Bien-être des animaux : quand un ministre tente de mettre de l’eau dans son vin tauromachique

Bonjour

Longtemps socialiste, il avait dit qu’il quittait la politique. Avant d’y revenir pour un maroquin de ministre macroniste. Il avait dit qu’il ne répondrait pas aux défenseurs des taureaux de combat, que c’était une « affaire privée ». Avant d’y revenir et d’en faire une affaire publique. Didier Guillaume, 60 ans, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation et du Bien-être animal aime se contredire. Partant il fait parler de lui. Comme ce lundi 19 août quand, sur France Info, il est revenu sur une image qui suscite un grand émoi au sein de la classe politique et l’ire des défenseurs des animaux. Une image qui le montrait avec sa collègue Jacqueline Gourault aux premières loges de la corrida de Bayonne.

« Didier Guillaume ‘’s’en branle’’ de la souffrance animale! Lamentable! » avait commenté, tout en nuances, l’eurodéputé vert Yannick Jadot. « Le ministre ne peut pas défendre la cause animale et d’un autre côté s’asseoir dans une arène de corrida, se divertir face à la torture d’un être vivant, sensible et innocent », avait ajouté sa collègue écologiste Karima Delli. « En assistant à une corrida, Didier Guillaume affiche son mépris pour la condition animale », avait poursuivi Manuel Bompard, chef des élus Insoumis au Parlement européen.  « Aucune limite dans l’indécence, avait conclu la Fondation Brigitte Bardot. C’est au-delà du scandaleux et de l’écœurement ! »

Tenir la barre et manier la cape

Quatre jours après avoir déclaré qu’il s’agissait d’une sortie privée le ministre a cherché à rétropédaler : « Je regrette que ça ait pu choquer un certain nombre de citoyens qui sont contre ces pratiques. Ce qui a été terrible sur les réseaux sociaux, ça a été la récupération politique, politicienne, faite par d’autres. » 

« Les Français attendent autre chose que de vaines polémiques (…), Ça suffit maintenant, regardons les choses tranquillement et rassemblons ce pays » #8h30Politique Ce que je ne voudrais pas, c’est que l’on résume la maltraitance animale ou la lutte pour le bien-être animal à une photo dans un spectacle. Je suis le premier ministre de l’Agriculture à avoir une collaboratrice, une conseillère au cabinet en charge du bien-être animal. Je suis le premier ministre de l’Agriculture en charge du bien-être animal qui a pérennisé le Conseil national de surveillance des abattoirs. »

Pour le ministre, ancien élu de la Drôme, la corrida est une «tradition séculaire ». Et faire durablement saigner, avant de les tuer, des taureaux au grand air ne tombe pas sous le coup de la loi française.  

« Je pense qu’il ne faut pas mélanger les choses, qu’il faut faire le distinguo entre ce qui a pu se passer un soir dans un spectacle et tout le travail qui est fait, les mesures qui seront prises à la rentrée -et qui ne l’ont jamais été- sur le bien-être animal »

Où l’on comprend que tuer peut, au-delà de l’art tauromachique, n’être qu’un spectacle. « Ça a duré 24 heures, ça a tapé fort… Mais c’est la vie, a-t-il conclu au sujet de la polémique. Nous avons fait la démonstration que ce gouvernement tient la barre, que le président de la République tient la barre. » Sans doute le ministre voulait-il parler de la cape.

A demain @jynau 

Québec : autoriser l’«aide médicale à mourir» aux personnes «inaptes» à la demander ?

Bonjour

Froid dans le dos ? Les médias généralistes n’ont pas encore, de ce côté de l’Atlantique, fait écho à ce qui se passe au Québec. Danielle McCann y est ministre de la Santé et des Services sociaux de Québec. Elle vient d’annoncer être favorable à l’ouverture d’un débat sur l’ouverture de « l’aide médicale à mourir » aux personnes « inaptes » 1. Entendre par là qui ne sont pas ou plus capables de donner leur consentement à l’acte euthanasique : personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, mais aussi toutes les personnes « souffrant de diverses formes de démence et de pertes cognitives », un phénomène « grandissant avec le vieillissement de la population ».

Au Québec, en vertu d’une loi adoptée en 2014, une personne apte à donner son consentement souffrant d’une maladie incurable et qui est en fin de vie peut obtenir une « aide médicale à mourir ». Mais une personne souffrant d’Alzheimer ou de démence qui se retrouve dans la même situation ne peut l’obtenir au motif qu’elle est incapable d’exprimer son consentement.

L’affaire est notamment rapportée par le Huffington Post (Jocelyne Richer) et par   La Presse.ca (Tommy Chouinard) :

Lesdéclarations de la ministre de la Santé et des Services sociaux font suite à une décision de justice : « la juge Hélène Di Salvo a envoyé Michel Cadotte derrière les barreaux pour deux ans moins un jour pour l’homicide involontaire de sa femme Jocelyne Lizotte. M. Cadotte disait avoir agi ‘’par compassion’’, afin de mettre fin aux souffrances de sa femme atteinte de la maladie d’Alzheimer ».

