Boire jusqu’à la lie : que dira Emmanuel Macron à Axel Kahn sur les bières hyper-alcoolisées ?

Bonjour

Les troupes anti-alcool viennent, en France, d’être solidement renforcées par un nouveau croisé qui se déchaîne : Axel Kahn, jeune président de la Ligne contre le cancer. Aujourd’hui il guerroie dans  Le Parisien (Elsa Mari et Florence Méréo). Cible : les alcooliers-brasseurs industriels et leurs productions hyper alcoolisées. Cble corollaire : les autorités sanitaires qui laissent volontairement tendu ce « piège à la jeunesse ». Extraits :

« Quand j’étais un jeune homme de 30 ans [il y a quarante-cinq ans]  je pensais que l’alcoolisme allait peu à peu disparaître. Mais ce scénario optimiste ne s’est pas réalisé car cette addiction a gagné les milieux festifs de la jeunesse. L’alcool est partout, il n’épargne personne, surtout pas les milieux étudiants qui en consomment à toutes les soirées. C’est totalement désespérant.

« Parmi les méthodes pour faire tomber la jeunesse dans l’addiction, il y a la vente d’une sorte de bière, ultra-forte. Alors que la plupart sont à 4-5 voire 6-7 % d’alcool, on voit émerger des gammes à 14 %, et même à 16 ou presque 17 %! Elles sont vendues dans des canettes de 500 ml. Une fois ouvertes, on ne peut plus les refermer, il faut boire jusqu’à la lie [sic] Un jeune a alors consommé l’équivalent d’une bouteille de vin! C’est inouï. Il y a là un attentat à la santé des jeunes.

« Très accessibles, ces bières ont fleuri dans les supermarchés, dans les supérettes, à un prix modique. Ses acheteurs sont le peuple de la rue, et les jeunes. Et pour cause, elles attirent l’œil par leur allure colorée, provocante, qui sont inspirées de l’univers de la BD, du jeu vidéo avec, par exemple, des images de dragons. Il suffit de se promener dans un lieu où une soirée d’étudiants s’est tenue – comme une grande place à Rennes ou les quais de Seine à Paris – pour voir des cadavres de ces boissons joncher le sol. Il s’agit d’un piège tendu aux jeunes, dont ils auront du mal à sortir. »

Le prix du paquet de cigarettes doit-être dissuasif (Bruno Lemaire)

Interdire ? Axel Kahn, prudent, « demande aux autorités d’étudier la question et de légiférer ». Et conseille déjà le gouvernement sur les diverses stratégies possibles » « La première, interdire la vente de bières qui n’utilisent pas les procédés traditionnels de fabrication ou tout du moins, leur retirer l’appellation ‘’bière’’. C’est le cas de ces boissons ultra-fortes qui sont élaborées en ajoutant des sucres et des levures afin d’augmenter leurs effets. La seconde est d’augmenter très fortement la taxe en fonction du grammage d’alcool : les plus fortes seraient vraiment plus chères. Cela serait très dissuasif pour les acheteurs. »

Et le généticien émérite de citer l’exemple du tabac :  « c’est la sanction au portefeuille qui donne les meilleurs résultats ». Le tabac et le gouvernement, précisément. Le prix du paquet de cigarettes atteindra bientôt 10 euros ce qui ne permet pourtant pas (à la différence notable de la cigarette électronique) de libérer la grande majorité des esclaves du tabac.  Le gouvernement ira-t-il au-delà en augmentant un peu plus le prix du paquet ? Dimanche 29 septembre, lors du Grand Jury RTL / Le Figaro / LCI, Bruno Lemaire ministre de l’Économie et des Finances a été surpris par la question observe le site des buralistes français :

« … Nous allons en débattre … Mais tout ce qui peut être fait pour lutter contre l’addiction au tabac est une bonne choseC’est une bonne politique de santé publique que d’avoir un prix du paquet de cigarettes qui soit dissuasif

Dissuader au risque de ne plus vendre ? Bruno Le Maire a néanmoins précisé qu’il s’agissait de « sa conviction personnelle » et que cela devra être tranché par le président de la République et le Premier ministre. Il en va de même pour ces bières que la jeunesse apprend à boire jusqu’à la lie. Où l’on voit, une nouvelle fois, s’il en était besoin, à quel point la lutte contre les addictions sont, d’abord et avant tout, un sujet politique.

A demain @jynau

Après la bioéthique, Agnès Buzyn devra sérieusement travailler son dossier cigarette électronique

Bonjour

Le vent tourne et les volutes entreraient en grâce ? Après les déclarations constructives de Roger Genet, patron de l’Anses c’est Agnès Buzyn qui, modestement, a commencé à changer de ligne. C’était dimanche 22 septembre 2019 à la vingt-cinquième minute du « Grand Jury LCI Le Figaro RTL ».  Trois minutes sur un sujet essentiel.

