Vaccins : diphtérie et rougeole de retour. Le mystérieux Pr Joyeux. Le ministère silencieux

Bonjour

Le retour de ces deux maladies infectieuses témoigne de la nécessité de maintenir une forte couverture vaccinale chez les enfants. Or coïncide avec un début de pénurie des vaccins pédiatriques et une reprise des discours anti-vaccinaux sous la houlette du mystérieux Pr Joyeux. Le ministère de la santé reste silencieux.

Anti-vaccinaux

On la tenait pour éradiquée, on avait tort. Un enfant de six ans vivant à Olot (Catalogne) a été infecté par la bactérie responsable de la diphtérie. Il a été hospitalisé le 3 juin dans une unité de soins intensifs où il se trouve dans un état grave. Les autorités sanitaires ont indiqué que les parents avaient choisi délibérément de ne pas faire vacciner leur enfant, et ce en dépit des dispositifs en vigueur qui imposent cette vaccination par ailleurs gratuite.

Il s’agit du premier cas confirmé de diphtérie diagnostiqué en Espagne depuis près de trente ans, rappelle El Mundo. L’enfant a été pris en charge par les spécialistes de l’hôpital Vall d’Hebron de Barcelone. Environ 150 personnes, des membres de la famille ou d’autres ayant pu approcher l’enfant dans son école ont été alertées pour subir d’urgence des examens médicaux. Il s’agit de vérifier si elles n’ont pas été infectées parCorynebacterium diphtheriae, la bactérie responsable de cette maladie contagieuse par voie aérienne. L’enfant venait de participer à une sortie scolaire, ce qui complique la recherche des personnes à risque.

Mort par asphyxie

 Les principales manifestations, spectaculaires, de la diphtérie sont les conséquences d’une infection des voies respiratoires supérieures qui peut conduire à la paralysie du système nerveux central, du diaphragme et de la gorge, entraînant la mort par asphyxie. L’infection à Corynebacterium diphtheriae est hautement contagieuse. Le mode de transmission se fait par voie aérienne lors de contacts directs avec des malades ou des porteurs sains. «La période d’incubation de la diphtérie est habituellement de deux à cinq jours. Le symptôme le plus caractéristique de cette maladie est la présence de « fausses membranes » blanchâtres au niveau des amygdales, rappelle l’Institut Pasteur à ParisLa bactérie responsable de la maladie peut être présente dans la gorge et les fosses nasales. Une angine dite « diphtérique » est la forme habituelle de la maladie. Elle est caractérisée par une pharyngite, de la fièvre, une tuméfaction du cou et des céphalées.»

Une fois le diagnostic confirmé, le traitement de la diphtérie consiste à administrer en extrême urgence un sérum «anti-diphtérique» par voie d’injection intramusculaire ainsi que des antibiotiques spécifiques. Lorsque le traitement est administré trop tard, la personne infectée peut mourir par asphyxie dans des circonstances particulièrement douloureuses.

Pénurie incompréhensible

Les autorités sanitaires espagnoles semblent avoir ici été confrontées à des difficultés étonnantes: l’impossibilité de trouver du sérum anti-diphtérique. Selon plusieurs médias, le ministre espagnol de la Santé aurait dû faire appel à l’OMS et aux autorités américaines avant que cette thérapeutique soit, in fine, trouvée en Russie et convoyée par l’ambassadeur russe en Espagne. C’est la un scénario a priori peu vraisemblable compte tenu des stocks a priori disponibles dans différents centres européens. Interrogé l’Institut Pasteur de Paris ne nous a pas répondu.