Danielle McCann n’a pas voulu commenter l’affaire Cadotte. Elle a néanmoins tenu à dire qu’’’il faut être sensible à ce que met en lumière cette situation-là et voir que, vraiment, nous devons avancer dans [le] dossier’’ de l’élargissement de l’aide médicale à mourir. ‘’ Le Québec est rendu à se pencher sur cette question-là : comment nous allons le faire, à quel moment nous allons le faire. Ce sont évidemment avec les recommandations du groupe d’experts qu’on va travailler’’, a-t-elle expliqué. Créé il y a quelques mois, le comité doit remettre son rapport prochainement. ‘’C’est sûr qu’on entend beaucoup dans la population qu’on souhaite qu’on élargisse. On entend ça, et je pense qu’on ne peut pas le nier. Mais on ne va pas s’avancer davantage sans attendre les recommandations du groupe d’experts.’’ .

La ministre n’a pas voulu donner son opinion personnelle – mais elle fait valoir que ses fonctions font qu’elle est « au service de la population ». « Et je sais que la population a des attentes par rapport à ce dossier. Nous avons une Commission sur les soins de fin de vie, des experts, et je dis à la population qu’on va s’occuper de ce dossier-là. Ce sera un dossier majeur pour nous, et nous serons à l’écoute de la population ».

Que dira « la population » ? Et qui décidera que l’on peut « aider à mourir » les personnes (de plus en plus nombreuses) qui n’auront pas les capacités de le demander ? Froid dans le dos ?

A demain

@jynau

1 « Inapte » 

Jeu de rugby : trois jeunes morts en sept mois ; les vieux «Gros Pardessus» ne bougent pas

Bonjour

« Nicolas Chauvin : un sourire s’est effacé » titre L’Equipe. Et le quotidien sportif de consacrer deux pages édifiantes : « Morts au jeu » et un éditorial lumineux : « Urgences » (Alexandre Bardot). Trois morts, donc. Trois morts en sept mois : Adrien Descrulhes (17 ans, 20 mai), Louis Fajfrowski (21 ans, 10 août), Nicolas Chauvin (18 ans, 12 décembre).

L’émotion, bien sûr. Et de l’émotion collective à venir. La Fédération Française de Rugby et la Ligue Nationale de Rugby ont annoncé qu’une « minute d’applaudissements serait respectée cette semaine et ce week-end avant le coup d’envoi de toutes les compétitions de rugby amateur et professionnel ». Et ce « en hommage à Nicolas Chauvin, décédé mercredi ». Applaudir pour rendre hommage à un adolescent de 18 ans mort sur le pré ? On aurait, aussi, pu faire silence 1.

Mais encore ? Ceci : « la FFR a demandé à World Rugby la tenue immédiate d’une réunion exceptionnelle dédiée à la sécurité ». La belle affaire. Trois morts en sept mois ? Les Gros Pardessus s’émeuvent a minima mais ne bougent pas.

Les deux pages de L’Equipe du jour (Pierre-Michel Bonnot, Ollivier Bienfait) décryptent le sujet essentiel : les dangers inhérents à la pratique actuelle des plaquages « hauts » associés à l’évolution des gabarits : en quarante ans le joueur de rugby d’élite a pris 12,5 centimètres et 18 kg.

Suicide et fatalité

Aucune fatalité ici : il faut d’urgence modifier les règles du plaquage et interdire ceux, contre nature, pratiqués au-dessus de la taille. Et l’histoire montre, avec la mêlée, que les dirigeants du rugby ont su évoluer et s’engager dans une politique de réduction des risques – une politique loin de ruiner la beauté du jeu et du spectacle. Il en irait de même avec les interdits des « plaquages-hauts » qui contribueraient à fluidifier le jeu et à l’éloigner de son rapprochement suicidaire vers le « football américain ».

On peut, bien évidemment, soutenir une opinion contraire. Comme, toujours dans L’Equipe,  Grégory Lamboley, jouer retraité ou Brett Gosper, directeur général de World Rugby qui, sur Canal +, estime en substance que les morts sur le pré pèsent assez peu rapportés à la somme des bénéfices apportés par ce jeu.

Pour sa part Grégory Lamboley reprend l’antienne selon laquelle la vie humaine ne tient qu’à un fil et que la chance n’appartient guère à ceux qui, finalement, se trouvent au mauvais moment au mauvais endroit. Où l’on comprend que le rugby aide aussi à faire la part entre ceux qui plaident pour la  perpétuation de la jungle humaine et ceux qui plaident pour sa réduction. Au planchot français, trois morts. Dans la tribune d’honneur, légion du même nom sous l’hermine, les Gros Pardessus, immobiles.

