipémiants, des millions de personnes dans le monde ne parviennent toujours pas à contrôler leur taux de cholestérol à lipoprotéines de basse densité de manière satisfaisante, a indiqué George D. Yancopoulos, M.D., Ph. D., directeur scientifique de Regeneron et Président de Regeneron Laboratories. Nous avons conçu ODYSSEY, un solide programme de phase 3 qui comporte 14 études et a recruté plus de 23 500 patients. Nous devrions rendre compte des résultats de phase 3 de la majorité de nos études cliniques ODYSSEY dans le courant de l’année 2014. »
Qui en parlera ? Qui n’en soufflera mot ? L’espoir c’est un peu comme aller à la pêche au gros.
A demain
(1) Passage en gras dans le communiqué de presse de l’agence de presse Burson Marsteller