On connaît le contexte : la « maladie sans nom » observée aux Etats-Unis, l’incompréhension générale quant à la réduction des risques, le poids occulte de Big Tobacco … Nous étions, en France, dans le silence. « Il aura fallu que les journalistes insistent mais Agnès Buzyn a été claire, observe Sébastien Béziau, sur vapyou.com. La ministre indique que la vape est très bien réglementée en France et qu’aucune mesure restrictive supplémentaire “n’est dans les tuyaux”. Il n’est donc pas question d’interdire la vape ni même les arômes en France. »

Agnès Buzyn a également redit que le vapotage est un outil d’aide pour l’arrêt du tabac. Mais il faut également, pour Sébastien Béziau, souligner les inquiétantes imprécisions, sur le sujet, de la ministre des Solidarités et de la Santé.

« Dans les quelques minutes consacrées au sujet du tabac, on constate malheureusement qu’elle connaît bien mal le dossier. Elle confirme que des mesures strictes sont en place pour la vente aux mineurs, mais indique aussi que le vapotage est soumis aux mêmes restrictions que pour les lieux où il est interdit de fumer. C’est faux, notre ministre ne semble pas connaître le décret du 25 avril 2017 qui assouplit (heureusement) les règles. Dans l’interview au Grand Jury, elle parle de “tolérance”, non, c’est juste la loi. »

Ce n’est pas tout. Avant la question du vapotage, la ministre s’est exprimée sur le tabac en général. Elle a indiqué que nous comptions entre 1,5 et 2 millions de « fumeurs en moins » – expliquant que l’augmentation du prix est la « meilleure solution » et que ce résultat est le fruit de l’argent : augmentation des prix et aides sur les substituts nicotiniques.

Objectif : libérer les esclaves du tabac

« Pas un mot sur le vapotage. Déni total de la solution qui pourtant est le levier n°1 de la baisse du tabagisme depuis plusieurs années, souligne fort justement Sébastien Béziau.  Ce n’est pas un fantasme personnel, ce sont les chiffres officiels de Santé publique France. Malheureusement Agnès Buzyn reste donc fossilisée sur des positions qui ont fait long feu face à la réalité. Non seulement, elle ne veut pas voir les millions de fumeurs qui ont réussi à arrêter de fumer grâce à la vape, mais surtout, elle ne pas prendre la mesure de l’opportunité pour les millions d’autres qui fument toujours. »

Ce n’est pas la seulle approximation fautive de la ministre qui continue à voir dans le vapotage une « porte d’entrée » dans le tabagisme.  Quelles sont les « sources » ministérielels ? Qui est en charge, dans son cabinet, de la tenue du dossier « Vapotage » et du bureau « Réduction des risques » ? Qui, en cachette, lui parle de la « Révolution des volutes » ? Sébastien Béziau :

« Depuis son arrivée au ministère, les associations AIDUCE et SOVAPE ont adressé plusieurs courriers à Agnès Buzyn pour obtenir un rendez-vous et établir un dialogue constructif. Elles n’ont jamais reçu de réponse. Le groupe de travail vapotage qui était initié à la Direction Générale de la Santé, qui réunissait tous les trimestres les partie prenantes dans un bon esprit, a été stoppé. Après le “quinquennat” de Marisol Touraine, nous en sommes à plus de sept ans d’atermoiements des pouvoirs publics français sur le vapotage. Heureusement, les Français “d’en bas” avancent, avec des professionnels dynamiques et créatifs, des acteurs de santé de plus en plus investis et documentés et une population de vapoteurs “pairs” ultra dévoués à leur anciens coreligionnaires fumeurs (auto-support sur les réseaux sociaux). »

En resterons-nous là, à cette absence d’échanges, à ce déni larvé de l’exécutif sanitaire, à son refus obstiné de réduire les risques et de libérer les esclaves du tabac ?

A demain @jynau

Divorce éthique prononcé entre Agnès Buzyn et l’Académie nationale de médecine

Bonjour

Qui aurait imaginé que la prise de position éthique de l’Académie nationale de médecine puisse être suivie d’une telle couverture médiatique ? Tel est pourtant bien le cas. Et à deux jours de l’ouverture du débat sur le projet de loi de bioéthique à l’Assemblée nationale un différend sans précédent vient d’apparaître entre le gouvernement et l’Académie nationale de médecine. Différend édifiant. Nous venons de voir que cette dernière estime que « la conception délibérée d’un enfant privé de père constitue une rupture anthropologique majeure » et n’est « pas sans risques » pour son « développement psychologique » et son « épanouissement ».

L’Académie « reconnaît la légitimité du désir de maternité chez toute femme quelle que soit sa situation », mais juge qu’« il faut aussi au titre de la même égalité des droits tenir compte du droit de tout enfant à avoir un père et une mère dans la mesure du possible ».

« L’argument régulièrement avancé pour rejeter le risque pour l’enfant se fonde sur certaines évaluations, essentiellement dans quelques pays anglo-saxons et européens, faisant état de l’absence d’impact avéré sur le devenir de l’enfant. [Elle] ne juge pas très convaincantes ces données au plan méthodologique, en nombre de cas et en durée d’observation sur des enfants n’ayant pas toujours atteint l’âge des questions existentielles ».

