« Je n’ai peur de rien » assure Agnès Buzyn, ministre déconnectée ou pas du terrain

Bonjour

Le suspense n’aura pas dépassé l’arrivée du printemps et le retour des chants : c’est Nathalie Loiseau qui a finalement été désignée par Emmanuel Macron pour voler vers Strasbourg et Bruxelles. Il restera à Patrick Rambaud, moderne Philippe de Commynes, à narrer, chez Grasset l’histoire d’un désaveu. Nathalie Loiseau, donc, ministre des Affaires européennes et non Agnès Buzyn ministre des Solidarités et de la Santé.

Longtemps « pressentie » elle avait progressivement, dans différents médias, distillé sa nouvelle ambition. Lasse d’évoquer les « vaccins », la « grippe » et les « urgences » elle souhaitait « sortir de son champ de compétences ». Et avait osé la métaphore de la cathédrale.

Comment faire contre mauvaise fortune bon cœur ? « Si j’avais dû partir pour l’Europe, je pense que j’aurais eu une forme de frustration de ne pas avoir été jusqu’au bout de ce que je souhaite faire dans ce ministère », vient-elle de déclarer à l’AFP, à la veille du vote de « sa loi Santé » à l’Assemblée nationale.

Des sujets de société absolument magnifiques

« Elle a été approchée par plein de gens, ça a résonné par rapport à son histoire et à ses convictions » raconte, cité par le Quotidien du Médecin un haut fonctionnaire, faisant allusion aux liens familiaux d’Agnès Buzyn avec Simone Veil. Mais, en plein vote de la loi santé, « ça aurait été un énorme gâchis de changer de ministre », d’autant qu’elle a « une forte crédibilité dans le secteur ».

Et le Quotidien du Médecin (Stéphane Long) d’ajouter ces quelques lignes : « Un sentiment moins partagé à la base du système hospitalier où les infirmières gardent en travers de la gorge quelques attitudes qualifiées de ’mépris de classe’’ : des yeux levés au ciel, un rictus lors d’une visite à Rouen… Un médecin parisien juge que la ministre est depuis trop longtemps ’déconnectée du terrain’’ »

D’autres se plaisent à raconter que certains n’auraient pas hésité à la retenir. « Ils ont tous fait une démarche auprès d’elle en disant “Vous ne pouvez pas nous laisser tomber”.  Ça l’a beaucoup touchée » distillerait  un pilier de la majorité.

Faire une croix sur le symbole d’un destin européen dans les pas de Simone Veil ? « Je trace mon propre chemin, en restant fidèle à ses valeurs », dit Agnès Buzyn. « Un chemin, rappelle Le Quotidien, qui la confrontera bientôt aux tabous d’une société : la bioéthique, les retraites, la dépendance. ‘’Ce sont des sujets de société absolument magnifiques et je n’ai pas fini le travail [au ministère], loin de là’’, dit la ministre. Redoute-elle une opposition farouche sur ces sujets clivants ? ‘’Je n’ai pas peur. En fait, je n’ai peur de rien’’. »

A demain

@jynau

 

Mémoire : les boissons alcooliques ne sont plus faites pour les intellectuels

Guy Debord  écrivait peu mais buvait beaucoup. Blondin (Antoine)  but beaucoup et mangea peu. Surtout vers la fin. Bacon (Francis) ne peignait que semi-dégrisé. Céline (Louis-Ferdinand) avait l’alcool en horreur. Il écrivit comme personne avant lui. Rabelais (François) simulait l’ivresse comme personne. Il inventa une langue et réjouit les cœurs. Villon écrivait, buvait – et volait pour manger.

Boire avec Shining

Confidence de King (Stephen) :  « Pendant l’écriture de ‘’Shining’’,  je buvais beaucoup. Etais-je alcoolique ? J’évite de le formuler. Mais, oui, je connaissais bien l’alcool. Ceci dit, je ne vois pas pourquoi on ne traiterait pas de l’alcoolisme en l’étant… C’est bien d’écrire avec les deux points de vue ». (1) Christopher Hitchens (« Vivre en mourant »).  Simenon (Maigret). Fitzgerald et Lowry le volcan. ‘’Rester sur le rivage ou aller soi-même y voir un petit peu’’ (Gilles Deleuze).  Alcools-incubateurs.  Alcool-révélateur (2).

