Vaccin hépatite B et sclérose en plaques : la réplique (mordante) du Pr Goudeau au Pr Bégaud

Bonjour

La pire injure que l’on puisse faire à l’histoire n’est sans doute pas de l’écrire. C’est sans doute de la réécrire. L’une des principales affaires de santé publique de ces vingt dernières années en France est celle de l’élargissement des indications de la vaccination contre l’hépatite B et des conséquences qui suivirent. C’est une histoire assez complexe qui, dans les médias généralistes ne fut que rarement appréhendée dans sa globalité. Et rarement mise en perspective.

Historien

L’entretien accordé il y a quelques jours au quotidien Libération  par le Pr Bernard Bégaud nous laissa penser que le moment était peut-être venu de commencer à faire œuvre d’historien. Exposant cette espérance nous avons alors reproduit sur ce blog  les propos de ce pharmacologue professeur de pharmacologie qui  dirige à Bordeaux  l’unité de recherche  «Pharmaco-épidémiologie et évaluation de l’impact des produits de santé sur les populations» de l’Inserm qui emploie dix-sept chercheurs  (On retrouvera ce texte ici). Nous soulignions alors que le Pr Bégaud accusait beaucoup sans aller jusqu’au bout de ses accusations.

Philippe Maupas

Nous avons ensuite reçu une lecture commentée des ces accusations. Nous la publions ci-dessous. Elle est signée du Pr Alain Goudeau, (Université François-Rabelais) chef du service de bactériologie-virologie du CHU de Tours. Le Pr Goudeau est un assez bon connaisseur du dossier. Il fut membre de la première équipe du Pr Philippe Maupas (Goudeau A., Coursaget P., Drucker J.), inventeur du premier vaccin contre l’hépatite B qui signa les deux premières publications sur ce sujet : Bull Acad Nat Med 1976 ; 160 : 461-70 et Lancet 1976 ; 1 : 1367- 70). Et depuis 1976 il n’a cessé de suivre l’évolution et les progrès de cet outil préventif qui a notamment  fait la preuve de son efficacité dans la prévention du cancer primitif du foie. A ce titre il fut un observateur attentif et critique de la campagne de vaccination de 1994.

Relecture

Voici la relecture que le Pr Goudeau fait des propos du Pr Bégaud :

« J’ai lu le texte de Bernard Bégaud qui est un assez joli exercice de réécriture de l’histoire. Tout cela comme une  hagiographie déguisée du rédacteur qui lui, évidemment, avait tout prévu et qui n’avait pas été consulté. Les exemples d’informations erronées ou de contre vérités grossières sont les suivantes :

B.B. « C’est un gâchis énorme. Jusque dans les années 80, les Français étaient très attachés aux vaccins. Il me paraît clair que l’inversion est liée à la campagne de vaccination contre l’hépatite B lancée en 1994. »

A.G. Malheureusement l’activité anti-vaccinale pré-existe au vaccin contre l’hépatite B. Cette hostilité  se manifestait surtout contre le BCG et contre le vaccin anti-variolique. Elle  est en partie liée à deux facteurs : l’obligation vaccinale et la réalité des accidents rares mais réels avec ces deux vaccins. La France homéopathique nourrit depuis bien longtemps une violente diatribe contre les vaccins avec, en fond récurent, l’idée que tout ce qui change l’immunité « naturelle » affaiblit l’organisme.

Grotesque

« Il y a eu une campagne massive à destination des nourrissons (…) »

Il n’y pas eu de campagne chez les nourrissons en 1994 mais une campagne visant les pré-adolescents. Tout le monde s’accordait pour une extension aux nourrissons dès que les vaccins multivalents seraient prêts.

« Il était attendu, normal, inévitable que l’on voie apparaître un certain nombre de cas de sclérose en plaques. »

La survenue coïncidente des cas de sclérose en plaques (SEP)  ne pouvait pas être anticipée tout simplement parce que personne n’avait une idée de l’incidence de la SEP dans la population générale française. L’affirmation péremptoire de Bernard Bégaud  est grotesque et ne correspond pas à l’état de l’art de l’époque. Cette ignorance a d’ailleurs constituée une des difficultés majeures pour récuser les liens de causalité.

Neurologues omni-compétents

« La polémique qui allait suivre n’aurait jamais existési la campagne était restée dans les clous. Dans les pays où cela a été le cas, comme au Royaume-Uni et en Italie, il n’y a pas eu de cas de SEP, car il n’y a pas eu de vaccination massive des adultes. »

Prendre  la Grande -Bretagne et l’Italie comme des exemples de raisonnement sain est la preuve d’une double méconnaissance. L’Italie a, bien sûr, vacciné des adultes mais n’a pas eu de polémique. S’agit-il d’une  incidence plus faible de la SEP dans l’Europe du Sud ? Les autorités sanitaires italiennes sont-elles moins sensibles au poids de certains médias ? Est-ce l’absence, dans la capitale italienne, de neurologues hospitalo-universitaires de renom et omni-compétents ? L’enquête reste à faire. Quant au Royaume-Uni, il n’a pas vacciné du tout et ce en dépit de sa forte population migrante. Cela évite, j’en conviens, bien des accidents post-vaccinaux.

Morsure et Grand capital

«  On leur disait qu’en France, le VHB tuait plus en un jour que le sida en un an, on a évoqué la transmission par la salive… Or, tout cela était faux. »

Il a été dit et diffusé beaucoup de sottises sur l’incidence du VHB et ses conséquences. Ces exagérations venaient prendre la place d’une ignorance crasse faute d’ « hommes de santé publique » ayant fait leur travail scientifique d’épidémiologie. Ici le « on nous ment » sent le complot orchestré par l’alliance du Grand Capital et des autorités de santé véreuses.

La réalité est bien plus triste : nous n’avions pas alors –et nous n’avons toujours pas encore dans notre pays –  une autorité sanitaire indépendante capable d’informer le public sereinement.  La guerre entre le cabinet de la ministre de la Santé et l’InVs pendant l’épisode H1N1pdm09  illustre une forme de déliquescence des autorités sanitaires.

Au passage, il  serait bon  que le Pr Bégaud n’ignore pas que le VHB est présent dans la salive et qu’il est transmissible par morsure.

Vingt-cinquième heure

« Il y a en fait deux lobbys. Les laboratoires, bien sûr, qui commercialisent… Mais aussi celui, plus intellectuel, de tous ceux qui refusent de remettre en cause le vaccin, tellement persuadés que c’est un outil merveilleux qui ne présente pas le moindre défaut. Ce sont des gens très respectables, ayant souvent travaillé dans des pays en voie de développement et vu les succès des vaccins. Ils ont, de fait, beaucoup de mal à admettre la moindre critique. »

Le ton paternaliste est un symptôme : il ne réclame pas de commentaire. Trouver des coupables ? On en trouvera beaucoup. Ils seront de bonne ou de mauvaise foi. A commencer pas le ministre de la Santé de l’époque.

Pour l’heure les donneurs de leçon ne manquent pas. Pas plus que les procureurs de la vingt-cinquième heure. Est-ce trop demander que leur réquisitoire respecte un peu plus la réalité des faits ?

La relecture du Pr Goudeau s’achève ici. Elle pourra bien évidemment, s’il le souhaite, être commentée par le Pr Bégaud.

A demain

Mieux que celles en chocolat, les cigarettes électroniques ouvriront-elles la voie au tabac ?

Bonjour

On l’appelle déjà « Loi Hamon ». Elle traite des tests de grossesse, du démarchage téléphonique et des plats « faits maison ». Elle traite aussi de la cigarette électronique. C’est à l’article 36, qui modifie le code de la santé publique et interdit sa vente aux mineurs. Cela donne ceci :

Simuler

L’article 36 modifie et complète l’article L. 3511-2-1 du code de la santé publique qui édicte l’interdiction de vente « à des mineurs de moins de dix-huit ans :

« 1° Des produits du tabac ou des ingrédients définis au deuxième alinéa de l’article L. 3511-1 ;

« 2° Sans préjudice des dispositions relatives à la vente au détail des produits répondant à la définition du médicament au sens de l’article L. 5111-1 :

« a) des cigarettes électroniques ou toute autre forme d’inhalateur électromécanique ou électronique simulant l’acte de fumer ;

« b) des liquides, contenant ou non de la nicotine, ayant pour objet d’être consommés avec une cigarette électronique ou avec toute autre forme d’inhalateur électromécanique ou électronique simulant l’acte de fumer ».

Sourire

Tant de sollicitude pourrait faire sourire. On grave dans le marbre de la loi l’interdiction de vendre à des mineurs des objets qui « simulent l’acte de fumer ». Et cette interdiction vaut même s’il n’y a pas de nicotine dans le e –liquide destiné à être incorporé dans « toute forme d’inhalateur électromécanique ou électronique simulant l’acte de fumer ».

La loi ne le dit pas mais le citoyen peut le supposer : il appartient désormais au débitant de cigarettes électroniques d’exiger si besoin de son client putatif potentiellement mineur une pièce d’identité (« ou de tout autre document officiel muni d’une photographie de nature à faire la preuve de l’âge de l’intéressé » – Article D 3512-3 CSP).

Empirer

Tout cela sur des présupposés. Aucune étude n’a démontré que le recours à de tels objets avant la majorité était de nature à ouvrir la voie vers le tabac. Pire : à aucun moment la puissance publique n’a cherché à savoir scientifiquement de quoi il retournait. Aucune équipe de l’Inserm, de l’InVS, de l’Ansm, du Cnrs, de l’Anses n’a été amenée à travailler le sujet.