A demain

@jynau

1 Sur les rapports et les évolutions entre « minute de silence » et « applaudissements »se reporter à : « Pourquoi les Niçois ont applaudi pendant la minute de silence » (Claire Digiacomi) HuffPost

 

 

Le poids des alcools, le choc de la honte : la thérapeutique annoncée de Jean-Vincent Placé

Bonjour

C’est un dossier comme tant d’autres – à l’exception notable de la personnalité et de la carrière politique du premier concerné : Jean-Vincent Placé, 50 ans, élu sénateur de l’Essonne en 2011 président de l’Union des démocrates et des écologistes (UDE) quatre ans plus tard avant d’être nommé  secrétaire d’État à la Réforme de l’État et à la Simplification du 11 février 2016 au 10 mai 2017. Ancien membre des Verts. Chevalier de l’ordre national du mérite.

Connu au chapitre des faits divers : Le 12 novembre 2013, la région Ile-de-France  demande à Jean-Vincent Placé de payer ses amendes, soit 18 161 €, correspondant à 133 amendes pour stationnements interdits et excès de vitesse. Pour sa défense, il indiquera qu’il « n’est pas un homme de chiffres ».

Victime, le  3 septembre 2017, d’une agression et d’une tentative de vol de sa montre de luxe à Paris. Il  déclare alors envisager d’arrêter la politique.

Dans la nuit du 4 au 5 avril 2018, il est placé en garde à vue dans le commissariat du 5ème arrondissement de Paris pour insultes racistes et « outrage à agents » alors qu’il se trouvait en état d’ivresse. La garde à vue ne sera levée que le 6 avril 2018, jour où il est présenté au parquet de Paris. Il devra comparaître le 11 juillet devant la justice.

Pour la suite, l’ancien homme politique a choisi Paris Match . Un témoignage qui mérite d’être rapporté. « Je mesure bien la honte et l’indignité d’avoir été en état d’ébriété, d’avoir eu un comportement déplacé et inconvenant. J’en paierai les conséquences. Je le dois à ma famille auprès de laquelle je m’excuse aussi » a-t-il expliqué, par téléphone à Caroline Fontaine, journaliste de l’hebdomadaire.

Alcoolique mais ni pervers, ni raciste

Il se confie longuement sur les tourments qu’il a traversés, lui qui se définit comme un homme d’action.

 « Les trente-sept heures de garde à vue ont eu un mérite : j’ai enfin pris le temps de réfléchir. J’ai réalisé que, dans les derniers mois, j’avais bu excessivement en diverses circonstances. Il y a eu des excès, de l’alcoolisme. J’assume le mot. C’est une maladie, l’alcoolisme.

« Une chose est de boire trop, une autre d’être pris pour un pervers et un raciste. Je n’ai jamais insulté cette jeune femme. Elle l’a confirmé lors de la confrontation. Je n’ai jamais proféré d’insultes racistes. Encore moins avec ce videur qui se fait appeler Vladimir et se prétend serbe. Lui m’a mis une gifle, mes lunettes sont tombées, elles se sont cassées en deux. L’outrage aux policiers est à replacer dans ce contexte d’énervement »,

Le citoyen Placé a écrit une lettre d’excuses au préfet de police de Paris. Et Paris Match confie qu’il ne pourra cacher quelques sanglots quand il évoquera son enfance difficile quand il est arrivé en France, à l’âge de 7 ans. Aujourd’hui, il veut, dit-il «solder le temps d’avant, présenter (ses) excuses, arrêter de boire. Mais après, je veux qu’on me laisse tranquille ».

Aider à s’identifier, à avancer

Le HuffPost a, le premier, cherché à comprendre en interrogeant Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre et auteure du livre « Les femmes face à l’alcool » 1. Quand prend-on conscience de sa dépendance ? Certaines personnes admettent leur dépendance dès qu’elles trouvent anormale leur relation à l’alcool. D’autres quand elles comprennent ne plus pouvoir pathologiquement s’en abstenir. En parler publiquement ? La psychiatre Christine Barois : « Au début, je trouvais que reconnaître publiquement son addiction était un peu pervers. Mais en même temps, la communauté peut nous porter. Cela a le mérite d’aider à avancer. »

Cela pourrait aussi, surtout, dépasser le seul cas Jean-Vincent Placé. « Cela peut donner du courage à d’autres personnes, assure Fatma Bouvet de la Maisonneuve. Cette déclaration évoque leur souffrance. Ils peuvent s’y identifier. » «  Exactement, j’ai beaucoup de réactions de patients qui sont sensibles à cette prise de position publique  Pour le coup, bravo ! » commente Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération Addiction.

« Cette situation lui en évoque une autre, plus ou moins similaire, rappelle Le HuffPost. Au mois de janvier 2015, la chanteuse Véronique Sanson s’était, elle aussi, confiée à Paris Match sur son difficile parcours avec l’alcool. Comme le soulignait Fatma Bouvet de la Maisonneuve, à l’époque dans L’Obs, les mots de l’interprète d' »Amoureuse » sur son alcoolisme avaient permis de diffuser un message de santé publique fort: déculpabiliser les femmes qui souffrent de la même maladie et les pousser à se soigner. »

Où l’on voit qu’après quelques premières hésitations il n’était finalement pas inutile de rapporter ce qu’il en était de l’esclandre, rue Princesse, de Jean-Vincent Placé.

