Respecter ou pas le secret médical: «Closer» Brigitte Macron et le Dr Laurent Alexandre

Bonjour

Buzz. « Brigitte Macron a été hospitalisée le 17 juillet dernier à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine, afin d’y subir une opération de chirurgie esthétique ». Selon les informations du magazine people Closer (informations disparues du site après avoir été reprises par de très nombreux médias dont CNews), la Première Dame a été prise en charge par un « éminent et médiatique chirurgien esthétique».

« Elle l’a d’abord rencontré le 16 juillet, et s’est entretenue avec lui pendant une heure. Le lendemain elle aurait été opérée pendant trois heures, sous anesthésie générale. Emmanuel Macron se serait rendu à son chevet. L’opération se serait déroulée sans difficultés et Brigitte Macron a pu quitter l’hôpital le jour-même. L’ancienne professeure de français de 66 ans a ensuite passé quelques jours de convalescence à la Lanterne, l’ancien pavillon de chasse situé à Versailles qui sert de résidence d’Etat.

« Depuis le 25 juillet, le couple Macron s’est installé au Fort de Brégançon, la demeure de villégiature estivale des présidents français. Ils s’y sont installés pour quelques jours de calme et de repos, près de la Méditerranée. Le Président doit y préparer le G7, qui se déroulera à Biarritz, du 24 au 26 août prochain. »

Triste buzz. Sur Tweeter, @dr_l_alexandre : « La chirurgie esthétique est un acte chirurgical et donc un acte médical protégé par le secret médical ! Révéler le dossier médical d’un Français… de Brigitte Macron ou de n’importe qui est une faute. Si on accepte, demain VOTRE CANCER pourra être public »

On se souvient de ces lignes, glanées dans le flots des tweets également signées @dr_l_alexandre : « Je ne suis pas jaloux de @GretaThunberg. J’aimerais pas (sic) avoir des TOC graves, une dépression infantile, un mutisme sélectif, un Asperger avec monoideation et des troubles alimentaires graves me conduisant à être minuscule! Je respecte l’enfant malade mais regrette sa manipulation »

Une fraction de la Toile s’indigna. Réponse du Dr Laurent Alexandre : « Je rappelle que ce sont les parents de @GretaThunberg qui ont révélé son dossier psychiatrique (pas moi). Et je pense que cela devrait être un délit de révéler le dossier médical de son enfant mineur ! Je trouve cela dégueulasse ! Signalez les parents de @GretaThunberg ».

Buzz. Triste et pauvre buzz.

A demain @jynau

Vodka. Christophe Castaner regrette d’être allé au restaurant pour un anniversaire (France Inter)

Bonjour

Il y a quatre jours les magazines Voici et Closer publiaient des clichés du ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, « en train de danser avec une jeune femme non identifiée » dans un célèbre « restaurant-club » du VIIIe arrondissement de Paris – le Noto. « Il aurait enchaîné les shots de vodka et embrassait une inconnue ». « Pour oublier ». C’était dans la nuit du 9 au 10 mars, quelques heures après l’acte XVII des Gilets Jaunes. Closer affirmait que le ministre de l’Intérieur « n’était pas escorté par ses gardes du corps » – une information non confirmée.

Dans un premier temps la plupart des responsables politiques se sont abstenus de commenter cette sortie. A l’exception, aussi, de Benoît Hamon, ancien collègue socialiste de Christophe Castaner, qui en appelait sur RTL, à « un peu de tenue ». Puis l’affaire des « shots de vodka » n’a cessé d’être utilisée, tant par les humoristes que par les commentateurs politiques – une utilisation amplifiée après les violences élyséennes des manifestations du 16 mars et le limogeage qui s’en est suivi du préfet de police de Paris.

Respect de la vie privée

« Il s’agit de ma vie privée et de ma famille, qui peut être respectée. J’ai rejoint une soirée, dans un cadre totalement privé, entre 23h30 et deux heures du matin » avait expliqué, le 14 mars, Christophe Castaner dans les colonnes du Parisien. Et aussitôt, en écho, Edouard Philippe, Premier ministre, de déclarer sur Europe 1 : « Je n’ai aucun commentaire à faire sur la vie privée de Christophe Castaner, et le ministre de l’Intérieur a toute ma confiance ». Puis Agnès Buzyn, ministre des Solidarités, avait expliqué sur RTL que la sortie nocturne de son collègue s’inscrivait pleinement dans un contexte de » vie privée » puisqu’il s’agissait d’un « anniversaire ».

Aujourd’hui 19 mars Christophe Castaner est l’invité matinal de France Inter. On attendait la question-banderille. Elle fut posée non par Léa Salamé mais par Nicolas Demorand. « Regrets ou pas regrets ? »

F.I : Une vidéo de vous, Christophe Castaner en boîte de nuit à Paris a été rendue publique. Est-ce que vous vous dites que c’était a posteriori une erreur et qu’il aurait fallu éviter ce type d’images quand on a vos fonctions ?

– C.C. : D’abord les faits. Je me suis rendu à un anniversaire non pas dans une boîte de nuit mais dans un restaurant. Ensuite la presse people -et vous la reprenez, dont acte-  a expliqué que c’était une soirée dans une boîte de nuit.  La vérité c’est que c’était un restaurant, connu à Paris.

Ensuite j’ai vu la polémique, j’ai vu la mise en cause de ma vie privée… Donc oui je le regrette. Mais je regrette surtout qu »aujourd’hui on considère que aller dans un restaurant pour rejoindre un anniversaire ça puisse faire polémique, ça puisse faire des questions – y compris sur votre antenne ».