Qu’en est-il de la situation en France? «Grâce à une bonne couverture vaccinale, la diphtérie est bien contrôlée en France, précise l’Institut Pasteur. Le dernier cas « autochtone » déclaré date de 1989. Après plus de dix ans sans aucun cas notifié, huit cas d’infection avaient été rapportés entre 2002 et 2012. Tous étaient des cas survenus chez des personnes qui avaient contracté l’infection à l’étranger –des personnes qui n’étaient pas vaccinées ou qui l’étaient de manière incomplète. Aucune de ces personnes n’est décédée.» En France, la diphtérie est l’une des trois vaccinations qui demeure obligatoire dès la prime enfance, avec le tétanos (primo vaccination avec rappel à 11 mois) et la poliomyélite (primo vaccination et rappels jusqu’à l’âge de 13 ans). Les personnes titulaires de l’autorité parentale «doivent veiller au respect de cette obligation.»

Rougeole ciculante

 Toutes les autres vaccinations contre les maladies infectieuses sont simplement «recommandées» –dont la rougeole, une infection virale qui inquiète depuis quelques semaines les autorités sanitaires françaises. Le 2 juin, l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) publiait ainsi le communiqué suivant:

«La rougeole continue à circuler en France. Une épidémie est déclarée en Alsace depuis mi-avril, comme le souligne le dernier point épidémiologique de l’InVS en date du 1er juin 2015. On dénombre 199 cas de rougeole déclarés depuis le début de l’année sur le territoire, dont plus de 150 cas déclarés en Alsace. Parmi eux, 9 cas ont été hospitalisés, soulignant la gravité de la maladie.

La rougeole est une maladie infectieuse parmi les plus contagieuses, et l’une des plus grandes causes de morbidité et mortalité dans le monde. La France a connu depuis 2008 une flambée épidémique avec plus de 23.500 cas déclarés ayant entraîné 1.500 cas de pneumopathie grave, 34 formes neurologiques compliquées avec séquelles graves et 10 décès.»

Ce communiqué était suivi d’une forme d’autocritique des autorités sanitaires françaises devant l’évolution de la situation de la lutte anti-rougeoleuse:

«Malgré les actions conjointes des autorités de santé et des professionnels de santé pour sensibiliser au risque de résurgence de la rougeole, le virus continue de se diffuser progressivement en population générale. Il reste un réservoir de sujets suffisant pour maintenir la transmission du virus, même à bas bruit. La vaccination à deux doses est l’unique moyen de lutter contre la rougeole. Il n’existe pas de traitement spécifique, mais uniquement des traitements symptomatiques (fièvre, écoulement nasal…). D’où l’importance de la vaccination, seule mesure de prévention efficace.»

Baisse de la couverture espagnole

 Ici la situation est relativement simple: ce «réservoir» potentiellement infectieux est constitué des «10% de la population des jeunes adultes qui ne sont pas vaccinés et qui sont donc réceptifs à la rougeole». Pour prévenir les futures vagues épidémiques, deux objectifs doivent être atteints: que la couverture vaccinale du nourrisson atteigne le niveau, indispensable, de 95%; que les enfants plus âgés et les jeunes adultes (nés depuis 1980) aient reçu deux doses de vaccin, au besoin par une vaccination de rattrapage. Cette couverture est aujourd’hui comprise entre 41 et 62% chez les enfants nés en 2010. Au cours de l’épidémie de rougeole survenue en France entre 2008 et 2011, dix morts ont été recensées qui auraient pu être évités si ces personnes avaient été protégées de la maladie par un entourage vacciné.

En Espagne, le ministère de la Santé se dit préoccupé d’une baisse, depuis plusieurs années, de la couverture vaccinale, tombée en moyenne à 95%. En France, les données issues des certificats de santé de l’enfant montrent des couvertures vaccinales toujours élevées pour les trois vaccinations obligatoires: autour de 98% à l’âge de deux ans.

Totale désorganisation

La réémergence de la diphtérie en Espagne comme la progression de l’épidémie rougeoleuse en France coïncident avec une désorganisation totale des fabrications et des mises à disposition des vaccins dans les pharmacies d’officine par les principaux fabricants mondiaux, avec des situations sans précédent de pénurie. Cette situation, qui risque de durer plusieurs mois encore, vient compliquer les incitations officielles à suivre les recommandations vaccinales.