On entend encore Marisol Touraine, ministre de la Santé expliquer (en substance) devant la presse au début de l’été 2013 que tout cela venait d’on ne savait où, que cela ressemblait furieusement à une cigarette  de tabac et qu’il fallait s’en méfier comme de la peste.

Punir

Le gouvernement et la représentation nationale en sont ici au stade des cigarettes en chocolat interdites à la vente, (quel que soit l’âge) car  considérées comme un moyen de faire de la publicité ou de la propagande en faveur du tabac au titre des articles L3511-3 et L3511-4 du code de la santé publique, délit punissable d’une amende de 100.000 euros au titre des articles L3512-2 et L3512-3 du même code.

Sourire

Tout cela peut faire sourire. Et puis soudain, entre deux chapitres du Blé en herbe (1923), nous tombons sur le travail de chercheurs californiens publié dans JAMA Pediatrics. On trouvera l’abstract ici. Travail mené par Lauren Dutra le Dr Stanton Glantz  du Center for Tobacco Research and Education (Université de Californie, San Francisco). Travail mené auprès de 40 000 lycéens et qui conclut que l’e-cigarette favorise le passage au tabagisme actif et, lorsqu’elle existait, renforce la consommation de tabac (1). Il ne semble pas exister l’équivalent en France du du Center for Tobacco Research and Education de Californie.

Entrer et sortir

On ne peut donc pas répondre à la question, essentielle, de savoir si la e-cig sera ou non une porte d’entrée adolescente sur l’enfer du tabac. Il est vrai la France ne s’est pas non plus dotée des moyens de savoir, le plus objectivement possible, si elle pouvait être une porte, nicotinée, de sortie.

Dans l’attente on promulgue des lois, on édicte des décrets et on discute du sexe, nicotiné ou pas, des séraphins ; des écoutes téléphoniques et des violences faites au secret qui (au nom sacré de la démocratie) doivent entourer les instructions judiciaires. On commence aussi à lire Golden Holocaust (voir ici) et on découvre que les secrets industriels de Big Tobacco furent autrement mieux préservés que certaines instructions judiciaires françaises d’aujourd’hui.

Monopoliser

Puis, relisant JAMA Pediatrics on en vient à faire un cauchemar : derrière la Révolution des Volutes on distingue Big Tobacco qui manipule l’ensemble des inhalations humaines, vapeurs d’eau nicotinées et nicotine engluée dans les goudrons du tabac. Big Tobacco ouvrant la porte d’entrée du tabac via le e-cig proposée aux adolescents, maîtrisant son segment historique puis la porte de sortie, toujours avec la e-cig.

Après Le blé en herbe, la nicotine pour la vie ? Il faudra songer à en parler aux autorités de la Concurrence.

A demain

(1) Complétons toutefois avec ces éléments fournis par Philippe Presles:

« L’enquête de Glantz, elle est très critiquable. Voici par exemple les critiques que cette étude soulève de la part de plusieurs chercheurs, incluant Tom Glynn de l’American Cancer Society, David Abrams du Schroeder Institute for Tobacco Research and Policy Studies at the Legacy Foundation, et Clive Bates :
Il en ressort cette conclusion : « I am quite certain that a survey would find that people who have used nicotine gum are much more likely to be smokers and to have trouble quitting, but that does not mean that gum is a gateway to smoking or makes it harder to quit. »
Au final la question n’est plus de savoir si c’est la poule qui fait l’oeuf ou l’oeuf qui fait la poule, mais comment arrêter de faire des omelettes ! »

 

Bientôt en librairie : « Golden Holocaust » l’autopsie du gigantesque complot de Big Tobacco

Bonjour

Une précision. Nous avions promis de ne pas parler de cet ouvrage avant le 20 mars prochain. Aucune obligation ici, pas d’embargo au sens où il en existe, quotidien ou presque, entre les médias d’information générale et les revues, médicales ou scientifiques, d’envergure. Pas d’embargo, certes, mais quelques petites règles de savoir-vivre. Oasis dans la jungle.

Résumons. La collaboratrice d’un éditeur vous contacte. Elle vous propose les épreuves d’un ouvrage à paraître. Seul engagement : ne pas en parler avant une date donnée. Explication : l’éditeur a signé un accord d’exclusivité avec un média important qui en publiera des bonnes feuilles.

Exclusivité

On s’inquiète : l’ouvrage est d’importance et les tentations seront grandes de ne pas tenir demain une parole donnée avant-hier. Certes le risque existe mais seuls quatre jeux d’épreuves seront distribués. Accord conclu. Nous prenons connaissance du volumineux document : l’enquête-événement de l’historien des sciences Robert N. Proctor sur les manipulations (chimiques, commerciales, politiques) des industriels du tabac (1). La maison concernée : les Editions des Equateurs. L’exclusivité était passée avec Le Point.

La tentation était trop grande, demain 18 mars au matin un quotidien ne respectera pas ce qui n’était pas, stricto sensu un embargo.

Cortège de morts

Golden Holocaust ? « La consommation de tabac, avec son cortège de morts, est le paradigme d’une épidémie industrielle due à la course au profit de quatre compagnies transnationales aux dépens de la santé des Français et de l’équilibre des comptes publics. Le terme de  Golden Holocaust  a été utilisé pour la décrire ». Il s’agissait  là de l’attaque de l’éditorial d’un Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’Institut français de veille sanitaire (« Numéro thématique Journée mondiale sans tabac » BEH 28 mai 2013 n°20/21). Cet éditorial était  signé du Pr Yves Martinet, spécialiste de pneumologie au CHU de Nancy par ailleurs président d’honneur de l’Alliance contre le tabac.

Milliards

Ce monument (704 pages, 25 euros) sort en France avec le soutien de la Mutualité Française. La postface est d’Etienne Caniard, président de la Mutualité Française. « ll faut savoir que fumer n’est pas le résultat d’un choix, l’expression d’une liberté, mais la conséquence d’une vaste mécanique aux rouages complexes autant que merveilleusement  huilés : promotion commerciale qui se compte en milliards pour notre seul pays, subtile infiltration du monde de la culture et de la science, subversion de la médecine, influence des pouvoirs politiques, écrit M. Caniard. Sans le moindre scrupule, les entreprises du tabac répandent un savant mélange de substance dont l’objectif ne vise qu’à renforcer l’addiction de son consommateur. »

Eldorado électronique

M. Caniard a pleinement raison. Il omet toutefois la participation active et hautement intéressée de l’Etat. Un Etat schizophrénique  qui, quel que soit la couleur politique de l’exécutif,  se nourrit fiscalement de millions de fumeurs maintenus démocratiquement dans une forme d’esclavage. Et maintenant ? Robert Proctor s’intéresse-t-il aux vues actuelles  de Big Tobacco sur l’Eldorado vaporeux et nicotiné de la cigarette électronique ?

A demain

(1) Voici l’argumentaire de cet ouvrage :

« C’est la première enquête de cette ampleur jamais réalisée sur l’industrie du tabac :

– 10 années de travail sur les archives rendues publiques au terme d’une longue série de procès aux États-Unis.

– Des preuves accablantes sur une fraude scientifique et industrielle sans précédent.

– L’auteur révèle toutes les stratégies de production du doute et de l’ignorance que l’industrie du tabac a mises en place durant des décennies pour étouffer ce qui était devenu irréfutable depuis les années 1950 : le lien de causalité entre tabac et cancer.

Robert Proctor nous livre ici un document captivant, un récit total sur la cigarette, ce produit banal qui recouvre une réalité très complexe, létale et, souvent encore, secrète.  Golden Holocaust est le premier livre qui conjugue aussi nettement trois domaines dont l’ampleur respective aurait découragé des enquêteurs moins tenaces : le caractère démesuré de l’épidémie de la cigarette avec son cortège de maladies et de morts ; la réalité proprement tentaculaire de la cigarette elle-même, fruit de prouesses technologiques, physiques et chimiques, mais aussi facteur de développement du marketing, du sponsoring, de la contrebande, de financement de la recherche universitaire, de revenus pour l’Etat ; et enfin, le caractère océanique des archives internes de l’industrie du tabac.

L’une des originalités de l’enquête de Robert Proctor est l’exploitation de ces archives : 80 millions de pages saisies lors de différentes procédures judiciaires intentées ces trente dernières années. Elles comprennent aussi bien des documents techniques, scientifiques que des notes internes au contenu parfois stupéfiant, des plans média, des correspondances avec des avocats, des chercheurs, des artistes et des sportifs célèbres, des stratégies commerciales, des coupures de presse… Robert Proctor déplie toutes les  dimensions de l’histoire et excelle à trouver les aiguilles dans les « meules de foin ».

Golden Holocaust tient aussi du roman policier, à ceci près que pour répondre à la  question habituelle « qui a fait quoi ? », il faut répondre à une autre question : « qui savait  quoi et quand ? » Qui était au courant de la dangerosité extrême de la cigarette ? Et qui, le  sachant, ne l’a pas dit ? Le contenu de cet ouvrage est si dérangeant qu’il a suscité des tentatives  d’intimidation. L’industrie américaine du tabac a voulu, sans succès, faire saisir le manuscrit.  L’auteur nous révèle que « témoigner contre une industrie multimilliardaire qui a une longue  histoire de harcèlement, ce n’est pas pour les âmes sensibles ».

