Richard Ferrand, ancien journaliste, a-t-il le droit de faire taire un confrère sur Twitter ?

Bonjour

Tout craque dans l’étrange. Et le Nouveau Monde auto-proclamé par Emmanuel Macron prend chaque jour un peu plus, un peu mieux, les vieux traits de l’Ancien. Ainsi cette affaire rapportée par notre antique et toujours vespéral Le Monde (Alexandre Berteau). Une première en France.

« La justice va devoir déterminer si un responsable politique peut empêcher un journaliste d’accéder à son compte Twitter. En l’occurrence, si le président de l’Assemblée nationale est en droit de bloquer le journaliste indépendant Guillaume Tatu sur le réseau social. Proche de La France insoumise (LFI), ce dernier a porté plainte, vendredi 4 janvier, contre Richard Ferrand pour ‘’discrimination’’ en raison de ses ‘’ opinions politiques’’..

Guillaume Tatu, jeune journaliste prometteur a découvert, en septembre dernier, qu’il ne pouvait plus lire ni commenter les tweets du président siégeant au Palais Bourbon. Un blocage qu’il interprète comme une réaction aux nombreux articles de presse relayés sur Twitter par M. Tatu au sujet de l’affaire des Mutuelles de Bretagne dans laquelle le puissant Richard Ferrand est impliqué au premier chef..

Dans sa plainte (que Le Monde a pu consulter) le journaliste déplore « une restriction à sa liberté d’être informé et de pouvoir informer » et ce au motif que le fil twitter du président de l’Assemblée nationale relevant, selon lui, d’un « profil d’intérêt général ».

Expressions cadenassées

« On parle du quatrième personnage de l’Etat, qui tweete de façon exclusive et à longueur de journée sur ses activités parlementaires », a déclaré au Monde l’avocat de M. Tatu, Me Arash Derambarsh. Ce dernier estime que son client « se voit entravé dans son travail de journaliste » (même si un utilisateur bloqué peut encore voir les publications de l’intéressé en naviguant sur Twitter sans se connecter à un compte). Et au-delà des seuls détenteurs d’une carte de presse, les publications de M. Ferrand sur le réseau social « doivent être accessibles à tous les citoyens », estime M. Tatu dans sa plainte.

Conseiller médias de Jean-Luc Mélenchon pendant la dernière campagne présidentielle et ex-journaliste du Média, la web-télé proche de LFI, le journaliste Guillaume Tatu a été « bloqué » par M. Ferrand en tant qu’«opposant politique », estime l’avocat du journaliste. Dans l’entourage du ponte de l’Assemblée nationale on pointe que « cette plainte permet à M. Tatu de se faire une publicité extraordinaire ».

Elargissant sa focale Le Monde conclut qu’outre-Atlantique, se prononçant sur une plainte déposée par sept citoyens contre Donald Trump, une juge fédérale de New York avait estimé, en mai 2018, que le président américain n’avait pas le droit de bloquer ses détracteurs sur Twitter, au titre de la liberté d’expression protégée par le premier amendement.

Vies antérieures

Le Monde ne nous dit pas que Richard Ferrand, dans une vie antérieure, exerça la profession de journaliste, notamment pour Le Monde. C’était avant Twitter, comme l’explique Wikipédia. Né à Rodez le 1er juillet 1962 Richard adhère au PS à l’âge de 18 ans et  commence sa vie professionnelle comme journaliste en collaborant à Centre PresseAuto MotoCirculerVie publiqueLa Dépêche du Midi , et Le Monde.

En 1988, à l’âge de 26 ans, il devient directeur associé d’une agence de graphisme de presse qu’il dirige jusqu’en 1990, date à laquelle il se lance, comme tant d’autres, dans le « conseil en communication ». En 1991, il devient « conseiller en communication » de Kofi Yamgnane, alors secrétaire d’Etat. Dès 1992, il demande à Kofi Yamgnane s’il peut « s’installer en Bretagne et continuer le travail pour le ministère ». L’épouse de Kofi Yamgnane lui trouve une maison à Hanvec, où il s’installe en famille.

Battu aux législatives de 1993, Kofi Yamgnane fait entrer Richard Ferrand aux Mutuelles de Bretagne, via un de ses amis qui en est alors président. Richard Ferrand devient directeur général des Mutuelles de Bretagne en 1998. En mars de la même année, il obtient son premier mandat politique en étant élu conseiller général du Finistère dans le canton de Carhaix-Plouguer.

La suite est connue. Sera-t-il bientôt interdit de la narrer ?

A demain

@jynau

 

 

 

 

Jeu de rugby : les traumatismes sont désormais similaires à ceux de la circulation routière

Bonjour

« Si les médias s’emparent du dossier, cela peut évoluer. confiait-il il y a quelques jours au Figaro. Pour le moment, je suis le seul à dire les choses. J’ai reçu les témoignages de tas de gens mais ils ne s’expriment pas dans le presse. Je suis tout seul. Certains ne veulent pas perdre leur truc… »

Aujourd’hui le Pr Jean Chazal, neurochirurgien et ancien doyen de la faculté de Clermont-Ferrand est toujours aussi seul. Il reprend la parole dans Centre Presse. A la veille des obsèques de Louis Fajfrowski, 21 ans, un rugbyman d’Aurillac mort le 10 août après un choc reçu lors d’un match amical – une mort qui pourrait constituer une salutaire prise de conscience dans un sport qui, sinon, court à sa perte.

