Inespéré: avec la canicule les Français découvrent qu’ils ont un Directeur Général de la Santé

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Depuis des décennies il n’existait médiatiquement pas, œuvrait dans l’ombre de son (plus ou moins) omniprésent-e ministre de tutelle. On le voyait parfois sur l’estrade des conférences de presse, mais muet. Seulement invité à répondre à une question technique. Interdit de politique. Et condamné à ne jamais s’exprimer sur les ondes radiophoniques et télévisées.

De ce point de vue la canicule de 2003 fut tragiquement exemplaire. Avec celle d’aujourd’hui, enfin, il émerge. Dans l’ombre d’Agnès Buzyn, certes, mais déjà bien présent, à la messe du 20 heures de France 2, sur France Info et repris par l’AFP. On cite son nom et sa fonction : Pr Jérôme Salomon, Directeur Général de la Santé.  Quand la ministre multiplie les déplacements « séquence canicule », le DGS prévient la France : « le plus dur reste à venir ».  

« Ce qui m’inquiète aujourd’hui c’est que le recours au soin commence à augmenter, le nombre d’appels au SAMU, le nombre d’appels aux services d’urgence, le recours aux services d’accueil des urgences ainsi que le nombre de signalement des épisodes de malaise. On commence à avoir un impact de la chaleur », a déclaré, mercredi 26 juin, le Pr Salomon dans une vidéo postée sur le compte Twitter du ministère de la Santé. Et ce depuis le centre de gestion de crise sanitaire où il avait été autorisé à convier la presse spécialisée (@AlerteSanitaire) »

Pr Jérôme Salomon ? Voici sa profession officielle de foi. Il est à la tête de l’une des Directions majeures du ministère en charge de la santé. Quatre grands et nobles objectifs : préserver et améliorer l’état de santé des citoyens; protéger la population des menaces sanitaires; garantir la qualité, la sécurité et l’égalité dans l’accès au système de santé; mobiliser et coordonner les partenaires. Nommé par décret du Président de la République, il exerce également la fonction de haut fonctionnaire de défense et de sécurité adjoint, chargé de la défense et de la sécurité sanitaire.

Pour mémoire : Pr Jacques Roux (1981 – 1986) ; Dr Jean-François Girard, (1985 – 1997) ; Pr Joël Ménard (1997 – 1999) ; Pr Lucien Abenhaim, (1999 – 2003) ; Pr William Dab (2003 – 2005) ; Pr Didier Houssin (2005 – 2011) ; Dr Jean-Yves Grall (2011 – 2013) ; Pr Benoît Vallet (2013-2018).

A demain @jynau

Les révélations d’Agnès Buzyn : remboursement de la PMA, donneurs anonymes ou pas, etc.

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Révision de la loi de bioéthique : après celle, récente, du calendrier politique par Edouard Philippe, une autre annonce vient d’être faite par Agnès Buzyn. La ministre des Solidarités et de la Santé, invitée du Grand rendez-vous, dimanche 16 juin sur Europe 1, a ainsi dévoilé un petit secret qui ne surprendra guère le citoyen qui s’intéresse aux relations entre ce gouvernement et le dossier dit de la « PMA pour toutes » – Agnès Buzyn avait tenu des propos équivalents il y a un an sur RTL. Puis en mars dernier elle avait semblé hésiter sur France Info.

« Ce qui bloque aujourd’hui les couples de femmes qui veulent avoir des enfants, ce sont les moyens, postule la ministre. L’idée c’est que celles qui n’ont pas les moyens d’aller en Belgique puissent en bénéficier [sic]. À titre personnel, je souhaite le remboursement (…) sinon, ce sera un droit formel mais pas un droit réel ». C’est donc cette option qui est retenue dans le texte de l’avant-projet de loi actuellement examiné par le Conseil d’État – et qui ne sera officiellement connu qu’à la fin juillet.

Autre révélation sur l’anonymat des donneurs de sperme. « Le don restera anonyme, mais nous souhaitons donner le droit aux enfants nés par PMA de pouvoir accéder à l’identité du donneur à l’âge de 18 ans, si celui-ci est d’accord, précise Agnès Buzyn. Ça permet de lever un secret de famille qui est parfois lourd à porter. On n’est pas forcément, quand on est donneur, dans le même état d’esprit quand on donne ses spermatozoïdes à 25 ans et quand, vingt ans plus tard, on est éventuellement sollicité, à 45 ou 50 ans ».