Couvrir de brocards, pour rire

Une heure plus tôt, également sur France Inter, l’humoriste  Charline Vanhoenacker  osait brocarder Christophe Castaner. En ces termes :

« Enfin, il va s’exprimer pendant plus de 20 secondes et ailleurs que sur BFM ! Depuis qu’il est ministre, Castaner n’est plus jamais venu dans la matinale. J’ai fini par croire qu’il flippait plus devant Léa et Nicolas que face à un groupe de Black Blocs… Pareil à Libération, auquel il ne répond jamais et je vous raconte pas Mediapart. Pourtant, l’homme que je vois bomber le torse à la télé ne peut pas avoir peur d’Edwy Plenel, il l’étale en deux deux, Plenel, il est gaulé comme une crevette ! Après, c’est toujours plus facile d’enfumer des manifestants que d’enfumer des journalistes…

Casta il n’est plus venu depuis un bail. Pour vous dire, je crois même qu’à l’époque Macron, était encore populaire. C’était la belle époque où Casta faisait encore la promo de son patron tous les jours sur toutes les chaînes… Avant il ne fallait même pas penser à l’inviter qu’il était déjà là ! Pourtant en tant que Ministre de l’Intérieur, dans la situation qu’on est en train de vivre, normalement,… on devrait le voir encore plus souvent que Nagui à la télé. Mais donc c’est bien, là il est en chemin. Peut-être même qu’il nous écoute… 

Allez viens Christophe, t’as vu on commence très tôt, tu peux débarquer direct après la fermeture de la boîte, t’inquiètes pas ça nous rappellera Beigbeder ! (…) En résumé, le seul message encore audible chez Castaner, c’est quand il dit ‘’Arrêtez de frapper les flics, frappez plutôt des tequilas !’’ »

Jusqu’où (et jusqu’à quand) pourra-t-on ainsi, de visu et sur les ondes du service public, railler sans danger pour la collectivité l’incarnation de l’autorité ? Que se passera-t-il quand le bouffon trônera ? Christophe Castaner, ministre français de l’Intérieur, reviendra-t-il un jour sur France Inter ?

A demain

@jynau

Christophe Castaner et le gendarme de l’Isère : questions sur la «vie privée» et ses frontières

Bonjour

Deux « faits divers »bien différents mais, sur le fond, une même question.

L’affaire parisienne de Christophe Castaner. Les magazines Voici et Closer viennent de publier (« exclusivité ») des clichés du ministre de l’Intérieur. Christophe Castaner « en train de danser avec une jeune femme non identifiée » dans un célèbre « restaurant-club » du VIIIe arrondissement de Paris – le Noto. « Il aurait enchaîné les shots de vodka et embrassait une inconnue ». « Pour oublier ». C’était dans la nuit du 9 au 10 mars, quelques heures après l’acte XVII des Gilets Jaunes.

Closer affirme que le ministre de l’Intérieur « n’était pas escorté par ses gardes du corps » – une information qui n’a pas été confirmée ; a supposer qu’elle puisse, un jour, l’être. La plupart responsables politiques se sont encore abstenus de commenter cette sortie. A l’exception du secrétaire général délégué des Républicains, Guillaume Larrivé, qui a ironisé sur Twitter : « Le vrai problème n’est pas que M. Castaner s’amuse en discothèque, mais qu’il occupe le bureau du ministre de l’intérieur, en France, en 2019. » A l’exception, aussi, de Benoît Hamon, ancien collègue socialiste de Christophe Castaner qui en a appelé, sur RTL, à « un peu de tenue ».

« Il s’agit de ma vie privée et de ma famille, qui peut être respectée. J’ai rejoint une soirée, dans un cadre totalement privé, entre 23h30 et deux heures du matin » a réagi le 14 mars Christophe Castaner dans les colonnes du Parisien. Et aussitôt, en écho, Edouard Philippe, Premier ministre, de déclarer sur Europe 1 : « Je n’ai aucun commentaire à faire sur la vie privée de Christophe Castaner, et le ministre de l’Intérieur a toute ma confiance ».

L’affaire du gendarme alcoolisé de Bourgoin-Jallieu (Isère). Le mardi 26 février, il n’était pas en service. Son véhicule a percuté en pleine vitesse par l’arrière celui d’un couple de retraités de 69 et 71 ans qui morts sur le coup. Agé de 35 ans ce gendarme a aussitôt été placé en garde à vue au commissariat de police de Bourgoin-Jallieu. Jugé en comparution immédiate le 28 février pour « homicide involontaire », aggravé de deux circonstances (« dont l’alcool – 2,54 grammes») il a été condamné à 18 mois de prison ferme avant d’être immédiatement incarcéré.

Pour les enfants des victimes, l’affaire n’est pas close. « On se bat pour que justice soit faite » a confié l’un d’eux à RTL. Ils pointent du doigt la responsabilité des autres gendarmes, présents au bar : « Ces gendarmes connaissent forcément, de par leur profession, les conséquences d’une telle alcoolisation. Pourtant, ils ont laissé repartir leur collègue au volant de sa puissante voiture » observent-ils dans Le Parisien.

« Ces personnes étaient des gendarmes, ils auraient dû être, mieux que quiconque, au courant de la gravité de la situation, de l’importance de retenir cette personne et du carnage que ça allait fatalement engendrer potentiellement pour les autres personnes qui étaient sur la route, expliquent-ils. Ils auraient dû essayer de retenir leur collègue. »

Jusqu’où remonter dans la chaîne des causalités et des conséquences alcooliques? La justice doit-elle être plus sévère, pour l’exemple, quand il s’agit de condamner un gendarme alcoolisé – alors même que ce dernier n’est pas en service et qu’il peut faire valoir qu’il s’agit de sa vie privée ? Quelles sont les frontières de cette dernière quand on est au service de l’Etat ? Et que reste-t-il de cette vie privée dès lorsqu’elle est, justice pénale ou pas, rendue publique ?