 Robert Proctor est professeur d’histoire des sciences à l’université Stanford (Etats-Unis). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont La Guerre des nazis contre le cancer (Belles Lettres, 2001).

Traduit de l’anglais (US) par Frédérik Hel Guedj. Préfacé et édité par Mathias Girel Postface d’Etienne Cagnard, président de la Mutualité Française »

Aujourd’hui Grand Prix de Formule 1. Circulations alternées dès demain

Bonjour

Nous vivons des temps déraisonnables ; nous invitons des morts à table (cf PS.). Un Boeing 777 (MH370 – Malaysia Airlines) a disparu depuis une semaine de tous les écrans terrestres.  Des perquisitions ont été menées aux domiciles des pilotes. Des recherches sont menées par 14 pays, 58 avions et 43 navires. L’hypothèse de la prise de contrôle et du détournement de l’appareil n’est pas exclue. On ne sait encore ni par qui, ni pourquoi, ni comment.

Urgence à Cochin

Nous vivons des temps déraisonnables. Il y a précisément un mois une femme demandait l’hospitalité aux urgences de l’hôpital Cochin de Paris. Agée de 61 ans elle venait de faire une petite chute à son domicile. Son aide-ménagère avait appelé les pompiers. Elle souffrait d’une petite plaie au pied droit.

Accueillie à 16 heures elle était retrouvée morte six heures plus tard, dans la salle d’accueil des mêmes urgences. Seule. Aucun soin ne lui avait été dispensé. De quoi est-elle morte ? Nul ne le sait. Mieux : nul n’a voulu le savoir. Il se murmure sur la Toile que le Procureur de la République de Paris a ouvert une enquête de police. L’hypothèse de la manifestation tardive de la vérité n’est pas exclue.

Bleu carnaval

Nous vivons des temps étranges. Il fait grand bleu carnaval sur la France. Les voitures automobiles ont fait disparaître la Tour Eiffel. Elles ont dissous les ministres verts d’un gouvernement transparent. La ministre de la Santé ne s’exprimera pas sur les particules élémentaires. Des particules élémentaires que redoute l’Institut national de veille sanitaire (InVS) de Saint-Maurice, collé contre le périphérique.

On ne voit pas les morts prématurées de la pollution atmosphérique. Ces morts n’existent pas mais elles existeront comme le sait l’InVS. C’est une canicule décalée dans le temps contre laquelle on ne peut rien. Rien dans l’instant. Sauf faire semblant. Mieux, comme aujourd’hui  : faire semblant à contretemps. La grogne médiatique est si forte qu’elle est venue aux oreilles du Premier ministre actuel. Et Jean-Marc Ayrault a décrété la circulation alternée sur la petite et la grande Couronne. C’est à ni rien comprendre et cela commencera dès demain matin. A cinq heures trente pétantes (1).

En direct de Melbourne

Nous vivons formule 1. Aucun média ne parle plus d’un champion allemand plongé dans des espaces inaccessibles au commun des mortels. Les neiges alpines fondent sous l’effet des hautes pressions.  A Melbourne le Britannique Lewis Hamilton  (Mercedes-AMG) partira en pôle position dimanche 16 mars pour le Grand Prix d’Australie, première manche de la saison 2014 du  Championnat du monde de Formule 1. A noter le départ en treizième position de Sebastien Vettel, champion du monde en titre.

Nous vivrons bientôt des Grand Prix en circulation alternée. Succès assurés.

A demain

(1) Précisions données par Le Monde (« Planète ») :

« Dès 5 h 30, lundi 17 mars la circulation automobile sera alternée à Paris, en Seine-Saint-Denis, dans les Hauts-de-Seine et dans le Val-de-Marne. Les transports en commun continueront à être gratuits.

Pourront circuler:

  • les véhicules –  deux roues immatriculés compris – dont le numéro d’immatriculation est impair
  • les véhicules électriques ou hybrides
  • les voitures avec au moins trois personnes à bord

Ne pourront pas circuler

  • les véhicules – deux roues immatriculés compris – dont le numéro d’immatriculation est pair
  • tous les poids lourds à l’exception des véhicules d’urgence et des camions frigoriphiques (sic) »

L’Hôtel Matignon a dit samedi 15 mars qu’il dirait dans la journée de lundi 17 mars si ce dispositif réclamé par les Verts serait ou non prolongé mardi 18 mars. Mais le ministre vert du gouvernement Ayrault expliquait au même moment sur BFM-TV que ce serait bien le cas.

PS : Extrait du poème de Louis Aragon « La guerre et ce qui s’en suivit »

« (…)Tout est affaire de décor
Changer de lit changer de corps
A quoi bon puisque c’est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m’éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j’ai cru trouver un pays.

Coeur léger coeur changeant coeur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes jours
Que faut-il faire de mes nuits
Je n’avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m’endormais comme le bruit.

C’était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d’épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j’y tenais mal mon rôle
C’était de n’y comprendre rien

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent

Dans le quartier Hohenzollern
Entre la Sarre et les casernes
Comme les fleurs de la luzerne
Fleurissaient les seins de Lola
Elle avait un coeur d’hirondelle
Sur le canapé du bordel
Je venais m’allonger près d’elle
Dans les hoquets du pianola.

Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria Rilke.

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.

Elle était brune elle était blanche
Ses cheveux tombaient sur ses hanches
Et la semaine et le dimanche
Elle ouvrait à tous ses bras nus
Elle avait des yeux de faïence
Elle travaillait avec vaillance
Pour un artilleur de Mayence
Qui n’en est jamais revenu.

Il est d’autres soldats en ville
Et la nuit montent les civils
Remets du rimmel à tes cils
Lola qui t’en iras bientôt
Encore un verre de liqueur
Ce fut en avril à cinq heures
Au petit jour que dans ton coeur
Un dragon plongea son couteau

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent. (…) »

Comment faire parler le sperme des Français

Bonjour

Titrez sur le sperme, vous aurez une audience assurée. Dernière démonstration en date : la couverture médiatique  d’une publication statistique pour statisticien(ne)s. Son résumé a été mis en ligne le lundi 24 février sur le site de  la revue Reproduction  comme on peut le voir ici . Reprise sans nuances, ici ou là, sur la Toile francophone elle alimente bien des conversations -et un assez grand nombre de fantasmes. Elle vient aussi conforter une conception verte de ce que devrait être la vie dans nos vertes campagnes agricoles.

Kiosques

On lit les gazettes encore en kiosque. Et on croit comprendre qu’aucune aucune région française n’échapperait au déclin de la qualité du sperme des hommes qui y vivent. Mais les mêmes gazettes nous disent qu’il n’y a là rien de vraiment nouveau sous le soleil de France. Le phénomène avait été amplement documenté par des études précédentes. Documenté certes,  mais jamais véritablement expliqué. Ajoutons que le phénomène dépasse, et de loin, les frontières de l’Hexagone – même celles du territoire national.

Encore faudrait-il s’entendre sur le recours au terme « qualité ». Il est pour l’essentiel question de « quantité » de spermatozoïdes. De leur rapidité et de leurs ambiguïtés structurelles certes. Mais quant à leur « qualité », c’est nettement plus compliqué – d’où l’usage des guillemets. A fortiori si l’on pose que seuls sont entrants et véritablement fécondants les spermatozoïdes garants de la normalité. Et l’expérience générale montre que l’on a ici raison de poser.

Vocation agricole

Que nous apprend donc, que nous ne sachions, la dernière livraison de Reproduction ? Que les hommes d’’Aquitaine et de Midi-Pyrénées présenteraient « un déclin plus marqué que la moyenne ». Qu’en conclure ? Les verts y verront un renforcement de leurs hypothèses premières selon lesquelles  les expositions environnementales à des perturbateurs endocriniens (et à des pesticides) ne sont pas bonnes pour la santé de notre espèce.

Pourquoi ? Tout bonnement parce que ces deux régions ont « une forte vocation agricole » et que les populations humaines y sont « particulièrement exposées aux pesticides ». Est-ce tout ? Oui. Nous sommes ici dans les extrapolations au carré. La qualité du sperme serait ainsi le lointain reflet de la qualité de la terre ? Une nouvelle fois la terre ne mentirait pas ?

Ce sont là des hypothèses à très haut risque. Et point n’est besoin d’être versé dans les choses de la statistique pour pressentir que le lien de causalité « pesticides agricoles-déclin qualitatif spermatique » est encore assez lâche.

Bourgogne

« Les résultats, obtenus à partir de l’analyse des données de la base Fivnat regroupant les tentatives d’AMP en France, montrent que la concentration  et la qualité morphologique des spermatozoïdes a baissé dans la quasi-totalité des régions avec une diminution plus importante en Aquitaine et Midi-Pyrénées, nous explique encore le site http://www.santelog.com qui offre gracieusement des cartes géographiques comme on peut les voir ici.  La mobilité spermatique, en revanche, augmente légèrement dans l’ensemble des régions à l’exception de la Bourgogne qui suit une tendance inverse. »

Bâtard

La Bourgogne ? Les vrais amoureux de ses plus grands vins  (au hasard, le bâtard-montrachet  et tout particulièrement celui-ci) aimeraient bien comprendre. Plus généralement les lecteurs des gazettes aimeraient sans doute qu’on les aide à saisir comment ce déclin spermatique qualitatif national est compatible avec les forts taux de naissance qui, selon les mêmes gazettes, prévalent aujourd’hui en France.