A demain

1 Fatma Bouvet de la Maisonneuve, « Les Femmes face à l’alcool » Editions Odile Jacob.

Glyphosate : Macron «engueule» un paysan ; Nicolas Hulot avale un peu plus de son chapeau

 

Bonjour

En France la très vieille et très célèbre affaire de l’amiante hante toujours les politiques. Elle hante ceux qui furent au pouvoir, ceux qui y sont et ceux qui y seront. Dernier et éclairant symptôme en date : Emmanuel Macron, président de la République lors de sa « visite marathon » au Salon de l’Agriculture. L’affaire, signifiante et exemplaire, nous est rapportée par mille et un réseaux.

Après un explication avec des agriculteurs déguisés en peluche, après bien des sifflets nourris et musclés, Emmanuel Macron a été interpellé par un agriculteur à propos du glyphosate – ce pesticide-feuilleton que la France souhaite interdire « d’ici trois ans au plus tard ». Ce fut un « échange tendu ».

Le paysan-céréalier protestait haut et fort contre cette interdiction, le président de la République s’est lancé dans un échange d’une particulière vivacité. « Je vous engueule parce que j’aime pas qu’on me siffle derrière; mais après je viens vous voir et on s’explique », est allé jusqu’à dire le chef de l’Etat, selon une retranscription faite par l’AFP. Et dans une vidéo publiée par Franceinfo, on peut voir Emmanuel Macron répondre sèchement à son vis-à-vis :

« Le glyphosate, il n’y a aucun rapport qui dit que c’est innocent (…). Dans le passé, on a dit que l’amiante ce n’était pas dangereux, et après les dirigeants qui ont laissé passer ils ont eu à répondre (…) Les ouvriers agricoles, les consommateurs, qui demain diront ‘vous aviez le glyphosate, vous le saviez et vous n’avez rien fait’, ils me regarderont les yeux dans les yeux, ils n’iront pas vous chercher, vous. »

Et quand le placide paysan fit observer au président qu’il avait perdu son sang froid, Emmanuel Macron répondit : « Vous m’avez sifflé dans le dos depuis tout à l’heure! »

Sang-froid

Le lendemain, nouvelles informations, politiques et surprenantes : le Journal du Dimanche affirme que Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire ne se rendra pas au Salon de l’agriculture. Et le ministère du même nom de confirmer cette information à l’AFP. Explication plus que boisée : le ministre « privilégie le dialogue direct avec les parties prenantes dans de bonnes conditions d’échange ». « Je préfère dialoguer loin des regards et des caméras, c’est ma méthode », a expliqué le ministre au JDD. Et des sifflets aurait-il pu ajouter.

Nicolas Hulot (qui s’était battu en 2017 pour une sortie du glyphosate en trois ans) se dit prêt aujourd’hui à envisager des « exceptions » :

« On est en train de recenser les alternatives qui existent et de leur donner les moyens de faire leurs preuves. Mais je ne suis pas buté et personne ne doit être enfermé dans une impasse : si dans un secteur particulier ou une zone géographique, certains agriculteurs ne sont pas prêts en trois ans, on envisagera des exceptions (…) Mais si on arrive à se passer du glyphosate à 95 %, on aura réussi ».

Combien de temps le glyphosate -Roundup hantera-t-il les nuits de l’exécutif ?

A demain

Big Tobacco ne sera plus jamais ce qu’il a été. Que va-t-il se passer avec son «tabac chauffé» ?  

 

Bonjour

Duplicité ou pas l’affaire est dite : le géant Philip Morris annonce officiellement qu’il est sur le point d’« abandonner la cigarette » ; abandon de la combustion du tabac au profit de son chauffage. C’est là un symptôme massif. Les mêmes causes capitalistes produisant les mêmes effets de marché, les concurrents ne peuvent plus ne pas suivre. Nous assistons ainsi à ce qui ressemble fort à une révolution. Après celle de la cigarette électronique (« des volutes ») celle annoncée du « tabac chauffé » et non plus « brûlé ». Fondée depuis plus d’un siècle sur la dépendance et la toxicité massive une puissante industrie meurtrière prend (du moins là où elle ne peut plus faire autrement) un virage historique.

Voilà qui devrait faire phosphorer – à commencer par celles et ceux qui sont en charge de la santé publique. C’est le cas au Royaume-Uni. En France, on le sait, l’électroencéphalogramme demeure toujours aussi plat. Le quinquennat François Hollande-Marisol Touraine était resté muré dans le déni de la cigarette électronique. Celui qui commence va-t-il y associer une double cécité, politique et sanitaire, vis-à-vis du « tabac chauffé » ?

Les chevau-légers de la réduction des risques furent les seuls, en France, à travailler le chapitre essentiel de la cigarette électronique. Seront-ils également isolés face à la nouvelle offensive industrielle et commerciale de Philip Morris & Cie ? Le départ du Pr Benoît Vallet du poste de Directeur général de la santé n’est pas, ici, de nature à rassurer. Comment s’y retrouver ? Comment la situation pourrait-elle évoluer ?