 Interrogée sur l’ampleur d’un éventuel mouvement d’opposition à cette loi, la ministre se montre confiante. « Il y aura la mobilisation de personnes très organisées autour de la ‘’Manif pour tous’’, mais je pense que ça n’aura pas le même écho, le même impact que le mariage pour tous ». Agnès Buzyn évoque ici « une loi de raison », pas « une loi de combat ». Ce qui ne manquera pas de choquer ceux qui, précisément, voient dans l’obtention de ces nouveaux droits la résultante d’un combat.

A demain @jynau

Levothyrox® : l’Agence nationale du médicament peut-elle raisonnablement entendre les patients?

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C’était écrit. En niant, comme elle vient de le faire, l’existence statistique d’une « affaire du Levothyrox® » l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) ne pouvait que susciter l’ire des associations nées de cette affaire ou très directement concernées. Ainsi ce communiqué de l Association Française des Malades de la Thyroïde (AFMT) « la plus ancienne et la plus importantes association agréée de malades de la thyroïde ». Il nous est adressé par le Dr Philippe Sopena, conseiller scientifique de l’AFMT qui, sur France Info, accuse l’ANSM d’être « juge et partie » dans cette affaire :

« L’ANSM est à la fois juge et partie dans cette affaire. Elle a décidé ce changement de médicament pour des raisons qu’elle n’a d’ailleurs jamais expliquées. Elle est donc promoteur de ce médicament. Dire qu’il y avait quelque chose, c’était dire qu’elle s’était trompée. Elle est présidée par un énarque psychiatrique [Dominique Martin, diplômé de l’ENA et docteur en médecine], ce qui vous rend compte de la difficulté à reconnaître ses erreurs. » [sic]

Pour le Dr Sopena, aucun doute : la parole des victimes est à nouveau minimisée voire laissée de côté. « En plus, ce sont des femmes, pas de chance ! 85% de femmes, plus de soixante ans : typiquement le genre de personnes qui ne sont pas branchées sur internet, que l’on n’écoute pas, souligne-t-il. Cela faisait trente ans que l’on avait un médicament qui fonctionnait merveilleusement bien avec zéro plainte. On avait régulièrement à réguler un peu, augmenter ou baisser de 25 microgrammes pour maintenir un équilibre : l’hormone thyroïdienne est un genre de thermostat de l’organisme, parfois il faut l’augmenter, parfois le baisser. »

On peut le dire autrement. C’est là, selon lui, au terme « d’une étude massive, purement statistique », sur des « consommations de soins » « une nouvelle tentative pour  nier le vécu et la réalité des symptômes de milliers de patient(e)s ». Et de dénoncer une « erreur méthodologique fondamentale » qui conduit l’ANSM à ne pas prendre en compte un phénomène massif (hospitalisations, décès, arrêts de travail, recours aux soins ambulatoires, consommations d’antidépresseurs et de tranquillisants) qui est aujourd’hui analysé par l’institution judiciaire.   « Plus généralement, sur le fond, l’accusation porte sur le déni du « ressenti des malades ».

« L’ANSM même si elle n’ose plus parler ‘’d’effet nocebo’’, continue de tenter de réduire cette crise sanitaire à un simple ‘’problème d’information’’ et donc, d’autant plus que ce sont massivement des femmes, à laisser entendre implicitement qu’elles ont imaginé ou majoré leurs symptômes.  Inacceptable. Au lieu de se contenter de répéter ‘’qu’elle n’en comprend pas les causes’’ l’ANSM aurait dû faire son métier : mettre tout en œuvre pour les trouver. »

Sans doute. Mais ne serait-ce pas ici, tout bien pesé, demander à cette « Agence du médicament » beaucoup plus que ce pourquoi elle a été créée – une institution qui, depuis sa création (il y a vingt-cinq ans, après les affaires du sang contaminé) semble encore, bien souvent, chercher toute sa place dans le paysage sanitaire français.

A demain @jynau

Urgences en danger : qui voudrait 100 euros en prime pour «faire face à des incivilités» ?

