Christophe Castaner a-t-il commis un attentat véritable contre la langue française ?

Bonjour

C’est la polémique du jour : Christophe Castanet, ancien socialiste aujourd’hui ministre contesté de l’Intérieur est cloué au pilori des puristes politiques. Ces derniers (ils sont souvent loin du centre) l’accusent d’avoir usé du mot « attentat » pour qualifier les dégradations dont sont l’objet un nombre croissant de locaux servant de « permanences » à des élus du parti macroniste. Jusqu’ici le terme « saccage » prévalait.

« En déplacement à Perpignan le 31 juillet, Christophe Castaner a préféré parler d’’’attentat’’,  rapporte Le Figaro (Loris Boichot). En marge d’une manifestation des «gilets jaunes» dans la ville des Pyrénées-Orientales, six hommes cagoulés, vêtus de noir, avaient alors transpercé, à coups de raquette de tennis et de marteau, les vitres du local du député LREM Romain Grau. dans lequel se trouvait l’élu. L’un d’entre eux avait déversé de l’essence sur une chaise, avant d’y mettre le feu et de s’enfuir. Aucune interpellation n’a eu lieu à ce stade. »

«Le principe de l’attentat, c’est de préparer l’acte, s’est justifié Christophe Castaner devant les caméras. Là, on a des gens qui sont venus avec des bidons d’essence. Ils s’étaient équipés et ont tenté notamment d’attenter à la vie d’un parlementaire présent dans la permanence». Selon L’Indépendant, le ministre de l’Intérieur a aussi apporté son «soutien à toutes les autres victimes d’attentats tels que celui qui a été commis samedi dernier. Et ce, quelle que soit leur couleur politique». Une allusion aux plus de soixante-dix actes malveillants commis contre les députés de tous bords depuis juin 2017 –  et particulièrement pendant le mouvement des Gilets Jaunes.

Au sein du Rassemblement national (RN), le mot «attentat» est considéré comme un abus de langage. «Ce ne sont pas des attentats. (…) On voit bien [que Christophe Castaner] essaie de justifier lui-même un mot qui résonne autrement dans l’imaginaire collectif», a affirmé jeudi le porte-parole du parti lepéniste, Sébastien Chenu, sur RMC/BFMTV. Et M. Chenu, néanmoins, d’assurer «condamner» ces actes. Mêmes critiques dans les rangs de la gauche de la gauche. Pour le communiste Ian Brossat, impossible d’«[assimiler] une vitre de permanence cassée à un attentat». La fédération rennaise du parti de Jean-Luc Mélenchon, de son côté, voit dans l’emploi de ce terme l’«injonction émotionnelle disproportionnée d’un pouvoir répressif et autoritaire».

Où l’on en vient à se poser la question de la définition du terme. La « préméditation » justifie-t-elle la qualification ?

Mélenchon, Robespierre et Mme de Staël

Si l’on en reste à l’essentiel, avec le CNRTL, l’attentat est une « entreprise criminelle perpétrée contre une personne ou contre une communauté, et particulièrement dans un contexte politique » . Christophe Castaner, ancien socialiste devenu macroniste appréciera comme il se doit ces deux citations :

1 « Vers ce temps, un homme, auquel il faut épargner son nom, proposa de brûler vifs ceux qui seraient convaincus d’un attentat contre la vie du premier consul. » Mmede Staël, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr.,t. 2, 1817, p. 38.

2. « Quelle paix peut exister entre l’oppresseur et l’opprimé? Quelle concorde peut régner où la liberté des suffrages n’est pas même respectée? Toute manière de la violer est un attentat contre la nation. » Robespierre, Discours,Sur la guerre, t. 8, 1792, p. 198.

