Respecter ou pas le secret médical: «Closer» Brigitte Macron et le Dr Laurent Alexandre

Bonjour

Buzz. « Brigitte Macron a été hospitalisée le 17 juillet dernier à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine, afin d’y subir une opération de chirurgie esthétique ». Selon les informations du magazine people Closer (informations disparues du site après avoir été reprises par de très nombreux médias dont CNews), la Première Dame a été prise en charge par un « éminent et médiatique chirurgien esthétique».

« Elle l’a d’abord rencontré le 16 juillet, et s’est entretenue avec lui pendant une heure. Le lendemain elle aurait été opérée pendant trois heures, sous anesthésie générale. Emmanuel Macron se serait rendu à son chevet. L’opération se serait déroulée sans difficultés et Brigitte Macron a pu quitter l’hôpital le jour-même. L’ancienne professeure de français de 66 ans a ensuite passé quelques jours de convalescence à la Lanterne, l’ancien pavillon de chasse situé à Versailles qui sert de résidence d’Etat.

« Depuis le 25 juillet, le couple Macron s’est installé au Fort de Brégançon, la demeure de villégiature estivale des présidents français. Ils s’y sont installés pour quelques jours de calme et de repos, près de la Méditerranée. Le Président doit y préparer le G7, qui se déroulera à Biarritz, du 24 au 26 août prochain. »

Triste buzz. Sur Tweeter, @dr_l_alexandre : « La chirurgie esthétique est un acte chirurgical et donc un acte médical protégé par le secret médical ! Révéler le dossier médical d’un Français… de Brigitte Macron ou de n’importe qui est une faute. Si on accepte, demain VOTRE CANCER pourra être public »

On se souvient de ces lignes, glanées dans le flots des tweets également signées @dr_l_alexandre : « Je ne suis pas jaloux de @GretaThunberg. J’aimerais pas (sic) avoir des TOC graves, une dépression infantile, un mutisme sélectif, un Asperger avec monoideation et des troubles alimentaires graves me conduisant à être minuscule! Je respecte l’enfant malade mais regrette sa manipulation »

Une fraction de la Toile s’indigna. Réponse du Dr Laurent Alexandre : « Je rappelle que ce sont les parents de @GretaThunberg qui ont révélé son dossier psychiatrique (pas moi). Et je pense que cela devrait être un délit de révéler le dossier médical de son enfant mineur ! Je trouve cela dégueulasse ! Signalez les parents de @GretaThunberg ».

Buzz. Triste et pauvre buzz.

A demain @jynau

Incroyable mais vrai : le gouvernement veut créer un Conseil de l’Ordre des journalistes

Bonjour

Grâce aux « fausses nouvelles » la novlangue d’Orwell a de formidables beaux jours devant elle 1. Le secrétaire d’Etat français au numérique, Cédric O, vient d’inviter les journalistes à s’organiser pour lutter contre la désinformation (sic) – faute de quoi c’est l’Etat qui s’en chargera.

« Cedric O » ? « Emmanuel Macron a choisi de promouvoir l’un de ses plus fidèles conseillers au poste de secrétaire d’Etat chargé du numérique, expliquait Le Monde (Cédric Pietralunga) en mars dernier. Agé de 36 ans, Cédric O travaille depuis longtemps dans l’ombre des politiques. Avec Stanislas Guerini, Ismaël Emelien ou encore Benjamin Griveaux, il fut l’un des jeunes animateurs de ce qu’on a appelé « la rue de la Planche », du nom du siège de campagne de Dominique Strauss-Kahn lors de la primaire socialiste de 2006. Après l’échec du cacique socialiste, Cédric O rejoint Pierre Moscovici, dont il devient le conseiller parlementaire en 2010. Deux ans plus tard, après la victoire de François Hollande à l’élection présidentielle, il suit le député du Doubs au ministère de l’économie. (…) Après le départ de M. Moscovici pour Bruxelles, Cédric O travaille chez le motoriste Safran, où il parfait sa connaissance de l’industrie. C’est naturellement qu’il donne un coup de main aux anciens de la rue de la Planche, lors du lancement de la campagne d’Emmanuel Macron pour l’élection présidentielle de 2017. Il devient le trésorier d’En marche ! et participe même à la commission d’investiture chargée de désigner les candidats du mouvement pour les législatives. »