Qui plus est l’Académie « estime que, de plus en plus malmenée par les évolutions sociétales, la figure du père reste pourtant fondatrice pour la personnalité de l’enfant comme le rappellent des pédopsychiatres, pédiatres et psychologues ». Elle reconnaît que son rôle n’est pas de « donner un avis » sur une « mesure sociétale », mais « estime de son devoir de soulever un certain nombre de réserves liées à de possibles conséquences médicales ». 1.

« Ne me dites pas qu’un quart des enfants français … »

Interrogée dimanche 22 septembre lors du « Grand Jury RTL-LCILe Figaro », sur cette prise de position solennelle autant que claire, Agnès Buzyn aurait pu se taire. Ou faire un long développement argumenté, anthropologique et politique. Rien de tout cela. Ce fut bref, bien trop bref.

« Considérer qu’il y a un lien direct entre défaut de construction de l’enfant et famille monoparentale est faux », a déclaré la ministre des Solidarités et de la Santé.

« Aujourd’hui, nous avons un quart des familles françaises qui sont des familles monoparentales (…) Ne me dites pas qu’un quart des enfants français qui vivent et qui naissent dans ces familles ont des difficultés de construction. Les études que nous avons à notre disposition sur les enfants qui sont élevés dans des familles monoparentales ne sont pas des études inquiétantes. »

Où l’on entend une ministre se situer, volontairement, hors sujet. Avant d’ajouter que la prise de position de l’Académie nationale de médecine est « en tous les cas peut-être datée » (sic).  Ceci ne manquera pas de faire rire, ou d’irriter, rue Bonaparte, siège de l’illustre Académie – on rappellera que cette dernière peut être saisie d’une demande d’avis par le gouvernement et peut aussi s’auto-saisir sur toute question concernant les domaines de la santé et de l’éthique médicale. Et dire son fait à l’exécutif.

Agnès Buzyn, docteur en médecine et, en même temps, membre du gouvernement se devra de s’expliquer un peu plus longtemps sur ce « datée ».

A demain @jynau

1 Le rapport de l’Académie nationale de médecine est signé: Jean-François Mattei (rapporteur) au nom du Comité d’éthique de l’Académie nationale de médecine. Comité d’éthique de l’Académie nationale de médecine: Catherine Barthélémy, Marie-Germaine Bousser, Jacques Bringer, Jean Dubousset, Gilles Crépin, Elisabeth Eléfant, Claudine Esper, Jean-Noël Fiessinger, Dominique Lecomte, Yves Le Bouc, Jean-Roger Le Gall, Jean-François Mattei, Dominique Poitout, Paul Vert.

L’Académie dans sa séance du mardi 18 septembre 2019, a adopté le texte de ce rapport par 69 voix pour, 11 voix contre et 5 abstentions.

Gilets Jaunes, Grand débat et PMA : un nouveau report de la loi bioéthique va faire polémique

Bonjour

Trop de promesses nuit aux promesses. Pour l’heure rien n’est dit, mais tout le laisse entendre : le projet gouvernemental de révision de la loi de bioéthique ne sera pas examiné comme prévu par le Parlement. Et on attend sous peu les premières dénonciations de ce nouveau retard de l’ouverture de la PMA « à toutes les femmes » 1.

L’affaire était transparente entre les lignes du Journal du Dimanche du 28 avril :  « Philippe refait son calendrier » (David Revault d’Allones).  « Si on veut que les mesures post-Gilets jaunes soient lisibles rapidement pour les Français, il y aura forcément des textes qui sont déjà dans les tuyaux et que l’on devra repousser » prévient Sibeth Ndiaye, nouvelle porte-parole du gouvernement. On peut le dire autrement, comme un ministre (anonyme) à l’hebdomadaire dominical : « Il y a un vrai enjeu d’embouteillage ». Et une nécessité, urgente, d’arbitrage.

La menace avait déjà émergé début mars. « Officiellement, le calendrier est pour l’instant maintenu, expliquait alors France Info. La loi doit être présentée en Conseil des ministres avant l’été puis examinée au Parlement d’ici la fin de l’année. Mais tout dépend du grand débat national et des mesures qu’il s’agira de faire voter. Il risque donc d’y avoir un embouteillage parlementaire. Le calendrier sera arbitré entre le grand débat national qui se termine le 15 mars et les élections européennes, le 26 mai 2019. »

Pas informé d’un « report authentique »

Joint par France Info, le député (LREM, Rhône) Jean-Louis Touraine, rapporteur de la mission d’information sur la révision de la loi de la bioéthique, relativisait, indiquant ne pas avoir été informé d’un « report authentique ». « Je ne pense pas qu’il y ait de report, je n’ai pas été informé d’un report authentique. Marlène Schiappa et Agnès Buzyn m’ont dit qu’il n’y avait pas de report significatif, expliquait-il. Le projet de loi doit être déposé en conseil des ministres en juin prochain avant une analyse à l’Assemblée nationale soit en juillet, soit en septembre. Une ou deux semaines de décalage en fonction de l’encombrement de l’agenda, mais pas de report véritable. »

Initialement prévue au Parlement « avant la fin de l’année 2018 », la révision de loi de bioéthique avait été repoussée une première fois, déjà « en raison de l’encombrement du calendrier parlementaire ».