Trois verres (et demi)

Et puis cette douche froide avec une étude franco-anglaise financée par des fonds britanniques et américains. C’est dans Neurology. .On verra ici ce qu’en dit Le Parisien relayé sur le site de l’Inserm (bien étrange association qui voit un organisme public travailler avec un média privé pour faire la vulgarisation des travaux de ses chercheurs).

En substance que plus de 36 grammes (trois verres et demi) d’alcool par jour fait rapidement perdre la mémoire. Réponse documentée apportée au terme d’une enquête épidémiologique menée par des chercheurs français et anglais. Ils travaillent à l’University College London, au Centre de gérontologie de l’ hôpital Sainte-Périne (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris), à l’Université Versailles St-Quentin-en-Yvelines  et à l’Inserm.

Doses-effets ? 

Cette longue étude a été menée à partir des personnes participant à la cohorte britannique Whitehall. Un travail dirigé par Séverine Sabia. Conclusions simples (extrapolables à la France) autant que précises : les hommes buvant plus de 36 grammes (soit 3,5 « verres standards ») d’alcool par jour montrent un déclin de mémoire accéléré. Ce phénomène se traduit notamment par une diminution de leurs capacités d’attention et de raisonnement. Il semble ici exister une relation doses-effets. A vérifier.

Et chez les femmes ? Il n’a malheureusement pas été possible d’étudier chez elles les conséquences de consommations comparables à celles des hommes. Et ce pour de simples raisons statistiques : elles n’étaient pas assez nombreuses à consommer durablement de telles quantités. Différents éléments laissent toutefois penser qu’un déclin plus rapide des fonctions exécutives existe chez les femmes qui buvaient plus de deux « verres standards » d’alcool.

Un plaisir supérieur au 20 heures

Chacun peut, avec quelques proches, voir où il en est de ses capacités de mémorisation et où en sont ses « fonctions exécutives » (capacités d’attention et de raisonnement utilisées afin d’atteindre un objectif précis). Le test de mémoire consiste à se rappeler en une minute du plus de mots possibles parmi une liste de vingt mots qui étaient énoncés juste auparavant. Les fonctions exécutives ? Soixante-cinq questions et deux tests d’agilité verbale durant lesquels les participants devaient écrire respectivement (en une minute) le plus de mots commençant par la lettre S  et le plus de mots d’animaux, en une minute.  Essayez. C’est un plaisir potentiellement supérieur à la vision du journal télévisé de 20 heures (nous parlons ici de celui du week-end de France 2).

Pourquoi un tel phénomène, un phénomène que certains vivront comme éminemment déprimant ? La principale hypothèse avance les conséquences vasculaires de la consommation chronique d’alcool qui, en cacade, auraient des effets cérébraux. De fortes consommations d’alcool auraient en outre un effet toxique à court et long termes sur le cerveau. Même celui des écrivains, artistes et créatifs. Ils peuvent aussi s’en sortir.

Crier avec Munch

Un homme et un livre en apportent la preuve. L’homme c’est Edvard Munch (1863-1944). Le livre est celui de Dominique Dussidour : « Si c’est l’enfer qu’il voit » (éditions Gallimard). (Voir ici).

Peuvent le lire les alcooliques, ceux qui le deviennent, ceux qui ne boivent plus et ceux qui ne boivent pas plus que de raison. Et tous les autres. On y apprend que le pire n’est pas toujours certain. Et que Le Cri est, aussi, un message d’espoir. Ce qui n’est pas rien.

(1) Celles et ceux qui s’intéressent à l’alcool et/ou aux alcooliques (anonymes ou pas) prendront peut-être plaisir à découvrir « Docteur Sleep », suite de « Shining » (le livre). Editions Albin Michel, traduction de Nadine Gassie

(2) Pour les liens entre alcool et écriture : le remarquable petit « Se noyer dans l’alcool ? » d’Alexandre Lacroix. Editions J’ai Lu. Presses Universitaires de France.

