Excitations sexuelles de parents d’enfants d’école maternelle : la pudeur contre la monstruosité de la rumeur

Bonjour

Ils marcheraient sur des œufs ceux qui devraient dire la vérité vraie dans l’affaire de Joué-lès-Tours (voir ici). Une affaire qui évoluait sur deux échelles voisines, une médiatique et une politique.  Avec maintenant une plainte au pénal et une saisine de la justice administrative.

Avec cette caractéristique que les enquêteurs ne pourront ici se fonder que sur des paroles et sur un tract. Un tract anonyme incitant à ne pas voter pour un maire accusé de laisser enseigner la « théorie du genre » dans les écoles de sa commune. Un tract dont le nouveau maire se refuse à endosser la paternité tout en n’ayant rien fait (euphémisme) pour dénoncer cette contre-vérité.

Quelques lignes non signées

Pour ce qui est des paroles la nouveauté, aujourd’hui, ce sont ces quelques lignes (non signées) parues dans La Nouvelle République (daté du 19 avril) :

[« Suite aux derniers événements survenus à l’école Blotterie (rumeur sur la théorie du genre et rumeur d’atteinte à la dignité des enfants), une réunion d’échange s’est tenue mardi à l’initiative des parents d’élèves élus (association indépendante des parents d’élèves). Une trentaine de parents ont participé à cette rencontre.

Rappelons qu’une enseignante a été accusée d’avoir demandé à un petit garçon et à une petite fille de se déshabiller et de se toucher mutuellement les parties génitales. La famille du petit garçon, encadrée par les représentants de la JRE (Jour de Retrait de l’Ecole) a été entendue au commissariat.  Celle de la petite fille, elle, ne s’était pas fait connaître jusque-là.

‘’Lors de cette rencontre, précisent les parents élus, la maman de la petite fille a décidé de témoigner de la non-véracité des faits et des bouleversements engendrés dans leur famille. Toute l’équipe tient à apporter son réconfort à cette famille et la remercie de son courage. La maîtresse en question a été très affectée par ces accusations infondées’’. »]

Parties génitales

Il faut ici rappeler que Mme Dalila Hassan, qui se présentait alors  comme « responsable de la JRE 37 300 », avait livré fin mars via une vidéo très largement diffusée via les « réseaux sociaux »  le récit accusateur suivant  concernant une classe de maternelle  : un garçon «  a expliqué que la maîtresse avait baissé son pantalon, qu’il y avait aussi (…) une petite fille à qui on a baissé le pantalon et (…) que la maîtresse a demandé à la petite fille de toucher ses parties génitales et au petit garçon de toucher les parties génitales de la petite fille et ensuite de se faire des bisous ».

Le temps du conditionnel

Mme Hassan disait alors se faire l’écho des craintes d’une mère tchétchène, celle du petit garçon dont il était fait mention.  A la fin de la vidéo, un slogan : « Vaincre ou mourir. »

Pour résumer nous avons des accusations formulée fin mars contre une enseignante d’une école publique – accusations formulées par la militante d’un mouvement extrémiste – accusations et amplifiées à l’échelon national. Des accusations  fondées sur ce qu’aurait dit à cette militante une mère d’origine tchétchène (ne parlant pas le français). Et cette mère aurait dit à cette militante ce que son petit garçon lui aurait dit que sa maîtresse lui aurait dit de faire. Une affaire de conditionnel, en somme.

« Non-véracité des faits »

Et aujourd’hui quelques lignes on ne peut plus discrètes du quotidien régional (qui depuis le début a parfaitement couvert l’affaire).Quelques lignes révélant deux informations.  La mère de la petite fille « a décidé de témoigner de la non-véracité des faits ». Cette même mère a également « décidé de témoigner des bouleversements engendrés dans leur famille ».

Tout cela, on le voit,  est dit de manière pudique. Pudeur de la mère. Ce que chacun, de bonne foi, comprendra. Pourquoi rajouter des bouleversements à des bouleversements ? Laisser cicatriser la plaie. Pudeur des enseignants et des parents d’élèves. Pudeur des journalistes. Reste que la pudeur ne fait pas d’audience. Ce qui n’est pas grave en soi. Reste aussi que la pudeur n’a jamais pesé lourd, dans les médias, qui font l’opinion, devant la monstruosité de la rumeur.

A demain