A demain

(1) Auteur(e)s : J Le Moal, M Rolland, S Goria, V Wagner, P De Crouy-Chanel, (InVS) J De Mouzon et D Royère (Reproductive Biology Unit, CHU Bretonneau, Fivnat, Tours, France)

Cancer du col et vaccination : la presse nationale est « vraisemblablement » responsable du désamour croissant

Quelques journalistes seraient-ils coupables d’un mal vaccinal ? Un article du Bulletin épidémiologique hebdomadaire évoque cette hypothèse à propos de l’immunisation contre les HPV. Les auteurs pourraient  vraisemblablement mieux dire.  

 On trouve ces mots dans le dernier numéro (8-9/19 mars 2013) en date du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) :

« La couverture HPV complète reste faible puisqu’elle était de 29,9% chez les jeunes filles de 15 à 17 ans. Notre estimation est inférieure mais reste comparable à celle de l’enquête Vaccinoscopie®, dans laquelle 34% des jeunes filles de 15 ans en 2011 étaient complètement vaccinées contre le HPV [1]. Ces CV basses montrent un suivi des recommandations vaccinales insuffisant et posent la question de la faible adhésion à cette vaccination. Le suivi réactif de la couverture HPV a permis de mettre rapidement en évidence une tendance à la baisse de la couverture des jeunes filles de 14 ans en 2011. La publication, au printemps 2010, de plusieurs articles dans la presse nationale mettant en cause la sécurité d’emploi du vaccin explique vraisemblablement cette tendance. » 

[1] Cohen R, Denis F, Gaudelus J, Lery T, Lepetit H, Martinot A, et al; Le Groupe d’étude Vaccinoscopie®. Couverture vaccinale : les ados en danger… Le point à l’occasion de la semaine de la vaccination. Med Mal Infect. 2012;42:139-40

« Vraisemblablement »

Il s’agit là d’un extrait de l’article  « Estimation des couvertures vaccinales en France à partir de l’Échantillon généraliste des bénéficiaires (EGB) : exemples de la rougeole, de l’hépatite B et de la vaccination HPV ». il est signé Laure Fonteneau (l.fonteneau@invs.sante.fr), Jean-Paul Guthmann, Daniel Lévy-Bruhl (Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France).  « Vraisemblablement » ? Paradoxalement pas de référence bibliographiques. Et un bien vieil adverbe dont l’usage n’est guère fréquent chez les épidémiologistes-statisticiens.

Cinq ans après leur commercialisation le désamour vis-à-vis du  Gardasil  et du Cervarix un sujet majeur et passionnant de santé publique. Voilà deux très coûteux vaccins pris en charge par la solidarité nationale  et qui ne font plus recettes. Cette désaffection n’a rien de spécifiquement français. Le sujet est abordé dans deux récentes publications américaines.

L’une est le fruit des travaux d’une équipe dirigée par le Dr Robert M. Jacobson (Mayo Clinic). Elle vient d’être publiée dans la revue Pediatrics. On en trouvera un résumé ici-même (en anglais). L’autre est  un article du  Journal of the National Cancer Institute (résumé en anglais disponible ici même). Il montre qu’aux Etats-Unis  moins d’une jeune fille sur trois (parmi celles  âgées de 13 à 17 ans) était effectivement vaccinée contre les HPV en 2010.

Question aux responsables sanitaires

Qu’en est-il de ce contexte de l’impact de « la publication, au printemps 2010 de plusieurs articles dans la presse nationale mettant en cause la sécurité d’emploi du vaccin ». Et de quels « articles » parlent les auteurs ? Une analyse de leur contenu a-t-elle été menée ? Publiée ? Quels étaient les termes de la mise en cause de la sécurité d’emploi ? Des suites ont-elles été données à ces suspicions ? Lesquelles ? Il est vraisemblable que ces articles de la presse nationale n’ont pas été de nature à inciter à cette vaccination. Peut-on pour autant en évaluer la portée négative ?

Plus généralement si des « articles de presse » peuvent nuire à une protection vaccinale officiellement recommandée (nous avons vu au fils du dernier quart de siècle ce qu’il a pu en être avec la vaccination contre l’hépatite virale de type B) quelle est la stratégie élaborée par les responsables sanitaires pour que les objectifs visés soient néanmoins atteints ? On peut poser la question autrement : les responsables sanitaires (cabinet du ministre de la Santé, direction générale de la santé, Haute Autorité de Santé, Agence nationale de la sécurité des médicament, Institut national de veille sanitaire, Caisse nationale d’assurance maladie,  etc. ) ont-ils élaboré une stratégie ?

Question connexe : une réponse à cette question est-elle vraisemblable ?

 

 

Le loup, les touristes et le campagnol roussâtre

Quand le ministre de la Santé doit-il crier au loup ? Une nouvelle fois les autorités françaises semblent surévaluer médiatiquement une affaire somme toute mineure en termes de santé publique. Rien de bien grave, dira-t-on. Et on aura raison. Sauf à prendre le risque de fatiguer l’opinion et de griller de bien précieuses cartouches. Gouverner c’est – aussi- ne pas crier au loup quand la menace n’a ni la taille ni la couleur requises   

N.B. Ce billet est suivi de huit questions pratiques qui pourraient être soumises aux élèves de l’EHESP (comme à ceux qui, dans les écoles de journalisme n’excluent pas de se spécialiser dans le secteur de la « santé ») :

En cette veille de rentrées des classes le week-end a été marqué par quelles sirènes sanitaires et médiatiques. On a relayé sur les ondes l’appel du cabinet de la ministre de la Santé. Depuis quelques jours les médias américains faisaient état de quelques cas d’infections virales dans le Parc national de Yosemite, site californien très couru par celles et ceux, généralement citadins, qui veulent vivre quelques instants au contact immédiat des splendeurs naturelles. Plus inquiètes de la flambée d’infections par le West Nile virus les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) avaient fait le point le 29 août. Rien de véritablement alarmant pour les vieux routiers de la veille épidémiologique. Les CDC prenaient soin de donner en référence leur site on ne peut plus pédagogique consacré aux infections humaines causées par les hantavirus .

L’information était actualisée par Reuters le 1er septembre :

« Dix mille personnes ayant séjourné cet été dans le village de tentes du parc national de Yosemite, en Californie, pourraient avoir été exposés à un virus mortel véhiculé par les rongeurs, ont averti les CDC. Dans une note diffusée vendredi, le CDC souligne que deux personnes sont mortes après avoir contracté le syndrome pulmonaire à hantavirus (SPH) et que quatre autres personnes ont été infectées mais ont survécu. D’autres cas suspects sont à l’étude.

 Le CDC soupçonne la plupart des victimes d’avoir été infectées par le virus après avoir séjourné dans l’une des 91 cabines de tente « Signature » du « Curry Village », une aire de camping très visitée située au coeur du parc national. « Les personnes ayant séjourné dans les tentes entre le 10 juin et le 24 août peuvent courir le risque de développer le SPH dans les six semaines », ajoute le CDC.

 Les autorités du parc ont dit avoir joint environ 3.000 groupes de visiteurs en leur conseillant de contacter un médecin au plus vite s’ils développent les symptômes du SPH. Le virus se manifeste d’abord par des symptômes proches de ceux d’une grippe – maux de tête, fièvre, toux – mais peut déboucher sur de graves difficultés respiratoires et provoquer le décès du patient.

Il n’existe pas de traitement pour l’hantavirus, mais un diagnostic et une prise en charge rapides augmentent les chances de survie. Le virus est véhiculé par les excréments, l’urine et la salive des rongeurs, qui sèchent et se mélangent à la poussière inhalée par les humains, en particulier dans les espaces confinés. Les hommes peuvent également être infectés en ingérant de la nourriture contaminée ou par les morsures des rongeurs.

(Dan Whitcomb, Ronnie Cohen; Jean-Stéphane Brosse pour le service français) »

Depuis Los Angeles

Puis la même information était reprise, depuis Los Angeles, dans Le Monde (daté de demain 4 septembre) sous la signature de Claudine Mulard :

«  Signe de l’inquiétude du public, la fréquentation aurait baissé à l’entrée du parc national de Yosemite en Californie, en plein week-end férié de Labor Day (la grande fête américaine du travail). Les services de santé américains ont lancé une alerte sans précédent, le 31 août : jusqu’à 10 000 visiteurs de Yosemite pourraient avoir été en contact avec un virus mortel lors de leur séjour estival dans le « Curry Village », un site de camping populaire équipé de tentes cabines en toile.

Déjà six cas de ce syndrome pulmonaire à hantavirus (SPH), transmis par les excréments, l’urine ou la salive de rongeurs infectés, ont été détectés chez des touristes ayant séjourné en juin dans ce camping. Deux des malades infectés (des Californiens d’une trentaine d’années) sont mort.

« Nous recevons beaucoup d’appel, et de partout… », reconnaît Adam, un ranger du parc qui répond au numéro d’urgence à la disposition du public, affirmant aussitôt que le risque de contamination « vise seulement une zone spécifique du parc », à savoir les 91 « Signature Series Curry Cabins », dont les numéros commencent dans les 900, lesquelles sont fermées depuis le 24 août.

Selon le National Park Service gérant Yosemite, entre le 10 juin et le 24 août, quelque 3 000 personnes ont réservé une tente dans ce camping d’où l’infection est partie. Elles étaient toutes accompagnées de plusieurs membres de leur famille ou d’amis. Le nombre d’individus potentiellement exposés à la contamination est ainsi estimé à 10 000 campeurs. Tous ces visiteurs ont été prévenus par courrier, ou vont l’être, du risque encouru et des mesures à prendre.