Marc Fesneau, ministre en charge des Relations avec le Parlement, avait alors fixé « un horizon de douze mois » pour une adoption définitive par les parlementaires. « Ce n’est pas repoussé en tant que tel avait-il précisé sur LCI. On verra en termes de calendrier, mais ce sera fin d’année 2019, deuxième semestre 2019, et si ça déborde, ça déborde ».

29 avril 2019, sur France Inter, Stanislas Guérini, délégué général de LREM a dit que, s’il fallait choisir, il préférerait que la loi sur la « PMA pour toutes » soit moins retardée que celle sur l’audiovisuel. En réitérant une fois encore, comme le président de la République, son souhait principal : que le débat soit, enfin, « apaisé ».

 A demain

@jynau

1 PS:  Edouard Philippe a annoncé, le 29 avril que le projet de loi de révision de la loi de bioéthique (incluant la « PMA pour toutes ») serait examiné en conseil des ministres « durant le mois de juillet ». Rien n’est toutefois dit quant à la date de son examen par le Parlement .

 

Espérance de vie et retard du départ à la retraite : la volte-face immédiate d’Agnès Buzyn

Bonjour

Véritable bourde ou grande, trop grande, naïveté ? Après avoir posé un pied sur un terrain qu’elle n’imaginait pas à ce point miné, Agnès Buzyn vient de faire trois pas en arrière. Ainsi la ministre des Solidarités et de la Santé a-t-elle assuré, ce mardi 19 mars, qu’« aucune modification de l’âge minimal de départ à la retraite » n’était « envisagée » par le gouvernement. Deux jours auparavant elle s’était, membre du gouvernement, prononcée en faveur d’un « allongement du temps de travail ».

Interrogée sur le sujet lors des questions au gouvernement, la ministre a déclaré :

« Aucune modification de l’âge minimal de départ à la retraite n’est envisagée, ni (n’est) sur la table des négociations que pilote le Haut Commissaire à la réforme des retraites (Jean-Paul Delevoye). Ce n’est pas non plus le sens des propos que j’ai tenus dimanche et dont les diverses interprétations sont à l’origine d’une polémique. »

 

Les propos dominicaux tenus par la ministre 1 ? « Ils avaient fait bondir les syndicats, alors que le gouvernement s’est engagé à ne pas toucher à l’âge légal de départ, fixé à 62 ans, conformément aux promesse de campagne d’Emmanuel Macron » résume l’Agence France Presse.

 « La priorité du gouvernement est de créer un système universel de retraite plus lisible, plus équitable et plus juste, qui donne pour un même euro cotisé les mêmes droits à chacun. Pour qu’il soit parfaitement juste, nous devons également permettre à toutes celles et tous ceux qui le souhaitent de pouvoir continuer à travailler après l’âge minimal de départ à la retraite et d’être avantagés financièrement à le faire.

« Les pistes d’incitation sur lesquelles travaille le Haut Commissaire visent à accompagner un phénomène de société, l’allongement de la durée de la vie, qui est un défi d’avenir pour notre société comme pour nos voisins européens, et que nous devons relever collectivement. Je n’ai rien dit d’autre. »

Le Haut Commissaire s’était dit « très surpris des déclarations de la ministre.« J’ai vu émerger ce débat, ce n’est pas le mien», avait-il assuré au Monde. A qui appartient-il ?

A demain

@jynau

1 Les propos de Mme Buzyn : « La question de l’âge du départ à la retraite est sans arrêt sur la table, à gauche comme à droite. A gauche on nous demande de le baisser, à droite de l’augmenter. Moi, j’entends ces débats. Le président de la République avait pris lors de sa campagne l’engagement devant les Français de ne pas toucher à l’âge de départ à la retraite. Après, nous allons mener une réforme des retraites pour rendre les retraites plus universelles, plus compréhensibles pour les Français et avoir un système qui pérennise notre système par répartition…. peut-être que cela, ça sera en discussion avec les partenaires sociaux dans le cadre de la réforme générale ».

« Je n’y suis pas hostile. Pourquoi ? Je vais être honnête (sic), je suis médecin, je vois que la durée de vie augmente d’année en année, elle augmente moins vite ces dernières années mais elle a considérablement augmenté (…) Est-ce que, alors que le nombre d’actifs diminue, nous allons pouvoir indéfiniment maintenir sur les actifs le poids des retraites qui vont augmenter en nombre et en durée ? Nous savons que cet équilibre-là va être de plus en plus difficile à tenir. »

 

Cigarette électronique : Agnès Buzyn ne saisit pas l’intérêt de la réduction des risques

Bonjour

Invitée, le 17 février, du «Grand Jury » RTL, Le Figaro, LCI Agnès Buzyn ne s’est pas limitée à l’improbable corrélation « temps de travail- espérance de vie ». Elle s’est aussi expliquée, pour la première fois peut-être, sur la cigarette électronique. Quelques observations en forme de lieu commun : « Aujourd’hui, les gens qui s’engagent dans le vapotage sont clairement des personnes qui souhaitent s’arrêter de fumer ». « Tout laisse à penser quand même que la cigarette est nettement plus toxique que le vapotage ». Une préférence : « Je préfère que les gens arrêtent de fumer avec les substituts nicotiniques ». Et une explication sur le fond (à partir de 32’ 20’’):

« Pour ceux qui souhaitent s’arrêter nous pensons que c’est un bon outil, mais nous ne connaissons pas les toxicités à long terme.

