Le père, la mère, la bioéthique et le symbolique : voici ce qu’Agnès Buzyn n’a jamais dit

Bonjour

Pour être parfois, ici, critique avec l’actuelle ministre des Solidarités et de la Santé il importe de rapporter le détournement sémantique dont elle est aujourd’hui la victime – dans un certain champ politique comme sur les « réseaux sociaux » qui les jouxtent. Un sujet opportunément traité par « Les Décodeurs » du Monde (Adrien Sénécat).

Agnès Buzyn était invitée de l’émission « Ça vous regarde » sur LCP, le 24 septembre. Elle y était interrogée longuement au sujet du projet de loi de bioéthique en cours d’examen à l’Assemblée nationale. Et notamment sur « l’absence de père » quand un couple de femmes ou une femme seule ont recours à une forme de « PMA pour toutes » qui n’est pas (encore) autorisée en France. « Que répondez-vous à cela ? », demande la journaliste Myriam Encaoua.

« Ecoutez, déjà, elles existent déjà [les familles sans père] (…) Il y a une famille sur cinq à une famille sur quatre qui est monoparentale et souvent, les pères sont totalement absents. Donc ces familles existent et les femmes réussissent à élever des enfants qui n’ont pas de problème particulier, de difficultés. »

Agnès Buzyn évoque alors le fait que « beaucoup de femmes font des enfants seules » aujourd’hui, « cette réalité-là, elle existe ». Selon elle, le projet de loi bioéthique vise donc aussi en partie à « sécurise[r] le parcours » de ces femmes. « L’idée n’est évidemment pas que toute la société bascule vers des enfants, voilà…, sans père… » Et c’est à ce moment-là qu’intervient l’échange sur la place « symbolique »du père. C’est une séquence de 24 secondes:

« – Myriam Encaoua, : « Un père, c’est une fonction symbolique. Cela peut être une femme ? »

Agnès Buzyn : « Cela peut être une femme, évidemment. Cela peut être une altérité qui est trouvée ailleurs dans la famille, on le voit, cela peut être des oncles, […] une grand-mère. Je crois que les enfants ont besoin d’amour, tout nous démontre aujourd’hui que ce qui compte c’est la sérénité autour de l’enfant et cela, toutes les familles peuvent le garantir. »

Délire magnifique

C’est cet extrait, explique Le Monde, qui a été mis en avant par des opposants à l’élargissement de la PMA ces derniers jours. Dès le jeudi 26 septembre, Nicolas Dupont-Aignan réécrivait la réponse d’Agnès Buzyn en lui prêtant la phrase : « Un père, ça peut être une femme, évidemment ». Un véritable « délire », selon le chef de file de « Debout la France ». Le Monde rapporte encore que cet extrait a également fait les « choux gras » de plusieurs sites opposés à la PMA, comme Contre-info.com.

« Elle a par la suite fait son chemin jusqu’à Eric Zemmour, qui y a fait allusion dans son intervention à la convention de la droite de Marion Maréchal samedi 28 septembre. Le polémiste, qui dénonçait le monde moderne en maniant l’ironie (à partir de 4 minutes 30 secondes) :

« Comment ne pas être heureux de voir ces hommes au système pileux abondant qui peuvent enfin avouer leur vraie nature de femme ? De ces femmes qui n’ont pas besoin du contact dégoûtant des hommes pour faire des bébés. De ces mères qui n’ont plus besoin d’accoucher pour être mères. Comme dit la magnifique Agnès Buzyn, une femme peut être un père. »

Où l’on perçoit clairement la malignité-perversité du propos. « En résumé, conclut Le Monde, Agnès Buzyn n’a pas dit : « Une femme peut être un père » ou « un père peut être une femme ». Interrogée sur le rôle « symbolique » du père, elle a répondu qu’il pouvait « évidemment » être occupé par une « mère » ou un autre membre de la famille. Mais où l’on perçoit, aussi, la complexité du maniement dans les médias du symbolique par le politique.

A demain @jynau

Gilets Jaunes : quand Agnès Buzyn discourait sur l’ubérisation, et l’instrumentalisation

Bonjour

Voici un nouveau symptôme des bouleversements économiques et politiques du monde hospitalier. Il y a un mois un millier de « véhicules sanitaires » bloquaient le périphérique parisien pendant près de trente-six heures. La même colère s’exprimera à nouveau ce 3 décembre dans une capitale encore meurtrie par les scènes de guérilla urbaine d’avant-hier. Ce n’est là que l’un des aspects d’un dossier autrement plus compliqué. Explications.