Elle alimente aussi, sur la Toile, de nouvelles formes, assez pernicieuses, de discours anti-vaccinaux, comme celui du Pr Henri Joyeux. Un discours véhiculant quelques vérités et plusieurs mensonges auquel les autorités sanitaires françaises officielles tardent, dangereusement, à répondre.

A demain

Ce texte a initialement été publié sur Slate.fr

Ebola : l’incroyable retard à la prise en charge, à Madrid, de l’aide-soignante Teresa Romero

Bonjour

Nous venons de voir ce qu’il avait pu en être, à Dallas (Texas) avec le citoyen (libérien) Thomas Eric Duncan qui vient de mourir. On découvre ce qu’il en fut à Madrid (Espagne) avec l’aide-soignante (espagnole) Teresa Romero. Et, pour le dire simplement, cela n’a rien de rassurant. Qu’en sera-t-il, le moment venu, en France ?

Fâcheux mystère

La nouvelle affaire espagnole fait suite à la contamination (toujours inexpliquée) de l’aide-soignante ayant été brièvement en contact avec un missionnaire placé en isolement à l’hôpital Carlos III de Madrid. A ce mystère bien fâcheux pour l’établissement s’ajoutent les conditions de prise en charge de la malade. Elles sont rapportées aujourd’hui par le Dr Juan Manuel Parra. (Une version complémentaire est donnée sur Slate.fr)

Ce médecin urgentiste, 41 ans, a soigné Teresa Romero. A ce titre il vient d’être placé en observation. Il dénonce dans un rapport, révélé jeudi 9 octobre par deux journaux espagnols, les conditions de la prise en charge de l’aide-soignante. Ce document est publié par El Mundo et El Pais . Le médecin espagnol raconte comment  il s’est occupé (pendant presque seize heures) de l’aide-soignante potentiellement  contaminée.

Arrivée à l’aube

Selon lui, lorsque l’aide-soignante est arrivée, à l’aube, à l’hôpital d’Alcorcon près de Madrid, où elle vit, elle fut d’abord placée dans un box séparé du reste des patients : elle avait indiqué clairement qu’elle craignait d’être contaminée. Le Dr Parra prend son service vers 8 heures du matin. L’aide-soignante présente déjà de premiers symptômes évocateurs : éruptions cutanées sur le torse et l’aine, myalgies et toux.

Il est le seul avec des infirmiers à entrer dans la chambre avec des combinaisons de protection basique : une blouse imperméable, des doubles gants, une cagoule et un masque chirurgical.

Manches trop courtes

Au fil des heures l’état de santé de Teresa Romero se détériore brutalement. C’est alors par la presse que l’urgentiste apprend le résultat du test, positif pour Ebola, concernant sa patiente. Ce n’est que vers 17 heures qu’il se fait confirmer par une source plus officielle la  possibilité  qu’elle soit porteuse du virus. Il utilise alors un équipement « de meilleur niveau de protection fourni par l’hôpital ». « Les manches étaient trop courtes » écrit-il. Et la patiente « présente des diarrhées abondantes, des vomissements, des douleurs musculaires et une fièvre jusqu’à 38° ».

Et situation proprement ahurissante : en dépit de son état l’aide-soignante tente de protéger ceux qui la soignent.

Transfert à minuit

A partir de 18 heures le Dr Parra demande le transfert de sa malade  à l’hôpital Carlos-III – hôpital de référence où elle travaille (et où elle s’est contaminée). Il décrit un état clinique « instable, avec un haut risque de complication et la nécessité d’une attention permanente avec des diarrhées, expectorations, vomissements et la présence de menstruations de la patiente ». Toutefois, selon lui, ce n’est qu’à minuit qu’arrivera l’ambulance pour transporter Teresa Romero. Elle était arrivée à l’aube.

A l’heure où nous écrivons ces lignes (9 octobre) on apprend que son état « se dégrade»..