Mais nous sommes sous la Vème et il nous faut nous pencher sur le  code pénal (article 412-1) : « Constitue un attentat le fait de commettre un ou plusieurs actes de violence de nature à mettre en péril les institutions de la République ou à porter atteinte à l’intégrité du territoire national ». L’attentat y est alors est puni de trente ans de détention criminelle et de 450 000 euros d’amende. Et les peines sont portées à la détention criminelle à perpétuité et à 750 000 euros d’amende lorsque l’attentat est commis par une personne dépositaire de l’autorité publique.

Le débat soulevé est donc le suivant: le saccage/attentat de la permanence d’un député relève-t-il de la «mise en péril des institutions de la République» ? La justice, aveugle, appréciera.

A demain

Jactance et Gilets Jaunes : voici soudain venu, pour le pouvoir, le temps du renoncement

Bonjour

Une maille à l’envers. Une maille à l’envers. Poursuite du détricotage. Jusqu’à quels lambeaux ? Edouard Philippe, Premier ministre, devant le Sénat, le 6 décembre 2018

« Les tensions nous ont conduit à la conclusion qu’aucune taxe ne méritait de mettre en danger la paix civile. Comme je l’ai dit hier à l’Assemblée nationale, nous avons décidé avec le président de la République de renoncer aux mesures fiscales concernant le prix des carburants et le prix de l’énergie qui devaient entrer en vigueur le 1er janvier 2019. Le Sénat ayant voté la suppression de la hausse des taxes [sur le carburant] dans le budget 2019, elles ne seront pas réintroduites. »

Et déjà les médias de jaser sur l’usage de ce douloureux verbe du groupe premier.

« Renoncer » : Cesser de revendiquer, de faire valoir la possession ou la jouissance de, abandonner son droit sur.

Accepter que quelque chose ne se fasse pas, n’ait pas lieu, n’existe plus. Se résigner à ne pas faire ce que l’on projetait ou espérait. Ne plus espérer, ne plus compter sur.

« Renoncer à » Cesser de vouloir, de prétendre à. Abandonner volontairement ce que l’on a. Ne plus se faire le défenseur de ce que l’on pense, de ce que l’on croit, de ce à quoi l’on tient. Exclure de sa vie ce à quoi l’on est attaché. Cesser volontairement de poursuivre un effort.

 Fins lettrés le président de la République et le Premier ministre apprécieront :

« Si elle [la révolutionne renonce pas à ses principes faux pour retourner aux sources de la révolte, elle signifie seulement le maintien (…) d’une dictature totale sur des centaines de millions d’hommes » (Camus, Homme rév., 1951, p. 290).

 « Les autorités françaises qui (…) ont renoncé à la guerre et empêchent ceux qui dépendent d’elles d’y participer, sont dans l’erreur et hors du devoir » (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 674).

A demain

@jynau

 

Jactance et Gilets Jaunes : annulation du moratorium, pas de détricotage, zéro entourloupe

Bonjour

Les crises politiques voient émerger des mots généralement inusités sous les ors et dans les médias. C’est tout particulièrement vrai avec celle des Gilets Jaunes, une crise violente qui soulève également des difficultés linguistiques comme le rapporte Slate.fr 1. Une crise qui voit le pouvoir exécutif ne plus savoir comment dire ce qu’il entend peut-être faire.

5 décembre 2018. Après la suspension des taxes et la mise en place d’un « moratoire » justifié et développé par le Premier ministre voici que la foudre est venue, à la nuit tombée, des horloges du Palais de l’Elysée : le moratorium n’est plus vive l’annulation des taxes programmées pour janvier.

« Annulation » : Action d’annuler, de s’annuler; résultat de cette action. Annulation de mariage; cas d’annulation; demander l’annulationDroit d’annulation, recours en annulation, demande en annulation, procédure d’annulation; annulation des actes, des délibérations, des élections, des contrats, d’un testament.

« Un des résultats les plus considérables de cette annulation de l’autorité royale par des causes pourtant presque opposées, c’est que la loi salique devient inutile ». Hugo, Le Rhin,1842, p. 448.