« La transmission a lieu par l’inhalation de poussières contaminées », confirme le ranger, précisant que le virus « ne se transmet pas de personne à personne » et que les responsables du parc procèdent actuellement « à une désinfection systématique des lieux et à une dératisation ».

Le SPH est une maladie rare, avec seulement 587 cas diagnostiqués aux Etats-Unis de 1993 (année où il a été identifié) à 2011, dont une soixantaine en Californie, mais avec une pathologie particulièrement dangereuse, un tiers des cas s’avérant mortels.

En Californie, environ 14 % des souris sylvestres, ou deer mice, sont porteuses du virus. La contamination a lieu principalement par le contact ou l’inhalation de particules infectées, et le temps d’incubation est d’une à six semaines. Les premiers symptômes ressemblent à ceux d’une grippe, avec fièvres, frissons, maux de tête, douleurs musculaires, nausées et vomissements. Les autorités américaines recommandent à tous les visiteurs concernés de consulter un médecin dans les plus brefs délais s’ils ressentent un de ces symptômes.

C’est la première alerte de santé de cette envergure enregistrée par un parc californien, d’autant plus mal venue qu’elle intervient à la clôture de la saison estivale, dans un contexte économique déjà difficile pour le tourisme. Les rangers de Yosemite qui répondent au numéro d’urgence font tout pour rassurer leurs interlocuteurs, surtout lorsqu’ils se présentent comme de simples touristes.

Ce discours tranquillisant n’est pas du goût de Camille Chu, 39 ans, qui raconte au quotidien Los Angeles Times comment elle et son mari, qui avaient réservé une des tentes désormais fermées, sont arrivés fin août sans avoir été prévenus du risque de contamination virale. « Les gens ont le droit de savoir. Je suis furieuse. Ils devraient faire preuve d’un excès de précaution, mais ce n’est pas le cas. »

Rassurer, tranquilliser tout en lançant l’alerte et donc en affolant peu ou prou la population. L’équation paradoxale n’est pas nouvelle.

Les cinquante-trois familles

En France elle a pris un tour bien particulier avec la diffusion généralisée d’un communiqué de presse. L’information était aussitôt reprise par de très nombreux médias expliquant à leur tour que cinquante trois familles de touristes français avaient séjourné dans le désormais célèbre camping Curry Village du Parc Yosemite. Le ministère précisait avoir reçu des autorités sanitaires américaines la liste des 53 familles ayant séjourné dans certaines des maisons de toiles (tents cabins) du Curry Village entre le 10 juin et le 21 août 2012.
Il expliquait aussi qu’il contactait les 53 familles concernées « pour s’assurer que les personnes sont en mesure de reconnaître, le cas échéant, les premiers symptômes de la maladie et leur rappeler les mesures à suivre ».

Deux des ressortissants français « présentent des symptômes qui ont conduit à un prélèvement diagnostic dont les résultats sont en attente », précisait le communiqué du ministère de la Santé. Le ministère de la Santé ajoutait que le hantavirus n’est pas transmissible par l’homme, que la contamination se fait en respirant le virus présent dans la poussière de bois ou la terre contaminées par des déjections de rongeurs infectés, que le délai d’incubation de la maladie s’étend de une à six semaines après l’exposition, que les symptômes sont ceux d’une grippe musculaire. Et que les personnes présentant ces symptômes doivent consulter rapidement leur médecin traitant en lui indiquant leur séjour au parc national américain.

Pas de panique au Samu de Paris

« Un numéro vert (0 800 636 636) sera opérationnel dès 20H00 pour toutes les personnes ayant visité le Curry Village et souhaitant de plus amples informations », indiquait encore le communiqué. Interrogé par l’AFP, le Samu de Paris précisait qu’une procédure avait été mise en place pour faire face à d’éventuelles contaminations. Le Dr Michel Nahon, praticien hospitalier au Samu assurait le dimanche 2 septembre qu’il n’y avait aucune panique. « On a deux types d’appel: les gens qui ont mal compris et sont allés aux Etats-Unis, mais pas dans le parc ou pas dans le camping Curry village, où la contamination s’est produite. Et ceux qui y sont allés et ont des symptômes tels que courbatures, fièvres, et qui se trouvent encore dans la période d’incubation possible, indiquait-il. Beaucoup téléphonent par excès, mais il vaut mieux dans le doute appeler pour rien plutôt que ne pas appeler. » Le docteur Nahon rappelait ceci sur le site du Samu de Paris. Et la Direction générale de la santé apportait d’autres précisions sur la forme clinique américaine, pulmonaire, différente de la fièvre hémorragique avec syndrome rénal observée en France.

« Si on a séjourné dans le parc et qu’il n’y a pas de symptômes, on ne fait rien. S’il y a des symptômes après séjour au camping, « ça peut être différentes choses, mais on considère la personne comme cas possible, explique le Dr Nahon. Après interrogatoire médical, pour confirmer notamment si on est toujours dans la période d’incubation, on les orientera vers l’hôpital pour deux choses: éventuellement, en fonction de ce que diront les infectiologues, faire une analyse de sang pour isoler le virus, et surtout faire un traitement préventif des complications, afin de limiter les risques vitaux. L’accès précoce aux soins modifie le pronostic. »

Fallait-il déclencher une telle alerte ? Peut-être. Peut-être pas. Peut-on, face à une telle alerte américaine déclencher une surveillance épidémiologique (et une information des personnes potentiellement concernées) sans centraliser l’information ? Sans aucun doute. Quitte à centraliser l’information et à disposer des relais médiatiques assurés pourquoi ne pas en profiter pour élargir le champ de la vulgarisation ? Et, par exemple, s’intéresser à la prévention en France. Un sujet sur lequel l’Institut national de veille sanitaire (InVS) a, par chance, beaucoup travaillé.

En France les infections à hantavirus sont surtout présentes dans le Nord-Est du pays, les réservoirs étant les campagnols roussâtres et les mulots à collier. Un travail effectué il y a une dizaine d’années avait retrouvé des clusters importants dans les Ardennes et l’Oise. Les expositions à risque retrouvées étaient l’activité professionnelle (bâtiment, secteur forestier et agriculture), la manipulation de bois (35 %), le jardinage (29 %) et les loisirs en extérieur (14 %). « La prévention des infections à hantavirus passe par des mesures individuelles contre les rongeurs et l’exposition à des aérosols de poussières contaminées, soulignaient alors les auteurs. Des moyens d’information des professionnels de santé et du grand public dans les zones à risque sont nécessaires pour favoriser ces mesures. » On notera ici l’existence de cette remarquable synthèse préventive diffusée par l’InVS à la presse en 2003. Une synthèse à laquelle aucune ligne n’aurait été à changer si on avait jugé utile de ne pas se borner aux 53 familles du Yosemite Park.

 

Questions qui pourraient être soumises (notamment) aux élèves de l’EHESP :

1 Existe-t-il à votre connaissance une procédure réglementaire codifiée et hiérarchisées concernant la publication de communiqués de presse ministériels lançant une alerte nationale de nature sanitaire et infectieuse ? Si oui quelle est-elle ?  Si non pourquoi ? Que proposez-vous sur ce thème ?

2 Les médias sont-ils contraints d’assurer la diffusion de tels communiqués ? Détaillez et précisez.

3 En l’occurrence cette alerte ministérielle vous semble-t-elle justifiée ? Vous semble-t-elle adaptée ? Quels étaient les objectifs (directs et indirects) visés ? Existait-il selon vous d’autres possibilités?

4 Quels sont, selon vous, les bénéfices (et les risques) des alertes sanitaires lancées par voie de communiqués de presse ?

5 Des touristes français infectés par un hantavirus au parc Yosemite (ou leurs proches) pourraient-ils engager une action en justice ? Contre qui ? Sur quelles bases ?

6 Une évaluation de l’opération d’alerte lancée par le ministère de la Santé vous semble-t-elle ici nécessaire ? Pourquoi ? Qui pourrait en être chargé ?

7 La puissance publique aurait-elle dû, selon vous, profiter de cette alerte ponctuelle pour rappeler auprès du grand public les principaux gestes préventifs et les personnes prioritairement exposées en France ?