– Comment se fait-il que nous ne les connaissions pas ?

– Mais la cigarette il a fallu trente ans pour comprendre qu’elle donnait le cancer.. plus que ça même.. cinquante ou soixante-dix ans…

– Alors il va falloir attendre cinquante ans pour en savoir plus sur les effets  du vapotage ? C’est là où on ne comprend pas

–  Ecoutez, c’est la science… Pour connaître les effets à long terme d’un produit, il faut avoir suffisamment de  recul. Nous savons aujourd’hui par exemple que certains produits créent un peu d’inflammation cellulaire. Est-ce que cette inflammation est suffisante pour donner dans dix, vingt ou trente ans des pathologies, des maladies ? Nous ne le savons pas ».

La science c’est aussi, c’est surtout, se donner les moyens de comprendre et d’anticiper. Et sur ce point force est bien de constater que depuis l’émergence et le ras-de-marée du vapotage le pouvoir exécutif concerné au premier chef (Marisol Touraine et Agnès Buzyn) n’a rien fait.

Où l’on voit comment un recours à une conception dévoyée du principe de précaution permet de ne pas mettre en œuvre une véritable et salutaire politique de réduction des risques.

A demain

@jynau

Agnès Buzyn veut allonger la durée du travail pour compenser la hausse de la durée de vie

Bonjour

Ainsi donc c’est bel et bien fait : à 56 ans elle a finalement renoncé à ses ambitions  européennes. Désormais pleinement ministre des Solidarités et de la Santé elle était, ce 17 mars, l’invitée du « Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI ». Une invitation sous le sceau du travail. D’emblée elle assure que « personne en France ne peut douter que le président de la République travaille et travaille plus qu’aucun de ses prédécesseurs » (référence à un week-end de ski écourté d’Emmanuel Macron du fait des violences parisiennes en marge de la manifestation pré-dominicale des Gilets Jaunes). Les prédécesseurs apprécieront.

Quant à Christophe Castaner et à sa récente sortie nocturne longuement critiquée dans une boîte de nuit, il avait quitté son ministère pour, tout bonnement un « anniversaire ». Ce qui, entre les lignes, ne permet en rien d’imaginer que le président de la République soit satisfait.

Anniversaire

Questions diverses et, parfois, embarras d’une ministre faisant à plusieurs reprises références à son titre de docteur de médecine. Puis, la surprise, quand interrogée sur une proposition de son prédécesseur Xavier Bertrand, 53 ans, Agnès Buzyn a dit envisager de « proposer un allongement de la durée de travail » lors des discussions avec les partenaires sociaux – et ce « dans le cadre de la réforme générale » des retraites.

« La question de l’âge du départ à la retraite est sans arrêt sur la table, à gauche comme à droite. A gauche on nous demande de le baisser, à droite de l’augmenter. Moi, j’entends ces débats. Le président de la République avait pris lors de sa campagne l’engagement devant les Français de ne pas toucher à l’âge de départ à la retraite. Après, nous allons mener une réforme des retraites pour rendre les retraites plus universelles, plus compréhensibles pour les Français et avoir un système qui pérennise notre système par répartition…. peut-être que cela, ça sera en discussion avec les partenaires sociaux dans le cadre de la réforme générale ».

 « Je n’y suis pas hostile. Pourquoi ? Je vais être honnête (sic), je suis médecin, je vois que la durée de vie augmente d’année en année, elle augmente moins vite ces dernières années mais elle a considérablement augmenté (…) Est-ce que, alors que le nombre d’actifs diminue, nous allons pouvoir indéfiniment maintenir sur les actifs le poids des retraites qui vont augmenter en nombre et en durée ? Nous savons que cet équilibre-là va être de plus en plus difficile à tenir. »

Sur la table gouvernementale

Or tout médecin ne saurait ignorer que si « la durée de vie augmente » cette augmentation est, loin s’en faut, également répartie 1.

L’AFP précise que comme on lui rapportait, en fin d’émission, les réactions de surprise suscitées sur les réseaux sociaux par ses déclarations, Agnès Buzyn a souligné qu’elle s’exprimait ici à titre personnel. « Je pense qu’un jour, un jour, nous serons obligés de travailler plus longtemps sinon notre système de retraite ne pourra pas tenir, a-t-elle précisé.Ce que j’ai dit, c’est que j’ai vu ces propositions remonter du grand débat. A partir du moment où les Français l’évoquent, c’est sur la table. A partir du moment où toutes les propositions qui sont amenées par le grand débat vont être étudiées, nous étudierons celle-là comme les autres. Elle n’est pas [mise] sur la table aujourd’hui par le gouvernement ».

Une table gouvernementale que l’on imagine déjà bien surchargée et qu’il conviendra, au lendemain du Grand Débat, ni de faire tourner, ni ne renverser.