« Le choix de Cédric O comme secrétaire d’Etat au numérique n’a pour autant rien d’incongru : conseiller chargé des participations publiques et de l’économie numérique d’Emmanuel Macron, c’est lui qui était chargé de suivre les dossiers liés aux entreprises du Web, poursuivait Le Monde. On lui doit aussi la préparation du sommet Tech for Good, en mai 2018, lors duquel Mark Zuckerberg, le patron et fondateur de Facebook, ou Satya Nadella, le PDG de Microsoft, avaient été reçus par le chef de l’Etat. ’Cette nomination est une forme de continuité de l’action menée depuis 2017 puisque je suivais les dossiers du numérique à l’Elysée’’ a réagi Cédric O dimanche soir auprès de l’AFP. »

Trois mois plus tard, Cedric O « détaille sa vision » dans une interview accordée mardi 25 juin à l’agence de presse Reuters :

 « Je considère qu’il doit y avoir un Conseil de l’Ordre des journalistes, des journalistes entre eux, qui prennent des décisions et qui disent à l’Etat : Vous devez retirer l’agrément de tel ou tel canard, mettre des avertissements.” »

Une vieille histoire que ce Conseil de l’Ordre des journalistes – comme il en est un des médecins créé, on s’en souvient, dans la douleur. Un rapport commandé par le gouvernement prône la création d’un Conseil de déontologie qui « serait toutefois dépourvu de pouvoir de sanction » (re-sic). Il propose que, face à un contenu journalistique qu’il juge critiquable, un citoyen ait un autre recours que la saisine du juge ou de l’éditeur. Ce document propose aussi qu’en cas de manquement éthique ou déontologique, le même Conseil puisse émettre « des avis qui pourraient être rendus publics ».

Nouvelle traduction de 1984

Cédric O considère que des médias comme Russia Today (RT) ou l’agence Sputnik, qui sont sous influence russe, fragilisent volontairement la démocratie « pour aboutir à l’arrivée au pouvoir de tel ou tel parti politique ». « Et cela marche. Aujourd’hui, sur YouTube, la chaîne qui a le plus de visibilité ce n’est pas BFM, ce n’est pas CNews, c’est RT, affirme le secrétaire d’Etat.  Les “gilets jaunes” ne s’informent que par RT. « Moi, je considère qu’il y a un risque monstrueux. Et donc il y a une obligation de résultats de la société. C’est aux journalistes de le faire, ce n’est pas à l’Etat de le faire. S’ils ne le font pas, ce sera l’Etat qui le fera, au bout du bout. »

Novlangue. Aux yeux de Cédric O, il ne revient pas à l’exécutif de sanctionner les médias diffusant de fausses nouvelles. « Mais à un moment, devant la menace contre la démocratie, on le fera. Ce sera le CSA [Conseil supérieur de l’audiovisuel] ou une autorité indépendante qui va décider ce qu’est une infox ou pas. » Novlangue. Big Brother et police de la pensée.

A demain @jynau

1 A lire, dans le dernier Monde Diplomatique (juillet 2019): « L’art de détourner Georges Orwell » de Thierry Discepelo, fondateur des éditions Argone qui annoncent la parution en France d’une nouvelle et très attendue nouvelle traduction (Celia Izoard) de 1984 (lire ici un entretien avec la traductrice).

31 mai 2019 : Agnès Buzyn saura-t-elle avant 2022 que la cigarette électronique existe ?