Commentaires bienvenus

Nous avons ici interrogé Philippe Presles médecin, tabacologue et essayiste, membre du comité scientifique de SOS Addictions. Voici ses réponses. Les commentaires seront, comme toujours les bienvenus. Ils nous aideront à progresser.

«   1. Philip Morris met un genou à terre et c’est une grande victoire de la cigarette électronique. Grâce à elle et à son potentiel économique, la recherche mondiale sur les alternatives au tabac est repartie.

  1. Méfions-nous de nous : un maréchal gagne rarement deux guerres. Les associations de lutte contre le tabac qui ont gagné la guerre de la dénormalisation, ont raté celle de la réduction du risque.
  2. Par sa position, Philip Morris s’engage pour la nicotine sans fumée, comme nous le recommandons et comme le recommande le Royal College of Physicians. Cela doit être salué. C’est notre victoire à nous.
  3. Par ses lobbyistes, Philip Morris peut entraîner des gouvernements sur cette voie et de ce fait les amener à reconnaître tous les produits de la nicotine sans fumée, dont les Snus et la cigarette électronique.
  4. A nous de bien évaluer le degré de Réduction des Risques d’IQOS, voire d’émettre des réserves. Nous avons le droit de réclamer des études comme les Etats et les journalistes nous en ont tant demandées pour la e-cig.
  5. A nous d’être cohérents : toutes les recherches sur les produits nicotiniques sans fumées sont fondamentales, y compris celles sur le tabac chauffé.
  6. Et n’oublions pas que les fumeurs ont besoin de beaucoup de solutions différentes pour arrêter de fumer. Plus d’un tiers d’entre eux ne supportent pas la cigarette électronique. Beaucoup s’en lassent. Idem pour les patchs.
  7. Au final, cela devrait augmenter le marché de la vape dans le monde, car si Philip Morris change de stratégie, c’est bien que ses études de marché lui indiquent le sens du vent. Ce ne sont pas des saints, on est bien d’accord. »

On peut voir là, en cette aube de 2018, un nouveau match qui commence, de nouvelles fenêtres de tir, un nouveau et passionnant chapitre à écrire.

A demain

 

 

PMA : après Edouard Philippe, Jacques Testart face au président de la République !

Bonjour

Ce devait être le grand moment de « L’Emission politique » (France 2) : sous le fouet de Léa Salamé, les gladiateurs républicains Edouard Philippe et Jean-Luc Mélenchon. Ce fut, in fine, un échange policé; un match de troisième division qui déçut profondément une foule accourue en grand nombre devant les écrans.

Une foule qui découvrit une nouvelle fois le caractère étrange de ce boxeur amateur soudain promu Premier ministre. Un amoureux, dit-on, du style indépassable de Louis-Ferdinand Céline mais qui peine à remplir la fonction pré-suprême qui est la sienne. Un homme qui aimerait faire comprendre qu’il ne manque pas d’humour et que l’on pressent pétri de contradictions de plus en plus difficiles à assumer. Un locataire de Matignon qui, sans doute par crainte du soleil élyséen jupitérien, se cantonne au périmètre de chef comptable de cabinet.

Laissons Jean-Luc Mélenchon pour Jacques Testart, malicieusement rayonnant sur le plateau. Jacques Testart, biologiste et prophète du Meilleur des mondes, pionnier de la fécondation in vitro et créateur d’Amandine, le premier « bébé-éprouvette » français 1. Edouard Philippe savait être sur le grill, mis en face de ses contradictions, contraint de justifier son évolution.

Couples du même sexe

Alors qu’il était encore maire du Havre, Edouard Philippe avait, en février 2013, signé avec Nathalie Kosciusko-Morizet cosignaient une tribune dans le Huffington Post,  L’Assemblée Nationale débattait alors depuis plus de du texte autorisant le mariage des couples de même sexe.  Après avoir exposé toutes les raisons pour lesquelles il s’abstiendrait lors du vote Edouard Philippe et Nathalie Kosciusko-Morizet écrivaient :

 « Nous ne sommes pas opposés à une loi qui permettrait le mariage et l’adoption simple pour les couples de même sexe, mais nous n’accepterons pas ce qui viendra après cette loi. Nous nous opposerons résolument à la PMA pour les couples homosexuels féminins, et à la GPA qui, au nom de l’égalité, ne manquera pas d’être réclamée par la suite. »

La loi a été votée et ce qui devait venir est annoncé : l’avant-projet de loi sur la « PMA pour toutes » est déjà en chantier, une loi annoncée pour un vote durant l’année 2019. Et nous retrouvons aujourd’hui Edouard Philippe Premier ministre chargé de défendre ce qu’alors il combattait. Où est aujourd’hui cette opposition résolue affichée il y a quatre ans ? Contorsions, embarras, points de suspension… Comment se justifier sur un sujet éthique avec lequel il est interdit de plaisanter ?