Extrait de la préface à la nouvelle édition (2012) : « De toutes les spécialités, la cure de désintoxication pour alcooliques est sans doute l’une des plus moroses et des plus humbles qui soient –les résultats sont très faibles, la rechute étant la règle davantage que l’exception. De  plus les alcooliques tendent à éprouver du mépris ou de la haine, tantôt obliques et tantôt bien directs, envers les représentants de l’ordre qui veulent les sevrer : il est difficile d’établir avec eux un rapport franc et libéré du poids du mensonge. »

Les alcoolotabagiques français vus par le Renaudot 1932

Aujourd’hui  4 novembre 2013 : c’est le Goncourt au moment du déjeuner. Pour le Renaudot il faudra attendre le pousse-café. Il est rare que les lauréats s’aventurent sur les terres mouvantes de la santé publique. Ce ne fut pas le cas de Céline.

Nourrie jusqu’à plus soif de corps individuels malades la littérature ne goûte guère les pathologies collectives. Pas de santé publique chez les littérateurs. Pourquoi ? Dans sa préface à Contrepoint d’Aldous Huxley (1) André Maurois nous dit pourquoi. Il explique que la plus grande originalité de l’auteur du Meilleur des mondes  (1931) est d’être le seul romancier moderne vivant (il l’était encore) à avoir une culture scientifique. Maurois ajoute (c’est d’actualité) que Proust possédait cette culture: en témoignent ses plus belles métaphores, des métaphores de physicien et de biologiste.

Le Dr Louis Ferdinand Destouches avait aussi cette culture. Il nourrissait aussi un goût certain pour la santé publique. Céline n’eut pas le Goncourt. On lui décerna le Renaudot. Ce qui était assez logique question santé publique. Nul ne se souvient plus du Goncourt 1932 (Mazeline, Les loups, Gallimard). Quant au Voyage, (Denoël et Steele) il ne semble pas prêt d’être fini.

Destouches et la santé publique ? Extrait du célèbre entretien accordé par Louis-Ferdinand Céline au magazine L’Express. Ce dernier le publia le 16 mai 1957 –  un quart de siècle après le Renaudot-Goncourt. (Entretien dont on trouvera l’intégralité ici).

« Alors, selon vous, depuis 1914, et votre jeunesse, tout dégénère? Plus de vertu, plus de sens du devoir, plus d’écrivains, plus de critiques? A la limite, plus de Français… Nous aimerions savoir quelle explication vous pouvez donner de ce phénomène, que nous ne reconnaissons pas, mais qui doit certainement déprimer ceux qui l’admettent?
Céline. – L’alcoolisme d’abord. Il y a 1.200 milliards d’alcool qui se boivent par an en France, Ça fait une belle éponge! Je connais les vertus de l’alcoolisme, l’impression de puissance. Très dangereux. L’impression de force. D’où toutes les redondances et prétentions. Ensuite on fume. 700 milliards par an. La fumée qui donne de fausses sensations poétiques et profondes, des idées fausses aussi.

Je ne croirai qu’à un buveur d’eau. Et qui ne pense pas à roter et à digérer. Parce que les pieds sous la table… Il n’y a pas de famille sans le repas de midi. Donc on commence à bouffer, apéritif, on bouffe à midi, on rote, on ballonne, on pète, on fait un tas de trucs qui sont les phénomènes de la digestion.

Chez un homme très abstinent, il n’y a que deux heures par jour sur vingt-quatre d’activité. C’est déjà beaucoup. Cette hygiène janséniste, personne ne veut s’y plier. Donc on va dans le monde. On proustise. Et le peuple copie le monde, ils proustisent, eux aussi. Tout ça abrutit le bonhomme. II meurt sans avoir jamais pensé à rien. Il a pris parti. On se demande pour quoi, mais ça n’a pas d’importance.