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12 juin 2019. L’exécutif pressent le vent du boulet. Sur RTL (Elizabeth Martichoux) le Pr Pierre Carli, clef de voûte historique des urgences de France, vient de nous le faire comprendre : Agnès Buzyn va, dans les heures ou les jours qui viennent faire de nouvelles annonces pour aider « à passer l’été ». Puis, avant les vendanges, il remettra sa « feuille de route » pour tenter de vider un abcès qui est encore bien loin d’être percé. Dans l’attente la pression monte.

Dans l’étrange entretien qu’elle accordé, hier, à Libération (Eric Favereau) Agnès Buzyn a eu ce mot :

« En attendant, les annonces que j’ai faites permettent de répondre à des demandes des soignants. Ainsi, la prime de dangerosité portée à 100 euros pour faire face aux incivilités parfois nombreuses que ce personnel subit. »

Tout est dit. De l’argent contre des « incivilités »  (paroles, actions dénotant une absence de courtoisie, de politesse). Plus précisément cent euros pour « y faire face ». L’actualité est bonne fille qui nous apporte, via Le Quotidien du Médecin (Martin Dumas Primbault) un exemple de comportement discourtois – qui peut aussi être qualifié « d’agression de personnel soignant ». Lundi 10 juin, urgences du CHU de Rennes. Une jeune patiente agitée « s’en est prise physiquement au médecin urgentiste qui essayait de la maintenir sur son lit » avant de s’attaquer à une infirmière et à deux aides-soignantes, a précisé au Quotidien le représentant syndical SUD dans l’établissement breton. Les trois femmes se sont retrouvées à terre « à cause des coups ». Il a fallu attendre l’arrivée de cinq agents de l’équipe du service de sécurité de l’hôpital pour maîtriser la patiente. Tous les soignants agressés sont allés porter plainte au commissariat. 

Le vent du boulet. Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, annonçait hier au micro de France Info des « embauches supplémentaires » dans les semaines à venir. « Pour la première fois, les effectifs d’infirmiers, d’aides-soignants et de médecins augmenteront parallèlement au nombre de patients », a-t-il promis. Et Martin Hirsch d’assurer prendre « au sérieux ce mouvement depuis le début ». Fallait-il le préciser ?

A demain @jynau

Homéopathie-embrouillamini : Agnès Buzyn serait-elle à l’origine de la « fuite médiatique » ?

Bonjour

C’est fait : le « déremboursement de l’homéopathie » a envahi tous les médias généralistes. Avec tout ce que l’on pouvait redouter de mauvaise foi, d’approximations/incompréhensions, de réductionnisme et d’amateurisme. De violence, aussi, comme ce peu banal « échange à trois » diffusé peu après midi, aujourd’hui, sur France Info.

Pour l’heure, l’actualité c’est la « fuite médiatique » qui, à retardement, aura indigné la multinationale lyonnaise Boiron.

Le « projet d’avis » la Commission de la transparence (CT) de la Haute Autorité de santé (HAS) n’est pas encore officiellement connu mais, a révélé jeudi 16 mai France Info il est  « défavorable au maintien de la prise en charge par l’Assurance-maladie des médicaments homéopathiques. » La veille Libération (Eric Favereau) avait laissé entendre qu’il en était ainsi. Et aujourd’hui 17 mai Le Monde (Paul Benkimoun) annonce avoir  pu prendre connaissance de ce « projet d’avis ». Le Monde :

« Selon nos informations, un journaliste de Franceinfo avait appelé le laboratoire Boiron jeudi 16 mai « vers 10 heures », en indiquant « connaître la conclusion de la CT ». Dans un communiqué commun mis en ligne le même jour à 17 heures, les trois industriels précisent qu’à « l’heure de l’envoi de ce communiqué les entreprises du médicament homéopathique n’ont toujours pas reçu cet avis. » Ils rappellent que « cet avis préliminaire est protégé par la plus stricte confidentialité et réservé aux seuls laboratoires concernés ».

Un peu plus d’une heure plus tard, à 18 h 19, Franceinfo faisait savoir sur son site que la CT recommandait le déremboursement des médicaments homéopathiques. Pour sa part, la Haute Autorité de santé déclarait avoir adressé le jour même aux laboratoires le projet d’avis et refusait de confirmer les informations révélées par Franceinfo. »

Trébuchet du Palais de l’Elysée

Mais il y a plus grave. Il se murmure, dans les milieux bien informés, que plusieurs sources n’écarteraient pas l’hypothèse que le cabinet d’Agnès Buzyn puisse être à l’origine de la « fuite médiatique ». Le ministère des Solidarités et de la Santé ? Il se borne (officiellement) a préciser qu’il ne faisait aucun commentaire tant que la procédure contradictoire n’était pas menée à son terme.