« Discuter avec des gens »

Jacques Testart pousse le fer sans jamais brûler, rappelle que la « PMA pour toutes » se réduit à une « insémination artificielle », qu’il n’y a là aucun geste spécifiquement médical et que l’autoriser via la loi conduira à une pénurie de dons de sperme, à l’ouverture immanquable d’un nouveau marché et, in fine, à la commercialisation des éléments (cellules, tissus et organes) du corps humain. Effroi et dénégations du Premier ministre qui se souvient avoir lu, il y a bien longtemps, un livre du biologiste. Edouard Philippe qui dira, sans le dire et en même temps en le disant qu’il a, en quatre ans, « évolué » sur le sujet. Pourquoi ?

« J’évolue car je rencontre des couples qui ont eu recours à cette technique en Belgique, en Espagne. Je vois ce que ça suscite, ce que ça permet, je ne vois pas ce que ça enlève. J’ai envie d’en discuter avec des gens. »

« Discuter avec des gens » ? Ce n’est sans doute pas la meilleure formule à utiliser sur un tel sujet quand on est à la tête de l’exécutif. Jacques Testart aimerait, lui, poursuivre un combat qu’il sait, désormais, maîtriser. Trop tard. Il faut passer aux salaires non versés des forces armées ; et l’on entend Jean-Luc Mélenchon piaffer.

Qu’importe, la messe est dite. On sait désormais quel devrait être, en toute logique éthique et républicaine, le prochain plateau télévisé : Jacques Testart face à Emmanuel Macron. Digne descendant de Jean Rostand, le biologiste prophète en éthique y est prêt. On n’ose pas imaginer que le président de la République s’y refuserait.

A demain

1 Lire, sur ce thème, le (long et dérangeant) entretien accordé par Jacques Testart à l’hebdomadaire Charlie Hebdo (n° 1313)

PS  Hasard ou fatalité nous apprenons aujourd’hui la mort brutale du Pr Jacques Lansac, ancien chef du service de gynécologie-obstétrique du CHU de Tours (1982 -2008) et ancien président du  Collège national des gynécologues obstétriciens de France. Il fut, à notre connaissance et dans son domaine, l’un des meilleurs traducteurs-pédagogue du grand passage de l’éthique au droit qui conduisit au corpus législatif de bioéthique d’aujourd’hui. Son savoir et son humour nous manqueront.

On trouvera ici l’hommage que rend à cet humaniste notre confrère Jean-Daniel Flaysakier.

 

 

 

« PMA pour toutes » : une couleuvre éthique et politique pour Edouard Philippe, Premier ministre

Bonjour

Cas d’école, au croisement du politique et de l’éthique : Edouard Philippe, issu des rangs de la droite et depuis peu Premier ministre d’un président formé par la gauche. On savait le chef du gouvernement confronté à des contradictions politiques. Le voici désormais face à ses engagements éthiques. Alors qu’il est en charge de mettre en musique la principale promesse sociétale de celui qui l’a nommé à Matignon (la PMA pour toutes ») voici que quelques gazettes ont retrouvé un document quelque peu embarrassant.

Alors qu’il était encore maire du Havre, Edouard Philippe avait, en février 2013, signé avec Nathalie Kosciusko-Morizet cosignaient une tribune dans le Huffington Post,  L’Assemblée Nationale débattait alors depuis plus de du texte autorisant le mariage des couples de même sexe. « Débat est long, parfois tendu, souvent intéressant, écrivaient alors les deux signataires. Il met aux prises des positions tranchées, reposant le plus souvent sur des convictions personnelles profondément ancrées chez chaque député et chaque citoyen, sur des conceptions de la société parfaitement respectables même si, aujourd’hui, elles s’affrontent dans un fracas renforcé par le besoin de certains de caricaturer ceux qui ne pensent pas comme eux. »

Et le futur Premier ministre de faire alors la leçon au gouvernement socialiste :

« Le gouvernement aurait pu, sur cette question sensible, dont on pressentait évidemment qu’elle susciterait un débat profond dans la société française, ne pas proclamer à l’avance la nécessité d’une loi. Il aurait pu organiser un vaste débat public préalable autour de personnalités incontestables issues des mondes politique, philosophique, médical et religieux. Cette méthode aurait permis des auditions retransmises sur les chaines d’information parlementaire ainsi qu’une réflexion plus poussée sur les enjeux juridiques, éthiques, diplomatiques et humains de ce projet. »

« Nous nous opposerons résolument »

Après avoir exposé toutes les raisons pour lesquelles il s’abstiendrait lors du vote Edouard Philippe et Nathalie Kosciusko-Morizet écrivaient :

« Nous ne sommes pas opposés à une loi qui permettrait le mariage et l’adoption simple pour les couples de même sexe, mais nous n’accepterons pas ce qui viendra après cette loi. Nous nous opposerons résolument à la PMA pour les couples homosexuels féminins, et à la GPA qui, au nom de l’égalité, ne manquera pas d’être réclamée par la suite. »

La loi a été votée et ce qui devait venir est annoncé : l’avant-projet de loi sur la « PMA pour toutes » est déjà en chantier, une loi annoncée pour un vote durant l’année 2019. Edouard Philippe ne pouvait certes pas savoir, en février 2013, qu’il serait un le Premier ministre chargé de défendre ce qu’alors il combattait. Où est aujourd’hui cette opposition résolue ?