La psychanalyse parle aussi d’annulation rétro-active.  « Défense caractérisant notamment la névrose obsessionnelle par laquelle une action est accomplie pour abolir magiquement une action antérieure. »  (Piéron 1963).

Tricoteuses

Le 5 décembre 2018 vit aussi réémerger « détricoter »  dans un pays où les femmes ne tricotent plus guère. Dans le champ politique ce verbe avait notamment été utilisé par Marisol Touraine quand, quoique ministre de la Santé de François Hollande, elle n’avait rien pu faire contre le détricotage d’une partie alcoolique de la loi Evin.

Emmanuel Macron, s’est ainsi opposé au cours du conseil des ministres, à tout rétablissement de l’Impôt sur la fortune (ISF), a rapporté l’Elysée, confirmant une information des Echos. « Nous ne détricoterons rien de ce qui a été fait depuis dix-huit mois », a déclaré le chef de l’Etat.

« Détricoter » : Défaire les mailles d’un tricot. Familier. Défaire point par point ce qui avait été soigneusement élaboré : Détricoter une loi. Peut aussi, dans l’inconscient collectif français, renvoyer aux heures sombres des formidables « Tricoteuses »;

 A cette occasion le chef de l’Etat a « recadré » la très imprudente Marlène Schiappa qui, benoîtement, pensait pouvoir exprimer une opinion contraire à la sienne. « Recadrer » : rappeler à l’ordre après un comportement ou des propos jugés  inappropriés. Remettre dans le droit chemin.

Jactance et bobards

Et puis, après la peu banale jactance républicaine, l’émergence d’ « entourloupe ».

Les augmentations de taxes sur les carburants sont « annulées pour l’année 2019 », a confirmé le ministre de la Transition écologique François de Rugy sur BFMTV lors d’un ahurissant  débat (« Sortir de la crise ») avec quatre gilets jaunes. En ces termes : « Comme ça il n’y a pas d’entourloupe. Le président [de la République française] je l’ai eu au téléphone il y a quelques minutes. Il m’a dit: ‘’les gens ont eu l’impression qu’il y avait une entourloupe, qu’on leur disait c’est une suspension mais hop ça reviendra après' » ».

« Entourloupe » : Plaisanterie, mauvais tour, destiné à prendre avantage sur quelqu’un.  Synon. fam. crasse. « Alors, ils se montaient des bobards, des entourloupes monumentales, ils rêvaient tous de réussites, de carambouilles formidables… » (Céline, Mort à crédit,1936 p. 342)

Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, sur France Inter, à l’aube du 6 décembre : « Si nous ne réformons pas, le pays est foutu ».

A demain

@jyanu

1 « Le défi posé aux médias par les ‘’gilets jaunes’’ est aussi linguistique »  Thomas Deslogis Slate.fr 5 décembre 2018

A lire aussi: «  La crise des ‘’gilets jaunes’’ révèle l’histoire d’une France qui disparaît » Daniel Behar Slate.fr 5 décembre 2018

 

 

Vanité et suffisance : « jactance » pourrait-elle être une définition du macronisme ?

Bonjour

5 décembre 2018. Moratoire ou pas, reddition ou non, la colère nationale, le stress collectif, ne retombent pas. Tensions et jeu de boules à l’Assemblée nationale. Avec l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon : « On ne peut être l’ami des riches et, en même temps, du genre humain ». Avec un Christian Jacob plus vif que jamais – le président du groupe Les Républicains osant se mot : « le macronisme 1 est une jactance » :

« Le macronisme est une jactance : on parle beaucoup, personne ne comprend rien, c’est souvent le but recherché. Ça donne des motifs de colère. Derrière une communication qui a pu donner l’illusion, vous n’avez engagé aucune réforme. Tout l’effort repose sur les Français. (…) Votre méthode repose sur le mépris. »

« Jactance » :  Littér. Attitude arrogante d’une personne imbue d’elle-même, qui cherche à se faire valoir par un ton et des propos suffisants. Synon. outrecuidance, vanité, vantardise; anton. bonhomie, modestie. Homme, discours plein de jactance; air, ton, trait de jactance; rabaisser la jactance de qqn.