« La révélation sur la teneur du projet d’avis permet, en effet, de prendre de vitesse les industriels dans leur contre-argumentation, notamment en direction de Matignon et Bercy, suggère Le Monde. Ces derniers pourraient ne pas être insensibles à des arguments sur la préservation de l’emploi et l’impopularité éventuelle de la mesure. »

Serait-ce dire que les seules données concernant l’efficacité médicamenteuse scientifiquement démontrée ne seraient pas les seuls paramètres pris en compte par le pouvoir exécutif dansla gestion de ce dossier ? Qu’Agnès Buzyn serait ici en compétition avec Bruno Lemaire ? Et qu’à la fin le déremboursement des médicaments Boiron sera arbitré par le trébuchet dynamisé d’Emmanuel Macron ?

A demain

@jynau

Comment faire un vrai tabac médiatique avec charcuterie, glyphosate, et viande rouge

Bonjour

Pierre Médevielle, 59 ans est depuis cinq ans sénateur (centriste) de la Haute-Garonne. Cet ancien maire de la commune de Boulogne-sur-Gesse, vice-président du groupe d’études Chasse et pêche est également vice-président (avec le célèbre mathématicien Cédric Villani)  de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST). Pierre Médevielle fut aussi pharmacien d’officine.

Depuis quelques heures l’homme a atteint la célébrité médiatique nationale. Tout simplement en violant l’embargo qui protégeait le rapport (rendu public le 16 mai) de l’OPECST – rapport qui traite, notamment, du célèbre glyphosate. Tout est écrit dans l’entretien que l’ancien pharmacien a accordé à La Dépêche (Lionel Laparade). Extrait :

« Dans notre rapport, nous avons relevé des points d’amélioration. [concernant le glyphosate] En Europe, l’évaluation, c’est un peu la foire d’empoigne. Si l’on veut progresser, il va falloir uniformiser les pratiques d’évaluation des dangers et du risque des substances. L’Agence européenne des produits chimiques et l’Agence européenne de sécurité alimentaire évaluent le danger des substances, or il y a une différence fondamentale entre le danger et le risque. Sur le glyphosate, on a fait des études de danger, point final. Alors certes, 117 autorisations de mises sur le marché de produits contenant du glyphosate ont été supprimées par l’ANSES. Mais c’était à une époque où la molécule était associée des co-constituants, la talowamine par exemple, extrêmement toxique en milieu aquatique.

« Je veux aussi souligner que l’on épand de moins en moins de glyphosate et que l’herbicide reste une charge pour l’agriculteur : croyez-vous qu’il peut aujourd’hui se permettre le luxe du gaspillage ? Je voudrais que l’on puisse débattre sereinement et que chacun retrouve ses esprits… Évitons d’interdire des substances avant de disposer d’éléments scientifiques. Et quand les preuves sont là, comme pour les néonicotinoïdes, agissons. C’est ce que nous avons fait avec Chantal Jouanno en réclamant leur interdiction. »

Ne pas se hâter d’interdire le glyphosate ?

« Je serai parmi les premiers à réclamer son interdiction dès que les preuves scientifiques de sa nocivité seront apportées. Or, à la question : Le glyphosate est-il cancérogène, la réponse est non ! Il est moins cancérogène que la charcuterie ou la viande rouge qui ne sont pas interdites. »

Sur quelles bases affirmer cela ?