« Depuis le 1er octobre, les transports médicaux inter-établissements, soit une charge annuelle de 125 millions d’euros, sont à la charge des hôpitaux et non plus de l’Assurance-maladie. « Cette disposition, dite de «l’article 80» de la loi de financement de la Sécurité sociale 2017 mais dont l’application a été reportée à 2018, ne vise pas le trajet du domicile du patient à un établissement de santé, mais bien le transport au sein d’un même établissement. Ou entre deux établissements, comme entre un hôpital et un centre de dialyse spécialisé , explique Le Figaro (Marie-Cécile Renault)C’est l’établissement prescripteur qui a désormais en charge l’organisation du transfert et doit attribuer les marchés de transport sanitaire, via des appels d’offres. »

« La réforme ne concerne que 5 % des 4,6 milliards d’euros de la dépense totale de l’Assurance maladie en matière de transport, ajoute Le Monde (François Béguin). Mais elle a cristallisé les inquiétudes d’une profession qui comptait près de 5 700 entreprises en 2015 et dont les trois quarts emploient moins de vingt salariés. » Ces petites entreprises redoutent que les hôpitaux fassent toujours appel aux mêmes sociétés : les « grands groupes » qui auront remporté les appels d’offres en cassant les prix.

On comprend la logique : « responsabiliser » les établissements de santé, grands prescripteurs de transports sanitaires, mais qui ne paient qu’une faible part de la dépense totale. «La réunion, au sein d’une même “main”, du payeur et du prescripteur, est indispensable pour responsabiliser les acteurs», indiquait l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) dans sa revue de dépenses des transports sanitaires 2016 – une recommandation déjà formulée par la Cour des comptes. L’IGAS évaluait ainsi à 250 millions d’euros les dépenses de transport intra-établissements de santé à leur seule charge, soit 10 % des dépenses totales de transfert sanitaire prescrites par ces mêmes établissements.

Inquiétudes des hôpitaux et des patients

« Mais les dirigeants de ces structures protestent et les quatre fédérations hospitalières (FHF, FHP, Fehap et Unicancer) demandent déjà le report de la réforme, souligne Le Figaro. ‘’Dans un contexte économique toujours plus difficile, les établissements de santé ne peuvent assumer de nouvelles responsabilités financières sans une visibilité suffisante sur l’impact de la mesure et sans la garantie d’une compensation complète’’, expliquent-elles. À titre d’exemple, cette réforme représenterait pour l’AP-HP de 20 à 40 millions d’euros en plus en 2019. »

Il faut aussi compter avec les inquiétudes des organisations de patients quant aux conséquences pour les personnes handicapées hospitalisées en soins de suite et de réadaptation. Trois associations (AFM-Téléthon, APF France handicap et France Assos santé) ont ainsi alerté Agnès Buzyn et Sophie Cluzel, nouvelle  secrétaire d’État aux Personnes handicapées. Inquiétude également chez France Rein, qui rappelle que 43.000 patients dialysés doivent se rendre trois fois par semaine dans un centre spécialisé.

Toutes ces inquiétudes furent d’emblée rejetées par la ministre des Solidarités et de la Santé. «J’ai été très vigilante à ne pas favoriser l’ubérisation et à protéger, contrairement à ce qu’ils peuvent penser , leur profession » a assuré la ministre à l’attention des ambulanciers, invitée  de l’émission Audition publique (Le Figaro/LCP/Public Sénat/AFP). (…) « Ce n’est pas de l’ubérisation, c’est de la rationalisation.»

C’était il y a un mois. La colère, alors, commençait à monte sur la hausse des prix des carburants à la pompe et que les Gilets Jaunes commençaient à émerger. Agnès Buzyn, alors, dénonçait une «instrumentalisation» : «Je n’entends pas beaucoup les Verts et les anciens du PS, qui prônaient plus d’écologie » accusait-elle. Et de rappeler que « la taxation de l’essence et du diesel est la seule façon de réduire la pollution ».

La ministre des Solidarités ignorait qu’un mois plus tard le monde aurait changé.