Paris et Bourgoin-Jallieu ; deux « faits divers » bien différents mais, sur le fond, une même question.

A demain

@jynau

 

 

Le Monde publie une prestigieuse supplique savante pour que Science & Vie ne meure pas

Bonjour

Tempêtes capitalistiques continuelles sur la presse écrite. Aujourd’hui les nuages noirs foncent sur  Télé StarScience & VieAuto PlusGraziaCloserLe Chasseur français et Pleine Vie. Ces magazines, édités par Mondadori France, seraient sur le point d’être repris par le groupe Reworld Media. Et c’est peu dire que cette perspective inquiète fortement les salariés de ces titres. « Les syndicats de Mondadori France en appellent aux pouvoirs publics pour la gestion de ce dossier » précise 20 Minutes.  « Reworld Media, n’est pas vraiment un éditeur de presse. Ce qui l’intéresse, c’est de transformer les lecteurs en contacts pour les annonceurs, en priorité sur les supports numériques » l’intersyndicale CFDT-CGC-CGT-FO-SNJ. 700 emplois CDI ainsi que ceux de centaines de pigistes et précaires seront directement menacés. (…) Au-delà, compte tenu du poids de Mondadori dans la presse écrite, c’est toute la filière, déjà très ébranlée, qui en subirait les effets, des imprimeurs aux kiosquiers. »

Fin septembre, Reworld avançait dans un communiqué que cette éventuelle acquisition « vise à développer un groupe média international majeur, détenteur de solutions média et de marques média qualitatives à fort potentiel, ainsi qu’à associer des compétences complémentaires, des capacités et savoir-faire, afin de faire face aux défis du nouvel environnement de marché. »

 

Il y a peu la rédaction de Grazia s’est adressée dans une lettre ouverte à Pascal Chevalier, le président de Reworld Media. « Vos méthodes et la raison d’être de votre entreprise, décrites dans tous les articles qui vous sont consacrés depuis peu, sont aux antipodes des nôtres et de ce que nous sommes. Les simples mots « presse » et « journalisme » semblent absents de vos sites comme de vos déclarations », écrivaient les signataires.

« Passeur de science depuis plus de cent ans »

 C’est dans ce contexte que l’on découvre, dans Le Monde de ce jour une peu banale tribune : « Nous veillerons à ce que “Science & Vie” ne soit pas dénaturé ». Un prestigieux collectif de scientifiques et de médecins s’inquiète d’un éventuel changement de propriétaire du magazine, « relais d’informations précieux pour la diffusion des connaissances scientifiques et contre les ‘’fake news’’ ». C’est un texte d’une touchant et naïf, rempli de bonnes intentions, un texte sans précédent  qui rappelle que Science & Vie est un passeur de science essentiel depuis plus de cent ans. Extraits :

« Nous, chercheurs et personnalités du monde scientifique, avons tous lu un magazine Science & vie. En faisant émerger et en nourrissant la soif de comprendre et d’apprendre, il a même pu jouer un rôle dans la vocation de certains d’entre nous. Nos étudiants le lisent. Nos enfants, nos petits-enfants y sont abonnés… Chaque mois, ce sont des centaines de milliers de lecteurs à travers le monde, petits et grands, qui se plongent dans les pages de ces magazines.

« Les journalistes des magazines Science & vie nous ont fait part de leurs inquiétudes dans la perspective d’un changement de propriétaire de leur groupe de presse. Ils craignent que leur indépendance éditoriale soit remise en cause, que des groupes d’intérêt et des industriels peu scrupuleux puissent, à l’avenir, imposer leurs vues dans leurs magazines. Les premiers à en pâtir seraient évidemment les lecteurs, qui se retrouveraient, bien malgré eux, face à des articles biaisés, plus intéressés qu’intéressants.

« Dans une démocratie, c’est aux citoyens et à leurs représentants qu’il revient de décider de la manière dont les nouvelles connaissances et technologies doivent être mises en œuvre, dans l’intérêt de tous. Pour cela, il est nécessaire que le public le plus large dispose de sources d’information scientifique grand public objectives, pertinentes et exemptes de tout parti pris, traitant avec la même rigueur les progrès de la science et les éventuels dangers de ses applications.

« A défaut de culture scientifique partagée, comment parvenir collectivement à des choix éclairés sur des sujets aussi importants que la transition énergétique ou l’avenir de la thérapie génique ? Sans parler des « fake news » se propageant aussi vite que la lumière, ou des pseudosciences toujours plus séduisantes… »

Pour l’heure aucun collectif pour veiller à l’intégrité de Télé Star (1976) d’Auto Plus (1988)de Grazia (2009) ou de Closer (2005). Sans parler de l’antique Chasseur français (1885) et de ses célèbres annonces matrimoniales.