La parole du Pr Chazal fait autorité. « Il a opéré plus d’une trentaine de joueurs de rugby. Ainsi qu’un grand nombre de sportifs de haut niveau, rappelle Centre Presse (Caroline Devos). Le skieur Luc Alphand (après un accident de moto), les rugbymen Damien Chouly et Wesley Fofana sont ainsi passés entre ses mains au CHU de Clermont-Ferrand. Jean Chazal est un neurochirurgien réputé mais aussi un vrai spécialiste de la traumatologie du sport. Et depuis des années, il tire la sonnette d’alarme pour dénoncer les dérives qui rendent la pratique sportive – et surtout celle du rugby – de plus en plus dangereuse. »

Ce lanceur d’alerte dérange les gros pardessus de l’Ovalie autant que nombre de ses confrères confortablement installés sous les ors des institutions rugbystiques nationales. Et le président Bernard Laporte vient d’obtenir son exclusion…  de l’Observatoire médical du rugby 1.

Les instances du rugby français et international ont certes pris la mesure du péril des commotions cérébrales (Le « protocole commotion », « carton bleu », renforcement de l’encadrement médical) mais rien n’est fait pour que ces « commotions » ne surviennent pas.

« Dès 2005,  avec le médecin du club de Clermont, nous avons commencé à nous préoccuper de la violence sur les terrains, précise-t-il. Aujourd’hui, on a une augmentation des blessures et notamment celles qui touchent le crâne, le thorax et l’abdomen.

 « Aujourd’hui, dans le rugby, on a une traumatologie qui ressemble à celle de la routeEt pour cause. On a mis des moteurs de 1.000 chevaux dans des carrosseries qui ne sont pas faites pour cela. Les joueurs ont pris dix kilos de masse musculaire en quelques années. On a des ailiers de 130 kg qui courent comme des lapins. Mais à l’intérieur, les ligaments, les articulations, les viscères, les os sont restés identiques. Le rugby fabrique des surhommes, des exceptions physiques. »

Exclusion immédiate

Dans Le Figaro Le Pr Chazal mettait aussi en garde les jeunes rugbymen rarement prêts pour le très haut niveau. Des jeunes en pleine maturation de leur système ostéo-ligamentaire et de leur système cérébral. Ce n’est qu’à 25 ans, selon lui, que le cerveau est totalement mature, en particulier pour l’esprit critique, la préhension de l’espace, la gestion de l’émotion.

« C’est une véritable révolution qu’il faut opérer. Se mettre autour de la table et trouver des solutions. Les arbitres aussi doivent être impliqués. Certaines actions dangereuses ne sont pas sifflées. J’ai vu des joueurs se faire ‘’décalquer’’ par derrière, sans ballon, totalement relâchés… Ce devrait être l’exclusion immédiate ! (…)

« Dans l’équipe de France des moins de 20 ans qui a été championne du monde, il y a des gars qui font 2 m et plus de 100 kg. Faire marche arrière pour la génération actuelle, c’est un peu tard… Il faut modifier les règles, voir ça avec les arbitres. Il faut sévir ! (…)

« En Top 14, les joueurs sont gainés, prévenus, ils sont avertis. Mais au niveau professionnel, il n’y a que quatre ou cinq clubs qui ont un médecin permanent. Dans d’autres clubs, ils ne passent que quelques heures par semaine. On nous met de la poudre aux yeux en disant que le rugby est médicalisé. Au Racing, à Toulon, à Clermont, dans quatre ou cinq clubs, c’est médicalisé. J’ai reçu des SMS d’insultes après avoir déclaré dans Midi Olympique que certains clubs faisaient passer des protocoles commotions par visioconférence. Je ne comprends pas comment on peut procéder ainsi… (…)

Le Pr Chazal en est persuadé : « Si les médias s’emparent du dossier, cela peut évoluer. » Il dit aussi : « Je ne suis pas sûr que ce nouveau décès changera quelque chose ». Que feront les médias ?

A demain

1 Sur ce sujet lire la réponse donnée, sur le site Rugbyrama, par le Dr Bernard Dusfour, président de la commission médicale de la LNR.

 

Rougeole : le cas mortel aurait été contracté au sein même du CHU de Poitiers. Et après ?

Bonjour

Nous sommes, dans ce dossier, au stade de la structuration en feuilleton. Après les premiers appels loco-régionaux, après le défilé médiatique mécanique des chiffres,  le premier mort. Non pas à Bordeaux mais à Poitiers. Dans un CHU, qui plus est. La mort d’une femme âgée de 32 ans et qui n’était pas vaccinée. Une mort dans un contexte épidémique bien connu depuis plusieurs mois par les autorités sanitaires.