A demain

@jynau

Chroniqueur de lui-même, le président de la République ne cesse de parler aux journalistes

 

Bonjour

François Hollande n’est certes pas Louis XI. Il pourrait être un cousin par alliance de Philippe de Commynes, son mémorialiste. Le président de la République est un mémorialiste par procuration, un mémorialiste  de lui-même, aidé par de nombreux journalistes qu’il convie sous les ors de la République. Etrange situation,  méchamment croquée avec délice, ce weekend, par notre consœur du Monde Raphaëlle Bacqué : « Le président qui aimait les journalistes ». Une lecture indispensable, un scénario parfait pour une nouvelle série télévisée d’Arte sur les rapports entre Médias et Pouvoir.

Numéro du Président

Dans les milieux bien informés l’affaire était connue de longue date. On ne comptait plus le nombre de détenteurs de la carte de presse qui avaient en mémoire le numéro personnel du téléphone portable du président. Raphaëlle Bacqué a entrepris de lever le voile, de décrypter ces rapports que les plus rigoureux qualifieront d’incestueux. Extraits de cette redoutable mise en abyme :

« Depuis toujours, François Hollande parle aux journalistes. Disert et disponible, commentateur passionné des jeux politiques bien plus que des enjeux de société. Il racontait autrefois les socialistes, lisant les échos du Canard enchaîné – qu’on l’a longtemps soupçonné d’alimenter lui-même – pour décrypter sous la fausse confidence ou l’humour vache l’intérêt de tel ou tel informateur.

« Son arrivée à l’Elysée n’a presque rien changé. Le chef de l’Etat raconte désormais sa propre action présidentielle en se mettant en scène au présent de l’indicatif, le temps privilégié des récits journalistiques, comme pour un prêt-à-publier (…) Commentateur de sa propre action, le président répond à tous, fidèle à sa façon habituelle de gérer les hommes : tout le monde peut se placer sur la ligne de départ et advienne que pourra. » (…)

« Il échange des textos avec le service politique de France Inter. « Les journalistes politiques ont essayé de comptabiliser le nombre d’entre eux qui reçoivent des SMS du président. Ils ont dépassé le chiffre ahurissant de 70… Le moindre confrère qui enquête sur un ministre ou une affaire mineure a droit à son rendez-vous avec le président »avait fustigé l’ancienne compagne Valérie Trierweiler, elle-même journaliste, dans son livre réquisitoire Merci pour ce moment (Les Arènes, 2014).  »

Fonts baptismaux médiatiques

C’est ainsi, dans cette zone grise, que naissent bien des livres, parus ou à paraître Le  quotidien suisse Le Temps a pris sa montre : François Hollande « passe entre 30 % et 40 % de son temps avec des journalistes ».  Gaspard Gantzer, l’omniprésent conseiller en communication de l’Elysée a pris la sienne. Résultat : « à peine 5% ».

Raphaëlle Bacqué est remontée aux années 1980, fonts baptismaux médiatiques  de ces échanges contre nature. Elle parle d’une virtuosité qui « paraît avoir disparu ». « Il reçoit beaucoup, même ceux qui le ridiculisent. Il a ouvert les portes de l’Elysée à deux documentaristes, mais n’a laissé filmer que le vide. Il parle trop, mais que dit-il ? »

Philippe de Commynes (1447-1511) ? Il a rédigé les mémoires des règnes de Louis XI et de Charles VIII. Il observa et écrivit avec, dit-on, impartialité des récits fidèles, ce qui lui fit gagner la confiance des puissants. Ses mémoires constituent de précieuses sources de l’Histoire de France et de l’Europe. Ils font encore aujourd’hui l’objet de recherches. Grand visionnaire, il constata (et regretta) l’antagonisme permanent entre les nations européennes et aspira à une Europe soudée et unie par la chrétienté. Un artisan de la synthèse, en somme,

Cage de fer

Il est arrêté au mois de février 1487 enfermé au château de Loches, dans une célèbre cage de fer, où il demeure cinq mois, avant d’être transféré à Paris. Là, de sa fenêtre, il voit de sa fenêtre les bateaux remontant la Seine. Son procès se termine en mars 1489, par une confiscation du quart de ses biens et par une sentence de relégation pour dix ans. Il se retire dans sa seigneurie d’Argenton où il meurt, sans cesse tracassé,  en 1511.

Jadis l’histoire pouvait être bien ingrate avec les mémorialistes.