Bonjour

Nous sommes le 31 mai 2019 et, pour les médias, c’est la « Journée mondiale sans tabac organisée par l’OMS ». Objectif : lutter coûte que coûte contre le tabagisme ; user, quoi qu’il en coûte du formidable levier qu’est le concept appliqué de la « Réduction des Risques ». Or enferrée dans son déni obscurantiste et sa bureaucratie onusienne l’OMS s’obstine à ne pas reconnaître que le vapotage est, à ce titre, un puissant outil de lutte contre le tabagisme. L’éléphantesque OMS n’est pas la seule à ne rien saisir de la Révolution des Volutes, à confondre fumée et vapeur d’eau, à ne voir d’issue que dans le sevrage absolu et définitif.

En France le pouvoir exécutif est, depuis dix ans déjà, prisonnier des mêmes rêts idéologiques. Après un maigre espoir signé du Directeur Général de Santé Publique France voici qu’Agnès Buzyn referme le couvercle. Interrogée le 29 mai, avec la plus grande déférence, par le député macroniste (Aisne) Marc Delatte quant aux suites de la politique gouvernementale de lutte contre le tabac, la ministre précise les raisons (selon elle) de la baisse officiellement annoncée du nombre des fumeurs ces deux dernières années (vidéo de l’Assemblée nationale) :

« C’est le fruit d’une politique volontariste qui a commencé par le paquet neutre, l’augmentation du prix du tabac, l’augmentation du nombre de lieux « sans tabac » et le remboursement des substituts nicotiniques. Malheureusement, vous avez raison, il nous reste encore beaucoup à faire. »

Le ban est fermé. Au même instant ou presque, sur CNews, Philippe Coy, le patron des buralistes français :

« La baisse des volumes tabac dans notre réseau est due aussi à un transfert d’une partie de nos clients vers le vapotage, on le voit bien dans notre activité quotidienne. Désormais, le réseau des buralistes est impliqué dans la vente des produits du vapotage à nos clients fumeurs qui veulent sortir du tabac traditionnel. »

Nous sommes le 31 mai. Le 14 octobre prochain, à Paris – l’association SOVAPE et ses partenaires organiseront le 3e Sommet de la vape. Ils souhaitent « faire évoluer les regards sur le vapotage : décideurs, médias, acteurs de santé » et lancent un « appel au don ». On se souvient de la présence novatrice, à cette manifestation, de l’ancien Directeur Général de la Santé (Benoît Vallet). Les organisateurs ont-ils, cette fois, songé à inviter la ministre des Solidarités et de la Santé ?

A demain

@jynau

«Bêtises» d’Emmanuel Macron et «fake news» de Donald Trump : de quoi sont-elles le nom ?

Bonjour

Le pouvoir, généralement, n’aime guère la presse qui ne la flatte pas. Une détestation proportionnelle au degré de puissance. Ainsi, à l’aube, une information de l’AFP. Arthur Gregg Sulzberger, 37 ans et directeur du New York Times a déclaré, dimanche 29 juillet, avoir vigoureusement mis en garde Donald Trump sur ses attaques répétées contre la presse lors d’une rencontre à la Maison Blanche. Il qualifie notamment le discours du président américain sur les « fake news » de « dangereux et nuisible ».

C’est M. Trump lui-même qui avait révélé, un peu plus tôt, dans un tweet, avoir discuté de « fausses informations » avec M. Sulzberger. On sait  que Donald Trump qualifie régulièrement de « fake news » (fausses informations) les médias généralistes américains – du moins ceux qui se montrent très critiques sur sa présidence et sur sa personne. « Ce tweet a conduit M. Sulzberger à publier un communiqué sur cette rencontre, qui était supposée rester confidentielle, comme toutes les réunions que les dirigeants des grands médias américains ont régulièrement avec les responsables du gouvernement » précise l’AFP.