A demain

Ebola : L’aide-soignante espagnole se serait contaminée avec un gant infecté

Bonjour

Il faudra bien expliquer l’incompréhensible. Comment Teresa Romero, 44 ans (quatorze ans d’expérience d’aide-soignante) a-t-elle pu contracter l’infection Ebola ? Quelle faute a-t-elle commise en présence du missionnaire Manuel Garcia Viejo, rapatrié le 22 septembre de Sierra Leone avant, trois jours plus tard, de mourir à l’hôpital madrilène  La Paz-Carlos III ?

Changer des langes

Il faut trouver une explication face à une opinion qui gronde. Le Dr German Ramirez, l’un des membres de l’équipe médicale qui a pris en charge Teresa Romero vient d’avancer une hypothèse : l’hypothèse du gant contaminé. Teresa Romero, est entrée en contact à deux reprises avec le missionnaire Manuel Garcia Viejo. C’est une quasi certitude. D’abord pour changer ses langes du patient. Ensuite pour prendre ses effets après sa mort.

Le Dr Ramirez a précisé qu’il avait revu avec Teresa Ramiro toute la séquence de ses entrées et sorties de la chambre du missionnaire placé en isolement. Dans un premier temps Mme Romero avait affirmé au journal El Mundo « n’avoir aucune idée » de la façon dont la contamination par Ebola avait pu se produire. Puis le 8 octobre elle a déclaré à El Pais que la contamination avait pu avoir lieu « en ôtant la combinaison ».

Métier à très haut risque

Pour le Dr Ramirez « il est possible que ce ne soit pas une erreur en tant que telle ». « Il peut s’agir tout simplement d’un accident et logiquement, probablement, elle ne pouvait pas s’en souvenir au départ en raison de son état de santé, ajoute-t-il. Il semble que ce soient les gants. Les gants ont touchés le visage. » Ce médecin parle en expliquant  que l’aide-soignante l’avait autorisé à rendre cette information publique.

Résumons : cette aide-soignante aurait contracté le virus Ebola en touchant son visage avec un gant potentiellement infecté au moment d’enlever son équipement de protection. Co-découvreur du virus Ebola en 1976 le Pr Peter Piot rappelle, sur la BBC, que la plus petite erreur gestuelle peut avoir des conséquences fatales. Face à Ebola, aide-soignante devient un métier à très, très haut risque.

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Ebola : faut-il sacrifier puis brûler « Excalibur», le chien de la malade de Madrid ?

Bonjour

Contagions à tous les étages. Les animaux domestiques des malades occidentaux d’Ebola doivent-ils être tués et brûlés ? Au nom du sacro-saint principe de précaution. Personne ou presque n’y avait pensé. C’est désormais chose faite.

Les autorités sanitaires madrilènes  ont donné l’ordre, mardi 7 octobre, de tuer le chien de l’aide-soignante touchée par le virus Ebola et hospitalisée avec son époux à Madrid. Un animal étrangement baptisé Excalibur. L’information a entraîné la colère de défenseurs de la cause animale espagnole.

Sacrifier

C’est le département de santé de la communauté urbaine de Madrid qui a pris la décision. En se fondant sur une décision de justice. Il faut de sacrifier le chien au motif qu’il a été  « en contact étroit avec la patiente ». Le mari de la malade (également hospitalisé) avait alors déjà contacté un média pour s’opposer publiquement à cette éventualité. Il s’agissait du  journal El Mundo, qui a diffusé l’enregistrement téléphonique de la conversation à sa demande.

« On m’a dit que si je ne donnais pas l’autorisation, ils saisiraient la justice pour rentrer chez moi par la force et sacrifier le chien » a déclaré Javier, l’époux de l’aide-soignante contaminée dont le cas émeut l’Espagne et inquiète le monde médical.

Chien porteur sain

Des données ont montré « que les chiens peuvent être porteurs d’anticorps positifs du virus Ebola », ce qui veut dire « qu’ils peuvent être porteurs du virus même sans symptômes » expliquent les autorités madrilènes. Elles ajoutent que, de ce fait, les animaux pourraient « éliminer le virus dans leurs fluides, avec un risque potentiel de contagion ».