« Sur la base d’études scientifiques ! Des études menées à l’Agence européenne de sécurité alimentaire de Parme, à Bruxelles, à l’ANSES, agence la plus performante en Europe et probablement au monde. Nous avons aussi en France un excellent système de pharmacovigilance mais que voulez-vous, nous vivons aujourd’hui dans un monde où tout est remis en cause, sans preuve, où un lanceur d’alerte peut, sur de simples allégations, jeter le discrédit sur toute la communauté scientifique…

« Nous prenons nos responsabilités. Ce rapport, nous le rendons à quatre parlementaires, sous l’égide de l’OPECST dont les membres sont tous des scientifiques. Je ne vois aucune raison pour laquelle nous prendrions notre part de l’hystérie collective suscitée par une molécule dont on affirme qu’elle est cancérogène alors qu’en réalité, elle ne l’est pas. Ou alors on devient tous fous… »

Colossale énormité

Comme prévu ces propos ont déclenché une vive polémique 1. « Pour le sénateur il n’existerait aucune étude scientifique montrant que le glyphosate est cancérogène ! C’est faire fi de la revue complète réalisée par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) en 2015. C’est faire également fi des études commanditées par l’industrie elle-même et qui montrent aussi le potentiel cancérogène du glyphosate, soutient Générations Futures. Le sénateur nous ressort le vieil argument utilisé par l’industrie selon lequel le glyphosate serait moins cancérogène que la viande. Totalement à côté de la plaque cet argument fait allusion au classement cancérogène de la viande rouge par le CIRC. Il vise à brouiller les cartes. » François Veillerette, le co-fondateur et porte-parole de l’ONG Générations Futures, interrogé sur France Info, a dénoncé une « contre-vérité, d’une énormité colossale au niveau scientifique ».

Propagande

José Bové a immédiatement dénoncé une « propagande »: « Cela fait partie des éléments de langage sortis régulièrement pour essayer de discréditer tous les rapports scientifiques. Ce n’est pas la première fois que cet office du Parlement défend des positions qui vont à l’encontre des faits scientifiques avérés » .

Quant au mathématicien macronien Cédric Villani, interrogé sur France Info, il s’est dit désolé de tels propos : « Je regrette que le sénateur Médevielle, en s’exprimant prématurément et sous une forme qui ne reflète pas le rapport, ait contribué à ajouter de l’huile sur le feu ».

Où l’on voit que manier la science la plus dure n’interdit pas d’user des vieilles métaphores. Et qu’il est toujours aussi compliqué de séparer le gentil bon grain écologique de la méchante ivraie politique.

A demain

@jynau

1 Gérard Longuet, président et Cédric Villani, premier vice-président ont apporté les précisions suivantes dans l’après-midi du 13 mai: « (….) Contrairement à ce qui a pu être indiqué, le rapport de l’OPECST ne se prononce pas sur la toxicité à long terme du glyphosate, qui doit être réexaminée par plusieurs agences d’évaluation européennes dans le cadre du processus de ré-autorisation du glyphosate à l’horizon 2022. Si la question du glyphosate est abordée dans le rapport, c’est pour mettre en perspective les différences d’appréciations entre le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et les agences d’évaluation, notamment l’EFSA, afin d’éclairer le public sur le contenu et la portée de ces divergences apparentes entre experts, mais pas de rouvrir le débat sur l’interdiction du glyphosate, qui a été tranché par le Gouvernement.

«Intrusion» ou «invention» : l’affaire de La Pitié-Salpêtrière rattrape Christophe Castaner

Bonsoir

C’est une affaire, celle « de l’intrusion de manifestants au sein de la Pitié-Salpêtrière »,  qui évolue à grande vitesse. On avait entendu la cacophonie de l’exécutif. Désormais, après la publication, jeudi 2 mai sur Facebook, d’une vidéo contredisant les propos de Christophe Castaner au sujet des incidents survenus à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière lors des manifestations du 1er-Mai à Paris, l’opposition a accusé le ministre de l’intérieur de mentir et a demandé sa démission.

A soir du 1er mai soir, le ministre de l’intérieur avait tweeté : « Ici, à la Pitié-Salpêtrière, on a attaqué un hôpital. On a agressé son personnel soignant. » Une trentaine de personnes avaient ensuite été placées en garde à vue à la suite de cette intrusion pour « attroupement en vue de commettre des dégradations ou des violences ». Avant d’être relâchées dans la soirée de ce 2 mai. L’enquête, ouverte par le parquet de Paris, se poursuit .

Or, d’après les différents témoignages recueillis notamment par Le Monde et Libération  l’intrusion d’une foule hétérogène dans la cour de l’hôpital, tout comme la tentative d’une partie des manifestants de pénétrer dans le service de réanimation, semble avant tout le fruit de la cohue liée à l’intervention des forces de l’ordre.