A demain

@jynau

1 Source INSEE, février 2018 : « Plus on est aisé, plus l’espérance de vie est élevée. Pour la période 2012-2016, le niveau de vie des personnes parmi les 5 % les plus aisées est en moyenne de 5 800 euros par mois. Parmi les personnes les plus aisées, les hommes ont une espérance de vie à la naissance de 84,4 ans. À l’opposé, parmi les 5 % de personnes les plus modestes, dont le niveau de vie moyen est de 470 euros par mois, les hommes ont une espérance de vie de 71,7 ans. Les hommes les plus aisés vivent donc en moyenne 13 ans de plus que les plus modestes. Chez les femmes, cet écart est plus faible : l’espérance de vie à la naissance des femmes parmi les 5 % de personnes les plus aisées atteint 88,3 ans, contre 80,0 ans parmi les 5 % les plus modestes, soit 8 ans d’écart ».

 

La promesse d’Emmanuel Macron sur la PMA pourrait ne pas être tenue durant ce quinquennat 

Bonjour

Hier Le Figaro le pressentait. C’est fait : Marc Fesneau, ministre en charge des relations avec le Parlement a, lundi 4 mars, fixé « un horizon de douze mois » pour une adoption définitive de l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes seules. Un nouveau recul, de nouveaux atermoiements et, conséquences immédiate, l’ire montante des associations LGBT (lesbiennes, gays, bi et transgenres). Où l’on voit une promesse du candidat Macron s’étioler au rythme des aléas et des choix politiques.

A l’automne dernier, le gouvernement avait déjà décidé de reporter à l’été l’examen du texte devant l’Assemblée nationale – et ce alors qu’il devait initialement être présenté avant la fin d’année 2018. Lors d’une rencontre avec une quinzaine d’associations LGBT, Emmanuel Macron avait alors tenté de rassurer, assurant que cette promesse de campagne serait promulguée « courant 2019 ». Et le chef de l’Etat d’affirmer « qu’il n’y avait pas de report, pas de recul et que, courant 2019, la loi bioéthique serait promulguée et que le calendrier annoncé était maintenu ».

Puis, en janvier, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé avait fait savoir que le projet de loi de bioéthique ne tarderait plus guère a être connu.Un recul officiellement présenté comme  la conséquence « de l’encombrement du calendrier parlementaire ». L’agenda pourrait, cette fois, être de nouveau être bousculé par la nécessité de traduire dans la loi des mesures issues du grand débat national.

Lundi 4 mars M. Fesneau a confirmé que le projet de loi de révision de la loi de bioéthique « sera en conseil des ministres avant l’été comme prévu ». Mais s’agissant de l’adoption du texte, il a toutefois été nettement moins formel qu’Emmanuel Macron quelques mois avant lui.  « Il suivra son chemin parlementaire », a précisé le ministre MoDem. En d’autres termes, il n’y aura pas de procédure accélérée devant les deux chambres.

La peur de La Manif pour Tous ?

« Ce n’est pas repoussé en tant que tel, a assuré M. Fesneau à LCI.  On verra en termes de calendrier, mais ce sera fin d’année 2019, deuxième semestre 2019, et si ça déborde, ça déborde. » Ce qui, on en conviendra aisément ,n’est ni élégant ni rassurant. « On a besoin sur ces sujets de nourrir la réflexion des citoyens sur un champ dépassionné, on a trop œuvré dans la passion, on a besoin de se faire une opinion commune », plaide-t-il, soulignant que « le gouvernement a fait le choix de donner le temps du débat ».

Même cause mêmes effets : A la suite de ce nouveau report les associations féministes et LGBT disent leur dépit.  « Quand on apprend dans le journal ce matin que la loi de bioéthique est repoussé à 2020. Les droits des lesbiennes toujours oubliées. On ne veut plus attendre ! », déplore l’association Osez le féminisme !.

Il faudra pourtant bien attendre. Jusqu’à quand ? 2020 ou après ? Le député Jean-François Eliaou (LREM, Hérault) rapporteur pour l’évaluation de la loi bioéthique de 2011, conteste l’idée que la révision serait traitée par le gouvernement comme un sujet secondaire. «Ce n’est pas une loi subsidiaire, mais il faut de la sérénité, pas que ce soit un combat politicien. Et en ce moment, on n’est pas du tout dans cette ambiance-là», affirme-t-il. Annie Genevard, vice-présidente de l’Assemblée nationale (LR): «Dans le contexte très clivé que nous connaissons, le gouvernement mesure que les lois bioéthiques ne sont pas de nature à apaiser les Français.» D’où l’absence d’empressement.

«Peut-être qu’ils ont peur d’un nouveau 2013 … », ose Agnès Thill, députée LREM, dont la voix dissidente sur la PMA a récemment provoqué de graves crispations au sein de la majorité. Pour l’examen de cette loi Emmanuel Macron a régulièrement souligné qu’il voulait « une France apaisée ». Aussi rien n’interdit de penser que celle loi attendra. Et si ça doit déborder, ça débordera. 

A demain

@jynau

Non, Emmanuel Macron n’a toujours pas demandé à Agnès Buzyn de quitter le ministère de la Santé

Bonjour

Ainsi donc les leçons données par la maire Martine Aubry aux ministres de la Justice et de la Santé ont-elles porté. Et Gilles Le Gendre, patron des députés macroniens qui jugeait que la presse ne devait pas s’y intéresser n’aura guère été écouté. Plusieurs représentants du gouvernement ont pris la chose très au sérieux.