A demain

@jynau

1 Signataires : Isabelle Arnulf, neurologue, IHU@ICM – Faculté de médecine-Sorbonne Université ; Alain Aspect, professeur à l’Institut d’optique et à l’Ecole polytechnique ; Anouk Barberousse, philosophe des sciences à l’université de Lille ; Eric Buffetaut, paléontologue, directeur de recherche émérite au CNRS ; Georges Chapouthier, directeur de recherche émérite au CNRS ; Gilles Cohen-Tannoudji, physicien et philosophe des sciences, chercheur émérite au Laboratoire de recherches sur les sciences de la matière (Larsim CEA-université Paris-Saclay), conseiller scientifique auprès du directeur de la recherche fondamentale du CEA ; Claude Cohen-Tannoudji, Prix Nobel de physique, professeur émérite au Collège de France, Laboratoire Kastler Brossel, département de physique de l’ENS ; Françoise Combes, astrophysicienne, Observatoire de Paris, professeure au Collège de France, chaire galaxies et cosmologie, et membre de l’Académie des sciences ; Alain Connes, mathématicien, médaille Fields, professeur au Collège de France, à l’IHES et à l’université OSU, Columbus, aux Etats-Unis, membre de l’Académie des sciences ; Pierre Corvol, professeur émérite au Collège de France, membre de l’Académie des sciences ; Pascale Cossart, secrétaire perpétuelle de l’Académie des sciences, professeure de classe exceptionnelle à l’Institut Pasteur ; Hélène Courtois, astrophysicienne, université Lyon-I ; Frédéric Dardel, professeur de biologie moléculaire, président de l’université Paris-Descartes ; Jean-Paul Delahaye, mathématicien et informaticien, professeur émérite à l’université de Lille ; Jean-Paul Demoule, professeur émérite d’archéologie à l’université de Paris-I (Panthéon-Sorbonne) ; Francesco D’Errico, directeur de recherche au CNRS ; Jean Eisenstaedt, directeur de recherche émérite au CNRS ; Francis Eustache, directeur de l’unité Inserm-EPHE-UNICAEN, U1077, « Neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine » (NIMH), pôle des formations et de recherche en santé (PFRS) ; Pierre Fayet, directeur de recherche émérite, CNRS-Ecole normale supérieure, Académie des sciences ; Albert Fert, Prix Nobel de physique 2007 ; Marc Fontecave, professeur au Collège de France, membre de l’Académie des sciences, président de la Fondation du Collège de France ; François Forget, planétologue, directeur de recherche CNRS, membre de l’Académie des sciences ; Nicolas Gisin, physicien, département de physique, université de Genève, Suisse ; Pierre-Henri Gouyon, professeur au Muséum national d’histoire naturelle, à l’AgroParisTech, à l’ENS et à Sciences Po ; Jean Guilaine, professeur au Collège de France, membre de l’Institut ; Serge Haroche, Prix Nobel de physique, professeur émérite au laboratoire Kastler Brossel ; Fabrice Herpin, président de la Société française d’astronomie et d’astrophysique (SF2A) ; Jean-Jacques Hublin, director department of human evolution. Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology ; Jean Jouzel, climatologue ; Sabrina Kriefprimatologue ; Roland Lehoucqastrophysicien ; Henri Leridon, démographe, membre de l’Académie des sciences ; Thierry Lhermitte, comédien, parrain de la Fondation pour la recherche médicale ; Valérie Masson-Delmotte, CEA/LSCE, coprésidente groupe 1 du GIEC ; Michel Mayor, professeur honoraire d’astrophysique à l’université de Genève ; Alessandro Morbidelli, astrophysicien à l’Observatoire de la Côte d’Azur ; Marylène Patou-Mathis, directrice de recherche au CNRS ; Antoine Petit, professeur des universités de classe exceptionnelle, PDG du CNRS ; Thierry Philip, président de l’Institut Curie ; Martin Pickford, paléoanthropologue au Collège de France ; Gilles Pison, généticien et démographe, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et chercheur associé à l’INED ; Francis Rocard, CNES, responsable des programmes d’exploration du Système solaire ; Carlo Rovelli, astrophysicien et physicien ; Alain Schuhl, directeur général délégué à la science du CNRS ; Marc-André Selosse, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et à l’université de Gdansk (Pologne), président de la Société botanique de France, membre de l’Académie d’agriculture de France ; Michel Spiro, vice-président de la Société française de physique ; Philippe Starck, designer ; Dominique Stoppa-Lyonnet, Institut Curie, université Paris-Descartes ; Patrick Tort, directeur de l’Institut Charles Darwin International, lauréat de l’Académie des sciences ; Cédric Villani, mathématicien, médaille Fields, député LRM.

 

La liste intégrale des signataires.

 

Faire appel à Freud pour expliquer l’engouement dont Brigitte Macron est l’objet ?

Bonjour

Que serait la démocratie française sans les ondes gratuites de France Culture ? Lundi 7 mai 2018. Journal de la mi-journée. Invitée : Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes. Outre la réponse embarrassée de Mme Schiappa quant à la polémique naissante sur « la quête française de l’absolu et les 50 euros d’APL », on entend notamment ceci :

« Les Français sont dans une forme de paradoxe. On est à la fois extrêmement attaché à notre histoire et notamment à la Révolution française qui est un événement fondateur du pays avec les valeur qui ont été portées par la Révolution. tel que nous le connaissons aujourd’hui. Et dans le même temps, c’est vrai, je crois que la France a un besoin d’incarnation, qui se retrouve dans ce que propose le chef de l’Etat. Et d’ailleurs la cinquième République elle est fondée sur cela. Elle est fondée sur un Président de la République qui incarne véritablement  l’Etat.

« Et je crois d’ailleurs que l’engouement des Française et des Français pour la personne de Brigitte Macron, elle se trouve aussi là-dedans, dans ce besoin d’incarnation de quelque chose qui nous dépasse. Je sais que c’est politiquement incorrect de dire cela, mais je crois que l’explication est quasiment freudienne, on est un peuple romanesque, romantique, et qui aime avoir un couple à sa tête. Et c’est la vérité que l’on observe. Il suffit de voir le nombre de courrier et la popularité de Brigitte Macron pour le comprendre. »

Invité suivant de France Culture : Régis Debray, philosophe et écrivain, figure de la vie intellectuelle française. Il revient sur les mutations de notre histoire politique qu’il a observées ces cinquantes dernières années – et ce à l’occasion de la sortie de son « Bilan de faillite » (Gallimard). Hauteur de vue avec quelques envolées lumineuses. Redoutable passage sur la « transcendance ». L’auditeur en vient à regretter que Marlène Schiappa ne soit plus là.