 « Mon objectif principal en acceptant cette rencontre était de soulever mes inquiétudes au sujet de la rhétorique anti-presse extrêmement troublante du président, a expliqué celui qui a succédé début 2018 à son père, Arthur Ochs Sulzberger, comme directeur de la publication du Times. J’ai dit franchement au président que je pensais que son discours n’était pas seulement facteur de division mais qu’il était de plus en plus dangereux. »

« Je lui ai dit que bien que l’expression “fake news” soit fausse et nuisible, j’étais beaucoup plus préoccupé par sa façon de caractériser les journalistes comme des “ennemis du peuple”. »

« Je l’ai prévenu que ce langage incendiaire contribuait à une augmentation des menaces contre les journalistes et allait inciter à la violence. C’est particulièrement vrai à l’étranger. La rhétorique du président est utilisée par certains régimes pour justifier des répressions d’ampleur contre les journalistes. »

 « Je l’ai imploré de revenir sur ses vastes attaques contre le journalisme, que je pense être dangereuses et nuisibles pour notre pays. »

Et l’AFP de rappeler que les « diatribes » contre la presse font partie du « cocktail idéologique » de Donald Trump, qui cherche à décrire des élites, dont la presse, éloignées des préoccupations du pays.

Pendant ce temps, en France

Le 25 juillet, en déplacement à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), Emmanuel Macron s’est exprimé pour la première fois devant les journalistes au sujet de l’affaire Benalla. Le président de la République a accusé les médias d’avoir « dit beaucoup de bêtises » sur cette affaire. « Vous avez dit ces derniers jours beaucoup de bêtises sur soi-disant des salaires, des avantages. Tout cela était faux », a déclaré le chef de l’État à deux journalistes, l’un de BFMTV, l’autre de CNEWS.  « Je ne vais pas chercher des fusibles parce que vous avez envie de voir du sang et des larmes dans le tournant de l’été », leur a-t-il encore lancé.

La veille, face aux parlementaires de son parti, le président de la République avait déclaré, dans une anaphore :

‘’Alexandre Benalla n’a jamais détenu de codes nucléaires. Alexandre Benalla n’a jamais occupé un 300 m2 à l’Alma. Alexandre Benalla n’a jamais gagné 10 000 €. Alexandre Benalla, lui non plus, n’a jamais été mon amant. Alexandre Benalla, quoique bagagiste d’un jour, n’a jamais eu ces fonctions dans la durée’’.

La part du vrai, la part du faux ? « Prenons Emmanuel Macron au mot. Tous ces faits n’ont pourtant pas été relayés par les médias traditionnels, souligne, fort justement Le Parisien (Nicolas Berrod). Emmanuel Macron évoque ici, sur un pied d’égalité, des contenus parodiques, des informations contestées par l’Elysée, des faits avérés et des rumeurs de caniveau », soulignait le Monde . Qu’en est-il réellement ? » Et Le Parisien de faire, à son tour le décryptage de la parole présidentielle, qu’il s’agisse de ses contenus parodiques ou des rumeurs infondées. Sans oublier les nombreux éléments concernant Alexandre Benalla qui ont été révélés par plusieurs médias avant d’être confirmés… par le palais de l’Elysée.

Excès et suffisance

Quant à Libération, il règle linguistiquement l’affaire dans un édito réunissant Alexandre Benalla et Emannuel Macron : (Jonathan Bouchet-Petersen) :

«  Pour tacler le travail du «pouvoir médiatique» sur l’affaire Benalla – ce qu’il fait dès qu’il en a l’occasion (…) , Emmanuel Macron a affirmé que les journalistes avaient raconté beaucoup de «bêtises». Autrement appelées «fadaises» dans la langue un peu surannée dont le chef de l’Etat use aussi naturellement que la novlangue managériale d’anglicismes. On notera que, parmi les «bêtises» que la presse aurait diffusées ces derniers jours – Macron prenant un malin plaisir à mélanger fake news virales et articles journalistiques -, bien des informations auraient été plus précises si l’Elysée avait réellement privilégié la transparence à l’opacité.