C’est d’abord Nicole Belloubet qui est revenue sur cette séquence de savoir-vivre républicain. Lundi 26 février la ministre de la Justice a indiqué qu’elle ne voulait «pas polémiquer» avec Martine Aubry. «J’ai trop de respect pour les élus, en particulier pour elle, au regard du travail qu’elle a fait pour notre pays», a-t-elle déclaré à BFM TV, en assurant que la maire de Lille avait été prévenue «et qu’elle avait même fait savoir qu’elle viendrait».

Puis, le même jour, Gabriel Attal, jeune secrétaire d’État à la Jeunesse. «On a le droit d’être un peu agacé si un mail est parti trop tard, mais je pense qu’il faut aussi être un peu mesuré de temps en temps», a-t-il déclaré sur Europe 1. Et, sans élégance, de regretter le «côté madame ronchonne et toujours à se plaindre» de Martine Aubry. Puis, non sans mesquinerie : «Est-ce qu’on l’a entendu se réjouir lorsque la mairie de Lille a vu sa dotation de l’Etat augmenter d’un million d’euros en 2018, d’un million d’euros en 2019 alors qu’elle n’a pas arrêté de baisser sous François Hollande?».

« Hijab de course » français

 Aujourd’hui c’est Agnès Buzyn qui, sur RTL (Elisabeth Martichoux), monte au front et dégaine :

« Nous avons vérifié. Evidemment elle avait été prévenue une semaine avant. Je suis triste que cet événement … enfin cet incident … n’ait pas permis de parler du sujet de la visite avec l’ouverture d’un centre de recherche dédié à la prise en charge des victimes de psycho-traumatismes, victimes d’attentats, victimes de violences sexuelles ou victime d’événements traumatiques. (…) »

Et , sur la-première-radio-de-France, la ministre des Solidarités et de la Santé d’être interrogée au-delà de son champ ministériel de compétence.

. Sur les prochaines élections européennes, va -t-on rejouer le duel Macron-Le Pen de la présidentielle de 2017 ? Réponse : « Possiblement mais les enjeux ne sont pas les mêmes. »

. Sur la firme Décathlon qui va commercialiser un « hijab de course » : « C’est légal mais c’est une vision de la femme que je ne partage pas. J’aurais préféré qu’une marque française ne promeuve pas le voile. »

. Sur son départ imminent du gouvernement pour participer comme tête de liste aux élections européennes : « Emmanuel Macron ne me l’a pas demandé. J’ai de très belles lois à porter. Les noms qui circulent dans la presse sont des spéculations. Je n’y réfléchis même pas. »

. Sur Marine Le Pen qui aurait ou non porté plainte contre elle après ses récentes déclarations :« Je ne veux pas polémiquer. Je ne pense pas que Mme Le Pen elle-même ait des choses à se reprocher sur l’antisémitisme, je ne le sais pas. En tout cas elle n’a jamais prononcé de mots, de dérapages, comme son père (…) J’avais en tête des photos. »

Oxygéner le monde hospitalier 

Enfin, retour dans le « champ de compétences » : « pour la première fois, nous allons augmenter les tarifs hospitaliers ». Une « décision historique ».  Ces tarifs vont augmenter de 0,5%. « Cela va aboutir à 250 millions d’euros supplémentaires pour l’activité de médecine de chirurgie et obstétrique et de 100 millions supplémentaires sur la psychiatrie. Au total, cette année l’hôpital verra son budget passer de 80 milliards d’euros à 82 milliards d’euros ».

Cette somme va « arrêter de mettre une pression sur les professionnels (…) Cet étau permanent sur l’hôpital va pouvoir être desserré cette année. C’est une façon de reconnaître les efforts qui ont été faits à l’hôpital pour améliorer la rentabilité et de commencer cette transformation du système de santé en réorganisant la médecine de ville et en permettant aux hôpitaux de se restructurer ».

De belles lois à porter. L’Europe ? Ne pas y penser.

A demain

@jynau

1 Marine Le Pen a annoncé dimanche 17 février son intention de poursuivre Agnès Buzyn en justice après les propos de la ministre de la Santé à son encontre, qu’elle juge « injurieux ». Peu de temps avant, sur LCI, la ministre de la Santé avait indiqué : « Elle (Marine Le Pen) est contre l’antisémitisme, mais elle a plein de néo-nazis dans son entourage » et « dès qu’elle peut aller en Autriche ou à Bruxelles rejoindre les néo-nazis et mouvements d’extrême droite d’Europe et du monde entier, elle y court ». Et de conclure : « Elle mange à tous les râteliers. C’est ce que j’ai à dire aujourd’hui ».

«L’incendiaire : alcoolisée avec des antécédents psychiatriques» Dix morts, trente-trois blessés.