8 Que feriez-vous si, le même cas de figure infectieux se produisant en France, vous étiez en tant que membre du service de presse du ministre de la santé confronté à la situation suivante telle qu’elle est rapportée par l’AFP  (auriez-vous fait dermer ce parc? Pourquoi ? :

« Etats-Unis – Los Angeles – Le dangereux virus de Yosemite se contracte et se propage difficilement et ne mérite pas la fermeture du parc de Californie, malgré les deux morts enregistrées ces dernières semaines et l’alerte des autorités sanitaires, a déclaré un porte-parole lundi, jour férié aux Etats-Unis.
Au moins six personnes – parmi lesquelles deux sont mortes – ont été touchées par le syndrome pulmonaire à hantavirus (SPH), une maladie rare mais grave propagée par la souris sylvestre (Peromyscus maniculatus), un rongeur de la Sierra Nevada, où se trouve le Parc national de Yosemite.
« Le SPH s’attrape en respirant des particules provenant des selles et de l’urine du rongeur », a expliqué à l’AFP le porte-parole du parc Kari Cobb. « C’est une maladie extrêmement rare et la contracter est inhabituel. »
« Tant que les individus restent dans une zone bien ventilée et sont vigilants face aux signes annonçant la présence de rongeurs, ils devraient être en sécurité », a-t-il ajouté. « Il n’est pas nécessaire de fermer le parc, ni de porter un masque pour visiter la région. »
M. Cobbs a indiqué que, bien que des annulations aient été enregistrées, en cette fin de semaine le parc a totalisé le même nombre de visites que l’an dernier à la même période, sans préciser les chiffres. En moyenne, le parc accueille 7.500 touristes en fin de semaine, a-t-il ajouté.
Vendredi, le Centre de contrôle et de prévention des maladies des Etats-Unis (CDC) a alerté que quelque 10.000 personnes couraient le risque de contracter le virus.
De son côté, le parc a notifié aux quelque 3.000 personnes dans le monde entier qui ont été logées dans des tentes appelées « Signature Tent Cabins », dans la région de Curry Village -où a été détecté le virus-, entre le 10 juin et le 24 août, qu’elles couraient le risque de développer la maladie dans les six prochaines semaines.
« Nous avons reçu de nombreux touristes internationaux et chacun d’entre eux a été informé sur la découverte du SPH », a dit M. Cobbs, ajoutant que les 91 tentes avaient été fermées.
Le taux de mortalité de la maladie est de 36%, a indiqué jeudi dernier le CDC.
« Le SPH provoque rapidement des difficultés respiratoires qui demandent de l’oxygène et/ou une intubation. On ne dispose pas de traitement spécifique pour le virus, mais s’il est détecté à temps et que l’on administre des soins palliatifs, les chances de survie se trouvent augmentées », a indiqué l’agence.
Le Ministère de la Santé français a informé dimanche que 53 touristes français ayant logé dans les tentes sont actuellement examinés.
La chaîne de télévision locale ABC a interviewé le microbiologiste californien George Cosentino, selon lequel le parc aurait dû avertir avant les visiteurs sur le danger, quand bien même le risque de transmission est très bas.
« Si l’on ne peut pas se débarrasser du virus complètement, un moyen de sécurité alternatif est d’éduquer les visiteurs pour que, en cas de maladie, ils aillent à l’hôpital immédiatement », a déclaré le scientifique auprès de la chaîne. « Cela ne garantit pas la surv, mais augmente les chances de survie. »
La semaine dernière, un Californien et un résident de Pennsylvannie sont morts et quatre autres personnes sont tombées malades. Ces dernières sont en train de se remettre.
lm/rs/bbc/jr »

 

Mort subite du nourrisson : rappel de La Croix

C’est l’un des reproches récurrents fait à la presse d’information générale: pourquoi n’assurez-vous pas le suivi de vos dossiers? Réponse habituelle de la même presse (quand elle répond) : que voulez-vous … une information chasse l’autre, c’est la loi de notre genre. Autre réponse: nous ne sommes pas en charge de toutes les misères du monde, pour le suivi adressez-vous au guichet compétent.

Et la presse a souvent raison, pour ne pas dire toujours puisqu’il est dit que nous vivons des temps où les médias font la loi. Or il est des sujets pour lesquels aucun guichet n’existe, sauf ceux du désespoir  qui, comme chacun sait (ou saura) ouvre sur les abîmes humains. C’est le cas, dans le champ de la santé publique, de la mort subite du nourrisson, dossier pour lequel le quotidien La Croix exerce fort judicieusement aujourd’hui ce qu’elle estime être son « droit de suite ».

Le texte ouvre la page 7 de la livraison de ce lundi 9 juillet. Il est signé  de Marine Lamoureux. Que nous rappelle-t-elle ? Tout d’abord qu’en mars 2011 l’Institut national de veille sanitaire (InVS) faisait grand bruit en lançant en publiant une étude aux conclusions ne laissant guère place aux nuances.  Les auteurs (Bloch J., Denis P., Jezewski-Serra D.) s’appuyaient sur des données recueillies dans dix-sept départements de 2007 à 2009. Ils constataient qu’« un nombre important de décès pourraient être évités chaque année si les nourrissons étaient couchés dans un environnement adapté ». Un constat établi  près de quinze ans après les premières campagnes de prévention, campagnes qui avaient fait chuter le taux de ces morts évitables de 72 % entre 1992 et 1997.

Dénombrant entre 240 et 250 morts subites du nourrisson (MSN) par an en France ces mêmes auteurs  estimaient « urgent de renouveler les campagnes en faveur d’un couchage sécurisé des enfants  ». La Croix nous apprend que plus d’un an plus tard, certains médecins s’agacent du manque d’engagement sur cette question. « Les pouvoirs publics n’ont pas bougé depuis », regrette le Dr Élisabeth Briand-Huchet, responsable du centre de référence des MSN à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart (Hauts-de-Seine).

De fait, l’Inpes ( Institut national de prévention et d’éducation pour la santé) confirme qu’aucune campagne consacrée à ce thème n’a été récemment lancée ; seuls des conseils sont diffusés via la brochure sur les accidents domestiques et sur Internet. Insuffisant, estime la pédiatre. Dans son étude, l’InVS avait ainsi souligné la forte proportion, parmi les décès, de bébés couchés sur le ventre ou sur un support mou (couverture, oreillers, couette, etc.). En outre, une étude américaine parue en mai dans l’  American Journal of Public Health   vient de confirmer le danger qu’il y a à dormir dans le même lit que son nourrisson, une pratique également dénoncée en France.

Toujours selon La Croix Élisabeth Briand-Huchet critique, enfin, certains objets à la mode, comme le tour de lit ou le « cocoonababy » 1, un matelas qui s’inspire des cocons utilisés en néonatalogie pour le confort des prématurés. « Il s’agit d’un gadget vendu à grand renfort de marketing qui n’apporte rien aux bébés nés à terme et peut être potentiellement dangereux , alerte-t-elle.  J’y vois un intérêt pour des prématurés qui sont surveillés 24 heures sur 24 à l’hôpital, autant je le déconseille à la maison : il s’agit d’un support trop moelleux avec un risque d’étouffement. » Elle précise toutefois n’avoir eu connaissance d’aucun décès directement imputable au cocon.

Pédiatre à l’hôpital Saint-Joseph de Marseille, Jean-Michel Bartoli nuance ce jugement. « Aucune étude scientifique n’a démontré le danger des cocons » souligne-t-il. Lui voit plutôt les avantages de l’objet « contre les reflux, pour libérer la motricité et éviter la tête plate  » et ajoute : « Un cocon est recommandé entre 0 et 3 mois, un âge auquel il est impossible pour un bébé de se retourner  », donc de s’étouffer.

Le Dr Brigitte Chabrol, la présidente de la Société française de pédiatrie, estime surtout que le cocon n’a pas d’intérêt particulier pour les enfants nés à terme et regrette que l’on pousse les parents à la consommation. Il suffit de s’en tenir aux recommandations en vigueur : coucher le bébé dans son propre lit, sur le dos et à plat, sans couette ni oreiller, mais une gigoteuse. Des recommandations à diffuser encore et encore, selon ce médecin. Elle aussi réclame de nouvelles campagnes, tout en regrettant que les séjours en maternité soient de plus en plus courts, « ce qui ne permet pas toujours de bien relayer l’information auprès des mères ».

Le « doit de suite » ? Le « suivi du dossier » ? Désormais il s’impose, et ce grâce à La Croix : quelles suites donnera (ou ne donnera pas) à cette question Marisol Touraine, ministre de la Santé ?

 

1 Nous ne donnerons bien évidemment ici aucun lien. Il suffit de jeter un œil sur la Toile avec ce mot-clef pour avoir une idée du marché et de la concurrence qu’il génère.  Pour de plus amples informations on pourra fort utilement se reporter au site de l’ Association Nationale Naître et Vivre, reconnue d’utilité publique  

 

Prothèses mammaires: évaluation scientifique et/ou choix politique

 L’affaire des prothèses mammaires s’étoffe. Et se transforme en un exercice inédit de santé publique

C’est décidemment bien une affaire sanitaire d’un nouveau type que celle des prothèses mammaires.  Rarement on aura pu observer comme ici l’intimité des rouages de la fameuse et contemporaine articulation entre l’évaluation scientifique d’un possible risque sanitaire et la gestion politique de ce dernier ; sauf peut-être, mais c’était à un tout autre rythme,  dans l’affaire multiforme dite de la vache folle.

De ce point de vue nous sommes ici  dans un passionnant cas d’école, un exercice de santé publique à la fois hors norme; un exercice qui ne pourra désormais que se poursuivre, faire l’objet d’analyses et de commentaire, d’évaluations et d’enseignements.  

Pour l’heure restons centrés sur le vendredi 23 novembre. Au terme d’une semaine marquée par une bien savante distillation médiatique des décisions à venir les autorités sanitaires ministérielles ont  rendu  officiellement publiques leurs décisions. Cette annonce a été faite précisément  dans le même temps qu’était rendue publique l’évaluation scientifique qui avait été demandée par les responsables politiques. Seule sont restés dans les médias, répétés en boucle, les choix ministériels concernant les femmes concernées ; les femmes porteuses de prothèses pour lesquelles l’explantation est désormais officiellement recommandée et prise en charge par la collectivité (pour une somme prévue, dit-on, d’environ soixante millions d’euros).

Voici le résumé des deux principaux documents disponibles. Leur lecture pourra apparaître ardue. Elle est capitale pour ceux qui entendent comprendre.

L’évaluation du risque.