A demain

1 « Conversations privées avec le président » (Albin Michel, 350 p., 19,50 euros) de Antonin André (Europe 1) et Karim Rissouli (France 5); « Un président ne devrait pas dire ça » (Stock) de Gérard Davet et Fabrice Lhomme (Le Monde); « Ça n’a aucun sens » (Plon, 306 p., 15,90 euros) d’ Elsa Freyssenet (Les Echos)

A venir : les ouvrages de Cyril Graziani (France Inter), Marie-Eve Malouines (LCP), Franz-Olivier Giesbert (Le Point).

Denis Baupin: pour le député Arnaud Robinet, l’affaire relève aussi du champ de la psychiatrie

 

Bonjour

Il en fallait un. Cela fut Arnaud Robinet. Qui connaît Arnaud Robinet, 41 ans, maire de Reims et député (Les Républicains) ? Voici un extrait de sa fiche Wiki :

« Il fréquente les écoles primaires Voltaire et Saint-Joseph, le collège Jeanne-d’Arc puis le lycée Saint-Joseph où il obtient son baccalauréat. Avec trois échecs en première année de médecine, il ne parvient pas à accéder à la formation de médecin. Il se réoriente et finit par obtenir un doctorat de recherche en biochimie et biologie moléculaire à la faculté de médecine de Reims en 2003. En 2007, il devient maître de conférences – praticien hospitalier en pharmacologie à l’Université et au CHU de Reims dont il est également président du conseil de surveillance. »

Arnaud Robinet vient de s’exprimer sur l’épisode Baupin comme le rapportent le Lab (Europe1) et L’Union (de Reims).

Au-delà de la justice

Les révélations de Mediapart et de France Inter n’ont pas laissé insensible ce jeune responsable politique. Pour Arnaud Robinet, Denis Baupin (accusé d’harcèlement et d’agressions sexuels par plusieurs élues) va bien au-delà de la justice. Le député LR y voit également une question médicale. Interrogé sur LCP, mardi 10 mai, le maire de Reims a déclaré :

« Aujourd’hui, c’est entre les mains de la justice et je pense aussi que la médecine a son rôle à jouer dans ce cas-là (…) Je ne sais pas comment – quand on est un homme politique – on peut avoir deux discours ? C’est pour ça que je vous dis d’ailleurs que c’est dans les mains de la justice mais que c’est également un cas que je dirais psychiatrique ou un cas de la médecine. Parce qu’on ne peut pas avoir une double personnalité ».

Refusant la possibilité du dédoublement le député, pharmacien et maire de Reims Arnaud Robinet hésite entre la médecine et la psychiatrie. Il n’a pas le droit de porter, publiquement, un diagnostic. Ni même d’en évoquer un. Le patient désigné, élu écologiste, engagera-t-il une action en justice ?

A demain

Cacophonie et PMA : Laurence Rossignol met la gauche de gouvernement dans l’embarras

Bonjour

Elle n’en rate guère. Invitée, ce 20 avril, de l’émission « Questions d’info », sur LCP (en partenariat avec Le Monde, France Info et l’AFP)  Laurence Rossignol a récidivé. Selon elle que la gauche portera pendant la campagne présidentielle de 2017 l’engagement d’ouvrir l’accès à la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes seules.

« Le sujet sera sur la table » lors de la campagne présidentielle, car « les associations le porteront », a déclaré la ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, en ajoutant : « Je n’ai pas changé de position. Dès lors que la procréation médicalement assistée, le recours à l’insémination artificielle, est ouvert aux couples hétérosexuels, je ne comprends pas pourquoi on le refuse aux couples homosexuels. »

Silence sur la GPA

La ministre du gouvernement de la République ne veut rien entendre de ce qu’est la conception éthique qui sous-tend  la loi française : faire la part entre ce qui est thérapeutique et ce qui ne l’est pas ; entre une stérilité/infertilité d’un couple composé d’un homme et d’une femme en âge de procréer versus l’impossibilité biologique de procréer quand on est seule ou membre d’un couple de deux personnes d’un même genre ?

Pourquoi le gouvernement auquel elle appartient n’a-t-il pas fait aboutir la réforme qui figurait (plus ou moins explicitement) parmi les engagements du candidat François Hollande ? La ministre, sans surprise, accus » la droite ; une droite qui en aurait fait  « un sujet de conflit, alors que les Français étaient globalement pour » – ce qui reste à démontrer. Laurence Rossignol estime  que la future campagne présidentielle « permettrait probablement de légitimer le futur président, pour faire la réforme ». Ce qui reste à voir. La ministre n’a pas abordé la question des mères porteuses qui, on le sait, déchire encore plus la gauche que la seule PMA pour « femmes seules ».

