Bonjour
Marlène Schiappa a encore frappé. La secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes vient, cette fois, de dénoncer une nouvelle campagne de « La Manif pour tous » 1. Une campagne avec un « visuel » : sur fond rose, une silhouette de bébé au milieu de légumes, avec ce slogan : « Après les légumes OGM, les enfants à un seul parent ? ». Un visuel et des hashtags #NoGPA et #NoPMAsansPère relayés par un site, pma-gpa.fr.
« Agir pour le respect des animaux et des plantes, mais pas pour celui des enfants ? » interroge le tweet qui dévoile l’affiche.
La secrétaire d’État à l’Égalité n’a pas résisté à faire part de sa colère via son compte Twitter. Pour elle ce visuel est « offensant ». « Comparer les bébés nés après FIV ou insémination à des légumes OGM est profondément offensant pour les enfants et leurs familles. Retrait », a-t-elle écrit. Avant d’ajouter quelques minutes plus tard : « Les familles monoparentales sont aussi stigmatisées par cette campagne. Nous sommes au XXIe siècle. Il n’y a pas un modèle unique de famille. »
Au-delà de la colère, la sanction ? Interrogé par Le Figaro , le cabinet de la secrétaire d’État a expliqué que « l’aspect juridique du retrait de cette affiche est à l’étude ». Aussitôt, la réaction : dimanche 8 octobre, la « Manif pour tous » a officiellement réagi aux propos de Marlène Schiappa par l’intermédiaire d’un communiqué : « PMA sans père : stop aux calomnies et caricatures ». Elle y « dénonce le faux procès dont elle est victime ». « Jamais aucun enfant n’a été comparé à des légumes OGM. Jamais l’opposition à la PMA sans père n’a stigmatisé les familles monoparentales » affirme-t-elle.
La main tendue
« Nous tendons la main à Marlène Schiappa pour mettre un terme aux calomnies et caricatures. La question est trop sérieuse et ne mérite pas cela. Nous comptons sur un dialogue réel pour clore une polémique virtuelle » explique Ludovine de La Rochère, présidente de « La Manif Pour Tous ». Mme Schiappa dialoguera-t-elle avec Mme de La Rochère ?
Pour l’heure, force est de constater que « La Manif pour Tous » n’a pas, au sens strict, comparé les enfants issus de la PMA et de la GPA à des Organismes (végétaux) Génétiquement Modifiés. Pour autant comment ne pas voir, dans son slogan, une forme d’amalgame prêtant à toutes les confusions qui alimentent les passions 2.
On se souvient que Marlène Schiappa avait, en septembre dernier, sur RMC-BFMTV, confirmé la volonté du gouvernement de proposer et d’obtenir au plus vite (en 2018) l’ouverture de la PMA « à toutes les femmes ». Il s’agissait, rappelait-elle alors, d’un engagement de campagne du président de la République. Ce fut là une précipitation vite recadrée, off par le palais de L’Elysée puis ouvertement par Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur.
On n’a de cesse, à l’Elysée, de rappeler que le président n’envisage cette évolution sociétale que dans la mesure ou un consensus minimal aura été trouvé au sein de la société française. En d’autres termes le pouvoir exécutif n’entend pas réveiller les affrontements radicaux sociétaux observés lors du précédent quinquennat. De ce point de vue on peut penser que l’expression immédiate de la colère et des menaces de la secrétaire d’Etat n’est pas politiquement, d’une très grande habileté.
A demain
1 « La Manif Pour Tous » se présente comme étant « un mouvement spontané, populaire et divers » ; un mouvement qui s’oppose à la PMA « sans père », à la GPA, à la diffusion de l’idéologie de genre – tout en condamnant toute forme d’homophobie. Elle juge que le « mariage Homme-Femme » et la « filiation Père-Mère-Enfant » sont « universels et fondateurs de la société et de son avenir ».
2 Sur le thème de la modification génétique des embryons humain on se reportera avec le plus grand intérêt, dans la dernière livraison de la revue Esprit (octobre 2017) à : « La procréation à l’ère de la révolution génomique » de Jean-Hugues Déchaux, professeur de sociologie à l’université Lumière Lyon 2, directeur du Centre Max Weber (Umr 5283 – Cnrs).