Elle prend la forme de l’avis du groupe d’experts réunis sous l’égide de l’INCa  et plus précisément celle des « Propositions de conduite à tenir pour les femmes porteuses de prothèses mammaires PIP : avis argumenté du groupe d’experts ». Cet avis est daté du 22 décembre et les experts présents étaient vingt-cinq. Ils représentaient les  disciplines médicales concernées  (anatomopathologistes, chirurgiens plasticiens, radiologues, oncologues, hématologues, médecin de santé publique) et étaient assistés par un représentant de l’Afssaps et un autre de l’InVS.    

Que nous disent-ils ? Il faut ici être exhaustif puisque les auteurs mettent en garde : «  Cet avis doit être diffusé dans sa totalité sans ajout ni modification. »

  « 1. Par rapport au risque de cancer :

Pour les lymphomes anaplasiques à grandes cellules :

 Le lymphome anaplasique à grandes cellules est une pathologie extrêmement rare. Le groupe retient, sur la base des données disponibles, qu’il existerait un sur-risque chez les femmes porteuses d’un implant mammaire quels que soient la marque et le contenu de l’implant (sérum physiologique ou gel de silicone).  Il n’existe pas de donnée à ce jour pour conclure à un sur-risque des lymphomes anaplasiques à grandes cellules spécifique à la prothèse PIP en comparaison aux autres implants.

Pour les cancers du sein (adénocarcinomes) :

Le cancer du sein est une pathologie fréquente. Le groupe retient que les données disponibles aujourd’hui permettent de conclure à l’absence de sur-risque d’adénocarcinome mammaire chez les femmes porteuses d’implants en comparaison avec la population générale. Il n’existe pas de donnée à ce jour pour conclure à un sur-risque d’adénocarcinome mammaire spécifique à la prothèse PIP en comparaison aux autres implants.

2. Avis concernant la décision d’explantation

Le groupe de travail retient que les éléments justifiant une explantation sont la présence de signes cliniques et/ou radiologiques évocateurs d’une altération de l’implant et/ou la demande de la patiente. Il n’existe pas d’argument à ce jour justifiant une explantation en urgence.

Chez une femme asymptomatique (absence de signe clinique et/ou radiologique), les risques liés à la non explantation à visée préventive sont : risque de rupture, risque d’imagerie faussement rassurante (faux négatif), risque d’une réintervention plus compliquée (préjudice esthétique, augmentation du risque de complications post opératoires), et la toxicité potentielle, à ce jour mal connue, de ce gel non conforme des prothèses PIP.

Les risques liés à une explantation sont : risque lié à une réintervention (anesthésique et lié au geste), et risque lié à un résultat morphologique différent. Le groupe rappelle qu’en l’absence de sur-risque démontré de cancer chez les femmes porteuses de prothèses PIP par rapport aux autres implants, l’avis concernant l’explantation est lié au risque de rupture de l’implant et à ceux de la non-conformité du gel.

Devant l’absence d’éléments nouveaux concernant le gel non conforme ou de données cliniques nouvelles sur des complications spécifiques, les experts considèrent ne pas disposer de preuves suffisantes pour proposer le retrait systématique de ces implants à titre préventif. Ils rappellent néanmoins le risque de rupture prématurée et les incertitudes concernant les complications liées au caractère irritant de ce gel. Le groupe d’experts précise qu’il est nécessaire de mettre en place une étude épidémiologique prospective sur les implants rompus avec documentation des données cliniques, radiologiques et histopathologiques.

 3. Surveillance des femmes porteuses d’une prothèse PIP

En l’absence de tout symptôme :

Concernant le risque de cancer du sein, il n’y a pas lieu de modifier chez une femme porteuse d’implants les modalités actuellement recommandées de dépistage et de surveillance de cette pathologie. Du fait du risque accru de rupture des prothèses PIP, le groupe maintient le suivi tel que recommandé par l’Afssaps, à savoir « un examen clinique et une échographie tous les six mois, en ciblant pour chacun de ces examens les seins et les zones ganglionnaires axillaires ». Le groupe retient qu’une IRM mammaire n’est pas indiquée en première intention.

 • En cas de signes cliniques et/ou radiologiques anormaux :

Une consultation spécialisée est préconisée pour une prise en charge.

4. Modalités à suivre en cas d’explantation

Avant toute explantation, quel que soit son motif, un bilan d’imagerie (incluant une mammographie et échographie mammaire et axillaire) récent doit être disponible.

Dans tous les cas d’explantation :

En présence d’un épanchement périprothétique anormal (sur son aspect ou son abondance), il est nécessaire de réaliser une aspiration du liquide pour analyse cytologique. Il est nécessaire de réaliser une biopsie systématique de la capsule et du tissu périprothétique.

La capsulectomie la plus large doit être réalisée lorsqu’elle est raisonnablement possible, à l’appréciation du chirurgien. Le groupe préconise une analyse histologique systématique des pièces de capsulectomie.  En cas d’anomalie du creux axillaire, une analyse histologique ou cytologique est souhaitable. Le groupe précise qu’un curage axillaire n’est pas indiqué. Les biopsies et les pièces opératoires seront fixées dans le formol pour permettre des investigations complémentaires.

Une congélation des prélèvements doit être réalisée en cas de lésion périprothétique suspecte. En cas de diagnostic ou de suspicion de lymphome après analyse anatomo-cytopathologique, un envoi au réseau LYMPHOPATH est nécessaire. La pose immédiate d’un nouvel implant est envisageable si les conditions locales le permettent. Dans le cas contraire, elle peut alors être proposée à distance de l’explantation. Elle est discutée avec la patiente avant tout geste opératoire.

5. Surveillance après explantation

 En cas d’explantation, il n’y a pas de suivi spécifique préconisé compte tenu de l’absence de sur-risque de cancer lié aux prothèses PIP démontré à ce jour.

Les recommandations habituelles de dépistage du cancer du sein ou de surveillance sont applicables en fonction du niveau de risque de la femme et indépendamment de l’antécédent d’implant. »

 La décision gouvernementale

 Elle prend la forme résumée d’un communiqué de presse daté du 23 décembre et intitulé « Actualisation des recommandations pour les femmes porteuses de prothèses mammaires Poly Implant Prothèse (PIP) ». Reproduisons le ici dans sa totalité sans ajout ni modification : 

 « Xavier BERTRAND, Ministre du travail, de l’emploi et de la santé, et Nora BERRA, Secrétaire d’Etat chargée de la Santé, actualisent les recommandations de prise en charge des femmes porteuses de prothèses PIP.

 A titre préventif et sans caractère d’urgence, ils souhaitent que l’explantation des prothèses, même sans signe clinique de détérioration de l’implant, soit proposée aux femmes concernées.

Cette proposition pourra intervenir lors de la consultation de leur chirurgien, déjà recommandée.

Les ministres chargés de la santé ont saisi le 7 décembre les agences sanitaires (Institut national du cancer, Institut de veille sanitaire, Afssaps), afin de recueillir leur expertise, en lien avec les sociétés savantes, sur les signalements d’effets indésirables chez les femmes porteuses de prothèses PIP.

 L’avis rendu le 22 décembre indique qu’il n y a pas à ce jour de risque accru de cancer chez les femmes porteuses de prothèses de marque PIP en comparaison aux autres prothèses. Néanmoins les risques bien établis liés à ces prothèses sont les ruptures et le pouvoir irritant du gel pouvant conduire à des réactions inflammatoires, rendant difficile l’explantation. Les ministres chargés de la santé ont donc décidé :

 1. de renforcer les recommandations émises par l’Afssaps :

       · Les femmes porteuses d’une prothèse mammaire doivent vérifier la marque de cette prothèse sur la carte qui leur a été remise. En l’absence de carte, elles doivent contacter leur chirurgien, ou à défaut, l’établissement où a été pratiquée l’intervention.

  • · Les patientes porteuses de prothèses PIP doivent consulter leur chirurgien. A cette occasion, une explantation préventive même sans signe clinique de détérioration de l’implant leur sera proposée. Si elles ne souhaitent pas d’explantation, elles doivent bénéficier d’un suivi par échographie mammaire et axillaire tous les 6 mois.
  • · Toute rupture, toute suspicion de rupture ou de suintement d’une prothèse doit conduire à son explantation ainsi qu’à celle de la seconde prothèse
  • · Avant toute explantation, quel que soit son motif, un bilan d’imagerie (incluant une mammographie et échographie mammaire et axillaire) récent doit être disponible.

 2. d’adapter l’organisation qui doit permettre à toute femme qui le souhaite d’avoir recours à une explantation préventive. Ainsi les ministres demandent aux Agences Régionales de Santé (ARS) de mettre en place, dès début janvier, un numéro de téléphone à destination des patientes porteuses d’implants mammaires PIP qui auraient des difficultés d’accès à un professionnel pour leur proposer une liste d’établissements pouvant les recevoir.

 3. de mettre en place une étude épidémiologique prospective sur prothèses rompues. Les établissements de soins et les professionnels de santé concernés sont informés en parallèle de cette décision et des nouvelles recommandations.

 Les frais liés à cette explantation éventuelle, incluant l’hospitalisation, sont pris en charge par l’assurance maladie. S’agissant de femmes relevant d’une chirurgie reconstructrice post cancer du sein, la pose d’une nouvelle prothèse est également remboursée. Les ministres rappellent qu’il est demandé aux chirurgiens plasticiens libéraux de ne pas pratiquer de dépassements d’honoraires pour effectuer ces actes, comme le Conseil de l’Ordre l’a déjà recommandé.