Ces dernières ont fait usage de gaz lacrymogène en quantité importante, entraînant un mouvement de foule. Plusieurs manifestants interrogés par Le Monde affirment dès lors être entrés non pas pour attaquer l’hôpital, mais pour se réfugier dans sa cour, ce qui est cohérent avec les images filmées depuis l’intérieur.

Lacrymogènes, enfumage et huile sur le feu

« M. Castaner est un menteur, en plus d’être un incompétent », a déclaré le chef de file des « insoumis », Jean-Luc Mélenchon, sur Franceinfo, accusant le ministre de l’intérieur d’avoir « inventé » l’attaque de l’hôpital parisien. Pour Adrien Quatennens, député La France insoumise du Nord, « après cet acte-là, M. Castaner ne peut pas rester et doit démissionner ». Et de poursuivre, au micro d’Europe 1 :

« C’est extrêmement grave : dans une démocratie, un ministre de l’intérieur qui instrumentalise à ce point la presse et fait porter le chapeau à un mouvement social (…) ne peut pas rester, ça a le mérite d’être clair. »

« S’il s’agit d’un mensonge délibéré dans le seul et unique but de disqualifier et salir une mobilisation sociale, le ministre de l’Intérieur doit être démis de ses fonctions sans délai », a aussi estimé Benoit Hamon (Génération·s), demandant que « le gouvernement produise les preuves de ce qu’il affirme ».

Pour le porte-parole des députés communistes, Sébastien Jumel, « M. Castaner se sert de la parole ministérielle comme d’un LBD [lanceur de balles de défense]. Mais par Pitié-Salpêtrière que le ministre garde son sang froid, tienne des propos mesurés sur des infos circonstanciées et arrête de dégoupiller des grenades verbales d’enfumage politique ! »

« Le ministre de l’Intérieur doit cesser de mettre de l’huile sur le feu et doit maintenant s’expliquer sur ses déclarations démenties par les faits », a écrit Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat sur Twitter.

« Le gouvernement pris en flagrant délit de #FakeNews, assez de cette propagande ! Castaner a manipulé les faits pour discréditer ses opposants : il doit démissionner. Il y a suffisamment de violences à condamner pour ne pas en inventer », a jugé de son coté Nicolas Dupont-Aignan.

Prudence remarquable d’Agnès Buzyn

« Les détenteurs de la parole publique ne sont-ils pas tenus à plus de prudence et de sérieux dans leurs déclarations ? Ce gouvernement se discrédite chaque jour davantage », a déclaré Philippe Olivier, conseiller de Marine Le Pen et candidat sur la liste Rassemblement national aux élections européennes.

De son côté, Yannick Jadot, tête de liste d’Europe Ecologie-Les Verts aux européennes, a demandé une « commission d’enquête parlementaire » sur les incidents à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, accusant Christophe Castaner et le gouvernement de « souffler en permanence sur les braises de la violence ».

Dans ce contexte la ministre de la santé, Agnès Buzyn, a été interpellée au Sénat par le président du groupe socialiste, Patrick Kanner : « Faut-il suivre les conclusions de M. Castaner ou faut-il plutôt vous suivre, puisque vous avez été beaucoup plus prudente ? », a-t-il demandé. « Il y a une enquête en cours (…) et je pense qu’il y a eu différents temps », a répondu la ministre – Agnès Buzyn qui fait preuve ici d’une remarquable prudence.

A demain

@jynau

 

Gilets Jaunes, Grand débat et PMA : un nouveau report de la loi bioéthique va faire polémique

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Trop de promesses nuit aux promesses. Pour l’heure rien n’est dit, mais tout le laisse entendre : le projet gouvernemental de révision de la loi de bioéthique ne sera pas examiné comme prévu par le Parlement. Et on attend sous peu les premières dénonciations de ce nouveau retard de l’ouverture de la PMA « à toutes les femmes » 1.

L’affaire était transparente entre les lignes du Journal du Dimanche du 28 avril :  « Philippe refait son calendrier » (David Revault d’Allones).  « Si on veut que les mesures post-Gilets jaunes soient lisibles rapidement pour les Français, il y aura forcément des textes qui sont déjà dans les tuyaux et que l’on devra repousser » prévient Sibeth Ndiaye, nouvelle porte-parole du gouvernement. On peut le dire autrement, comme un ministre (anonyme) à l’hebdomadaire dominical : « Il y a un vrai enjeu d’embouteillage ». Et une nécessité, urgente, d’arbitrage.