«  C’est un défaut des Français, quand ils parlent d’eux-mêmes, de passer d’une jactance irritante à une sorte d’humilité désespérée (Mauriac, Bâillon dén.,1945, p. 416). »

« La jactance fait que beaucoup présument de leurs forces, jusqu’au point de prendre leurs conceptions personnelles pour mesure de toutes choses; (…) rêvent tout haut, et s’en vont philosophant par des sentiers téméraires que chacun se fraie à son gré, s’isolant pour être vuOzanamPhilos. Dante,1838, p. 104. »

On peut aussi utiliser « jactancieux » ou « jactancieuse »: « Je laisse le malheureux de Flers payer sa fermeté trop froide du prix de sa tête, et un autre général en chef, Barbantane, jactancieux et incapable, le remplacer (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 57). »

 A demain

@jynau

1 Macronisme : ensemble des doctrines défendues par Emmanuel Macron ; adhésion à celles-ci.

«Populace» et «décérébrés», venez écouter Michel Onfray. C’est 40 euros pour une année

 

Bonjour

Qui ne connaît Michel Onfray (le philosophe), né un 1er janvier dans l’Orne ? Omniprésent sur les ondes et dans les kiosques, dans les journaux et dans le monde. Libertaire devenu prêcheur. Pédagogue parfois pontifiant, auto-centré. Souvent mal compris, comme éternellement aigri.

Voici son site (officiel) : https://michelonfray.com/. S’inspirant (aujourd’hui et notamment) de Gilles Deleuze et lance sa propre « web TV » personnelle. Il ne veut plus être le « clown de service », fait une croix sur les philosophes qui vont se faire taper dans les médias. Fin de la guillotine médiatique.  Il le dit dans les médias.

Conférences pharmaceutiques

Nous le retrouvons aujourd’hui en majesté dans La Nouvelle République du Centre Ouest (propos recueillis par Philippe Minard, ALP). Existe-t-il un conseil de l’Ordre des philosophes ? Si oui le voilà pris en fragrant délit de manquement à la confraternité. Extrait-[interactif] :

« Le philosophe n’existe pas, il existe des philosophes. Certains se font payer très cher par des laboratoires de pharmacie des conférences où ils enfilent des perles mondaines en citant Spinoza ou Hegel [un nom ?]; d’autres distribuent leur savoir lors de croisières semble-t-il très bien payées [trois noms ?] ou dans des principautés pour amuser des princesses [une suggestion ?]; d’autres invitent des chefs d’Etat à bombarder des populations innocentes au nom des droits de l’homme [trop facile…]; d’autres encore s’étranglent quand on leur fait savoir que ceci explique peut-être cela [trop compliqué…]»

Michel Onfray dénonce la « débilité » de certaines émissions TV (tout le monde se souvient de ses piques sur  Cyril Hanouna). Ces émissions contribueraient selon lui  à une « radicalisation des jeunes ». Extrait :

« Les médias de masse ont transformé le peuple qui, jadis, était éduqué par l’école laïque, gratuite et obligatoire, en populace 1 abrutie à coup d’émissions consternantes. Ce qui fait que ces décérébrés peuvent en effet tout aussi bien croire qu’en écrasant un enfant dans sa poussette on va directement au paradis où les attendent des vierges ou bien, disons, que le terrorisme ici n’a rien à voir avec ce que fait l’occident dans les pays de l’umma – la communauté musulmane ! »

Surtout ne pas humilier

Cette Web-tv, quel en sera le contenu ? Et quel sera le rôle de son créateur ?