A demain

PS: les biographes à venir de Mme Schiappa retiendront que, selon Le Canard Enchaîné, cette dernière multiplie les compliments à l’égard de la Première dame. « Je suis très proche de Brigitte, on s’appelle souvent. Elle me soutient beaucoup. Elle me demande des conseils », raconterait ainsi la secrétaire d’Etat, ancienne mancelle.  Lors d’un récent déplacement au consulat de New York, elle aurait confié à quelques femmes autour d’elle : « Hier, Simone de Beauvoir, aujourd’hui Brigitte Macron ». Cette comparaison a été confirmée par l’entourage de la secrétaire d’État à Closer.

Marion Bartoli va mieux, elle est en Italie, au Palace Merano et aurait déjà repris un petit kilo

 

Bonjour

On l’avait laissée dans un état assez inquiétant. Elle disait « craindre pour sa vie ». On la retrouve dans un contexte assez peu rassurant. Le lead médiatique c’est la détox. Avec dynamique virale mi-santé, mi-sport, mi-people. On la retrouve sur Le Point, sur le HuffPost ou dans Closer (avec une photo peu rassurante). Détox et twittage à tous les étages. Pour les fans : « Déjà un kilo de gagné (…)  Je ne vous remercierai jamais assez pour tout votre amour. »

On se souvient du tableau. C’était le jeudi 7 juillet sur la chaîne britannique ITV.« J’ai peur pour ma vie, je crains qu’un jour mon cœur s’arrête »a-t-elle dit dans l’émission « This Morning ». « Ma vie est devenue un cauchemar (…) Je suis en train de dépérir et je ne sais pas pourquoi », confiait-elle. Tous les téléspectateurs avaient été frappés par son apparence chétive, son visage marqué, ses démentis quant aux  rumeurs d’anorexie. « Je ne m’inflige pas de souffrances à moi-même » assurait-elle. L’hypothèse diagnostique ? Elle disait  avoir « attrapé un virus », que les médecins ne savaient nommer. C’était en février après  trois longs trajets en avion entre l’Australie, l’Inde et New York.

 « Je ne peux plus pianoter sur les touches de mon téléphone portable sans utiliser de gants » disait-elle encore, évoquant des risques de « tachycardie ». Elle ne se lavait plus qu’à « l’eau minérale », elle ne portait plus de bijoux et qu’elle ne pouvait manger que des légumes bio. Pas de sucres, pas de sel, pas de gluten. « J’en suis réduite à manger des salades et des concombres sans la peau parce que mon corps ne la supporte pas. » « Ce sont des méthodes de survie. Je prie Dieu tous les jours pour revenir à une vie normale. »

5000 euros les cinq jours de détox

Dieu réside en Italie. Marion Bartoli l’a retrouvé au Palace Merano, (on appréciera la vidéo) un mille étoiles pour stars dévissantes, un nid où l’on se retrouve chez soi, la sérénité retrouvée et très cher payée (5.000 euros le cinq jours de détox). Nous sommes ici chez les marmottes, à mille lieux du Brexit, aux frontières du Liechtenstein ; A l’image des équivalents historiques suisses de Montreux c’est un espace plus ou moins mythique qui se nourrit des noms des célébrités qui y ont plus ou moins été traitées (quelques papes, Johnny Hallyday, Zinedine Zidane, Monica Belluci…). Aux fourneaux de la régénérescence : Henri Chenot, un catalan de 73 ans « biologiste diplômé en psychologie », versé dans la philosophie et la médecine chinoises, la bioénergétique et le naturopathique.

On entre généralement chez Merano pour en sortir plus léger. C’est l’inverse dans le cas qui nous occupe. « Pour Marion Bartoli, les équipes d’Henri Chenot – qu’elle remercie au passage sur Twitter – ont évidemment inversé les protocoles pour adapter un régime destiné à enrayer sa chute de poids et à lui faire prendre rapidement des kilos, avec succès, précise Le Point. Elle a également subi une transfusion sanguine, peut-être associée avec l’ozonothérapie, l’une des spécialités de la maison, qui permet d’oxygéner les cellules et de stimuler le système immunitaire en ajoutant un mélange d’oxygène et d’ozone dans le sang. »

Marion Bartoli, entrant dans le Palace Merano : « J’ai gagné Wimbledon, ce n’est pas un virus qui va m’abattre  ».  Quel virus ? Quelles balles ? Quelles raquettes ?

A demain

Suicide et scandale : «Oise hebdo» condamné à détruire les 20 000 exemplaires de son dernier numéro

Bonjour

C’est un symptôme. Le tribunal de Beauvais vient d’interdire la diffusion du dernier numéro de l’hebdomadaire Oise Hebdo. Ce journal régional parlait, dans sa dernière livraison, de la mort d’un ancien commerçant de Beauvais, mort après avoir été fauché par un camion dans les premiers jours du mois d’août. Publié mercredi 12 août, le journal cite des éléments de l’enquête menée par la gendarmerie locale.

Georges Simenon

« Ce qui est sûr, c’est qu’il ne s’agit pas d’un accident mais d’un suicide », indique le lieutenant-colonel Robert Clech dans les colonnes du journal. L’hebdomadaire donne également la parole à des témoins de la scène. Il évoque aussi des éléments biographiques concernant l’ancien commerçant : son état civil, son cursus scolaire, sa carrière professionnelle, sa vie familiale et conjugale. On imagine le malheur qu’aurait fait Simenon.