Cette prise de position ministérielle vient en écho du « manifeste » initié par Pr René Frydman qui réclamait une modification de la loi sur ce point ; un manifeste controversé signé par des professionnels, médecins et biologistes, dont certains  n’auraient pas respecté la loi de bioéthique aujourd’hui en vigueur en France. Ce qui reste à démontrer.

A demain

Paquet de cigarettes: son prix va-t-il augmenter? Violente polémique chez les ministres.

Bonjour

Ce matin c’est RMC qu’il fallait écouter. Invité : Christian Eckert secrétaire d’Etat chargé du Budget. On y a parlé diesel et tabac ; deux produits taxés et beaucoup plus proches qu’on le croit.  Deux cancérogènes essentiels à l’équilibre des comptes de l’Etat. Deux sujets, éminemment politiques, de santé publique.

Après avoir évoqué longuement la possibilité d’abaisser la fiscalité de l’essence tout en relevant celle du diesel, Christian Eckert a indiqué que « l’hypothèse d’une nouvelle augmentation du prix du paquet de cigarettes fait elle aussi l’objet de discussions assez vives au sein du gouvernement ». Le secrétaire d’Etat n’a pas dit de quel côté il était. Et il n’a rien confié (à l’antenne) des positions défendues par ses principaux collègues. Il a encore mois parlé des lobbies présents dans les couloirs des ministères. On attend désormais les confidences de Marisol Touraine et/ou d’Emmanuel Macron.

Les efforts des buralistes

Reconnaissant que le prix des produits du tabac n’avait pas augmenté depuis longtemps, M. Eckert a prudemment déclaré : « on a demandé aussi à l’industrie du tabac de faire des efforts, on a demandé aux buralistes de faire des efforts, il y a des campagnes de prévention, il y a d’autres moyens aussi qui sont utilisés pour lutter contre le tabagisme ». « Ce n’est pas la fiscalité seule qui fait changer les comportements », a-t-il ajouté. Certes – sauf, précisément pour ce qui est de la consommation de tabac.

Interrogé sur la possibilité d’abaisser la fiscalité de l’essence tout en relevant celle du diesel, M. Eckert a répondu: « C’est un sujet qui est à l’étude, comme d’autres dispositifs fiscaux. A titre personnel, je suis pour un rapprochement progressif  de la fiscalité sur ces deux types de carburants, aujourd’hui favorable au gazole qui alimente les véhicules diesel. Il y a des mutations qui doivent prendre un certain temps si on ne veut pas bouleverser les conditions économiques, notamment de l’industrie automobile. »

Deux cancérogènes

Le gazole, classé « cancérogène certain » par l’Organisation mondiale de la santé représente plus de 80% des carburants vendus en France, mais depuis le début de l’année, les voitures particulières à moteur diesel, ont chuté sous les 60% de part de marché des voitures neuves en France. On sait ce qu’il en est du tabac (80 000 morts prématurées par an).

La polémique sur le gazole est aujourd’hui relancée par le scandale des « moteurs truqués » du géant allemand Volkswagen. On a même entendu Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV demander « une interdiction du diesel dans l’ensemble du pays d’ici 2025 ». Mme Cosse n’a rien dit sur le tabac. Il est vrai que EELV a encore des problèmes de hiérarchisation des priorités sanitaires, s’intéressant plus au bisphénol A qu’à la cigarette électronique et aux dégâts du tabagisme.

David Pujadas ou pas

Ainsi donc « l’hypothèse d’une nouvelle augmentation du prix du paquet de cigarettes fait elle aussi « l’objet de discussions assez vives au sein du gouvernement » ».  M. Eckert nous en dit trop ou pas assez. Dans une démocratie ouverte, transparente, moderne le citoyen saurait tout des positions défendues par les ministres concernés et de leurs arguments. Il assisterait, via ses applications LCP et/ou Public Sénat, aux débats gouvernementaux –puis in fine aux arbitrages du Premier ministre.

Cette démocratie reste, en France, à inventer. Pour l’heure, David Pujadas ou pas, le téléspectateur français s’endort, comme hier, devant « Des paroles et des actes ».

A demain