Edouard Philipe n’est pas seul dans cette situation qui résulte de la déconstruction du paysage politique national : il en va de même ministre de l’Économie Bruno Le Maire et, plus encore, de Gérald Darmanin aujourd’hui ministre de l’Action et des Comptes publics qui était allé jusqu’à déposer un amendement visant à interdire la PMA aux couples de même sexe.

Interrogé il y a quelques jours sur RMC-BFM TV, M. Darmanin, très mal à l’aise, n’a eu de cesse de temporiser. «C’était en 2013. […] C’est une question compliquée…. Moi, ma ligne rouge, c’est la gestation pour autrui …. », a déclaré l’ancien député LR – avant de rappeler que la mesure n’était, de toutes façons, pas encore d’actualité.  Que l’urgence du président et du gouvernement était aujourd’hui « le pouvoir d’achat, l’économique et le social ». Avaler les couleuvres, ou reculer pour mieux sauter.

A demain

Stupéfiants : faudra-t-il, demain, les dépister chez les chômeurs indemnisés ?

 

Bonjour

Sombres nuages sur l’Amérique. Le temps se couvre, outre-Atlantique. L’information est disponible sur le site Slate.fr (Claire Levenson). Aux États-Unis, le ministère du Travail vient officiellement d’autoriser les États à exiger un dépistage de drogue pour les demandeurs d’emploi qui souhaitent obtenir des allocations chômage. Les Républicains au Congrès ont récemment voté pour éliminer une disposition mise en place par Barack Obama qui s’opposait à une telle pratique.

« En décembre dernier, le gouverneur républicain du Wisconsin, Scott Walker, avait envoyé une lettre ouverte à Donald Trump, lui demandant de changer les règles afin qu’il puisse soumettre les personnes bénéficiaires de certaines allocations à des dépistages, rapporte Slate.fr. Son vœu a été exaucé.

Idem en Australie

Aux Etats-Unis l’idée de ce type de dépistage a émergé pendant la récession de 2009, lorsque des Républicains ont pensé pouvoir ainsi économiser de l’argent. « Pourtant, l’expérience montre que ces mesures sont en général inefficaces, note Slate.fr. Dans sept États américains, les tests de drogue sont déjà obligatoires pour les bénéficiaires de l’équivalent américain du RSA. Les résultats de ces initiatives montrent qu’elles sont coûteuses : la somme dépensée pour mettre en place les dépistages est bien supérieure aux économies faites via la cessation d’allocations pour les personnes qui ont testé positif. »

Ne parlons pas d’éthique. Qu’en serait-il si l’entreprise s’était révélé rentable ?

Et puis, sur le fil de l’AFP, cette nouvelle: le gouvernement australien vient d’annoncer la pratique de tests de dépistage de drogues parmi les sans emploi pour dissuader les chômeurs de dépenser leurs allocations en stupéfiants. Il s’agit d’un test qui portera sur des personnes nouvellement sans emploi, selon les autorités, qui disent vouloir lutter contre l’usage des stupéfiants alimenté par la protection sociale. «  C’est un ballon d’essai qui portera sur 5.000 personnes et si ça ne marche pas, on l’arrêtera et si cela aide les gens, on continuera, cela serait stupide de ne pas le faire» a déclaré le ministre des Finances Scott Morrison.

Jean Gabin

Michael Hiltzik fait valoir, dans le Los Angeles Times, que le vrai but de ces mesures est de « diaboliser les pauvres » à des fins politiques. On peut voir là une variante américaine de la formule « salauds de pauvres ». Bien avant Coluche, Jean Gabin la prononce en 1956, dans le célèbre film La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara (inspiré d’un roman de Marcel Aymé).

Drogue et allocation chômage ? « L’argent du RSA sert à acheter de l’alcool, de la drogue et à la prostitution ». Ce sont les termes de Norbert Bouvet, vice-président du conseil départemental de la Mayenne (Les Républicains) en charge de l’économie, de l’emploi et de l’éducation et porte-parole de François Fillon en Mayenne. Des propos qu’il a tenus au micro de France Bleue Mayenne le 24 novembre 2016. Puis, comme on avait pu le lire dans Ouest-France, réaffirmés dans l’enceinte du conseil départemental, face à une opposition ulcérée.

Coluche

Le temps, parfois, se lève outre-Atlantique. A Montréal, au Canada, le centre d’hébergement pour SDF « La Maison du Père » vient d’inaugurer quatre nouvelles « chambres dédiées aux soins palliatifs et de fin de vie ». Deux de ses chambres sont destinées à des hommes encore autonomes qui « pourront y séjourner pour une durée de quelques mois », les deux autres seront offertes aux résidents qui vivent leurs derniers instants.