Le comité de suivi, qui se réunira le 5 janvier 2012, au ministère de la santé fera un nouvel état des lieux de la situation et examinera plus en détail les procédures et dispositifs d’application de cette décision afin de répondre au mieux aux préoccupations des femmes concernées et de faciliter l’organisation de toutes les demandes d’explantation.

Pour toutes informations complémentaires, un numéro vert national 0800 636 636 est disponible. Ouverture du lundi au samedi de 9h00/19h00. »

Ainsi donc cette articulation entre évaluation et gestion nous est ainsi ouvertement accessible à l’examen. On découvre de manière précise et détaillée la différence d’appréciation entre le regard des experts  spécialistes et le choix des responsables politiques. Il y a là une bien belle opportunité pour tous ceux, professeur(e)s et élèves,  que la santé publique et ses arcanes passionnent, notamment dans ses croisement avec le journalisme et donc avec la perception que le plus grand nombre peut en avoir.

 Affaire(s) à suivre sans doute. Dans l’attente les amateurs de rhétorique apprécieront comme il convient, à la loupe, la clef de voûte présente dans ce passage essentiel du communiqué de presse ministériel :

« L’avis rendu le 22 décembre indique qu’il n y a pas à ce jour de risque accru de cancer chez les femmes porteuses de prothèses de marque PIP en comparaison aux autres prothèses. Néanmoins les risques bien établis liés à ces prothèses sont les ruptures et le pouvoir irritant du gel pouvant conduire à des réactions inflammatoires, rendant difficile l’explantation. »

Selon les dictionnaires néanmoins est rangé au rayon des conjonctions ou des adverbes. Le terme vient, clairement, de néant et de moins. Il marque une opposition. Le rédacteur aurait tout aussi bien pu choisir cependantmais, pourtant ou toutefois. Sans doute a-t-on pensé, en haut lieu ministériel, dans les étages de l’avenue de Ségur, que néanmoins sonnait mieux, plus juste, plus chic. Question : en langue anglaise le choix se bornerait-il  à nevertheless , however et  yet ?  

 

 

 

Pourquoi cacher la vérité sur le cœur des Français ?

Où il est montré que les médias rechignent souvent à emprunter les trains  qui arrivent à l’heure, préférant de très loin ceux qui déraillent. Et où il est aussi incidemment évoqué, pour pimenter le propos, que les fonctions cardiaque et sexuelle peuvent ne pas être éloignées.

Dans le monde médiatique la bonne nouvelle est l’exception. Plus précisément elle ne trouve d’échos que lorsque sa taille est telle que nul acteur ne peut en faire l’économie ; sauf à commettre le pire péché qui soit, celui du ratage. Il n’en va pas de même avec les mauvaises. La plus petite peut attirer l’attention, déclencher des résonances intimes, faire peur et parfois même faire sens. Ceci vaut pour toutes les disciplines, de la diplomatie à la critique gastronomique. Et l’actualité planétaire, européenne et nationale nous montre ce qu’il peut en être avec l’économie et la finance.

La règle vaut pleinement pour le journalisme médical; ce journalisme à part entière qui -pour diverses raisons sur lesquelles il faudrait se pencher- est actuellement généralement étiqueté  journalisme santé . Une démonstration nous en est apportée aujourd’hui avec le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’Institut de veille sanitaire (InVS). Dans sa dernière livraison thématique  il nous parle des cœurs des Français. Plus précisément de l’évolution de l’état de santé de ces mêmes cœurs. Un bien beau sujet que la raison n’ignore guère mais qui ne fut guère traité dans la presse française. Pourquoi?

Que nous dit le BEH ? Qu’en France le nombre des infarctus du myocarde et des décès d’origine coronaire baisse ; plus précisément de 5% à 6% par an dans la période 2000-2007.  Ce ne sont pas des statistiques au doigt mouillé. Il s’agit là de la conclusion synthétique de différentes études épidémiologiques  menées ces dernières années en France. Il s’agit notamment d’un travail dirigé par Aline Wagner (Laboratoire d’épidémiologie et de santé publique, Faculté de médecine, Université de Strasbourg) ; travail conduit à partir de données recensées  chez les habitants âgés de 35 à 74 ans vivant dans les trois aires géographiques qui font l’objet d’une surveillance via des registres spécifiques des cardiopathies ischémiques: départements du Bas-Rhin et de la Haute-Garonne et Communauté urbaine de Lille. Les événements ici répertoriés sont des infarctus du myocarde (IDM) ou des décès coronaires pour lesquels une enquête approfondie auprès des services de santé et/ou des médecins a été réalisée.

« La comparaison des périodes 2000-2003 et 2004-2007 montre une baisse moyenne de 19 % des taux d’IDM et décès coronaires dans les deux sexes, significative dans les trois régions, résument les auteurs. Chez les femmes, cette baisse n’est retrouvée qu’après 54 ans. L’incidence diminue également entre les deux périodes (-16 % chez les hommes ; -19 % chez les femmes). Toujours chez les femmes, cette diminution n’est observée qu’après 54 ans. La mortalité coronaire baisse en moyenne de 15 % chez les hommes et 22 % chez les femmes. Dans les deux sexes, cette baisse n’est retrouvée qu’à Strasbourg et Toulouse et seulement au-delà de 54 ans. L’index de létalité hospitalière de l’IDM et des décès coronaires tend à augmenter chez les hommes à Lille et Toulouse. La létalité générale dépasse 50 % ; elle tend à augmenter chez les hommes et reste stable chez les femmes. »

Un autre travail ne manque pas d’attirer l’attention de l’honnête homme. Il a été mené par une équipe dirigée par Michèle Montaye (Laboratoire d’épidémiologie et de santé publique, Institut Pasteur de Lille, Université Lille Nord de France).  Conclusion : les taux de létalité à 28 jours sont trois fois plus élevés à Lille (7%) qu’à Toulouse (2%) ; et ils sont  intermédiaires à Strasbourg (5%). Selon les auteurs  les symptômes graves (arrêt cardiaque réanimé avec succès avant ou au cours de l’hospitalisation, œdème aigu du poumon, choc cardiogénique) sont plus fréquents à Lille.

 Où l’on voit par là que l’affaire était suffisamment riche d’enseignements pour mériter  une couverture médiatique autrement plus étoffée que le maigre voile cotonneux auquel elle a eu droit. Les auteurs  évoquent, pour aider à comprendre cette rassurante réduction de la pathologie coronarienne, la réussite des actions préventives menées sur les fronts de l’hypertension artérielle, de l’hypercholestérolémie et du tabagisme. Selon eux « l’évolution récente des facteurs de risque » avec la « baisse de la prévalence de l’hypertension artérielle, de l’hypercholestérolémie, du tabagisme » et la « stabilité de l’obésité » peuvent « expliquer en partie la baisse ».

Pourquoi ne pas le faire savoir ? Pourquoi ne pas se réjouir de constater que des actions de santé publique visant à obtenir une adhésion à des modifications de comportement peuvent, le cas échant, fournir des bénéfices individuels et collectifs ? Pour quelles raisons proche du masochisme taire la bonne nouvelle ? Et pourquoi ne pas faire à cette occasion œuvre utile en soulignant la nécessité de poursuivre la prévention et l’information sur l’infarctus du myocarde ? Autant de questions auxquelles il reste à répondre. Car en dépit de la diminution considérable et continue de la fréquence de la maladie coronaire observée depuis 1980, la part de la mortalité extrahospitalière demeure élevée, frappant de manière hétérogène.  

D’un strict point de vue journalistique la livraison du BEH est d’autant plus intéressante qu’au-delà de la bonne nouvelle un mystère est là, offert tout chaud, qui ne réclame que l’enquête : le gradient différentiel entre Lille et Toulouse.  Pourquoi toutes choses égales (semble-t-il) par ailleurs meurt-on plus dans le nord que dans le sud de l’Hexagone ?  A quoi tiennent ces disparités dans le recours aux différents modes de prise en charge, traitements, procédures invasives, indicateurs de sévérité ? Pourquoi la revascularisation en urgence est plus souvent pratiquée à Strasbourg et à Toulouse qu’à Lille. Et pourquoi  la fibrinolyse est-elle délaissée à Strasbourg (2%) et goûtée à Lille et Toulouse 

Et puis une chose entraînant immanquablement l’autre, poser ces questions conduit à se pencher sur d’autres sujets touchant au cœur ; sujets à fort potentiel d’intérêt médiatique. Ainsi cette méta-analyse publiée dans le JAMA en mars dernier suggérant une association significative entre actes sexuels épisodiques et risque accru, à court terme, de crise cardiaque et de mort cardiaque subite. La petite mort et la mort ainsi réunies. Autre conclusion à visée préventive : le risque diminue avec la régularité de l’activité sexuelle. Au total l’activité sexuelle pourrait, comme l’activité physique en général, agir comme un déclencheur d’événements cardiaques, en particulier chez les moins assidus. A chacun de conclure ; à condition, bien évidemment, d’être informé.  

Dont acte, et mieux vaut tard que définitivement trop tard : le risque relatif de crise cardiaque provoquée par l’activité physique épisodique diminue d’environ 45%, et celui de mort cardiaque subite de 30%, pour chaque heure de pratique supplémentaire par semaine.Ainsi donc, à la différence du monde médiatique, l’exception dans ce domaine, pourrait être associée à la mauvaise nouvelle. Aux médias, s’ils le veulent bien, de le faire savoir.