La menace avait déjà émergé début mars. « Officiellement, le calendrier est pour l’instant maintenu, expliquait alors France Info. La loi doit être présentée en Conseil des ministres avant l’été puis examinée au Parlement d’ici la fin de l’année. Mais tout dépend du grand débat national et des mesures qu’il s’agira de faire voter. Il risque donc d’y avoir un embouteillage parlementaire. Le calendrier sera arbitré entre le grand débat national qui se termine le 15 mars et les élections européennes, le 26 mai 2019. »

Pas informé d’un « report authentique »

Joint par France Info, le député (LREM, Rhône) Jean-Louis Touraine, rapporteur de la mission d’information sur la révision de la loi de la bioéthique, relativisait, indiquant ne pas avoir été informé d’un « report authentique ». « Je ne pense pas qu’il y ait de report, je n’ai pas été informé d’un report authentique. Marlène Schiappa et Agnès Buzyn m’ont dit qu’il n’y avait pas de report significatif, expliquait-il. Le projet de loi doit être déposé en conseil des ministres en juin prochain avant une analyse à l’Assemblée nationale soit en juillet, soit en septembre. Une ou deux semaines de décalage en fonction de l’encombrement de l’agenda, mais pas de report véritable. »

Initialement prévue au Parlement « avant la fin de l’année 2018 », la révision de loi de bioéthique avait été repoussée une première fois, déjà « en raison de l’encombrement du calendrier parlementaire ».

Marc Fesneau, ministre en charge des Relations avec le Parlement, avait alors fixé « un horizon de douze mois » pour une adoption définitive par les parlementaires. « Ce n’est pas repoussé en tant que tel avait-il précisé sur LCI. On verra en termes de calendrier, mais ce sera fin d’année 2019, deuxième semestre 2019, et si ça déborde, ça déborde ».

29 avril 2019, sur France Inter, Stanislas Guérini, délégué général de LREM a dit que, s’il fallait choisir, il préférerait que la loi sur la « PMA pour toutes » soit moins retardée que celle sur l’audiovisuel. En réitérant une fois encore, comme le président de la République, son souhait principal : que le débat soit, enfin, « apaisé ».

 A demain

@jynau

1 PS:  Edouard Philippe a annoncé, le 29 avril que le projet de loi de révision de la loi de bioéthique (incluant la « PMA pour toutes ») serait examiné en conseil des ministres « durant le mois de juillet ». Rien n’est toutefois dit quant à la date de son examen par le Parlement .

 

IVG : l’Ordre national des médecins a parfaitement entendu ceux qui voulaient se faire entendre

Bonjour

Ce sont des noms à retenir, ceux du Drs Jean Marty, Élisabeth Paganelli, secrétaire générale, et Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France (Syngof). Ils devront bientôt s’expliquer, rendre des comptes devant l’institution ordinale.

En mars dernier des responsables de ce syndicat  annoncaient, dans une « newletter », qu’ils étaient prêts à « donner l’ordre » à leurs adhérents « d’arrêter la pratique de l’IVG » si Agnès Buzyn persistait dans son refus de les recevoir.

Une obscure affaire d’assurance concernant quelques praticiens. Une sortie invraisemblable, suivie de condamnations multiples. Une sortie qui avait  fort heureusement suscité une condamnation sans appel du Conseil national de l’Ordre des médecins :

 « Le Conseil national de l’Ordre des médecins condamne fermement, au nom de la déontologie, l’expression d’une telle menace mettant en cause les droits des femmes et portant atteinte à l’indépendance des professionnels, qu’aucun conflit avec les autorités ne saurait justifier (…)  Menaçant de priver des femmes de l’accès à l’IVG, une telle attitude serait en contravention claire avec les obligations déontologiques. Cela serait un acte inexplicable et injustifiable, aux conséquences potentiellement dramatiques. »

Quelques jours plus tard  des militant.e.s féministes envahissaient le siège du Conseil national de l’Ordre des médecins. Parfois porteurs de blouses blanches tachées de sang, brandissant des pancartes quelques dizaines ils interpellaient les représentants ordinaux pour réclamer des sanctions contre le Syndicat national des gynécologues et obstétriciesn de France (Syngof). Le Dr Walter Vorhauer, secrétaire général du Conseil national avait alors « vivement critiqué le Syngof et a même accepté de brandir une pancarte réclamant la radiation de  l’ancien président Jean Marty » (France Info) . « Ce communiqué est strictement scandaleux mais des sanctions ne se prennent pas comme ça, avait-il expliqué. Nous déclencherons des procédures par le biais de plaintes déposées. »

Une profession déconsidérée

5 avril 2019. C’est fait. Sur Twitter que le Conseil national de l’Ordre des médecins a annoncé sa décision de « saisir la juridiction ordinale contre trois responsables du Syngof ».