 Pour le directeur général du paternel établissement, il s’agit de « leur rendre un dernier hommage, (…) de les accompagner avec dignité jusqu’au bout et de permettre à leurs pairs de faire leur deuil et de savoir qu’ils ne mourront pas dans l’oubli et l’indifférence ». C’est aussi une réponse au vieillissement significatif des personnes sans domicile fixe de plus en plus nombreuses à souffrir de maladies évolutives chroniques.

A Montréal, de l’autre côté de la frontière américaine et bien loin de la Mayenne, « La Maison du Père » a cette formule : « Donner pour que la rue ait une issue ». On songe à Coluche, plus qu’à François Fillon.

A demain

 

Emmanuel Macron n’est pas Zola : comment parler des gens du Nord et de l’alcoolo-tabagisme ?

Bonjour

Né à Amiens la veille de Noël 1977, Emmanuel Macron n’est pas, précisément, un nordiste. C’est un Picard. Pouvait-il, dès lors, parler comme il l’a fait le samedi 14 janvier dans le Nord-Pas-de-Calais ? Toujours en lévitation, sur les nuages des sondages, le candidat d’En marche ! à l’élection présidentielle y a peint, samedi 14 janvier, un tableau sombre de la situation sanitaire et sociale de l’endroit. Il faut, ici, lire, L’Avenir de l’Artois :

« 15h16 : Emmanuel Macron arrive à la cité minière du fond de Sains, rue de Madagascar. (…) L’ancien ministre visite ensuite une deuxième maison, habitée cette fois-ci. La locataire les invite à rentrer. Il prend le temps de s’intéresser à ses conditions de vie. Un troisième logement doit être vu, situé une rue plus loin. Sur le chemin, une riveraine l’interpelle de sa fenêtre. Il prend le temps d’aller lui serrer la main. Discute, et fait de même avec d’autres riverains. « Qu’est-ce que vous faites dans la vie ? » demande-t-il. Emmanuel Macron continue de s’intéresser de près à leur situation et les questionne sur leur emploi car « ici, c’est un secteur où il y a beaucoup de chômage».

Selon lui, la région a été délaissée par l’État par le passé et « la République n’a pas toujours été à la hauteur ». L’ancien ministre souhaite changer les choses. « Après la fermeture des mines, rien n’a été fait. Il est très important de rendre hommage aux personnes qui y ont travaillé. » Pour lui, ce territoire est un lieu stratégique car « c’est une région au cœur de l’Europe ». Elle est cependant face à certains problèmes selon lui : « l’alcoolisme et le tabagisme se sont peu à peu installés dans le bassin minier. Tout comme l’échec scolaire. Il faut traiter cela en urgence afin de rendre le quotidien de ces personnes meilleur. »

Après deux heures de visite, le leader du mouvement « En marche » se rendait à Hénin-Beaumont. »

Front national et Parti communiste français

N’est pas Zola qui veut. « L’alcoolisme et le tabagisme se sont peu à peu installés dans le bassin minier »… Du « mépris de classe », selon le maire d’Hénin-Beaumont, Steeve Briois, du « mépris social », selon Florian Philippot. « Qui méprise le peuple, méprise la France » pour secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, sur Twitter.

Du mépris ? A coup sûr l’incompréhension, par le bourgeois, de ce que le pauvre supporte ou pas (il y avait déjà eu, en 2015, l’affaire de l’illettrisme salariés de l’abattoir de porcs Gad, dans le Finistère.). A ce titre M. Macron vient de commettre une faute politique. Restait le rationnel épidémiologique. L’ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée a tenté de répliquer dans un communiqué, citant les « territoires paupérisés » et un article de La Voix du Nord de 2015 affirmant que la surmortalité dans le Nord et le Pas-de-Calais atteignait « 29 % chez les hommes par rapport à la moyenne nationale et 22 % chez les femmes » ; c’était s’enfoncer.

Maladresse politique

Et l’ancien ministre de l’Economie de citer des propos tenus par le Dr Jean-Yves Grall (un Breton) alors directeur de l’Agence régionale de santé du Nord-Pas-de-Calais : « une forte précarité socio-économique (RSA, chômage), des habitudes de vie, notamment alimentaires, liées à la précarité, avec leurs conséquences (diabète, obésité), beaucoup d’addictions (alcool, tabac, drogue), qui sont d’ailleurs des marqueurs de la précarité ».

Mieux conseillé Emmanuel Macron aurait pu citer le syndrome d’alcoolisation fœtale décrit pour la première fois au monde (après le Dr Paul Lemoine à Nantes) par le Dr P. Dehaene à Roubaix. On pourrait additionner les chiffres et les publications. Ils n’effaceraient ni la maladresse de l’homme politique jamais élu, ni la sensation d’agression vécue par une population ainsi visée.

A demain