Javier a encore expliqué qu’Excalibur, un chien de grande taille, était isolé chez lui avec des vivres et de l’eau et qu’il pouvait faire ses besoins sur la terrasse. Il a ajouté qu’on lui avait proposé dans un premier temps de le conduire dans une clinique – une option qui pour l’heure semble avoir été écartée.

Meurtre de l’animal

Tout cela agite la Toile via #SalvemosAExcalibur  Le Partido Antitaurino contra el Maltrato Animal – « parti antitaurin contre la maltraitance animale ») exigé que l’on renonce au « meurtre » de l’animal. Il avance  qu’aucun  aucun cas au monde de transmission du virus entre animaux et hommes n’a été diagnostiqué. Sans doute devrait-il se documenter sur le sujet – notamment ici (texte en français). Les amis des bêtes réclament qu’Excalibur soit testé pour Ebola. Puis mis en quarantaine. Et traité si nécessaire.

Excalibur mieux traité, en somme, que ne le sont les malades humains africains

A demain

« Viagra.com » ou les érections en ligne

Il fallait oser le faire. Pfizer a osé. Pfizer l’a fait. Premier érectile des temps moderne le Viagra devient la première spécialité à être ouvertement commercialisée sur la Toile par son propre fabricant. Et ce au moment précis où sonne l’heure des génériques. Au motif, imparable, que les consommateurs le réclameraient. 

On ne lit jamais assez les communiqués de presse 1. Ainsi celui daté du 6 mai que vient, depuis New York, de mander le géant Pfizer à la terre entière. On peut le lire (en anglais) ici. Pour l’heure rien sur le site de Pfizer France.  En ce jour de l’Ascension 2013 c’est le site Slate.fr  qui nous alerte : « Pfizer, le laboratoire pharmaceutique qui vend des petites pilules bleues pour raviver la libido des hommes, vient de lancer le site Viagra.com  2 «pour répondre aux demandes des consommateurs qui vont de plus en plus en ligne pour acheter les médicaments qui leur sont prescrits». » Viagra.com pour les hommes en somme. Du moins si l’on veut en rester à cette image qui, dit-on, fait florès sur la Toile.

Feu vert pour pilule bleue

Le Viagra® est disponible dans 120 pays. Selon Pfizer, 37 millions de patients dans le monde l’ont utilisé depuis son lancement en 1998, dont un million en France. Près d’un milliard de comprimés ont été distribués. Il faut aujourd’hui  aller sur  Viagra.com pour prendre la mesure des artifices du fabricant qui organise la promotion de son outil médicamenteux tout en se réfugiant derrière la nécessité d’un feu vert médical pour sa pilule bleue gravée à son nom. Sans toutefois omettre la traditionnelle ristourne faite au chaland. Raison affichée : lutter contre la contrefaçon. Pfizer ne cache pas ses inquiétudes sur ce sujet et va même jusqu’à conseiller ses consommateurs sur le sujet, comme on peut le voir sur son site français depuis plus de deux ans déjà. On triche sur la Toile ? Soyons présents et faisons-le savoir. Un grand classique de la compétition entre marchands.

Slate.fr nous indique que  la National Association of Boards of Pharmacy américaine estime que 97% des 10.000 sites qui vendent du Viagra en ligne ne sont pas habilités à le faire. « Bien qu’il soit rare pour un laboratoire pharmaceutique de fournir ses consommateurs directement, Pfizer cherche donc à faire la même chose que les producteurs de films font en cherchant des alternatives au téléchargement illégal » précise-t-elle.  On observera incidemment que cette initiative coïncide avec l’arrivée programmée des « viagra » (Viagra génériques).  Là encore Slate.fr  informe les hommes. Au Brésil (pour  prendre cet exemple) les jours du brevet sur le Viagra sont comptés. L’enjeu est de taille et la bataille est dit-on acharnée entre Pfizer et Teva entreprise israélienne leader en générique.