Deux membres de la famille de la victime  (sa mère et son ancienne compagne) assignent Oise Hebdo en procédure de référé d’urgence. Invoquant « une atteinte intolérable à leur vie privée », elles ont obtenu gain de cause : datée du 14 août, une ordonnance du tribunal de grande instance de Beauvais a jugé que l’article cause un « trouble manifeste illicite » par « la mise en exergue de divers éléments relatifs à l’intimité de la vie privée, non seulement du défunt, mais aussi et surtout de (…) son ancienne compagne ».

500 euros par infraction constatée

Le tribunal de Beauvais  condamne l’hebdomadaire à retirer de la vente les 20.000 exemplaires de son dernier numéro. Soit retirer de tous les points de vente son journal avant samedi 15 août, 18h. À défaut, la société éditrice devra acquitter une astreinte de 500 euros par heure de retard, ainsi qu’une peine d’amende de 500 euros par infraction constatée. Il y a près de 500 points de vente, avec des cafés, des boulangeries, des grandes surfaces…

L’affaire commence seulement à faire un certain bruit, comme vient de le rapporter, sur son site, Le Journal du Dimanche (Axel Roux) Il y a d’abord eu l’indignation de Vincent Gérard, fondateur et directeur du journal régional qui clame son indignation. Puis, à l’unisson, syndicat, juristes et spécialistes des médias dénoncent une condamnation qui porte atteinte à la liberté de la presse. Une décision « rarissime dans la presse » dénonce, dans un communiqué, le Syndicat National des Journalistes qui voit là une « atteinte grave à la liberté d’informer ».

L’ancien poissonnier

Le communiqué, exemplaire, du SNJ :

« « Ordonnons à la Société de Presse de l’Oise de cesser de diffuser et publier l’article intitulé « Cyrille Hodent, 41 ans, frappé par un camion mercredi. L’ancien poissonnier de la place des halles met fin à ses jours sur la RN 31″, paru dans l’hebdomadaire Oise Hebdo, daté du 12 août 2015 N•1119, sous quelque forme que ce soit et qu’elle que soit l’édition locale. »

Voici la stupéfiante décision rendue ce 14 août par le tribunal de Grande Instance de Beauvais. La procédure en référé était intentée par la famille pour assurer la protection de son image et de sa vie privée.  L’article paru dans Oise Hebdo concerne la mort d’un personnage bien connu dans la région. Une mort intervenue le 5 août dernier sur la RN 31 où cet homme a été frappé de plein fouet par un camion. Selon l’enquête des gendarmes, il s’agirait d’un suicide. L’article reprend sobrement ces divers éléments et dresse un portrait de l’ancien poissonnier. La dignité des personnes y a été préservée, comme il se doit.

Le Syndicat National des Journalistes (SNJ), première organisation de la profession, tient à s’élever contre cette décision de justice aussi brutale qu’injustifiée. Une décision rarissime dans la presse. Si le SNJ comprend la douleur d’une famille, il rappelle que le personnage décédé est très connu dans sa région et que les faits sont intervenus sur la voie publique, deux éléments qui donnent aux citoyens le droit d’être informés et, donc aux journalistes, le devoir d’informer. Le SNJ assure la rédaction de son soutien. La société de Presse de l’Oise, éditant Oise Hebdo  a décidé de faire appel de cette lourde et inexplicable condamnation. Très attentif à cette atteinte grave à la liberté d’Informer, le SNJ sera présent à Beauvais. »

« Nez pincés »

L’affaire arrivera devant la cour d’Appel d’Amiens le mercredi 19 août à 9 heures. « Logiquement, la cour d’appel devrait infirmer, estime Isabelle Béal, ancienne avocate et juriste spécialisée en droit des médias. Sinon ce serait un précédent très inquiétant pour l’ensemble de la presse. » Mme Béal regrette que certains médias se soient « pincé le nez » devant l’affaire, ne mesurant pas l’importance de la décision de justice et préférant revenir sur les unes à scandale de l’hebdomadaire. Voir ici quelques exemplaires de ces unes.

« Sur le moment, il n’y a eu aucun sursaut des médias nationaux. Alors que ça devrait être viscéral » estime Mme Béal.  Son avis est partagé par Patrick Eveno, historien des médias et président de l’Observatoire de la déontologie de l’information, Il estime que la presse devrait ici faire preuve de plus d’unité. On pourrait aussi parler de confraternité. Si la cour d’appel d’Amiens confirme la décision du tribunal de Beauvais il y aura renvoi devant la Cour de cassation, voire devant la Cour européenne des droits de l’homme.

Closer et Julie Gayet

« Ce sont des procédures longues et coûteuses. Il y aurait tout intérêt à ce que la presse soutienne ses confrères » observe M. Eveno.  « En matière de presse, la liberté est la règle » rappelle M. Eveno. Il estime que la décision du tribunal de Beauvais constitue un « excès de pouvoir ». « Imaginez, dit-il au JDD, c’est comme si François Hollande avait interdit de kiosque la célèbre une de Closer évoquant l’existence de Julie Gayet. » Précisément, on n’ose l’imaginer.

A demain

Qui écrira l’histoire de l’infortunée Valérie T. ?

Bonjour

Les journalistes ne résistent pas à certaines tentations. Les philosophes non plus. Ainsi Alain Finkielkraut, dans la dernière (et assez remarquable) livraison de ses Répliques radiophoniques consacrée à Madame Bovary – que l’on peut écouter ici. L’auteur écartelé de L’identité malheureuse (Stock) ne put se retenir de faire un parallèle entre le petit roman normand de Flaubert et le vaudeville de la présidence de la République. Parallèle rapide certes, mais parallèle signifiant de notre temps. Des scènes de la vie de province en résonance avec ce qu’est devenue la scène médiatique  et politique nationale. On dira, nouvelle antienne, que Finkielkraut « aime jouer avec le feu ». Comme si ce supposé plaisir faisait de lui un coupable. Ou un malade.