« Elle va s’appeler michelonfray.com. Je l’ai voulue comme l’occasion de faire entendre la voix de mes compagnons de l’Université Populaire qui y enseignent bénévolement ! Il y a donc eu une dizaine années de tournages amateur de ces cours-là qui vont être mis en ligne pour sa partie gratuite. Puis il y aura également mes cours, ceux, anciens,  de la Contre-Histoire de la philosophie, mais aussi ceux, récents, de la Brève Encyclopédie du monde. Enfin, il y aura une partie dans laquelle j’interviendrai pour commenter l’actualité sur des sujets de mon choix, avec des formats de mon choix. Nous travaillons avec une maison de production parisienne qui assure la partie technique. Ce qui m’oblige à en faire un média en partie payant – 4 euros par mois ou 40 euros pour l’année.

Comment s’adressera-t-il à cette populace dont il parlait plus haut ? Comment intéressera-t-il les décérébrés ?

« Simplement, avec les mots qu’utilisaient Lucrèce et Marc-Aurèle dans l’Antiquité et qui sont ceux qu’utilisaient les enfants que formait la République au temps où elle enseignait ce qu’on appelait alors les humanités. En évitant aussi de prendre son auditoire de haut pour lui montrer qu’on sait et qu’il ne sait pas, autrement dit en n’humiliant pas celui qui s’est déplacé pour apprendre et non pour prendre une leçon. »

A demain

1 Populace Péj. [Désigne un ensemble de pers. investi traditionnellement de toutes les tares de la société et capable de tous les excès] Partie la plus défavorisée (économiquement, culturellement et socialement) de la population. Synon. canaille, masse, plèbe, peuple, populaire (subst.), populo (pop. et fam.), racaille, vulgaire (subst)

« Au sein des classes dominantes, dominait la répugnance ou même le mépris à l’égard des déshérités et il n’était personne qui ne redoutât leurs méfaits individuels et la révolte collective de la «populace», de la «canaille». » (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p.63) ;

« Même dans la lie de la populace, dans ces êtres aux grosses têtes, aux yeux vitreux, aux faces souvent bestiales, trapus et bas sur pattes (…) on voyait, jusque dans cette fange fétide, d’étranges phosphorescences qui s’allumaient, comme des feux follets dansant sur les marais: des regards merveilleux, des intelligences lumineuses… » Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p.421.

 

Macron et les «overdoses» au cannabis. Précisions sémantiques post-polémique

 

Bonjour

Les addictions se nourrissent de passions. C’est (aussi) à çà qu’on les reconnaît. Sans oublier les overdoses 1. Le spectacle de la politique n’y échappe pas. Celui qui se défend d’être Narcisse en politique a tenté, ce dimanche, de parler du cannabis. Notre confrère Arnaud Leparmentier du Monde l’y exhortait à grands cris sur les ondes radiophoniques et télévisuelles. Emmanuel Macron n’a rien dit. Ou alors un plutôt oui à la dépénalisation, mais il faudra bien réfléchir. Comme depuis un quart de siècle. M. Macron est comme allergique au sociétal. La PMA pour tous, la GPA ? Le suicide médicalement assisté ? Trop clivant ? L’eugénisme ? Le transhumanisme ? En Marche ? Nous y reviendrons.

Le week-end aura aussi été marqué par la fin d’une petite polémique interne aux milieux de la médecine de l’addiction. Cette polémique était née d’une enquête menée auprès de ses lecteurs par le site Pourquoi docteur ?  à l’occasion de la « Journée internationale de prévention des overdoses » ?

Information erronée

A la suite d’un échange avec l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT) ce site avait évoqué les cas d’ « overdoses au cannabis ». Il faisait alors état d’un taux de 10 % de l’ensemble des overdoses liées aux drogues en France ». Cette information a soulevé bien des interrogations et alimenté bien des échanges parmi les spécialistes, notamment au sein du groupe SOS Addictions. Le site précise aujourd’hui que cette information était erronée. Aussi apporte-t-il, « à titre de correctif » les précisions de François Beck, directeur l’OFDT :

« Des décès liés au cannabis de plus en plus nombreux ont été observés ces dernières années, mais ce ne sont pas à proprement parler des surdoses, ils sont le plus souvent liés à les complications cardiovasculaires et neuro-vasculaires.