Le quotidien espagnol El Mundo rapporte que la Cour Suprême brésilienne a annoncé que le laboratoire pharmaceutique allait perdre le 20 juin prochain l’exclusivité de la fabrication et de la commercialisation du Viagra au Brésil. Le brevet relèvera alors du domaine public d’ici et l’érectile aura le champ libre. Si l’on en croit  Le Figaro, les tractations ont été menées au Brésil comme au sein des instances internationales. L’administration américaine aurait notamment tenté de faire pression sur l’Etat israélien pour freiner les volontés  de Teva.

Vérité outre-Atlantique erreur en deçà

 Le site Medscape France nous en apprend beaucoup plus sur ce sujet. « En France, Pfizer perdra l’exclusivité pour la spécialité Viagra® à compter du 22 juin 2013 », a confirmé le laboratoire à ce site. Ce dernier révèle qu’à partir de cette date, les quinze versions génériques qui ont obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM), pourront être commercialisées. Une situation qui diffère de celle observée outre-Atlantique où le laboratoire a recherché à retarder au maximum la perte d’exclusivité. Une procédure réussie aux Etats-Unis, où le laboratoire a fait en sorte que le brevet soit étendu jusqu’en 2019, mais qui a capoté au Canada puisque le marché s’est déjà ouvert aux génériques du Viagra®, après annulation du brevet fin 2012, par décision de justice.

« Le citrate de sildénafil est le premier traitement oral des troubles de l’érection mis sur le marché, rappelle Medscape.  Elaboré par Pfizer, il a été breveté en 1996, puis a obtenu une AMM en Europe et aux Etats-Unis en 1998. Le Viagra est un traitement délivré uniquement sur prescription. Après avoir dominé le marché, il a laissé progressivement la place au taladafil (Cialis®, Lilly), une molécule à l’action similaire, mais avec une durée plus longue. L’échéance du brevet étant proche, plusieurs fabricants se sont attelés à développer des génériques. Etant donné qu’une demande de mise sur le marché d’un générique peut être effectuée longtemps avant expiration du brevet, certains laboratoires, comme Teva  ont obtenu leur AMM dès 2009, selon le répertoire des médicaments de l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM).

Viagra® à mâcher ?

Après la perte d’exclusivité, Pfizer « va continuer à commercialiser Viagra® et va mettre à disposition le Sildénafil Pfizer, son propre générique », qui a obtenu son AMM en février 2013, a précisé le laboratoire. Même si la molécule est délaissée par les prescripteurs, « les fabricants se doivent de proposer leur version générique sur le marché le jour J », a souligné auprès de Medscape France, Stéphane Joly, président fondateur du laboratoire Cristers et, par ailleurs, président du Gemme, une association regroupant les industriels français du médicament générique. Selon lui, malgré la popularité de la pilule bleue, « le générique du Viagra® ne devrait pas pour autant représenter un produit majeur » pour son laboratoire, qui comme tous les autres laboratoires a prévu des formulations à 25, 50 et 100 mg de sildénafil par comprimé, la dose standard étant celle de 50 mg.

En Europe, aucune procédure ne semble donc envisagée pour tenter de retarder l’arrivée des génériques du Viagra®. « Pour faire face à la concurrence, Pfizer commercialisera son propre générique et pourrait envisager de se démarquer en proposant son médicament phare contre l’impuissance masculine sous forme de chewing-gum, une alternative testée depuis plusieurs années au Mexique sous le nom de Viagra jet® » confie Medscape France. Nous avons interrogé Pfizer sur ce point. Réponse : « La commercialisation de « Viagra à mâcher » n’est pas à l’ordre du jour en France »

1 Il en va parfois de même avec certains avis du Comité national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE). Ainsi celui demandé en 1998 par Bernard Kouchner sur la médicalisation de l’érection. Le CCNE avait alors quinze ans d’âge. L’avis (n°62) fut rendu en 1999, il y a quatorze ans. On peut le lire ici.

2 Observer la typologie masculine et apprécier le feu de bois sur la plage proposé par la publicité télévisée.