Dix-huit mots

Palais de l’Elysée ? Peu après l’émission de France Culture qui aidait à percer les mystères de Flaubert le président de la République téléphonait à l’AFP. Et François Hollande, envoyé spécial sur des terres douloureusement personnelles, dictait à la sténo  les dix-huit mots que la France attendait. Une page républicaine se tournait. Ce fut le samedi 25 janvier 2014 peu avant les écrans-plats du 20 heures.

François Hollande a annoncé,  à titre personnel, la «fin de sa vie commune» avec Valérie Trierweiler, 48 ans. C’était précisément deux semaines après le scoop imagé du magazine « people » Closer et la révélation de sa liaison présumée avec l’actrice Julie Gayet, 41 ans. Deux semaines après le « gros coup de blues » plus ou moins légitime qui s’en suivit (mémoire-blog), les cachets et l’hospitalisation de la Première Dame en neurologie et à La Pitié. Puis l’annonce de son séjour en la résidence élyséenne de La Lanterne.

La vie aujourd’hui

Closer et son « scoop de caniveau » (Le Parisien/Aujourd’hui en France) ? La mémoire des people est là : François Hollande avait confié à Gala (concurrent de Closer) : «Valérie est la femme de ma vie ». Puis les people nous disent qu’il se mordit les doigts, plus tard, de ne pas avoir ajouté «aujourd’hui» par égard à Ségolène Royal, 60 ans, son ex-compagne, et ex-candidate à la présidentielle, avec qui il a quatre enfants. Mais quelle est la valeur de « la femme de sa vie » si on l’ajoute « aujourd’hui » ?

Les gazettes de la Toile : « Peu avant 15 heure, signe de l’impatience des médias, les télévisions en continu ont diffusé les images de deux voitures quittant La Lanterne, sans que les occupants puissent être identifiés. L’une d’elle est arrivée quelques heures plus tard au domicile du couple Hollande-Trierweiler, dans le 15e arrondissement ».

Gala et Taj Mahal Palace

La Première Dame ne l’est plus mais le conte continue. Celle qui n’est plus fée a remercié le personnel du Château de l’Elysée avant de s’envoler pour Bombay. Elle y retrouvera la meute de ses confrères et consœurs journalistes qui la suivront dans son déplacement humanitaire pour soutenir l’ONG Action contre la Faim (ACF). Aucun conflit d’intérêt : prévu de longue date ce voyage est financé par des entreprises, partenaires privés de l’association. On enquête pour savoir lesquelles. Et si la classe sera encore la première ou, déjà, celle des affaires.

La Toile : « Mme Trierweiler doit visiter l’hôpital de cette ville, puis assister à une session de formation du personnel médical, puis à un déjeuner de levée de fonds avec des femmes de chefs d’entreprises locaux. Un dîner de charité est prévu à l’hôtel Taj Mahal ». Charité au Taj Mahal Palace ?  Dans les contes de fées aussi, on retrouve le diable dans  quelques détails. Une conférence de presse était inscrite de longue date au programme indien. « Valérie Trierweiler  pourrait n’y faire qu’une brève apparition et ne prendra pas forcément la parole » selon ACF à Paris. Nous verrons.

Paris Match et D8

L’avion n’est pas parti que le tarmac et les salons frétillent d’interrogations. On les retrouve à la sorte de la messe dominicale dans Le Parisien et dans Le Journal du Dimanche. Il y est notamment question d’argent et d’infortune. Celle qui fut un instant Première Dame a subi ici un « préjudice moral indéniable ». Il faudra une « compensation financière ». A quel titre ? Les juges et les avocats préfèrent encore se taire. A l’exception de Me Bernard Fau, spécialiste de droit civil. Et « un membre du Conseil d’Etat ». Ira-t-on devant un tribunal ?

Et à nouveau la mise en abyme : l’ex-Première Dame avait abandonné, du fait de l’Elysée, son émission sur la chaîne D8. Mais avait conservé, sur Paris-Match, sa chronique littéraire hebdomadaire et son salaire. Les journalistes s’interrogent : que va faire cette « concubine délaissée », « sans patrimoine personnel » et »mère de famille de trois enfants ». Beau casse-tête de droit  – à l’heure de la parité légalisée et de la fin du « bon père de famille » (mémoire-blog).

Marigot

Une journaliste peut-elle raconter sa propre tragédie quand celle-ci se tient sous les ors et dans les palais de la République ? Valérie T. osera-t-elle l’autofiction ? Sinon qui écrira pour elle ? Le hasard (ou la sérendipité) veut que tout ceci coïncide avec la dernière affaire qui agite le monde parisien de l’édition – affaire traitée dans Libération par Philippe Lançon que l’on peut lire ici. Où il est notamment question de la plongée de l’auteur Régis Jauffret dans « le marigot de l’affaire DSK ». Et où il est surtout question de l’appropriation par des auteurs de drames personnels portés sur la place publique via le journalisme ou via la justice (ou les deux). Corollaire : DSK et ses avocats vont-il poursuivre le Seuil en justice et tout ce qu’il en adviendra ?