 Chez Alexandre Benalla, le terme «bêtise» vient euphémiser, dans l’interview fleuve qu’il a accordée au Monde, ses actes du 1er Mai. Dans ce cas-là, bêtise signifie «action ou parole sotte ou maladroite», quand Macron convoque, lui, une autre définition : un «manque d’intelligence et de jugement». Dans les deux cas, le terme est inapproprié. Excessif chez Macron, insuffisant chez Benalla. »

 De l’excès à la suffisance. Où l’on perçoit que, tout bien pesé, la langue française demeure plus riche que la novlangue ( le néoparler) qui, outre Atlantique, ne cesse de gagner du terrain.

A demain

 

 

Hausse du tabac : Agnès Buzyn suggère aux fumeurs d’augmenter leur pouvoir d’achat  

Bonjour

Demain, 1er mars, le prix du tabac, comme prévu, augmentera. Et la ministre des Solidarités et de la Santé vante une nouvelle fois les mérites de cette politique voulue par le président de la République. Interrogée par l’inoxydable Jean-Pierre Elkabbach sur CNews Agnès Buzyn élargit  toutefois la palette de son argumentaire.

Empruntant à la raison et au panier de la ménagère elle espère que cette hausse provoquera une « prise de conscience » chez les fumeurs. Qu’attend-elle de cette augmentation ?

« Une prise de conscience de ceux qui fument …  que ça représente un budget non négligeable … et qu’à une période où tout le monde a envie d’augmenter son pouvoir d’achat, peut-être que cette somme-là …. [pourrait être dépensée autrement]…

« Huit euros, je pense que ça commence à impacter considérablement … un pouvoir d’achat…  il est important de savoir qu’à la fin de l’année plusieurs milliers d’euros qui sont mis dans les cigarettes. Et puis, ça a un coût sociétal immense avec 73 000 morts par an, et un coût pour la Sécurité sociale de 20 milliards d’euros chaque année, et des vies et des familles brisées. »

Pourquoi, dès lors, ne pas aller plus vite et augmenter d’un coup bien au-delà d’un euro ?

« Encore plus … ? Vous savez, la ville de New-York a passé le paquet de tabac de 10 dollars à 13 dollars en un seul jour l’année dernière….. On a été plus prudent (sic) » 1.

 La souffrance du manque

Deux points, ici, s’imposent. Le premier est qu’Agnès Buzyn fait l’impasse sur l’une des caractéristiques fondamentale de l’addiction : l’effacement de la raison raisonnante face au craving et à la souffrance du manque. En d’autres termes le prix est, pour le tabac, loin d’être le levier qu’il serait dans d’autres secteurs du commerce. La ministre des Solidarités et de la Santé omet ici de rappeler que les fumeurs sont des malades de l’addiction avant d’être des consommateurs.

Le second point est que les buralistes sont loin, en France, d’être les seuls marchands de tabac. Ces buralistes estiment quant à eux que ce  « calendrier fiscal » va entraîner un choc économique fort pour leur réseau. Ils prévoient notamment que les fumeurs seront à la recherche du meilleur prix avec, corollaire, une aggravation du marché parallèle sous toutes ses formes – marché qui pèse selon eux déjà un quart de la consommation totale.

« Certains fumeurs tenteront d’arrêter ou de modifier leur consommation, ajoutent-ils. Ils se tourneront vers leur buraliste pour trouver des solutions moins onéreuses et moins nocives : le vapotage et les produits alternatifs. »

De ce point de vue comment ne pas dénoncer la situation invraisemblable qui voit les personnes malades de leur addiction tabagique devoir payer de leur poche les substituts nicotiniques, substituts qui pourraient les aider à abandonner le tabac. A quel titre leur imposer de réduire ainsi leur pouvoir d’achat ?

A demain

1 Précision. En août 2017 la municipalité de New York a pris une série de mesures drastiques de lutte contre le tabagisme. Parmi elles le passage du prix minimum du paquet de cigarettes à 13 dollars, contre 10,5 dollars jusqu’alors. Objectif : poursuivre la baisse du nombre de fumeurs enregistrée depuis 2002. On estime aujourd’hui leur nombre à environ 900.000 sur 8,5 millions d’habitants.