Il y en a plein l’Encyclopédie, des partisans. Mais la petite chose est trop humble, trop petite pour intéresser les gens. C’est à ce point que la dentelle, on a essayé de la faire revivre, personne ne veut plus la faire revivre. Depuis qu’il n’y a plus de couvents, il n’y a plus de dentelle. Mauriac n’était pas doué pour ça, il était doué pour être professeur d’école libre, et c’est tout. Un avoué de province, à l’ombre de la sacristie. D’ailleurs ces gens sont dans la vie, et si vous travaillez vous n’êtes pas dans la vie.

C’est comme le vice. J’ai été dans le vice jusqu’au cou, dans la médecine jusqu’au cou et dans les bordels jusqu’au cou. Mais il faut en être sorti. C’est ce que disait Marie Bell: « Toi, tu n’es pas vicieux, parce que si tu étais vicieux, tu ne décrirais pas le vice, tu serais dedans. » En n’étant pas dedans, vous le décrivez. C’est comme la politique. Ils sont dedans. Ils aiment les consommateurs. Ils sont dedans. Ils aiment leurs petits enfants. Ils se font embrasser. Ils aiment une caresse dans leur chambre d’époux en disant: « Ah! chérie, j’ai bien travaillé aujourd’hui. » On est consommateur. On a jouissé, on a éjaculé, on a fait des trucs de cochon, on est cochon comme les autres. 

Moi je suis un médecin de banlieue très scrupuleux et très calme. Il faut être l’opposé de ce qu’on écrit, Voila la surprise. »

Vous en voulez, du succès ? Vous en redemandez, de la notoriété ? « Ecrire à l’opposé de ce que l’on est ». C’est un médecin de banlieue très calme et très scrupuleux qui vous le dit. C’est assez joliment écrit.

 1 « Contrepoint » de Huxley (traduction de Jules Castier, préface de André Maurois) a été édité Chez Plon. Existe en collection Presses-Pocket

2 Une mine ( pour 24, 50 euros) : Dictionnaire amoureux de Marcel Proust (Plon/Grasset) de Jean-Paul et Raphaël Enthoven

 

Les vins français d’AOC sont-ils des boissons de drogués ?

Nouvelle campagne médiatique du lobby de l’inter-profession viticole. Thème : le vin n’est pas une drogue. Une fois encore deux mondes s’affrontent : professionnels de la vigne et du vin versus professionnels de l’addiction alcoolique et de la santé publique. Aucune passerelle entre ces deux mondes n’est en vue.  

Vaste (et coûteuse) expertise publique (Anses) sur les dangers inhérents aux boissons « énergisantes/excitantes » (« Red Bull® &C°). Conclusion : mieux vaut faire attention. Des voix s’élèvent pour  les taxer. D’autres voix (ou les mêmes) réclament qu’elles soient mieux « encadrées ». Comme les vins français d’appellation d’origine contrôlée ? 

Depuis quelques jours grande opération de communication (relayée notamment par le Journal du Dimanche) qui vise à bien différencier les boissons alcooliques  du vin français d’AOC. C’est le but de Vin & Société avec «ce qui va vraiment saouler les Français», «campagne de mobilisation nationale en faveur des productions viticoles de l’Hexagone». Deux images «choc» (non datées) pour faire parler de leur initiative: François Hollande et Jean-Marc Ayrault dégustant un grand verre de vin (blanc).

Le rayonnement français

Vin & Société est une association de type loi 1901. Créée en 2004, elle dit représenter «les 500.000 acteurs de la vigne et du vin en France» (production, négoce et interprofessions). Elle s’est donné pour but «de donner sa juste place à un savoir-faire traditionnel et à un secteur d’activité qui contribue à la fois à la vitalité économique et au rayonnement de la France». Il s’agit encore de «transmettre les valeurs du vin» et de «promouvoir une consommation qualitative et responsable».

Cette campagne de mobilisation vise à faire pression sur l’exécutif pour qu’il revienne sur une série de mesures selon elle aujourd’hui à l’étude.

Des mesures qui, selon ses promoteurs, porteraient atteinte à la filière vitivinicole qui, après l’aéronautique et devant l’industrie du luxe (dont elle se réclame parfois), est le deuxième secteur contributeur à la balance commerciale française: 7,8 milliards d’euros à l’export.