Bonjour

Moins de vingt-quatre heures après le drame et, déjà, les questions de fond. Des questions relatives à l’état de la psychiatrie en France, à la qualité de la prise en charge de malades mentaux, au rôle joué par l’alcool dans ce tragique incendie survenu dans la nuit du 4 au 5 février au 17 bis, rue Erlanger, à deux pas de la porte d’Auteuil dans un immeuble moderne du 16e arrondissement de Paris. Dix morts, trente-trois blessés, dont huit pompiers et un incendie « d’origine criminelle ». Ouverture d’une enquête pour « destruction volontaire par incendie ayant entraîné la mort ».

Tout va très vite. D’abord l’interpellation, durant la nuit et non loin de l’incendie, d’une habitante de l’immeuble aussitôt placée en garde à vue. Cette femme âgée de 40 ans essayait apparemment de mettre le feu à une voiture et à une poubelle. A l’issue d’un examen médical et d’un examen de comportement, elle a été placée à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police – garde à vue levée en fin de journée.

« Elle présente des antécédents psychiatriques », a précisé Rémy Heitz, procureur de la République de Paris. En conflit récurrent avec l’un de ses voisins, pompier, cette habitante de l’immeuble s’était disputée avec lui dans la soirée. La police s’était alors déplacée pour « un trouble de voisinage ». Le Parisien a recueilli le témoignage du voisin :

« Nous étions dérangés par ma voisine qui avait mis la musique très fort chez elle. […] Hier soir [lundi soir] ma compagne est allée frapper à sa porte, et elle s’est fait insulter. Je suis pompier professionnel à la BSPP [Brigade des sapeurs-pompiers de Paris] et c’est pour ça que j’ai appelé le 17, vers 23 h 50. J’ai attendu quarante minutes pour m’entendre dire que ce n’était pas une situation d’urgence. […] Les policiers m’ont dit de partir. Je suis sorti avec ma compagne, je voulais passer la nuit ailleurs. J’ai cru que les policiers l’avaient embarquée donc nous sommes revenus. Mais je suis tombée nez à nez avec ma voisine dans les escaliers. Les policiers étaient repartis. Après leur départ, ma voisine a essayé de défoncer ma fenêtre et ma porte pour se venger. Un voisin m’a expliqué qu’il y avait du papier devant ma porte avec du bois. Elle a dû mettre le feu chez moi pour se venger. Quand je l’ai croisée, elle m’a souhaité bon courage en me disant que j’étais pompier, et que j’aimais bien les flammes. Là, je sens l’odeur de brûlé. »

Deux témoins interrogés par BFMTV ont raconté avoir entendu dans la soirée une altercation entre la suspecte et un jeune homme. Ce dernier, qui habitait au deuxième étage, se plaignait de la musique trop forte qui émanait de l’appartement de sa voisine et cognait contre sa porte. Celle-ci lui aurait alors répondu: «Toute manière, tu es un pompier, je vais mettre le feu». «Elle hurlait, lui hurlait pour qu’elle arrête (de frapper contre la porte). Elle hurlait, elle a jeté des choses par la fenêtre, elle a jeté des assiettes».

Plusieurs hospitalisations à Sainte-Anne

Ce ne sera  qu’après 6 h 30 du matin, à l’issue de plus de cinq heures d’intervention, que les pompiers finissent par maîtriser le feu. « La France se réveille dans l’émotion »,  tweetera alors le président de la République tandis que le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, saluait, sur les lieux du sinistre, « l’immense mobilisation des sapeurs-pompiers ».

Moins de vingt-quatre heures après le drame les médias généralistes enquêtent sur le passé psychiatrique de cette femme, ses antécédents, ses traitements. La chaîne d’information LCI précise qu’elle « avait été hospitalisée plusieurs fois à Sainte-Anne et à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris ». LCI :

« Selon nos informations, la quadragénaire a séjourné en psychiatrie à plusieurs reprises ces dernières années, pour une durée totale de cinq ans. Elle a notamment été internée à l’hôpital Saint-Anne ainsi qu’à l’Institut psychiatrique de la préfecture de police de Paris. Elle est sortie de sa dernière hospitalisation le 23 janvier 2019. 

 « Le juge chargé d’étudier son cas avait alors estimé qu’elle ne présentait plus de danger pour elle ou pour les autres. Elle est donc retournée vivre chez elle, sans aucune mesure coercitive. Entre 2016 et fin 2017, cette quadragénaire avait été visée par trois procédures judiciaires, dont une pour vol dans un magasin qu’elle avait ensuite tenté d’incendier. A chaque fois, ces affaires ont été classées sans suites, notamment en raison d’un « état mental déficient ». 

« Selon nos informations, la suspecte, qui était alcoolisée au moment de son interpellation, a été vue en train d’essayer de mettre le feu à une voiture, puis a enflammé un carton pour incendier une poubelle en face de l’immeuble. Elle aurait ensuite mis le feu au 2e, au 7e et au 8e étages de l’immeuble. » 

Et demain ? Les mêmes médias généralistes ressortiront bientôt les archives récentes du grand mal de la psychiatrie française, de ses invraisemblables restrictions budgétaires, des souffrances de ses soignants et de ses patients, des ravages de l’alcoolisme … On passera, alors, du tragique fait divers au politique. Pour quelles suites ?

A demain

@jynau