Bonjour
Co-chef du « Parti de Gauche », Jean-Luc Mélenchon est un cabot. Dernier tribun en lice dans l’arène politique il exerce des fonctions de thérapeute collectif. Il le sait. Il en use. Il en jouit. Jean-Luc Mélenchon est un Fabrice Luchini qui haïrait Céline et qui n’aurait pas encore réussi.
Les vacances de l’été 2014 sont là et M. Mélenchon est comme pris de fatigue. Aux frontières de la déprime. Il aimerait que cela se sache. Et voici que cela se sait. Le révolutionnaire international s’est allongé Hexagones, site hexagonal d’informations en ligne, qui a publié ses dires au lendemain du 14 juillet. (Eloïse Lebourg, 6 euros). Titre: « Je ne peux pas continuer comme cela. » Extraits:
Physicien : « J’aspire à ce que le niveau de pression sur moi baisse. »
Neurologue : « Cela fait cinq ans que ça dure et ce n’est pas bon. On finit par ne plus raisonner aussi tranquillement qu’on le devrait. »
Vert : « Il faut aussi que le grand arbre n’empêche pas le reste de la forêt de pousser. »
Ecologiste : « Maintenant, il y a plusieurs visages qui ont émergé à l’intérieur du Parti de gauche. Il faut qu’ils aient leur espace politique. »
Acteur : « Je ne vais pas jouer tous les rôles. »
Nombriliste : « Je veux m’utiliser dans ce que je crois être capable de faire: la transmission idéologique, le travail intellectuel et culturel. »
Vert (bis) : « Et j’ai besoin de reconstituer la couche du terreau. »
Militaire-Garagiste : « Ce qu’il faut, c’est donner des raisons qui donnent envie de se battre (…) C’est ça qui va être le moteur. Pour moi, ce n’est pas de me mettre en retrait, c’est m’utiliser autrement. »
Raisonnable : « J’ai fait mon temps à organiser la vie d’un parti. »
Alchimiste : « J’essaie de cristalliser quelque chose qui existe en dehors de moi. J’ai besoin de temps, je ne peux plus continuer comme cela. »
Thérapeute familial : « On est dans une période où l’on a besoin de se reposer. Parce qu’on vient de passer cinq ans terribles. Nous sommes en échec. »
Lièvre : « (…) le tir à vue permanent pour essayer de m’isoler. A un moment il faut s’arrêter de courir. Parce que si on court tout le temps, on va finir par se mettre dans le vide. Et là, j’ai besoin de dormir, de ne rien faire, de bayer aux corneilles. »
Prophétique : « Et puis après il y aura à travailler pour donner un contenu concret à des idées assez générales (…) La question pour nous n’est pas de faire un parti révolutionnaire, c’est d’aider à la naissance d’un peuple révolutionnaire. Vu ce qu’on a à faire, il faut tout changer en profondeur. »
Le buzz arrive, le buzz est là. Avec cette interrogation portant sur les corneilles et ce que M. Mélenchon souhaite faire devant elles. « Bayer » ? Ne serait-ce pas « bailler » comme le laisse entendre son « besoin de dormir » ? Mais non, il s’agit bien de « bayer », verbe du premier groupe rarement employer par les masses laborieuses prérévolutionnaires. Littré nous le dit, qui ne se trompe jamais :
« Bayer : (ba-ié. Il faut se garder de le confondre avec bâiller, dont il se distingue par l’a bref et par l’absence des ll mouillées ; plusieurs prononcent béié, ce qui vaudrait mieux), je baye, tu bayes, il baye ou il baie, nous bayons, vous bayez, ils bayent ou ils baient ; je bayais, nous bayions, vous bayiez, ils bayaient ; je bayai ; je bayerai, baierai ou baîrai ; je bayerais, baierais ou baîrais ; baye, bayez ; que je baye, que nous bayions, que vous bayiez, qu’ils bayent ; que je bayasse ; bayant ; bayé v. n. »
1 Tenir la bouche ouverte en regardant quelque chose. Je voulus aller dans la rue pour bayer comme les autres, [Sévigné, 20] Il trouva sous sa main le comte de la Tour parmi une foule d’officiers qui étaient venus bayer là et faire leur cour à M. de Vaudemont,[Saint-Simon, 346, 49]
Fig. et familièrement. Bayer aux corneilles, regarder en l’air niaisement. Allons, vous, vous rêvez, et bayez aux corneilles, [Molière, Tart. I, 1]
2 Fig. Désirer quelque chose avec une grande avidité. Vanité…. Qui baye après un bien qui sottement lui plaît, [Régnier, Sat. V]
Avidité (Régnier) ou niaiserie (Molière) ? Les lendemains nous le diront. En chantant, ou pas.
A demain