 « Le mécanisme de surdose signifie qu’à partir d’une certaine dose tous les individus développent un effet (relation dose-effet). Pour le cannabis, même s’il faut une certaine dose et surtout un usage chronique, il n’y a pas de relation dose-effet, tous les individus ne développeront pas des complications cardiovasculaires au-delà d’une dose seuil. Dans le cas du cannabis, on parle de mortalité imputable au produit ».

Le tabac en question

François Beck observe qu’il a bien été montré « une augmentation du risque de déclencher un infarctus du myocarde dans l’heure suivant la prise de cannabis fumé par rapport aux périodes de non usage ». « Des cas de morts subites d’origine cardiaque ont été rapportés, ajoute-t-il. Des lésions cérébrales responsables d’accident vasculaire cérébral (AVC) chez des usagers réguliers de cannabis, réversible à l’arrêt du cannabis ont également été mises en évidence. Si les effets cardiovasculaires du cannabis sont surtout présents et ont potentiellement plus de conséquences pour les personnes plus âgées et/ou avec des maladies cardiaques ou neuro-vasculaires sous-jacentes, le risque existe également pour les personnes plus jeunes sans terrain cardiovasculaire ».

Mais dans la plupart des études, l’influence de la consommation de tabac (qu’il soit fumé ou non avec le cannabis), facteur de risque majeur d’AVC et d’infarctus du myocarde n’est pas précisée, ce qui constitue à l’évidence une limite.

Jimi Hendrix

Des chiffres ?  Les signalements de tels décès liés au cannabis se situent entre 15 et 31 cas par an ces trois dernières années (enquête DRAMES menée par l’ANSM). Elle pourrait « en partie être due à une sensibilisation plus importante des experts à la toxicité cardiovasculaire du cannabis ». Par ailleurs, « les produits circulant actuellement sont souvent fortement dosés en THC (la teneur se situe aujourd’hui aux alentours des 15 % en moyenne, contre 5 % à la fin des années 1990) ».

Quand connaîtra-t-on, sur ce sujet, les propositions d’Emmanuel Macron ?

A demain

1 Overdose. Dose excessive d’une drogue entraînant des troubles physiques et mentaux graves, quelquefois mortels. Jimi Hendrix, mort à vingt-quatre ans d’une overdose (Le Nouvel Observateur, 28 sept. 1970, p.48, col. 3). La feuille (…) expliquait que Denis était mort le 15 juillet, à la clinique de Vientiane. Overdose sur organisme affaibli. Rien à faire(G. Dormann, Le Bateau du Courrier, 1974, p.190).

− P.méton. Mort ou accident survenu(e) par overdose. Regarde un peu autour de toi, ouvre le journal, écoute les informations. Là, tu l’auras ta ration de vrais drames: la famine, les tremblements de terre, des explosions, des accidents de voiture, des cancers, des infarctus, des overdoses, des agressions, des otages, partout des morts et encore des morts qui n’ont pas choisi de l’être (Fr. Dorin, Les Lits à une place, 1980, p.69).

Prononc. et Orth.: [ɔvε ʀdo:z], [-və ʀ-]. Plur. des overdosesÉtymol. et Hist. 1968 (J.-L. Brau, Hist. de la drogue, Paris, Tchou, p.266). Empr. à l’angl. overdose comp. de dose, du fr. dose*, et de over «par-dessus» d’où «en plus, en excès», att. dep. 1690 et utilisé en partic. en méd. pour l’administration des médicaments et dans le domaine de l’usage de la drogue (NED; NED Suppl.2).