14 février. Invitée matinale de France Inter : Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé. Interrogée sur le sujet la ministre remplit son rôle : vacciner les plus petits, se faire vacciner si on ne l’a pas été, retrouver son carnet de santé. Et, le cas échéant, prendre rendez-vous avec son généraliste pour se protéger et protéger son entourage. Le bon sens en action.

Une question toutefois : la victime décédée à Poitiers n’aurait-elle pas contracté l’infection rougeoleuse dans le CHU poitevin où elle avait été hospitalisée ?  La ministre dit ne pas savoir .  Elle fera « remonter » . Mais la ministre sait-elle que, désormais, tout va plus vite qu’hier ? Dans un entretien accordé à Centre Presse (Emmanuel Coupaye)  Yolande Riquelmé, la mère de la victime, affirme que sa fille Jessica, jeune mère de famille, a contracté la maladie aux services des urgences, où elle faisait hospitaliser son père à la fin de janvier :

« Une personne est morte de la rougeole à Poitiers, a annoncé ce mardi 13 février à Bordeaux l’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine. La victime est une jeune mère de famille de 31 ans, Jessica Riquelmé, demeurant à Poitiers, hospitalisée au CHU le 1er février et plongée dans un coma artificiel le lendemain pour soulager ses douleurs. Ses obsèques sont prévues ce jeudi. Le CHU a présenté ses condoléances à la famille en indiquant que son décès survenait dans un « contexte de comorbidités sévères complexes ». Elle n’était pas vaccinée (…)

 « ‘’C’était fin janvier, Jessica était  allée aux urgences du CHU de Poitiers pour faire hospitaliser son père’’, raconte Yolande Riquelmé, mère de Jessica. « C’était au moment de l’épidémie de rougeole, il y a avait des gens partout qui attendaient pour ça. Ils n’avaient pas encore mis les masques de protection, il n’y avait pas  les messages de prévention, ils l’ont fait après. On l’a vu quand on est revenus avec Jessica. Elle ne se sentait pas bien depuis quelques jours. J‘avais appelé le  médecin, il ne pouvait pas nous prendre tout de suite, on devait y aller le lendemain.

«  Je l’ai emmenée aux urgences le 1er février, elle était bleue, elle avait 41°C de fièvre ! Ma fille faisait partie de ces enfants qui étaient passés à côté de la vaccination, à cette époque-là on nous disait que ça n’était pas nécessaire. Quand ils l’ont vue, ma fille était très mal. Elle souffrait énormément. Ils l’ont placée en coma artificiel. Ils m’ont dit que son pronostic vital était engagé. Ils l’ont intubée, ils l’ont placée sous respiration artificielle. Elle n’avait pas de problèmes de santé particuliers. Elle souffrait d’obésité, elle avait la bronchite chronique des fumeurs. Elle a déclaré une pneumonie, son état s’est fortement dégradé. Les  médecins m’ont appelée samedi 10 février car elle faisait une embolie. Elle n’y a pas survécu.

 « Je trouve désolant d’aller aux urgences pour quelqu’un et d’en ressortir malade. Le jour où elle est venue aux urgences, il n’y avait pas que la rougeole, il y avait aussi la grippe B. Je ne sais pas s’il y a eu une faute, de toute façon, on ne saura jamais. J’ai demandé la transmission de son dossier médical. Depuis, je contacte tout le monde, tous ceux qui l’ont cotôyée pour qu’ils se vaccinent, c’est capital. J’ai même prévenu les écoles. Une personne qui est venue désinfecter l’appartement m’a dit qu’elle n’était pas vaccinée, elle va le faire. Il faut que les gens se fassent vacciner. Pour Jessica, on m’avait dit que les gens jeunes résistent mieux… »

 Depuis Paris

Depuis Paris, la Direction Générale de la santé appelle désormais tous les professionnels médicaux aux antécédents incertains « à mettre à jour leur vaccination pour éviter la propagation de cette maladie ». « Grâce à la vaccination, le virus de la rougeole a circulé à très bas bruit pendant des années. Aujourd’hui, à l’heure de cette recrudescence, on se retrouve avec des jeunes adultes dont le système immunitaire n’a jamais été confronté au virus » , explique à l’AFP Daniel Lévy-Brühl, responsable de l’unité chargée des infections respiratoires et de la vaccination au sein de l’agence sanitaire Santé Publique France. Il ajoute :

« C’est le reflet de l’histoire de la vaccination en France : il y a des gens de 20 à 40 ans qui ont grandi sans être vaccinés et se retrouvent aujourd’hui non immunisés. Il reste un énorme réservoir de sujets non immunisés, qui peuvent être demain les prochains cas de rougeole, voire de décès. »

Selon Daniel Lévy-Brühl, vingt-et-une personnes sont mortes de la rougeole depuis 2008, pour l’essentiel de jeunes adultes non (ou mal) vaccinées. « Ma fille faisait partie de ces enfants qui étaient passés à côté de la vaccination, à cette époque-là on nous disait que ça n’était pas nécessaire » dit la mère de Jessica. Qui ?

A demain