Tabac à 10 euros le paquet : la ministre de la Santé semble ne pas savoir sur quel pied danser

Bonjour

C’est un ballet qui finira bientôt par lasser. Où il apparaît qu’il est finalement plus facile pour l’exécutif de modifier le code du travail que d’augmenter le prix du tabac. Résumé des deux derniers entrechats :

 1 Le compte-rendu du conseil des ministres du mercredi 30 août comporte une communication sur « la stratégie de prévention en santé » faite par Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé. On peut y lire ceci :

« L’état de santé des Français est globalement bon, avec une espérance de vie à la naissance de 82,3 ans en moyenne. Elle est parmi les meilleures dans le monde. Mais la situation ne peut pour autant être considérée comme satisfaisante. Tous les ans, nombre de morts [prématurées] pourraient être évitées. Chaque année, le tabagisme est responsable de 73 000 décès et la consommation excessive d’alcool de 49 000. En 2020, la France devrait compter 548 000 personnes atteintes d’une pathologie chronique de plus qu’en 2015.

« C’est la raison pour laquelle la prévention est l’une des priorités du gouvernement, comme l’illustrent les mesures déjà annoncées relatives à l’augmentation du prix du tabac et à l’extension des obligations vaccinales pour les jeunes enfants. La prévention et la promotion de la santé seront également un axe central de la nouvelle stratégie nationale de santé élaborée d’ici la fin de l’année. 

« Les principaux objectifs portent sur la promotion d’une alimentation saine et de l’activité physique, la prévention des maladies infectieuses, la lutte contre les conduites addictives, la promotion de la santé mentale, d’un environnement et de conditions de travail favorables à la santé, l’amélioration du dépistage et la prévention de la perte d’autonomie. Une attention particulière sera apportée aux enfants et aux jeunes. »

2 Les propos tenus par Agnès Buzyn sur CNews au lendemain du conseil des ministres La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, est notamment revenue sur son souhait de parvenir à un prix « symbolique » (mot prononcé en surlignant avec les guillemets formés avec les doigts des deux mains) de 10 euros. Et y parvenir d’ici trois ans.

« L’objectif est d’atteindre un paquet à dix euros d’ici 2020, a ainsi rappelé Mme Buzyn. Mais nous n’allons pas le faire d’un coup car je veux que les Français aient le temps de se préparer à arrêter. Ce qui compte pour que les gens arrêtent de fumer, c’est que les hausses soient importantes. ».

 « Se préparer à arrêter » ? Combien de temps faut-il pour se préparer à un sevrage dont on connaît (ou pressent) ce qu’il coûte de de manques et de souffrances ? Aller vite et fort mais en même temps sans trop se presser… Mme Buzyn a également souhaité « un plan global » pour « aider les buralistes et éviter la fraude ». « Si nous ne faisons pas un plan global », la hausse du paquet de cigarettes « ne servira à rien », a-t-elle mis en garde.

Symbolique des chiffres

Elle a aussi plaidé pour « une harmonisation des prix » des cigarettes au niveau européen.

Où l’on retrouve, chiffre « symbolique » mis à part, les mêmes atermoiements que ceux d’un passé récent 1 : la marge plus qu’étroite de liberté laissée à la ministre de la Santé (qui souhaite mais ne décide pas), l’ombre gigantesque de Bercy, la peur des réactions des buralistes, le renvoi récurrent vers une indispensable harmonisation européenne qui ne viendra pas, un marché parallèle du tabac considéré par l’exécutif comme une fatalité….

Sans oublier le refus, par l’exécutif, de considérer que le soutien actif à la cigarette électronique pourrait être un puissant levier pour lutter contre la « principale cause de mortalité prématurée ».

A demain

1 Sur ce thème : « Mourir du tabac en France, sous Macron comme sous Hollande » Slate.fr 28 août 2017