Ordre des Médecins @ordre_medecins Réuni en Session, le CNOM a décidé de saisir la juridiction ordinale contre 3 responsables du #Syngof pour avoir annoncé, dans une newsletter du Syndicat, qu’il pourrait ordonner à ses adhérents de cesser la pratique d’#IVG. Le Conseil national de l’Ordre estime que le droit à l’#IVG est un acquis majeur des femmes, et qu’il ne saurait être mis en balance comme moyen de faire aboutir une revendication syndicale. #Syngof

Les Drs Jean Marty, Élisabeth Paganelli et Bertrand de Rochambeau  seront poursuivis devant les chambres disciplinaires régionales dont ils dépendent, pour « déconsidération de la profession ».

« Nous devons faire scandale et être prêt à arrêter la pratique des IVG pour nous faire entendre », avait écrit le Dr Jean Marty, ancien président du Syngof. Scandale il a a eu. Et ces médecins ont été entendus.

A demain

@jynau

Justice et mort d’Ange Dibenesha : premières fuites des résultats d’analyses toxicologiques

Bonjour

On se souvient de l’affaire #JusticePourAnge et de l’émotion qu’elle suscita – jusque dans les milieux politiques généralement bien pensants. Rappelons les termes du communiqué de presse de la la préfecture de police de Paris daté du 31 mars 2019.

« Prise en charge en milieu hospitalier d’un individu ayant fait un malaise au cours d’un contrôle routier

 « Le jeudi 28 mars 2019 à 01h 50, lors d’un contrôle routier effectué à hauteur du boulevard périphérique intérieur au niveau de la porte d’Italie, le conducteur d’un véhicule de marque BMW, en situation d’annulation de son permis de conduire, était dépisté positif au test de l’imprégnation alcoolique.

 « A 02h 10, alors que les fonctionnaires interpellateurs étaient en attente d’un véhicule de transport de l’interpellé, ce dernier a ingéré une substance non identifiée. Il a alors été pris de convulsions.

 « L’intervention des sapeurs pompiers était immédiatement sollicitée par l’équipage interpellateur via Police Secours 17. Rapidement sur place, les pompiers, dès leur arrivée, effectuaient un massage cardiaque sur le conducteur du véhicule. Le SAMU se présentait sur place quelques minutes après l’arrivée des pompiers, prenait l’individu en charge et le transportait à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

 « Le parquet, informé des faits, a chargé la Brigade des Stupéfiants de la Direction de la Police Judiciaire de Paris de l’enquête »

Ange Dibenesha Marifa, 31 ans, est mort le samedi 30 mars à la Pitié-Salpêtrière.

« Vers 2 h 10, alors que les fonctionnaires attendaient un véhicule pour transporter l’interpellé, ce dernier aurait ingéré une substance non identifiée « en grande quantité », avait indiqué une source proche du dossier au Monde (Adrien Sénécat). C’est alors qu’il aurait été pris de convulsions et qu’il aurait fait un malaise cardiaque. La substance en question pourrait être de la cocaïne. »

4 avril 2019. Les analyses toxicologiques menées juste après son admission à l’hôpital dans la nuit du 27 au 28 mars, révèlent que le jeune homme a régurgité, à ce moment-là, « 25 g de cocaïne », vient d’apprendre France Info « de source proche du dossier ».  Le parquet de Paris avait ouvert, dans un premier temps, une enquête en flagrance pour « usage et détention de stupéfiants ». Enquête confiée à la brigade des stupéfiants de la police judiciaire de Paris.

Cette enquête se prolonge  désormais en « recherche des causes de la mort ». Selon une source judiciaire, Ange Dibenesha était connu sous plusieurs identités.

A demain

@jynau