Bonjour
Les troupes anti-alcool viennent, en France, d’être solidement renforcées par un nouveau croisé qui se déchaîne : Axel Kahn, jeune président de la Ligne contre le cancer. Aujourd’hui il guerroie dans Le Parisien (Elsa Mari et Florence Méréo). Cible : les alcooliers-brasseurs industriels et leurs productions hyper alcoolisées. Cble corollaire : les autorités sanitaires qui laissent volontairement tendu ce « piège à la jeunesse ». Extraits :
« Quand j’étais un jeune homme de 30 ans [il y a quarante-cinq ans] je pensais que l’alcoolisme allait peu à peu disparaître. Mais ce scénario optimiste ne s’est pas réalisé car cette addiction a gagné les milieux festifs de la jeunesse. L’alcool est partout, il n’épargne personne, surtout pas les milieux étudiants qui en consomment à toutes les soirées. C’est totalement désespérant.
« Parmi les méthodes pour faire tomber la jeunesse dans l’addiction, il y a la vente d’une sorte de bière, ultra-forte. Alors que la plupart sont à 4-5 voire 6-7 % d’alcool, on voit émerger des gammes à 14 %, et même à 16 ou presque 17 %! Elles sont vendues dans des canettes de 500 ml. Une fois ouvertes, on ne peut plus les refermer, il faut boire jusqu’à la lie [sic] Un jeune a alors consommé l’équivalent d’une bouteille de vin! C’est inouï. Il y a là un attentat à la santé des jeunes.
« Très accessibles, ces bières ont fleuri dans les supermarchés, dans les supérettes, à un prix modique. Ses acheteurs sont le peuple de la rue, et les jeunes. Et pour cause, elles attirent l’œil par leur allure colorée, provocante, qui sont inspirées de l’univers de la BD, du jeu vidéo avec, par exemple, des images de dragons. Il suffit de se promener dans un lieu où une soirée d’étudiants s’est tenue – comme une grande place à Rennes ou les quais de Seine à Paris – pour voir des cadavres de ces boissons joncher le sol. Il s’agit d’un piège tendu aux jeunes, dont ils auront du mal à sortir. »
Le prix du paquet de cigarettes doit-être dissuasif (Bruno Lemaire)
Interdire ? Axel Kahn, prudent, « demande aux autorités d’étudier la question et de légiférer ». Et conseille déjà le gouvernement sur les diverses stratégies possibles » « La première, interdire la vente de bières qui n’utilisent pas les procédés traditionnels de fabrication ou tout du moins, leur retirer l’appellation ‘’bière’’. C’est le cas de ces boissons ultra-fortes qui sont élaborées en ajoutant des sucres et des levures afin d’augmenter leurs effets. La seconde est d’augmenter très fortement la taxe en fonction du grammage d’alcool : les plus fortes seraient vraiment plus chères. Cela serait très dissuasif pour les acheteurs. »
Et le généticien émérite de citer l’exemple du tabac : « c’est la sanction au portefeuille qui donne les meilleurs résultats ». Le tabac et le gouvernement, précisément. Le prix du paquet de cigarettes atteindra bientôt 10 euros ce qui ne permet pourtant pas (à la différence notable de la cigarette électronique) de libérer la grande majorité des esclaves du tabac. Le gouvernement ira-t-il au-delà en augmentant un peu plus le prix du paquet ? Dimanche 29 septembre, lors du Grand Jury RTL / Le Figaro / LCI, Bruno Lemaire ministre de l’Économie et des Finances a été surpris par la question observe le site des buralistes français :
« … Nous allons en débattre … Mais tout ce qui peut être fait pour lutter contre l’addiction au tabac est une bonne chose … C’est une bonne politique de santé publique que d’avoir un prix du paquet de cigarettes qui soit dissuasif.»
Dissuader au risque de ne plus vendre ? Bruno Le Maire a néanmoins précisé qu’il s’agissait de « sa conviction personnelle » et que cela devra être tranché par le président de la République et le Premier ministre. Il en va de même pour ces bières que la jeunesse apprend à boire jusqu’à la lie. Où l’on voit, une nouvelle fois, s’il en était besoin, à quel point la lutte contre les addictions sont, d’abord et avant tout, un sujet politique.
A demain @jynau