Mobiliser vs moraliser

«Depuis des mois, nous sentons monter un courant moralisateur qui consiste à interdire et à déresponsabiliser les Français», assurent les promoteurs de la campagne. Ils dénoncent le fait que le vin puisse, «au nom de la morale» être assimilé à une drogue. Plus que de morale, il s’agit ici de médecine et de physiologie puisque le document cité en référence est le rapport du Pr Philippe Reynaud, psychiatre et addictologue, remis à la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) en juin 2013. Mais Vin & Société dénonce le fait que des spécialistes de l’addiction puissent juger dangereux pour la santé dès l’absorption d’un verre par jour. Et s’interroge:

«La moindre consommation de vin, même mesurée, serait donc mauvaise?»

Avant de répondre:

«Nous pensons que seule une société privilégiant l’éducation, la raison, et la responsabilité est à même de lutter contre les excès et ce, dans tous les secteurs.»

«La consommation de vin [en France] a diminué de 70% en cinquante ans et de 20% sur les dix dernières années, rappellent-ils. Quelle image sommes-nous en train d’envoyer aux 31 millions de Français qui dégustent du vin raisonnablement entre amis ou en famille? Quel signal envoyons-nous au monde entier qui nous envie le vin, symbole de notre art de vivre et de notre pays?» Selon l’Institut national de prévention est d’éducation à la santé (Inpes), 83% des consommateurs de vin en France en boivent de une à deux fois par semaine. Ou plus rarement encore, selon des données de 2010.

Boisson alcoolique

La question de fond est assez simple: la puissance publique et les autorités sanitaires françaises doivent-elle ne traiter le vin que comme une boisson alcoolique? Répondre par l’affirmative c’est, pour les responsables de Vin & Société «mépriser l’histoire et le travail des cinq cent mille acteurs de la vigne et vin en France». C’est pourquoi ils réclament au président de la République et au Premier ministre la mise en place d’une instance interministérielle «pour redonner au vin toute la place qu’il mérite dans notre pays».

Cette initiative s’inscrit dans le contexte général de la prise en compte comparée des conséquences sanitaires des différentes consommations de drogues, licites ou non. Cette démarche avait été initiée en 1998 par Bernard Kouchner. Le secrétaire d’Etat à la Santé du gouvernement de Lionel Jospin avait alors demandé au Pr Bernard Roques un rapport sur le thème de la dangerosité comparés des drogues. Ce fut une étape importante (quoique sans suite concrète) dans le débat sur la dépénalisation du cannabis. Mais après la loi Evin de 1991, ce fut aussi le point de départ d’une nouvelle prise de conscience du fléau que constituent les consommations de tabac et d’alcool (entre 100.000 et 150.000 morts prématurées chaque année).

Un pamphlet chez Grasset

Lors des opérations de lobbying visant à réduire la portée de la loi Evin, les représentants de la filière vitivinicole jugèrent opportun de s’associer aux grand alcooliers industriels (qui sont pour partie présents dans cette filière, notamment en Champagne). Ils cherchent aujourd’hui à s’en démarquer; notamment en soulignant les dimensions organoleptiques et culturelles spécifiques aux vins d’appellation d’origine contrôlée. C’est notamment l’objet d’un récent pamphlet (Invignez-vous! Editions Grasset) signé de Jacques Dupont, chroniqueur vin au magazine Le Point.

Le premier verre

En retour, plusieurs épidémiologistes, spécialistes de santé publique et alcoologues, refusent, avec plus d’énergie encore que par le passé, de faire une distinction entre les boissons alcooliques. Ils estiment que les dangers sont équivalents dès lors que la boisson consommée contient des molécules d’alcool.

C’est ainsi par exemple que l’Institut national du cancer (Inca) a publié en 2009 une brochure destinée aux professionnels de santé expliquant que les risques de cancer commençaient à augmenter à partir de la consommation d’un verre de vin quotidien. Ce qui est apparu en opposition radicale avec les assurances sanitaires données par le «régime méditerranéen», un mode d’alimentation qui inclut, précisément, une consommation raisonnée de vin. Des assurances sanitaires confortées, qui plus est, par le célèbre «paradoxe français».

Ce billet a pour une large part été publié sur Slate.fr