Blanche Baleine

« Qu’ont-ils tous, avec Strauss-Kahn ? Depuis le 14 mai 2011, après avoir été celle de la presse, il est devenu la baleine blanche du roman, l’infernal et spermatique cétacé que des écrivains cherchent à harponner – comme si sa présence était un défi à leur métier, écrit Philippe Lançon qui sait ce qu’écrire peut dire. Moby Dick, mais aussi Everest : c’est à qui fera l’ascension imaginaire du Sofitel jusqu’à la suite 2806,  sans oxygène et le plus vite possible. Ce n’est pas simple : la voie est fréquentée. Chacun de nous, sur cette petite planète, a voyagé dans la chambre du Sofitel et imaginé la psychologie, voire l’âme des personnages. Même Dostoïevski aurait du mal à créer derrière ce tapis de fantasmes en indivision. C’est naturellement ça qui attire des romanciers. Ils se mesurent moins à la bête qu’à la légende nourrie par les images, les articles et les gens. »

Baleine ou Eldorado ? Déjà quatre fictions inspirées par les aventures-déboires de ce social-démocrate  que tout le monde donnait pour président de la République : Chaos brûlant (Seuil), de Stéphane Zagdanski ; Une matière inflammable (Stock), de Marc Weitzmann ; l’Enculé (auto-édité), de Marc-Edouard Nabe ; et Belle et bête (Stock), de Marcela Iacub – Mme Iacub : juriste et collaboratrice de Libération.

Virginité

Et puis, bon cinquième : La Ballade de Rikers Island, de Régis Jauffret (Seuil). « Rapide, nerveux, purement narratif, plaisant à lire et sans lendemain, il  conte l’histoire comme si elle n’avait jamais été contée ou fantasmée avant lui, écrit Lançon. Comme s’il pouvait et devait, par son état romanesque d’enfance, conduire le lecteur, sur l’affaire la plus saturée du monde, à la virginité. » Qui, sinon elle, écrira les souffrances de Valérie T. ? Y aura-t-il ici des suites judiciaires ? Du style  Emma et Flaubert ?

(A demain)

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Première Dame, scoop, caniveau, vérole et bas clergé

Bonjour à tous. Il faut se méfier comme de la peste des scoops de caniveau. Nul ne sait jusqu’où peut monter le niveau. Ouvrir les égouts est toujours une opération à haut risque. Ce scoop malodorant était évoqué avec les pincettes du bon goût par Le Parisien. C’était le 11 janvier dernier. Le quotidien populaire y consacrait « néanmoins sa Une (avec un superbe « Malaise »). Il mettait également les pincettes des guillemets au « scoop » de « Closer ».

« On aimerait croire que « Closer » n’a pas levé de tabou hier et que son scoop de caniveau restera isolé dans l’histoire  de la presse française » écrivait dans un éditorial Mathieu croissandeau (mcroissandeau@parisien.fr).

Rires gras

Une semaine  plus tard on voit ce qu’il en est. La presse française regarde la presse française. Le président dit à la presse qu’il ne poursuivra pas Closer. La presse internationale regarde la France et se gausse. Ce sont aussi des rires jaunes. La presse du haut du pavé, celle qui demeure, ne traite que des questions nobles : le vrai-faux statut de la Première Dame de France, la sécurité d’un président qui voyage de nuit en scooter dans la capitale, le respect dû (ou pas) à la « vie privée » du chef de l’Etat, les « deux corps du roi » de la Vème République. Quant aux news magazines ils s’en donnent à cœur joie. On entend, ici ou là, des rires gras.

La Pitié

Tous les médias rapportent que le président est allé rendre visite à la Première Dame toujours hospitalisée après son « gros coup de blues ». On avait évoqué le Val de Grâce. Ce serait en réalité plus près de la Seine, à La Pitié. Les soupers en ville, ceux qui restent, ne parlent plus que de cela. Ne parlons pas des réseaux sociaux. Sur les marchés la seule allusion  à un scooter fait rire. L’impayable Patrick Rambaud doit à nouveau découper ses canards et affûter ses plumes. Et ne parlons pas non plus des imitateurs qui n’en sont plus – ceux qui réincarnent  les bouffons et qui trônent sur les ondes radiophoniques et les écrans plats, télévisés ou pas.

Belle-Ile

La grande marée a suivi le scoop de caniveau. Pleine lune et vagues de quinze mètres sur la plage de Vazen à Belle-Ile. Nul ne connaît les horaires des marées basses. Ce sont des temps bien difficiles, comme indescriptibles. Ce sont des temps qui réclament de ces métaphores que la presse aime parfois à filer.  C’est ainsi que l’on entend déjà reparler de la vérole et du bas clergé.

Vertige

  Closer a déclenché une épidémie. Mais que l’on ne compte pas sur lui pour jouer le bouc-émissaire. Les lignes médiatiques bougent au point de donner le vertige. Arrêter un instant ? C’est possible.  Avec la souvent très remarquable émission « Le secret des sources » de Jean-Marc Four (France Culture).

Elle est aujourd’hui consacrée à  la presse et à la vie privée du président de la République française.  Sont invités Laurence Pieau, directrice de la rédaction du magazine Closer (par téléphone), Thierry Borsa, directeur des rédactions du Parisien, Thomas Hanke, correspondant à Paris du journal allemand Handelsblatt et Régis le Sommier, directeur adjoint de Paris-Match.

Trembler

C’est un abcès sans cesse reconstitué. On ne peut donc le vider. Mais au moins peut-on  tenter  de comprendre comment il s’est constitué. Que faire d’autre ?  Ecouter cette émission donc. Ici. Et notamment le canular des deux dernières minutes, du pur Orson Welles et les Martiens  (1938). Mais en 2014 et sur France Culture et avec la voix d’Antoine Mercier. C’est bien simple : c’est à trembler.

Aujourd’hui la question qui nous réunissait était : la presse est-elle allée trop loin ou pas assez ? A demain.